OU
ENIEME EPISODE D'UNE COLERE QUI NE S'ETEINT PAS ?
Beaucoup de discussions
en cours de route de cette douzième ou treizième manif qui
n'enterre pas plus la colère que les précédentes, défiant tous
les pronostics, y compris les miens – je croyais même que tout
serait réglé avant l'Eurofoot – pourquoi ? Est-ce à dire
que la CGT, avec son moustachu si peu impressionnant et si convivial
dans le secret des cabinets ministériels, serait devenue vraiment
l'expression de la colère ouvrière au niveau national ? Voire
révolutionnaire pour les plus naïfs ? Voire ne voudrait pas se
retrouver numéro deux en France derrière la CFDT comme l'assurent
journalistes et LO ?
Aucune de ces hypothèses
n'est sérieuse en réalité, la CGT reste le principal CRS du
gouvernement comme elle l'a prouvé il y a peu -mais vous l'avez
oublié ! - en prêtant main forte aux vrais CRS contre les
« casseurs ». Au cours d'une manif comme celle-ci, pour
peu que vous discutiez un peu hors de votre corpo ou avec celles et
ceux qui défilent hors cordons syndicaux, vous en apprenez des
tonnes. Témoignages de visu du matraquage de manifestants
« incontrôlés » par le SO de la CGT, témoignages du
lâcher depuis les hélicoptères de la police de pétards
lacrymogènes et autres bombinettes de désencerclement.
Mais observons les
principales caractéristiques de ce genre de manifestation avec une
présence importante des régions. La précédente à Paris dite
intercatégories avec les cheminots avait été gentillette et un peu
ridicule avec les slogans gauchistes éculés sur l'anticapitalisme.
Je n'avais pas participé à la plupart des manifs-enterrements
(ratées) précédentes, mais ayant fait celles de 68 et après, je
suis frappé par un niveau de violence très rapide et bien supérieur
au temps jadis. Une première explication : l'exclusion sociale,
et par conséquent aussi syndicale (les syndicats se fichent des
chômeurs) a créé une génération très peu disposée à ronronner
en rang sous les bannières syndicales. Ne vous laissez pas abuser au
début par la marée des fanions CGT ou SUD, elles décorent les
traîne-savates, toujours en retard d'un métro, mais qui font partie
de notre classe et ne sont pas méprisables. Ce jour ils étaient
venus de toute la France et certains m'ont répliqué qu'ils
n'avaient pas été décervelés par le voyage en car syndical (ce
dont je doute, chants gogols pendant centaines de kilomètres
accompagnant force libation et après... plus aucun sens critique).
On n'était pas un million, certainement plus près des chiffres de
la police, je dirais 100.000, ce qui peut paraître énorme sur un
parcours d'avenues plus étroites que Bastille-République et avec un
défilé qui mettra près de cinq heures à s'écouler.
La deuxième explication
est que les manifestations attirent un plus grand nombre de chômeurs
que jamais, jeunes, combatifs, déterminés, peu sensibles aux
discours corporatifs syndicaux, ils veulent la confrontation. De mes
yeux vu que les ouvriers casqués de Lorraine, des Hauts de France ou
d'ailleurs n'aiment vraiment pas les CRS et en fin de manif faire
comme les dits casseurs ; surtout à aux Invalides, avant de
monter dans les cars, ces prolétaires ont persisté à canarder les
CRS, sans doute pour leur laisser une carte postale de leur province,
et écluser leur colère (certains étaient complètement éméchés)
des fins de manif sans but et sans AG ; la mouvance obscure Nuit
debout appelle systématiquement à des AG après les manifs mais
loin de celles-ci ou à des endroits farfelus comme le Sénat ou le
jardin du Luxembourg, ce jour, en tout petits caractères sur un
tract gros comme un timbre. L'idéologie pacifiste des « nuit
debout » est très présente, et révulse les jeunes chômeurs.
Une des facéties des bobos de cette engeance est de s'approcher
mains en l'air des CRS pour les faire reculer ou parlementer. Cette
farce ne marche pas, le gourdin est la seule réponse ou le canon à
eau comme vous pouvez le voir sur mon film, pas sur ma galerie
photos.
