"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mercredi 9 novembre 2016

Big BAZAR électoral US : une VICTOIRE en trompe l'oeil

  Ouf le candidat « pas sérieux », bad boy déboule enfin sous les sunlights, juste après, magie de la mise en scène de communicant richissime, un colistier en famille remerciant dieu et les siens. Cet outsider à moumoute flottante est un révolutionnaire sous-estimé, il n'a à remercier aucun parti, mais la bonne vieille trilogie : dieu, sa famille et la patrie (avec généraux et vétérans). La démocratie américaine est « divine », il faut commencer chaque discours comme un vulgaire salafiste, sans remercier la laïcité comme ces cons de français. Plus question d'arabes, de migrants dérangeants, de méchante Clinton : « me voilà président de tous les horizons, pour servir le peuple » (applaudissements), « renouveler le rêve américain » (après le « rêve français de Hollande), réintégrateur de ces « ouvriers oubliés », avec  baguette magique de créateur de « millions d'emplois » made in USA. Suit la liste interminable de remerciements aux divers chefs de service des apparatchiks de campagne. On dirait une fête de Noël présidée par le patron lors du dernier CE de l'année. Ce n'est pas une victoire politique mais du business et du sens des affaires. Un bisounours absolument incorruptible.

Foules passionnées scotchées à d'immenses écrans (gratuits au siège des camarillas politiciennes), casquettes rouges (mais anti-communistes), larmes (républicaines), exclamations (gutturales), étonnements (révulsés). Etait-on face à un match géant de baseball ou de football ? Non simplement au cœur des traditionnelles et folkloriques festivités électorales américaines.
Première leçon : la bourgeoisie dominante, au cours d'une campagne la plus minable de toute l'histoire américaine, avec la pâlichonne Clinton et l'imprévisible Trump, a réussi un tour de force (à épater les ramasse-miettes dépressifs de la presse franchouille) à intéresser à la fable démocratique capitaliste, et à convaincre la population d'aller massivement voter, même si cette fois-ci ce sont des bourgeois comme Bush qui se sont repliés sur un abstentionnisme plutôt ouvrier et toutcouleur d'ordinaire. Mais là, paradoxe des paradoxes, il fallait que ce soit sensationnel, ce fût sensationnel, et le sensationnel ne peut pas desservir big brother américain, Trump n'est tout de même pas Hitler!

Deuxième leçon : oui baffe électorale à l'élite Wall Street-Hollywood, mais nouvelle illusion pour « l'électorat » des classes floues, et « trumperie » qui sera de courte durée pour « le business man qui va remettre de l'ordre ».
La victoire de Trump a vexé les marchés financiers, les bureaucrates sondeurs et l'élite de la pop music US. La chute des Bourses ne trompe jamais ; on se souvient de la chute boursière aux lendemains de la victoire de Mitterrand en 1981 (renfloué par l'Arabie Saoudite). A quelque chose malheur est bon, n'est-ce pas comme ce représentant de l'ordre élitaire confis : « c'est malgré tout un moment de vérité de l'exercice démocratique ». Cela signifie-t-il que les élections bourgeoises, mal maîtrisées, serviraient à renouveler le système voire permettraient à la classe ouvrière d'exprimer au moins son « mécontentement » ? Oui, sans conteste, mais certainement pas pour avoir droit au chapitre du pouvoir. C'est une fraction (une faction) de la bourgeoisie américaine, moins lieu au cartel financier du pétrole, qui l'a emporté, plus protectionniste aussi.

Le poison vient surtout des interprétations de la valetaille journaliste et de leur sélection des propos des plus crétins électeurs de base. L'interprétation dominante et méprisante de la gauche bourgeoise française prima sur les divers canaux d'abrutissement informatif, faisant prédominer les explications raciales sur celles de classes. Florilège.

  • « les blancs sans diplôme sont allés voter » (une jeune fille du démocraticamp)
  • « une colère de la classe moyenne blanche qui n'a pas été mesurée » (un connard de BFM)
  • « j'ai honte pour mon pays, la moitié du pays a voté pour le racisme, j'ai peur pour mes frères hispaniques et noirs » (un journaliste ricain blanc sur France info)
  • « une analyse rationnelle est impossible » (le même)
  • « toute la classe ouvrière a voté Trump parce qu'elle estime qu'elle n'est pas représentée (ben voyons, suffisait d'y penser)
  • « les afro-latinos ne se sont pas motivés pour aller voter » (forcément vu la nullité d'Obama à dénoncer le racisme et les assassinats de la police)
  • « des gens qui souffrent de la crise » (les électeurs bigarrés du républicamp sont des malades...)
  • « l'ambassadeur de France à Washington a eu le vertige » (on espère qu'il s'en est remis)
  • « c'est un votre contre la corruption » (parce que Trump n'est pas un corrompu lui-même?)
  • « en Floride, floating state (swing state!), Trump a gagné de 100.000 voix, c'est à dire rien du tout » (le journaleux Cadier de BFM, oui cent mille électeurs que de la merde!)

