Affiche nationale-islamique du CCIF (oubliée) |
Les problèmes posés par l'immigration incontrôlable et l'islamisme « rampant » (mot de Darmanin lors de son interrogatoire parlementaire) - sujets qui tendent à prédominer dans l'actualité malgré le souci constant de la pandémie - ont entraîné une polémique mettant en cause « la dictature des médias », où ce ne serait plus Le Monde ou le gouvernement qui feraient la pluie et le beau temps dans l'exercice de l'idéologie dominante.
Tout ministre comme tout journaliste peut aussi vous assurer depuis des années que « les réseaux sociaux font la loi ». Ce jugement à l'emporte pièce est évidemment faux car le pouvoir n'est pas seulement le gouvernement, lequel n'est qu'un élément de l'Etat d'une classe « dominante ».
Il s'agit bien plutôt d'une bataille pour occuper la place (enviée) de la victime. Le pouvoir centriste (ni droite ni gauche) de Macron, sorte de bonapartisme moderne1, après avoir caracolé à ses débuts avec des discours arrogants et élitaires, s'est résolu à la victimologie. Cette dernière n'est qu'un avatar de la juridicisation de la vie politique, du fait de l'explosion et de la perte de crédibilité de tous les appareils politiques. L'antiracisme, adoubé par les fractions bourgeoises pro-américaines et les variétés de l'islamo-gauchisme, est devenu le critère de base pour criminaliser (et donc judiciariser la vie politique)2 et déléguer la réflexion politique en quelque sorte à l'appareil judiciaire dont on ne nous fera pas le procès qu'il serait anti-gouvernemental. J'ai déjà constaté ici que nous avons affaire à un Etat faible, ce qui ne veut pas dire impuissant ; en pensant plus à un « gouvernement faible » je n'ignore pas que l'Etat est constitué de nombreuses autres institutions qui fonctionnent automatiquement, qu'il pleuve ou qu'il vente, indépendamment du fait que le gouvernement ait la fièvre ou soit boiteux. Font partie de l'Etat, sans être étroitement dépendants du gouvernement : la magistrature, la police, le patronat, les assocs caritatives (mais dépendantes aussi parfois de subventions gouvernementales). Le retrait subit et inattendu de l'article 24, qui autorise la plupart des commentateurs à parler de crise politique de l'Etat, est du même ordre que la reculade face aux gilets jaunes. C'est le gouvernement qui recule, pas l'Etat qui reste en place et dont les diverses autres composantes font la morale. Critiquer l'Etat en soi, sans même en identifier les contours, reste abstrait comme le dit bien Lagasnerie, et sert de vade-mecum aux petits contestataires hystériques du NPA (d'autant qu'ils ont menacés eux-mêmes d'implosion), par exemple pour chanter victoire à un simple changement de vocable étatique et aux variabilités sémantiques des articles de lois et de loi des articles.
JURIDICISATION ET RACISATION POUR DEPOLITISER LA LUTTE DE CLASSES
Il faut d'abord se rendre compte que la préservation des différences de classes passe traditionnellement par une juridicisation des conflits de classe. C'est le cas depuis des années dans les procès de la part des syndicats contre des patrons licencieurs, ce qui permet à l'Etat de la jouer indépendant, voire arbitre innocent. Avec l'érosion de la croyance au syndicalisme, les prolétaires ont eu tendance à se rabattre vers le cloisonnement judiciaire. On défile désormais devant les tribunaux pour dénoncer une discrimination, couleur de peau, sous-estimation des compétences, licenciement arbitraire ; quoique les condamnations soient peu nombreuses... Du côté de la petite bourgeoisie et du lumpen prolétariat, on a saisi l'intérêt de se servir de cette « justice de classe » car en payant bien un avocat, c'est la classe ! La mode vient de l'Amérique mafieuse où chaque politicien n'oublie pas à chaque discours de mentionner dieu et dont les correspondants de presse viennent juger de la France à l'aune de leur multiculturalisme sectaire.
J'ai réfléchi au sentiment qui peut être celui du spectateur lambda avec une soudaine accumulation de revers juridiques du gouvernement après le scandale provoqué par le lynchage d'un boss du Rap business, et comme on le démontrera plus loin aux causes du racisme dans la police. Les revers successifs du gouvernement, annoncés ces jours-ci, concernent les milieux racialistes et immigrationnistes à tous crins, ainsi que les agitateurs musulmaniaques.
