À Laura Sanz (ouvrière espagnole en voyage à Paris,
tuée dans l'explosion rue Trévise)
« Dans notre démocratie, la presse est libre »
ministre de l’Intérieur Castaner sur Twitter.
« Ont-ils
jamais vu une révolution, ces messieurs ?Une
révolution est certainement la chose la plus autoritaire qui soit,
c'est l'acte par lequel une fraction de la population impose sa
volonté à l'autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons,
moyens autoritaires s'il en est; et le parti victorieux, s'il ne veut
pas avoir combattu en vain, doit continuer à dominer avec la terreur
que ses armes inspirent aux réactionnaires. La Commune de Paris
eût-elle pu se maintenir un seul jour si elle n'avait pas usé de
l'autorité d'un peuple en armes contre la bourgeoisie ? Ne faut-il
pas, au contraire, la critiquer de ce qu'elle ait fait trop peu usage
de son autorité ? ». Marx
Tout le monde s'attendait à des morts pour l'acte IX du mouvement.
On dramatisait à outrance sur une possible venue de Josh Vandale, le
manouche avec son fusil à canon scié, peut-être aussi des black
blocs avec de vraies armes létales. La violence allait monter d'un
cran. Hélas elle est venue là où on ne l'attendait pas, de la
terrible explosion accidentelle rue de Trévise. Le drame n'a
nullement entraîné une interprétation complotiste comme le supposa
une de mes interlocutrices bourgeoises du côté de la place de
l'Etoile. L'explosion de gaz a tout de même fait passer au second
plan, il faut le dire, cette journée en gilet jaune. Le pouvoir et
ses journalistes ont d'ailleurs pleinement joué de ce fait divers
tout au long de la journée, comme ils savent si bien le faire tout
au long de l'année en laissant toujours la primeur aux faits divers
par rapport aux sujets de fond. Les politiciens au pouvoir et dans
l'opposition n'aiment jamais tant que plastronner avec leurs
condoléances hypocrites. Mais du même coup, paradoxalement, alors
qu'il y a eu autant de violences dans les grandes villes de province,
ce coup de grisou a ramené le mouvement à Paris à un comportement
plus pacifique, ce qui a même obligé les journalistes menteurs à
en saluer la candeur.
La
candeur temporaire n'élimine pas la rage contre la police hexagonale
arrogante et le pouvoir cynique avec près de 300 vidéos
recensées de violences policières depuis le début où l'on voit
des policiers violer tranquillement leur propre légalité
bourgeoise, quand ont été opéré 5600 gardes à vues, prononcées
1000 condamnations, près de deux cent manifestants jetés en taules,
64 amputés (Oeil, main ou pied) Amputations par altercation avec non
pas des forces d'ordre mais des forces de destruction des humains
appauvris et humiliés.
Le
fleuve coule toujours, avec ses divers chefs petits-bourgeois qui
multiplient les lieux de rassemblement et charrient comme principal
slogan réactionnaire le Ric du Chouard louche dont l'allure rappelle
bien celle d'un Chouan ou d'une chouette pas chouette. Les promenades
finissent par être aussi lassantes que faire le pied de grue sur les
ronds-points ; j'ai assisté à la dissolution de la
manifestation sur les Champs ce samedi, vers à peine seize heures
les gens repartaient en ne voyant pas l'intérêt de rester se
bastonner avec la police. Même les confrontations sanglantes sont
lassantes en fin de compte et stériles, mais révoltantes pour les
blessés et les amputés qui vont se retrouver tôt ou tard seuls
avec leurs infirmités. Certaines personnes touchées par un flash
ball meurent quelques jours après et personne ne sera là pour en
parler1.
Il
faut le dire sans trembler ni s'en offusquer, une révolution ne peut
commencer que s'il y a des morts en grand nombre. Tous les
gouvernants « républicains » l'ont appris à l'école
depuis la fin du 19ème siècle. En l'état actuel des choses, nous
pouvons dire qu'elle est encore loin la révolution, surtout aux plus
immédiatistes de nos gilets jaunes ; surtout que, en plus, les
petits leaders autoproclamés de la PME (Priscilla-Maxime-Eric) avec leur slogan chimérique et publicitaire en sont les
premiers opposants puisqu'ils visent à replâtrer la vitrine
fissurée de la démocratie bourgeoise, j'ai bien dit replâtrer et
même pas remplacer le verre brisé.
Je
dois dire que j'ai vécu cette journée avec le bourdon. En premier
lieu je me suis rendu à Fleury-Mérogis croyant qu'il y aurait
quelques caravanes de fiers manouches et au moins une poignée de
gilets jaunes venus crier leur soutien au courageux boxeur. Personne.
Devant moi s'étendait une vaste ville pénitentière environnée de
barbelés et de caméras avce un immense parking. Une voiture de
police arriva vers moi. Les policiers me demandèrent mon appareil
photo sur lequel ils effacèrent la photo que je venais de prendre
quoique je leur ai confirmé que je ne suis point un espion russe.
Puis je suis retourné sur Paris où je me suis garé rue Mozart.
Pour une fois que j'allais en manif en bagnole, avec le risque qu'on
crâme mon tacot diesel entre deux limousines, j'ai versé mon écôt
à l'horodateur du quartier bourgeois et j'ai remonté les belles
avenues avec le gilet jaune dans mon sac. Voyant toute cette
opulence, ces bâtisses ruissellant de pognon, me faufilant entre ces
robocops nombreux et aussi impressionnants que les chevaliers des
princes au Moyen âge, je me disais : « une révolution
face à ces monstres de bourgeois si bien protégés, avec leurs
milliers de flics, l'armée peut-être un jour... on ne la verra pas
avant 500 ans la prochaine révolution ! ». Si révolution
il y a à l'avenir, elle ne pourra pas se produire avec les
baïonnettes du temps de Karl Marx ni nous rejouer la Commune de
1871, sinon elle sera terminée avant d'avoir commencé.