CE QUI EST INCONTESTABLE

Même si les interprétateurs totalitaires des médias nous inventent une Amérique divisée en deux, pas bourgeoisie contre prolétariat évidemment) les chiffres électoraux ne recoupent ni l'ensemble de la population ni un contenu vraiment démocratique. Une majorité ne vote toujours pas, elle est constituée aussi en grande partie par ces millions de travailleurs corvéables, expulsables et sans papiers d'identité américaine; l'interprétation pachydermique n'utilise qu'accessoirement les termes de classe ouvrière, on lui préfère les termes « petits blancs sans diplômes et racistes », à côté de la couche des latino-américains, des afro-américains et de plus en plus des arabo-américains. Or, ce découpage méprisant du « corps électoral », ce saucissonnage de la perception par la classe ouvrière interraciale est se ficher du monde. Les vraies raisons de la « surprise » résident dans une forme de vote protestataire, pas simplement contestataire de l'establishment bourgeois ; contre l'austérité, contre les guerres une nouvelle fois indirectement (derrière la question ambiguë de la restriction des fluxs migratoires), de la farce d'un président noir incapable de défendre les travailleurs noirs, etc. Et ce vote, aux antipodes des chanteurs de la gauche bcbg et du gauchisme sucré salé, n'est pas celui des seuls « petits blancs racistes », mais il apparaît que dans les Etats les plus touchés par les destructions d'emploi (le Wisconsin par ex. ou la madame Clinton n'a pas jugé utile de se déplacer), probablement autant de travailleurs chômeurs noirs, latinos ou indiens ont été voter pour Trump, non parce qu'il les faisait rigoler, mais pour dire merde au système des Clinton-Obama-Madonna-Rockefeller.
La plus ridicule a été la mère Clinton avec son discours féministe catégoriel prétendant défendre les minorités (après son prédécesseur Obama qui n'avait rien fait de particulier pour celles-ci) et son droit d'ancienne cocue à récupérer la place de son infidèle ; comme la faction écologiste en France l'ancien discours pour séduire les bobos tombe à l'eau, vu que la petite bourgeoisie est à son tour en faillite. C'était la plus mauvaise candidate possible pour le démocraticamp : représentante de l'immobilisme conservateur le plus crasse sous la phrase creuse d'Obama qui est devenue : yes I cannot ! Clinton était un peu la Sarkozy américaine : quelqu'un qui vient pour venger un échec personnel ne peut pas être élu au nom de l'intérêt général !
Les frasques financières et sexuelles du clan Clinton ont plus pesé en leur défaveur que les dernières insultes de la campagne loufoque, on peut même dire que ce fût l'arroseur arrosé après tant de reproches picrocholins à la présomption d'un Trump addict à mettre la main aux fesses de ses secrétaires. En arrière-fond, mais cela a glissé de la bouche d'une interviewée, certains n'ont pas oublié que la mère Clinton fait partie de la faction pétrolière qui a eu intérêt au maintien de daech.

Trump sera un nouvel outsider à la Berlusconi 

Malgré, ou même grâce à ses dérapages (violant la soporifique langue de bois usée) la campagne de Trump, qui reste un représentant du grand capital, même pas soutenu par son parti (à qui il permet de rafler la mise !)a été d'un niveau populiste gagnant-perdant, en ciblant non sur les catégories raciales du communautarisme boursier et élitaire, mais en s'adressant à la réalité : la working class et la middle class, quoique ces notions ne soient que des catégories sociologiques abstraites pour l'archi-milliardaire. Pour faire gagner la madame Clinton, tous les médias ont décrit un Trump « imprévisible ». Pas tant que çà. Ou bien calculée l'imprévisibilité pour faire « naturel », « franc du collier », ce qui a plu à l'électeur simplet. Une fois en place, fini l'imprévisibilité. Le monsieur milliardaire prendra très au sérieux son rôle de chef de l'Etat bourgeois, et cessera même de faire le pitre électoral, et limera ses promesses les plus provocatrices, en particulier concernant l'immigration et les musulmans, car derrière lui, hyper-puissant il y a les chers « amis » saoudiens et en face un Poutine qui ne rigole plus.

Quel avenir pour la guerre en Syrie et Irak ?