Il faut noter en préliminaire le double langage du système macronien, son statut de gouvernement « tout publics », à la carte oserai-je dire, et dans la mesure où chacun peut dire n'importe quoi quand en même temps rien ne change. La plupart des médias avaient littéralement menti sur le « camps de migrants » installlé par les islamo-gauchistes et leurs alliés des assocs caritatives plus ou moins financées par le gouvernement ; ce fut pourtant une instrumentalisation ratée, même si on fermait les yeux sur la révélation ne venant que de la presse de droite. C'est hier un média d'Etat qui se répand carrément sur la maltraitance policière des familles de migrants3. France Inter fait donc mieux que le faux cul Médiapart pour dénoncer la misère des migrants, mais avec autant d'ambiguïté que son principal employeur, qu'elle semble dénoncer : ces images de familles avec enfants subissant gazage (intermittent) et évacuation avec bousculades, doivent servir, par leur diffusion internationale, à refroidir les candidats à la migration en France.
Au moment où le ministre de l'extérieur Darmanin (« mytho de l'Intérieur » selon Libération) est obligé de s'expliquer devant ses collègues parlementaires, on apprend que le Préfet des Bouches du Rhône est débouté des mesures d'évacuation d'un camp de migrants et que le contrôle des migrations venant d'Italie devrait être remis en cause « par humanité ». On apprend aussi que Tariq Ramadan (sauf en matières sexuelles) a gagné son procès contre un politique qui l'avait taxé de violeur, que l'affaire Théo remet en cause la version policière, que le clan Traoré porte plainte contre Naulleau, que le pseudo journaliste et agitateur islamiste Taha Bouhafs porte plainte contre le « raciste Zemmour » ; pour criminaliser un peu plus la police (mais pas le gouvernement) Le Monde ressort comme par hasard un drame de 2018 à Marseille, une vieille dame à sa fenêtre Zineb Redouane, 80 ans, avait reçu une grenade lacrymogène en plein visage, tirée par la police en marge d’une manifestation de « gilets jaunes » puis elle était morte à l'hôpital, etc. Aujourd'hui mercredi 2 décembre, autre heureux hasard, Darmanin est reconvoqué pour son présumé viol ; question : c'est pour manifester « l'indépendance de la justice » auprès des noirs tabassés ou des grévistes lynchés ? Pour faire oublier que la « justice » avait classé le tabassage du boss du Rap tant que la vilente vidéo restait invisible ? Ou une implosion avancée de l'Etat français par des magistrats gauchistes « infiltrés » (sur le concept d'infiltration de la « gauche radicale, lire plus loin) ? Ou un effort calculé par des risque-tout pour décrédibiliser toutes les institutions bourgeoises régaliennes ?
Que signifie tout ce cinéma judiciaire, outre de calmer le jeu après un filmage gênant de policiers tabassant un français, certes noir (mais possible nouveau symbole de l'idéologie racialiste bourgeoise ) ? C'est bien évidemment un clin d'oeil aux milieux décoloniaux pour qu'ils continuent à aider le pouvoir à faire croire que « justice est possible » sous le règne capitaliste4. Télérama, magazine aussi financé par l'Etat5 est en première ligne pour les accusations de « racisme d'Etat », ce truisme à bobo, est spécialisé dans la lutte anti-policière (car les flics seraient tous des fachos), avec sa « bignole à bobos », un certain Samuel Gontier.
Le type est inquisiteur et moraliste et dans sa vindicte paranoïaque dans sa façon de vilipender les médias, il oublie qu'ils sont plus souvent qu'on ne croit la répercussion de ce que pensent les populations, ou répondent au besoin des diverses populations de dénoncer l'élite (antiraciste et universitaire) ; l'émission « Face à l'info » de Kelly et Zemmour, avait bien failli être interdite, mais en haut lieu il fut décrété interdit d'y toucher, car elle est populaire, en particulier chez les gilets jaunes et surtout chez la masse de flics, qui a besoin d'un tel soutien psychologique vu la masse de mépris et de dénigrement dont ils sont l'objet de la part de tous les médias pourtant pas du tout « indépendants ». Gontier, cet ancien gauchiste parvenu s'échine chaque semaine à répondre point par point avec un humour de potache, à contrer vainement des constats pourtant vérifiables et incontestables d'animateurs comme Pascal Praud, suivi et approuvé dans ses colères par des milliers alors que Télérama s'adresse à une clientèle bobo-cultivée, et hors de la réalité6.
