« La différence entre le
génie et la bêtise, c’est que le génie a des limites
» Robert Byrne
Les nouveaux internationalistes tenant
d'une classe universelle multiculturaliste sont sans conteste la
camarade Merkel et le pape François (à ne pas confondre avec le
nain français), l'immigration sans fin est le stade suprême de
l'humanité démocratique dans sa sainte guerre contre daech, ce
profanateur du coran ; même si trop d'immigration tue
l'immigration et sert de cache sexe à la guerre impérialiste en
Syrie.
Parfois on croit avoir touché le fond
de la bêtise en politique, voire croire sa répétition impossible
pour la minorité de ceux qui gardent leur chapeau sur la tête lors
des défilés militaires. Ainsi on sait que l'électeur vulgum pecus
de la supercherie démocratique sera toujours bête, il votera
éternellement pour la photo du candidat qu'il a vu à la télé
comme il achète la marque de lessive qui mousse à l'écran juste
avant le « 20 heures ». Mais quand dans cette minorité
des gardeurs de chapeau sur la tête face aux flonflons patriotiques,
on s'aperçoit que certains mangent leur chapeau, on est triste pour
eux.
Attentif et régulier lecteur du
« Prolétaire », journal maximaliste bordiguiste au
papier épais qu'ils m'envoient fraternellement à la boite aux lettres de Pierre Hempel, je me mis à lire leur dernier numéro (le n°518) et en premier lieu - plutôt confiant
après la prise de position communiste de ce groupe (?) face aux
attentats - l'article de tête, ou de front : "Pour défendre le
capitalisme, l'Etat d'urgence en permanence". La majuscule à Etat
était-elle un jeu de mot intentionnel au lieu de état, terme
insignifiant ? La dénonciation sévère de l'état (en
minuscule) d'urgence au début de l'article m'intrigua. Cet état
d'urgence ne gêne nullement la plupart des prolétaires qui prennent
les transports en commun et voient d'un bon œil tous ces braves
troufions mitraillettes en main (bien que perçus comme inutiles et
possibles victimes eux aussi). Certainement que nombre de
perquisitions policières ont dérapé ou été odieuses, mais on ne
fait pas d'omelettes anti-terroristes sans casser quelques portes de
HLM de barbus zarbis. Le problème est que nos militants bordiguistes
raisonnent dans l'abstrait comme si nous étions au moment des lois
d'exception en Allemagne ou en France fin dix-neuvième après des
attentats anarchistes. Ils se gourent complètement de période et de
configurations des protagonistes et autres antagonistes. Mon
oreillette droite (immigrée de la seconde génération) se met
soudain à rougir lorsque mon œil gauche perçoit l'intertitre « une
mesure héritée de l'ère coloniale ». Holà me dis-je, il y a
une obsession de l'oppression des peuples d'Orient (Bakou – le
congrès des peuples d'Orient d'un parti bolchevique désorienté –
était presque bakouniniste) et certainement une préférence
immigrée...
Tout s'explique, tout « se
tient » dans la complot anti-immigré du gouvernement avec la
déchéance de nationalité : « En ciblant les
bi-nationaux de naissance, Hollande a sans aucun doute voulu
embarrasser la droite et l'extrême droite et réaliser un coup
politique. Mais cette proposition a une signification plus profonde ;
renforçant officiellement le soupçon envers les enfants d'immigrés
ou de colonisés, elle aggrave le statut d'exception qui pèse en
fait sur tous les prolétaires immigrés ou issus de l'émigration.
Elle contribue ainsi à maintenir et à accroître la division entre
travailleurs au moment précis où redoublent les attaques
anti-ouvrières. En politique tout se tient ; ce n'est pas par
hasard que le gouvernement s'obstine à faire adopter cette mesure
qu'il juge lui-même « symbolique » en même temps que
les mesures répressives qui le sont beaucoup moins ».
