Des
plaidoiries militaristes pour une reformation morale et statistique
de la classe ouvrière
Contrairement à la
gauche bourgeoise au pouvoir qui promet chaque jour une fin de la
crise et de loger tous les migrants et tous les SDF de souche, qui
mène la guerre au Moyen Orient aux frais de l'Etat français pour
les voisins européens et pour combler le désengagement US, dans un
but soi-disant humanitaire, la droite bourgeoise tient plus un
langage de vérité : défendre les intérêts de la France,
habituer les tout petits dès la maternelle à chanter la
Marseillaise et à porter un uniforme (peu après la gauche reprendra les devants avec le soutien de Le Pen: http://www.lejdd.fr/Politique/Le-service-militaire-fera-t-il-son-retour-828850), supprimer les garanties
sociales, allonger sans cesse le départ en retraite, généraliser
l'ubérisation du travail, supprimer des milliers de fonctionnaires
(ces privilégiés aux avantages éternels, quoique moindres comparés
aux privilèges des députés, des patrons et du personnel
répressif), pour enfin retrouver une sorte de vivre ensemble, jovial
et patriotique. Quoiqu'ils en disent, l'élection imprévue du
« populiste » Trump – mais ne sont-ils pas au fond tous
aussi populistes ? - a conditionné leurs prestations à tous,
chacun voulant apparaître comme le Monsieur plus anti-système !
Une notion qui fait des ravages dans les rêves les plus stupides de
ce tas d'arrivistes.
Aucune question gênante
ne fut posée. On resta dans les généralités malgré les ronds de
jambe de NKM, trop théâtrale, plus Sarah Bernard relookée
pré-raphaélite que Nathalie Artaud1.
N'ayant pas jugé utile
de vous fournir un résumé du deuxième débat, vu les radotages
inconsistants des polichinelles de la droite caviar, pain au chocolat
et Prisunic, je peux par contre porter mon appréciation sur leur
troisième prestation consensuelle et si bien mise en scène par
leurs partenaires journalistes, qui comportait des redites pesantes
des deux confrontations précédentes..
D'emblée ce qui frappe
venant de la mise en scène d'une telle émission de propagande
néo-stalinienne – à la fin de l'émission on entend le petit
¨Pujadas crier « vive la politique et vive le débat » -
c'est que les questions visaient à provoquer ou rallumer les
conflits de personnes, ce que les vedettes politiciennes de la droite
classique surent globalement et subtilement esquiver. Au-dessus du
lot, Droppy Fillon réussissant le tour de force de ridiculiser la
lamentable mode journalistique - ânounisation ou ardisonnation –
qui consiste à favoriser le spectaculaire au lieu du sérieux, et à
préférer la franche rigolade aux sujets de fond. Les journalistes
ne faisant d'ailleurs que leur boulot – tenter de rendre moins
insipide la tricherie et le mensonge politique permanent du discours
bourgeois. Fillon était le seul à avoir eu le courage de
désapprouver la conclusion de son émission précédente par une
comique de variétés, conférant non pas légèreté à l'interview
politique mais ridiculisant un peu plus la prestation politique de
tout politicien. Peu de choses en vérité au vu de son programme
sinistre comme sa tronche de Droppy aux gros sourcils de sévère
maître d'école. Celui qui est présumé avoir « le plus
travaillé » son programme sort des âneries économiques
invraisemblables telle que la suppression des 35 heures pour
redémarrer la France, et en passant à 39 heures... créer des
emplois ! D'abord la moyenne horaire des prolétaires en France
est déjà à 39 heures en France (comme le lui a rétorqué Poisson
je crois) et ensuite si, en effet les 35 heures, gadget d'Aubry et de
Jospin ont peut-être créé 300.000 emplois – et mesure destinée
à séduire l'électorat bobo – on ne voit pas comment en
supprimant 500.000 fonctionnaires (il a retaillé les 600.000 qu'il
visait la semaine dernière) et en obligeant ceux qui restent à
travailler 39 heures cela créerait des emplois !!! Au contraire
cela augmentera le chômage ! Le candidat le plus sérieux se
retrouve en tête de la loterie parce qu'il fait preuve de sérieux,
qu'il a « la carrure », mais parce que sondés et
spectateurs ne lisent jamais les programmes. L'aliénation électorale
est telle que la pose, le coup d'éclat, ou une répartie saillante,
constituent le meilleur moyen de gagner ces moutons d'électeurs qui
font mieux ce devoir électoral minable que leur devoir conjugal.