C'EST RIGOLO : MACRON EMPECHE LA BOURGEOISIE D'ALLER SKIER A L'ETRANGER
Le mérite de la pandémie, quoiqu'on en dise, restera d'avoir rappelé que nous avons tous besoin des autres, les uns des autres, et qu'un individu n'a pas à décider seul, qu'il soit président de la République ou bonze syndical. Macron est en train de se battre pour sa réélection, seule sa politique de restrictions anti-virus peut la lui garantir- sorte de plastron sanitaire - ce pourquoi il a viré Philippe. Pour le reste le pire est devant lui, pas seulement la réforme des retraites des corporations publiques, mais une vague de protestation sociale qui remisera gilets jaunes et antiracistes au rang d'épisodes secondaires. Mais rien n'est garanti. Que va-t-il sortir de cette implosion sociale et politique que nous vivons actuellement où ça part dans tous les sens, ou plus rien ne semble pouvoir être réglé comme une horloge ? Querelles et insultes sans fin sur les migrations, les violences policières, les violences diverses où l'ancien clivage gauche/droite est brouillé et où c'est l'ombre de la gauche bourgeoise, plus vraiment sociale mais moralisatrice, en deux entités, islamo-gauchiste pour l'une et, pour l'autre, à la fois souverainiste et populiste ; ces deux factions se fichant du sort des ouvriers soit arcboutée sur un antiracisme qui se fiche mêmes des dits « racisés, soit faisant passer tous les malheurs du monde sur islamistes ». J'ai pensé que le terme implosion permettait de mieux saisir une réalité à la fois complexe mais aussi très lisible.
L'implosion est le contraire de l'explosion
Le CCI utilise cette notion depuis un excellent article de 2003 sur "l'élargissement de l'Europe" mais ne l'utilise que pour caractériser "l'implosion de l'URSS". Je me suis aperçu que Emmanuel Todd avait aussi utilisé le terme un peu avant ma prise de conscience lors de la sortie de son dernier livre, comme il l'a formulé à une émission de radio sur France-culture : « La France au bord de l'implosion sociale »7. Notion qu'il me faudra approfondir car, contrairement à l'explosion ou la décomposition, on ne trouve pas d'image pour la figurer, sauf la bombe atomique, qui signifie auto-destruction, dont je me doute que la bourgeoisie ne le souhaite pas pour elle-même; et que ses traîtres implosifs de l'intérieur ne sont que des concurrents... Imaginez Plenel Premier ministre et Mélenchon ministre de l'Intérieur...
Tout le monde semble attendre une explosion sociale ou politique, ou les deux, ou un revival des vestes jaunes, ou Marine avec une moustache. Pour l'instant nous vivons une implosion. Selon Todd il s'agirait d'une « implosion démographique ». En plus la société française serait de plus en plus homogène ; il n'y aurait pas non plus accroissement des inégalités mais appauvrissement général. Et ce type hors sol prétend parler de lutte des classes ! Je montrerai qu'on peut le placer dans la famille bourdieusienne, ces sociologues qui se croient malins parce que toute cette implosion ne manifesterait qu'une « lutte de classements ». Et sa vision pitoyable qui imagine un retour de la lutte des classes sous la forme d'un remake de la jacquerie gilet jaune :
« Il me semble également que le phénomène des gilets jaunes peut s’interpréter comme un retour de la lutte des classes. J’ai réalisé une recherche statistique et empirique en étant guidé par une question: que s’est-il passé en France entre le référendum de Maastricht et aujourd'hui? Ce que j’ai trouvé, c’est que la montée des inégalités n’est pas le problème majeur. En revanche, on observe une baisse générale du niveau de vie qui est déjà bien engagée. Le revenu baisse pour toute la population, sauf pour les 1% les plus riches. L’état social de la France s’est dégradé. La petite bourgeoisie, autrefois à l’abri des détériorations des conditions de vie, s’appauvrit. Les élites technocratiques ne prennent pas conscience que l’ascension sociale n’existe plus et que le fait d’être diplômé ne garantit plus la sécurité matérielle. Ceci conduit à une résurgence de la lutte des classes, qui prend des formes violentes, avec un État de plus en plus répressif, détaché des réalités et échappant à tout contrôle ».
