Le printemps arabe une manipulation ?
De Naoufel Brahimi El Mili (ed Max Milo)
Heureuse surprise fin 2012. Le livre qu’on attendait
depuis deux ans… qui nettoient la plupart des sornettes sur la spontanéité des
soi-disant « révolutions arabes » et explique comment la bourgeoisie
américaine a pris immédiatement en marche le train de la révolte dès 2010 puis
comment « … début 2011 la dramaturgie des Révolutions arabes (est) formidablement
orchestrée par la chaîne qatarie Al-Jazeera ».
Dans les coulisses d'Al-Jazeera, commencent la
fabrication d'une icône : Mohamed Bouazizi, et la création d'un mythe
labélisé "printemps arabe". L'Occident relaye cette dynamique
printanière. Le strory telling qatari fonctionne. Est diffusé à partir de Doha,
en continue, le soap-opera, "plus belle, la révolution". A titre d'exemple,
les héroïques
insurgés libyens sont filmés en continu sans préciser toutefois
qu'ils sont protégés par la puissance de feu de l'OTAN. Le registre émotionnel
- la colère, l'indignation et la révolte - remplace tout contenu informatif. Il
était une fois la télé-révolution. Al-Jazeera est l'instrument de tricotage
d'une histoire sur mesure, d'où sont expurgées toute ingérence étrangère et
toute visée économique. Le Qatar va être le bras armé de la remise en cause populaire
des dictatures vieillissantes. Disposant d'énormes fonds, ce petit État
entretient des relais au sein des mouvances islamistes modernistes supposées
"modérées"….
MORCEAUX CHOISIS
LA DRAMATURGIE EN TUNISIE
« Il est nécessaire pour les ‘spin doctors’
qataris de faire croire aux masses arabes que le régime Ben Ali s’est effondré
s’est effondré sous la pression des protestations populaires. L’intervention de
militaires tunisiens, avalisée par les Américcains, ne doit à aucun prix être
évoquée. Al-Jazeera prend un malin plaisir à pointer du doigt le soutien
complice des Saoudiens qui accueillent chez eux le président tunisien déchu. L’occasion
est trop belle pour Doha de ramener son voisin wahhabite au même plan que
Kadhafi, grand supporter jusqu’au bout de Ben Ali. Une certitude, le divorce
entre le commandement militaire tunisien et le Palais de Carthage a joué un rôle
clé dans l’effondrement du régime ».
L’ECOLE DE LA REPRESSION
(La répression plutôt que la fuite) : « Diplomate
en Pologne de 1980 à 1984, Ben Ali en a conservé une profonde admiration pour
le général Jaruzelski. Dans les analyses fort pertinentes qu’il livre dans son
livre ‘L’an I des révolutions arabes’, Bernard Guetta confirme la vénération de
Ben Ali pour le dernier général polonais : « Je me suis souvenu du
couscous qu’il m’avait offert, en 1982, lorsqu’il était ambassadeur à Varsovie
où j’étais correspondant du Monde. Le général Jaruzelski venait de proclamer « l’état
de guerre ». Tous les cadres et dirigeants de Solidarité étaient en
détention. Le téléphone était coupé. L’armée quadrillait les villes. La nuit
était tombée sur la Pologne et, lorsque je lui avais expliqué que la violence
ne parviendrait pas à normaliser ce pays, car le rejet du communisme était trop
massif, il avait ri : « Voyons, m’avait-il dit, les Polonais n’ont
pas d’armes. Ils devront se soumettre. Soyez réaliste : ils sont battus ».
A titre anecdotique, Ben Ali, de Varsovie, fait un rapport à son ministère de
tutelle sur Solidarnosc et Lech Walesa, en les décrivant comme des phénomènes
éphémères et passagers ».
