« En premier lieu, le communisme déblaie le terrain des conceptions idéalistes, selon lesquelles les faits du monde de la pensée sont la base - et non le résultat - des rapports réels de la vie de l'humanité et de leur développement. Toutes les formulations religieuses et philosophiques de ce genre sont à considérer comme le bagage idéologique de classes dont la domination, qui précéda l'époque bourgeoise, reposait sur une organisation ecclésiastique, aristocratique ou dynastique, qui ne se justifiait que par une prétendue investiture supra-humaine. Un symptôme de décadence de la bourgeoisie moderne est la réapparition en son sein, sous des formes renouvelées, de ces vieilles idéologies qu'elle avait pourtant elle-même détruites. Un communisme qui se fonderait sur des bases idéalistes serait une absurdité inacceptable.
De façon plus caractéristique encore, le communisme représente la démolition critique des conceptions du libéralisme et de la démocratie bourgeoise. L'affirmation juridique de la liberté de pensée et de l'égalité politique des citoyens, la conception selon laquelle les institutions fondées sur le droit de la majorité et sur le mécanisme de la représentation électorale universelle sont une base suffisante pour un progrès indéfini et graduel de la société humaine, sont les idéologies qui correspondent au régime de l'économie privée et de la libre concurrence, et aux intérêts de classe des capitalistes.
C'est une des illusions de la démocratie bourgeoise que de croire que l'on peut parvenir à une amélioration des conditions de vie des masses au travers d'un développement de l'éducation et de l'instruction par les classes dirigeantes et leurs institutions. L'élévation du niveau intellectuel des grandes masses a, tout au contraire, comme condition un meilleur niveau de vie matérielle, incompatible avec le régime capitaliste; d'autre part, à travers ses écoles, la bourgeoisie tente de répandre justement les idéologies qui tendent à empêcher les masses de reconnaître dans les institutions actuelles l'obstacle à leur émancipation ».
Thèses de la Fraction communiste du parti socialiste italien (1920)
L'ACTION DU COVID SUR LES ELECTIONS AMERICAINES
Les élections américaines font sourire depuis bien plus de cinquante années en Europe. Elles tiennent véritablement du cirque avec ses clowns, ses éléphants, tigres, singes et des acrobates de haute volée. Elles sont les plus caricaturales au monde de cette farce de « légitimité démocratique » populaire, où la population ne décide de rien et ne reste que des sacs de patates que se disputent clans, factions et... communautés, tout se résumerait selon les médias à une opposition: pauvres blancs contre identitaires.
La participation massive de la population à cette élection présidentielle infirme-t-elle la persistance et l'approfondissement de l'abstentionnisme en Europe ?
On peut s'en plaindre ou en convenir, contrairement aux municipales en France, le covid aux USA a favorisé une participation record grave aux votes par correspondance. Sans doute par d'un côté une émotion des trumpistes et de l'autre côté la haine anti-Trump de l'élite bourgeoise et cinématographique de la côte Ouest. Pas une bataille de programme mais de sentiments envers un challenger contre l'autre où le Covid a servi à diffuser une peur non politique, mais dépolitisante, et va de pair avec l'antienne autarcique que « la croissance repose désormais plus sur la consommation que sur les exportations ».
L’élection présidentielle américaine, basée sur la Constitution de 1787, est une élection à deux degrés : le Président des États-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct, il l’est par un collège de grands électeurs. Ce corps intermédiaire indépendant est un héritage de l’histoire américaine, pour la fondateurs les États-Unis étaient une République avant d’être une démocratie. À l’origine, l’élection du Président était confiée aux citoyens les plus éclairés et les plus vertueux : les grands électeurs. Il y a une forme de contiuïté entre le népotisme féodal cowboy et la persistance de ce corps de bureaucrates politiques intermédiaires, de la même manière que le parti stalinien de Brejnev servait de corps intermédiaires sensé répercuter les désidératas du peuple ; ce qui est le profil chinois actuellement. Le pouvoir apparaît ainsi dans le capitalisme sous toutes les latitudes confisqué par des instances « intermédiaires » et nullement responsables devant lui.
