"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

vendredi 15 mars 2024

LA GUERRE généralisée c'est pour dans TROIS MOIS ?

 


Une nouvelle « drôle de guerre » ?

« C'est une guerre existentielle » Macron

« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages de l'histoire se produisent pour ainsi dire deux fois, mais il a oublié d'ajouter : la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide ».Marx, le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte (1852)


Dans mon article du 29 février (Il faut prendre au sérieux Macron) j'écrivais ceci :

« Macron n'est pas un idiot. Il a fait un test, souhaité par les minorités bourgeoises qui tirent les ficelles : banquiers, militaires, industriels, etc. Il a été assuré (mais pas vérifié) qu'envoyer de jeunes troufions occidentaux au casse-pipe était une « erreur » voire presque un crime pour les Mélenchon, Le Pen et autres opposants faux-culs. La presse a exhibé un sondage montrant que 70% des « français » sont opposés à une participation de nos soldats au front ukrainien. Super ! ont exulté les opposants de pacotille, dont certains dits extrêmes, Mélenchon et Le Pen sont plutôt du côté de Poutine ».

Au vu du discours de ce jeudi soir tout cet alarmisme militariste a été clairement confirmé, et en retournant l'accusation d'irresponsabilité contre toutes les fractions contestataires de la gauche bourgeoise pacifiste. Macron n'est ni confus ni dépassé. Il a compris avant ses contestataires de pacotille et mieux que tous ses journalistes et politiciens affidés, qu'une guerre ne se décide pas « démocratiquement » et n'a plus besoin d'un vote de crédits de guerre ; en l'espèce la consultation des députés ne fût qu'une consultation ridicule après la décision du sommet de l'Etat de lâcher trois milliards à l'Ukraine. Par contre ce qui ne change pas, malgré tous les éloges sur les nouvelles découvertes tueuses (drones, armes à longue portée, laser, IA) c'est qu'il faut encore et toujours envoyer au casse-pipe des millions de prolétaires, mener toujours plus la guerre dans le cadre urbain en y tuant le plus possible de civils, Humains qui ne savent même plus d'où viennent les projectiles qui vont les tuer. Tuer sans distinction ni précision comme savent si bien le faire les criminels de guerre Poutine et Netanyahou, mais aussi leurs homologues américains, français, chinois lorsqu'il leur faut à leur tour « préparer la paix en faisant la guerre ». Sans oublier les cliques du nationalisme palestinien, islamistes et tutti quanti. Déclencher la guerre ne relève pas d'une décision individuelle ni d'un seul Etat. Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l'orage.

Macron est moqué. Montré du doigt car « seul » et « autoritaire », irresponsable.. Pourtant il a raison. On peut dire que c'est un salaud qui veut la guerre, même si ce n'est pas aussi simple. Car il a raison. Il y a un aveuglement sur la guerre mondiale en cours qui fait penser à l'époque de la « drôle de guerre ».

DROLE DE GUERRE ET FAUSSE GUERRE DE 1939 à 1940

Après la signature du pacte germano-soviétiqueHitler lance ses armées contre la Pologne le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre, comme Poutine il y a deux ans. En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d'assistance mutuelle, l'existence de la plupart des pays nouvellement créés en Europe centrale avec l'idée de créer un cordon sanitaire autour de l'Allemagne (comme Macron promet de défendre tout le cordon des anciens pays vassaux du bloc de l'Est).

La Pologne et la France ayant signé en mai 1939 un protocole qui obligeait la France à lancer l’offensive générale dès le quinzième jour de la mobilisation, en septembre 1939, les Polonais attendent, en vain, l’aide française en espérant que la France remplirait ses engagements d’allié (comme les ukrainiens attendent l'aide tardive de la France de Macron). Dès les premiers jours, l'armée française ne fait que lancer l'offensive de la Sarre avant de se replier derrière la ligne Maginot.

Etonnant imbroglio qui va durer plus de huit mois, qui sépare la déclaration de guerre des Alliés au Reich nazi, début septembre 1939, de l’offensive allemande sur la France, en mai 1940. La « drôle de guerre » reste réduite par les historiens officiels à une inertie coupable.

L'Etat de Hitler a annexé la Pologne au nez et à la barbe du monde entier, comme Poutine la Crimée et une partie de l'Ukraine. Hitler se tourne vers l'Ouest, mais il doit reporter plusieurs fois son offensive, et le front reste calme pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la ligne Maginot, les Alliés attendent l'assaut de l'armée allemande elle-même retranchée derrière la ligne Siegfried. C'est un conflit sans combats majeurs, seulement quelques escarmouches entre patrouilles de reconnaissance. L'installation dans la routine plonge l'armée française dans une « dépression d'hiver » : l'obéissance se relâche, l'alcoolisme atteint des sommets historiques, les villages évacués d'Alsace sont pillés par des soldats français.