Comme Juppé, Sarkozy a un peu mouché au passage Fillon le
tristounet en précisant que : oui passer à 39 heures mais pas
payé 35 ! et de nous resservir ce fabuleux « travailler
plus pour gagner plus » ; objection que les journaleux de
la chaîne publique, archi-rétribués, n'ont pas jugé utile de
relever tout à leur passion pour « l'épaisseur »
retrouvée du petit Droppy.
Les questions de fond de
ce troisième épisode devaient porter sur la guerre, l'éducation et
la coercition. Questions traitées « en soi » jamais en
comparaison ou en parallèle avec les actuels gestionnaires du
capital. Ni Pujadas, ni papy Elkabach, l'indétrônable, ne se
seraient risqués à par exemple mettre en situation nos probables
prochains exploiteurs : « est-ce que vous auriez attaqué
la classe ouvrière pour la loi travail avec la même violence que le
gouvernement Holande ? ». Ni : « est-ce que les
flics ont bien été utilisés par Cazeneuve et n'auraient pas dû
tirer sur les grévistes pour en finir au plus vite au lieu de les
bombarder de gaz lacrymogènes et de blablater pendant des mois
avec ces salauds des syndicats? »
Pourtant l'essentiel de
la prochaine soupe à la grimace ne se cache pas plus que les
chaussettes Kindy : guerre, répression et
fossilisation/reformation de la classe ouvrière.
Le discours est
immédiatement très belliciste boyscout, transsubtantation
franchouillarde de l'esprit de lord Baden-Powell. Le grand dadet
immature Lemaire, sans son béret, est en pointe pour mettre la
baïonnette au fusil, virtuellement de sa part (à d'autres de se
faire embrocher). Copé en culotte courte et NKM en jupe plissée
sont pas mal aussi, avec un léger désaccord : Boy Copé veut
faire écoper tous les jeunes de 6 mois de service « national »
quand soeurette NKM pencherait pour trois mois seulement. A peu près
toute la rangée d'oignons bourgeois est pour le retour de
Monseigneur Dupanloup : uniforme scolaire avec blason, salut au
drapeau tous les matins avant d'aller pisser, Marseillaise à la
tombée de la nuit.
Là où ils sont tous
inquiétants c'est sur la question de la guerre, soldats au sol, pas
au sol, leurs mic-macs même entre eux laissent accroire les pires
suppositions... si au bout de leur réforme de l'Eduque naze ils
parviennent à rétablir le service « national », bien
dans l'air du temps. Bien sûr que Pujadas s'est gardé de poser la
question gênante (si évidente) : est-ce que vous continuerez
sur la lancée belliciste de Hollande ? Bien sûr qu'ils
continueront, pour amplifier même : déduire les 25% que la
France sort de sa poche pour protéger militairement l'Europe des 3%
européen. Bombarder daech d'abaord, Assad ensuite. Juppé se fait
rectifier par Fillon ou Poisson lorsqu'il dit que l'Iran est le principal
ennemi, non répond l'autre : l'Arabie Saoudite. Enfin je résume
parce que cette histoire de guerre contre le monstre islamiste
commence à bien faire, cachant si bien les contrastes
inter-impérialistes des grandes puissances et de leurs petits
intermédiaires, que le djihadisme comme personnification d'un
nouveau nazisme n'est pas très crédible. Il ne faut attendre
aucune vérité sur les causes, implications et conditions de la
guerre anti-terroriste en cours, de la part de ces fieffés menteurs
professionnels.