Il n'y a peut-être pas montée de inégalités mais leur maintien si, faites de privilèges corporatifs et de confort pour une masse de petits bourgeois et dont ne disposent pas la majorité des prolétaires, même si ces derniers ont aussi une fausse conscience d'eux-mêmes. L'ascension sociale, tant prisée comme référent de valeur par les sociologues dans son genre, on s'en fiche. Ce type est autant en dehors des réalités que ses compères en statistiques trafiquées. Avec un simplisme confondant il nous assure qu'il y a deux prolétariats : un bon et un mauvais. Le premier, qui est un prolétariat du passé qui vote Le Pen et fantasme sur les immigrés. Le deuxième, le prolétariat nouveau, c'est les gilets jaunes, classe ouvrière d'après (peut-être, précise-t-il, merdoyant). Plus drôle, l'islam est exagéré par le gouvernement. Il agit par sentiment de revanche, de façon sadique. La lutte des cheminors pour les retraites a mis en évidence que ce problème concerne tout le monde et que le gouvernement veut nous faire vivre dans le stress jusqu'à notre mort. En fait, en imaginant que le mélange hétéroclite et sans tête des gilets jaunes serait la nouvelle classe ouvrier, il se fourre le doigt dans l'oeil, et en même temps ressort les pires clichés syndicaux concernant une aristocratie ouvrière cheminote qui se bat à chaque fois pour sa pomme, et se fiche des retraités du privé, alors que, certes hypocritement, le gouvernement leur dame le pion en préparant une simple répartition de la pauvreté qu'il nomme « retraite universelle ». Todd baigne en fait dans l'idéologie gauchiste lambda, façonnée par l'ex tigre de papier US, sans esprit critique et avec le même simplisme lamentable en conclusion : Macron se lepénise, le macronisme équivaut au national-socialisme. Et il s'attend à des affrontements de classe très violents : un remake des gilets jaunes. Le seul crédit que je peux concéder à cet immédiatiste excité, est l'importance qu'il attache au déclin (économiquement et idéologiquement) de la petite bourgeoisie (cf. son rôle éminent dans les révolutions, idée marxiste!), les profs mal payés qui s'assimilent de moins en moins aux couches moyennes : « cela devient dangereux si la petite bourgeoisie s'en mêle ». Mais il ne nous dit pas non plus que la petite bourgeoisie est girouette et peut virer dans un autre sens que le socialisme, retrouvé ou rénové.
Les bourdieuseries de la petite bourgeoisie et du lumpen racialiste
Ce qui caractérise la petite bourgeoisie des beaux quartiers, en toutes circonstances, c'est l'hédonisme, qu'il y ait une guerre, une épidémie ou un tremblement de terre. Le chef des pompiers et des ambulanciers va dont être un obstacle à dénoncer, obstacle à la « liberté du plaisir » :
« La capacité de l’État à décréter un état d’urgence et à suspendre les libertés d’aller et de venir, de se rencontrer, de faire l’amour, de se balader, de faire du sport et de faire basculer des millions de gens dans la pauvreté révèle la précarité de notre situation par rapport aux logiques d’État, notre enfermement politique — puisque c’est encore l’État qui décide si nous pouvons protester contre ce qu’il décide. La gauche a toujours invoqué le droit comme étant plus puissant que la sécurité. Elle a toujours dit que limiter le pouvoir de l’État ou de la police peut conduire à la production d’un certain nombre d’illégalismes, mais qu’au nom de la protection des individus contre la puissance de l’État, on préférait un certain illégalisme que le contrôle absolu ».
C'est la masturbation de la gauche illégale. L'auteur de ces âneries, le sociologue Geoffroy de Lagasnerie, figure de la nouvelle gauche dite radicale, fils d'une grande famille bourgeoise au nom à chier, n'est qu'un vulgaire bourdieusien prêt à bouffer à tous les râteliers, et soucieux d'instrumentaliser les minorités8. Il a publié Sortir de notre impuissance politique (Fayard, 2020), un présumé manuel de réflexion et d’action pour que les luttes hétéroclites les plus marginales « pour un monde plus juste » gagnent en efficience. Se présente avec le titre désuet d'intellectuel de gauche engagé contre le racisme et les discriminations que subissent les minorités sexuelles, il est membre du Comité Adama — et le nègre de Assa Traoré avec Combat Adama (Stock, 2019), qui relate l'activisme du clan9. Cet islamo-gauchiste n'a qu'une cible, la police :
« Ce qui est insupportable également est le victimisme de la police qui ne cesse de se faire passer pour un corps faible, en danger et de demander toujours plus de pouvoir alors que c’est l’un des corps les plus forts et les plus soutenus de l’ordre politique. En termes de rationalité politique, ce qui me frappe c’est que les gouvernants ne cessent d’ériger comme épouvantail l’islam politique et son programme autoritaire et totalitaire. Mais ils arment juridiquement l’État avec au fond exactement la même vision ».
