Qu'ils soient antiracistes à fleur de peau, syndicalistes dans l'âme ou empathiques avec l'islamisme des pauvres ex-colonisés, les divers clans gauchistes ont hérité de leurs passés staliniens, trotskistes et maoïstes le culte de la violence et de la manifestation de rue dérangeante, avec pour cible la police et encore la police. Sur ce plan les protestataires pro-Trump et divers clowns des sectes néo-fachos ne diffèrent en rien des actions « radicales » gauchistes, sauf que les gauchistes français se sont inclinés depuis longtemps devant le parlementarisme bourgeois le plus crasse et le plus veule ; quoiqu'ils n'aient plus de députés comme du temps des Krivine et Ben Saïd mais juste quelques petits conseillers municipaux. On sait que pour « faire barrage » au « fascisme » inexistant, ils appellent toujours à voter au deuxième tourniquet pour les caciques et les portiques les plus véreux de la gauche bourgeoise.
Le silence depuis deux jours des NPA, LO et diverses sectes du genre est à souligner, pour ceux qui s'attendaient à les voir hurler « Halte au fascisme ». Pour une part, ce silence relève du même mépris avec lequel ils avaient accueilli les débuts de la protestation en vestes jaunes, qualifiant pour faire simple avec leur morgue dirigiste habituelle, les hétéroclites marcheurs en jaune de ploucs et de ramassis de fachos. La différence avec les fans de Trump était qu'il n'y avait pas de leaders mais une myriade de petits arrivistes incultes qui ont fini par inanité politique, et avec la répression policière, par se dissoudre comme mouvement sans perspective cohérente ni crédible, avec en particulier la ridicule requête d'un bonus de démocratie plus blanche que la démocratie bourgeoise, le RIC disparu.
Le gauchisme a depuis ouvert ses bras aux miettes de cette révolte plus poujadiste que fasciste, comme il joue en général le rôle de voiture balai à toutes sortes de protestations ou modes. D'une façon tout à fait secondaire, marginale et anecdotique étant donné l'effondrement du camp classique de la gauche bourgeoise.
Nos gauchistes nationaux n'allaient pas se mettre à poil en criant « Halte à l'attaque des institutions démocratiques ! ». Ils savent très bien, en tout cas les plus expérimentés et retords d'entre eux, que les institutions parlementaires sont une tricherie officielle et historique. Les élections ce n'est pas « une voix, un vote » comme l'a clamé nuitamment le grand démocrate Macron, mais du pognon et de l'entregent. Du pognon, encore du pognon, et des élus déjà corrompus qui décident si toi ou un autre peut se présenter ou pas. Le zigoto qui est élu n'est plus contrôlable toute la durée de son mandat ; mieux s'il quitte le parti politique par lequel il s'est fait élire, il n'a de compte à rendre à personne et il garde son mandat pour continuer à ne représenter que ses propres intérêts carriéristes. Comme l'a constaté jadis un certain Marx, les électeurs sont des sacs de patates. On s'est offusqué que Trump ait négocié avec un sous-fifre régional plusieurs milliers de votes pour damer le pion aux canailles « démocrates » de l'autre camp, mais Trump fait tout haut ce que les autres font tout bas, et bassement, avec poignées de main électorale, distribution de bonbons et de bons mots. Enfin la représentation des classes antagonistes est interdite sur le plan électoral où vous n'avez le droit de défendre que le « peuple », cette baudruche inconsistante qui n'autorise que la représentation de la... bourgeoisie et ses lois.
Hélas Trump, même s'il n'a pas vraiment contrôlé le truc avec sa forfanterie habituelle, il ne s'est pas agi d'une insurrection que la visite inopinée des gilets jaunes à l'Elysée ; la logique sans tête des réseaux sociaux avait fait le boulot. Les manifestants pro-Trump n'imaginaient certainement pas qu'ils allaient pouvoir pénétrer come dans du beurre dans le dôme sacré de la patrie US. A preuve, une fois dedans ils n'ont été capables que de faire des selfies ou de poser assis sur les bureaux des tâcherons de l'appareil politique bourgeois. T'as pas vu mon selfie sous le dôme, wonderful ! Nous en 68, dès qu'on pénétrait dans un lieu officiel, c'était pour tenir une assemblée ! Même les fachos dans les années 30, ils tenaient conciliabules même si c'étaient toujours les chefs qui parlaient.
Nos présumés « fascistes » modernes, y causent pas, y crient et y font des selfies !