Les majorités sur le plan électoral moderne sont soi-disant le facteur de décision, quand on sait que historiquement ce sont les minorités (surtout bourgeoises) qui ont raison, et que les majorités se fabriquent et sont généralement moutonnières. Le trucage est complexe avec le système américain et permet la tricherie si les besoins du capital l'exigent; ainsi Busch fils a été délibérément nommé face à Al Gore qui disposait d'un nombre supérieur de voix. Un tout petit comité de légiste, non élus ni contrôlés par le peuple ou le prolétariat, peut décider dans son coin. Tous les États n’ont pas le même poids dans le collège des grands électeurs : les voix de la Californie (55 votes) comptent plus que celles réunies des treize États les moins peuplés. Des États comme le Texas (38 votes), New York (29), la Floride (29) ou l’Illinois (20) pèsent particulièrement lourd dans le résultat. On vient de voir le poids et l'influence énorme de la Californie. Chaque Etat se voit attribuer un nombre de grands électeurs équivalant au nombre de ses représentants au Congrès : soit deux sénateurs, quel que soit son poids démographique, auquel s’ajoutent les élus à la Chambre des représentants, dont le nombre est déterminé en fonction de sa population, pas en fonction des classes ; ce type d'élection révèle aussi leur intérêt pour éliminer les classes ; dans certains Etats la classe ouvrière peut être faible en nombre tout en étant déterminante pour la marche de l'économie en général mais avec le principe de majorité indistincte, sa voix (sa conscience) est égale à zéro.
Le Montana, le Wyoming, les deux Dakota, l’Alaska, le Delaware et le Vermont, Etats peu peuplés, représentent chacun trois grands électeurs du collège électoral ; la Californie, l’Etat le plus peuplé du pays, en a cinquante-cinq, suivie par le Texas (trente-huit), la Floride et l’Etat de New York (vingt-neuf chacun). Trois grands électeurs représentent en outre le district fédéral de Washington.
Mais compte tenu de l’évolution de la carte politique et sociale américaine, une majorité d’Etats ne présentent plus beaucoup, voire plus aucun enjeu pour les candidats et le pouvoir central. Historiquement, les Etats du Sud et des grandes plaines du Midwest sont ainsi des « Etats rouges », acquis aux républicains, ceux du Nord-Est et de la côte ouest sont à classer parmi les « Etats bleus », acquis aux démocrates. Le système de nomination du grand électeur est laissé aux choix de chaque Etat, mais au total avec ce système sans principe la bourgeoisie peut dormir sur ses deux oreilles.
L'éditorialiste américain Rod Dreher a assez bien résumé le jeu de chaises musicales qui se profile dans le suspense final qui :
« … a trait à la réindustrialisation et au protectionnisme: Biden est conscient que les Démocrates ont manqué leur rendez-vous avec les classes populaires sous Obama. Dilettante à bien des égards, peu intéressé par l’économie, Obama n’a pas vu cette fracture qui a jeté les masses populaires dans les bras de Trump en 2016. Le Parti Démocrate a dû abandonner sa vision sociale libérale ou élitiste forgée par Clinton dans les années 90 et aujourd’hui, sur ces questions, il n’y a même plus de différence entre Trump et Biden ».
L'abstention électorale, un "mal européen" unique au monde ?
On va voir qu'avant la soudaine, et fort provisoire, ruée électorale de cette année 2020 en Amérique, les taux de participation électorale n'ont jamais excédé plus de 50% des électeurs depuis un demi-siècle. Sans oublier que le dégoût de la tricherie électorale (affaire de gros sous et de découpages arbitraires) peut aussi concerner les prolétaires de pays comme l'Algérie. Avant de revenir sur les causes de la dépolitisation américaine, il me faut souligner que la montée de l'abstentionnisme en France en particulier, date du deuxième mandat du bourgeois Mitterrand, c'est un abstentionnisme ouvrier et en même temps en banlieue nord de Paris par exemple, donc incluant autant des prolétaires de souche maghrébine. Entre les élections législatives de 1973 et celles de 1997, la participation recule de 20 points à Gennevilliers, passant de 82,5 à 62,5 % des inscrits ; dans l'ensemble du pays elle avait chuté de 12,8 points. L'explication ne repose pas seulement sur les trahisons successives des partis de la gauche bourgeoise (PCF inclus) mais d'abord sur le fait que les électeurs ouvriers sont méprisés et que l'élite des partis gouvernementaux de ladite gauche a décidé qu'ils avaient disparu avec la désindustrialisation au profit de la Chine, ou au moins étaient suffisamment invisibles pour qu'on se passe d'eux. Enfin l'islamisation des quartiers ouvriers a eu pour conséquence de renforcer le repli individualiste et une amplification de la suspicion vis à vis des politiciens locaux de la gauche bourgeoise qui trafiquent ou sponsorisent une clientèle arriviste en milieu immigré. Ce repli sur soi, voire de fuite en province de nombreux prolétaires, pas seulement français de souche, a abouti, comme on l'a vérifié, à la révolte chaotique et petite bourgeoise des gilets jaunes, plus abstentionnistes que jamais.
