« Sans
le renversement révolutionnaire du capitalisme, aucune cour
internationale d’arbitrage, aucune réorganisation “démocratique”
de la Société des Nations, ne sauraient sauver l’humanité de
nouvelles guerres impérialistes ». Lénine (1917)
« Mes compatriotes ne
doivent pas prendre prétexte de la culpabilité passée de
l’Allemagne pour fermer les yeux » ;
la défense des droits humains peut impliquer de « prendre
les armes ». Gauck (président allemand
2014)
Deux
scandales scandés par le MEDIAWEB
On
lit en ce moment ceci en une de la presse et du médiaweb :
« L'enquête sur les activités du groupe cimentier Lafarge
en Syrie, soupçonné
d'avoir financé l'État islamique de 2012 à 2014 pour maintenir
en fonctionnement son site de Jalabiya, s'accélère. Trois cadres du
groupe ont été mis en examen vendredi à l'issue de 48 heures de
garde à vue pour «financement d'une entreprise terroriste»,
«violation du règlement européen» concernant l'embargo sur le
pétrole syrien et «mise en danger de la vie d'autrui»1.
De
manière obsessionnelle on lit aussi, sans rapport apparent avec le
scandale précédent, que « L'inculpation de Michael Flynn
menace la Maison-Blanche » ; cet ancien conseiller de
Trump aurait menti sur le degré de collusion de Trump avec
« l'ingérence russe dans la campagne électorale ».
L'objet de cet article sera de montrer les accointances et les
raisons de ces scandales martelés par les menteurs professionnels
accrédités à la désinformation généralisée.
EN
FINIR avec l'impérialisme juridique américain ?
C'est
le titre d'un court article du député de droite gaulliste Pierre
Lellouche dans Marianne de la fin novembre 2017 (j'ai rajouté le
point d'interrogation). Ce député, qui avait déjà protesté en
son temps contre les sanctions visant la SNCF, considérée, et non
pas Pétain le bref, comme coupable de la déportation des juifs
français, fait un constat évident : « Depuis
une dizaine d'années, de très importantes sanctions financières
ont été infligées par les autorités judiciaires américaines à
des entreprises européennes. Et comme il s'agit des Etats-Unis,
puissance qui ne peut faire que le bien (benevolent power) , ces
sanctions sont imposées au nom, bien entendu, des plus nobles
causes : lutter contre la corruption ou la fraude fiscale, punir
ceux qui contournent les sanctions contre les « Etats voyous »
ou jugés comme tels par les Etats-Unis, protéger les consommateurs
ou les règles de la Bourse ou du marché ».
Il
liste ensuite toutes les entreprises françaises qui ont trinqué :
BNP Paribas, Alstom, le Crédit Agricole, Airbus, Sanofi, Veolia. Ces
mêmes entreprises sont obligées de se soumettre au contrôle
américain « relevant du secret des affaires ». Il
dénonce « une application du droit pénal américain hors des
Etats-Unis (qui) détruit le droit international tel qu'il est
construit sur la base de la souveraineté des Etats ». C'est
donc une arme de soumission et de destruction systématique de leurs
concurrents étrangers ». Très bien vu, mais pas analysé en
profondeur sur l'état du capitalisme2.
La
juridicisation de la vie politique et sociale on connait depuis un
moment. Cette mode a été imposée par l'impérialisme dominant
surtout depuis la chute de l'ex URSS. A l'anti-communisme primaire a
succédé la morale primaire. Il faut s'interroger plutôt sur cette
nouvelle forme de compétition entre entreprises, multinationales en
façade, par Etats interposés, ou mieux par justice interposée.
On
se souvient qu'en décembre 2014: « Un accord
entre la France et les Etats-Unis a été signé pour immuniser la
SNCF contre des poursuites sur le territoire américain visant sa
responsabilité dans la Shoah. Pour cela, la compagnie ferroviaire
indemnisera les victimes américaines à hauteur de 100.000 euros »3.
La SNCF, et non pas le maréchal et sa milice armée, était accusée
d'avoir, durant la seconde guerre mondiale, transporté près de
76.000 de juifs vers les camps de la mort. Seuls 3.000 d'entre eux en
sont revenus. Avec cet accord, l'Etat américain s'engagea à
immuniser la SNCF contre toutes poursuites judiciaires (on rigole du
tour de passe passe mafieux). Il ne s'était agi que de modérer les
ambitions de la SNCF en territoire américain. La SNCF n'avait pas
participé aux négociations concernant son éventuelle inculpation
pour « crime de guerre »...
L'ambassadrice française
aux Droits de l'homme (sans ticket), Patrizianna Sparacino-Thiellay
avait annoncé cet accord lors d'une visio-conférence de presse, "la
SNCF n'a jamais été tenue pour responsable de la déportation. Elle
a été un instrument de la déportation. (...) c'est de la
responsabilité des autorités françaises" d'en assumer les
conséquences, a rappelé la diplomate française. Encore une autre
subtilité de langage diplomatique pour dire que si la SNCF a été
un instrument, l'Etat français actuel devait bien, lui, raquer à sa
place, en tout cas à la place de Pétain.
