« Pour
M. Homméril, qui a remanié son agenda pour pouvoir être présent,
« la
symbolique
est forte ».
« Nous
sommes à un moment de tensions très vives car le gouvernement ne
sait pas s’y prendre avec les syndicats, expliquait
au Monde
le
président de la CFE-CGC, début mai.
Il n’a ni le savoir-faire ni la culture. Sur le service public, où
l’urgence est peut-être encore plus forte qu’ailleurs, c’est
important qu’il y ait quelque chose qui aide à la prise de
conscience du gouvernement. »
Le
problème n'est pas minus Jupiter ni même le sabotage scénarisé
des syndicats mais une classe ouvrière faible voire inexistante, ce
qui est d'autant plus visible à chaque manif peau de chagrin où
dominent les carnavaleux en casquettes et gilets syndicaux avec petit
drapeau de l'écurie et gros ballons pour combler l'absence de la
masse prolétarienne. Heureusement qu'il y a les bobos black blocks
pour péter des vitrines sinon personne ne s'intéresserait à ces
successives manifs « populaires », comme le plastique...
aurait dit Bordiga.
Encore
un coup, comme les fleuves populaires immenses promis par le comique
troupier Ruffin et son acolyte Méluche, la presse officielle a tenté
de sponsoriser ces pauvres syndicats, on allait voir ce qu'on allait
voir...
« Le
22 mai, les neuf syndicats représentatifs de la fonction
publique (CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et
FA-FP) appellent les 5,6 millions d’agents à faire grève et
à défiler contre les projets du gouvernement les concernant. En
cause notamment : le projet de supprimer 120 000 postes, le
gel du point d’indice qui sert à calculer les rémunérations, le
rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt maladie ou
encore la simple compensation de la CSG. « A
chaque fois que nous avons des propositions communes, des
préoccupations communes, nous sommes ensemble, c’est le cas
aujourd’hui, tant mieux »,
s’est réjoui Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
« Les
agents publics sont malmenés aujourd’hui et ils méritent d’être
respectés »,
a-t-il souligné. L’unité syndicale est « une
très bonne chose »,
a insisté de son côté Philippe Martinez (CGT). Pour lui, « le
message c’est la défense des services publics, c’est-à-dire une
conception de la société française différente de celle du
président de la République »,
et la défense de « l’égalité
des citoyens sur l’ensemble du territoire ».
Hélas,
trois hélas, cette grève-là a fait un bide phénoménal, c'est pas
5,6 millions de fonctionnaires qui se sont jetés dans la dure
bataille pour les négociations, c'est à peine quelques milliers
d'affidés et de permanents syndicrates ; et leur 130
manifestations « dans toute la France », parfois
bruyantes mais le plus souvent maigrichonnes n'ont pas exalté les
pauvres lycéens éliminés d'office par Parcoursup ni empêché les
autres travailleurs de travailler. Les bonzes sont quand même
culottés. N'ont-ils pas fait savoir la veille, selon tel ou tel
godiche de Sud Rail ou d'une autre mafia, que ces manifestations
seraient une occasion pour les cheminots de rencontrer les autres
travailleurs attaqués eux aussi dans leur statut ? Pour quoi
faire ? Pour cheminer ensemble et crier « Macron un an ça
suffit ! ». La grève abstraite et irréaliste imaginée
par les mafias syndicales réunies n'était même pas représentée
mais resta un épisode secondaire par rapport à la cooolère des
fonctionnnairrres !(matez ce qui était inscrit sur les
banderoles affligeantes!) Et on vanta, non pas la fusion
intercatégorie, qui ferait trembler n'importe quel gugusse chef de
gouvernement, mais l'unité des bonzes syndicaux en rang d'oignons,
alors que tout le monde sait déjà, même leurs trotskiens
complices, qu'ils vont nous faire le coup de la désunion pour les
arrêts de jeu à la SNCF, où de muette, la grève est devenue
sourde.