Sur
la place du Trocadéro, me faufilant encore entre deux rangées de
robocops, je vis une bourgeoise s'écrier face aux cognes : « ne
vous inquiétez pas ! Nous on vous aime ». Les robocops
s'inclinèrent humblement comme au passage d'un princesse. Moi je
n'étais pas tranquille, ma réserve de dose de sérum physiologique,
planquée dans mon slip, venait de glisser au bas de mon pantalon. Je
me plaçai derrière le kiosque pour récupérer les petites fioles.
Mais
la dispersion se faisait déjà pour tous ceux qui se refusent à
être des casseurs. Il y avait pourtant toujours cet air de fête
dans les têtes. J'eus plusieurs discussions passionnantes tant avec
mes amis gilets jaunes qu'avec tel ou tel bourgeois intelligent et
pas sectaire. Laissons de côté ma petite balade. Voyons les formes
de structuration en route, puis de soutien au mouvement et les
doctrinaires qui se permettent de le dénoncer sans le respecter.
QUELLES
STRUCTURATIONS DU MOUVEMENT ?
On a
vu que le clan Drouet-Maxime-Priscilla d'était scindé en deux
propositions, l'une pour la démonstration à Bourges, qui a un sens
positivement affaibli le potentiel de violence sur Paris et à un
niveau plus important à mon sens que la malheureuse explosition rue
de Trévise. La manifestation à Paris partie de Bercy n'a rien
apporté de spécial, elle en est restée au niveau d'un banal défilé
syndical sauf que le signe RIC remplace CGT. On a appris qu'il y
aurait sésormais un SO avec bandeau blanc au bras, ce dont se sont
largement félicités les journalistes haineux.
Plusieurs
camarades et amis sur le web m'ont fait parvenir des écgos d'une
expérience qui se déroule dans la Meuse2.
« A
Commercy, les «gilets jaunes» expérimentent la démocratie directe
de l’assemblée populaire
11
janvier 2019 . Dans
cette petite ville de la Meuse, les « gilets jaunes » ont créé
depuis deux mois une assemblée populaire et citoyenne. Le modèle
fait école : le 26 janvier, une trentaine de délégations venues de
toute la France se réuniront à Commercy. Reportage sur ce que
certains gilets jaunes définissent comme un «
municipalisme libertaire ».
Commercy
(Meuse), de notre envoyé spécial.– Il est 17 h 30 ce
mercredi, la nuit vient tout juste de tomber, et l’assemblée
générale peut commencer. Une cinquantaine de « gilets jaunes »
sont massés autour de braseros devant la « cabane » également
dénommée « chalet de la solidarité ». C’est une cabane de
planches construite dès le 20 novembre dernier, sur la place
centrale de Commercy, à une portée de slogan de la mairie. Durant
deux bonnes heures, un solide ordre du jour va être examiné, rythmé
par des votes successifs.
Petite
ville ouvrière (5 700 habitants), ayant vécu deux décennies de
crise et d’effondrement industriel, Commercy s’est fortement
mobilisée comme tout le reste du département de la Meuse dès le 17
novembre. «
Les trois principaux ronds-points donnant accès à la ville ont été
bloqués et puis des centaines de personnes ont continué. Et ça ne
s’arrêtera plus ! » résume
René, qui est ce soir l’un des deux animateurs de l’« assemblée
populaire », accompagné d’un modérateur et d’un jeune chargé
du compte-rendu qui sera le lendemain posté sur Facebook sur la page
du groupe « Gilets jaunes de Commercy ».
«
Quand j'ai tout payé, il me reste une patate pour faire le mois »
Emmanuelle
se définit comme «
gilet jaune à 100 % et seulement gilet jaune ».
Cela sonne comme une mise en garde. «
Je ne veux pas être récupérée. Ne pas être un parti, c'est cela
la force de ce mouvement »,
dit-elle. Car dans ce collectif de plusieurs dizaines de personnes,
qui s'est soudé durant les semaines de luttes et de manifestations,
cohabitent les couleurs politiques les plus diverses : un ancien
militant du NPA, un Insoumis de la première heure qui fut même le
candidat de la France insoumise aux dernières législatives, des
électeurs de la droite, des écologistes qui sont de tous les
combats à Bure, dans le département, où est projeté un centre
d'enfouissement des déchets nucléaires.
«
Oui, et il y a même sans doute des gens qui ont voté Front national
parmi nous, dit
René, enseignant à la retraite. Et
alors ? Nous ne sommes pas là pour demander l'étiquette politique
de chacun. Les gens ne veulent plus entendre parler de ça. Ce qui
nous rassemble est un combat social et démocratique: contre des
impôts injustes, des taxes qui frappent les plus fragiles, pour le
pouvoir d'achat, pour un changement complet du système politique. »
« Pourquoi
cette expérimentation d’assemblée populaire se fait-elle à
Commercy et pas ailleurs ? Personne n’a véritablement la réponse
même si des pistes sont avancées par les uns et les autres. Une
vieille culture ouvrière dans une ville qui a connu une profonde
crise ; une envie de solidarité dans un territoire oublié par les
pouvoirs publics ; le réveil d’une ville longtemps à gauche qui a
basculé à droite et où les partis classiques sont désintégrés…
Tout
cela a sans doute pesé. Tout comme l’existence d’un groupe qui a
monté depuis un an une association
dénommée « Là Qu’on Vive ». «
C’est un lieu où toute personne est libre de venir sans se sentir
jugée pour sa classe sociale, ses origines, ou son genre ; un espace
où on peut de nouveau se rencontrer, discuter ensemble, apprendre à
se connaître, et surtout : réapprendre à faire ensemble, en
partageant savoirs et savoirs-faire, sans qu’il y ait de chef·fe.
