Mon enquête à Trappes |
« Non seulement dans les maisons paysannes, mais aussi dans les gratte-ciel des villes vivent encore aujourd'hui, à côté du XX° siècle, le X° et le XII° siècles. Des centaines de millions de gens utilisent le courant électrique, sans cesser de croire à la force magique des gestes et des incantations.
Trotski (1933, Qu'est-ce que le national-socialisme?)
« Abattre un européen, c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant ». «Par leur désir permanent de nous tuer (…) ils sont hommes (…) la haine est leur seul trésor ». « Cette violence irrépressible (…) c'est l'homme lui-même se recomposant ».
Sartre (préface aux Damnés de la terre, 1961)
Il y a vingt déjà, en 2002, on pouvait lire ceci dans l'hebdomadaire Le Point, expliquant d'un côté la faillite idéologique de la gauche bourgeoise et de l'autre son déni sécuritaire par « racisme anti-policier » (H.Algalarrondo) ; comme si la répression policière était une question de racisme et non pas d'oppression de l'Etat capitaliste :
« Beaucoup reprochaient une campagne trop figée, empêchant le candidat de réagir à l'actualité, à l'inverse de son principal adversaire, Jacques Chirac, capable de se déplacer sur le lieu d'un commissariat endommagé ou d'aller dans une synagogue protester contre les actes d'antisémitisme. A gauche, les élus ont été frappés de voir Lionel Jospin attendre plusieurs jours avant de se prononcer sur les problèmes communautaires que connaissait la France à la suite du conflit du Proche-Orient. C'est ce qu'on pourrait appeler l'effet boomerang : François Mitterrand a joué pendant des années avec Jean-Marie Le Pen, parvenant ainsi à diviser profondément la droite et à maintenir la gauche au pouvoir. Mais c'est Lionel Jospin, son successeur, qui vient de se le prendre en pleine figure ». L'encart suivant était plus explicite encore :
« Insécurité : la trahison de la Gauche
Qui souffre le plus de l'insécurité ? Ni Versailles ni Saint-Germain-des-Prés, mais bien Vaulx-en-Velin ou La Courneuve. Précisément les bastions qui autrefois votaient nettement à gauche. « Aujourd'hui, le premier parti ouvrier est celui de l'abstention ; le second, le Front national » , écrivait, de manière prophétique, Hervé Algalarrondo, dans « Sécurité : la gauche contre le peuple » (Robert Laffont). Ce journaliste du Nouvel Observateur , qui ne peut être taxé de vertige sécuritaire, analyse à quel point, à force de crier au fascisme, l'aveuglement libertaire de la gauche « bobo » l'a coupée des préoccupations de la masse des Français. « Elle nie les chiffres [de la délinquance], écrit-il, par crainte que leur officialisation ouvre la voie à un engrenage fatal pour les " libertés". »
Or ces « libertés chéries » sont précisément mises à mal dans les quartiers qui souffrent. Des libertés simples : prendre le RER sans recevoir un coup de canif, descendre les poubelles sans essuyer les crachats, descendre dans sa cave sans marcher sur des seringues, garer sa voiture sans la retrouver brûlée... Pour les « bobos » qui font l'opinion - avocats, médecins, journalistes, cinéastes, écrivains branchés -, le délinquant est avant tout une victime excusable. Victime de la société de consommation qui le tient à l'écart depuis sa naissance. Cette approche sociologique, très prégnante chez les post-soixante-huitards, ignore tout de la « France d'en bas », tenue pour populiste, dès lors qu'elle aspire à un peu de tranquillité. Elle préfère la cause des immigrés délinquants à celle des immigrés tout court »1.