Les
journalistes font, je trouve, preuve d'un certain sadisme dans le
décompte picrocholin à la calculette de la participation, et
millimétré au chiffre minable près, comme pour mieux justifier le
cynisme de minus Jupiter :
« A
la mi-journée, le taux de participation au mouvement de grève
s’élevait à 9,77 % dans la fonction publique d’Etat (contre
10,41 % lors de la dernière journée de mobilisation des
fonctionnaires, le 22 mars) et à 6,3 % dans la fonction publique
territoriale (contre 4,95 % en mars), selon une source à Bercy. Le
taux de participation de la fonction publique hospitalière n’était
pas encore connu. Le mouvement de grève était également suivi par
12,57 % des enseignants, premier et second degré confondus, selon le
ministère de l’éducation nationale, en baisse par rapport au 22
mars, où il était de 14,54 %. A Lyon, 800 personnes ont manifesté,
selon la police, 4 000 selon les organisateurs. On pouvait lire
sur des banderoles : « Licencions
les actionnaires, embauchons des fonctionnaires ».
Si
vous avez vraiment envie de gerber un peu plus sur d'aussi couillons
jeux de mots syndicrates :
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/05/22/depart-de-la-manifestation-parisienne-pour-la-defense-de-la-fonction-publique_5302814_3224.html#VxRsYAOexeSXxO1a.99
J'ai
bien aimé le commentaire d'un anonyme : « 16000
personnes, si on enlève les permanents syndicaux et les casseurs
vivant du RSA il ne reste plus grand monde ». Quoique preuve
soit faite que les casseurs ne sont pas des RSA mais surtout des
bobos bien nourris par papa et qui veulent passer à l'action
« anticapitaliste » comme briser des vitrines de l'empire
mac do et casser des abribus, surtout qu'ils n'ont pas besoin eux de
prendre les transports en commun.
C'est
vrai au fond, il y a trop de fonctionnaires, trop de profs, trop de
policiers, pas assez de chômeurs. OK Jupiter, continue à dégraisser
mais nous eussions tant aimé que tu commences les vraies économies
suivantes : suppression du Sénat, de l'Académie Française, de
toute la panoplie de la Légion d'honneur, de Sciences Po, de l'Ena,
se pencher sur le nombre d'heures de travail des policiers (27 h
semaine selon Le Figaro, enquête il y a 3 ans) et du groupement
aérien de liaison de l'Etat, avec participation aux frais de
déplacement de Macron et de son gouvernement, exiger que les
permanents syndicaux ne soient pas payés pendant les grèves qu'ils
commanditent, rationaliser les salaires disproportionnés des
saltimbanques de télévision et des patrons du Caca 40, réduire les
retraites disproportionnées des bourgeoises qui n'ont jamais été
que les bonnes femmes à magnats ou potiches à ministres. Mais bon
je plaisantais il y faudrait une révolution, me direz-vous. Oui oui.
Mais elle n'est pas dans l'air ni devant ni bientôt. Les nombreux
chrysanthèmes distribués sur le tombeau de mai 68 en font foi en
librairies ou sur les plateaux télé, et le bla-bla ridicule des
menteurs gauchistes n'est qu'une palinodie digne des croque-morts
professionnels : « tu restes parmi nous, vivant comme
jamais, nous t'aimons comme jamais, nous savons que tu es là de
l'autre côté du chemin... ».
LA
VRAIE CARENCE DU PROLETARIAT : L'ABSENCE D'UNE REELLE THEORIE
CRITIQUE DU CAPITALISME, DE SES INSTITUTIONS, DE SES « SERVICES
PUBLICS », ETC.
Je
t'ai fait perdre ton temps, mon pauvre lecteur, avec la narration du
grand rien du « mouvement social » en France, aussi creux
qu'une citrouille, aussi barbant que les manifs sur les ordonnances à
la veille de mai 68, sauf qu'aujourd'hui les « ordonnances »
contre la classe ouvrière vont s'empiler, qu'un retour de flamme
n'est pas impossible, mais certainement pas au court terme.
Ce
dont je voulais t'entretenir aujourd'hui c'est non pas de l'absence
de revendications unitaires, cela je l'ai déjà souligné dans mes
articles précédents, ni d'une absence de solidarité naturelle car
l'immense majorité des travailleurs n'ont que foutre des statuts de
cheminots ou de fonctionnaires, c'est de la nature de la
revendication en général, qui peut être totalement étrangère aux
intérêts du prolétariat, comme la très néo-stalinienne banderole
que j'ai choisie pour illustrer mon propos : « Retour de
la SNCF à la Nation » !