Hélas pour ses admirateurs endiablés ou éméchés, Trump s'est doublement ridiculisé, en se dégonflant post festum, penaud en appelant à une transition dans le calme (il n'est pas fou au point d'ignorer qu'au pays des cow-boys, une balle perdue est toujours retrouvée pour tout imbécile obstiné) ; on peut bien le taxer d'Hitler mais c'est un Hitler sans troupes. Deuxièmement Trump est un lâche. Il a envoyé, ou s'est arrogé la paternité d'envoyer les gens au casse-pipe, et n'a pas eu un mot de compassion pour quatre de ses fans abattus par la police (sa police), ni surtout pour la jeune femme de 35 ans, Aschli Babbitt, assassinée par un de ses propres flics et fonctionnaire du démocratique Capitole. Les féministes bourgeoises de la gauche démocratique américaine se sont également tues. On a pourtant tué froidement une petite femme qui avait la bravoure d'un soldat. Elle ne sera pas non plus une nouvelle Horst Wessel pour un mouvement sans cervelle et sans chef, Trump va incarner désormais la lâcheté populiste, mais le populisme lui survivra.
DES REACTIONS bourgeoises pas très outragées :
Les médias ont lourdement, un peu trop lourdement insisté sur l'imprévoyance de forces policières en nombre pour barrer le chemin aux « émeutiers ». Le conseiller es-fascisme du NPA, Richard Seymour y voit surtout un complot ficelé par le facho Trump. Selon un journaliste du New York Time, Macron a sauvé la démocratie américaine :
« La chorégraphie était inhabituelle : le président français Emmanuel Macron, debout devant les Stars and Stripes, déclarait en anglais que « Nous croyons en la force de nos démocraties. Nous croyons en la force de la démocratie américaine. » Et ainsi la présidence de Donald Trump s’achève avec un dirigeant français obligé de déclarer sa foi dans la résilience de la démocratie américaine, un développement remarquable. L'argument le plus important de Macron était assez clair : la foule de loyalistes à Trump à Washington qui tentait de perturber la transition pacifique du pouvoir américain représente également une menace pout toutes les démocraties. La réputation des États-Unis peut être ternie, mais leur identification à la défense mondiale de la démocratie demeure singulière. Ainsi, on a vu une horde en colère, incitée par le président Trump lui-même... ». Un de ses collègues en rajoute une couche : « Trump a toujours été un loup déguisé en loup. En le nommant président de toute façon, les élites républicaines ont contribué à rendre possible l’assaut du Capitole ». Tous les médias professionnels de l'anti-complotisme nous resservent la même théorie... complotiste :
« « Le film circulant sur les réseaux sociaux est celui d’un échec, l’échec de la protection d’un des bâtiments les plus symboliques de la démocratie américaine. On y voit un fin cordon de policiers batailler un peu vainement, acculé aux pieds des marches de marbre à l’ouest du Capitole, contre une foule excitée. La digue rompt brusquement sous la poussée. Un manifestant perce, jaillit en agitant la bannière étoilée dans le dos des forces de l’ordre. Quelques secondes plus tard, un deuxième protestataire le rejoint un drapeau pro-Trump à la main. Puis les émeutiers submergent le dispositif fissuré, noyant les policiers ».
L'Huma erratique du PCF, qui n'arrive pas à reconstruire le mur du stalinisme, et, en cessation de paiement attend le miracle pour ne pas déposer le (triste) bilan politique de la gauche contre-révolutionnaire, ne peut pas plus prendre position que les cliques trotskiennes ; on se rabat sur le commentaire journalistique indolore et laconique :
« Soutenez la police du Capitole et les forces de l'ordre. Ils sont du côté de notre pays. Restez pacifiques!", a tweeté Trump. Puis, dans un court message vidéo, Donald Trump a continué de remettre en cause le résultat de l'élection, disant que le résultat lui a été volé, tout en appelant ses partisans à rentrer chez eux. Mais des dizaines de manifestants pro-Trump étaient toujours présents dans les rues de Washington en début de soirée au mépris de l'entrée en vigueur du couvre-feu à 18 heures locales. La police a procédé à 52 interpellations, dont 26 dans l'enceinte du Capitole ». Pas un mot sur les quatre personnes assassinées, peut-être parce qu'elles sont blanches, ni sur la lâcheté de Trump.
LE PRURIT DU PICASSO DE LA GAUCHE DECATIE
Mélenchon confirme par contre que lorsque l'on n'a rien à dire, il faut le dire. A défaut d'une pris de position on a une chanson à la Alain Souchon avec presque pas de verbes :
« Les USA organisateurs de putsch, truqueurs d'élections, en proie chez eux à leurs propres méthodes. Justice immanente. Ca s'appelle une tentative de putsch. D'extrême droite. Ni communistes, ni musulmans. Comme en France, le danger pour la démocratie n'est pas là où on le dit", a ensuite ajouté Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter, estimant que Donald Trump a transformé les Etats-Unis en "République bananière. Soutien sans condition aux parlementaires des USA. L'extrême droite doit être repoussée et réprimée aux USA, et ses connexions dans le monde mises hors d'état de nuire ».