Revenons au début de la
manifestation. Du jamais vu, la CGT ne contrôle plus ce genre de
manif comme naguère où ses imposantes troupes municipales et
bureaucratiques faisaient régner l'ordre, en remettant à la police
une infime minorité de ploum-ploum. Désormais c'est une escouade de
deux à trois mille, anarchistes je ne sais pas, mais incontrôlés
et manifestants qui ne se sentent pas à l'aise dans les boites de
conserve corporative oui et qui mènent la danse en début de
cortège. Sur ce point la CGT est en effet cuite. Il y existe une
véritable solidarité intercatégorie ; à un moment suffocant
sous les gaz et les paupières brûlées on est venu me soigner, et
on me demandant plus loin si j'allais mieux... Les masqués sont
souvent très jeunes, très sympathiques et bourrés d'humour, et
humour qui fait plaisir à lire sur les murs comme vous pouvez le
voir dans mon reportage photo.
En marchant il est une
autre chose inouïe qui dépare avec le ronron syndical, et jamais vu
depuis des décennies à mon avis : les manifestants parlent de
la nécessité d'un changement de société. Pas seulement les
laissés pour compte mais aussi les ouvriers des secteurs dits
privilégiés du public;
Un des slogans qui m'a frappé au début
pépère de la manif place d'Italie était « Berger on est pas
tes moutons ». Le chef de la CFDT en France se nomme
malheureusement pour lui « Berger » ; le principal
syndicat fayot de la gauche bourgeoise au pouvoir ne perd rien pour
attendre : il est minoritaire dans la rue ; mais comme je
l'ai dit à des manifestants, tous les chefs syndicalistes se
prennent pour nos bergers. En tout cas, l'argument de ce berger selon
lequel il faut savoir terminer une grève pour les secteurs pas
concernés a fait rire la plupart. Même si les secteurs publics ne
sont pas concernés (pour l'heure), ces travailleurs ont des épouses,
maris et enfants qui eux sont concernés directement par l'attaque
bourgeoise du 49.3 ; un jeune manifestant, hostile au stupide
bashing police, m'a même dit : « les CRS aussi ont des
femmes et des enfants qui passeront sous la coupe du 49.3 ! ».
Ce qui est tout de même
enthousiasmant dans ce mouvement hétéroclite, protéiforme, sans
queue ni tête, malgré l'apparent ordonnancement de l'appareil CGT –
et ses tentatives infructueuses d'usure en alternant grèves
dispersées et grèves minoritaires – c'est cette conscience
extra-corporative, hors revendication de boite, qui se développe
contre l'attaque « sarkozienne » de la bande à Hollande
en fin de parcours, bande particulièrement méprisante comme me l'a
fait remarquer une jeune infirmière. Le « tous ensemble »
qui est parfois entonné a un côté vieillot et inadapté, rappelant
le saucissonage de 1995, où chacun était resté dans sa case
corporative, ce qui avait finalement permis à l'attaque sur les
retraites de passer. Plus géniale est cette réflexion : nos
enfants, d'autres que nous, sont attaqués par cette loi de merde. Et
surgissant, débarrassée de ses vieux oripeaux (pas tous, il y a
encore des illusions sur le merdier de la Commune de 1871), pour
parodier Morin en 68, rejaillit l'idée de révolution, cette
nécessité de foutre en l'air un ordre bourgeois de plus en plus
cynique, cause de guerre. Notons que malgré la dramatique tuerie du
couple de policiers de Magnanville par un nazislamiste, l'ambiance
« état d'exception » du père chysanthème Hollande et
de son bedeau Valls, est pratiquement nulle sur la lutte de classes ;
un des badges les plus vus au cours de cette manif faisait plaisir à
voir : « je lutte des classes ».