Obama n'a rien fini. Il laisse en plan des chantiers et des charniers. Preuve que les présidents ne sont que des polichinelles, pendant les élections la guerre continue. De même ce n'est pas le clown Trump, un banal commercial, qui va vraiment gêner le staff étatique permanent qui gère l'impérialisme US, et s'il ne se lisse pas ou fait le con : une balle dans le crâne comme Kennedy !
L'émission de Arte in France le même jour que la foire électorale américaine pouvait apparaître en décalage avec son docu « les guerres contre daech », mais pas tant que cela.

Finalement Arte nous donnait en filigrane la véritable option américaine pour la poursuite de la guerre entre impérialismes, masqué sous la guerre des religions. Est laissé de côté l'explication du pourquoi Obama n'a rien réglé avant de partir, pourquoi la guerre des coalisés est en train de mettre en déroute l'épisode dit « du califat ». La coaltion anti-daech est bancale en effet. Jusque là les USA n'avaient pas de meilleur « allié » que daech pour faire face à l'Iran et à la Russie. Que ce soit Clinton ou Trump l'objecif de créer un Etat kurde va rester une constante de l'impérialisme américain, c'est ce que nous suggère le retour en arrière qui rappelle le projet de redécoupage dessiné de la région par un haut gradé du Pentagone, souhaité par les néo-cons (qui font la loi quelque soit le président) effaçant ces autres frontières artificielles des rigolos de 1914 Sykes et Picot. Aucune illusion à avoir sur une restauration des « intégrités territoriales » des nations artificielles irakienne et syrienne. Après la chute de Mossoul et de Raqa, on va assister à la course folle des mercenaires kurdes et arabes pour prendre le contrôle des zones dites « libérées ». Il va y avoir un Etat kurde car « le conflit de daech profite aux kurdes »  et donc aux US... mais il n'est pas dit que c'est une volonté US pour affaiblir la Turquie qui a été plus qu'équivoque en.... soutenant militairement daech (mais pour quelle faction américaine, et pas simplement Poutine?). Arte nous rappelle – qui dévoile ce que le gouvernement Merkel ne peut pas faire - qu'au début de l' implantation de daech, la Turquie du facho Erdogan les a soutenus, a servi de plaque tournante
livraisons clandestines d'armes par Turquie, (+ images des conducteurs des camions, bourrés d'armes, conduit par des membres des services secrets).

La guerre n'est pas prête de finir même avec l'élimination territoriale de daech dont on ne sait jamais au juste qui en sont les commanditaires, un jour une vague coalition d'ex-militaires de Saddam, un autre des mercenaires des pétrosaoudiens, d'une faction américaine des néo-cons qui n'ont ainsi pas besoin d'envoyer la chair à canon du pays des hot-dogs et de Mac Do. Daech n'était pas une force militaire, bombarder ne l'éliminera pas. Tous veulent prendre la succession de daech... Tiens, ni Arte ni les infaux en général ne nous expliquent pourquoi il suffit de trois semaines pour mettre la pâtée au prétendu califat, vrai Etat en gestation selon les racontars rabâchés, et pourquoi on l'a laissé végéter deux ans sans rien faire. Le nouveau président américain ne nous en dira pas plus.



LECTURE AU COIN DU FEU :


Le livre de Pierre Conesa « Dr Saoud et Mr. Djihad » est décevant.