AL TAHRIR STORY
« Les journalistes vedettes d’Al-Jazeera se
transforment en autant de Shahrazade ! Ce personnage central des contes
des mille et une nuits, fille d’un grand vizir, raconte au Sultan une histoire
dont la suite est reportée au lendemain. Il en est de même pour la chaîne
qatarie qui tient en haleine ses cinquante millions de téléspectateurs par un
feuilleton qui donne ses mythes fondateurs à la révolution (…) Invariablement
Al-Jazeera construit le grand récit du soulèvement version populaire (…) Les
Frères musulmans deviennent le moteur de la place Al-Tahrir. (…) A la tombée de
la nuit, sur un des ponts menant à Al-Tahrir, des camions déchargent des
milliers de morceaux de marbre brisé. Les hommes de main du régime déclenchent
un caillassage massif, provoquant dix-huit morts. (…) De cette journée
particulière apparaissent deux héros : l’imam (Al Qaradawi) et Al-Jazeera ».
BENGHAZI MON AMOUR
« L’imam sunnite tire le premier en promulguant
sur Al-Jazeera une fatwa au ton sentencieux et déclamatoire : il faut tuer
Kadhafi ».
LE LOGICIEL OTTOMAN
En réalité c’est plus tôt que je ne croyais que la
manip est partie des USA (je ne la faisais partir que du fameux discours d’Obama) :
« Dès le 4 février 2004, la déclaration de Deorges W. Bush devant le
Congrès marque le virage de la diplomatie américaine à l’égard du monde arabe ».
« Ankara doit, à la fois peser sur le printemps
arabe, prévenir ses explosions et veiller à ce que ses propres minorités ne
tirent pas profit de cette vague de révoltes pour revendiquer, à leur tour,
leurs spécificités ethniques et religieuses. C’est l’Orient compliqué ».
APRES LA GUERRE LES AFFAIRES
« D’énormes enjeux commerciaux attendent une
Libye débarrassée de Kadhafi, ce dictateur ingrat qui signe des accords
colossaux avec la France, mais vite oubliés. (…) La ville de Tripoli libérée,
une course aux airs de chasse au trésor, commence entre la Turquie et la France… »
LE GAZ face cachée du printemps arabe
DU PETROLE DES FUSILS ET DES URNES
TOUS UNIS CONTRE BACHAR AL-ASSAD
Appétits financiers de l’armée...
UN ACCORD SECRET AVEC LES FRANGINS
« Les Frères musulmans ont su admirablement
récupérer les martyres de la place
Al-Tahrir. Alors que, dès que sur cette
place, la contestation avait pris de l’ampleur, les dirigeants des Frères ont
négocié un accord secret avec les proches de Hosni Moubarak pour tout faire
afin que ce soulèvement échoue, en échange de la libération des responsables
islamiques détenus dans les prisons du Raïs ».
RYAD AU CŒUR DU PRINTEMPS SYRIEN
« … bien que tardive, l’implication de Ryad dans
le dossier syrien est totale. Les Saoudiens oeuvrent moins à la démocratisation
du pouvoir à Damas qu’à l’éradication du régime alaouite, allié de l’Iran et du
Hezbollah libanais ».
CITATION ECLAIRANTE DE BOUTEFLIKA
Il faut rappeler le commentaire de Bouteflika, alors
élu président pour la première fois en 1999, sur les événements d’octobre 1988 :
« en 1988, on a donné la démocratie aux gens alors qu’ils avaient
manifesté pour le lait et la semoule », il ajoute : « On a
traité les problèmes économiques et sociaux par la thérapie miraculeuse et
salvatrice des abstractions, pompeusement appelées « pluralisme », c'est-à-dire
effritement de la société, et « démocratie », c'est-à-dire tapage et
bavardage ».
LES ISLAMISTES C’EST COMME LES RHUMATISMES
« Les élites tunisiennes sont prêtes à faire
place à un courant islamiste, s’il est cautionné par les Etats-Unis et le Qatar.
Béji Caid Essebsi confie parfois avec humour : « Les islamistes, c’est
comme les rhumatismes en vieillissant, il faut apprendre à vivre avec ».
« Les islamistes prennent le pouvoir sans
triomphalisme. Tranquilliser une population éduquée par le système Ben Ali à
considérer les barbus comme le mal absolu, telle est la priorité d’Ennhada ».