Le honteux déni du vote contre le traité de Lisbonne a plus encore approfondi la crise de la représentation bourgeoise partout en Europe. Pas seulement en France où une majorité de près de 60% n'ont pas confiance dans les institutions européennes (si lointaines et incontrôlables) vues comme étrangères. L'élection présidentielle en France, mais aussi aux Etats-Unis, bien qu'elle y soit indirecte, du fait de leur médiatisation et fixation sur un homme plutôt que sur un programme, voit des taux de participation élevés, qui n'amenuisent pas le dégoût de la mystification électorale pour la plupart des autres types d'élections.
Comment expliquer la fluctuation des statistiques américaines ?
En 1996 lors de l'élection de Clinton, la participation tombe à 49%. En 2008, Obama était monté à 57% ce qui était un record par rapport à la moyenne des élections depuis la guerre. En 2016 lors du challenge Trump/Hilary Clinton , la participation avait plafonné à 54%. Hilary, représentante de l'élite californienne et du show business antiraciste, et qui avait si méprisé les ouvriers (blancs) avait pourtant recueilli 200 000 de plus que Trump mais c'est ce dernier qui avait triomphé grâce aux micmacs des grands électeurs, ce qui se retourne contre lui face à Biden.
Il y a pourtant un élément nouveau, qui était pourtant déjà pris en compte lors des élections précédentes, les mesures discriminatoires des gouvernements précédents particulièrement contre les prolétaires noirs (la population dans les prisons est majoritairement noire et latinos, et un noir a plus de chance de se faire abattre par la police qu'un blanc.
La plus grande participation électorale, (voire du jamais vu dans l'histoire électorale US) ce coup-ci a été impulsée aussi par les débris de la gauche américaine et en premier lieu le mouvement « Black Lives Matter » très présent dans les manifestations et émeutes de l'été 2020 après la mort de George Floyd, qui sont ensuite ravivées par la mort d'autres hommes noirs lors de leur arrestation par des policiers blancs. Controversé, ce mouvement a donné lieu en réaction au slogan « All Lives Matter ». En réalité, loin d'être un simple chaos, un effritement de la nation américaine, la confusion et la proximité des résultats contestés, confirment l'affirmation des COMMUNAUTARISMES, la dissolution de toute guerre de classes au profit du culte ou de la contestation d'un individu, ce qui est assez inquiétant concernant la plus grande puissance impérialiste du monde, et la plus armée... Mes articles lors de l'élection du "populiste" Trump sont autrement lucides à la relecture que ce que certains maximalistes ont produit au niveau même des islamo-gauchistes1.
Finalement comme l'abstention généralisée en Europe et en Algérie, ce vote « sentimental » et hystérique des américains pour deux vieux machins, qui ne sont que potiches - le pouvoir est dans les institutions et dans la gestion de l'économie - est aussi dérisoire, et confirme l'absence d'illusions sur le système politique et une prise de conscience du chaos grandissant qui peut nous emporter tous soit dans une transgression du populisme en guerre civile stérile ne pouvant favoriser l'union nationale obligée pour envisager une participation des prolétaires à la guerre mondiale, soit retrouver les bases de classe du prolétariat et poser l'alternative révolutionnaire contre les mafias capitalistes d'un système pourrissant, les bigots et leurs islamo-gauchistes.
LE COVID EMPECHE-T-IL LA GUERRE ?
Cette question suivant une banale intempérie électorale te choquera certainement cher lecteur, mais elle est liée au chaos actuel et aux attentes, armes aux pieds, de toutes les rivalités nationales et océaniques. Le Covid empêche naturellement la guerre. La guerre signifierait partout de mettre fin aux confinements dans nos cavernes climatisées, elle répandrait encore plus sûrement la pandémie. On ne peut oublier que la grippe espagnole a été l'alliée des bolcheviques en 1918 pour mettre fin à la guerre ! Autre bon signe de la guerre impossible : les ministres de la guerre, sont des femmes, une française et une allemande. La femme n'est pas macho, elle est bonne et gentille, et la preuve qu'il n'y aura plus de guerre. Je me trompe ?
