Cela faisait longtemps qu’on l’attendait
la mise en examen de Sarkozy; j'allais dire la mise à nu. Elle était dans l’air depuis sa claque
électorale. On en venait même à douter du nouveau pouvoir qu’il tienne ses
engagements… à régler ses comptes avec le blaireau arrogant. Ce n’était qu’une
question de calendrier. Le pouvoir rend intelligent. Plus étonnant est la quasi
inconscience de l’impétrant qui s’était mis soudain à caracoler et à se moquer
à nouveau de tous comme un vrai PN. N’avait-il pas envoyé sa chanteuse se
gausser de « pingouin Hollande » ? N’était-il pas en partance
pour les ors de la Libye reconnaissante, bien que privé de son acolyte BHL,
trop « juif » pour les « libérateurs » de feu le copain de
Chavez ? Les sondages quotidiens du Figaro Monsieur n’alignaient-ils pas
des chiffres au-dessus de la moyenne attestant l’engouement des masses de
lecteurs de Neuilly-Passy pour le futur « redresseur »
de la France des riches injustement taxés au point que le plus alcoolique d’entre
eux soit obligé de s’expatrier chez un vulgaire dictateur à tête de morue
congelée ? En l’espace de quelques jours nous étions replongés dans l’engouement
du même type prêté aux « électeurs », ces pauvres sondés, orchestré
par certains groupes de pression (dont on taira le nom ici, Joffrin ayant assuré
que le Nouvel Obs avait refusé le chantage du futur violeur) pour un certain
DSK, déjà élu par les « maitres du monde », comme l’avait confié sa
poufiasse Sinclair à une journaliste putasse.
La mise en examen est moins cher
payée qu’une tentative de viol, mais l’utilisation de cette mesure judiciaire
contre Sarkozy n’en est pas moins fatale au politicien qui se voyait déjà sur
le nuage de « la reconquête ». Humiliante la posture de Lazare
Sarkozy croyant ressortir du tombeau de ses frasques contre les chômeurs,
enfermé une dizaine d’heures dans la sinistre cave du tribunal de Bordeaux,
questionné plus de dix heures comme un vulgaire gardé à vue, puis relâché,
gueule enfarinée sous les flashs des voyeurs journaleux. Et son ancienne
affidée aux finances, la mère Lagarde, grande prêtresse du FMI, perquisitionnée
à domicile comme un vulgaire « jeune » dealer !
La dégaine de la justice (qui
nous la joue raide même avec les puissants) constitue pourtant elle aussi un
viol des masses. Il n’y a pas de justice et trop de monde dans les prisons qui
y prennent la place d’autres, moins nombreux, politiciens, syndicalistes, juges
et avocats. La justice de classe et ses magistrats infantiles dans leur cocon n’a
jamais été et ne sera jamais indépendante. Une fraction bourgeoise succède à
une autre et y place ses hommes de main. Hier, ou plutôt la semaine dernière,
la justice avait jugé bon de casser un jugement interdisant le port du voile
musulmaniaque dans les crèches, en effet la coutume arriérée s’installant peu à
peu en particulier dans le 9-3 et le 9-4 où de plus en plus de pétasses
anarcho-musulmanes défilent en costume de chauve-souris sans que les flics
subalternes n’osent plus intervenir, il n’y avait pas d’autre solution que de
légiférer un clin d’œil « intégrationniste » en faveur de l’indispensable
immigration musulmane. On condamna
lourdement un chômeur qui avait arraché un voile à une chauve-souris ambulante,
en taisant de multiples « réactions » du même type, ou insultes aux
voilées volontaires. Premier temps de la stratégie, et pour diviser le
prolétariat.