Hier comme aujourd'hui , l'insécurité est du même ordre, voire amplifiée, avec toujours les mêmes oeillières de la part de la gauche bourgeoise émiettée, faisant passer au second plan tout problème lié à l'immigration, et confortant donc la Zemmour attitude. Le journaliste Algalarrondo rappelait que c'est la lucidité de Chirac - « il a été vite conscient du développement d'une délinquance proprement immigrée »2 - qui lui avait permis d'enfoncer Jospin. L'ignominie de Sartre comme l'empathie pour les terroristes et le mépris de la police ont été inoculés depuis les « libérations nationales » (frauduleuses) par la gauche et l'extrême gauche bourgeoise aux génération successives de migrants atterrissant en France, c'était leur manière d'intégrer les nouveaux arrivants ; qui allait bientôt résumer les oppositions politiques à un conflit civilisationnel avec l'islam, sans oublier qu'au fond tout ceci reposait sur la désillusion des luttes de « libération nationale » des pays dits à l'époque colonisés ou sous-développés, se réinvestissant dans un manichéisme habillé de religion. Marx n'avait pas prévu la mondialisation de l'Etat national, et un internationalisme remplacé par « la libre circulation des personnes (au profit de l'industrie capitaliste) et l'exploitation de l'opposition entre nationaux et étrangers. C'est bien un bricolage multiculturel qui a pris le dessus, hors des critères de classe. En quelque sorte c'est la bourgeoisie qui se prétend internationaliste désormais, et qui arrache ce pain de la bouche de tout marxiste classique. Algalarrondo constatait que « dans le cœur de l'intelligentsia l'étranger a pris la place de l'ouvrier », qui n'est pas solidarisé donc avec ce dernier mais placé en opposition à l'ouvrier autochtone ; quand Le Pen s'occupait de dénoncer l'étranger comme menaçant l'identité française. Le Pen aurait-il eu raison avant l'heure de « l'invasion » et du « grand remplacement » ?
Il n'a pas eu raison parce que le problème est plus complexe et ne se résume pas à pointer du doigt les immigrés en général, qui restent pour l'essentiel dans une logique de prolétarisation. Mais déjà il y a vingt ans quelque chose clochait. Les jeunes délinquants fils d'immigrés n'étaient qualifiés lors des faits divers que de « jeunes » dans les médias alors que tout le monde alors que dans les sixties on qualifiait tout délinquants de voyou ou de gangster, les peines de prison n'étaient pas non plus systématiquement effectuées ; un tiers des délinquants échappaient déjà la prison en raison d'embouteillage carcéral. Les magistrats, pas encore islamo-gauchistes, étaient déjà laxistes afin de « garantir les libertés individuelles ». Tout un ensemble de mesures qui, au début des années 2000 allait contribuer au développement de l'individualisme et du chacun pour soi.
Un autre facteur non négligeable à l'irruption de l'antiracisme comme grand remplacement de la solidarité de classe a été l'effondrement du PCF après l'affaire du bulldozer contre un foyer d'immigrés à Vitry. Voulant répondre à l'anxiété de la classe ouvrière dans ces années de montée du chômage et au fait que de plus en plus de familles d'immigrés venaient loger en HLM, le PCF apparut comme raciste et partout il fût dénoncé comme xénophobe alors que la classe ouvrière était en train de devenir black-blanc-beur ! A partir de 1981 le PCF s'aplatit et laisse la place à Le Pen. Pourtant le « produisons français » du Le Pen de l'époque trouve une résonance pas forcément xénophobe quand toute l'industrie est partie en Chine... Algalarrondo avait raison de considérer déjà à l'époque :
« Loin d'assister depuis vingt ans à une « lepénisation des esprits », on a au contraire observé une « droit-de-l'homminisation » de la société. Les notions de devoir, de norme, de sanction ont été jetées au panier. L'angélisme est devenu la règle. Briser avec l'extrême gauche judiciaire est nécessaire si l'on veut en finir avec cette « idéologie incapacitante »3.
Est-ce à dire qu'on assisterait maintenant à une « zemmourisation des esprits » ? Là aussi c'est plus complexe et il faut dire que la classe ouvrière, tout en étant consciente des problèmes liés à l'immigration, ne fait pas partie de fans de Zemmour qui a une résonance surtout dans les couches petites bourgeoises de la droite et de l'extrême droite, selon des sondages ont personne n'ose dire qu'ils se trompent rarement, preuve d'une « soumission des esprits » par l'ordre totalitaire « démocratique ». Certes le nain des médias souhaiterait rallier cette classe, en particulier en se flattant d'admirer Marchais, donc son langage xénophobe d'époque, mais les ouvriers en général sont guéris du stalinisme et on ne les y reprendra pas ; témoins les scores minables du PCF, de LO et de LFI.
