Benalla et Macron aux obsèques de Mme Knoll, victime d'un crime crapuleux et pas antisémite. |
Dans cette même livraison, lire à la suite le texte de Claude Bitot: "notes sur les gilets jaunes"
(la photo ci-contre est de JLR)
Alain Finkielkraut n'a jamais tant souhaité que de rester une diva des médias. Le philosophe moderne est avant tout une starlette qui n'aime tant qu'être cité dans la presse pipole. Comment se fesse-t-il que l'ancien étudiant maoïste ait tant réussi à occuper régulièrement le vedettariat ? Comment a-t-il réussi au cours des si longues années écoulées à occuper le devant de l'actualité ? C'est ce que je vais vous révéler. Notons qu'il est curieux que la presse ne relève pas qu'il n'en est pas à ses premiers états de service. L'académicien qui sait si bien clamer juste une partie de la vérité dans tous les domaines pour faire surnager ses propres confusions, ses aigreurs contre la réelle invasion culturelle musulmaniaque sont toujours contrebalancées par son nationalisme israélien (il sera interdit désormais de dire sioniste). Plus que tout il aime la célébrité, il aime « se montrer » comme ce 16 avril 2016 où son éviction d'une place publique ne donna pourtant pas lieu à une immense protestation contre l'antisémitisme :
(la photo ci-contre est de JLR)
Alain Finkielkraut n'a jamais tant souhaité que de rester une diva des médias. Le philosophe moderne est avant tout une starlette qui n'aime tant qu'être cité dans la presse pipole. Comment se fesse-t-il que l'ancien étudiant maoïste ait tant réussi à occuper régulièrement le vedettariat ? Comment a-t-il réussi au cours des si longues années écoulées à occuper le devant de l'actualité ? C'est ce que je vais vous révéler. Notons qu'il est curieux que la presse ne relève pas qu'il n'en est pas à ses premiers états de service. L'académicien qui sait si bien clamer juste une partie de la vérité dans tous les domaines pour faire surnager ses propres confusions, ses aigreurs contre la réelle invasion culturelle musulmaniaque sont toujours contrebalancées par son nationalisme israélien (il sera interdit désormais de dire sioniste). Plus que tout il aime la célébrité, il aime « se montrer » comme ce 16 avril 2016 où son éviction d'une place publique ne donna pourtant pas lieu à une immense protestation contre l'antisémitisme :
« Venu
écouter les débats de la Nuit debout, Alain Finkielkraut a été
invité à "se
casser"
de la place de la place de la République, samedi 16 avril 2016. Le
philosophe est parti sous
les insultes et les huées,
mais pas avant d'avoir perdu son sang froid. Traité
de "fachiste",
Alain Finkielkraut a répliqué en traitant les militants de
"fachos".
"Gnagnagnagna, pauvre conne ! a-t-il
ensuite hurlé à une femme. Des
coups de latte, qu'il te faut !" Le philosophe,
dont la colère a été filmée par une militante, s'est ensuite
défendu : "Ça
va, je me fais insulter, je peux répondre aussi. Je suis quand même
un être humain, non ?"(cf. France info).
Venu
tâter du gilet jaune, il se fait une fois de plus jeter. L'agression
et les insultes sont certes minables, et ne relèvent pas forcément
de l'antisémitisme mais de la guerre idéologique entre
islamo-maniaques et sionistes. Pourquoi cette propension à venir
s'exposer quitte à provoquer noise ? Le bonhomme est
intéressant, séduisant, il gagne à être écouté même s'il dit
une connerie sur deux. Le problème est qu'il est double, il peut
dire une vérité mais noyée dans un discours faux. Son compère
Ascolovitch, beaucoup plus faux et ambigu, quoique clairement
méprisant du peuple, a bien vu cette dimension contradictoire de
Finkielkraut :
« Si
Finkielkraut montre «ce
que la République permet à chacun»,
que prouvent alors ses agresseurs? Ils montrent, ces brutes, que la
République a failli en éduquant son peuple et n’a empêché ni la
haine, ni la bêtise. Son échec s’incarne quand illettrés,
complotistes et braves gens fâchés manifestent, crient, cassent
pour certains, agressent pour d'autres, et si laidement injurient.