Depuis l'apparition du virus ma première pensée a été dépressive, puisque tu ou je peux te transmettre par ma simple expectoration un virus mortel, l'homme est-il redevenu un loup pour l'homme, ce qu'on croyait ne relevant plus que de cette vieille philosophie du dix septième siècle, idéaliste et sans conscience sociale ?
Thomas Hobbes, à qui on peut reprocher ses généralités ou bêtises, a par contre parfaitement décrit où nous tombons une fois en état de guerre ; marchant dans les rues désertes sous le deuxième confinement, je me mets dans la peau d'un passant dans n'importe quelle ville de France en 1942, accélérant le pas pour ne pas dépasser l'heure inscrite sur son ausweiss ou pour échapper à un prochain raid des Chleus ou des Britishs. Relisons cet écrit des années 1700 :
“Tout ce qui résulte d’un temps de guerre, où tout homme est l’ennemi de tout homme, résulte aussi d’un temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur propre force et leur propre capacité d’invention leur donneront. Dans un tel état, il n’y a aucune place pour un activité laborieuse, parce que son fruit est incertain; et par conséquent aucune culture de la terre, aucune navigation, aucun usage de marchandises importées par mer, aucune construction convenable, aucun engin pour déplacer ou soulever des choses telles qu’elles requièrent beaucoup de force; aucune connaissance de la surface de la terre, aucune mesure du temps; pas d’arts, pas de lettres, pas de société, et, ce qui le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente; et la vie de l’homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève” (Cf. Le Léviathan)
Le Léviathan repose sur l’idée que les hommes ne peuvent pas s’entendre car trop méfiants et dominateurs. Il faut donc un tiers pour les faire se respecter l’un l’autre. Le Léviathan, l'Etat, est ce tiers, cette force tutélaire qui s’impose aux contractants. Pour instituer cette force politique transcendante, les hommes doivent renoncer à leur liberté naturelle et ainsi transférer au Léviathan le pouvoir de contrainte et la force. Pour quel bénéfice ? En échange de leur liberté naturelle, le Léviathan assure la protection de ses sujets et de leurs biens. C'est ce que Marx et Engels avaient compris pour la nécessité de l'Etat mais en insistant contre Hobbes sur ses aspects négatifs. Ces deux là ne croyaient pas à une nature humaine en soi, éternelle ou définitivement formatée par l'éducation du monde présent. Hobbes était pessimiste sur l 'humanité et au lieu de voir le mal dans telle société donnée, telle époque, il restait accroché à cette conception ancestrale et superstitieuse que l'homme est mauvais en soi, pire que l'animal avec ses instincts inassouvis. Bien sûr que la société civilise l'homme, mais une autre société peut s'en charger sans Etat, mais cela Hobbes vivant à une époque où l'Etat était en développement, ne pouvait pas le concevoir. Avant moi, et je n'avais pas encore lu son point de vue, Robert Redeker, qui en 2006 avait été menacé de mort pour sa dénonciation de l'islamisme, s'était trouvé très isolé et vilipendé par les islamo-gauchistes (il doit encore vivre sous protection policière) voit bien le Covid comme conséquence du chaos capitaliste2.
Selon Hobbes, voici les principales raisons pour lesquelles les Hommes se font la guerre :
La défiance : on ne fait pas confiance aux autres, alors pour assurer notre sécurité et éradiquer l’autre à tout jamais, eh bien on provoque des guerres (ou des assassinats islamistes)3 :
La compétition : on est tous à la recherche du profit, et c’est quand même plus facile de déclencher une guerre pour voler aux autres ce que l’on n’a pas ;
La gloire : puisque l’on est esclave de notre égo, on cherche tous à se créer une réputation, à inspirer le respect, la méfiance… Et pour cela, rien de mieux qu’une petite guerre et du sang partout, pour montrer qui c’est le plus fort.
UN SAUVEUR SUPREME PEUT-IL SURGIR DU COMPLEXE MILITARO INDUSTRIEL (CMI) ?
La guerre c'est l'identification à un sauveur suprême, avec en effet ces trois critères : défiance, compétition et gloire. Trump n'ayant pas déclenché la guerre mondiale est déjà out, même si son mouvement incarnant le repli américain et le protectionnisme va perdurer et même être incarné par Biden, qui va faire un bide ! Un militaire pourrait-il accéder à ce poste de chef de guerre ?