Illustration.
Prenons par exemple le journal de l'institution syndicale CCAS où
deux bonzes sont conviés à discuter des « intérêts
communs » : « SNCF et IEG : même combat »
(IEG = industries électriques et gazières). C'est la bonzette (du
comité central du groupe ferroviaire, ben dis donc!) qui lève le
voile dramatique : « la fin du statut et l'ouverture à la
concurrence (ferait que) le financement, la « dotation
globale », basée sur la masse salariale des cheminots (sic),
serait mécaniquement amputée : « … et quid du
patrimoine et du personnel qui font vivre les Activités sociales ».
Au moins c'est clair, il faut avant tout défendre le personnel de la
syndicratie, laquelle risque d'être privée de la « masse
salariale des cheminots ». Le bonze de ce qu'il reste d'EDF
salue cette déclaration mais parle au nom des usagers, forcément
floués par la déréglementation, et élève son propos au niveau
d'un député lambda : « Au détriment de l'intérêt
général et de l'équité de traitement sur l'ensemble du
territoire ». Puis le bureaucrate se fait compatissant envers
sa collègue confraternelle en nationalisation :
- Quel message adressez-vous aux usagers de la SNCF ?
- La SNCF appartient à la nation (…) c'est ce qu'ont compris les usagers qui nous soutiennent massivement selon différents sondages.
Il
en rajoute à son tour : « De fait ces (nos) barrages
appartiennent à la nation et à ses citoyens... la privatisation est
synonyme de hausse des tarifs. Le bonze d'EDF se prend décidément
pour un politologue confirmé et il ose poser la question suivante à
sa consoeur : « C'est donc sur un choix de société que
vous vous opposez au choix gouvernemental ?
Sidérante
la consoeur nous révèle une fervente hulotienne radicale et semble
décoller de la fixette sur le statut corporatif : « Au
lendemain de la COP 21, nous savons que l'un des enjeux de la survie
de notre société, d'une manière globale, est la baisse des
émissions des gaz à effet de serre (pas l'exploitation de millions
de travailleurs ? Ndlr). Or la seule solution est d'assurer un
report modal de la route vers le rail... il y a aujourd'hui des gens
qui meurent de la pollution (pas des guerres ? Ndlr) ». Et
de nous accoucher son programme, même si on ne sait pas au nom de
qui elle parle, du CE de la SNCF, de son syndicat ou éventuellement
depuis une adhésion masquée à LO : « Nous avons des
propositions progressistes pour une vie en société et en
collectivité. C'est la question de la péréquation (sic), car on
vit ensemble en France, quel que soit son lieu d'habitation ».
On
laissera la conclusion triomphale au bonze de l'EDF avec
l'inénarrable langue de bois coutumière à l'espèce : « Bien
évidemment, de par notre histoire sociale, nous serons aux côtés
des fédérations syndicales, et inviterons les électriciens et
gaziers à suivre toute forme d'action proposée par les fédérations
au vu des enjeux sur l'avenir du secteur énergétique et du rail,
soit l'avenir global des services publics en France ».
Je
ne vais pas me focaliser sur le cadre patriotard, et très à la mode
en ce moment en Europe et qui peut se comprendre1,
mais je vais m'attacher une nouvelle fois à démonter ce vieux mythe
du « service public », un service qui relève pourtant de
l'Etat bourgeois et de son ordonnancement de la société en
collaboration avec syndicats et institutions diverses, donc un
système qui ne dépend ni de la compétence de la classe ouvrière
ni n'est un instrument de mesure des bienfaits du capitalisme
démocratique sur sa longévité, sur sa santé ou son désir de
foutre en l'air le capitalisme.
Il
est tard, et je ne vais pas me fatiguer à faire la synthèse des
origines réformistes et anarchistes du concept de service public, je
recopie sur internet ce qu'a été le « socialisme
municipal ».
