LE PEN une
histoire française
De Philippe
Cohen et Pierre Péan
Diabolisé le
roitelet des concierges? Martyrisé le borgne haï? Exagérée la
dédiabolisation? L’avis ordinaire sur un Le Pen présumé « fasciste »
est certes réduit à néant par ce livre pressé de journalistes superficiels et
peu regardants sur les fautes d’orthographes des noms propres des personnages
évoqués. Le livre qui s’affiche contre toute hystérie concernant le personnage
Le Pen ne fait qu’égrener un parcours politique parsemé de scandales, et pose
plus de questions qu’il n’apporte de lumières. Il aurait scandalisé un
quarteron d’intellectuels de gauche et leurs amis gauchistes selon mes
ponctions rétroactives sur le web. Sur le fond il n’y a pas de quoi fouetter un
anarchiste ringard. Une première partie ferait presque passer ce politicien poujadiste
un peu particulier pour un arriviste sympa, fort en gueule comme un épicier, bambocheur
comme pas deux, qui, après un épisode en Algérie qui reste trouble (mais n’était-il
pas qu’un des multiples soudards aux ordres de la « gauche colonialiste au
pouvoir » ?), prépare à la quarantaine une thèse sur l’histoire… de l’anarchie
(acte manqué ?), court le jupon comme un soixantehuitard et porte des
cheveux longs qui détonnent en milieu crâne rasé.
Lorsque vient l’ascension
médiatique au tout début des années 1980, le poujadiste qui a troqué son
bandeau de pirate borgne pour des lunettes de cadre et un œil en verre, peut
remercier Mitterrand et les quarante groupes gauchistes pour lui avoir savonné
son tremplin bien avant la crise de 2002 et la hausse des faits divers
impliquant de « jeunes hommes » jamais nommés « forcenés » quels
que soient leurs crimes (le terme étant réservé à ceux qui tirent au fusil sur
leur patron ou sur les flics). L’instrumentalisation de Le Pen comme Satan
moderne télévisuable s’est faite en deux temps, à un double titre ; d’abord
dès 1981 il fallait remettre en selle la vieille droite des « fafs »
pour affaiblir électoralement une droite surprise de sa défaite, ensuite
coincer à la marge antisémite et justiciable un personnage présenté comme
violent, versatile, un peu crétin sur les bords, destructeur pour son entourage
– en gros et en large, comme n’osent point le caractériser les auteurs :
un pervers narcissique, pas un simple caractériel - sans déroger au découpage
institutionnel et aux prérogatives du gâteau électoral de la « bande des
quatre » (RPR-UDF-PS-PCF) ; marginalité consacrée qui fît le bonheur
de l’impétrant autant que jalon pour succès futur. Sur ce dernier plan, les
auteurs démontrent parfaitement l’habileté de Mitterrand et de la bourgeoisie
derrière-lui, qui saisit très vite le rôle de sparring-partner de Le Pen.
Mitterrand a très vite compris que Le Pen, comme tout PN, est un faible,
sensible aux honneurs et qui adore les tête-à-tête clandestins avec les
puissants, Chirac comme Pasqua ou Tapie, Saddam ou tel waffen-SS… En 1984, Tonton
l’explique à Max Gallo : « Nous allons envoyer une grenade qui
éclatera bientôt entre les jambes de la droite. Le Pen n’est pas dangereux. C’est
un notable. Il cherche la notabilisation ». Sur ce point, on comprend l’irritation
de l’intelligentsia des commissaires politiques de Médiapart et de ce qu’il
reste du NPA et du PCF lorsqu’il appert que le loup public n’était qu’un
vulgaire agneau des antichambres gouvernementales.
L’antifascisme
hystérique de la gauche caviar et de ses activistes anarchistes sert à
brouiller et à atténuer le mauvais effet d’une gauche qui gouverne résolument
bourgeoise. Les auteurs ne sont pas les premiers à l’avoir découvert, le milieu
maximaliste révolutionnaire prolétarien l’avait souligné en temps et en heure ;
et c’est pourquoi l’oligarchie a monté le « scandale de la négation des
chambres à gaz », en se servant de l’aile anarcho-marxiste petite
bourgeoise emmenée par les Guillaume et Barrot ; leur but : faire
payer à ce qui était nommé frauduleusement ultra-gauche la négation de la représentation
ouvrière aux caciques SD et staliniens, par les millions de prolétaires de
1968.
Les auteurs
estiment à plusieurs reprises que Le Pen n’est pas antisémite. Autant que le
qualificatif de facho, celui d’antisémite est à la fois simpliste et vague, et
pas forcément de la bêtise. Les piques concernant quatre journalistes au
commande de la majeure partie de la presse nationale en 1985 Jean Daniel, Ivan
Levaï, Elkabach et JF Kahn (qui nie à l’époque être d’origine juive qui mais
reconnait 20 ans après « avoir repris son identité » quand a triomphé
la mode du communautarisme arrogant), font écho à ce que pense le « petit
peuple » interdit d’expression, pourquoi y a-t-il tant de juifs
pro-américains et pro-israéliens dans les médias (une pré-théorie des
quotas ?)? Le Pen ne « lepénise pas les esprits », par-dessus
les hauts le cœur des bien-pensants qui gouvernent et leurs supplétifs gauchistes,
et malgré les procès (qu’il gagne souvent) sait faire écho aux opinions les
plus communes qui persistent en dépit des procès intentés et de la chasse aux
sorcières dans le milieu hétéroclite et compromis de l’intelligentsia. Mais ses
blagues finissent par être lourdingues.