Notons en passant cette autre comparaison historique qui met à mal la prétention à la toute puissance des généraux, quand on pense à la surprise de Tsahal en octobre dernier alors que l'attaque du Hamas était prévisible : la plantade de la ligne Maginot. Le commandant en chef français, le général Gamelin, avait pourtant été prévenu, en janvier 1940, par des contacts militaires secrets avec les Belges, que ceux-ci avaient saisi - dans un avion qui avait fait un atterrissage forcé en Belgique - des instructions militaires montrant que l'Allemagne allait attaquer dans les Ardennes.  Sans en tenir compte...et chacun en connaît les conséquences le 10 mai 1940.

Mais ce qui nous intéresse ce n'est pas l'impéritie des généraux ou le ronflement des fantassins alcooliques, mais pourquoi ces huit mois d'attente, arme au pied ? L'échec de la révolution prolétarienne allemande datait de deux décennies, ce qui n'était pas forcément complètement rassurant pour la bourgeoisie allemande et son caïd Hitler. Côté français la fin du Front popu ne datait que d'une paire d'années. Dans la Russie de Staline les journaux officiels parlent peu de la guerre en cours, tout au plus une « opération spéciale (sic!) et militent pour un pacifisme pro-allemand ; l'URSS commerce aimablement avec l'industrie nazie et se prépare à signer un traité d'amitié impérialiste. Dans cet empire le prolétariat a été réduit à néant.

Pour qui réfléchit un peu hors des ornières des historiens bourgeois, il apparaît évident que partout les dominants s'interrogent sur les dangers de réaction du prolétariat mondial au souvenir du 1917 russe qui avait stoppé la première boucherie. Il s'avère qu'en Allemagne le prolétariat a été écrasé en 1919, mais si le prolétariat français commettait une nouvelle Commune à la 1871, n'y aurait-il pas un risque de contagion et de retournement des prolétaires allemands contre Hitler ?

La bourgeoisie française, qui va être aplatie, a tout de même de la chance grâce à la prestation « défaitiste » du parti stalinien, qui dénonce l'entrée en guerre mais au service de l'impérialisme stalinien. Ce parti « cinquième colonne » est interdit et son chef Thorez est parti se planquer à Moscou. La signature du pacte impérialiste germano-soviétique déstabilise le prolétariat du monde entier et particulièrement la classe ouvrière française. Le pacte félon stalino-nazi avait été signé fin août 1939 ; ses effets délétères - démoralisant surtout pour une classe ouvrière qui pensait que le communisme était meilleur ennemi du nazisme que le capitalisme - pourront ainsi se répandre pendant les 9 mois qui le sépare de l'invasion de la France par les troupes de Hitler.

Les historiens oublient aussi étrangement de noter que la Blizkriege n'est pas une simple astuce militaire mais une guerre rapide pour ne pas laisser souffler les soldats des deux côtés. Ce blitz en effet ne se heurte à aucune résistance, ni patriotique ni révolutionnaire de la part d'une classe ouvrière restée traumatisée et hantée par le déroulement de la Première guerre mondiale, démoralisée par l'échec du Front populaire, peu réceptive à la filmographie de Jean Renoir et ses pellicules exhibant des combattants à l'optimisme forcé. On assiste à la plus grande débandade d'une population apeurée et sans défense dans un grand pays moderne (comme ces millions d'ukrainiens ou de russes qui ont fui depuis 2022). Depuis la Belgique, depuis Paris c'est une fuite éperdue de milliers et de milliers, bombardés comme des chiens par les stukas puis massivement emprisonnés. La drôle de guerre avait été remplacée par la plus sinistre des guerres.

LES PREVENANCES DU MARECHAL  MACRON

Macron a tenu un discours de vérité et, pour en atténuer l'aspect effectivement dramatique, les oppositions bourgeoises tendent leur main tremblante à un passage en douceur de l'inévitable potion belliciste en criant « il déconne ». Ces oppositions restent benoîtement sur le terrain de la compétition électorale, qui est déjà quasi cuite pour Poutine et sans doute Trump. Les européennes de juin restent secondaires face aux exigences militaires. Macron s'occupe en sous-main de la cinquième colonne lepéniste, tout en priorisant solennellement des évidences :

  • la guerre est déjà sur le sol européen ;

  • nous devons nous préparer à nous défendre ;

  • la guerre va coûter cher à notre budget ;

  • si la Russie gagne l'Europe ne sera plus en sécurité ;

  • l'Europe ne sera plus crédible ;

  • la guerre nous ne pouvons pas l'exclure :

  • le niveau de vie sera attaqué comme jamais (hausse du gaz, des céréales...) :

    Puis une série de mensonges basés sur l'idéologie de la victimisation : nous ferons toujours la guerre pour nous défendre. La guerre c'est la faute à la Russie. Notre armée sert à la défense de notre pays. En soutenant l'Ukraine nous défendons notre propre pays.