L'ex trotskien Mélenchon, qui a été formé si longtemps au soutien critique à la gauche bourgeoise, soutient ouvertement le système parlementaire de la bourgeoisie US, celui qui est rejeté majoritairement dans la classe ouvrière américaine, noirs et blancs inclus. La victoire de Biden est autant de la gonflette et une somme d'arrangements électoralistes où, comme pour l'élection de Trump, tout est trafiqué région par région avec généralement une énorme abstention. Derrière les pitreries auxquelles on a assisté, avec cornes, plumes et déguisements il y a un réel dégoût de la mystification démocratique bourgeoise, et pas seulement aux Etats Unis. Cette action à la fois pathétique et clownesque ne fera en tout cas pas baisser la dynamique de ce qui est appelé, avec mépris, populisme. Le populisme n'assassine pas les enseignants parce qu'ils n'enseignent pas les lois inventés du coran, ni n'autorisent le bastion pour les femmes qui veulent vivre à l'européenne.
QUAND LE LIBERTAIRE NPA LAISSE LA PAROLE AU CRETIN RICHARD SEYMOUR
Comme Trump n'est pas Hitler, qu'il n'en a en tout cas ni la garde rapprochée ni la faconde, on se gratte pour comparer quelques abrutis moustachus qui circulent en Harley Davidson et avec la bannière étoilée, avec le fascisme « compétent ».
Le titre de la revue A Contre Temps du sieur Seymour est ceci :
« Un fascisme incompétent est-il encore du fascisme ? Sur l’offensive de l’extrême droite au Capitole » 1
Où l'on voit que les gauchistes sont désormais un peu gênés aux entournures , et aux encablures, pour qualifier à tout va des protestations qui leur échappent dans leur petite tête de girafe trop éloignés du sol. C'est quoi le « fascisme incompétent », formule qui a séduit tout le comité de rédaction du PNA ? Un fascisme immature ? Un fascisme sans expérience ? Mais c'est quand même une « offensive de l'extrême droite », or, selon le mantra gauchiste moyen, extrême-droite = fascisme.
Avant d'en rire, voyons l'entrée en matière du conseiller es-fascisme du NPA :
« La tentative désespérée d’aujourd’hui [mercredi 6 janvier, NDT] de subvertir l’ordre constitutionnel libéral va probablement échouer, ce qui reflète en grande partie l’état d’inachèvement de cette phase du développement du fascisme. Ces dernières années, nous avons assisté à des tentatives spéculatives, à des incursions expérimentales, contribuant à créer les conditions culturelles et organisationnelles préalables à la légitimation d’une droite extra-parlementaire violente ».
L'incursion des « émeutiers », « provoquée » par Trump , n'aurait pas pu avoir lieu sans la connivence de la police. En tout cas c'est raté la connivence car la police trumpienne a tué.
Le petit Seymour doit être capitaine de pédalo pour imaginer un double jeu de Pentagone, poussé par Trump à laisser organiser un nouveau « putsch de la Brasserie » (comique comparaison avec le putsch d'Hitler qui lui n'était pas entouré de hippies, et dont les affidés se livraient à des exactions autrement plus graves, comportant des assassinats de communistes et de juifs. Il nous sort de sa pochette à cervelle gauchiste une « dialectique de la radicalisation mutuelle », pour faire joli et un tantinet intello.
Mon hypothèse est évidemment que le Pentagone a temporisé sous la pression de Trump, afin d’offrir à ses petits amis une reconstitution plus complète du Putsch de la Brasserie. Heureusement nous dit Seymour que les résultats n'ont pas été serrés, et il se félicite de ce qu'une masse de votant ait en quelque sorte rendu incompétent le fascisme (supposé) : « le résultat électoral était suffisamment net pour être démoralisant pour la base de Trump ». Le « putsch desesperado » aura de beaux jours devant lui :
« Cependant, le courant de colère sous-jacent, le mythe de la trahison (« notre vote a été volé ») et la réalité alternative élaborée par Trump et largement partagée par les électeurs républicains, vont être alimentés dans les années à venir par une industrie de « désinfodivertissement » (disinfotainment) d’extrême droite élaborée et habile ».