La justice de classe obéit à un
calendrier gouvernemental. Le gouvernement Hollande ne possédait pas qu’un
spécialiste chevronné avec Cahuzac, mais toujours une ribambelle d’énarques et
de flics futés qui traitent chaque chose en son temps. Le père l’austérité
Cahuzac, qui plaçait son pognon en Suisse, faisait tout de même tâche, même si
le commissaire politique de Médiapart veut sauver la mafia démocratique en
faisant croire qu’il était le seul à oser s’enrichir avec des « biens
publics » ; même si Libération a tenté de faire cracher aux députés
la véritable utilisation des sommes faramineuses qui leur sont allouées par le
Parle-ment de la pute publique.
Deuxième temps, face à la crise,
le nouveau gouvernement de gauche caviar a décidé de ne plus se montrer en train
de boire du Vouvray-Chambertin mais du Jean-Pierre Chenet pour faire cause
commune avec le peuple des licenciés. Les fractions de droite avaient beau
aboyer, on leur jeta du Montebourg et du Mélenchon en pleine poire. Ce n’est
tout de même pas la faute à Hollande s’il ne bénéficie pas de la meilleure
conjoncture de l’époque du gouvernement Jospin, lequel avait pu se permettre le
luxe des trente cinq heures ! La cata économique, malgré son jogging
quotidien dans nos oreilles, Sarkozy le petit l’avait bien préparée ; et
heureusement comme l’ont analysé les bordiguistes que ce truand de petite
envergure n’a pas été réélu, sinon l’explosion sociale anti-syndiquée eût
répandu la terreur de la violence des
classes opprimées. Une explosion sociale certainement mieux organisée que celle
qui se répand avec un gouvernement «édredon ». La violence, détournée de l’Etat
(qui n’est pas responsable des marchés…) s’individualise : un ouvrier
licencié va s’en prendre à son patron parce que ses autres collègues sont
lâches, un retraité qui n’a pas les moyens de se faire soigner les dents va
tuer le dentiste, les voyous (nommés jeunes par la presse conditionnée) s’entretuent
à la mitraillette comme chez James Bond, régulièrement des lycéens se
poignardent à mort entre eux, etc. Toutes les « autorités »
méprisantes se font casser la gueule : le toubib comme le pompier-flic, et
même les psychanalystes ont peur désormais.
Braves masses d’électeurs qui
votent, qui croient décider, qui vous insultent si vous refusez de les suivre
dans leur aliénation démocratique, quand tout passe… par le pognon. Braves
électeurs, minets du métro parisien qui ont besoin de la police pour se
défendre quand une bande de racailles les attaque dans le métro, qui regardent
en baissant la tête une jeune fille se faire tripoter ou agresser sans rien
faire de peur de salir leurs fringues ou d’y perdre une dent.
Car enfin, qu’est-ce qu’il y a de
scandaleux d’avoir piqué une partie de l’argent de la vieille bourgeoise la
plus riche du monde ? En général les partis bourgeois sont généreusement
financés par un tas de bourgeois friqués, et l’abus de faiblesse est bien plus
souvent leurs exigences – en tant que grands patrons – auprès de leurs larbins
élus et ministrés, d’avaliser leurs magouilles et licenciements dits « boursiers ».
Mieux le but de ce cinéma est de faire croire que tout politicien ne serait
plus intouchable, à défaut de pain et de travail – en un temps où même les
cancéreux doivent crever plus vite faute de pouvoir se soigner – vous aurez de
la justice et du spectacle pipole !
Troisième temps « magistral »,
la bourgeoisie règle ses comptes entre ses factions concurrentes. Le massacre
judiciaire est aussi nécessaire à la stabilité gouvernementale qu’un cordon de
CRS pour mater des grévistes voulant échapper à l’enfermement syndical. On se
souvient de la « gauche plus rien » au début des tristes années
Sarkozy. Peu de différence avec la « droite plus rien ». Sauf que,
héritage béni du mitterrandisme avec la marionnette Le Pen, la gauche au
pouvoir dispose d’un boulevard face aux rivalités intrinsèques de la droite
bourgeoise avec ses petits personnages mesquins et répugnants, les Copé, Dati
et tutti bandit. La résistible chute du revival Sarkozy est menée sans
hésitation avec l’aval silencieux de la fraction gaulliste les Fillon, et même le
Copé buté. Le massacre de Sarkozy est enfin très utile à la droite bourgeoise.