Bon
sang chauvin ne saurait mentir. En juillet 2014 l'Huma faisait râler
à sa place le justiciable Le Flock Prigent contre les multiples
attaques « juridiques » américaines, lequel en devient
même léniniste: « CHANTAGE AMÉRICAIN :Nous
venons donc d’abandonner à la fois notre souveraineté, des
savoir-faire technologiques essentiels que peu de pays au monde
maîtrisent et que nous avons mis des années à construire, et une
entreprise rentable qui dispose de débouchés commerciaux
indéniables. En l’espèce, la loi du marché ne justifiait
nullement cette vente. Outre son rejet du pouvoir socialiste, l’une
des raisons qui ont conduit Patrick Kron à vendre Alstom à GE est
la menace de poursuites pour corruption qui pèse sur les dirigeants
du groupe français, sans qu’il soit possible d’en mesurer le
bien-fondé. Il s’agit bien là d’un chantage américain. En
effet, nous sous-estimons toujours les pratiques déloyales et
illégales américaines dans la compétition économique mondiale.
Rappelons qu’au nom de la « guerre contre le terrorisme », la NSA
écoute la planète entière, en particulier les entreprises
étrangères qui concurrencent les firmes américaines4.
Ainsi, depuis la fin de la guerre froide, les Américains ont
développé une véritable stratégie planétaire de domination
politique, juridique et économique : la mondialisation n’est
finalement que l’imposition au reste du monde du droit et des lois
américains. C’est là la définition même de l’impérialisme.
«
LA PERTE DE SAVOIR FAIRE ESSENTIELS BÂTIS SUR DES ANNÉES DONT LA LOI
DU MARCHÉ NE JUSTIFIAIT PAS LA VENTE.»
L’affaire
Alstom est à rapprocher d’autres offensives que les États-Unis
ont déclenchées contre nous, profi-tant de notre faiblesse
politique du moment. A cause d’un président impopulaire et passif
(Hollande): remise en cause par Washington de la vente de navires
Mistral à la Russie et véritable racket dont a été victime BNP
Paribas. C’est pourquoi il est temps de sortir de l’aveuglement
dans lequel nous baignons : nous ne sommes plus amis depuis longtemps
avec les États-Unis, tout au plus alliés. La guerre économique est
depuis longtemps déclarée et il est affligeant que nous ne rendions
pas les coups ! Ainsi, contrairement aux allégations du
gouvernement, le dossier Alstom n’est en aucun cas une victoire
française. C’est uniquement une victoire de GE qui a eu tout ce
qu’il voulait. Ce qui est incroyable, c’est que l’entreprise
américaine a pu dérouler toute sa stratégie sans la moindre
opposition de la part de notre pays.
INCOMPÉTENCES
L’affaire
Alstom révèle donc l’incompréhension de la compétition
économique des dirigeants politiques français. Le gouvernement n’a
pas été à la hauteur des enjeux. Mis à part les rodomontades
d’Arnaud Montebourg, rien n’a été fait. Pire, certains, dans la
haute administration, ont torpillé dès le départ l’option d’un
rachat d’Alstom par la France. Ils ont eu le toupet de justifier
cette décision au nom de « l’intégration silencieuse des
discours du Front national dans la politique économique de la France
». Une note de l'Huma
tenait à se démarquer de tout discours nationaliste, tout en
restant national et donnant une petite clique à la CGT :
« Affligeant. Défendre les intérêts nationaux, c’est
aujourd’hui être du Front national ! Enfin, il convient de ne pas
oublier le silence assourdissant des syndicats, que l’on n’a pas
entendus dans cette affaire : comment la CGT, d’habitude plus
réactive, a-t-elle pu rester absente de ce dossier ? Ce sont là
autant de signes inquiétants d’une démission collective ».
La
France n'est pas seule obligée de cracher au bassinet, il faudrait
évoquer aussi l'Allemagne avec l'affaire Volkswagen, et d'autres
pays européens. Cette juridicisation des rapports économiques
interpelle évidemment tout honnête homme sur le fallacieux droit
international chanté depuis 1945, comme le soit disant contrôle
des ventes d'armes entre pays belligérants5 ;
quand la pièce de théâtre à terreur froide Corée/Trump côté
jardin, quand, côté cour, les affaires, militaires et mafieuses,
vont bon train.
LES
CONSEQUENCES « JURIDIQUES » DE L'IMPERIALISME
On
peut dire que c'est avec la fin des expansions coloniales que naît
l'impérialisme. Marx notait que l’aube de la
production capitaliste était marquée par la « découverte des
contrées aurifères et argentifères de l’Amérique, la réduction
des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou
leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux
Indes orientales, la transformation de l’Afrique en une sorte de
garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires […]. Le
régime colonial […] assurait des débouchés aux manufactures
naissantes [et les] trésors directement extorqués hors de l’Europe
[…] refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme
capital », ce qui permit aux capitalistes européens d’établir
d’immenses réserves de richesses vouées à être ensuite
transformées en capital. Bien qu’il remarque que le « pouvoir
de l’État » a joué dans ces transformations, Marx ne fait
pas mention du droit international à l'époque. On ne peut cependant
pas nier que ces processus internationaux ont été médiatisés par
le droit international. L’expansion coloniale a été réalisée
par l’intermédiaire d’un droit d’acquisition des territoires
coloniaux, tandis que plusieurs traités ont joué un rôle central
afin de garantir le commerce, la navigation et le règlement des
guerres entre prédateurs concurrents. Marx pouvait assister à
l'expansion régulière du capitalisme depuis l’Europe, et à
l'affermissement du rôle de la bourgeoisie pour donner « un
caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous
les pays » au point que « l’étroitesse et
l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus
impossibles ». Déjà s'estompait la différence entre
économie mondiale et économie nationale.