Depuis 1945, dans les plus grands pays industriels, on a assisté au gradue déclin de l'influence des militaires qui ne sont plus qu'un groupe de pression de type administratif. Il y a eu parfois des querelles sans lendemain comme à la fin de la guerre du Vietnam où les économistes voyaient dans la continuation de la guerre la cause principale de l'inflation, mais toutes les décisions ont été prise à la Maison Blanche, et en fonction en particulier du grand mouvement de dénonciation de cette guerre. Dans les années 1970 la guerre est considérée dans les milieux industriels comme improductive.
Les Etats-Unis sont restés pourtant encore le premier budget militaire du monde, ils pèsent pour un tiers des dépenses globales. Les dépenses de l’OTAN représentent 963 milliards de dollars en 2018, sous l’effet conjugué de la reprise du budget américain et de l’effort, désormais bien visible, consenti par les 28 alliés des Etats-Unis depuis trois ans pour répondre à l’exigence du « partage du fardeau », martelée par Donald Trump, qui a bien joué son rôle de chef de guerre4.
En matière de grands programmes d’armement, la Chine court derrière les Etats-Unis, et ne fait plus mystère de ses ambitions. Xi Jinping a fixé le cap dans son rapport de travail au 19e Congrès du Parti Communiste en Octobre 2017. Il y appelle à construire une Armée Populaire de Libération (APL) de « classe mondiale » en 2050. La Chine a progressivement réduit sa dépendance envers les systèmes d’armes russes, grâce à un investissement considérable dans son industrie d’armement. Elle mène aujourd’hui ses propres programmes pour tous les grands systèmes d’armes et sa courbe de progression semble exponentielle.
Plus étonnant, mieux va l'économie, plus l'économie d'armement est développée. Les dépenses militaires "ont augmenté avec la sortie des économies de la crise financière (de 2008) et sous l'effet d'une perception accrue des menaces", a déclaré le directeur général de l'IISS John Chipman. La mort du traité FNI sur les forces nucléaires intermédiaires (portée de 500 à 5500 km) en 2019 et l'extinction potentielle du traité New Start sur les armes nucléaires intercontinentales en 2021 bouscule l'ordre international post-Guerre froide, tout comme la montée en puissance de la Chine, ainsi qu'une série de crises régionales, de l'Ukraine à la Libye ».
Les deux plus gros budgets militaires mondiaux, ceux des Etats-Unis (685 milliards de dollars en 2019, soit un peu plus de 672 milliards de francs) et de la Chine (181 milliards), poursuivent leur croissance exponentielle. Les deux pays ont augmenté leur dépenses dans le domaine de 6,6% en 2019 par rapport à 2018. En chiffres absolus, les Etats-Unis creusent à nouveau l'écart sur la Chine depuis 2018. Trump n'a pas cessé de demander des efforts supplémentaires à l'OTAN. Hormis une base militaire à Djibouti et sa participation aux forces de maintien de la paix de l'ONU, l'armée chinoise est très peu présente à l'étranger - contrairement à son homologue américaine. De fait, les dépenses militaires de Pékin restent environ trois fois inférieures à celles des Etats-Unis.
En Europe, les interrogations n'ont pas cessé devant le risque de désengagement militaire des Etats-Unis, de plus en plus centrés sur l'Asie-Pacifique, même si ces derniers ont renforcé pour l'heure leur présence militaire dans l'est du continent face à la Russie, tout comme dans le Golfe face aux menaces iraniennes. Après Donald Trump en 2018, le président français Emmanuel Macron a en outre "semblé jeter le doute" à son tour sur l'engagement de solidarité collective au sein de l'Alliance atlantique en cas d'agression de l'un de ses membres, rappelle l'ISS, ébranlant ses partenaires en estimant l'OTAN en état de "mort cérébrale".
Ces valses-hésitation et réorientation de la stratégie impérialiste américaine ne changeront pas quel que soit le prochain locataire de la Maison blanche, mais confirment qu'il coulera de l'eau sous les ponts avant la prochaine... si de vastes tensions sociales n'éclatent pas avant.