Heureusement et cela donnera du grain (antifa) à moudre pour tous ses lecteurs gauchistes. L'extrême droite étant « si habile ». Passons maintenant du fascisme incompétent au « fascisme inachevé » :
« Les principaux secteurs en croissance, à partir de là, seront deux forces : les tireurs « loups solitaires » et les groupes conspirationnistes armés ». (…) Il s’agit de fascisme inachevé, du fascisme dans sa phase expérimentale et spéculative, dans laquelle se forme une coalition de forces populaires minoritaires avec des éléments de l’exécutif et de l’aile répressive de l’État. Il serait terriblement stupide, d’une complaisance incroyable, d’attendre de la démocratie états-unienne qu’elle reste suffisamment stable dans les années à venir pour refuser à ce fascisme naissant de nouvelles possibilités de se solidifier et de se développer ».
Le type se prend à l'évidence pour le Marceau Pivert de l'ère covidienne de la décadence capitaliste. Il met en garde les (maigres) troupes gauchistes : ne pas avoir d'illusions sur la capacité de la bourgeoisie de vraiment combattre le fascisme :
« Ne me dites pas que la bourgeoisie américaine ne soutiendra jamais le fascisme parce que la démocratie libérale fonctionnerait suffisamment bien. Ne me dites pas que le fascisme ne prendra pas pied dans une société où la gauche est faible depuis des décennies et où une grande partie du mouvement ouvrier est presque en état de mort clinique. Ces points sont hors sujet ».
Il parle au nom de quoi et de qui ce type ? Il est ignare en histoire et un vrai incompétent sur la nature, l'apparition et le développement du fascisme. Il s'appuie sur cette pauvre Clara Zetkin, qui fût loin d'être une lumière en marxisme et en théorie révolutionnaire, à part d'avoir peut-être tricoté un pull à Rosa Luxemburg. Selon Zetkin, dit-il, le fascisme s'attrape comme la covid en milieu paumé « les sans-abri politiques, les déracinés sociaux, les indigents et les désillusionnés ». Et d'ajouter le résumé du creux de la pensée gauchiste, faite d'affirmations illogiques et d'ignorance, et avec l'injonction de combatre des moulins à vent :
« ...(le fascisme) n’a pas besoin d’un communisme fort pour réagir : l’hypothèse d’Ernst Nolte était erronée. Il y a un besoin urgent d’un mouvement antifasciste aux États-Unis ».
C'est bête à pleurer. Le fascisme fût d'abord un produit de la guerre mondiale capitaliste comme revanche nationale désignant l'étranger (surtout juif) comme l'ennemi principal. Il est financé par la bourgeoisie démocratique américaine (Ford et Cie), en Allemagne ce ne sont pas des clochards qui s'agrègent autour de Hitler mais des généraux et des grands bourgeois. Après la trahison de la gauche bourgeoise de l'époque, il vient renforcer la contre-révolution en désignant le communisme comme le principal ennemi, et gagnant une partie des masses car le stalinisme était tout le contraire du communisme et, pour reprendre ses termes abscons, « dans une dialectique de la radicalisation mutuelle » le nazisme et le stalinisme (avec les trotskistes à ses côtés) ont piégé et muselé le prolétariat mondiale dans leurs mâchoires de terreur. De grands historiens comme Nolte l'ont souligné, peut-être moins bien que la gauce communiste maximaliste, mais ont reconnu ce fait que les négationnistes modernistes comme Seymour, Besancenot et autres Löwy, contestent ignoblement en priorisant le combat contre les ombres du passé et non pas la duplicité démocratique capitaliste.
Quant à la faiblesse présumée actuelle du prolétariat par ces pitres gauchistes, ils n'en voient que la queue. Le prolétariat mondial a été bien plus faible et désarmé politiquement dans les années 1930, sinon il n'aurait pas pu être endigué dans un nouveau massacre. C'est la gauche qui partout a mené le prolétariat à se soumettre au sacrifice de la guerre, en particulier depuis l'Espagne. Aujourd'hui, alors que partout éclatent régulièrement des émeutes, qu'il va s'en produire de plus en plus, et plus significatives que les grèves ordinaires corporatives, ou le mythe de la grève générale, que les gouvernements de droite ou de gauche tentent de repousser de graves échéances, les idéologies de minorités gauchistes marginales, non représentées dans les principales instances politiques bourgeoises, sont les valets de la démoralisation pour combattre des ombres, ou des gangs secondaires, mais pas pour contribuer à renforcer la lutte de classe avec un projet alternatif cohérent contre l'Etat et pour un avenir autre que les radotages antifas. Les énervés du Capitole comme les excités gauchistes ne sont qu'un sous-produit de l'implosion capitaliste. Le pire est à venir mais ce ne sera pas un nouveau fascisme.
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