DU
SOCIALISME MUNICIPAL A LA GESTION BUREAUCRATIQUE DES SERVICES PUBLICS
Même
si ce mouvement a ses origines en Grande-Bretagne
avec le socialisme
fabien,
c'est surtout en France qu'il joue un rôle essentiel et formateur :
en effet, il sert de base au mouvement, qui, au contraire des
travaillistes,
refuse de participer au pouvoir national jusqu'en 1936 et ne peut
compter sur le relais syndical depuis la charte
d'Amiens.
Cette synthèse entre la démocratie
locale
républicaine et la révolution des Communards
caractérise la politique de mairies socialistes à partir des années
1900-1930. Concrètement, arrivé au pouvoir par l'élection, le
parti
socialiste français
doit réaliser le socialisme à l'échelle locale, par la maîtrise
publique du foncier et du développement économique au service de la
classe ouvrière, de son éducation et de ses loisirs. On s'appuie
sur des services
publics
municipalisés (hygiène, eau, transports, aide et logement social)
et sur un personnel communal politisé, payé par une fiscalité
redistributive, pour s'assurer le soutien électoral et associatif
des concitoyens. Cette solution devient une possibilité de repli sur
le pouvoir local, quand les socialistes sont écartés du pouvoir
national. Elle fournit des responsables nationaux et les ministres
des gouvernements socialistes, dès l’expérience du premier
gouvernement
Léon Blum
(tel Marx
Dormoy)
puis sous la Quatrième République et même en 1981.Dans
la gestion communale, ce modèle s’oppose à un communisme
centralisé qui pense le local comme une partie subordonnée de
l’État prolétaire, à un anarchisme
mutualiste qui favorise les micro-communautés, à une gestion
libérale,
mettant les espaces en concurrence
pour en améliorer le niveau de fonction, et au conservatisme qui
défend le maintien d'une vision patrimoniale des espaces au profit
de l'élite locale (parcs aristocratiques, chemins fermés…)
Il
s’agit, pour le définir succinctement, d’un courant de pensée
qui tend à faire de la Commune le laboratoire de la vie économique
et de la vie politique décentralisée. Il envisage une conquête
graduelle des services publics au niveau communal, chaque commune
devant organiser par la suite la production et la distribution en
régie directe. Il réside en quelque sorte dans la gestion de la
grande majorité des services publics au niveau local et dans une
action politique à l’échelon de la Commune.
Traditionnellement,
le socialisme municipal est présenté comme l’œuvre de Paul
Brousse, qui se serait inspiré de Benoît Malon, qui, lui-même, se
serait inspiré de César De Paepe.
Une
étude sur les origines intellectuelles du socialisme municipal à
partir de la brochure sur les Services publics de César de Paepe n’a
certainement pas pour but de découvrir une idée nouvelle dans la
pensée du maître mais plutôt de faire découvrir un auteur trop
souvent oublié. Une façon de rendre à César ce qui appartient à
César…
Suivant
la lecture de la remarquable brochure de César de Paepe, la présente
étude aurait pu être divisée en trois parties, de Paepe tentant de
répondre à trois questions : 1. Qu’est-ce que les services
publics ? C’est-à-dire lesquels sont utiles ? 2. À qui
l’exécution de ces services incombe-t-elle ? 3. Comment,
c’est-à-dire de quelle manière, les services publics doivent-ils
être exécutés dans l’avenir ? Nous faisons le choix
d’étudier la réponse apportée à ces trois questions sous
l’angle des deux idées phares défendues par César de Paepe.
Ainsi, nous verrons comment il entend répartir les services publics,
ce qui est l’occasion d’étudier la décentralisation politique
qu’il propose (I) ; avant d’examiner, plus en détail, le
collectivisme évolutionniste dont il est en quelque sorte
l’architecte, ce qui nous conduit à examiner la centralisation
économique qu’il défend (II).
De
Paepe est, sans surprise, plus proche de l’école
interventionniste, pour qui les services publics doivent être
confiés à l’Etat ou à la Commune, que de l’école du
laisser-faire, qui souhaite que ces tâches soient exécutées par
des individus ou des compagnies privées. Il
reconnaît qu’entre les deux il existe des écoles....