LA
TRILOGIE PRODIGIEUSE : ECOLE- ARMEE- POLICE
Deux écoles ; mais
aussi emplois à deux vitesses. On eût droit à moult jongleries sur
les allocs (Sarko en veine lepéniste veut les supprimer pour les
migrants), le smic au rabais, la promesse de rajouter quelques
centimes aux retraités pauvres et de faire rouler sur l'or les
handicapés, sans oublier les emplois-rebonds misérables du plus
lamentable « jeune » politicien nullard des encravatés en scène.
Mais, soit dit en
passant, pour faire de bons militaires et de bons ouvriers manuels,
faut d'abord une solide culture de l'obéissance à l'école, et
surtout en finir avec cette fredaine (des autres boyscouts de la
gauche caviar) « l'égalité des chances ». Et la rangée
des cabochards de la diaspora républicaine-caine de s'étriper sur
la formation à deux vitesses des esprits rapides et des « esprits
lents », identifiables dès la maternelle. Lemaire est le plus
réac, dès la sixième (onze ans) un enfant doit savoir s'il veut
être pâtissier, mécano ou docteur...), ou dit plus
artistiquement : « chaque enfant doit savoir découvrir le
talent qu'il a en lui »2.
Tous ces braves bateleurs de foirails d'insister sur les
« fondamentaux » : l'apprentissage de la lecture, de
la langue française... mais jusqu'à onze ans ou quatorze ans, âge
de l'apprentissage ré-inventé ou re-généralisé. Cela me rappelle le sermon de
nos profs racistes des fifties : « si tu es pas fichu de
faire tes devoirs tu finiras balayeur comme l'arabe du coin » !3
La pré-raphaélite NKM s'indigne tout de même que grand dadet
classieux imagine qu'un enfant de onze ans puisse trouver en lui si
jeune quel métier il va faire plus tard !4
LA LECON
DE MORALE INDUSTRIELLE
Le problème réel, sous
couvert de lutte pour le retour à la fable du plein emploi (et pour
en finir avec la dette publique, hé hé!) on peut en résumer ainsi
l'imaginaire des candidats au mensonge suprême :
- il faut des universités indépendantes, gérées comme des PME, avec un proviseur-patron ;
- il faut pas faire du mot sélection un mot tabou : dès ses onze ans le fils d'ouvrier, à l'esprit lent, ne doit pas emmerder les esprits rapides, donc fissa vers l'apprentissage ;
- les petits patrons (avec leurs gros bides et leur cynisme) doivent pouvoir venir enchanter dans la cour de récré les mêmes défavorisés aux métiers manuels (car tous les métiers sont nobles, etc. etc.)
- il doit y avoir une plus grande proximité entre policiers, enseignants et chefs d'établissement (cf. le sergent chef Copé, qui insiste aussi comme les autres sur un redéploiement des « maisons de correction ») ; il n'est pas dit si les policiers vont pouvoir recruter à leur tour dans les cours d'école5, ou si leur épopée ne vise qu'à transmettre aux chères têtes blondes et crépues le prestige de l'uniforme, pas celui de pandore bien sûr, mais le kaki.
Ces marionnettes de
l'ordre dominant se sont bien expédiées de petits flèches
assassines comme lors des deux précédents feuilletons, mais ils
apparaissaient si complices au fond, celui-là aspirant, malgré son
faible sondage, à un poste élevé si son voisin de droite
l'emporte, celle-ci un ministère de l'écologie si son voisin de
gauche surmonte le tiercé gagnant. Juppé ressemble de plus en plus
au plus mauvais d'entre tous, clone d'un Chirac vieilli, mêmes
intonations oratoires. Sarkozy fait de plus en plus la cancre de la
classe, pour ses saillies et son indiscipline. Droppy, les chevilles
gonflées parce qu'il creuse son sillon, sort des âneries plus drôles que ses épais sourcils de
bilieux avec sa défense de cet OVNI incongru : "la liberté de
réussir" ! Nous les prolétaires on se contentait
jusqu'à cette auguste phrase, de la « liberté de perdre »
son emploi, sa femme et sa vie à la gagner.