L’analyse de Marx de la
politique mondiale fut en réalité très limitée par l'état du
capitalisme de son temps, encore « jeune ». La
contribution approfondie du marxisme en matière de relations
internationales revient à Lénine, qui fut le premier à synthétiser
les réflexions de Rudolf Hilferding, Rosa Luxemburg et Nicolaï
Boukharine pour expliciter le lien entre capitalisme tout entier et
les conflits du système au niveau mondial entre Etats capitalistes.
Dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, il
expliquait que la concentration du capital due à la course au profit
mène inévitablement à l’impérialisme,
c’est-à-dire à une politique agressive, économique et militaire,
des Etats capitalistes visant à accroitre leur domination sur les
autres Etats capitalistes, rivaux ou plus faibles. La conséquence de
cet impérialisme était décrite par l’apparition de frictions et
de conflits entre puissances capitalistes qui, parce qu’elles
recherchent de nouveaux débouchés pour leurs produits,
s’affrontaient déjà pour le contrôle des territoires non
capitalistes, les colonies ; et il y a affrontement désormais
en plus, un siècle plus tard, comme les quelques exemples repris
ci-dessus le démontrent, entre entreprises et cartels industriels,
sous arbitrage de la justice... d'Etat dominant6.
Marx aurait tout à fait
compris l'aboutissement impérialiste et juridique du capitalisme
moderne, puisqu'il avait montré, dans le contexte des « Lois
sur les manufactures », qu’ « entre deux droit égaux,
c’est la force qui tranche », autrement dit que devant deux
arguments juridiques irréfutables, c’est la force qui résout la
contradiction. Dans la « Préface » de la Contribution
à la critique de l’économie politique, Marx décrit le droit
comme l’une des « formes idéologiques sous lesquelles
les hommes prennent conscience [du conflit de classe] et le mènent
jusqu’au bout ». Concernant l'idéologie, Engels a montré
que la fonction du droit est essentiellement, de servir d’écran de
fumée pour masquer les processus « réels » à l’œuvre
dans le monde.
Loin d’être d'apaiser
les relations internationales, le droit international depuis 1945 en
est venu en fait à cornaquer et à déchirer le monde .
Les rivalités
nationales, loin de se résorber, se sont intensifiées dans la
période de 1914. Hilferding a fourni le premier l'analyse de la
naissance de l'impérialisme, soutenant que les prédictions de Marx
au sujet de la concentration du capital se sont révélées justes à
la fin du XIXe siècle. Avec la banqueroute et le rachat de certaines
firmes, l’industrie capitaliste s’est trouvée concentrée aux
mains de plusieurs corporations en situation de monopole. Afin de
garantir leur stabilité et leurs profits, ces firmes se sont
organisées en cartels, réalisant la fusion des capitaux
industriel et financier au sein de vastes blocs. Ce mouvement a
opposé les capitalistes au « libre échange » et aux
limites que celui-ci imposait au regroupement en cartel.
La solution à ce
problème a été double : augmenter la taille de la zone
tarifaire grâce à la conquête de colonies, et exporter le capital.
Cette dernière stratégie combinait la vente de marchandises à
l’étranger, le développement à vaste échelle et
l’investissement dans les manufactures, les infrastructures de
transports, etc. ; elle repose sur l’établissement
d’entreprises commerciales à l’étranger et l’exploitation
directe de la main-d’œuvre étrangère. En raison de leur
sous-développement relatif, les économies capitalistes moins
avancées ont à chaque fois fourni le plus grand nombre
d’opportunités pour accroître les profits. Boukharine et Lénine
ont été plus loin, montré qu’une division internationale du
travail découlait du processus décrit par Hilferding, et
correspondait à l’avènement d’une phase qualitativement
distincte du capitalisme, alors décrit selon Lénine comme «un
système universel d’oppression coloniale et d’asphyxie
financière de l’immense majorité de la population du globe par
une poignée de pays “avancés” ». Les Etats rivaux étaient
conduit à s'affronter sur le « territoire économique ».
La concurrence « économique » s’est transformée en
concurrence politique et militaire.
On pourrait croire qu'ils
n'ont pas traité de façon explicite, du droit international. Bien
au contraire, ils lui sont carrément rentré dans le chou.
Boukharine, Lénine et Hilferding ont ainsi tous démontré que le
droit international constituait l’un des mécanismes de la lutte
entre puissances impériales, et l’un des instruments pour
sanctionner l’oppression coloniale. Les traités internationaux,
définis comme une manière de codifier un certain équilibre au sein
des rapports de forces, en offrent un exemple manifeste. Pour Lénine,
le Traité de Versailles repose sur une « paix dissymétrique
et prédatrice », et a fait émerger une situation « dans
laquelle soixante-dix pour cents de la population mondiale est mis en
servitude ».