Son souci principal : restaurer les mythes politiques de la gauche bourgeoise :
« Et donc la gauche devrait aujourd’hui tenter, plutôt que restaurer les mythes politiques du peuple et de la souveraineté, de trouver un moyen de clore définitivement la possibilité de la domination politique de la droite ».
Il veut récupérer une jeunesse en général, mais déjà encadrée politiquement, avec des bourdieuseries bien senties :
« La jeunesse militante éprouve un sentiment d’impuissance. L’idée domine selon laquelle les luttes sont trop difficiles, les ennemis sont trop grands, et que l’on perd toujours. Si l’on regarde sur une trentaine d’années les grandes luttes sur la santé, la prison, les pratiques policières, les droits du travail, la violence de classe, l’écologie.. on constate un écart extraordinaire entre l’énergie déployée et les résultats, d’où ce sentiment d’échec permanent qui n’est pas seulement français, mais international. Une forme de désespoir s’est emparée des forces de gauche ».
Il est possible de donner à la généralité de la jeunesse deux espoirs indépassables, l'écologie et l'homosexualité, mais à l'aide d'une théorie révolutionnaire L'infiltration :
« Deux mouvements me semblent avoir un peu échappé à la paralysie des forces progressistes ces dernières années : le mouvement écologiste et le mouvement LGBT. Le mouvement écologiste a incontestablement, en termes de sensibilité de la jeunesse, de rupture de paradigme, produit des effets de conquête. Et le mouvement LGBT a emporté des conquêtes considérables depuis les années 1970.
Ciblées et fécondes. L’écologie a aussi infiltré les lieux de pouvoir en termes de doctrine et de perceptions. Et le mouvement gay a réussi en terme de lobbying et de guérilla juridique. Ces combats sont vite montés en terme de généralité, par le droit, et donc ont vite été en contact avec les instruments de pouvoir ».
Les néolibéraux n'ont-il pas réussi par la subversion ?
« Absolument. L’objection toujours opposée à la méthode de l’infiltration radicale est le fait que les institutions seraient plus fortes que les gens, et qu’on serait voué à se faire récupérer par les institutions. Ce n’est pas toujours vrai. Un des exemples d’une transformation de l’intérieur de la rationalité d’État est justement le néolibéralisme. Il a été une subversion de la rationalité politique opérée à partir des années 1970 et qui a conduit à une redéfinition complète de la manière dont l’État pense l’hôpital, le travail, le droit… Le néolibéralisme a changé l’État ou, en tout cas, une bonne partie de la rationalité politique (mais pas sa totalité loin de là), l’État n’a pas changé le néolibéralisme… C’est la preuve d’une infiltration réussie. Donc, plus nous serons nombreux à investir et à revendiquer ces lieux et à vouloir en faire jouer les fonctions émancipatrices, plus ils pourront le faire. La gauche ne doit pas voir comme négatif ce qui est paradoxalement capable de lui donner des pouvoirs. C’est-à-dire : voter, entrer dans les institutions, passer des concours, etc. »
« Il faudrait que l’action directe occupe dans l’imaginaire politique contemporain la place de la grève ouvrière au XIXe siècle »10.
Le modèle, l'idole de ces cuistres de radicalité en carton reste feu Bourdieu. Le parcours politique de Bourdieu est typique de l'adaptation de l'intellectuel universitaire à la décomposition de la gauche bourgeoise. Initialement soutien au PS de Rocard, il vote plus tard pour l'écologiste Voynet en 1995. En 1998 il se joint au soutien critique de la gauche au pouvoir « gauche pourrielle), laisse envisager une « liste Bourdieu » aux européennes de 1999. Depuis le milieu des années 1980 il s'était rapproché du pire syndicalisme arriviste, SUD (piloté par la féministe Annick Coupé, ex-maoïste sectaire, reconvertie dirigeante de la CFDT, puis de SUD et d'Attac). Bourdieu aura été au cœur du bouillonnement confus et hétéroclite de la bobocratie qui s'est crue autorisée à parler au nom des classes ouvrière et moyennes, tentant de restaurer une idéologie homogène pour réinventer la gauche bourgeoise11.