Cette capacité des mystificateurs de la gauche et de l'extrême gauche bourgeoises à intégrer dans des analyses politiques honteuses les nouveaux arrivants se poursuit encore aujourd'hui. Grâce aux particules de Hamon et de Mélenchon – tout en niant s'abaisser à prétendre intégrer - sont promus des personnes d'origine arabe qui sont aussi corruptibles que les français de souche, et c'est le cas pour des députés, des journalistes et maires, de la « diversité corrompue ».
Depuis plus de trente ans, la théorie de la disparition de la classe ouvrière, par les cénacles de la gauche bourgeoise, est allée de pair avec la promotion de l'antiracisme comme supplément ou plutôt grand remplacement de la solidarité de classe ; le sommet du ridicule a été atteint le 16 mai 2013 quand sur proposition du clan Mélenchon a été ratifié à l'Assemblée la suppression du mot race dans la Constitution, ce qui ne supprimera jamais le racisme.
Pourtant ces cénacles ne faisait qu'entériner un mutation des enfants d'immigrés ouvriers de longue date. Les pères étaient des célibataires recrutés comme main d'oeuvre bon marché au service du Capital français. Mais au début des années 1980, comme les jeunes français en général, la plupart des jeunes et fils d'immigrés vivent dans une société de compétition où l'argent est roi et où être ouvrier est méprisé, où l'arrivisme est la seule perspective pour exister parmi les autres. Tous ne rêvent que de s'offrir une BMW, et les crédits à vie « sans intérêt » sont là pour les enchaîner... à la conservation sociale telle qu'elle est !
Sauf qu'au niveau scolaire tout le monde ne peut finir ingénieur ou docteur, et que pour obtenir des ressources comparables il vaut mieux « dealer ». Au cours de ces années les fils d'immigrés, échoués du système scolaire traînent dans les rues sans référence ; à Bagneux je me souviens qu'ils se fichaient d'être morigénés par les imams parce qu'ils possédaient un chien. Puis surtout après le tremblement de terre dans l'aire stalinienne, et certainement aussi la déception de la gauche bourgeoise, la religion a fait son retour. Les gauchistes, en particulier les maoïstes avait fait de l'antiracisme leur priorité avec le soutien des intellectuels et artistes sartriens. La plupart des gauchistes imaginaient qu'un mouvement immigré autonome faciliterait la révolution en France, certains avançaient même l'idée d'un « front de lutte immigré ».
A la fin de ces années, l'opposition prolétariat/bourgeoisie était nettement remplacée par l'opposition entre les tenants d'une positivité du métissage de la population contre une minorité xénophobe. Les beurs étaient reçus à l'Elysée par Mitterrand l'arnaqueur, père putatif de SOS racisme. Puis la stratégie de diabolisation du FN s'effilocha alors que les flux migratoires faisaient surgir un discours catastrophique sur une « crise identitaire » ?
Il y aurait nécessité de consacrer un paragraphe équivalent à celui ci-dessus concernant la longue conversion des gauchistes à l'écologie. Ce mouvement est venu lui aussi damer le pion à l'internationalisme en dépassant son caractère ouvrier, désormais il faut « sauver la terre », tout en éliminant « l'utopie communiste » prédisant la fin du capitalisme. La petite bourgeoisie, revenu du maoïsme et du trotskisme, a non seulement rejoint les anarchistes en vue d'un « retour à la terre », mais a substitué à la fin du capitalisme le danger de la fin du monde qui « nous concerne tous » !
Cette aile petite bourgeoise écolo-bobo continue cependant à recueillir l'indifférence de la majorité des prolétaires. Sur le fond elle participe complètement à l'idéologie antiraciste et ses tenants n'apparaissent que comme des arrivistes forcenés, non dans « l'urgence climatique » de « sauver la planète » mais dans celle d'accéder à des postes ministériels.