Venons en au déroulé de
la manif elle-même. Comme la CGT ne peut plus décemment policer une
telle volonté de gueuler la colère ni encadrer les défilés, la
Préfecture, et donc le gouvernement a choisi une stratégie de la
provocation. Ses pions policiers sont présents de façon arrogante
dès le départ, barrant chaque petite artère de grande avenue pour
transformer le défilé en nasse et en masse à matraquer ou à gazer
si cela tourne mal. Leur intervention n'est pas toujours négative
même si plein de manifestants m'ont rapporté qu'une fois lancés à
l'assaut ils cognent indifféremment sur les femmes et les vieux. Ils
peuvent intervenir au milieu des manifestants sur tout individu
portant un paquet suspect. Il peut toujours y avoir en effet des
comportements bizarres, les cinglés ne sont pas tous dans les
Yvelines. Un rmiste, en voie d'adhésion à la CGT (?) - qui s'était
pris la tête avec des badgés CGT du premier rang qui bousculaient
les CRS et les insultaient, leur demandant de les respecter -
m'informa qu'un type portant une tronçonneuse sans lame avait été
arraché aux mains des cognes au départ. Etrange de se balader avec
une tronçonneuse pour une manif... avec sans doute un copain plus
loin avec la lame ! Autre avantage dans l'ambiance du moment,
personne n'est borné. Le bashing police n'est pas du goût de tout
le monde, et j'ai même trouvé qu'il n'y avait qu'une infime
minorité d'abrutis pour rendre les CRS responsables de tous nos
malheurs. Curieux n'est-ce pas ce mouvement de rue où on discute
comment il faudra passer à une société communiste et gagner les
CRS à notre cause... Inédit aussi, la plupart des manifestants
filment avec leur portable, voire se mettent en scène en selfie,
comme quoi il reste toujours une part de narcissieme et d'hédonisme
des sixties.
Revenons à la stratégie
policière de ce jour qui a choqué plusieurs de mes collègues
manifestants, plus habitués que moi aux manifs de ces dernières
années. Vu la configuration donc, deux à trois mille incontrôlables
en début de cortège, il faut tenter de saucissonner la manif, de
scinder son aile la plus radicale et jem'enfoutiste des consignes
corporatives syndicales. J'ai eu du mal à comprendre la manœuvre
alors que je marchais aux premiers rangs dans l'ambiance festive avec
cornes de brume et pétards de carnaval dont certains sont très
violents et nous mettent les nerfs à fleur de peau. Une rangée
d'une quarantaine de CRS nous précédait, marchant à reculons, mais
chaque reculeur était épaulé par la main d'un collègue derrière
lui pour éviter qu'il ne tombe. Subitement la rangée marquait un
coup d'arrêt. Nous pensions que c'était pour éviter que la
manifestation s'étire ou n'aille trop vite. Bernique ! Comme la
muleta excite le taureau, le but était d'énerver nos casseurs qui
piaffaient d'impatience. A ce jeu, au niveau de l'hôpital Necker,
des objets ont commencé à voler en direction de la rangée de CRS :
fusées, petit carreau de plâtre, canettes... Devant on poussait, ne
comprenant toujours pas la raison de ce blocage alors que la
manifestation devait voir son termes place des Invalides. Les CRS
n'ont pas dégainé les matraques mais envoyé les lacrymos
produisant un début de recul de la foule, en tout cas son
interruption. L'avant-garde de la manif était scindée en deux. De
chaque côté des rues adjacentes se trouvaient deux compagnies de
CRS qui sont immédiatement canardées, des pierres volent, des
fusées sont tirées dans leur direction. Des manifestants pensent
qu'il y a des policiers-voyous en civils qui sont mêlés aux
casseurs. Sans doute mais cela n'élimine pas la volonté de réplique
des jeunes casseurs cagoulés à la provocation policière. Deux de
ces jeunes m'expliquent que le but recherché est d'enfermer les plus
« radicaux » dans un nasse et en sandwich, pour les
couper du reste du long cortège ; le cortège a été
certainement un des plus importants de ces dernières années.
Retournant à pied (j'aurai accompli au moins 20 bornes) vers la
place d'Italie, j'ai constaté que des groupes de manifestants
n'avaient pas démarré alors qu'il était dix huit heures (départ à
13 heures).
Cela canarde très dur.
Retournement de situation, une compagnie de CRS se retrouve bloquée
dans
une rue en impasse près du carrefour de Duroc. C'est la curée.