La France n'est pas la seule défense de l'Europe, que nos politiciens déplorent comme sacrifiée, en effet pendant des décennies un faible budget pour l'armement Outre-Rhin a permis à l'Allemagne de prospérer. Le budget allemand de la défense devrait passer de près de 32 milliards en 2011 à plus de 39 milliards d'euros en 2020. Soit une hausse deux fois plus forte que celle du budget de la défense français sur la période. L'Allemagne n'a pas cessé de se réarmer. Massivement contrairement à la France, dont le budget de la défense est en train de décrocher. Le budget allemand de la défense est passé de près de 32 milliards en 2011 à plus de 39 milliards d'euros en 2020 (39,1 milliards). Dans le même temps, la France devait augmenter son budget de façon beaucoup plus modérée, passant de 31,17 milliards en 2011 à 34,02 milliards en 2019 à la fin de la loi de programmation militaire (2014-2019). Soit une hausse deux fois moins forte que celle du budget allemand sur la période, mais chacun campe sur ses positions5. Il faudra rester modeste sur ce plan avec les dettes phénoménales à cause du Covid, dont on prétend qu'il ne sera pas nécessaire de les rembourser !
La poursuite de la course aux armements par le CMI ne signifie pas que la guerre va avoir lieu à telle ou telle échéance. Elle reste encore localisée pour un moment, voire handicapée comme perspective par la pandémie, où on vit plutôt comme déjà en guerre avec des hôpitaux de campagne qui débordent mais sans entendre les canons.
LES CONSEILS SYNDICALISTES DE ROBIN GOODFELLOW
Le monde est dans une situation merdique et on aimerait presque qu'un guru politique vienne pour nous apporter la bonne parole ou même qu'un imam se dévoile en montrant du doigt un Orient révolutionnaire, mais on peut toujours courir et dans le désert. Et de toute manière on ne veut ni curé ni tribun, sauvons-nous nous-mêmes prolétaires du monde entier ! Bon une fois qu'on a dit cela , à peu près tous les groupuscules ou individus maximalistes, ne peut-on pas préciser le projet communiste ? Facile à dire moins simple de s'y atteler. Robin Goodfellow s'y est essayé. On va voir que c'est catastrophique quoique parfois du plus haut comique réformiste avec les pires vieilleries qui supposent que c'est le parti qui prendra le pouvoir et qui imaginent que les mafias syndicales pourraient être remplies avec du bon vin.
Sous le titre « Face à la crise sanitaire, réponse autonome du prolétariat international ». D'emblée Robin des Bois nous étonne, que vient faire le mot « autonome », inusité dans la famille bordiguienne ? Quand on sait que le parti lui est le vrai autonome dans la théorie.
Le libelle commence par nous décrire l'impuissance et incapacité de la bourgeoisie mondiale à éteindre l'épidémie. Il paraît que la lutte des classes s'intensifiait avant la survenue de l'épidémie, donc que celui-ci l'aurait freinée voir interrompue. D'autant qu'on était à la veille d'une nouvelle crise. De toute façon c'est le prolétariat qui payera l'effroyable endettement... J'ai envie de demander à Robin s'il se rend compte que c'est tellement faramineux cet endettement qu'il y faudrait plusieurs générations de prolétaires , et que la ponction de l'Etat (en tout état de cause) ne pourra pomper le prolétariat contemporain sauf à l'affamer et à provoquer des insurrections aux quatre coins des rues.
On trouve un peu de poésie (« le caractère tragique de la division en classes ») et un côté dogmatique religieux « « la capacité historique permanente » du prolétariat) voire un clin d'oeil à un concept trotskien confus (« le drapeau de la révolution en permanence »).
UNE PLATEFORME SYNDICALE UNIFICATRICE ?
On va découvrir l'aide proposée par Robin des Bois à la classe ouvrière internationale, qui est du trotskisme craché, voire un programme commun relooké 2020, avec de confortables revendications typique du barnum syndical des années 1970, quasiment le contenu du projet gouvernemental PC-PS avant qu'ils se foutent de notre gueule une fois au gouvernement : sous le titre : REVENDICATIONS COMMUNES :
« Défense du salaire, indemnisation du chômage, pensions de retraite. Revenus de base garanti aux chômeurs et autres populations sans réserve, régularisation des sans-papiers, réduction du temps de travail sans baisse de salaire ».
La défense du salaire pour quelqu'un qui est sensé désirer l'abolition du salariat, c'est au moins anti-marxiste pour ne pas dire cul-cul-la-praline. Que les prolétaires se battent pour le « niveau de vie », les baisses de salaire ne signifie pas défendre en soi le salaire mais engager un rapport de force, ne pas se laisser faire, et encore d'un point de vue collectif car on se fout du salaire de celui-ci ou celle-là, le combat vise à se développer sur le plan collectif et le plus souvent le salaire on l'a dans le cul. Faut-il te rappeler le mot de Rosa : bien plus souvent c'est l'expérience de la lutte qui est le seul acquis. Quant au reste c'est le discours islamo-gauchiste plus Hamon et un gentil capital qui supprime les clochards.