Elle sait très bien qu’en cas de faillite sociale complète de la gauche
bourgeoise et d’élections anticipées (cf. l’Italie), elle serait tout aussi
incapable de « relancer la croissance » ou de mettre fin aux « odieuses
garanties sociales ». Cramer Sarkozy l’intempestif, qui naturellement
traîne de lourdes casseroles, sert à doucher l’impatience des excités embrumés,
impulsifs incapables de réfléchir à l’inévitable « long terme » de l’alternance
qui fait si bien oublier aux masses lobotomisées les frasques de la fraction
bourgeoise précédente lorsqu’elle revient défaire ce que la fraction opposée
venait de faire.
Abus de faiblesse du prolétariat donc, privé de parole et d’espoir[1], qui
en est réduit à montrer les seins de ses femmes, comme la ravissante et courageuse lycéenne
tunisienne Amina qui me sert aujourd’hui de vignette, contre l’obscurantisme
idéologique de la bourgeoisie mondiale.
[1]
Est-ce un hasard si la chaîne boche Arteux et Le Monde s’attaquent au même
moment de concert au « mythe Lénine » ? Le Monde ressort la
thèse du prude Lénine soigné pour syphilis, une hypothèse que j’avais déjà
évoquée dans un de mes livres, et qui avait heurtée Camoin. Or, qu’il ait été
victime d’un mauvais héritage génétique ou ait réellement chopé la maladie dans
un boxon au temps de sa jeunesse, ce n’était
pas une honte puisque la maladie se répandait, en particulier aux armées, plus
vite que le sida de nos jours. Et, de toute façon, Lénine manifestait des
symptômes comparables à ceux causés par la syphilis ; et plus encore il
fût soigné en effet avec des médicaments destinés aux syphilitiques. Sur le
fond, cela ne diminue en rien Lénine et son génie politique prolétarien, mais l’insistance
lourdingue sur sa maladie vise à
pipoliser, c'est-à-dire à ridiculiser en attaquant l’homme et en même temps le
courant maximaliste révolutionnaire dont il reste le plus haut représentant
pour le XXe siècle.(cf. Le mystère de la mort de Lénine enfin résolu?).
"Lénine et son génie politique prolétarien..."(cf note 1).Quel brillant génie politique en effet, mais, les faits l'attestent, aucunement prolétarien. Car l'oeuvre de Lénine c'est l'annihilation précisément du courant maximaliste révolutionnaire dans le parti bolchévik, l'étatisme liquidant le soviétisme, le capitalisme d'Etat comme modèle et réalisation...Il n'y a rien chez ce "génie" de prolétarien car il appartient tout entier à la social-démocratie, en est "le plus haut représentant pour le XXe siècle"(pour reprendre ta formulation dithyrambique).Loin de rompre avec elle, le léninisme l'a renouvelée radicalement. Parée de ces habits neufs, elle a absorbé les authentiques révolutionnaires prolétariens et les a enregimentés pour un combat contre leur propre classe ! Là est tout le génie politique de Lénine indubitablement anti-prolétarien. Un "génie" qui ne le fut que par l'incapacité du mouvement ouvrier de son époque de se détacher effectivement de la social-démocratie. Lénine et son oeuvre sont les fruits de cet échec, pas notre héritage. PS: Bien qu'atteint de la léninite invalidante, tu sembles posséder encore de solides anti-corps prolétariens, à ce que tu écris par ailleurs. Une étude attentive de "l'anti-kapédisme du PCI" de Lucien Laugier (texte disponible sur ce site et dont tu fais, à juste titre, l'éloge) me parait toute indiquée dans ton cas, et non simplement une lecture enthousiaste. Avec tous mes voeux de rétablissement prolétarien et l'espoir de te voir remiser le fameux "génie" dans sa bouteille. Le prolétariat, dans son grand ménage, se chargera, lui, de nous en débarasser.
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