« Le monde arabe ne vit pas une « movida »
comme en Espagne… à la mort de Franco le 20 novembre 1975… ».
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POUR APPROFONDIR...
Les services secrets américains ont
longtemps soutenu la confrérie, née en 1928 en Égypte.
Le fonds E 4320, conservé aux archives fédérales à
Berne, concerne Saïd Ramadan, le gendre d'Hassan el-Banna, fondateur des Frères
musulmans égyptiens. Poursuivi par le régime nassérien, réfugié en Suisse en 1959,
Saïd Ramadan a créé le Centre islamique de Genève, le premier institut de ce
genre en Europe.
Il est par ailleurs l'un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale inspirée
par les Saoudiens.
Une
note confidentielle des services secrets suisses datant du 17 août 1966
évoque la "sympathie" de la BUPO, la police fédérale sur la
protection de l'État, pour Saïd Ramadan. Elle ajoute : "Il est
très certainement en excellents termes avec les Anglais et les
Américains."
Un autre document, daté du 5 juillet
1967, se montre encore plus précis. Saïd Ramadan est présenté comme un
"agent d'information des Anglais et des Américains. De plus, je crois savoir qu'il a rendu des services - sur le plan
d'informations - à la BUPO." Toujours est-il qu'une
réunion, présidée par le chef du service du Ministère public fédéral, du 3
juillet 1967, décide d'accorder un permis de séjour à Saïd Ramadan, alors
que ce dernier aurait dû être expulsé le 31 janvier 1967. Les raisons de cette
tolérance ? La possibilité "que les amis de Saïd Ramadan prennent
le pouvoir dans les mois à venir dans l'un ou l'autre État aujourd'hui qualifié
de progressiste ou socialiste".
Saïd Ramadan et le président
américain
Ces documents déclassés vont dans le
même sens que l'ouvrage publié en septembre dernier par le journaliste
américain Ian Johnson, lauréat du prix Pulitzer, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères
musulmans en Occident (*), on découvre que les Allemands, pendant la
Seconde Guerre mondiale, ont utilisé les Tchétchènes, les Kazakhs, les Ouzbeks,
les musulmans vivant en URSS contre les communistes athées. Les Américains ont
ensuite pris le relais, soutenant les islamistes contre le bloc communiste et
ses satellites. En juillet 1953, une délégation de musulmans est invitée aux
États-Unis, et reçue à la Maison-Blanche, parmi eux Saïd Ramadan.
Le 28 octobre dernier, dans un article intitulé
"Le rôle mobilisateur de Saïd Ramadan", le site francophone Oumma.com
montre la photo du président Dwight Eisenhower entouré des membres de la
délégation. Saïd Ramadan est à sa droite. Le président américain estime que,
dans ses relations avec les dirigeants arabes, "notre foi en Dieu devrait
nous donner un objectif commun : la lutte contre le communisme et son
athéisme", relève Ian Johnson. Quelques années plus tard, Saïd Ramadan,
réfugié en Europe, traite avec Bob Dreher, un agent de la CIA installé à
Munich.
Une thèse sur la charia
Saïd Ramadan vient d'obtenir en 1959 un doctorat en
droit de l'université de Cologne pour sa thèse La charia, le droit islamique,
son envergure et son équité. Il brûle d'envie d'étendre son influence à
l'Europe entière. "Installé à Genève, il considérait Munich, à une journée
de route de son domicile, comme l'endroit idéal où établir une sorte de base
avancée", lit-on dans Une mosquée à Munich. La CIA finançait-elle
directement Saïd Ramadan et les Frères musulmans en Europe ?
Ian Johnson reste prudent, dans la mesure où une
partie des archives de l'agence de renseignements ne peut être consultée.
"Tout indique que Dreher et l'Amcomlib eurent recours aux moyens
financiers et politiques à leur disposition pour donner un coup de pouce au
principal représentant des Frères musulmans en Europe", écrit-il.
L'Amcomlib, ou American Committee for Liberation from Bolshevism, était un faux
nez des services américains.