Par conséquent, Lénine
a aussi décrit les institutions internationales de son temps comme
basées sur un code juridique hypocrite. La Société des Nations
était en particulier vue par lui comme une « meute de loups
qui se saisissent mutuellement à la gorge », « une pure
imposture […] une caverne de brigands, chacun essayant de dérober
quelque chose aux autres ». Il a défendu l’idée que les
institutions juridiques internationales incluaient et exprimaient les
rivalités engendrées par l’impérialisme. Le capital financier
est « un facteur si puissant, si décisif, pourrait-on dire, dans
toutes les relations économiques et internationales, qu’il est
capable de se subordonner et se subordonne effectivement même des
États jouissant d’une complète indépendance politique ».
Lénine soutient en fait que l’impérialisme n’était pas
uniquement le fait des puissances coloniales et de leurs colonies,
mais qu’il s’étend à des « formes variées de pays dépendants
qui, nominalement, jouissent de l’indépendance politique, mais
qui, en réalité, sont pris dans les filets d’une dépendance
financière et diplomatique » – ce qu’il nomme des
« semi-colonies »7.
Cependant, il expliquait clairement que l’impérialisme s’exprimait
en priorité dans le lien immédiatement juridique que la
puissance coloniale entretient avec la colonie. L’annexion
politique « rend souvent l’annexion économique plus facile,
moins cher […] plus accessible et moins pénible ».
Il y
a peu d'analyses marxistes « techniques » sur le droit
international, on doit à Pachoukanis d'avoir approfondi Lénine pour
les conséquences « juridiques » de l'impérialisme8.
Dès lors que les États sont structurés en classes et qu’ils
sont pris dans les filets d’un impérialisme, cette stratification
de classe s’exprime à travers le droit international. Reprenant
ainsi la théorie de Lénine sur l’impérialisme, Pachoukanis
montre que, loin d’être un corps de règles générales neutre, le
droit international équivaut à « la forme juridique de la
lutte des États capitalistes entre eux pour la domination du reste
du monde » : fondamentalement, c’est ainsi qu’est
façonné l’ordre juridique international. À la suite de Lénine,
Pachoukanis aborde le rôle joué par certains traités pour
structurer et organiser la domination impérialiste, et conclut
qu’une « obligation issue d’un traité n’est rien d’autre
que la concrétisation, sous une forme spécifique, des rapports
économiques et politiques ». Les vainqueurs de 1945 n'ont pas
dérogé à la règle... juridique.
Enfin,
la domination coloniale, sous sa forme juridique, ne fut pas, pour
Pachoukanis, l’unique moyen qui permettait au capitalisme avancé
d’exploiter les États moins développés. Elle officialisait une
égalité formelle de tous les sujets mais reconnaissant en même
temps des inégalités de richesse réelles ; le droit
international reconnaît « l’égalité de droit entre États
bien que leur pouvoir et leur poids dans les relations
internationales soient incomparables », ce que l’absence
d’État international centralisé renforce. La corrélation entre
violence et forme marchandise contamine également la forme
juridique, étant donné que la justification des droits repose
clairement sur la violence de l’autorisation à posséder en
priorité comme loi du plus fort. La loi du plus fort est
le ciment juridique du droit international. La coercition est
inhérente à la forme marchande.
LE DROIT PENAL
INTERNATIONAL COUVRE LE CAPITALISME
Plusieurs juristes ont
démontré la farce de ce droit qui essentialise (réduit à une
seule dimension) les diverses conséquences de la barbarie
capitaliste. Des actes ignominieux au cours d'une guerre, ou de
persécution de populations, ne font plus partie du système global
de violence mais sont imputés à quelques « fruits pourris » ;
le droit pénal s'occupe de « violences conjoncturelles et de
leur caractère anormal »9,
comme le concierge témoin d'un fait divers. Le rapport « pratique »
aux droits de l’homme est profondément dépolitisé. Le
juriste nationaliste Mohamed Bedjaoui restreint la définition
de l'impérialisme à l'oppression de l'homme blanc, le droit
international a, selon lui, « permis la colonisation,
l’exploitation de l’homme par l’homme, les discriminations
raciales, [et a] facilité et légalisé l’enrichissement des
pays riches ». Le droit international classique est pour
l'ex-conseiller du FLN, « dérivé des lois de l’économie
capitaliste et du système politique libéral », et dans sa
version contemporaine, il continue d’autoriser l’exploitation
néo-coloniale au sein de laquelle les firmes multinationales
remplacent les États. Définition non seulement simpliste mais
complice des nouveaux Etats post-coloniaux. Aux côtés des juristes
autorisés, Bedjaoui considère qu'il n'y a pas de lien nécessaire
entre droit et impérialisme. On a vu que pour le juriste bolchevique
Pachoukanis, contrairement au juridte bourgeois Mohamed Bedjaoui, le
droit dépend pourtant structurellement du capitalisme.