Une avalanche d'objets atterrit sur les CRS, qui ont beau être
harnachés comme des chevaliers de la table ronde mais peuvent être
assommés ou grièvement blessés par des pierres jetés avec grande
force et agilité, des boucliers sont éclaboussés de peinture. Je
peux dire que j'ai vu de la terreur dans leurs yeux. La presse
bourgeoise ne parle jamais de l'exposition dangereuse de cette
« piétaille » ; elle fait sa une ce matin sur des
vitres cassées de l'hôpital Necker (voir plus bas ce que j'ai vu).
Plus incroyable cette compagnie est laissée ainsi agressée pendant
de longues minutes avant que la hiérarchie policière ne daigne
envoyer des renforts. Spectacle effrayant ou on a même honte
qu'aucun manifestant de crie « arrêtez ! ». Plus
tard le camion moto-pompe se met en branle dans la rue parallèle,
mais tel un gros nounours il n'impressionne pas les manifestants.
Ceux qui sont loin de l'engin rigolent en voyant ses jets d'eau. Ceux
qui sont près viennent narguer ce King Kong balourd, lui jette des
objets. Lorsque le gros balourd va vouloir tenter de barrer l'avenue,
le pauvre tank anti-émeute est pris à partie, certains tentent de
lui crever les pneus, un autre entreprend de briser un des
parebrises. L'engin est de travers, ne peut plus avancer ni reculer,
sinon il écraserait des manifestants. La hiérarchie policière a
mis du temps à aussi à envoyer deux colonnes de CRS pour entourer
King Kong à la peine. Entretemps la manif s'est reformée, les
anarchistes ont appelé de leurs mains les rangs des SUD et NPA qui
hésitaient à se mouiller. Beaucoup pleurent sous l'effet des
lacrymos. Vaut mieux avoir un foulard et du jus de citron.
Le défilé va reprendre
mais en ayant perdu toute dynamique par suite aux coups de boutoir de
la provoc policière. Pire les centaines de milliers qui arrivent
derrière avec leurs marées de casques ouvriers et de drapeaux
rouges syndicaux défilent en regardant pantois toutes les vitrines
et abribus brisés depuis Montparnasse jusqu'à Sèvres -Babylone.
Ils ne chantent plus, leur regard est désolé de la désolation
qu'ils voient. Provoc policière et dégâts d'abrutis masqués avec
gros caillous sur toutes sortes de boutiques. On a plus de chance de
ridiculiser cette manif comme baroud d'honneur contrarié grâce aux
casseurs. Le chef moustache CGT ne se gênera pour appeler à
dénoncer les casseurs, d'autant plus que les manifestants pépères
de l'arrière ne sauront jamais ce qui s'est passé devant ni sur le
comportement tordu de la hiérarchie policière.
J'ai réalisé une
galerie des slogans néo-soixantehuitards sur les murs des quartiers
bourgeois, certains sont rafraîchissant et débordant d'imagination,
d'autres nunuches communards. Ce genre de manif est propice aux
sectes pour arroser de leurs tracts et pensums. Mes poches
débordaient de leurs pensums. Passons en revue les mutins de
Panurge.
LO et NPA étaient
présents avec leurs ballons, les deux égéries Arlette et Nathalie
posaient pour la photo comme si elles étaient des stars à Cannes.
LO est désormais le seul groupe imposant, quoique
composé d'une
majorité de têtes chenues. Quelques militants d'un groupe délirant,
« Science marxiste » diffusaient leur presse imbitable
'L'internationaliste', j'ai attrapé celui qui paraissait être le
chef en lui demandant d'ôter sa cravate, le cave était habillé
comme un vulgaire Macron ; il m'assurait que cette secte, qui
certes publie de beaux livres façon La Pléiade, était le principal
groupe révolutionnaire en Europe.
ATTAC FRANCE faisait
distribuer un petitou tract : « MEDEF ETAT convergence des
luttes contre les citoyens » qui propose évidemment comme tout
le monde le retrait « définitif », et pour rompre avec
les politiques néolibérales, propose les mesures bolcheviques
suivantes :
- revaloriser le travail (même s'il y en a de moins en moins)
- relocaliser les activités (sans doute pour que les bobos soient moins loin de leur résidence principale à la campagne)
- mettre la finance au service de la société (en gros un capitalisme propre).