Il roulait en Cadillac
René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman
au service diplomatique de l'AFP, penche davantage pour une sous-traitance par la Jordanie et l'Arabie
saoudite. Pour preuve, Saïd Ramadan, de nationalité égyptienne, voyageait à
cette époque avec un passeport diplomatique jordanien. Apparemment, le gendre
d'Hassan el-Banna ne manquait pas de subsides, Une mosquée à Munich
raconte ainsi qu'il roulait en Cadillac...
Décédé en 1995 à Genève, Saïd Ramadan est notamment le
père de l'islamologue Tariq Ramadan, et de Hani Ramadan, qui lui a succédé à la
tête du Centre islamique de Genève. Interrogé sur les liens éventuels de son
père avec les services secrets américains et européens, ce dernier n'a pas
souhaité nous répondre.
(*) Ian Johnson, Une mosquée à Munich. Les nazis,
la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident, JC Lattès
Ian Hamel
Lu sur le Point.fr
2/10/2012, 13:39 Par Giuliettalasubversive
«L’impérialisme et le colonialisme
ont fourni armes et argent aux Frères Musulmans. Lors d’un de mes entretiens
avec le dirigeant de la confrérie, l’homme à barbe m’a déclaré que le
socialisme est contre la religion. …
Réponse de Nasser: Mais la religion prescrit elle que le pouvoir soit détenu exclusivement par une seule famille , que cette famille dispose de toutes les ressources du pays et de réduire l’ensemble de la population au statut d’esclaves?
Réponse de Nasser: Mais la religion prescrit elle que le pouvoir soit détenu exclusivement par une seule famille , que cette famille dispose de toutes les ressources du pays et de réduire l’ensemble de la population au statut d’esclaves?
Un des aspects de la question,
notamment la collaboration avec les Etats-Unis et l’Arabie saoudite a été
traité dans «Les Révolutions arabes et la malédiction de Camp David» René Naba,
Editions Bachari Mai 2011 (1).
Dieu a bon dos... Et sans l'islam politique,
vendu après les révolutions, comme le meilleur des mondes, et comme une
identité obligatoire, pour les pays liés à la religion musulmane.
Comme alibi suprême pour ne pas séparer la
religion du pouvoir... et continuer à commander les peuples par
les dictats et des fatwas en direct des Emirats et" des
rois".. grands amis des anglos-saxons.
Les pauvres, les seuls pour qui l'argent est un
péché.. n'iraient plus déposer de l'argent dans les banques des
Émirats...chapeautées par les banques anglos saxonnes..
La finance est concentrée entre les mêmes mains,
chacun son terrain de chasse ...et sa part du gâteau...Les
révolutions et la victoire des islamistes fais grossir la part de gâteau de
40%...
Alors que 25% de la population
mondiale est de confession musulmane, certains estiment que 40 % à 50%
de leur épargne sera gérée par la finance islamique d'ici 8 à 10 ans, contre
10 % vers 200715.
Les principales banques islamiques
dans le monde sont, par ordre de taille décroissante d'encours en 200615 : Al Rajhi Bank (Arabie saoudite), la Kuwait Finance
House (Koweït), la Dubai Islamic
Bank (Dubaï, Émirats arabes unis), l'Abu Dhabi
Islamic Bank (Abou Dabi, Émirats arabes unis), et la Bank Al Jazira (Arabie saoudite). En Algérie,
Al Baraka Bank
est une banque islamique. Meezan Bank est une
des banques islamiques du Pakistan. En Tunisie,
Banque Zitouna est une ébauche de banque islamique
Son capital de départ s’élève à 14
millions de livres (20,8 millions d’euros). Il a été souscrit par des
investisseurs du Proche-Orient (Abu Dhabi, Qatar, Barheïn et Arabie Saoudite)
et par un groupe de millionnaires anglais. A sa tête : Abdul Rahman
Abdul Malik, ancien directeur de la Banque islamique d’Abu Dhabi. Son directeur
du management : Michael Hanlon, ancien directeur regional de la banque
de détail au sein de Barclays.