On pouvait attendre des révélations autrement subversives des menées des pachas cyniques d'Arabie Saoudite et de leur allégeance à leurs maîtres américains.
On nous rappelle bien que ce territoire de l'obscurantisme qui n'est que le jus puant du fric à pétrole sert depuis longtemps l'impérialisme yankee : « Il semblait inutile aux Occidentaux de différencier le régime saoudien - richissime client mais nain géopolitique – de sa diplomatie religieuse quand celle-ci, faisant obstacle au communisme et au socialisme arabe, ne posait pas de problème ». Beaucoup de répétition et d'accumulation des diverses implantations wahhabite/salafiste (kif kif bourricot) dans le monde, dans les universités et les quartiers, financement des mosquées. Des remarques qui approchent la vérité : « le système saoudien est comparable au système américain : actions personnelles de la gens royale, organisations internationales, financement et créations d'écoles coraniques... ». Le salafisme « a pris la place du tiers-mondisme ». Certes.
La création de la police religieuse musulmane qui peut pénétrer chez vous à n'importe quelle heure du jour et de la nuit pour vérifier si vous n'écoutez pas de la musique, si vos femmes sont voilées ou si vous picolez, est une vieille invention saoudienne qui date de l'épopée stalinienne à la fin des années 1930. C'est pourquoi Edwy Plenel fait la chasse aux « islamophiles » qui se moquent de ses frères et sœurs en totalitarisme. On savait aussi que les frères salafistes étaient internationalistes à la manière stalinienne : « je ne suis ni français ni arabe, je suis musulman », déclarait Khaled Kelkal, principal responsable des attentats parisiens de 1995 ». Kelkal aurait pu tout aussi bien être un feydayin mercenaire de l'impérialisme russe ».
Une petite révélation au passage quand même, page 77 : « La gauche des années Mitterrand, confrontées à ses trois dévaluations de 1981, 82 et 83, parvint à éviter le krach grâce à un emprunt « secret » de 2 milliards de dollars accordé par Riyad ».
Ce que l'on sait aussi de la tendance générale dans le vent du capitalisme mondial : « Dans les pays démocratiques à modèle communautariste (sic), la stratégie a été d'instaurer une identité musulmane. Le modèle préféré par la LIM est le multiculturalisme « à la britannique » qui ouvre la porte à une « citoyenneté islamique ». (p.109 des tribunaux islamiques sont autorisés à exercer à Londres).
« La composante la plus puissante du « lobby arabe » aux Etats-Unis est représentée presque exclusivement par l'Arabie Saoudite et les intérêts industriels locaux qui la défendent : compagnies pétrolières, du BTP, du luxe et de l'armement.... L'ambassadeur américain à Riyad est traditionnellement un proche du président ».
On se rappelle récemment du culot des trouducs monarcopétroliers reprochant à l'Europe son égoïsme envers les migrants, Conesa rectifie : « … rien sur l'expulsion massive et régulière d'immigrés : en 2013, Riyad a donné six mois aux 8 millions de travailleurs immigrés pour régulariser leur situation, puis a décidé de n'en expulser que 4 millions, principalement des africains, des indiens et des yéménites ».
Quant à la responsabilité des attentats au World Center, où tout prouve que c'est la bourgeoisie saoudienne qui était aux manœuvres (mais Conesa ne s'aventure pas de dire aux ordres de quelle faction US) les documents sont maintenus au frigidaire de la CIA. Et de souligner la bizarrerie incroyable de la décision subite d'attaquer … l'Iran et l'Irak !
Tout gouvernant occidental se doit de flatter l'Arabie Saoudite, comme tout candidat tel le petit Sarko prenant la défense à son tour des amis saoudiens quand son pote Villepin est rétribué comme un footballeur de haut niveau par le Qatar.
L'auteur délaye longuement sur la wahhabisation de l'islam et son implantation coranique, et le financement de ses intellectuels bigots, mais le problème du vrai rôle des impérialismes, derrière toutes ces charatanneries religieuses, reste absent. 

POST SCRIPTUM ELECTEUR TRISTE: il faut noter tout de même le silence des médias français sur les 45% d'abstentions! Et cette autre mensonge sur des élections US qui seraient les meilleures du monde pour la "religion démocratique", quasiment un suffrage direct. Or il n'en est rien, comme partout l'entourloupe bourgeois exige des paliers et la médiation du fric et des partis pourris en place.
Explications du Figaro: "
Le républicain est devenu mercredi le 45e président américain, même si son adversaire démocrate l'a devancé de plus de 200.000 voix. Explications.
Il s'est posé en adversaire du système et c'est pourtant ce système qui permet à Donald Trump de devenir président des Etats-Unis. Alors que le milliardaire a remporté 290 grands électeurs, soit plus que la majorité absolue nécessaire pour être élu (270), Hillary Clinton, qui a reconnu mercredi soir sa défaite, a pourtant obtenu davantage de voix dans les urnes: 59.624.426 pour la candidate démocrate contre 59.424.248 pour le républicain. (...)
Une situation qui peut surprendre de ce côté de l'Atlantique, mais qui n'en est pas moins parfaitement légale: pour devenir président des États-Unis, le 12e amendement de la Constitution américaine stipule qu'un candidat doit remporter l'assentiment d'au minimum 270 grands électeurs composant le «Collège électoral», soit les 538 grands électeurs répartis à travers les 51 États américains et le district de Columbia. En revanche, la Constitution ne contraint pas le candidat à obtenir la majorité dans les urnes. Ce système de suffrage universel indirect nécessite alors de remporter 51 % des scrutins dans de grands États tels que la Californie, le Texas, ou la Floride, pour rafler la totalité des grands électeurs, soit respectivement 55, 38 et 29 électeurs.(...) Si la remise en cause du scrutin, et donc un recomptage, n'est pas envisagé par le clan démocrate, Donald Trump devra prendre en compte le paradoxe de son élection où, avec une faible participation de 54,2%, sa victoire est issue du vote du collège électoral et non du vote populaire". Hé Hé!
 

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