»,
dit ce groupe associatif.
Le
projet a grandi, l’association vient d’acquérir une maison en
centre-ville . Accueil des enfants, soirées, cycles de
conférence, invitation de collectifs, d’auteurs ou d’artistes. «
De fait, au fond de notre tête, on rêvait un peu de créer un jour
une assemblée populaire »,
dit Claude, membre de l’association ayant rejoint la « cabane ». «
Et le mouvement des gilets jaunes est parti, les gens sont sortis
dans la rue, c’est allé encore plus vite. On a voulu en faire une
colère d’automobiliste contre la taxe carburant, or c’est tout
de suite devenu un énorme mouvement social. »
Est-ce
ce collectif « Là Qu’on Vive » qui a théorisé ce que quelques
gilets jaunes appellent le «
municipalisme libertaire » ? «
Non, c’est plus simple que ça,dit
Jonathan, mais
des gens sont venus nous voir, une étudiante belge par exemple, ils
nous ont parlé de cela, de différents modes d’auto-organisation,
du Chiapas, du Rojava même [région
kurde au nord de la Syrie – ndlr].
Nous, nous avançons pas à pas. Il faut prendre le temps, écouter
tout le monde et faire que tout le monde décide. »
Contrairement
à mes correspondants, j'avoue être peu intéressé par ce nouveau
« socialisme municipal ». On a affaire ici au pendant des
charlatans du RIC : il n'y a ni auto-organisation ni un
quelconque « partage du pouvoir » à imaginer tant que
l'Etat est là droit dans ses bottes et inexpugnable. Construire
quelque chose dans l'isolement, ou même avec des liens entre lieux
différents sans lutte d'ensemble puissante et au non de la
citoyenneté bourgeoise peut sans doute occuper quelques retraités
et jeunes désoeuvrés, mais ne change en rien un rapport de force
entre un Etat omniprésent et menaçant face à une masse de la
population sans véritables idées directrices, sans vrai but
politique clair. Il existe aussi une méfiance tâtillonne vis à vis
de ceux qui se prennent déjà pour des caïds3.
En gros je ne pense pas que sans l'affirmation du prolétariat, ce
genre d'organisme soit un élément de force du mouvement, mais, sur
place, il faut y participer sauf à vouloir rester un doctrinaire
impuissant.
LES SOUTIENS
PERIPHERIQUES
Les
pétitions sont à la mode, les récoltes d'argent aussi. Méfiance,
des aigrefins, à l'exemple du site canular du maire de Nice, ont
créé leurs propres sites dits de soutien, les ignorer, ne rien leur
verser. UN peu tradivement arrivent divers soutiens d'Allemagne,
d'Espagne, d'Italie, de Grèce, et qui n'ont même pas l'élégance
d'être traduits en français. Qui soutient quoi ?
« Gilet
Jaune : Appel à une solidarité internationale. Publié le 10
janvier 2019.
La
CAJ (Caisse d’Autodéfense Juridique à Toulouse) étant partie
prenante de cet appel nous le relayons ici afin que chacun puisse le
diffuser à ses contacts. Nous invitons les inculpés et proches
d’inculpés à nous contacter ainsi que les caisses ou comités
antirep d’autres villes afin de coordonner nos actions et
s’entraider pour la solidarité à mener. Nous sortirons
prochainement quelques récapitulatifs de la répression en cours et
des RDV pour se capter ! La CAJ
Appel à
une solidarité internationale
Depuis
le 17 novembre dernier, un mouvement social inédit a pris forme un
peu partout en France. Nous autres, participants dits « Gilets
Jaunes », occupons, bloquons, prenons la rue, attaquons les forces
répressives, sabotons, discutons et rêvons de meilleurs lendemains
! Ce mouvement se caractérise pour beaucoup par l’action de ses
participants. Ce retour en force de la pratique de l’action directe
est évidemment craint par le pouvoir qui préfère que les exploités
de ce monde restent dociles tout en participant aux diverses farces
électorales. Parce que nous nous sommes organisés à la base, en
refusant d’avoir des représentants, nous avons empêché le
pouvoir d’avoir les relais habituels pour affaiblir la lutte.
L’État ne peut plus compter que sur sa police pour nous faire
rentrer chez nous ».
(…) C’est pour
cela que nous lançons cet appel aux camarades révolutionnaires du
monde entier, pour vous dire que tout soutien (financier, pratique,
politique…) est le bienvenu car il permet de faire vivre des
positions contre le nationalisme dans le mouvement en cours, ce qui
est primordial quel que soit notre côté de ces frontières à
combattre.
Des
révolutionnaires de quelques villes de France
Pour
nous contacter : solidarity2019@riseup.net Nous nous chargerons de
diffuser les actions et autres événements de solidarité ainsi que
l’argent qui sera récolté »4.