Banque Populaire et Qatar
Islamic Bank s’unissent pour la Finance Islamique en France
Le développement de la coopération
entre les secteurs public et privé dans le domaine de la finance islamique a
été au centre d'une rencontre tenue, vendredi 21 septembre 2012, à Tunis,
entre le ministre des Finances par intérim Slim Besbès et les représentants de
la Banque française BNP Paribas.
L’arrivée des islamistes au pouvoir
attire les fonds d’investissement spécialisés en finance islamique au Maroc.
Un projet de banque et de société d’assurance conformes aux préceptes de
l’Islam, ont été proposés samedi au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane
par un fonds d’investissement qatari.
Le Groupe Qatar National Bank (QNB), l'une des plus
grandes institutions financières au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a
signé un accord pour prendre une participation majoritaire dans l’Union
Marocaine des Banques (UMB) qui est sous administration provisoire depuis 1967.
Libye :
Qatar National Bank prend 49% de Bank of Commerce and Development
La banque libyenne Bank of Commerce and Development
(BCD) a accepté de céder 49% de son capital à Qatar National Bank contrôlée
à 50% par le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Le montant de la
transaction n’a pas été communiqué.
« Non seulement les États-Unis
ont livré à Kadhafi ses ennemis sur un plateau, mais il semble que la CIA avait
d’abord torturé bon nombre d’entre eux», a déclaré Laura Pitter, conseillère pour les questions
d’antiterrorisme à Human Rights Watch et auteur du rapport. «L’étendue des
violations des droits humains commises par l’administration Bush apparaît bien
plus grande que précédemment admis et cela illustre combien il importe d’ouvrir
une enquête complète sur ce qui s’est réellement passé.»
Le rapport est également fondé sur des documents –
dont certains sont rendus publics pour la première fois – que Human Rights
Watch a découverts abandonnés, le 3 septembre 2011, dans les bureaux de
l’ancien chef des services libyens de renseignement, Musa Kusa, après la prise
de Tripoli par les forces rebelles.
Les entretiens et les documents permettent d’établir
qu’après les attentats commis sur leur sol le 11 septembre 2011, les
États-Unis, avec l’aide du Royaume-Uni et
de pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, ont arrêté et détenu sans chef
d’accusation un certain nombre de membres du GICL vivant hors de Libye et les
ont ensuite livrés au gouvernement libyen.
Le rapport décrit aussi les mauvais traitements subis,
selon eux, par cinq des anciens membres du GICL dans deux centres de détention
en Afghanistan gérés par les États-Unis, selon toute probabilité par la CIA.
Cela inclut de nouvelles accusations de simulacre de noyade et d’autres actes
de torture par l’eau. Les détails cadrent avec les rares autres témoignages
directs disponibles sur les pratiques observées dans ces installations gérées
par les États-Unis.
Ces anciens détenus ont également raconté avoir été
parfois enchaînés à un mur entièrement nus – ou avec juste une couche-culotte –
dans des cellules obscures et sans fenêtre, pendant des semaines ou des mois;
maintenus dans des positions douloureuses et stressantes pendant de longues
périodes, entassés de force dans des espaces réduits; battus et projetés
violemment contre des murs; empêchés de sortir pendant près de cinq mois sans
pouvoir se laver; et privés de sommeil par la diffusion continuelle de musique
occidentale à plein volume.
« J’ai subi des interrogatoires sévères
pendant trois mois lors de la première période et chaque jour, ils me
soumettaient à un type différent de torture. Parfois ils utilisaient de l’eau,
parfois non.… Parfois ils me déshabillaient entièrement, parfois ils me
laissaient mes vêtements», a déclaré Khalid al-Sharif, qui a affirmé avoir
été détenu pendant deux ans en Afghanistan dans deux centres de détention
contrôlés par les États-Unis et dont on présume qu’ils étaient gérés par la
CIA. Khalid Al-Sharif commande désormais la Garde nationale libyenne. L’une de
ses responsabilités est d’assurer la sécurité des lieux où sont incarcérés les
détenus libyens importants.