FAKIR faisait distribuer
un supplément grandeur nature où il déclare : « Nous ne
voterons plus PS », lequel est devenu un mouroir. Grande
révélation : le scandale de Panama (80 ans après...) alors
qu'on s'en fout. Comme Attac ces ânes imaginent une finance propre.
ACRIMED (action critique
médias) se désole des « Tribunaux médiatiques pour
syndicalistes « radicalisés ». Légère exagération :
les syndicats sont mis en scène par les partenaires journalistes,
nuance !
Un collectif Ni Guerres
Ni Etat de guerre, reproche à la police d'utiliser les mêmes sales
méthodes que contre la jeunesse d'origine immigrée, de
perquisitionner ad aeternam de nuit, d'envoyer ses CRS en Grèce pour
faire la chasse aux migrants et les entasser dans des camps, et
conclut :
« L'état d'urgence
contre le mouvement social, contre les jeunes, contre les musulmans,
ça suffit ! Tous dans la lutte contre la loi Travail et son
monde ». Il y en aura comme ça pour tout le monde.
Le « Pôle de
Renaissance communiste en France » râle contre le déguisement
d'un eurodiktat « déguisé en loi El Khomri ». La digne
représentante des ouvriers arabes ne serait-elle qu'un pion de
Bruxelles ? Le PRCF est ferme : « Revenons à 100% au
syndicalisme de classe ». Enfin pour toute renaissance on a le
plaisir de voir déterré les compères Thorez, Marcel Paul et
Croizat – qui ont tant fait pour l'aristocratie ouvrière (c'est
moi qui le dit) – quand ils étaient membres du PCF « alors
léniniste, et de la CGT de Frachon ».
Un POID (Parti ouvrier
indépendant démocratique) prévient que deux camps se feront face
le 14 juin, d'un côté vous et moi, mais de l'autre : « le
gouvernement, ses soutiens « syndicaux » (CFDT et UNSA),
ses forces de répression et ses maîtres de Bruxelles et de
Washington ». UN peu déséquilibré non ?
Pour le Bolchevik, la loi
El Khomri est « une machin ede guerre antisyndicale » :
« c'est à la classe ouvrière de chasser les traîtres à la
tête des syndicats et les remplacer par une direction lutte de
classe renforçant les syndicats ». Alors pourquoi virer les
traîtres ? Le Bolchevik, sans le bonnet ridicule du général
Trotsky, voit loin... en arrière : « Une mobilisation de
la jeunesse peut être l'étincelle pour une mobilisation ouvrière
d'ampleur, comme cela a été le cas en 2006 avec le CPE ou en Mai
68 ». Mais le plus important enfin concerne la lutte contre le
fascisme : « Pour des mobilisations du mouvement ouvrier
et des minorités contre les fascistes ». Vous l'avez deviné,
ce sont les fascistes qui sont en train de faire passer la loi 49.3.
Alternative libertaire
nous promet pour bientôt « Un autre futur », expliquant
que la véritable opposition au gouvernement n'est pas Sarko and CO
« c'est le mouvement social ». De plus le « gouvernement
faiblit ». Conclusion : « Rejoignez-nous maintenant,
pour ne plus subir et imaginer une autre société, communiste et
libertaire ». Ah quand l'imagination libertaire sera au pouvoir
ce sera un fumet d'oxygène bakouninien !
« Nous sommes le
pouvoir réel » c'est PLATEFORME 2016 qui le dit avec un format
journal luxueux sur papier glacé. « Pour un mouvement de
libération : fédérons-nous ! ». Fakir avec ses
facéties anti-PS et Attac avec sa lessive anti-finance devraient
pouvoir se retrouver dans les promesses alléchantes de Plateforme
2016, que je ne citerai pas toutes tellement elles vont vous faire
baver... de rire :
- embauche de 6 millions de chômeurs avec une embauche supplémentaire pour 4 salariés occupés.
- Semaine des 25 heures et échelle mobile des heures de travail.