(…)
À cette aune, Finkielkraut et Macron se ressemblent,
petits-bourgeois ayant caressé les livres et s’en étant
construits, et que des populaces exècrent, qui reconnaissent
l’ennemi. Ce cri connaît sa limite; les plus violents savent leur
infériorité et en deviennent démunis, émouvants ».
Finkielkraut
a l'air de contester tous les clichés les plus lamentables de
l'islamo-gauchisme (et pour cause, en tant qu'ancien maoïste il sait
la bêtise de la « cause du peuple »), tout en servant le
pouvoir depuis sa chaire médiatique il se permet d'en montrer les
limites idéologiques, ainsi le prétendue résurgence du fascisme
des années 1930, il fait mouche :
« Cette
analogie historique prétend nous éclairer: elle nous aveugle. Au
lieu de lire le présent à la lumière du passé, elle en occulte la
nouveauté inquiétante. Il n'y avait pas dans les années 1930
d'équivalent juif des brigades de la charia qui patrouillent
aujourd'hui dans les rues de Wuppertal, la ville de Pina Bausch et du
métro suspendu. Il n'y avait pas d'équivalent du noyautage
islamiste de plusieurs écoles publiques à Birmingham. Il n'y avait
pas d'équivalent de la contestation des cours d'histoire, de
littérature ou de philosophie dans les lycées ou les collèges dits
sensibles. Aucun élève alors n'aurait songé à opposer au
professeur, qui faisait cours sur Flaubert, cette fin de
non-recevoir: «Madame Bovary est contraire à ma religion.» (…)
Il n'y avait pas, d'autre part, de charte de la diversité. On ne
pratiquait pas la discrimination positive. Ne régnait pas non plus à
l'université, dans les médias, dans les prétoires, cet antiracisme
vigilant qui traque les mauvaises pensées des grands auteurs du
patrimoine et qui sanctionne sous le nom de «dérapage» le moindre
manquement au dogme du jour: l'égalité de tout avec tout ».
DE L'AFFAIRE DREYFUS A
L'AFFAIRE BENALLA...
La surdétermination du rôle des juifs dans les affaires du monde
est une mode cyclique de l'idéologie bourgeoise, et Finki est bien
placé pour le savoir puisqu'il a été un des initiateurs d'une des
plus grosses mystifications anti-marxistes de la fin du XX ème
siècle autour de la dramatique question des chambres à gaz. Le
grand Bordiga a dit un jour que le pire produit du fascisme c'est
l'antifascisme, et cela reste vrai, profond et incontestable comme
poison contre toute pensée rationnelle. L'affaire Dreyfus fût un
complot ourdi par une camarilla de militaires qui, quoique l'affaire
ait été finalement dénoncée, sans réhabilitation du capitaine, a
servi à préparer l'union patriotique pour mener la classe ouvrière
au casse-pipe mondial. Il est peu probable que l'affaire Benalla
permette au général Macron de nous mener à une nouvelle guerre,
tant il s'y est compromis et n'a même pas la respectabilité du
capitaine Dreyfus.
Au
lendemain de la quatorzième démonstration en gilet jaune, où un
épisode secondaire - où Finki ne s'est pas fait cracher dessus
comme lors d'une nuit debout - avait été immédiatement exhibé à
la loupe - l'ensemble des médias, comme un seul homme, s'indigna :
« «Juden», croix gammées, profanation: les actes
antisémites se multiplient en France ».
Bousculade
et insultes crypto-islamistes plus que fachos, sont méprisables
certes, mais c'est l'extension à toute une autre série de même
type d'insultes antisémites qui est immédiatement ajoutée à
l'agression contre Finki, et cela révèle la duplicité du pouvoir,
et qu'il n'a rien à foutre des juifs en général pas plus que de la
classe ouvrière. J'ai travaillé pendant des années à Bagneux,
banlieue à ghetto arabe, et je n'ai jamais vu effacé au plafond de
certaines entrées de HLM l'inscription « mort aux juifs »,
que la municipalité « communiste » de cette ville ne
s'est jamais soucié de faire immédiatement gommer ; et dieu
sait s'il doit y en avoir un paquet des inscriptions aussi débiles
sur les murs lézardés de tant de cités hors zone, dont aucun édile
local ne se soucie. On nous promet d'effacer immédiatement sur le
web, mais parce qu'il n'est pas nécessaire de bouger son cul de sa
chaise.