Les témoignages des détenus libyens figurant dans le
rapport de Human Rights Watch étaient pour l’essentiel restés inconnus car la
plupart de ceux qui ont été extradés en Libye sont restés emprisonnés jusqu’à
l’année dernière, avant que la révolte populaire libyenne ne conduise à leur
libération. D’autre part, le gouvernement américain a toujours été réticent à
rendre publics des détails concernant les centres de détention secrets de la
CIA. Les témoignages d’anciens détenus, les documents de la CIA découverts en
Libye et certains mémorandums du gouvernement américain retirés de la liste des
documents classés « secrets », viennent ainsi éclairer d’un jour
nouveau les pratiques de l’administration Bush en matière de détention, mais
aussi illustrer le fait que de grandes quantités d’information demeurent
secrètes.
Malgré l’existence d’éléments de preuves convaincants
que des sévices nombreux et systématiques étaient infligés aux suspects détenus
par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001, les
États-Unis n’ont toujours pas fait rendre de comptes au moindre haut
responsable. Seuls quelques militaires de rang subalterne ont été punis.
Le 30 août 2012, le ministre de la Justice américain,
Eric Holder, a annoncé que la seule enquête criminelle entreprise par le
Département de la Justice sur les allégations de mauvais traitements infligés à
des personnes détenues par la CIA, dirigée par le procureur spécial John
Durham, allait se conclure sans que quiconque soit inculpé de crimes. Eric
Holder avait déjà réduit le champ d’investigation du procureur Durham le 30
juin 2011, le limitant à seulement deux cas d’individus dont on présume qu’ils
avaient été détenus par la CIA, alors qu’à l’origine l’enquête devait porter sur
le sort réservé à 101 personnes.
Dans ces deux cas, les détenus sont décédés, l’un
en Afghanistan,
l’autre en Irak. L’enquête a également été limitée en ce qu’elle n’a
examiné que les abus excédant ce que l’administration Bush avait autorisé.
Ainsi, elle ne pouvait couvrir des actes de torture, tels que les simulacres de
noyade, ou d’autres mauvais traitements que les avocats de l’administration
Bush avaient approuvés, même si ces actes constituaient des violations de la
loi américaine et du droit international.
« Les récits des Libyens
détenus par les États-Unis, puis extradés vers la Libye, établissent clairement
que la politique consistant à infliger des mauvais traitements aux détenus, y
compris certains sévices non spécifiquement autorisés par des responsables de
l’administration Bush, était d’une portée considérable»,a ajouté Laura Pitter. « Le fait que l’enquête du procureur Durham
va s’achever sans qu’aucune inculpation ne soit prononcée, revient à signaler
au monde que les mauvais traitements, tels que ceux qui ont été infligés aux
détenus libyens, continueront à être tolérés.»
La Commission du renseignement du Sénat américain (Senate
Select Committee on Intelligence, SSCI) a effectué pendant trois ans des
recherches sur les pratiques de la CIA en matière de détention et
d’interrogatoire et aurait produit un rapport. Human Rights Watch a appelé
cette commission à rendre public son rapport sans tarder et en l’amendant le
moins possible, et à recommander qu’une commission indépendante et non
partisane effectue une enquête sur tous les aspects de la politique des
États-Unis en matière de traitement des détenus.
« Le gouvernement américain
continue d’exiger, à juste titre, que des pays comme la Libye, la Syrie ou
Bahreïn fassent rendre des comptes aux responsables accusés d’avoir commis de
graves violations des droits humains, dont des actes de torture»,a relevé Laura Pitter. « Ces appels auraient beaucoup plus d’impact
si le gouvernement ne protégeait pas en même temps contre toute forme de
poursuite d’anciens responsables américains qui ont autorisé des actes de
torture.»
Depuis la chute du régime Kadhafi, des diplomates et
des parlementaires américains ont rencontré certains des anciens prisonniers de
la CIA qui sont actuellement en Libye, et les États-Unis ont soutenu les
efforts du gouvernement et de la société civile libyens pour surmonter le lourd
héritage que représente le passé autoritaire de leur pays. Human Rights Watch a
exhorté le gouvernement américain à reconnaître le rôle qu’il a lui-même joué
dans les sévices subis par les détenus et dans l’aide apportée à Kadhafi pour
s’emparer de ses opposants en exil, à fournir réparation aux victimes et à
poursuivre en justice les responsables des tortures qu’elles auraient subies
lors de leur détention par les États-Unis.