Très bizarre et très gauchiste ce communiqué. On a affaire ici à
une énième opération de racolage, typique des sectes gauchistes et
dont n'a pas besoin le mouvement qui, via des sites existants ou les
familles de victimes sait très bien déjà s'occuper de la
solidarité concrète dont il a besoin. Politiquement cet appel à la
solidarité financière est en outre réactionnaire. L'appel à la
vraie solidarité serait d'appeler à ce que, à l'étranger, la
lutte se généralise de la même manière. Mais de quelle manière
et sur quelles bases ? Début décembre la presse aux ordres a
effectué les mêmes
amalgames pour des red vests en Angleterre, en
Allemagne ou en Espagne, en indiquant que c'était « facho »
comme en France ! Des mouvements en lutte contre les taxes et
l'austérité peuvent prendre, et prennent déjà, comme en Belgique,
cette forme protéiforme et avec mélange des opinions, mais cela
reste pour l'instant incertain, sans encore une rage équivalente à
celle qu'on vit en France. Un appel à une extension internationale
de la lutte est sous-jacent évidemment, et c'est même cette
possible généralisation contre les attaques des Etats capitalistes
qui pourra faire évoluer en France en retour le mouvement afin qu'il
se débarrasse de la foutaise du Ric et du drapeau national. Laissée
seule à ses propres errements la petite bourgeoisie mène au mieux à
l'impasse. On le voit clairement dans la seconde moitié du 19 e
siècle :
« Le
prolétariat était la troisième force de classe décisive, aspirant
non à une « réconciliation » avec la bourgeoisie, mais à la
victoire sur cette dernière, à la progression hardie de la
révolution, et ce, sur un plan international. Voilà les
circonstances historiques objectives qui engendrèrent Cavaignac. La
petite bourgeoisie fut « écartée », par suite de ses hésitations,
de tout rôle actif, et mettant à profit la crainte qu'elle avait de
se fier au prolétariat, le général Cavaignac, cadet français,
entreprit de désarmer les ouvriers parisiens et de les fusiller en
masse.
La révolution se solda par ces fusillades historiques; la petite bourgeoisie, numériquement la plus nombreuse, était et resta politiquement impuissante, à la remorque de la bourgeoisie; trois ans après, la monarchie césariste était restaurée en France sous une forme particulièrement odieuse ».5
La révolution se solda par ces fusillades historiques; la petite bourgeoisie, numériquement la plus nombreuse, était et resta politiquement impuissante, à la remorque de la bourgeoisie; trois ans après, la monarchie césariste était restaurée en France sous une forme particulièrement odieuse ».5
LES
MARGINAUX DE LA LUTTE SOCIALE
« Toute crise rejette ce
qui est conventionnel, arrache les voiles extérieurs, balaie ce qui
a fait son temps, met à nu des forces et des ressorts plus
profond ». Lénine
J'ai
déjà eu l'occasion de signaler il a plus d'un mois, le silence de
la plupart des sectes gauchistes et des « gauches
communistes », dont certains semblent se réveiller tardivement
mais pour apporter un soutien de type syndicaliste quêteur. Avec le
CCI, non seulement ils sont resté cois, parce qu'ils n'avaient rien
à dire, voire méprisaient une vulgaire jacquerie qui durerait peu –
ils l'enterraient même la semaine dernière comme le gouvernement
Macron – mais au moins ils persistent dans leur négation d'un
mouvement essentiellement petit bourgeois et mieux, complètement
étranger à la pure classe ouvrière. Il suffit de lire le libellé
consternant de leur appel à une réunion publique à Paris où il
n'y aura qu'eux et leurs très vieux sympathisants :
« Réunion
publique du CCI
Mouvement des "gilets
jaunes" :
Pourquoi les
prolétaires doivent défendre leur autonomie de classe ?
Nous avons mis en
évidence dans nos prises de position, le caractère
interclassiste de ce mouvement
Cependant
au sein de ce mouvement qui trouve son origine dans la
petite-bourgeoisie et ses revendications spécifiques, nous
trouvons aussi des ouvriers et nous voyons aussi des revendications
que la classe ouvrière peut prendre à son compte (vie chère,
hausse du SMIC, etc). Enfin, le mouvement des « gilets
jaunes » a aussi montré une méfiance vis à vis des
syndicats et des forces politiques qui traditionnellement encadrent
la classe ouvrière et cherchent à anéantir ses efforts pour
développer sa conscience.
Pourquoi
alors dit-on que ce mouvement n'appartient pas à la classe
ouvrière ? Pourquoi celle-ci ne peut-elle pas prendre les
devants et engager une lutte plus massive ?
Pour
répondre à ces questions, il faut revenir sur ce que signifie
l'interclassisme ; en quoi le prolétariat se distingue
de toutes les autres classes dans la société capitaliste ;
en quoi l'autonomie de la classe ouvrière constitue un élément
fondamental pour lequel le prolétariat s'est battu dès sa
naissance ; en quoi les buts et les méthodes de ses
luttes ne peuvent être qu'en cohérence avec le caractère
révolutionnaire et internationaliste de la classe ouvrière et
se trouvent en diamétrale opposition aux buts et méthodes du
mouvement des « gilets jaunes ».
Résumé
de la pensée doctrinaire de cette secte CCI6 :
« Les Gilets Jaunes, c’est une jacquerie et certainement pas
un processus révolutionnaire. Ils ne veulent pas renverser la
capitalisme, ils veulent juste qu’on répartisse équitablement
l’impôt et avoir de quoi vivre décemment. Ils veulent aussi être
représentés sur le plan politique par des bobos comme eux ».
On
imagine la poignée d'individus qui a mis des semaines avant de
décréter que ce mouvement était « interclassiste »
(comprenez mélange des classes) et tout bonnement toxique pour
« l'autonomie de la classe ouvrière », puis décrété
que ce mouvement « n'appartient pas à la classe ouvrière »,
comme si la classe ouvrière possédait quelque chose dans le domaine
des protestations publiques. Ce rejet dogmatique et hors sol est évidemment la manière pour la secte de masquer qu'elle s'est
trompée et qu'elle est tout juste bonne à édicter bons et mauvais
points. Ils sont d'ailleurs d'une certaine façon sur le même banc
d'église que papy Krivine, et composés aussi de papés du même
âge ; ce soir le pauvre petit vieux Krivine tout voûté a
chevroté sur Cnews : « il n'y a plus de mouvement
ouvrier » et les GJ « c'est des gens paumés »,
« on peut pas discuter avec la plupart car beaucoup sont
fachos », et il faut craindre car les fachos « y
déploient leur griffe ». Le rejet frileux du papy trotskiste
comme l'indifférence du CCI révèlent bien le mépris petit
bourgeois de l'intelligentsia, ou même plutôt de la marge de
l'intelligentsia parisienne. En réalité, ce sont bien Krivine et le
CCI qui sont paumés !