Le
pire produit des insultes antisémites c'est le gouvernement qui en
fait la pub en long, en large et en travers. Plus il en fait état,
plus des gamins ou des adultes pas finis vont s'ingénier à profaner
tel cimetière, telle vitrine, telle salle de classe1.
Je peux reprendre ici un commentaire anonyme largement partagé :
« Macron promet des actes : “ décimer les dangereux Gilets
Jaunes et réhabiliter Benalla “ ; Le résultat inévitable,
c'est que l'antisémitisme va augmenter. BINGO! ». Les mille
personnes qui ont trinqué avec Macron au CRIF n'auront été qu'une
réunion d'hypocrites, concours d'indignation saoulant. Macron a fait
un discours creux, il ne mettra pas plus fin à l'antisémitisme
larvé et permanent sous le capitalisme qu'il ne permettra aux
millions de prolétaires de vivre décemment. Durcir la lutte contre
l'antisémitisme en y mêlant l'antisionisme, alors qu'il s'agit d'un
simple nouvel éteignoir du mouvement gilets jaunes, dont on ne se
souviendra dans quelques années que comme d'un mouvement finalement
« entaché d'antisémitisme », comme tout le monde croit
se souvenir que la profanation de Carpentras avait été organisée
par Le Pen, alors qu'il s'est agi d'une duperie perverse du roi des
politiciens Mitterrand. Macron n'a pas le choix, il est
constitutionnellement impossible d'empêcher l'expression de la libre
critique de la politique d'Israël, de la même manière que les
français ou les étrangers peuvent critiquer la France, le
comportement des français et la politique française. En revanche,
la repression des injures et l'incitation à la haine sont déjà
prévues par la loi. Il donne des arguments aux antisémites même si
on est dans la politique de l'instant et le double langage sans
effet, comme souvent avec lui. L'anti-sionisme complotiste est une
idéologie de base des terroristes islamiques qui ont dépassé, en
compétence si je puis dire, les vieux fachos dans ce domaine. Le
patron du renseignement intérieur a énuméré un certain nombre de
sectes de tarés « identitaires » et « néonazis »
et enfin, de "petits groupes de type brigadiste et violent qui
peuvent se constituer autour d'une personnalité charismatique".
S'agissant de l'ultragauche, le patron du renseignement intérieur a
affirmé que "sa capacité à faire dégénérer des
manifestations, mais aussi à conduire des actions de nature plus
clandestines n'est plus à démontrer" ; or cette
ultra-gauche, généralement activistes écervelés qualifiés de
black blocs, n'ont plus rien à voir avec cette notion que Finki a
contribué il y a trente années à renvoyer aux oubliettes (j'y
viens, j'y viens).
Intéressant
ce patron policier. Les flics sont souvent au plus près de la
question sociale. Il a reconnu lui que le danger vient beaucoup plus
de l'islamisme (radical ou pas) que des vieilles chemises fachos. Les
nouveaux antisémites sont plus souvent parmi les indigestes de la
république et des musulmans pro-palestiniens et donc
anti-israéliens. Comme le nombre de musulmans ne cesse d'augmenter
en France, il est vraisemblable que le nombre d'actes antisémites
n'ira pas en diminuant.
LE
THERMIDOR DES GILETS JAUNES, UNE PERIODE DE REACTION INFAME?