L’un des cas déjà connus du public au sujet desquels
Human Rights Watch a découvert des informations nouvelles est celui d’Ibn
al-Sheikh al-Libi. L’administration Bush a fondé en partie sa justification de
l’invasion de l’Irak en 2003 sur des déclarations faites par al-Libi alors
qu’il était soumis à des sévices et des mauvais traitements aux mains de la
CIA. La CIA a reconnu que ces déclarations n’étaient pas crédibles. Plusieurs
années plus tard, les États-Unis ont effectué le transfèrement extrajudiciaire
d’al-Libi en Libye, où il est mort en prison en mai 2009. Des témoignages de
codétenus d’al-Libi en Afghanistan et en Libye, des informations fournies par
sa famille et des photos visionnées par Human Rights Watch, apparemment prises
le jour de sa mort, fournissent un éclairage sur le traitement qu’il a subi et
sur sa mort, que les autorités libyennes ont enregistrée comme un suicide.
De nombreux documents découverts par Human Rights
Watch en Libye font aussi apparaître un haut niveau de coopération entre le
gouvernement de Kadhafi en Libye et les États-Unis et le Royaume-Uni dans le
programme de transfèrements extrajudiciaires décrit dans le rapport.
Les États-Unis ont joué le rôle principal dans les
transfèrements extrajudiciaires vers la Libye. Toutefois d’autres pays,
notamment le Royaume-Uni, étaient également impliqués, même si leurs gouvernements
savaient et reconnaissaient que la torture était monnaie courante sous le
régime de Kadhafi. Parmi les pays cités dans les témoignages concernant ces
transfèrements extrajudiciaires, se trouvent l’Afghanistan, le Tchad, la Chine et Hong
Kong, la Malaisie,
le Mali,
la Mauritanie, le Maroc, les
Pays-Bas, le Pakistan, le Soudan, la Thaïlande et
le Royaume-Uni. Certaines des victimes interrogées pour la rédaction du rapport
ont affirmé que des personnels de certains de ces pays – et d’autres pays dont
la France - leur avaient également fait subir des
sévices avant de les transférer vers la Libye.
Le droit international, qui a force contraignante pour
les États-Unis et les autres pays, interdit la torture et les autres mauvais
traitements en toutes circonstances, ainsi que le transfèrement extrajudiciaire
de personnes vers des pays où elles courraient un risque sérieux de torture ou
de persécution.
« L’implication de nombreux
pays dans les violations des droits humains des ennemis de Kadhafi indique que
les ramifications du programme de détention et d’interrogatoire des États-Unis
allaient bien plus loin qu’on ne le croyait auparavant»,a conclu Laura Pitter. « Les gouvernements des États-Unis et des
autres pays qui ont prêté assistance aux mauvais traitements de ces détenus
devraient rendre compte pleinement de leurs rôles respectifs. »
Vous pouvez télécharger le rapport complet (en
anglais) ici.
Mais que veut le Qatar ?http://www.france5.fr/c-dans-l-air/international/mais-que-veut-le-qatar-37433
Après la disparition du Califat en 1924, la
conquête du pouvoir en 1932 et l'exploitation des gisements
pétrolifères d'Arabie à partir de mars 1938,
la famille des Saoud et le
wahhabisme prennent leur essor suite au pacte « pétrole contre protection » qui
est conclu sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945
entre le roi Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al Saoud et le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt3.
Ce pacte permet la protection militaire du régime wahhabite des saouds par les
Etats Unis en échange du pétrole. Ainsi, le wahhabisme se développe avec
l'apport des pétrodollars et la protection militaire des États-Unis. Ce
mouvement se propage alors à l’extérieur du royaume via les médias (télévision,
ouvrages, radio cassettes et sites internet)4.
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