Boukharine et Lénine
avaient parfaitement vu la division internationale du travail, non
pas au sens de complot, mais où les classes dominantes charchent à
satisfaire leurs intérêts à travers le droit international. Le
marché mondial du capitalisme moderne ne vise pas au regroupement
des différentes économies nationales quand, même des entreprises
d'une même nation sont prêtes à s'allier avec un conglomérat d'un
autre pays. Comme l'a démontré le juriste indien B.S.Chimni, c'est
le droit international qui avait permis l'accélération des
colonisations en Afrique sous couvert d'un droit des « nations
civilisées » d'un côté, et, de l’autre, « l’achèvement
du colonialisme ne constitue pas celui de l’impérialisme mais le
début d’une nouvelle phase : l’impérialisme sans
colonies ». La période 1945-1980 a été marquée par l’essor
du néo-colonialisme, situation dans laquelle « l’indépendance
politique marche main dans la main avec la dépendance économique »
dit ce juriste (pratiquement luxemburgiste), ce qui déteint sur le
droit international. La souveraineté de chaque État était pour la
première fois reconnue à part égale, mais ce principe juridique a
perpétué les inégalités réelles favorisées par le
droit international. Ces États (dits nations libérées)
nouvellement dotés d’une personnalité juridique s’inscrivaient
alors dans un droit écrit sous l’ère coloniale, « expression
géométrique de l’hégémonie que la doctrine bourgeoise exerce
encore aujourd’hui ».
Pour le juriste indien, à
partir des années 1980 la principale évolution du capitalisme
repose sur l’essor « d’une classe capitaliste
transnationale », classe véritablement globale, sans attache
précise à un système économique national, à la pointe du
tournant de la «mondialisation ». Le capital transnational
dépend de manière essentielle d’un « espace économique
fonctionnel, homogène et mondialisé » et de la liberté de
circulation pour les capitaux. Pour Chimni, les institutions
internationales jouent à ce titre un rôle crucial, et, de manière
analogue à la fonction de l’État dans les phases antérieures du
capitalisme, elles ont servi à faire tomber « les obstacles
locaux à l’accumulation du capital ». Ainsi, l’OMC, le FMI
et la Banque mondiale ont-ils remodelé les économies des sociétés
périphériques de manière à les rendre bien plus attractives aux
yeux du capital transnational. Il ne défend pas l’idée d’un
État global qui aurait supplanté les États nationaux,
mais soutient plutôt que la mondialisation a transformé la place
structurelle qu’occupe chaque État souverain au sein de
l’ordre international, ce qui a conduit à la création des
institutions internationales et à la mise en œuvre par ces États
des fonctions d’un État global. Comme cette évolution
représente un pas en arrière face aux bénéfices du droit
démocratique bourgeois,Chimni a théorisé au milieu du carnaval
altermondialiste la nécessité d'un nouveau mouvement social et
global qui devrait tenter de soumettre cette forme étatique aux
principes de la démocratie et à l’autorité de la loi. Un
utopiste radical à sa façon.
L'économiste
Charles-Albert Michalet considère que l’analyse du comportement
des firmes multinationales est indispensable à la compréhension du
système économique mondial qui se crée à travers leur
développement, il n’en reste pas moins convaincu qu’il faut
rechercher les causes à l’origine de la multinationalisation des
entreprises dans les contradictions inhérentes à la dynamique du
capitalisme. Ces firmes conservent un ancrage national. Certes, elles
constituent des entités autonomes qui fixent leurs stratégies et
organisent leur production indépendamment des découpages nationaux,
mais cela ne signifie pas qu’elles soient dépourvues d’une
nationalité et qu’elles forment des entités souveraines. Elles
ont une appartenance nationale qui est déterminée par la
nationalité des capitaux qui contrôlent la maison mère, de sorte
que le pays d’origine est aussi celui où sont rapatriés les
profits réalisés par les filiales à l’étranger.
À ce
titre, la firme multinationale doit être perçue comme négation du
commerce international, son activité à l’étranger tendant à se
substituer à l’exportation. La multinationalisation des
entreprises constitue ainsi une remise en cause radicale de la
théorie standard de l’échange international qui assimile les
économies nationales à des boîtes de facteurs de production
mobiles à l’intérieur et immobiles internationalement.
La genèse des
multinationales d’origine française semble calquée sur le schéma
américain. Dans l’un et l’autre cas, la stratégie des firmes
est défensive. Il s’agit de défendre des positions
oligopolistiques exploitées jusque-là par le biais de l’exportation
et qui se trouvent menacées par une concurrence accrue. Là s’arrête
la ressemblance. Les voies française et américaine de
l’internationalisation diffèrent pour deux raisons : d’une
part l’écart existant entre le niveau de développement des deux
économies, d’autre part la différence dans la prise de conscience
des avantages offerts par l’internationalisation de la production.