S'ils appliquent leur
programme, ils nous donnent toutes nos chances en faveur de la
révolution. Ils sont si vides au niveau des perspectives qu'on
pourrait même penser que Hollande garde toutes ses chances de
renverser la vapeur.
Finalement c'est le
néo-facho Poisson qui a eu le bon mot de la fin au milieu de tous
ces cyniques. Il a mis un bémol à leurs dithyrambes tout en jambes
sur la révolution robotique; pré-raphaélite NKM s'était
gargarisée avec le mot, comme Lemaire avec ses emplois rebonds
sous-payés ; sus aux ringards avait pronostiqué celle qui se
prend pour une star de Bollywood et se croit plus belle que Rachida Dati : « révolution car
émergence du travail in-dé-pen-dant... nouvelles
technologies...nouvelles valeurs ! ».
Crac boum, Poisson
mettait tout ce pathos par terre : « L'essor du numérique
remet en cause la protection sociale. Les robots ne paieront pas les
cotisations sociales. On va vers une marchandisation des relations
sociales. Deux voisins seront obligés pour dialoguer de passer par
une plate-forme contrôlée par des robots ». Poisson serait-il
la réincarnation de Guy Debord ?
Allez, rendez-vous
dimanche soir pour le dépouillage de la société du spectacle présidentiel.
NOTES
1Il
y a un point commun entre la nouvelle égérie de LO et cette dame
distinguée, comme avec toutes les polichinelles du plateau TV,
c'est leur commune passion (récente dans la secte LO) pour les élus
locaux (ah... les signatures de base pour être candidat, comme se
moque le PCI) ! Or, je le répète les élus des porte manteaux
du Capital français sont autant des pourritures que leurs chefs
parlementaires et autant des ennemis « populistes » de
la classe ouvrière, la plupart étant toubibs, avocats, bouseux,
profs en retraite, etc. (sic ! z'avez compris mon joke sur les
élus départementaux?)
2C'est
la paradigme de la pensée Auteuil-Neuilly-Passy pour supprimer le
collège unique et perpétuer les « proles », les
enfants de la classe ouvrière autrement dit : reproduire
indéfiniment les inégalités sociales.
3Il
est vrai que la gauche bourgeoise et ses psychos débiles, chargés
des programmations new wave, avec la théorie égalitariste, la
diminution des « fondamentaux » (lecture, écriture,
histoire de France) , bac et masters à l'encan, avec facs de psycho
ou de philo qui servent à rien, s'ingénie à perpétuer échec,
non intégration et exclusion, avec pour souci principal d'occuper
les jeunes en attendant qu'ils aillent pointer à pôle emploi.
L'égalité fumeuse des chances scolaires remplace le temps passé à
l'armée, et la droite offre comme « progrès » :
de restaurer le service militaire !
4Pour
autant que je me souvienne, je n'en savais rien, ne voulais pas
savoir, boulanger ? Aviateur ? Chanteur ? Peut-être
pas une vie de merde comme grouillot salarié...
5Un
bon point pour l'ultra- réaliste Fillon, qui creuse son sillon une nouvelle fois face à l'arrogant Copé, qui veut
50.000 flics de plus, et qui ajoute à la fulgurante montée de
Droppy ; lors des trois débats Fillon n'a pas varié, c'est
vrai, non seulement il faut payer les policiers, ces non-productifs,
par des emprunts bancaires mais en plus en augmenter le nombre ne
peut résoudre ni la crise sociale ni les violences ni le chômage !
Couché Copé !
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