QUAND UN TRES VIEUX GROUPE ULTRA-GAUCHE REPREND LES MAROTTES DE LA PETITE BOURGEOISIE
Naguère le CCI défendait des positions « de principe » qui ne célaient en rien aux modes idéologiques. L'ancienne ultra-gauche, terme péjoratif qui servait à disqualifier des groupes restés fidèles aux principes de classe « internationaliste » et délimitant le combat « de classe » des faux amis du prolétariat (les partis et syndicats de gauche en général », était surtout motivée par la dénonciation des groupuscules gauchistes. La plupart de ces « minorités » des « vrais révolutionnaires » ont disparu, mais reste l'antique CCI qui, malheureusement en étant incapable de se renouveler théoriquement, succombe à l'influence des bobos ; il est vrai qu'il n'a jamais compte beaucoup d'ouvriers en son sein ni n'en a conservé, ce qui pourtant lui aurait permis d'être plus au contact de la réalité et du renouvellement des mystifications.
Tétanisée par ses scores minables dans les sondages, la galaxie écolo fait des cauchemars, j'allais dire des gauchemars. Le sénateur nationaliste corse Paulu-Santu Parigi, pote des Verts, a pris des leçons de zemmourisation : «les Français ont besoin d’être rassurés sur l’identité et la sécurité, l’écologie ne peut pas s’affranchir de ces questions. Il faut qu’on leur montre que l’on s’en préoccupe et qu’on a des réponses».
En réalité, c'est comme sur toutes les questions de gestion de l'Etat, on ne demande pas son avis à la classe ouvrière, et ses priorités restent niveau de vie et menace de guerre. De même la barbarie du capitalisme repose sur « l'exploitation de l'homme par l'homme » et sur des injustices sans limites. Depuis ses débuts le prolétariat a généralement subi les désastres de la pollution « industrielle » favorisant maladies, accidents et décès prématurés. Il n'en a pas fait un point majeur de ses programmes. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'en avait pas conscience, mais programmer sur le sujet relève, comme la question du nucléaire ou du pétrole « carboné », de la gestion étatique et sert de substitut au vide électorale de la gauche bourgeoise.
Voyons maintenant comment le CCI se refait une jouvance écolo, dans une antériorité fictive. Le groupe a très longtemps conchié le mouvement écologique, et il avait raison. Mais à force de coller à l'extrême gauche comme principal ennemi, il finit par en épouser les deux marottes : l'écologie et l'immigration sans fin, comme j'en traiterai par après.
UNE ECOLOGIE « DE CLASSE »?
« Dans notre presse, nous avons régulièrement mis en avant que les racines du réchauffement climatique sont à chercher dans le fonctionnement même du capitalisme. Non seulement, les catastrophes climatiques sont de plus en plus dévastatrices, nombreuses et incontrôlables, mais les États, sous le poids de décennies de coupes budgétaires, sont de plus en plus désorganisés et défaillants dans la protection des populations, comme nous avons pu le voir récemment en par exemple en Allemagne, aux États-Unis ou en Chine. La bourgeoisie ne peut plus nier l’ampleur de la catastrophe, mais elle ne cesse, particulièrement à travers ses partis écologistes, d’expliquer que les gouvernements devraient enfin prendre des mesures vigoureuses en faveur de l’environnement. Toutes les factions de la bourgeoisie ont leur petite solution : green economy, décroissance, production locale, etc. Toutes ces prétendues solutions ont un point commun : le capitalisme pourrait être « réformé ». Mais la course au profit, le pillage des ressources naturelles, la surproduction délirante de marchandises ne sont pas des « options » pour le capitalisme, ce sont les conditions sine qua non de son existence ! ».
A cela il croit pouvoir opposer à « la fin du monde » version bobo, avec un affreux néologisme, avec la même promesse messianique jamais démontrée !
« Le capitalisme, si on le laisse perdurer, ne peut que plonger le monde dans une « barbarisation » accélérée. La seule « transition » qui peut empêcher cela est la transition vers le communisme, qui, à son tour, ne peut être le produit d’appels aux gouvernements, de votes pour des partis « verts » ou de protestations de « citoyens concernés ».