Après
l'échec d'une grève, voire plus largement d'une révolution, que se
passe-t-il dans la tête des vaincus ? La joie de la solidarité,
l'enthousiasme des lendemains qui chantent font place à la
récrimination permanente, à la haine, donc à une claustration de
la pensée. Le phénomène n'a jamais été étudié par historiens
et sociologues, mais il mérite qu'on s'y arrête. L'échec rampant
des gilets jaunes, avec leur longue présence hebdomadaire dans la
rue, renvoie au moment de dépression lors des contre-révolutions :
la classe vaincue ne reste pas indemne. Il est stupide de croire que
le nazisme a vaincu en Allemagne en 1933 simplement à cause de la
répression. Les avanies du bolchevisme y ont été pour une part
responsables. Le massacre de Cronstadt et les premiers goulags n'ont
pas rassuré la majorité des ouvriers allemands encore fortement
syndiqués et électeurs d'une social-démocratie majoritaire encore
à la veille de la prise du pouvoir par Hitler. Dans la lutte des
classes le facteur économique devient par moments complètement
secondaire : que vaut la revendication un peu nunuche du
« pouvoir d'achat » mêlée à l'invraisemblable RIC
quand le mouvement des GJ n'est plus que lamentation d'yeux crevés
et nid de violence d'une poignée de tarés antisémites ? Dont
beaucoup étaient d'ailleurs déjà présents au début (j'en avais
viré un). Ils seront encore là demain, dans telle manifestation,
telle grève, mais on ne doit pas leur accorder plus d'importance
qu'ils n'en ont. Une autre starlette de médias, avocat de renom,
tout en soutenant Macron, a fort bien expliqué que s'il fallait
relever toutes les insultes sur les murs des chiottes publics -
« Dupont est pédophile ou Durand cocu » – on n'en
finirait pas, il vaut mieux effacer ou repeindre que perdre son temps
à se fixer sur de lâches graffitis.
Les
masses allemandes des années 1920-1930 n'ont pas été simplement
effrayées par la répression de la soldatesque de l'Etat bourgeois,
pas encore sous couleur nazie, mais aussi, de manière
obsessionnelle, par les stupidités « communistes » :
putschs répétés, embrigadement militaire, violences de rue
autrement plus graves que celles de nos gilets jaunes2.
De même le nazisme joue depuis 60 ans le rôle inverse. L'historien
(réactionnaire) Furet
soulignait que l’obsession du nazisme a dominé la tradition
démocratique depuis un demi-siècle. Le sentiment d’effroi que
procure cette expérience a formé le terreau de l’obsession
antifasciste, en même temps que la meilleure de ses justifications.
Mais il a été aussi, dès l’origine, instrumentalisé par un
mouvement communiste en dégénérescence pris dans le carcan des
replis nationaux en vue de la reprise de la guerre mondiale.
L’antifascisme, définition purement négative, devenant la
préparation d'un camp bourgeois dans la future guerre mondiale.
L’obsession antifasciste depuis 1945 a ajouté à la gloriole de la
victoire du « camp démocratique » un effet toujours
néfaste pour toute révolte sociale d'ampleur: elle a rendu sinon
impossible, du moins difficile, tout bilan sérieux de l'échec de la
vague révolutionnaire des années 1920, effaçant des mémoires
qu'elle n' était pas à mettre sur le même plan
« totalitaire » que le fascisme.
Inculte
politiquement et désireux de le rester le mouvement évanescent des
gilets jaunes - qui aura été finalement l'envers
anti-intellectualiste des Nuits debout, mais plus inquiétant
socialement – se fiche de remettre à sa place la mystification de
l'antifascisme. Moi pas. La querelle
des historiens allemands sur l'histoire du nazisme a été assez
intéressante, en marge des clichés des historiens bien pensants de
la gauche caviar. En se repenchant dessus on peut voir que Nolte,
étiqueté réactionnaire, disait de bien dérangeantes choses pour
l'antifascisme au pouvoir partout dans le monde depuis des décennies.