Notre minuscule ombre de parti disparu
ne s'interroge même pas sur l'essentiel – on se fiche en
particulier du critère de la nationalité depuis 200 ans dans le
mouvement ouvrier – qui est que cette histoire de déchéance fût
un débat obscur entre factions bourgeoises dont tout prolétaire se
fichait comme de son premier pointage au turbin ; et où ,
si on leur avait demandé leur avis, prolétaires de souches comme
prolétaires immigrés d'hier ou d'avant-hier eussent répondu :
à la porte les tueurs de civils ou au peloton d'exécution !
Les prolétaires n'étant en général
aucunement gênés dans leurs activités quotidiennes par les
horribles lois d'exception – plutôt dubitatifs sur ce cinéma
sécuritaire qui de dix morts en janvier 2015 réussit l'exploit de
passer à 130 victimes en novembre – nos ennemis de l'Etat
d'exception ne trouvent à plaindre que les bobos : « les
premiers touchés (paix à leur âme) ont été des militants et
sympathisants écologistes, assignés à résidence et interdits de
manifestation ». Ces assignations et interdictions de
manifestation de la petite bourgeoisie, on s'en bat les couilles,
mais le pire est à venir.
Alors qu'on est en plein
refroidissement de toute lutte sociale sérieuse, avec une ambiance
de terreur et d'expectative chaque jour pour celui qui se rend au
travail, où même le radotage du Premier ministre Valls - « on
est dans une guerre longue » - finit par être pris au sérieux,
où notre devoir de mémoire de maximalistes se figure dans quel
état de sidération étaient nos ancêtres dans la société de
naguère et de jadis après les attentats anarchistes, on va nous
expliquer d'abord que l'armée dans les rues ne visent pas « à
empêcher de futures représailles de l'Etat islamique contre les
habitants d'un pays qui le bombarde. Elles sont en réalité des
mesures préventives et qui se veulent dissuasives, contre
l'explosion des tensions sociales qui ne cessent de
s'accumuler... »1.
Sur le web, tous les morveux
émoustillés par quelques pets estudiantins téléguidés par des
barons
le tag "et après?" est de votre serviteur |
Mais ce qui suit est du jamais vu pour
vous lecteur de 2016 – moi j'avais déjà entendu dire que Baader
et Rouillan étaient des frères de classe et que les deux millions
de cambodgiens déportés par les khmers rouges n'étaient que des
petits bourgeois – mais sachez maintenant que la « violence
des déclassés » est le breuvage révolutionnaire de demain :
« Les djihadistes qui commettent
des attentats au nom de l'Etat islamique, d'Al Qaïda ou autre, sont
le produit de ces tensions dont ils expriment la force explosive de
manière réactionnaire et suicidaire, leur situation de
marginalisation sociale les conduisant à être attirés par des
organisations bourgeoises islamistes2
et leur idéologie religieuse. Dans une autre situation, la violence
exprimée y compris par ces éléments déclassés pourrait servir à
la lutte révolutionnaire, mais à la condition d'être encadrée,
orientée et disciplinée par des organisations de classe ;
sinon ce sont des forces bourgeoises qui l'utiliseront directement
contre le prolétariat.
Quoiqu'il en soit, c'est l'ébranlement
de la paix civile interne, de la paix sociale, autrement dit la fin
de la passivité résignée du prolétariat, que redoute au plus haut
point la classe dominante et qui lui font adopter des mesures
répressives préventives ». Pour appuyer cette incongruité,
une note renvoie à un spécialiste de l'islam (une référence!) qui
blablate sur la « révolte de ces jeunes », « avant-garde
d'une guerre à venir »... çà oui !
La dialectique bordiguiste ne casse ni
des briques ni un carreau de plâtre. Présenter la piétaille
racaille terroriste (voleurs et petits macs ) comme des produits des
« tensions sociales » et leurs crimes comme une
« violence qui pourrait servir à la lutte révolutionnaire »,
c'est considérer que les membres anti-sémites des premiers corps
francs pré-hitlériens, que les malfrats tueurs de prêtres au début
du bordel impérialiste espagnol en 1936, et que tous les lâches
poseurs de bombes contre les civils y inclus les prolétaires sont
des … éveilleurs de conscience de la violence très saignante et
très humanitaire ! C'est du langage stalinien tout cru à la
façon de la pétasse cougar Passionaria : « il vaut mieux
tuer cent innocents qu'épargner un seul coupable». Et on se fiche
par après comme d'une guigne des radotages de papy Bordiga avant 39
sur la parti unique mystique.