C'est la lutte gréviste « généralisée » qui débouchera sur la transition juste après le renversement du capitalisme :
« Cette transition ne peut être prise en main que par la lutte commune et internationale de la classe exploitée, le prolétariat, qui sera le plus souvent la première victime de la crise climatique comme c’est déjà le cas pour la crise économique. La lutte des travailleurs face aux attaques contre leurs conditions de vie contient à elle seule les germes d’un mouvement révolutionnaire généralisé qui demandera des comptes au capitalisme pour toutes les misères qu’il inflige à l’espèce humaine et à la planète qui la fait vivre ».
On l'a bien compris, c'est la faute au capitalisme, mais il fallait l'expliquer aux prolétaires qui, une fois la révolution enclenchée « demanderont des comptes » aux capitalistes !
Montée de l'islamophobie, la faute au capitalisme ?
A la queue de l'antiracisme des bobos gauchistes et de leur vocabulaire islamophilique :
« Encore une fois, le principe “diviser pour mieux régner” cher à la classe dominante va faire des ravages : renforcement des discours et d’actes de rétorsion contre les musulmans avec la suspicion que derrière chaque musulman ou derrière chaque gamin de banlieue se cache un terroriste potentiel. Cet amalgame et l’islamophobie croissante seront le fruit à la fois de ces meurtres crapuleux et des campagnes nationalistes citoyennes justifiant le renforcement des contrôles policiers (notamment des jeunes) pour délit de “sale gueule”, le flicage permanent et la répression de tout ce qui sera considéré comme “antirépublicain”, non démocratique et atteinte potentielle à la sécurité de l’État ».
C'est la faute au capitalisme et à ses médias... pas à « l'islamisation des esprits » ?4
« Pire encore, toute la cristallisation médiatique et la mise en avant du danger islamiste radical ne peut hélas que faire naître des vocations de terroristes martyrs ».
Le bruit inconvenant fait autour des attentats masque une montée de l'islamophobie, de même que la haine contre les assassins arabes est surtout un produit un produit de la zemmourisation, pas de vague, « padamalgame » :
« L’assassinat abominable de Samuel Paty, survenu en pleine campagne médiatique sur le procès des terroristes qui ont attaqué Charlie Hebdo en 2015, les attentats de Nice et tout dernièrement celui survenu à Vienne n’ont fait que renforcer un climat social de peur et d’insécurité. Le battage médiatique en rajoute encore sur les “ennemis de l’ombre” (Covid-19 et le terrorisme) qui peuvent frapper n’importe qui, n’importe quand et à n’importe quel moment ! ». « Non à l’union sacrée ! À les entendre tous, hommes politiques et médias, nous sommes en guerre et nous devons tous entrer en résistance contre l’obscurantisme et “l’ennemi intérieur”. La République, la laïcité, la liberté d’expression, la démocratie, la nation, l’Éducation nationale… la civilisation, sont attaquées. Mobilisation générale ! Pour la défense de la liberté d’expression et des valeurs démocratiques de la République, on nous appelle encore une fois à l’union sacrée, derrière le slogan : “ne nous laissons pas diviser” ! ».
« Qui récupère et s’approprie l’indignation légitime de l’ensemble de la population face à la sauvagerie du meurtre de Samuel Paty ? À qui profite le crime ? À la classe dominante qui se sert de ce meurtre ignoble pour les besoins de sa propagande patriotarde à la gloire de la démocratie bourgeoise ! ».Il nous faut citer l'intégralité, même longue, du paragraphe suivant qui révèle la « gauchisation des esprits » du CCI et un langage d'enfoiré du même type que celui des médias, qui en plus plaisante sur les jeunes comme gentils garçons injustement fliqués par l'Etat bourgeois... jusque dans les maternelles, faisant silence sur le fait que de plus en plus, et même des très jeunes, manient le couteau et gardent dans leurs portables la photo de la tête tranchée de Samuel Paty :
« (suite de à qui profite le crime?)...bien sûr, à signaler à l’État républicain tout élève ou famille “déviante” comme ce fut le cas dans quelques établissements comme, par exemple, dans des collèges de l’agglomération de Strasbourg. Et pour quel crime ? “Apologie du terrorisme” après des “incidents” survenus lors de l’hommage à Samuel Paty ! Le parquet précise que l’enquête vise deux adolescents de 12 ans ! Ils auraient tenu des propos laissant entendre qu’ils justifiaient l’assassinat. D’autres incidents ont été signalés à la justice, l’un concerne cette fois des enfants de 8 et 9 ans (!) scolarisés dans des écoles primaires. Au Mans, une proviseure d’établissement a même déclenché le “protocole sécurité” pour faire intervenir les forces de l’ordre, après qu’un élève a été aperçu en train de photocopier une feuille de papier portant une inscription en arabe, à la bibliothèque du lycée. Apparemment l’État veille et ne laisse plus rien passer à ces jeunes “djihadistes radicalisés” ! À quand les déscente (sic!) de police dans les écoles maternelles ?
