NEWS FROM France
Pour les lecteurs internationaux de ce blog je vais fournir les éléments de compréhension de l’actuelle agitation sociale très médiatisée et trop bien orchestrée pour être honnête. Ne rêvez pas, y a pas un nouveau mai 68 à l’horizon. Vous lirez ci-dessous le tract distribué le 14 novembre à 16 heures à la manifestation parisienne de Montparnasse à
La fumée des fumigènes des cheminots ne cachait pas très longtemps une manifestation très clairsemée. Le personnel d’encadrement syndical SNCF-RATP-EDF de
La grève, dans la façon dont elle a été torpillée par les médias (sans oublier l’absence de transports en commun) a eu l’effet escompté de faire baisser le nombre des grévistes et donc de priver la manif à Paris de manifestants « suivistes », ce qui ne semble pas avoir été autant le cas en province, mais la province compte toujours pour du beurre en France.
Morne très morne manifestation. J’ai diffusé ce tract aux ouvriers qui ne se promenaient pas bière en main, aux chefs syndicaux des services publics qui me connaissent et même à Arlette Laguiller. Des quelques discussions que j’ai pu mener il ressortait une relative lucidité et un grand désarroi, même de la part des chefs syndicaux CGT qui piquaient du nez lorsque j’évoquais la piteuse reculade de leur secrétaire général. J’ai expliqué à un groupe de jeunes apprentis journalistes que l’échec du dernier carré des « régimes spéciaux » ne sera pas grave en soi mais contribuera à renchérir les enjeux lors des prochaines attaques. Ils acquiescèrent à mon raisonnement.
Aucun tract ne valait le moindre intérêt, excepté celui que vous allez lire bien sûr. Tracts indigents du PCF et de
En queue de manif… les petits cons, nos anars étudiants emmenés par les louches abrutis de
Au soir du premier jour de la grève tant annoncée et tant essorée avant accouchement, les médias vomissent leur lot d’usagers mécontents et radotent les mêmes trois arguments dénoncés dans notre tract. Le scénario de sabotage décrit dans le tract est immédiatement confirmé au 20 heures :
Gouvernement et syndicats veulent en faire bouffer de la vache enragée aux prolétaires qui veulent en découdre. Le problème n’est pas là pour l’essentiel. Les maîtres de l’Etat sont des salauds, aucun prolétaire ne l’ignore. L’heure, triste et exaspérante, est à la compréhension qu’il va falloir rentrer dedans ceux qui ont prétendu parler au nom des travailleurs en les humiliant entreprise par entreprise. La leçon ne sera pas de simplement déchirer les cartes syndicales, mais de passer par-dessus le syndicalisme et d’imposer la décision de véritables assemblées délibératives de travailleurs en lutte ?
UNE GREVE TRES SPECIALE
« Le gouvernement nous demande de faire grève »
Chérèque (bonze CFDT, début novembre en aparté aux journalistes)
Rarement la propagandastaffel se sera autant moqué de la classe ouvrière. Sur les 200 chaînes de télé multicolores et multimusicales, le même discours a été rabâché depuis des mois : la remise en cause des régimes de retraite est inévitable, il faut désendetter l’Etat, faire cesser les privilèges de quelques gros bonnets du service public. Etait-il question de revoir à la baisse l’honorable indemnité récemment attribuée à tout député non réélu : 5177,66 euros par mois pendant 5 ans sans avoir à justifier d’une recherche d’emploi auprès d’une quelconque ANPE ? Ou du salaire de milliardaire du blaireau président ? Etait-il question d’araser les lourdes retraites des cadres supérieurs et moyens, des magistrats et des flics qui creusent le déficit ?
Que nenni, dans le collimateur des ministres et des journalistes, ces salopards de conducteurs de train, de métro et de singes des poteaux électriques qui partent en retraite à 55 ans. On va leur coller 5 années supplémentaires de travail de merde, et encore ce n’est qu’un début, après on leur en collera 7 de plus comme en Allemagne…
Le feuilleton de la propagandastaffel s’est basé sur le scénario électoral incluant au premier plan les acteurs syndicaux membres du staff gouvernemental. Un premier épisode fût mis en scène le 18 octobre. L’épisode devait conditionner la suite du feuilleton. Comme les figurants travailleurs étaient très enthousiastes, le simulacre de grève faillit ne pas en être un. Tout fût réalisé de façon à doucher l’enthousiasme : divisions syndicales savamment mises dans les décors, menaces contre les ouvriers qui voulaient prolonger, et suspense-suspension promis par la perspective d’un nouveau simulacre un mois plus tard.
Si l’on veut comprendre pourquoi le nouveau simulacre emmène les travailleurs grévistes dans le mur il faut bien mesurer que la dynamique du 18 octobre est cassée. Elle est cassée à la fois chez les grévistes d’alors et les usagers qui n’ont pas compris que, après avoir majoritairement repris le travail, les syndicats flics de
On se rappelle du fameux sondage qui révélait que plus de 70% des français considèrent les médias comme vendus au pouvoir, mais personne n’a réalisé un sondage sur la confiance des ouvriers dans les syndicats, et pour cause, elle est nulle, pas besoin de sondage pour le mesurer.
Voyons maintenant l’épisode suivant. Le 13 au soir, les deux principaux vecteurs de la propagandastaffel, TF1 et France 2 (la 2e au cas où vous échapperiez à la 1ère, ou tous les autres mégaphones comme i-télé, BFM, etc.) allument le feu d’artifices projeté :
- PPDA alléchant: « …à quelques heures du début des grèves… »
- Pujadas suave : « une grève qui va durer… »
Quasiment en temps réel toutes les autres chaînes de l’aliénation politique organisée exhibent des débats autour des icônes « durcissement ou pourrissement ». Que vous zappiez sur l’une ou sur l’autre, trois arguments sont martelés par les protagonistes, caniches de Sarkozy ou caniches de la gauche caviar :
- les « français », majoritairement, ne veulent pas que le gouvernement cède !