Nolte
dit : le système libéral, par ce qu’il offre de contradictoire et
d’indéfiniment ouvert sur l’avenir, a constitué la
matrice des deux grandes idéologies de ce siècle (dernier). Comme
le résume un commentateur : «Nolte
avait pour thèse que le massacre racial des nazis était une
réaction aux crimes des soviétiques. «L'archipel goulag n'était-il
pas antérieur à Auschwitz?», demandait-il. Et il supposait qu'un
lien logique et factuel pouvait exister entre le “massacre de
classes” des bolchéviques et le “massacre racial” qu'ont
commis ensuite les nazi ». En
vérité, derrière le juif bouc-émissaire,
Hitler
privilégie la haine du bolchevisme, mais c’est en tant que produit
final du monde bourgeois démocratique. L'historien français Furet
pensait avec raison que Nolte insistait trop sur le caractère
réactif du fascisme au communisme. Tout est toujours double en
politique, et trouble. On oublie généralement que la montée du
fascisme est une préparation à la guerre mondiale. Pas de guerre
mondiale possible si le prolétariat persiste à vouloir en finir
avec le capitalisme, il faut donc éliminer le prolétariat de la
scène historique mais en s'en prenant de façon vicieuse à son
représentant politique le plus visible, bien que déjà flageolant,
le mouvement bolchevique, non pas en tant que porte-parole du
prolétariat mais comme mouvement de juifs manipulant le prolétariat.
C'est d'ailleurs à peu près le même schéma adopté par les
énarques qui nous gouvernent : ne plus attaquer de front les
gilets jaunes dans leur aspect forcément respectable et subversif de
mouvement social contre la misère, mais en l'assimilant aux
comploteurs juifs, pardon aux comploteurs fachos antisémites,
islamistes et compagnie! Le tour est joué !
On
n'ira ni vers le fascisme, ni une nouvelle bande à Baader comme je
le présumais intérieurement, mais vers le dégoût plus grand
encore de la « politique politicienne » et une abstention
encore plus marquée aux « européennes », ce qui est
aussi le but recherché par l'Etat macronien, car la mascarade
antiraciste affaiblit à chaque tour le parti des incapables
lepénistes. L'Etat laisse cependant comme os à ronger aux masses
déconfites et désemparées des diverses familles gilets jaunes,
l'antisémitisme, lequel peut en effet prospérer sous la rancoeur.
Est-ce un hasard si celui-ci s'est développé après l'écrasement
de la Commune de Paris ? Et si Mélenchon nous fait plus penser
au général émotif Boulanger qu'à Chavez ? Les passions
mauvaises ne surgissent-elles pas après un amour déçu ?
Quoiqu'elles ne durent qu'un temps...
Les causes de la
défiance qui caractérise désormais la société française et en
son sein la classe ouvrière toujours existante (et bien présente en
nombre parmi les gilets jaunes) contrairement à ceux qui ont encore
voulu la faire disparaître dans une improbable couche moyenne –
sont destinées à durer, plus simplement produite par les attaques
économiques du gouvernement, mais haussées par les questionnements
« politiques » bien réels posés pour le mouvement des
gilets jaunes ; lesquels ne disparaîtront pas tant qu'une
amorce de réponse « de classe » ne pointera pas le bout
de son nez.
UNE
VIEILLE CONTRIBUTION PERMANENTE AU REVISIONNISME HISTORIQUE
effaceur
du prolétariat
Nous
y voilà, je vous l'avais promis, au moment qui permit au simple
professeur Finkielkraut de se faire un nom et une place dans la place
du pouvoir. Je recopie ici simplement ce que j'ai écrit en 1999 dans
mon premier livre sur le fascisme (La réaction fasciste en Europe,
sous le nom de Pierre Hempel).
…
On trouve une autre interprétation, vicieuse et anticommuniste chez
le dreyfusard Finkielkraut qui est chargé en 1982 par une maison
d'édition proche du nouveau pouvoir « socialiste » de
couler le milieu révolutionnaire en le faisant naître de la seule
librairie de Pierre Guillaume et en ridiculisant les grands noms de
la lutte contre le léninisme stalinisé : Pannekoek, Korsch, et
Bordiga. Et qu'aucun groupe de ce milieu dit « ultra-gauche »
n'a eue le réflexe de dénoncer, seule dénonciation visible et
percutante celle de Louis Janover, 25 ans plus tard mais sans évoquer
les dégâts de Finkielkraut. Janover montre bien qu'il s'est agi
d'une campagne sournoise du sommet de l'Etat contre les
« antiparlementaires » et ceux qui n'oublient pas le
passé de massacreurs des partis de gauche, contrairement à leurs
alliés électoraux gauchistes. En 1984, l'israélien, chef du
mouvement sioniste en France, Simon Epstein, mettait en avant une
idée que je partage complètement, à savoir la subtilité de la
manipulation adaptée aux « marxistes » :
« La
secte révisionniste en question, c'est l'école de gauche qui autour
de Serge Thion nie la réalité des chambres à gaz et du génocide
nazi, en des termes adaptés aux exigences du public intellectuel
marxiste ou libertaire , et qui a pris la défense de Faurisson
dont elle diffuse les thèses » (cf. L'antisémitisme
français », ed. Belfond).