De fait, là encore, l’État est en train de réprimer, stigmatiser des gamins dès leur plus jeune âge, leur asséner qu’ils ne sont que déviants et doivent se soumettre à tout prix à l’ordre démocratique capitaliste qui les a déjà de fait, exclu eux ou leurs familles. Dans ce climat de délation et de répression, l’ambiance dans les établissements scolaires ne peut que se dégrader, chacun se méfiant de chacun, aggravant les tensions, le rejet des uns par les autres. L’État contribue ainsi directement, en complément de tous les discours djihadistes, à créer les “monstres” de demain, pris entre le marteau et l’enclume de deux visions du monde réactionnaires qui ne peuvent que les pousser au néant et à la folie ».
Ce n'est que la xénophobie qui guide gouvernement (et ouvriers blancs) en s'opposant à l'accueil de toute la misère du monde (confondue avec le vieil internationalisme disparu) :
« Cette xénophobie se manifeste aussi par le durcissement des contrôles aux frontières revendiqué par le gouvernement avec la volonté manifeste de renvoyer “chez eux” les étrangers “louches”, les “séparatistes” de tous poils, etc. et la remise en cause du droit d’asile. Tout ce dont, bien évidemment, le Rassemblement national (ex-FN)cherche à profiter à outrance en surfant sur la peur et le repli sur soi ».
Il n'y a pas de crise de civilisations ni de problèmes cultuels au quotidien. Nos braves rédacteurs du CCI ne trouvent rien à redire à cette étrange protection policière (capitaliste) pour protéger, pour la première fois dans l'histoire moderne, des dizaines de personnes menacées d'égorgement de de « fuck ta mère », quand des centaines de lycéens admirent ceux qui tuent celui qui a blasphémé le prophète !5 Le terrorisme n'est qu'une illustration du capitalisme, la solution coule de source !
« Pour en finir avec le terrorisme, il faut en finir avec le capitalisme. Ces derniers assassinats sont un révélateur du pourrissement nauséabond du système capitaliste. Ce système en putréfaction, laissé à sa propre dynamique morbide et barbare, ne peut qu’entraîner progressivement toute l’humanité vers le chaos sanglant, la folie meurtrière et la mort. Comme l’illustre le terrorisme, le capitalisme ne cesse de fabriquer des individus totalement désespérés, broyés et capables des pires atrocités.Ces terroristes, le capitalisme les façonne à son image. Si de tels “monstres” existent, c’est parce que la société capitaliste est devenue “monstrueuse” ! Ni la bourgeoisie, ni son État, ne peuvent protéger la population de ces monstres qu’ils ont créés et qui peuvent frapper de manière aléatoire et ponctuelle. La classe dominante perd de plus en plus le contrôle sur son propre système en décomposition qui ne peut que continuer à semer la mort ».
La barbarie du terrorisme semble parfois distanciée de la barbarie capitaliste, quoique « derrière tous les terroristes, c'est le capitalisme qui nous tue », mais le discours est aussi creux et incrédible que celui des islamo-gauchistes, en attendant « le renversement du système par le prolétariat » succédant à la « société capitaliste en décomposition » :
« Face à la barbarie du terrorisme, l’impuissance des États et de leurs gouvernements est de plus en plus manifeste. Ces États et gouvernements démocratiques qui dans leurs
Dans la société capitaliste en décomposition, la barbarie et le culte de la violence ne peuvent engendrer que toujours plus de barbarie et de violence aveugle.La fin de cette spirale infernale, écrit Stopio en 2020, ne pourra certainement pas venir de l’action de ceux qui sont les principaux défenseurs et garants du système économique qui engendre cette barbarie. Elle ne pourra résulter que du renversement de ce système par le prolétariat mondial et de son remplacement par une véritable communauté humaine universelle basée non plus sur le profit, la concurrence et l’exploitation de l’homme par l’homme mais sur l’abolition de ces vestiges de la préhistoire humaine. Une société basée sur “une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous”, la société communiste ! ».