- Augmentation du salaire minimum à 1500 euros net
- transparence des salaires
- gratuité des produits de première nécessité
- réquisition des logements vides
- expropriation des grandes fortunes
- naturalisation automatique de tous les résidents en France.
OCML VOIE PROLETARIENNE
(VP-PARTISAN.ORG) commence par une réflexion sensée, comme seuls
mes maoïstes sont capables avant de plonger dans les pires délires :
« L'énorme travail de mobilisation pour la réussite des
manifestations du 14 juin ne doit pas masquer l'absence de
perspectives claires pour la suite ». Alors voici quelques
conseils :
« La lutte
syndicale est indispensable mais insuffisante, c'est toute la société
qu'il faut changer (…) La révolte même radicale ne suffit pas.
Les Nuits debout ou autres regroupements à la base, c'est bien pour
se retrouver, débattre et être actifs. Mais c'est impuissant pour
être une force agissante et efficace face aux exploiteurs ».
Quelques propos sensés mais horreur, comment pourrait-on confier à
des maoïstes « la reconstruction d'un vrai parti
communiste » ?
Le GSI (groupe socialiste
internationale, avec le tampon Ive Internationale) ne dit rien de
marrant ni de sérieux : « Pour gagner, il appartient à
l'intersyndicale d'appeler haut et clair à la grève générale
jusqu'au retrait. Cet appel serait un signe fort.
Une poignée de mémères
s'étaient invitées sur le trottoir pour exiger la libération de
Georges Abdallah, donnant rendez-vous dimanche à la place des fêtes,
et concluant par le triste : Palestine vaincra.
Un FRONT SYNDICAL DE
CLASSE, répertorié à Marseille, après avoir cité en exergue une
forte pensée du grand philosophe Henri Krasucki, nous rappelle que
« notre bataille présente » est « profondément
inscrite dans la lutte pour la démocratie ». Il fallait le
dire, au risque qu'on ne se rende pas compte de cette ânerie.
Les associations
charitables pullulent en général, il n'y en avait à ma connaissance
qu'une : réseau salariat, qui devrait faire copine avec Attac
et Plateforme 2016 : « L'emploi c'est pas une vie...
Généralisons les salaires à vie et les co-propriétés
d'usage ! ».
J'ai gardé pour la fin
le placard de la coordination intermittents et précaires (CIP-IDF).
Ce milieu marginal auquel tout est dû, plaide pour la fin du jour et
de la nuit en espérant que Nuit debout « s'avèrera un
mouvement révolutionnaire ». Il faut commencer par jouir sans
entraves : « Dans le grand bazar de la lutte, il y a
d'immenses ressources de plaisir : la mise en pratique d'une
véritable horizontalité des relations, une invention de nouvelles
formes de lutte, une émulation entre les acteurs ». En
espérant que ce n'est pas une pub pour boite échangiste, essayons
de suivre l'oracle :
« La lutte que nous
menons est asymétrique. Plutôt qu'une guerre, c'est une guérilla
avec des objectifs, des moyens, des forces sans cesse mouvants.
Peut-être projetons-nous ainsi dans une forme endémique de
contestation, qui aura la qualité de l'organisation que nous saurons
lui inventer, mais qui, à Paris ou ailleurs, est appelée à
essaimer et à s'étendre ». Derrière ce bla-bla inconsistant
il y a une inquiétude pour la pérennité des revenus des
saltimbanques si obligés de la gauche au pouvoir, et la tranquillité
de leur intermittence dans l'emploi. Un énième discours qui veut
éterniser la somme des luttes catégorielles sans remettre en cause
l'Etat bourgeois (Etat papa ou tonton) comme les melting-potes
d'Attac et de Plateforme 2016. Ce qui est sûr, comme tous ces
extraits le montrent, ainsi que les échos de la manif et,
persistants, de l'affaire Nuit debout : il y a pléthore de
réformateurs et autres programmateurs de projets de société
« accommodée » aux rêveries romantiques incrédibles
anarchistes (l'autogestion), une garantie de revenu sans rien foutre
(le rêve de tout bobo), et de travailler éventuellement le moins
longtemps possible. A d'autres époques on a connu foison de
programmes rigolos, mais, pour notre part, nous sommes désolés, un
seul est sorti du lot : le Manifeste communiste de 1848.