L’avantage oligopolistique que détiennent les firmes américaines
est fondé sur une avance technologique elle-même liée à leur
appartenance à l’économie la plus développée du monde. Leur
implantation à l’étranger revient à exploiter l’inégal
développement des économies nationales en bénéficiant à la fois
d’économies d’échelle et d’une réduction des coûts
salariaux. L’investissement à l’étranger des firmes françaises
ne vise pas prioritairement des économies moins développées compte
tenu des risques politiques encourus et surtout de l’exiguïté des
marchés locaux. Au contraire, leur implantation à l’étranger
concerne avant tout des pays de niveau de développement comparable
ou plus élevé, comme les États-Unis, ce qui met en doute l’idée
que la production à l’étranger vise à protéger une position
oligopolistique préalablement acquise par l’exportation. Ce qui
explique les longs marchandages avec la SNCF sur fond de punition
antifasciste.
Deux
concepts lui semblent cruciaux dans Le Capital. D’une
part, l’expansion du marché mondial doit être comprise comme une
condition indispensable au développement du capitalisme, d’autre
part, la division internationale du travail qui en résulte entraîne
un développement inégal entre pays à l’avantage de ceux qui sont
les plus riches au départ. Michalet souligne deux constats à
travers l’inventaire critique qu’il dresse des principales
théories d’inspiration marxiste : la nécessité pour les
pays capitalistes développés d’étendre le marché à l’échelle
mondiale et la possibilité pour eux de bénéficier d’un transfert
de valeur au détriment des pays les moins développés. Cependant,
ces phénomènes ne suffisent pas à eux seuls pour expliquer les
caractéristiques de l’économie mondiale qui se met en place sous
l’égide des FMN. L’internationalisation du capital décrite par
les théories marxistes reste cantonnée aux relations d’échange
sur le marché mondial, alors que pour saisir les spécificités de
l’économie mondiale inhérentes au développement des FMN elle
devrait être perçue en termes de délocalisation des processus de
production. D’où le basculement théorique que Michalet opère
dans Le Capitalisme mondial, en rompant avec l’analyse de
l’économie internationale, fondée sur le primat donné à la
sphère de circulation, afin d’élaborer une analyse de l’économie
mondiale privilégiant la sphère de production.
Aux yeux de Michalet, le principal mérite de Marx dans Le
Capital est d’introduire une rupture radicale par rapport à
l’approche standard en économie internationale en fondant
l’analyse sur deux principes essentiels qui sont développés
ultérieurement par Rosa Luxemburg. Le premier principe consiste à
admettre que l’ouverture d’une économie nationale sur le marché
mondial, loin de relever d’un choix de politique économique entre
libre-échange et protectionnisme, constitue une nécessité
impérieuse pour un pays développé, en ce sens que le marché
mondial représente dès l’origine une condition indispensable au
développement du capitalisme. D’un côté, la baisse des coûts à
l’importation des biens salariaux et des matières premières
permet de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. De
l’autre, les débouchés extérieurs permettent de lutter contre la
surproduction de marchandises et, par suite, la suraccumulation de
capital. Quelles qu’en soient les modalités, le développement du
marché mondial se traduit par une extension des rapports de
production capitalistes au niveau international.
Le
second principe inhérent à l’analyse de Marx revient à
considérer que le commerce extérieur, loin d’assurer des
relations égalitaires entre pays co-échangistes, est à l’origine
de relations de domination sur le marché mondial, qui sont fondées
sur la concentration et la centralisation du capital au sein des
grandes entreprises des pays développés et qui sont à même
d’opérer un transfert de valeur des pays moins développés vers
les pays plus développés. Ce transfert de valeur tient à l’avance
technologique dont disposent les pays développés et qui leur permet
de vendre leurs marchandises sur le marché mondial à des prix fixés
au-dessus de leurs valeurs, de sorte que les entreprises engagées
dans le commerce extérieur obtiennent un taux de profit plus élevé
que celles qui exercent leurs activités sur le seul marché
domestique. Les échanges internationaux servent donc de fondement à
un développement inégal des pays en fonction de leurs positions au
sein de la hiérarchie instaurée par la division internationale du
travail.
Michalet
justifie la nécessité d’un retour à Marx par les impulsions qui
incitent les entreprises capitalistes à conquérir des débouchés
extérieurs et qui résident dans les relations entre le procès de
valorisation du capital et son procès d’accumulation. Le principal
obstacle auquel se heurte le procès de valorisation du capital tient
aux limites de la demande qui imposent aux entreprises d’élargir
sans cesse leurs marchés, notamment au plan mondial, afin de
réaliser sous forme de profit la plus-value créée. Or, cet
élargissement repose sur le procès d’accumulation du capital,
condition d’une reproduction élargie des rapports de production
capitalistes, notamment à travers leur extension mondiale. La
conquête de marchés à l’étranger apparaît ainsi comme une
nécessité pour la croissance des entreprises et comme un facteur
déterminant dans leurs stratégies d’investissement.
Avec la théorie de l’impérialisme comme stade suprême du
capitalisme de Lénine et, plus encore, avec l’ouvrage précurseur
de Boukharine, de nouveaux pas ont été franchis, après Marx, dans
la compréhension de la dimension internationale du procès de
valorisation du capital et de son procès d’accumulation. Des trois
changements apportés par rapport à l’analyse de Marx-le capital
financier, les monopoles et l’exportation des capitaux - c’est le
troisième qui retient le plus l’attention de Michalet.