En dépit de l’évolution idéologique dont nous avons fait part
dans notre propos introductif, il reste assez méfiant vis-à-vis de
l’État. Cette défiance explique qu’il soit très clairement
favorable à la mise en place d’un fédéralisme modéré qui prend
la forme d’une décentralisation politique. Il envisage, en effet,
une répartition de la charge des services publics entre l’État,
la Commune et la Confédération. Cette répartition tourne, du
reste, très largement à l’avantage de la Commune qui doit devenir
le véritable organe des fonctions politiques. Il cherche à confier
le maximum de pouvoir à ces communautés, qui sont avant tout des
communautés ouvrières. Avant d’examiner cette répartition (B),
il convient de s’attarder sur les différents organes, sujet de la
décentralisation politique qu’il entend défendre (A).
L’État
apparaît, dès lors, comme un élément « naturel »,
voire indispensable, de cette nouvelle organisation politique. Si de
Paepe n’envisage pas sa suppression, à l’inverse d’une partie
des socialistes, il ne souhaite pas, pour autant, qu’il conserve sa
forme actuelle. Il défend, en effet, une autre forme d’Etat :
« un État fédératif, un État formé de bas en haut, un Etat
ayant à sa base pour origine un groupement économique, le
groupement des corps de métier formant la Commune ». Des
services publics, op.cit., p. 23..
Selon lui, il est nécessaire de reconstituer l’État sur de bonnes
bases. Il fait de l’État une machine, « l’instrument des
grands services publics » Ibid.,
p. 24.,
ajoutant que, comme toutes les machines, elle a été destructrice
pour les travailleurs, qui doivent désormais s’en emparer et y
apporter les modifications nécessaires. L’État doit être non
autoritaire, autrement dit, il ne doit ni faire ni imposer sa loi.
C’est pourquoi il propose que les lois soient votées dans les
Communes et espère, un brin idéaliste, que certaines d’entre
elles, à terme, n’auront plus besoin d’être votées tant elles
paraîtront évidentes. Il fait ainsi de la Commune l’organe des
fonctions politiques, reléguant l’État à d’autres fonctions,
sur lesquelles nous allons revenir. De Paepe est prêt à abandonner
le mot État, peut-être trop connoté idéologiquement, au profit
d’une autre dénomination telle « administration publique,
délégation des communes fédérées », pour ne pas faire fuir
ces socialistes qui craignent l’intervention de l’État
s’agissant des services publics »2.
Dès
la fin des années 1960 l'Etat a compris qu'il devait faire jouer la
décentralisation, et Macron comprend si bien celle-ci qu'il veut
dégager l'Etat de certaines charges financières sur le dos des
communes et des régions. Mais cette théorisation du service public
(socialisme communal) a fait long feu depuis 1945. Nos chers disparus
éclateraient de rire si on leur racontait que les services publics
sont une marche vers le socialisme ou le communisme. Ils ont en
revanche été englobés sous la forme des nationalisations et ont
servi de pain blanc à des générations de politiciens et
syndicrates de gauche (statufiés permanents à vie) en opposition professionnelle mais cogérante
des « services publics » de la « nation » et
de ses « usagers » et autres citoyens divers ;
l'extrême droite en Europe à son tour fait de la défense du
service public un axe de sa bataille... nationale.
Or
la marche d'une société ne dépend pas plus des divers services
publics sous contrôle étatique que de la bonne ou mauvaise santé
de telle ou telle industrie. La classe ouvrière n'y a de toute façon
pas voix au chapitre. Le management moderne est autrement plus
complexe qu'au temps des nationalisations qui, au même titre que les
anciennes forteresses « ouvrières » dans l'automobile ou
la mine, ont fait les beaux jours de la « reconstruction ».
Le management ne fonctionne plus sur la seule question de la paye3 ;
Maslow hiérarchise cinq besoins fondamentaux, qui s'apparentent à
mon sens à un cocooning aliénant nécessaire au capital pour nous
contrôler toujours plus et prétendre nous empêcher de penser que
le communisme serait lui vraiment libérateur :
- les besoins physiologiques (besoins vitaux)
- les besoins de sécurité (physique ou psychique)
- les besoins d'appartenance
- les besoins d'estime/de reconnaissance
- les besoins de réalisation et d'accomplissement.