Et pourtant fervents admirateurs des bolcheviques, nos vieux amis du CCI oublient que Lénine et ses amis ont finalement dû confronter l'arriération islamique, en particulier sur le voile imbécile des femmes. D'ici la révolution on peut donc égorger tant qu'on veut en se passant de ces salauds de « flics racistes » ?
Leur conclusion n'est pourtant pas fausse, et les distingue des islamo-gauchistes, quoique l'islam avec son obsession de tuer s'apparente non seulement au nazisme mais est bien la religion la plus dangereuse et débilitante, existant avant la « décomposition du capitalisme » :
« Comment comprendre alors que l’idéologie djihadiste, irrationnelle, nihiliste et digne du fascisme gangrène une partie de la jeunesse ? Ces adolescents kamikazes qui s’engagent dans la “guerre sainte” pour gagner le paradis ne sont-ils que des créatures monstrueuses, étrangères à l’espèce humaine ? Sont-ils de simples bourreaux que les forces de l’ “ordre républicain” sont acculées à abattre comme des chiens ? Ou sont-ils aussi des victimes de leurs crimes innommables et d’un système qui transforme les hommes en machines à tuer ? Derrière leur radicalisation et leur passage à l’acte terroriste, il y a une attitude nihiliste suicidaire caricaturale mais entretenue par un idéal mystique que véhicule toute conception religieuse du monde.
L’islam n’a pas d’exclusivité en matière de radicalisation violente. Cela vaut pour toutes les religions. D’un côté, elles proposent compassion, miséricorde, “vie éternelle” dans le royaume des cieux et un “paradis” qui ne peut être trouvé sur terre, lieu de tous les “pêchés”. De l’autre, elles stigmatisent les impies, les mécréants, les “infidèles”, les “tentateurs”, sources du Mal et adorateurs de Satan, qu’il faut éradiquer dans leur chair, sous le glaive ou sur le bûcher. Les religions ne font que justifier l’injustifiable et perpétuer la soumission à l’exploitation dans le “royaume des hommes”. Comme disait Marx, la religion est “l’opium du peuple”. Elle est “le cœur d’un monde sans cœur et l’esprit d’un monde sans esprit”.
NOTES
2« Sécurité, la gauche contre le peuple », page 136.
3cf. page 148 de « Insécurité, la gauche contre le peuple ».
4On apprend plus loin que : « les « croisades impérialistes, depuis la guerre du Golfe contre Saddam Hussein, n’ont fait qu’attiser la haine et la soif de vengeance des islamistes fanatisés ». Ce n'est point de leur faute à ces braves assassins mais la faute... au capitalisme !
5Lire le livre de la petite Mila et celui de Didier Lemaire « Lettres d'un hussard de la République ». Le CCI prend en compte parfois une une réalité dérangeante pour tout islamophile, mais attendons l'effondrement du capitalisme cause de tout :« Le déchaînement de la vindicte sur les réseaux sociaux de la part d’élèves, de parents d’élèves, de citoyens se sentant une légitimité pour dénoncer et insulter celui qui ne pense pas comme eux a effectivement préparé les conditions du passage à l’acte et à son exécution atroce par un jeune fanatique islamiste ».On lit par ailleurs que le capitalisme n'est pas responsable de tout au contraire des répétitions simplistes : « les innocents qu’ils assassinent, a souvent eu pour cible principale ces autres “machines à tuer” que sont les États. Rien de ça, le 7 janvier à Paris : la haine obscurantiste et le désir fanatique de vengeance sont ici à l’état pur. Sa cible est l’autre, celui qui ne pense pas comme moi, et surtout celui qui pense parce que moi j’ai décidé de ne plus penser, c’est-à-dire d’exercer cette faculté propre à l’espèce humaine”.
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