L’exportation des capitaux qui prend le pas sur l’exportation des
marchandises constitue une caractéristique centrale de
l’impérialisme. Les déterminants de l’exportation des capitaux
sont nombreux, mais le plus fondamental est la tendance à la
surproduction de marchandises, toujours présente dans le
fonctionnement du capitalisme et qui se traduit en période de crise
par une suraccumulation de capital ; celle-ci se manifeste dans
le capitalisme financier, où les banques d’affaires dominent la
grande industrie, sous la forme d’une suraccumulation de
capital-argent. En outre, l’exportation de capitaux dans des zones
moins développées élargit les marchés à l’exportation des
marchandises compte tenu des nouvelles activités marchandes qu’elle
génère à l’étranger. En tant qu’exutoire à la
suraccumulation du capital, l’exportation des capitaux permet
d’étendre les rapports de production capitalistes à des régions
moins développées, ce qui crée en retour de nouveaux débouchés
extérieurs pour écouler les marchandises produites par les pays
développés.
Cependant, cette rupture apparaît inachevée pour deux raisons
avancées par Michalet. D’une part, au plan factuel, la théorie de
l’impérialisme a vieilli en ce qu’elle apparaît inadaptée pour
décrire et interpréter les relations économiques internationales
qui se développent après la seconde mondiale. Depuis le début des
années 1960, l’exportation de capital n’a plus pour but
principal d’acquérir le contrôle sur des matières premières et
des ressources énergétiques dans les pays en développement. Son
objectif prioritaire est de délocaliser la production des
entreprises d’un pays développé vers une région du monde ayant
atteint un niveau de développement comparable. D’autre part, au
plan théorique, la rupture inaugurée par la théorie de
l’impérialisme par rapport aux théories de l’échange
international est incomplète, parce qu’elle reste centrée sur
l’internationalisation de la sphère de circulation du capital,
alors qu’une réelle prise en compte du rôle des firmes
multinationales exige de s’intéresser à l’internationalisation
de la sphère de production.
La fixation des
gauchistes sur les multinationales depuis une trentaine d'années ne
permet pas une vraie lutte contre le capital ; la principale
multinationale reste l'Eglise catholique ! Leur étendue et
leurs ramifications ne dévoilent pas la politique concurrentielle
des Etats comme la juridisation mafieuse et le racket des entreprises
aussi bien par Washington que par Moscou. Michalet voit bien pourtant
l’influence décisive des désidératas des États-Unis, qu'il
nomme « régulation » (triste euphémisme), en tant que
puissance hégémonique, sur les diverses « régulations
nationales » (penser : règles pénales). Il théorise une
collusion États-multinationales jouant comme principe de régulation,
et non pas racket. Il s’ensuit une concertation implicite, non
proclamée, entre un pouvoir économique qui s’étiole, celui des
États nationaux, et celui en plein essor d’acteurs privés, les
multinationales, qui font prévaloir leurs intérêts particuliers.
La collusion/concertation acquiert une ampleur qualitativement
nouvelle avec la globalisation financière caractérisant la
mondialisation à partir du milieu des années 1980.
À
l’ère de la domination de la finance de marché (le capitalisme
financiarisé) sur la finance de banque (l’économie d’endettement)
une double contradiction émerge dans le fonctionnement de l’économie
mondiale. D’une part, la césure entre l’espace national sous
autorité étatique et l’espace mondial où les FMN (firmes
multinationales dans le jargon économiste) développent leurs
stratégies s’est accentuée avec la globalisation financière,
parce que celle-ci confère un rôle accru au marché des capitaux et
qu’elle intensifie la concurrence sur le marché mondial des biens.
Michalet
croit pouvoir en déduire une plus grande liberté d’action acquise
par les acteurs multinationaux, à l’origine de la hausse de leur
rentabilité financière, avec pour contrepartie une plus forte
instabilité des marchés et aussi que la capacité globale de
l’économie mondiale à se réguler a reculé, alors que les
besoins d’une régulation accrue se font sentir. Ce grand
économiste, idole des altermondialistes, passe complètement à côté
de la « division internationale du travail », c'est à
dire de la compétition accrue, même à l'intérieur de chaque
impérialisme dominant, entre fractions haineuses, soucieuses de
leurs propres intérêts. La persécution de la fraction Trump est,
comme je l'ai déjà plusieurs fois souligné, le reflet opaque de la
bagarre entre deux fractions de la bourgeoisie américaine, pétrole
financier contre pétrole classique. La fraction Trump ne s'est
jamais cachée de vouloir travailler avec la Russie (les forages dans
le nord de l'Europe sont réalisés avec les russes), mais la
fraction financiaro-pétrolière des Obama-Clinton orchestre une
culpabilisation internationale contre le « fou Trump »,
non parce qu'il est en effet zarbi, mais parce qu'au plan militaire
(Syrie, Irak, Ukraine) cette fraction est directement opposée aux
intérêts russes, lesquels ne se croisent pas forcément avec tous
les intérêts de la fraction Trump. Compliqué n'est-ce pas ?