UNE CAISSE SOCIALE SYNDICALE ET UNE INFIRMERIE « SOVIETIQUE » ?
« Autonomie de la gestion des cotisations sociales (salaire indirect). Accès gratuit aux soins, prise en charge des services de santé par le prolétariat ».
Le passage qui suit pour expliciter cette « autonomie » n'est qu'un recopiage de ce qui existe déjà (je ne cite que la CCAS de EDF). Les soins gratuits existent déjà même pour des tas de gens qui viennent se faire soigner en France sans être spécialement prolétaires ni y payer des impôts ; la sécurité sociale est si on veut un boulot refilé à des prolétaires avec la hiérarchie capitaliste derrière, et ça marche assez bien en France, c'est paritaire avec l'Etat, et rien ne dit qu'une gestion corporative, même « de classe » ferait mieux. C'est surtout une forme de réformisme utopique qui imagine qu'on pourrait marier public et privé dans une même protection sociale ! Rêverie de petit bourgeois hors de la réalité sociale ! Jusqu'aux limites de la confrontation des classes le capital ne va pas nous distribuer des bonbons, supprimer les inégalités de classes ni restaurer les coopératives du temps de Jaurès. Enfin « la gestion autonome par les représentants du prolétariat », c'est le discours de la CGT, du bluff ! Si le prolétariat doit s'occuper de ces questions ce sera après la révolution. La fabrique de ce type de revendications est typique du bernsteinisme mais à l'époque de l'écroulement du système qui se trahit justement parce qu'il ne peut plus rien garantir.
LES CONSEILS SANITAIRES DE ROBIN SALOMON
« Mesures de protection de la santé sur les lieux de travail et les transports publics ».
Déjà qu'on nous a ressorti le croque-mort gouvernemental, qui veut enfermes nos vieux dans un goulag confiné, Robin s'en mêle pour dénoncer un fait avéré « les riches sont mieux confinés » ! Mais on s'en fout ! Sous les bombardements, des riches étaient certainement dans des blockhaus plus costauds mais cela n'empêchait pas les bombardements. Tant mieux pour eux, mais cela n'empêche pas que tout le monde reste concerné, et que tant qu'on n'aura pas trouvé un remède même les riches seront susceptibles d'en crever tôt ou tard.
Quant aux revendications de mesures de protection il n'y a pas besoin de Robin des Bois pour ameuter les habitants des villes, ils s'en chargent eux-mêmes, en premier les mafias syndicales, quant à exiger l' « auto-organisation du prolétariat pour faire respecter les règles sanitaires », c'est mettre la révolution avant les masques de protection ! Et désolé, vu l'irresponsabilité générale, moi je trouve que le gouvernement a fait le job, et que tes « auto-organisés » n'auraient probablement pas fait mieux.
Enfin concernant les mesures fiscales de Robin, l'exigence renouvelée de l'impôt sur les riches est d'un gradualisme à se tordre de rire, voyez l'argumentaire : « le prolétariat doit revendiquer la fixation d'un impôt fortement progressif jusqu'à un point où il pourrait se convertir en attaque directe contre la propriété privée ». Cette succulente stratégie pacifique et administrative m'a laissé pantois. Au lieu d'attaquer les perceptions on va les étrangler par un lent étranglement fiscal jusqu'au point où on n'aura pas besoin de violer la propriété privée mais de cier : la propriété privée a expirée ».
La conclusion est celle de l'épicier qui s'adresse aux couches moyennes (qu'il fréquente) et accessoirement au prolétariat pour qu'ils sachent « ce que leur coûte l'Etat ». La formule est typiquement bobo. L'Etat « me coûte ». N'importe quel charcutier peste d'avoir à payer des impôts directs ou indirects. J'ai côtoyé des milliers de prolétaires dans ma vie, jamais je n'en ai entendu un se plaindre de payer des impôts surtout le tiers qui n'en a jamais payé !
L'impôt progressif sur le revenu c'est comme la révolution progressive, mais à condition qu'on y mette de l'huile. Et pour longtemps, avec le garagiste Bernstein.
