Un constat terriblement invalidant le
capitalisme décadent nous rend impuissant politiquement, comme Rosa Luxemburg l’avait
déjà constaté au faîte de la Première boucherie mondiale. Que dire, que réagir
devant le spectacle atroce des enfants syriens gazés au sarin ? Qui a fait
ça ? Personne ne lève le doigt. L’horreur sert pourtant les sinistres
camps rivaux, car chacun fait porter la responsabilité sur « les autres »,
« le camp d’en face ». Personne ne peut plus vraiment s’indigner,
contre qui ? contre quoi ?
Le prolétariat, ou du moins sa jeunesse
étudiante manifestait pour moins que çà dans les sixties, maintenant plus personne
ne manifeste tellement l’horreur apparaît indescriptible et presque normal dans
le spectacle subi. Le jeu de cons ses canailles impérialistes, petits et grands
du monde entier, semble dépasser l’entendement. Voici en tout cas un article
sur les parages qui explique bien, même venant d’un journaliste bourgeois que
le capitalisme ne peut plus qu’entretenir en permanence la guerre, et pas que
la guerre mais une guerre de barbarie où la population civile, les enfants et
les femmes doivent être exterminés. Plus loin qu’Hitler c’est possible avec la
bourgeoisie moderne démocratique et armée jusqu’aux dents.
Le Point.fr
- Publié le 21/08/2013 à 14:42 - Modifié le 22/08/2013 à 14:50
Le Qatar a versé 7 milliards de dollars aux Frères musulmans. En riposte,
l'Arabie saoudite en donne 12 à l'armée. Récit d'une lutte discrète mais sans
merci.
Par Armin Arefi
On comprend
désormais davantage pourquoi les États-Unis et l'Union européenne peinent à
sanctionner le nouveau gouvernement égyptien après la sanglante répression des
manifestants pro-Morsi qui a fait près d'un millier de morts en une semaine.
Leur plus grand allié au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite, pèse de tout son
poids pour protéger l'armée égyptienne, de retour aux affaires un an après
l'accession à la présidence du Frère musulman Mohamed Morsi.
"Les
positions de la communauté internationale [sur l'Égypte] ont pris une étrange
direction", s'est ainsi étonné lundi le chef de la diplomatie saoudienne,
le prince Saoud al-Fayçal, qui s'est même montré menaçant : "Nous n'allons
pas oublier ces positions hostiles aux nations arabes et islamiques si elles
sont maintenues", a-t-il ainsi prévenu. Tandis que l'Union européenne
discutait au même moment de la possibilité de suspendre l'aide financière de 5
milliards d'euros qu'elle a promise à l'Égypte en 2012, le ministre saoudien a
assuré que les pays arabes étaient prêts à compenser toute sanction
occidentale.
Riyad au secours de l'armée
Déjà, au
lendemain de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, le 3 juillet
dernier, les monarchies du Golfe avaient annoncé le versement au nouvel
exécutif égyptien de 12 milliards de dollars, dont 5 milliards pour l'Arabie
saoudite, 4 pour le Koweït et 3 pour les Émirats arabes unis. Un geste d'autant
plus vital pour Le Caire que, contrairement à l'aide occidentale versée par le
biais de livraisons de matériel militaire ou d'aide aux ONG, les pétrodollars
du Golfe vont directement alimenter les réserves vides de la banque centrale
égyptienne.
Vendredi, le
roi Abdallah a amplement justifié son soutien au Caire au nom de la "lutte
contre le terrorisme, l'extrémisme et la sédition", autrement dit les
Frères musulmans. Une prise de position rare pour un pays à la diplomatie habituellement
plus feutrée. Grands partenaires de l'Égypte sous l'ancien régime au nom de
l'axe sunnite pro-américain Riyad-Le Caire, les Saoudiens n'ont pas digéré le
renversement de leur "ami Moubarak" à la suite de la révolution du 25
janvier.
Washington ami des Frères
"La
chute du raïs a constitué un véritable traumatisme en Arabie saoudite, car les
États-Unis ont lâché Moubarak pour se rapprocher par la suite des Frères
musulmans", note le politologue et consultant Karim Sader (1), spécialiste
des monarchies du Golfe. Guidés par leur pragmatisme politique, les Américains
se sont rapidement accommodés du pouvoir frériste, d'autant plus que les
islamistes étaient ultra-libéraux au niveau économique et qu'ils garantissaient
la sécurité d'Israël. Un véritable camouflet pour Riyad qui cultive une
aversion historique pour la confrérie islamiste.
"Les
Frères musulmans constituant un mouvement islamiste jugé déstabilisateur par
son potentiel révolutionnaire, ils étaient capables à terme de contester la
logique dynastique dans les pays du Golfe", explique au Point.fr David
Rigoulet-Roze (2), chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique
(Ifas). Peuplée de 28 millions d'habitants, l'Arabie saoudite, une monarchie
islamiste absolue fondée officiellement en 1932 et dirigée depuis par la
dynastie Saoud, n'a pas été épargnée par les soubresauts du Printemps arabe.