Je
ne vais pas revenir sur ce qui a déclanché ce mouvement social,
autrement plus important et grave que les grèves synidcales après
lesquelles ce tout petit groupe insignifiant a couru pendant des
décennies en pensant qu'elles étaient l'hydre de la révolution, et
aussi tant d'agitations étudiantes vaines. Ces gens imaginent le
marxisme comme un catéchisme et ils vont répétant sur la pureté
auronome de la classe ouvrière.
Engoncé
dans leur théorie simpliste de la décadence, ils n'ont pas vu les
changements opérés dans la marche du capital pour liquider l'Etat
providence. Comme les bobos des grandes cités, ils ignoraient et
ignorent encore cette masse de la classe ouvrière du privé et sise
surtout à la périphérie, qu'ils considéraient comme raciste ou
arriérée à l'instar de leurs collègues gauchistes. Au niveau de
la description un pape du modernisme communisateur, même s'il fait
partie des anti-marxistes et des idéologues bourgeois, décrit assez
bien ce monde qui échappe aux derniers militants bien nourris du
CCI, le fameux Robert Kurz :
« En
effet, la pauvreté aujourd’hui ne découle plus de l’exploitation
dans le travail, mais de l’exclusion hors de la sphère du travail.
Ceux qu’emploie encore la production capitaliste proprement dite
font même figure de privilégiés. La société ne définit plus les
masses « dangereuses » qui lui posent problème comme
regroupant les individus en fonction de leur « position dans le
procès de production », mais en fonction de celle qu’ils
occupent dans les sphères secondaires et dérivées de la
circulation et de la distribution. Ces masses comprennent chômeurs
de longue durée et bénéficiaires de prestations sociales, mais
aussi employés sous-payés du secteur des services externalisés,
auto-entrepreneurs pauvres, vendeurs ambulants et autres
chiffonniers. Du point de vue des normes en vigueur en matière de
droit du travail, ces formes de reproduction s’avèrent de plus en
plus entachées d’irrégularité, d’insécurité et souvent même
d’illégalité ; en outre, l’embauche y est sporadique, et
les maigres revenus qu’elles apportent frisent le minimum vital,
quand ils ne tombent pas carrément en dessous ».
C'est
donc cette masse de gens que le CCI nomme petits bourgeois
« étrangers au prolétariat » ! Cette secte fait
pitié. Kurz est par ailleurs un grand délirant, il ne voit plus de
classe capitaliste, théorise un incongru « capital humain »,
mais il n'a pas tout à fait tort de nuancer la chute de la couche
moyenne traditionnelle : «
Car si la nouvelle classe moyenne « tombe »
effectivement, elle n’en rejoint pas pour autant le prolétariat
industriel traditionnel des producteurs directs, lequel ne représente
plus qu’une minorité qui disparaît peu à peu. Paradoxalement, la
« prolétarisation » des diplômés va de pair avec une
« déprolétarisation » de la production ».
Laissons
aussi de côté cette notion de son cru de déprolétarisation de la
production qui n'est toujours que la part croissante prise par les
machines, puisque cet individu ne croit plus à « la lutte des
classes du prolétariat » (pourquoi classes au pluriel?) mais à
une lutte foireuse et idéaliste des « humains »,
patrons, flics et ouvriers confondus7:
« Plus
grands sont les écarts de revenus entre riches et pauvres dans cette
économie de bulles financières, et plus les différences
structurelles entre les classes vont s’effacer au sein de la
reproduction capitaliste. Il n’y a donc aucun sens à vouloir –
comme le font un certain nombre d’idéologues de cette classe
moyenne en déclin qui fut jadis nouvelle – reprendre à son compte
une « lutte des classes du prolétariat » d’une époque
révolue. Aujourd’hui, l’émancipation sociale exige de dépasser
la forme sociale qui nous est commune à tous «
Le
CCI est l'envers de cette même médaille de plomb, il est aussi
anti-marxiste finalement que notre idéaliste communisateur. Au
moment des indignados il nous était expliqué que la petite
bourgeoisie ne pouvait dépasser ses illusions démocratistes, alors
on nous fournissait une nouvelle définition de la classe ouvrière
sur le mode multiculturaliste comme les gauchistes où, comme la
lessive Omo une classe ouvrière génénraliste et multiculturelle
allait faire sauter toutes contradictions (mais il n'était pas dit
alors que les petits bourgeois étaient des étrangers, ni des
migrants d'ailleurs) :
« Ces
contradictions ne pourront être dépassées que par la lutte
historique du prolétariat. Le prolétariat est la classe de
l’association mondiale. Il produit par-delà les frontières,
lui-même est une classe de migrants, un creuset de races, de
religions, de cultures. Aucune production, depuis un bâtiment
jusqu’à une fraiseuse, ne peut être réalisée par une communauté
isolée d’ouvriers enfermée dans un cadre national, encore moins
local. La production a besoin de matières premières, de transports,
de machines, qui circulent mondialement. Elle ne peut être réalisée
que par des ouvriers instruits dans une culture universelle, dans les
échanges incessants à une échelle internationale. Internet n’est
pas seulement un instrument culturel, mais, surtout un moyen sans
lequel la production capitaliste actuelle serait impossible ».
Cette
définition limitative aux ouvriers de la production fraiseuse et
possédant une « culture universelle » permet en effet
d'exclure tous ces ouvriers et petits entrepreneurs de la périphérie,
qui en sont donc, comme en étaient persuadés les confrères
gauchistes et les syndicats, que des salauds d'électeurs du RN. On
voit donc que le CCI, ou ses rédacteurs maladroits, s'excluent
eux-mêmes de la lutte DES classes.