MENSONGES DE LA PRESSE
BOURGEOISE
Version Le Point :
L'hôpital Necker vendalisé ! Mensonge, au carrefour Duroc les
policiers étaient placé dans la rue adjacente, ce qui fait que des
projectiles ont pu briser des vitrines de l'hôpital, mais le titre
permet de dramatiser :
« Les violences des
casseurs ternissent la mobilisation. Selon les organisateurs, un
million de personnes ont participé à ce rassemblement, ils étaient
près de 80 000, selon la préfecture de police. Mais, encore une
fois, de nombreuses violences ont émaillé le cortège. Selon un
bilan provisoire de la préfecture de police (PP) de Paris,
29 policiers et 11 manifestants ont été blessés dans la capitale.
Les heurts entre plusieurs centaines de personnes encagoulées et les
forces de police ont commencé rapidement après le début du cortège
parti de la place d'Italie. Sur l'ensemble du pays, 1,3 million de
personnes ont battu le pavé, selon les syndicats, « au moins 125
000 », selon les autorités. Selon un bilan provisoire de la
préfecture de police (PP) de Paris, 29 policiers et 11 manifestants
ont été blessés dans la capitale. Sur l'ensemble du pays, on
comptait 73 interpellations. Les syndicats contestataires, qui
refusaient de voir cette journée comme « un baroud d'honneur »,
ont salué le « succès » de la mobilisation. « Les jeunes dans la
galère, les vieux dans la misère, cette société-là, on n'en veut
pas », scandaient les manifestants à Lyon... ».
La dépêche AFP est simplement
recopiée par tous les torchons provinciaux :
Les agents en tenue anti-émeute ont fait usage du canon à eau, notamment sur une place située près de la station de métro Duroc. Quinze policiers ont été blessés à cette occasion. « On n'a jamais vu l'utilisation du canon à eau c'est fou », s'est étonné un retraité assistant à la scène. Dans le XVe arrondissement, l'hôpital pour enfants Necker a été vandalisé. « Quinze baies vitrées ont été cassées », a indiqué l'Ap-HP, qui va porter plainte.
Dans la soirée, un véhicule de la RATP et deux Autolib ont été incendiés par des casseurs.
Sur le plan politique, le leader cégétiste Philippe Martinez doit rencontrer vendredi la ministre du Travail Myriam El Khomri. Les syndicats ont d'ores et déjà programmé deux nouvelles journées de mobilisation, les 23 et 28 juin.
Le compte-rendu de libération est le plus près de la vérité et signale qu'il y a eu encore un blessé grave:
« Tout de noir vêtus, les manifestants les plus radicaux harcèlent les forces de l’ordre. Leurs projectiles ? Des bouteilles de bière et des pierres. En face, on réplique à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Le défilé est bloqué de longues minutes. Mais les manifestants, masque sur la bouche et lunettes de plongée sur les yeux, ne reculent pas. Loin de se désolidariser des «casseurs», comme les y avait invités le préfet de police de la capitale, ils font bloc. Une fanfare entame Bella Ciao dans une nuée de lacrymos, tandis que les équipes médicales prodiguent les premiers soins aux blessés, pour l’instant légers : yeux rougis, contusions… Les slogans sont classiques : «Anti, anti, anticapitaliste!», «Paris, debout, soulève toi !» D’autres sont revisités : «La police déteste tout le monde», au lieu de «Tout le monde déteste la police». Ou encore : «Si t’es fier d’être CRS tape ton collègue!»
http://www.liberation.fr/france/2016/06/14/paris-afflux-tendu_1459498
Mais c'est aussi hypocrite de la part du journal de Rotschild, il suffit de lire les commentaires indignés pour voir comment police et CGT ont laissé faire pour que ce soit un baroud d'honneur, sale :
j'aimerai connaitre tous les avantages( nature financier....) des dirigeants de la cgt
Quelle honte que de caillasser un hôpital !! Cégétistes, c'est le chant du cygne
pas honte de s'en prendre à un hôpital pour enfants ?????????
Bravo les camarades!
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