Sale temps pour sortir sans permission, on subit contrôles policiers, injustices et misères, mais hélas aussi le covid et le virus de l'élucubration de l'éternel étudiant bohème, ancien de Buffon. Un virus cependant non infectieux puisqu'il a prouvé son innocuité syndicale.
NOTES
1« Du côté des derniers larrons du milieu maximaliste l'analyse est un peu en dessous de celles des trotskiens les moins bêtes. Le CCI gratifie "l'horrible" Trump du grade d'empereur décadent, nouveau Néron "imprévisible". Pire, il imagine que ce nouvel empereur - à ne pas confondre avec le socialisant Napoléon III - n'est pas soutenu par l'armée (quand on sait que le dernier coup de pouce gagnant lui a été donné par le chef du FBI...). Le rédacteur du CCI tombe dans les affres de l'aile clintonienne de la bourgeoisie US en croyant que Trump n'est pas capable de faire face à "la dangereuse résurrection de l'impérialisme russe". Il se laisse entraîner également dans les fantasmes agités par les gauchistes de tout poil: "on va assister à une floraison de xénophobie populaire ». L'ex-Fraction du CCI, le GIGC, ne tombe pas dans les interprétations sur le nouvel empereur ricain, mais y voit une guerre inévitable - son rédacteur en chef sans troupes ne voit que la guerre ou la révolution dans la période qui vient, ce qui prouve une vision superficielle sur ce qui est en train de se passer, et le même simplisme que les gauchistes criant haro sur une "idéologie nationale et raciste"
2« À l’aune de la pensée politique de Hobbes, le philosophe Robert Redeker expose en quoi la pandémie actuelle, qui rétablit la peur de chacun à l’égard d’autrui, menace la communauté politique dans son ensemble : « Il serait sot de ne voir dans le Covid-19 qu’une pandémie, au sens ordinaire du mot. Toutes les activités humaines sont affectées, comme si l’épidémie, au-delà des hommes, contaminait également les choses, les institutions, les États, les rendant malades à leur tour. Par ce seul fait, elle se différencie des grandes épidémies du passé, quand bien même ces dernières auraient été plus meurtrières. Elle est inséparable d’un ensemble de dispositifs, technologiques et médiatiques, qui n’existaient pas lors des épidémies précédentes, la peste, le choléra, la variole. L’articulation entre les réseaux sociaux et les chaînes d’informations en continu fait partie de sa structure. Sans ces dispositifs elle n’existerait pas, passerait pour une périphérie normale de la vie des sociétés, comme la grippe de Hongkong en 1969. Autrement dit: sans l’univers digital, cette épidémie ne serait pas un événement historique ».
3Olivier Roy va dans mon sens concernant les derniers attentats individuels, dont on voudrait nous faire croire que ce sont des complots : « De plus, par définition, une arme blanche fait moins de morts qu’une arme automatique : donc, soit ils n’ont pas accès aux armes à feu parce qu’il n’y a plus de réseau logistique derrière eux, soit leur objectif n’est pas de faire le plus de morts possible, mais d’exprimer leur haine. Non seulement ils n’ont pas le professionnalisme des assassins du Bataclan, mais ils se situent sur le registre de la « colère » devant le blasphème, et pas celui de la défense du Califat. Rien de stratégique chez eux ». Trevidic fait rigolo à côté. https://www.nouvelobs.com/idees/20201031.OBS35468/pakistanais-tchetchene-tunisien-les-nouveaux-profils-du-terrorisme-par-olivier-roy.html
4https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/29/les-depenses-mondiales-d-armement-approchent-des-2-000-milliards-de-dollars_5456047_3210.html
On pourra lire aussi un intéressant exposé, simple et clair du cercle Léon Trotsky de LO : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/lindustrie-darmement-et-la-domination-imperialiste-102443.html
5La chancelière Angela Merkel se voit depuis deux ans reprocher de refuser d’atteindre à échéance raisonnable un effort de défense de 2 % du PIB. En tentant d’échapper à la vindicte américaine par ce biais, Berlin a exaspéré son allié français, par ailleurs soucieux de voir les Etats-Unis de Trump rester bien installés dans leur position d’allié fondamental, en se fichant de l'alliance avec la France. « On ne paiera pas », a dit, mercredi 23 octobre, la ministre Florence Parly à son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »). L’initiative, jugée comme un facteur de division de plus par Paris, vient au pire moment.
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