Lénine
et Marc Chirik doivent se retourner dans leur tombe et mausolée en
voyant un tel indifférentisme anti-marxiste. Je ne vais pas vous
citer des tonnes de remarques de Lénine lorsqu'il conchiait les
doctrinaires stupides, mais je pourrais en étaler un paquet.
Une
remarque d'abord sur le simple aspect de jacquerie, d'autres que moi,
dont Michel Olivier, ont rappelé qu'il
n'y avait pas de honte à faire une jacquerie, qui est en général
une révolte violente contre la misère. Qu'on me permettre
simplement de rappeler qu'une jacquerie avoir une signification dans
une période de crise profonde, la révolte des paysans roumains
contre les Boyards en 1907, contemporaine de la révolution russe de
1905 est en quelque sorte conclue par les prolétaires russes et les
bolcheviques en 1917 …Les
propriétés foncières de l'aristocratie jouissaient presque
toujours d'une immunité fiscale et judiciaire. De plus, les boyards
disposaient, jusqu'à la fin du Moyen Âge, du droit de quitter le
service de leur prince pour celui d'un autre. Pour
les bolcheviques et les meilleurs militants socialistes français
comme Amédée Dunois, il s'est agi d'une pré-révolution
prolétarienne spécifiquement dirigée contre le « régime
monarchique bourgeois-latifundiaire » (Regimul
monarhist burghezo-moșieresc),
annonçant le triomphe de la Révolution
russe
et s'inscrivant dans le « processus d'éveil du prolétariat
mondial. Panaït Istrati raconte cette épopée dans « Les
chardons du baragan »8
mais aussi Bernard Lazare : « «
La
jacquerie reste la terreur redoutable des
gouvernants et des budgétivores roumains.
Ils ont déjà vu, en 1888, l’émeute dans les campagnes, ils ont
vu les pacants soulevés envahir les propriétés, jeter les récoltes
dans les rivières, détruire tout sur leur passage. La bourgeoisie
des agrariens et des fonctionnaires a férocement réprimé la
révolte, tuant et emprisonnant les insurgés. Elle n’a pas résolu
ainsi le problème. Si demain elle s’apprête à charger de nouveau
d’impôts son corvéable, elle rallumera la torche »9.
Quelques
citations pour montrer comment tant de sectes restent hors sol et se
liquident elles-mêmes avant les révolutions, et ce mouvement n'en
est pourtant qu'aux préliminaires, mais on ira loin avec lui.
« Quiconque
attend une révolution sociale "pure" ne vivra jamais
assez longtemps pour la voir. Il n'est qu'un révolutionnaire en
paroles qui ne comprend rien à ce qu'est une véritable révolution.
La
révolution russe de 1905 a été une révolution démocratique
bourgeoise. Elle a consisté en une série de batailles livrées
par toutes les classes, groupes et éléments mécontents de la
population. Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés
les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les
plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de
l'argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers,
etc. Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le
tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c'est pourquoi les
ouvriers conscients étaient à sa tête. »
Lénine
La
révolution socialiste en Europe ne
peut pas être autre
chose que l'explosion de la lutte de masse
des opprimés et
mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie
et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans
cette participation, la lutte de
masse n'est pas possible,
aucune
révolution
n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au
mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs
faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement,
ils
s'attaqueront au capital,
et
l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé,
qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse
disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité,
pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des
banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des
raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales
dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie
et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas
d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises.
Quand j'entends le mot philosophie je sors mon revolver |
Contre
le point
de vue pédantesque et ridicule des sectes, Lénine ajoute :
« L'expérience
qu'ont reçue les masses,
l'expérience qu'ont reçue
les classes opprimées
pendant
ce temps leur a apporté une foule d'enseignements, et les chefs
socialistes-révolutionnaires et menchéviks se sont complètement
séparés des masses. C'est précisément dans un programme aussi
concret que possible que cela se manifestera le plus sûrement, dans
la mesure où nous réussirons à la soumettre au jugement des
masses.
« Il
nous incombe d'aider à faire tout le possible pour assurer une
«dernière» chance au développement pacifique de la révolution,
d'y aider en exposant notre programme, en expliquant son caractère
national, sa totale correspondance aux intérêts et aux
revendications de l'immense majorité de la population. Les
lignes qui suivent constituent un essai d'exposition de ce programme.
Rapprochons-nous
par ce programme des «couches les plus déshéritées », des
masses, des employés, des ouvriers, des paysans, non seulement de
ceux qui sont avec nous, mais surtout des
socialistes-révolutionnaires, des sans-parti, des gens peu éclairés.
Efforçons-nous de les amener à juger par eux-mêmes, à prendre
eux-mêmes des décisions,
à envoyer leurs
délégations
à la conférence, aux Soviets, au gouvernement ; alors, notre
travail ne sera pas perdu, quelle que soit l'issue de la conférence.
Alors, il sera profitable et à la conférence et aux élections pour
l'Assemblée constituante, et à toute activité politique en
général »10.
« La
révolution socialiste en Europe ne
peut pas être autre
chose que l'explosion de la lutte de masse des opprimés et
mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie
et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans
cette participation, la lutte de
masse n'est pas possible,
aucune
révolution
n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au
mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs
faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement,
ils
s'attaqueront au capital,
et
l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé,
qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse
disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité,
pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des
banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des
raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales
dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie
et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas
d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises ».
« Donc,
de deux choses l'une : ou bien les anti-autoritaires ne savent pas ce
qu'ils disent et, dans ce cas, ils ne font que semer la confusion, ou
bien ils le savent et, dans ce cas, ils trahissent la cause du
prolétariat. De toute façon, ils servent la réaction ».