Mais il ne
faut jamais oublier que ce pitre est un truand parvenu, sans principes,
terroriste et sans foi ni loi, qui n’admire que la haute bourgeoisie et la
richesse. C’est par chance ou accident, sous la pression de lieutenants plus
avisés politiquement que lui, qu’il trouve l’échappatoire électorale à la fin
des années 1970 ; il s’obstinait à faire présenter ses candidats dans les
quartiers bourgeois (milieu naturel aux prébendes patronales), lorsqu’on lui a
soufflé qu’il ferait mieux d’aller du côté des pauvres. Les « pauvres »
se désintéressant des élections longtemps encore après 1968, face aux mêmes bourgeois
socialos et capitalos qu’au temps passé du gaullisme triomphant, un
individualiste marginal, outrancier, doté d’un équipement politique sommaire (l’anti-immigration)
n’aurait-il pas plus d’étoffe face aux délirants gauchistes, pour ne pas parler
de plus large tissu électoral ? Heureusement pour l’avenir électoral en
impasse du FN, d’autres thèmes sont venus enrichir une panoplie politique
limitée : le chômage, l’insécurité, l’anti-homosexualité, etc., sans
oublier la montée de l’islamisme levain bienfaiteur apte à remplacer les
boulangers gauchistes qui ne peuvent plus être au four et au moulin.
Les vrais PN
ne réussissent jamais et cassent tôt ou tard leur jouet, c’est la nature de ce
genre de psychopathe (Il casse aussi ses propres filles, car il veut qu’elles n’aillent
pas plus loin que lui dans la marginalité qui est la marque de fabrique
familiale et politique, et puis, hélas, ce roitelet de concierges n’a pas eu de
fils !). Au seuil de sa résistible ascension, Le vampire Le Pen ne se rend
pas compte combien il se ridiculise en parlant comme d’un détail du massacre
des juifs. Possible que cela ait été un piège d’O.Mazerolle le larbin d’Etat en
service depuis un demi-siècle. Mais au bout du compte, la mayonnaise prenant –
au grand désespoir de la secte à Le Pen, le scandale de la négation des
chambres à gaz (jamais nettement affirmée par Le Pen mais mordicus hors micro par
tous ses cire-pompes) sert plus encore l’histoire truquée de la bourgeoisie :
le vrai trucage – la guerre mondiale non comme boucherie inter-impérialiste
mais comme croisade démocratique pour libérer les juifs – va pouvoir se
répandre. Le fait que Le Pen ne se défende pas ne peut étonner que ces
journalistes superficiels et les partisans les plus ignares de la secte. Le Pen
reste toujours un nationaliste. Si sa secte fonctionne comme n’importe quel
parti stalinien, il n’a rien à critiquer dans les guerres capitalistes et
surtout pas à leur reprocher d’être impérialistes. Il est plus malin, et sait
qu’il touche son public par-dessus les indignations de la gent bien-pensante,
il répond à plusieurs reprises qu’il n’y a pas eu que les juifs de massacrés.
Ce qui est vrai mais en les réduisant au « détail », il évite la
réflexion sur la nature impérialiste de la guerre, sur le fait que la
bourgeoisie a remplacé le prolétariat par les juifs, et il laisse la porte
ouverte à l’idée fasciste que c’est quelque part, en exagérant leur martyre,
les juifs qui sont responsables du massacre généralisé. Les auteurs dans cette
partie ne sont pas très courageux dans l’analyse mais cherchent quand même à
décrire un Le Pen déboussolé, ce qui n’est pas le cas comme je viens de le
démontrer. Sur le plan idéologique, Le Pen, reste complètement sur le terrain
de sa classe d’appartenance même si les petits toutous anarchistes de la gauche
lui aboient dessus et exultent qu’il soit trainé en justice. Le PN est un
artiste dans l’art de la provocation. Si les médias semblent l’oublier, il sait
qu’il peut récidiver à tous les coups gagnant sur un aspect de 39-45 ; il
récidive donc en 2005 en minimisant la gravité de l’occupation allemande,
quitte à scier les pattes à sa fille. Vanité mal placée ou désir de passer pour
irremplaçable ?
L’ouvrage
dessert le mythe Le Pen pour ses adeptes les plus croutons et couillons sur
deux plans. Le récit de la bagarre interne contre le clan Mégret est épique. Le
despote se comporte comme un vulgaire chefaillon stalinien, exclut à tour de
bras, et roule dans la farine une bande d’idiots. C’est dans ses rapports avec
l’argent que Le Pen est vraiment mis à nu. Le despote confond sa caisse
personnelle avec celle de la secte. Il pille les vieilles connasses
milliardaires
La conclusion
est très bien. Les auteurs concluent à l’utilité de Le Pen comme « klaxon
social ». Ils soulignent l’intérêt de la « face cachée de la
diabolisation » : Le Pen tire un profit considérable de l’impossibilité
d’accéder à de réelles responsabilités politiques car celles-ci (comme dans le
cas de la mairie de Nice ou de Vitrolles, ou des venues au pouvoir d’islamistes)
déshabillent très vite tout bla-bla politique électoraliste bourgeois. Celui
qui a fait son fonds de commerce contre la « corruption des élites »
est pourtant plus corrompu que les corrompus. Il habite Montretout mais il ne
montre rien.
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