Clou du spectacle : il faut un SURSAUT ! La guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux pleurnichards pantins de politiciens professionnels aveugles et inconséquents. Qui ne veut pas préparer la guerre, prépare la défaite. Le maréchal Macron ne parle pas que pour la France mais pour l'Europe même s'il n'en est pas encore l'empereur adoubé: l'Europe doit être prête à "répondre" (puisque les USA ne veulent plus répondre) à une escalade de cette Russie "sans limites", sans jamais prendre l'initiative de l'offensive militaire; argument centenaire de toutes les démocraties bourgeoises entrées en guerre avec le prétexte défensif, avec le classique argument maréchaliste: si tu n'es pas avec moi, tu es un défaitiste au service de l'ennemi.

Sur BFM vieux et jeunes journalistes commentèrent par après, parfois avec pertinence, avec des courbettes, mais tous avec le souci des sondages post-interview du président. Pourtant comme leur répondit justement un politicien servile de Macron, sur la question de la guerre on n'en a rien à foutre des sondages. Si l'escalade est là, on y va, un point c'est tout. C'est nos valeurs, notre civilisation qui est en jeu ! Tous ânonnent au fond les mêmes prévenances macroniennes. Les pitres politiciens eux se succèdent dans l'inconsistance. Un Alexis Corbière lui reproche de confondre élections et guerre et de « parler trop », tout en réitérant le soutien de LFI à l'Ukraine. L'antique Alain Duhamel l'a trouvé grave ou sombre et inquiétant., mais cohérent et à la hauteur. La rédactrice en chef arabe salue cet appel à ouvrir les yeux et à sortir de la naïveté, pour assurer que « le nucléaire protège les français ». Le général de service informe que nos sous-marins nucléaires possèdent des ogives dix fois plus puissantes que les bombes à Hiroshima. Or, la protection nucléaire française face à Poutine ne serait qu'une nouvelle ligne Maginot !

Le petit maire passé du FN à la macronie salue notre président courageux car nous ne sommes pas dans l'offensive mais dans la défensive, vieille rengaine des vieux impérialismes sainte Nitouche.

Patrick Sauce résume bien :

  • on a besoin d'hommes et d'armes

  • l'effort de guerre aggravera l'endettement.

Quant à la secrétaire de rédaction de BFM on risque, en attendant, une guerre hybride, des attaques informatiques ont déjà eu lieu, que va-t-il se passer pendant les JO ? Voulait-elle faire allusion aux cinquièmes colonnes syndicales qui veulent faire chier les sportifs ? Manipulées par Moscou.

Enfin comme l'a estimé un des troncs de l'aéropage journalistique : la guerre peut avoir lieu dans trois ou quatre mois !

Seul hic, contrairement à mai 1940, la population ne peut même plus fuir mais devra se contenter de subir la glaciation nucléaire à domicile.



Nota benêts...

La condition du risque d'explosion sociale contre la guerre est là: https://www.lefigaro.fr/conjoncture/jusqu-a-3-milliards-d-euros-d-ou-viennent-les-fonds-de-l-aide-militaire-promise-a-l-ukraine-20240314

Et aussi! Il n'est pas indécent de faire du business!

"...les opportunités en Ukraine pour les entreprises françaises, à Paris, d’investir dans le pays malgré la guerre. La France est déjà un acteur économique majeur sur le territoire, le premier employeur étranger : 180 firmes sous drapeau tricolore opèrent en Ukraine et emploient 25.000 personnes. Dans la finance, BNP Paribas et le Crédit agricole s’affichent dans le top 10 des banques ukrainiennes. Dans l’automobile, Renault et Stellantis ont des concessionnaires installés aux quatre coins du pays. Dans la grande distribution et l’agroalimentaire, Auchan, qui a ouvert quatre magasins en plein conflit, réalise 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, et le géant laitier Lactalis compte trois usines. Sans oublier les entreprises dans l’agriculture, le secteur des cosmétiques et la santé. (source: Le Figaro)








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