Dans
« L'avenir d'une négation » (Seuil 1982), Finkielkraut
écrit :
« Dès
1953, les abonnés de Socialisme ou Barbarie pouvaient lire dans les
thèses du parti communiste international d'Italie (la secte de
Bordiga) : « L'antifascisme a été le plus récent
mensonge idéologique et politique derrière lequel le capitalisme a
joué la carte de sa propre conservation de classe pendant la Seconde
Guerre mondiale ». Pour ce discours de pierre que la Vieille
Taupe cultive, le génocide est un événement en trop, une épine
dans ma rose de la Raison prolétarienne, puisqu'il creuse entre le
fasciste et le démocrate un abîmes infranchissable. Or, voici qu'un
professeur lyonnais (Faurisson), obscur et solitaire, est en train de
retirer cette épine (…) Il prouve que la monstruosité impossible
n'a effectivement pas eu lieu (…) Ils 'savent' que les chambres à
gaz sont un mythe, exactement comme Wilhem Liebknecht savait que
Dreyfus était coupable.3
Auschwitz sert les desseins de l'ennemi : d'où leur ardeur à
contester par tous les moyens, y compris les plus déshonnêtes, les
preuves de sa réalité ».
Finkielkraut
ne fait que recopier son maître Sternhell qui pourfend les extrêmes
en les faisant équivaloir par le procédé du collage littéraire.
L'épine de la coresponsabilité du capitalisme démocratique dans
le massacre des juifs ce ne sont pas les négationnistes ni les petits
intellectuels au service du parti socialiste qui l'ont retirée, car
la plaie s'est encore infectée depuis au Kosovo par exemple,
n'est-ce pas ?
Finkielkraut
s'inspire de Sternhell en reprenant l'interprétation universaliste
de l'Affaire Dreyfus pour tourner en dérision les leaders de la II
ème Internationale W.Liebknecht et Guesde (en ignorant que le
dreyfusard Jaurès avait initialement approuvé la condamnation) ;
c'est la millième tentative de tourner en dérision « l'égoïste »
lutte de classe et de lui opposer ce que j'appelle le judéocentrisme
juif à prétention universaliste (qui caractérise les partisans de
l'Etat français ou le soutien de celui d'Israël car, comme le reste
de la population, les juifs en général ne sont pas tous des
imbéciles (et les imbéciles ne sont pas tous juifs) ni inféodés à
tel ou tel camp intégriste). Finkielkraut a beau jongler avec son
habituelle rhétorique obscure , il ne peut cacher quel camp il
aurait choisi pages 39-40 (sic!). Il dénonce la critique de
l'antifascisme pour les révolutionnaires de l'époque, comme
composante de « l'esprit munichois » (c'est à dire
défaitiste et refusant la guerre à Hitler), tout en défendant
toujours à sa manière ambiguë le stalinisme qui « a repoussé
l'envahisseur nazi et contribué à la défaite d'Hitler »4 ;
cette fable de la victoire décisive de l'ancien allié des nazis est
la constante de tous les antifascistes (ignares...). Souvarine a
expliqué comment à Stalingrad, les chars d'assaut fournis par
l'armée américaine avaient été repeints aux couleurs soviétiques.