- le gouvernement n’a pas peur mais ne veut pas du pourrissement et négocie nuit et jour dans les bureaux gouvernementaux et dans les chiottes avec les partenaires syndicaux !
- un thème est « unificateur » selon la valetaille d’Etat, le pouvoir d’achat, le vrai problème n’est pas l’ajustement des retraites mais la « souffrance » du pouvoir d’achat… (ou pouvoir d’achat en souffrance ?).
LES SONDAGES : MOYEN DE CONDITIONNER L’OPINION CETTE CONNE ET METHODE DE GOUVERNEMENT SANS VERGOGNE
Sur le premier argument répété jusqu’à plus soif, remarquons d’abord que c’est une première dans l’histoire des Etats bourgeois où on apprend que l’opinion publique dicte sa loi au gouvernement. La trouvaille vaut son pesant de cacahuètes si l’on suit les serviles et ridicules sondages divers :
- le 13 au matin, 55% des français « soutiennent l’Elysée et Matignon » mais 44% sont pour la grève (les chiffres peuvent paraître honorables), et le folklore étudiant « anti-privatisation » vient compléter le décor pour faire mouvement à risque « subversif » alors qu’il n’est que supputatif ! On se fiche que l’université soit privatisée ou nationalisée, de toute manière elle exclut systématiquement les enfants d’ouvriers. Les anars étudiants se voient pour l’heure brièvement sponsorisés d’un 49% pour et 38% contre (on remarque le subtil 49% qui évite de peu un chiffre majoritaire et le parallèle des deux sondages où le second est plus sympa pour les potaches qui ne vont pas tarder à être criminalisés à leur tour).
- Dans la journée, cela s’accélère, un vrai tourbillon de sondages, ce n’est plus « gagner la bataille de l’opinion » mais écraser l’opinion des désirs du gouvernement bourgeois ! Libé commença modeste : 59% contre la grève. En Une de « 20 minutes » le 14, on trouve encore un 58% contre (Fournisseur : l’Express, financé par
Innovation informative jamais vue: l’homme-tronc du 20 heures ou les caniches des sous-télé de
Ces clowns qui rivalisent de servilité sur le courage du gouvernement bombardé « exécutant de l’opinion publique » sont si minables qu’on éteint le poste.
Autre innovation jamais vue: réception fissa des pontes des entreprises publiques par le président soi-même. La réunion d’état-major de guerre contre une armée aux munitions déjà mouillées, débouche au matin par la voix d’AM Idrac, pontifette de
Après « le football aux footballeurs » surgit par Thibault interposé, la fable des négociations tripartites dont les travailleurs sont les dindons de la farce. La grève annoncée, planifiée, corsetée, dénigrée n’est pas rythmée par le poumon des assemblées générales et les rencontres inter-entreprises, mais dépendante des conciliabules secrets des appareils gouvernementaux des « partenaires sociaux » étrangers au prolétariat. Autant dire qu’elle est ficelée comme une momie égyptienne.
Troisième argument gouvernemental donc, répercuté par les médias, ce nouveau concept à pisser de rire est la traduction journalistique du blabla du candidat Sarkozy « travailler plus pour gagner plus » (sur i-télé). Nul doute que le « pouvoir d’achat » a diminué dans la crise économique continue, mais le pouvoir de qui, de quoi ? Il n’y a pas de « pouvoir » d’achat pour les travailleurs mais une simple « possibilité » d’achat. Et surtout il n’est pas question de ce truc vague pour la grève ! Faire allusion au pouvoir d’achat comme principal problème non pas des ouvriers mais des « français » est la manière misérable du gouvernement et ses sous-fifres plumitifs pour tenter de détourner l’attention : en criminalisant les travailleurs qui ont encore un statut particulier, dont on ne rappelle jamais en quoi il était et reste mérité, en faisant passer leur cas pour privilégié, on divise l’ensemble du monde ouvrier, et on obscurcit que l’attaque contre « tous » n’en est qu’à ses débuts, et que la réussite de cette attaque conditionne les suivantes…. En 2008 TOUT LE MONDE PASSERA A 41 ANNUITES !
L’attaque vicieuse du gouvernement Sarkozy et de ses officines syndicales accréditées n’est pourtant pas assurée de gagner haut la main durcie ou pourrie. L’Etat bourgeois, dans la longue bataille pour défaire paquet par paquet le prolétariat, ne progresse que par palier que tous les dix ans : en 1993 le maître de Sarko Balladur fait passer le privé de 37,5 annuités à 40, en 1995 Juppé se plante, en 2003 Raffarin fait passer à son tour les fonctionnaires à 40, baisant aussi ces pauvres flics et militaires, mais sans les « régimes spéciaux » trop dangereux.
C’est d’ailleurs pour cette dernière raison que l’attaque contre le dernier carré épargné en
Inutile de croire que l’Etat mafieux et ses syndicats voudront d’une façon ou d’une autre prendre en considération l’avis et la vie des exploités, lui qui se flatte tant de si bien les diviser, il n’est qu’une manière de lui rendre la pareille, c’est de le renverser, certainement pas aujourd’hui après autant de violences et d’ignominies contre la dignité de classe, ni demain, parce qu’il faudra panser les plaies, mais après-demain sûrement !
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