Crainte de contagion
L'est du
pays, riche en pétrole, a été le théâtre en 2011 de manifestations des chiites,
population minoritaire dans le pays (10 %), exigeant la fin des discriminations
à leur encontre. Mais elles ont été étouffées par une vaste répression
policière qui a fait neuf morts. L'arrestation, en juillet 2012, d'un
dignitaire chiite prônant la scission des région chiites pétrolifères de Qatif
et d'Al-Hassa a toutefois relancé la contestation. Quant aux 90 % de sunnites
qui peuplent le royaume, ils sont majoritairement jeunes, politisés et ne
bénéficient que trop peu du reversement de la manne pétrolière. "Tous les
ingrédients d'un Printemps sont réunis en Arabie saoudite", souligne le
politologue Karim Sader.
Voilà
pourquoi l'intervention de l'armée égyptienne, sous couvert d'une révolution
populaire, a été accueillie à bras ouverts par Riyad. Premier pays à féliciter
le nouveau président égyptien de transition, Adly Mansour, l'Arabie saoudite a
rapidement usé du même vocabulaire belliqueux que l'armée à l'encontre des
manifestants islamistes. Le prince Saoud al-Fayçal les accuse notamment
d'"avoir incendié des bâtiments publics, amassé des armes et utilisé des
femmes et des enfants comme boucliers humains dans une tentative de gagner les
faveurs de l'opinion publique". Il est vrai que le nouvel homme fort du
pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, est un ancien attaché militaire égyptien
en Arabie saoudite.
Embarras du Qatar
L'élimination
politique des Frères musulmans a été saluée par l'ensemble des pétromonarchies
du Golfe, à l'exception notable du Qatar, qui a accueilli les événements avec
circonspection. C'est que l'émirat n'a pas ménagé ses efforts pour soutenir les
islamistes "modérés" arrivés au pouvoir au lendemain du Printemps
arabe. "Outre la connivence idéologique entre cette formation et une
partie l'appareil d'État du Qatar, les Frères musulmans présentaient l'avantage
d'avoir la légitimité des urnes", explique Nabil Ennasri (3), doctorant
spécialiste du Qatar à l'université d'Aix-en-Provence. "Doha avait compris
que ce mouvement devenait l'épicentre de la vie politique de beaucoup de pays
arabes et qu'il valait donc mieux jeter les bases d'une coordination
mutuellement profitable."
Très vite,
Doha a gratifié les Frères d'une aide de 7 milliards de dollars. Car,
contrairement au royaume wahhabite, le conservateur émirat gazier, avec ses 220
000 nationaux totalement dépolitisés, ne risquait pas d'être à son tour
contaminé par la vague révolutionnaire frériste. S'il n'est pas allé jusqu'à
dénoncer un "coup d'État" à la destitution de Morsi, Doha a en
revanche condamné l'"usage excessif de la force" contre les partisans
islamistes aux abords de la mosquée Rabaa al-Adaweya, qui a fait il y a une
semaine au moins 578 morts et plus de 3 500 blessés.
Erdogan seul au monde
"Le
Qatar se retrouve dans une position délicate, car il ne peut abandonner les
Frères, sur lesquels il a engagé de l'argent, mais il n'a pas les moyens de
s'opposer à l'Arabie saoudite", souligne le politologue Karim Sader.
"L'émirat rompt ainsi avec sa diplomatie agressive et retrouve sa position
passée de médiateur, sous l'impulsion du nouvel émir Tamim ben Hamad
al-Thani". Avec la chute du pouvoir islamiste, l'Arabie saoudite tient en
tout cas sa revanche sur son rival qatari. "En brisant la transition des
Frères, les pétromonarchies ont converti la dynamique révolutionnaire du
Printemps arabe sous forme de logique contre-révolutionnaire", estime le
chercheur David Rigoulet-Roze. Le seul pays sunnite à avoir osé tenir tête à
Riyad n'est pas arabe, c'est la Turquie.
Depuis
l'éviction de la confrérie islamiste dont est issu son parti, Recep Tayyip
Erdogan n'a de cesse de fustiger l'inaction internationale face au
"massacre" en Égypte, quitte à provoquer une crise de leadership au
sein du monde sunnite. Dimanche, le président turc est allé jusqu'à affirmer
qu'il n'y avait "aucune différence" entre le chef de l'armée Abdel
Fattah al-Sissi et Bachar el-Assad.
(1) Karim
Sader, contributeur du dernier numéro de la revue Confluences Méditerranée
intitulé Qatar : jusqu'où ? (éditions l'Harmattan).
(2) David
Rigoulet-Roze, auteur de Géopolitique de l'Arabie saoudite (éditions
Armand Colin) et de L'Iran pluriel (éditions L'Harmattan).
(3) Nabil
Ennasri, auteur de L'énigme du Qatar (éditions Iris).
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