La « radicalité » de Bourdieu était aussi pitoyable que celle de la plupart de ses concurrents sociologues néo-staliniens ou trotskiens, et élèves successeurs que je résumerai sous les termes de gauche handicapée (par son dénudement au pouvoir) ; il substituait la lutte des classes au sens marxiste par la « lutte de classement », la distinction... Il ne dérogeait pas à cet élitisme des mandarins traditionnels, coupés des réalités sociales et politiques, prétendant que les sciences sociales étaient autonomes et non inféodées à l'Etat. Faisant semblant d'oublier que l'Etat n'est pas seulement le gouvernement.
Oui il fût un des pères de l'implosion des milieux petits bourgeois, et nous serons conduit à en reparler au fil des événements et de ce phénomène.
NOTES
1Et pas de national-socialisme bis comme le prétend Emmanuel Todd.
2C'est caricaturalement le cas au Canada : Au Québec, un combat politique "autour de la laïcité et de la langue française" (marianne.net)
3Lacrymo, malaises, traques : des vidéos montrent la journée d'enfer de migrants expulsés à Saint-Denis (franceinter.fr)
4Et aux féministes hystériques qui font partie désormais des « groupes de pression » sur le pouvoir.
5Après avoir été un des fleurons du groupe de presse La Vie catholique (PVC), le titre est depuis 2003 une des publications du groupe Le Monde, après la prise de participation majoritaire de celui-ci dans PVC. En 2006, David Angevin, un ancien journaliste de Télérama, décrit dans un roman transparent et humoristique intitulé Boborama, les présupposés politiques de ses anciens collègues : des « réacs de gauche » qui pensent que « José Bové est le nouveau Che Guevara », qui « soutiennent n’importe quel régime totalitaire pourvu qu’il soit anti-impérialiste ». Pour le héros du roman, les journalistes du magazine sont « des ultra gauchistes qui servent la soupe aux Palestiniens ». Le journal est encore présenté comme le « club américanophobe des cathos progressistes et des marxistes ».
L'image « catho de gauche » est remplacée dans les années 2000 par une image « bobo écolo » dont une chanson de Vincent Delerm est représentative : « Tes parents ce sera peut-être/Des professeurs de lettres/Branchés sur France Inter/Et qui votent pour les Verts/Chez tes parents dans ce cas-là/Y aura Télérama ». Un lectorat composé d'enseignants est une autre caractéristique du journal avec une moyenne d'âge des lecteurs qui se situe en 2012 à 49 ans. Télérama est en 2013 le cinquième titre de la presse le plus subventionné au numéro par l'État, avec 0,336 € de subvention par exemplaire. En 1994, sa diffusion totale payée est de 599 192 exemplaires : l'hebdomadaire est alors le magazine d'information le plus diffusé, devant L'Express, Le Nouvel Obs et Le Point21.
6Cf. Article-compilation stakanoviste de Samuel Gontier : Violences policières : les forces de l’ordre victimes des “pièges” de l’extrême gauche (telerama.fr)
7La France au bord de l’implosion sociale ? Emmanuel Todd est l’invité des Matins (franceculture.fr)
8Il est probable qu'il a fait partie de la clique d'assocs qui ont fabriqué le campement provocateur à République. Ce genre d'individus est identifié depuis longtemps par les meilleurs observateurs. Dans « Le temps de sgens ordinaires », Christophe Guilluy écrit à propos de cette instrumentalisation : « En
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mettant en avant la pauvreté des immigrés, la classe dominante faisait indirectement perdurer le mythe de la classe moyenne intégrée et majoritaire (…) avec l'etnicisation du concept (la classe moyenne est blanche)et l'attribution du qualificatif « populaire » aux minorités... ».
9 Geoffroy de Lagasnerie : « Guérilla juridique, infiltration, action directe… Il faut déployer un autre imaginaire de l’action » (reporterre.net)
10Actions terriblement radicales avec le soutien des potes juges, comme celle-ci, triomphale : « par exemple des juges ont relaxé récemment des gens qui avaient décroché des portraits de Macron. Il est possible de contester ce qui est posé comme légal en invoquant une autre lecture du droit ».
11Toutes ces infos, je les ai récupérées dans la compil des potes de Edouard Louis, le gentil écrivain sorti de la pauvreté pour rallier l'élite de la gauche handicapée (cf. Pierre Bourdieu, l'insoumission en héritage, Puf, 2013), on y lit les délires des Geoffroy de Lagasnerie, Frédéric Lordon ( fils de grands bourgeois comme Lagasnerie), Didier Eribon (lui issu de milieu ouvrier, mais trotskiste défroqué), etc.
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