On
pourrait remarquer que ces cinq besoins ont existé et existent
partiellement encore dans les grands « services publics »
mais au milieu d'une nuée de nuances hiérarchiques et d'intérêts
diamétralement opposés sans oublier la concurrence à mort entre
collègues...
La
discussion sur une réorganisation de la société ne peut imaginer
un « management communiste » et nécessite encore de
reprendre les vieux débats du mouvement maximaliste car on trouve
assez généralement chez les bobos de tout acabit et dans
l'intelligentsia bourgeoise des notions fort conservatrices ;
ainsi il n'y aurait plus nécessité de renverser l'Etat, nous
pourrions développer les assocs, fraterniser avec l'écologie
planétaire voire suivre les principes végans... Cette discussion
politique plus générale sur quelle société envisager – j'aime
bien l'appellation du groupe « les explorateurs des
lendemains » - rôle des comités, syndicats, partis, Etat et
gouvernance décentralisée, n'est menée par personne. La plupart
des blogs ou forums gauchistes ou anti-gauchistes ne parlent pas de
politique. Ils se font les amplificateurs de la morale antiraciste ou
antifa de salon des gouvernants, notent et commentent faits divers et
crimes racistes, s'invectivent pour des histoires de bonne femme ou
s'insultent rapidement en s'excluant mutuellement après avoir honni
leur propre mère. Sur facebook c'est à mi-chemin entre la cour
d'école et Sainte Anne. Les réunions publiques des gauchistes sont
des montages de cirques où ils ne réfléchissent pas plus que
Macron à une société qui se délite et n'offre que désespoir et
suicide.
Une
discussion sur les mythes usés de la gauche bourgeoise
(nationalisations, services publics, comités d'entreprise, etc.)
serait bien utile à la classe ouvrière pour ne pas se laisser
enfermer dans des questions secondaires de cogestion capitaliste ou
étrangères à ses véritables revendications immédiates. Je
conseillerai à tout jeune révolutionnaire maximaliste de ne pas se
contenter de lire le Cahier bleu de Lénine ou L'Etat et la
révolution, mais l'étonnant et très instructif : « Je
vais vous apprendre à intégrer HEC » (prépa édition 2015) ;
certains d'entre vous en resteront baba ; c'est une bible même
pour nos futurs ministres prolétariens, éligibles et révocables
dans l'heure bien entendu.
NOTES:
1L'argument
du terrorisme « venu de l'étranger », comme la fable de
la possession d'armes de destruction massive pour liquider telle ou
telle puissance régionale, ainsi que l'invasion migratoire et
religieuse, laissent à penser que seul un repli national pourrait
limiter les dégâts. En Italie on assiste au merveilleux spectacle
de la communion des extrêmes pour former un gouvernement commun,
sans doute aussi long que Pépin le bref, comme en France où Macron
a réussi à embrigader autant de vieux politiciens (et
politiciennes) des camps de la droite et de la gauche bourgeoises.
2https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques-2015-2-page-167.htm
3Une
foultitude de sociologues et de chercheurs ont été mis à
contribution pour aller plus loin que le système Taylor, voir
comment exploiter de façon optimum le travailleur, par exemple
Maslow et la théorie des besoins (ed Dunod, p. 29).
LA GAUCHE MARECAGEUSE
Tout le programme minable de la gauche nationale populaire ou populiste si vous voulez.
Gentilly, mai 2018
UN
PETIT HOMMAGE A NOTRE MENTOR (certains et certaines le reconnaîtront,
il fût un passeur de Socialisme ou Barbarie et de Pouvoir Ouvrier)
« Mais
cela suffit-il au « comité révolutionnaire » ? Il
ne suffit pas que le lycée Buffon soit un temple de la culture
bourgeoise, il faut qu'il soit un foyer rayonnant dans tout le
quartier, il faut que la culture descende dans la rue, il faut
qu'elle cesse d'être un privilège, et c'est dans ce but ultime que
nous poursuivons notre action ».
Jean-Pierre
Hébert (17 ans, Président de la Commission culturelle, juin 1968)
in Le courrier de Buffon.
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