NOTES
1Les
émeutes de 2005 en banlieue, puis celles de novembre 2007 à
Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), accélèrent la généralisation de
cette arme. Peu à peu, le lanceur de balles de défense devient un
outil de maintien de l’ordre, y compris dans les manifestations.
Pour Vincent Denis, maître de conférences en histoire moderne à
la Sorbonne et spécialiste de la police, interrogé par l'AFP,
cette utilisation marque "un
tournant"
car "la
doctrine du maintien de l'ordre depuis 1945 était de ne pas tirer
sur les manifestants".Sa
théorie prend du plomb dans l’aile en décembre 2010, lorsque
Mustapha Ziani, 45 ans, meurt des suites d'un tir de
flash-ball au thorax lors de son interpellation dans un foyer de
travailleurs à Marseille (Bouches-du-Rhône). L'autopsie atteste
que le tir, effectué à environ 4,40 mètres de la victime,
était bien la "cause
directe et exclusive"
de sa mort.
Six
ans après les faits, l'auteur du tir, le policier Xavier Crubezy,
est
condamné
à six mois de
prison avec sursis. Entre
temps, plusieurs dizaines de cas de blessés graves par tirs de
flash-ball ont défrayé la chronique.
Ça
correspond à un coup de poing de Mike Tyson. Ce n’est pas
censé tuer quelqu’un mais à partir du moment où il est utilisé
au mauvais endroit…Thierry
Launois, délégué national formation à l'Unsa Policeà
franceinfo
Selon
une étude
américaine (en
anglais)
publiée en décembre 2017 dans la revue médicale britannique BMJ
Open,
3% des personnes grièvement blessées par un tir de flash-ball
décèdent des suites de leurs blessures. Les cas français ne sont
pas pris en compte dans cette enquête.
2Par François
Bonnet, journaliste à Médiapart.
3Point
4 d'une discussion préparatoire à une AG: le cas Éric Drouet, une
des figures nationales du mouvement. «
Reporter Youtube »,
comme il se fait appeler parce qu’il filme toutes les
manifestations en Lorraine et des activités du groupe de Commercy,
explique avoir été contacté par l’animateur de la France en
colère. «
Il est peut être intéressé à venir, voilà, je vous transmets...
» Le
personnage divise. Une partie de l’assistance se méfie. Une autre
approuve. Voter, ne pas voter ? Le débat monte. Un compromis est
trouvé : on votera non pas pour ou contre Drouet, mais pour décider
si le groupe le contacte ou non. Le vote est favorable ».
4Appel
des machins suivants : collettivo48ohm@gmail.com;
pclroma@gmail.com;
icparty@interncommparty.org;
radiored59@gmail.com;
redattore@rottacomunista.org;
com.internazionalista@gmail.com;
eziorubert@yahoo.it;
falcemartello.roma@gmail.com;
il.lato.cattivo@gmail.com;
infoantiper@gmail.com;
dinoerba48@gmail.com;
almantuno2@hotmail.com;
tonino@sinistrainrete.info;
retecontrolaguerra@inventati.org;
posta@che-fare.org;
antonellastrada@libero.it;
giorgiomalizia@gmail.com;
salvoclaudam@tiscalinet.it;
alouest@riseup.net;
francosenia@gmail.com;
info@csavittoria.org;
milano@sicobas.org
5LÉNINE:
Œuvres complètes, tome 25, pp. 93-94, Éditions sociales,
Paris, 1957.
6Courant
communiste international, courant surtout après de vieilles
chimères. Tous les 10 ou 15 ils s'emballent pour une énimèe
sortie de la contre révolution ou des signes annonceurs d'une
envolée de la lutte de classe. Je leur avais attribué un soutien
aux bobos de « nuit debout », ce ne fut pas le cas, ils
dénoncèrent relativement bien ces phraseurs à la Ruffin, sans
autre avenir que de rester dans le marais de la gauche bourgeoise.
Mais il y a toujours une propension à voir la classe
ouvrière où elle n'est pas, où a exalter le milieu étudiant en
2006 dont les AG sanctifiaient « le caractère prolétarien » :
« En
2006 : La
mobilisation actuelle des étudiants en France se présente, d'ores
et déjà, comme un des épisodes majeurs de la lutte de classe dans
ce pays depuis les 15 dernières années, un épisode d'une
importance au moins comparable aux luttes de l'automne 1995 » ;
les étudiants dans leur fac « épisode majeur de la lutte de
classe », seuls de petits profs à la retraite peuvent écrire
des âneries pareilles !
Puis ils se sont emballés pour les indignados en 2010.
7En
effet, la pauvreté aujourd’hui ne découle plus de l’exploitation
dans le travail, mais de l’exclusion hors de la sphère du
travail. Ceux qu’emploie encore la production capitaliste
proprement dite font même figure de privilégiés. La société ne
définit plus les masses « dangereuses » qui lui posent
problème comme regroupant les individus en fonction de leur
« position dans le procès de production », mais en
fonction de celle qu’ils occupent dans les sphères secondaires et
dérivées de la circulation et de la distribution. Ces masses
comprennent chômeurs de longue durée et bénéficiaires de
prestations sociales, mais aussi employés sous-payés du secteur
des services externalisés, auto-entrepreneurs pauvres, vendeurs
ambulants et autres chiffonniers. Du point de vue des normes en
vigueur en matière de droit du travail, ces formes de reproduction
s’avèrent de plus en plus entachées d’irrégularité,
d’insécurité et souvent même d’illégalité ; en outre,
l’embauche y est sporadique, et les maigres revenus qu’elles
apportent frisent le minimum vital, quand ils ne tombent pas
carrément en dessous.