Pas
tant que cela si l'on comprend l'intense bagarre économique des
Etats dominants et de leurs paniers de crabes industriels (USA,
Russie, Chine, Allemagne, Angleterre, France) pour se piquer
mutuellement par tous les moyens, juridiques comme militaires), les
marchés intérieurs, les zones pétrolières et le fond des mers
avec les terres rares, puisqu'il n'y a plus de colonies à partager.
Même au prix de la désagrégation de fictives unités nationales.
La guerre contre le terrorisme opaque et les interdictions de
commercer avec les Etats voyous – quand tous les Etats tendent à
se comporter comme des voyous – sont la principale régulation
actuelle du commerce international !
Une
amorce à des réflexions à prolonger pour mieux décrypter les
mystères de la politique internationale.
1Ce
qu'on ne crie pas sur les toits c'est ceci : le dirigeant du
groupe Lafarge qui a supervisé les négociations financières avec
l’organisation Etat islamique était candidat FN aux dernières
municipales à Paris. Faut-il rappeler, que, sous la table, le FN
est acquis à l'impérialisme russe, lequel le soutient
financièrement ? Mais en sous-main, le gouvernement de gauche
n'a pas pour autant sermonné Lafarge pendant les deux ans qu'ils
ont commercé « empiriquement » avec Daesch ;
l'Etat américain n'était-il pas au courant lui non plus ? Les
oukases pour punir la Russie, auront été bien douloureux surtout
pour l'Etat français qui n'aura pas pu écouler ses bateaux ;
les autorisations de commercer avec l'Iran restent au compte-goutte
et bien incertaines avec les revirements de Trump.
2Lellouche
est évidemment moqué par les blogs d'extrême-droite qui récusent
l'absence de continuité entre Vichy et la République
d'après-guerre, et font allusion aux origines juives du député.
La position chiraquienne, on s'en souvient, était de nier cette
continuité, mais pas la position américaine. Où notre extrême
droite est au moins d'accord sur un point avec l'Etat racket US –
la France actuelle comme continuité de l'Etat pétainiste – mais
pas pour raquer. Cette fraction bourgeoise passéiste ne cachant pas
par ailleurs son amitié pour le tsar Poutine, un autre maréchal
que voilà.
3Les
victimes américaines n'étaient pour la plupart pas nées pendant
la guerre... ni n'avaient été directement victimes.
4Ce
qui est complètement indubitable !
5On
pourrait lister longuement les ventes d'armes ou de pièces de
rechange entre industries françaises et allemande pendant la guerre
de 1914 ou le fait que des entreprises américaines ont continué à
commercer avec IGFarben pendant 39-45, etc. Examiner le prêt bail
refilé à Staline pour qu'il tienne tête à l'armée allemande, et
les chars américains repeints aux couleurs russes à Stalingrad.
L'industrie capitaliste ne fait pas de sentiment et n'a pas de
morale. Question cynisme deux factions de la
bourgeoisie allemande nous jouent encore la valse à deux temps,
militariste avec pacifiste. En 2014, la République fédérale
figurait sur la troisième marche du podium des marchands de canons,
derrière les Etats-Unis (31 % du marché mondial) et la Russie
(27 %), et juste devant la Chine et la France (environ 5 %
chacune). La position de M. Gabriel tranche avec celles de la
chancelière Angela Merkel ou du président Joachim Gauck.Traduisant
le désir croissant de l’Allemagne d’assumer des responsabilités
internationales en adéquation avec son poids économique, ce
dernier ne ratait pas une occasion de plaider pour que son pays
« s’implique plus tôt, avec plus de
détermination et de façon plus conséquente »
dans les conflits et les opérations de paix. « Mes
compatriotes, avait déclaré Gauck, ne
doivent pas prendre prétexte de la culpabilité passée de
l’Allemagne pour fermer les yeux » ;
la défense des droits humains peut impliquer de « prendre
les armes ». Cette dernière
affirmation lui a valu le qualificatif d’« odieux
va-t-en-guerre » de la part de Die
Linke. le parti de la gauche radicale.
6Ce
qui est reproché à Poutine, par exemple l'occupation de la Crimée,
est une autre façon de faire de la politique économique que les
Etats-Unis, pour parodier une célèbre formule.
7Ce
qui est une compréhension prémonitoire et géniale de la future
fumisterie des libérations nationales, compréhension qu'il
oubliera en cours de route mais que lui rappellera Rosa Luxemburg.
8Pachoukanis
est un juriste bolchévique, connu après la période
révolutionnaire initiale. Il a été le théoricien du droit du
Soviet suprême dans les années 1920 et 1930 ; il avait dirigé
l’Institut de droit de l’Académie des sciences de Russie. Bien
qu’il ne fit pas partie de l’Opposition de gauche, son travail
est tombé progressivement en disgrâce aux yeux du régime
stalinien, et Pachoukanis, dénoncé comme « ennemi du
peuple », fut exécuté en 1937.
9cf.
Tor Krever. La cour pénale de La Haye sert ainsi d'arbuste qui cache la forêt du capitalisme en condamnant régulièrement tel ou tel "criminel de guerre" comme si ce n'était pas le capitalisme qui est le principal criminel de guerre. Un chien de guerre bosniaque a tout de même réussi à se suicider au nez et à la barbe des juges de la fausse paix.
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