Les médias de 1945, comme ceux de 1999, sont étrangement discrets
sur les conditions de la « Victoire de Stalingrad ». mais
en cherchant un peu la vérité, on la trouve :
« L'argent
et les armes américaines soutenaient et la Grande Bretagne et
l'Union soviétique. Chaque année, après 1942, les américain fournirent au Royaume Uni, en armements non payés, la valeur de 4,75
% du revenu national des Etats-Unis. En 1943-1944, le même système
américain de prêt bail ajouta environ un sixième à la valeur du
produit national de l'Union soviétique. Au moment le plus crucial de
la guerre, la Grande Bretagne et l'Union soviétique étaient donc
bien toutes deux bien plus dépendantes des Etats Unis qu'elles ne
l'ont jamais admis ». (cf. Alan S.Milward in dictionnaire
critique de Azéma et Bédarida). Il ne faut pas oublier d'ajouter
cependant que la bourgeoisie américaine a laissé la Russie
supporter seule le poids de la guerre sur le continent européen
pendant trois ans, faisant sacrifier plus de 11 millions de
prolétaires (manière versaillaise de se venger également de la
peur d'Octobre 1917). Les pertes américaines sont de l'ordre de
300.000 victimes, nombre considérablement inférieur à la plupart
des belligérants et moins inquiétant pour la paix sociale de
l'autre côté de l'Atlantique ».
Voilà
pour aujourd'hui, et on est bien loin de la petite diva Finkielkraut
qui ne laissera dans l'histoire de la philo qu'un codicille « starlette histrionne ».
Qu'on
me permette de citer enfin un extrait du beau texte de Janover, que
je reproduisais in extenso.
« En
1981, avec l'élection de Mitterrand il fallait maintenir la
référence en milieu intellectuel de gauche : l'antifascisme.
En 1989, il faudra aussi compenser la perte du danger « communiste »
par un retour au « danger fasciste » en conjonction avec
l'historiographie américaine, la référence diabolique d'un « passé
à ne pas revoir ». La querelle du révisionnisme, montée en
mayonnaise vers la même époque, a trop bien servi à combattre la
contradiction dénudante de la victoire des partisans du programme
commun pour raser gratis. Le cercle des intellectuels de la gauche
disparue autour du gourou Mitterrand se saisit de l'occasion pour
liquider la mouvance ultra-gauche soixantehuitarde qui rappelle trop
bien le rôle va-t-en guerre des socialistes et les saloperies des
staliniens ».
Janover
montre ensuite dans son pamphlet comment au milieu des années 1990,
les ex-staliniens, les inquisiteurs Daeninckx et Gilles Perrault,
tout en réglant des comptes entre eux : « s'affaireront à
ridiculiser un milieu politique qui n'a cessé de rappeler le rôle
accablant de la gauche. Avec les mêmes méthodes dénonciatrices
d'un Vichinsky (plus c'est gros, mieux ça passe) ; tous les
militants ou les ouvriers qui sont guéris de l'idéologie
antifasciste « sont sommés de se soumettre et de se démettre
de leurs idées s'ils veulent continuer d'exister » (cf. « Nuit
et brouillard du révisionnisme, ed Paris-Méditerranée, 1996).
NOTES
1Sollicité
par un collègue juif qui était muté à Drancy vers 2003, j'avais découvert
sur le tableau de la salle des réunions, un long chapelet
antisémite particulièrement bien écrit, sans fautes et vicelard.
Le collègue était en larmes et impuissant. C'est moi qui avait
effacé le message ordurier.
2Produit
également de la classe ouvrière allemande désemparée , les
« nationaux-bolcheviques » admiraient Staline... quand
les ouvriers n'avaient plus que le choix de s'abstenir ou de voter
NSDAP... vu que la contre-révolution c'était le parti socialiste
au pouvoir qui avait fait mitrailler les ouvriers et assassiner Rosa
Luxemburg (« la juive rouge ») et Karl Liebnecht).
3Les
premières réactions des grands leaders de la II ème
Internationale, de Liebcknecht comme de Jaurès, furent de douter,
mais ils ont ensuite corrigé ce point de vue, et Finki est
malhonnête d'omettre de le préciser.
4Sous
l'ancien maoïste perce toujours le stalinien non repentant !
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