8Que
Robert Camoin fît connaître aux nombreux ignares du jeune groupe
jadis, et que, apparemment, dans son grand âge il a oublié cet
auteur qui le fascinait, puisqu'il méprise lui aussi le mouvement
des gilets jaunes.
9S’appuyant
sur des travaux du militant socialiste roumain Christian Racovski
(futur membre éminent du parti bolchevique), Amédée Dunois relate
l’état de la Roumanie dans le journal La
Vie ouvrière
[créée par le syndicaliste révolutionnaire Pierre Monate en 1909
et qui sera le magazine de la Confédération générale du travail]
du 20 décembre 1909. «Le
paysan manque de la terre nécessaire pour le faire vivre et meurt
littéralement de faim. En 1905, 4000 grands propriétaires
possédaient 47% du territoire arable, alors qu’un million de
paysans n’en possédaient que 41%. Soixante-six grands
propriétaires usurpaient à eux seuls le seizième de l’étendue
cultivée. Ces grands propriétaires n’exploitent autant dire
jamais eux-mêmes. Ils ont des intendants ou des fermiers»,
ceux-ci sous-louant les terres aux paysans.
Les
contrats que les paysans signaient les étranglaient. Pour pouvoir
cultiver un lopin, ils devaient des journées de travail au
seigneur: douze en théorie, mais cela pouvait aller jusqu’à 42
jours en Valachie et 46 en Moldavie. A ces jours de
corvée s’ajoutaient la fourniture d’une partie de leurs récoltes et diverses sommes d’argent. Ils versaient par ailleurs un impôt à l’Etat afin que celui-ci se rembourse de l’argent qu’il avait distribué aux boyards pour les indemniser de ce qu’ils avaient perdu en 1864 en cédant une partie de leurs terres. «Et pour que le propriétaire puisse obliger les paysans à exécuter tous ces travaux, il possède un moyen infaillible, poursuivait Racovsky, l’interdiction qui leur est faite de rentrer leur récolte avant l’acquittement de toutes leurs dettes et obligations.» C’est ainsi que des récoltes pourrissaient sur pied dans les champs de paysan (…) Les possédants répandaient l’idée que, derrière le mouvement de la paysannerie, se trouvait la main des socialistes et des «instigateurs russes» . En réalité, la révolte resta une jacquerie comme on en avait connu depuis le Moyen Âge. La colère avait brutalement éclaté sans qu’il y eût au sein de la paysannerie de perspectives sociales ou politiques, et aucun programme ni aucune direction du mouvement ne se manifestèrent durant les quelque deux mois que durèrent les affrontements. En l’absence du relais et de la direction d’une classe urbaine, qui ne pouvait être que la classe ouvrière, la révolte paysanne ne pouvait que déboucher sur une tragique impasse.
corvée s’ajoutaient la fourniture d’une partie de leurs récoltes et diverses sommes d’argent. Ils versaient par ailleurs un impôt à l’Etat afin que celui-ci se rembourse de l’argent qu’il avait distribué aux boyards pour les indemniser de ce qu’ils avaient perdu en 1864 en cédant une partie de leurs terres. «Et pour que le propriétaire puisse obliger les paysans à exécuter tous ces travaux, il possède un moyen infaillible, poursuivait Racovsky, l’interdiction qui leur est faite de rentrer leur récolte avant l’acquittement de toutes leurs dettes et obligations.» C’est ainsi que des récoltes pourrissaient sur pied dans les champs de paysan (…) Les possédants répandaient l’idée que, derrière le mouvement de la paysannerie, se trouvait la main des socialistes et des «instigateurs russes» . En réalité, la révolte resta une jacquerie comme on en avait connu depuis le Moyen Âge. La colère avait brutalement éclaté sans qu’il y eût au sein de la paysannerie de perspectives sociales ou politiques, et aucun programme ni aucune direction du mouvement ne se manifestèrent durant les quelque deux mois que durèrent les affrontements. En l’absence du relais et de la direction d’une classe urbaine, qui ne pouvait être que la classe ouvrière, la révolte paysanne ne pouvait que déboucher sur une tragique impasse.
Le
mouvement socialiste roumain, dont le représentant le plus connu
était Christian Racovsky, en était à ses tout débuts, les idées
n’atteignant que peu le monde paysan soumis par la classe des
grands propriétaires «à
la misère, la maladie et l’ignorance»,
pour reprendre les termes de ce dernier, prédisant que cette classe
parasitaire de boyards serait amenée à disparaître peut-être
plus vite et de façon plus catastrophique qu’elle ne le
souhaitait.
« Le
travail de Racovski, comme autrefois celui de B. Lazare, se termine
par la prévision formelle d’une catastrophe nouvelle. Racovski
ajoute que seule la conquête du suffrage universel par les ouvriers
des villes, conquête que suivrait sûrement la réforme agraire,
pourrait empêcher l’explosion de se reproduire. C’est sans
doute attendre du suffrage universel plus qu’il ne peut donner.
J’aimais mieux la façon dont concluait Bernard Lazare, du point
de vue de la question juive, quand il disait : « Peut-être si [la
bourgeoisie] désespère le Juif, si elle le pousse à bout,
celui-ci, malgré sa passivité, malgré les conseils de ses riches
timorés, s’unira-t-il au travailleur des champs et l’aidera à
secouer le joug. Mais, même s’il ne se joint pas à lui, c’est
un jour le paysan roumain révolté qui, directement ou
indirectement, résoudra en Roumanie l’actuelle question juive, en
se libérant lui-même et en libérant le Juif . »Mais
la révolte paysanne ne saurait aboutir sans qu’une période
d’organisation préalable n’ait transformé là-bas les
conditions et les consciences. À l’œuvre donc, socialistes et
syndicalistes roumains ! ». Amédée Dunois
10Les
tâches de la révolution 9 octobre 1917
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171010.htm
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