Les terroristes islamiques c'est le
lumpen moderne. Ce sont des produits non de leur pauvre famille,
souvent prolétaire et absolument contrite, meurtrie et honteuse ;
familles auxquelles j'adresse mon salut fraternel et ma compassion ;
un des pères a eu cette réflexion géniale : »faut pas
croire qu'on contrôle nos enfants »3 ;
c'est le capitalisme décadent qui « éduque » ou plutôt
« déséduque » nos enfants.
Les résidus bordiguistes ne sont plus
marxistes en n'ayant pas compris cette notion de décadence. Leur
opportunisme dans les années 1970, face à la description d'une
classe ouvrière autochtone comme « embourgeoisée »,
alors qu'elle n'était que consumérisée, les avait conduit à
théoriser une classe ouvrière de remplacement : les immigrés.
La préférence immigrée, la théorie de l'aide au pauvre typique du
bobo compatissant, en lien avec les lueurs « incandescentes »
(mais indécentes) des libérations nationales qui allaient réveiller
le prolétariat endormi des pays riches, débouche sur cette minable
exaltation d'un terrorisme de lumpen, de petits cons paumés
appointés par l'Arabie Saoudite et par l'argent du pétrole.
Le délire hors de la réalité ne
s'arrête pas à cette série d'énormités et d'amalgames
invraisemblables, insultes à tout le mouvement ouvrier, aux
prolétaires immigrés et à Bordiga, mais se rétracte lâchement
dans la critique aux moutons gauchistes de la démocratie honteuse.
Certes on n'imagine pas que les bordiguistes voudraient se placer
derrière l'Etat bourgeois pour combattre daech, car il faut « se
placer sur une position de lutte de classe indépendante et opposée
à tous les fronts bourgeois ; autrement dit d'opposer la lutte
de classe aux guerres bourgeoises et au capitalisme en général ».
Evidemment : « quand les bourgeois veulent enrôler les
prolétaires dans leur guerre au terrorisme, il ne faut pas
tergiverser, mais répondre par la réaffirmation de la guerre au
capitalisme ».
En attendant que daech montre l'exemple
de la violence révolutionnaire une nouvelle fois aux prolétaires,
français et immigrés !
Franchement l'utilisation de la
« violence exprimée par des déclassés » pour la lutte
de classe, est un délire qui me fait gerber sur le journal Le
Prolétaire. La question n'est pas qu'on nous demande notre avis à
nous les prolétaires, c'est surtout que les explosions, les meurtres
massifs, les familles dans le malheur, tout cela ne nous redonne pas
du tout confiance en l'Etat bourgeois (qui est coresponsable par ses
guerres et son incurie) mais nous rend impuissant et très abattus.
Les grosses et balourdes généralités
bordiguistes, avec leur soutien déguisé aux « révolutionnaires »
de daech4
ne doivent pas faire écarter ce qui n'est pas fait pour l'heure :
lutter contre le terrorisme de guerre impérialiste et l'ensemble des
Etats bourgeois, ce serait, ce sera de manifester – ouvriers,
étudiants, population indifférenciée - partout contre la longue
guerre syrienne, à moins qu'ils ne l'interrompent sous peu parce que
y en a marre.
Notes:
1Une
interrogation sur le contenu de ce raisonnement. On accrédite
l'existence de cet « Etat islamique » alors que
personne, excepté les médias, ne peut valider ce soi-disant Etat
qui n'est qu'un conglomérat de bandes armes financées directement
ou indirectement par Arabie Saoudite, Qatar et une fraction
pétrolière de la bourgeoisie US. Concéder une telle dénomination
revient à nous ressortir la fumisterie de la libération nationale
alors que ces bandes armées ne sont que des suppôts des
impérialismes en lice. Quant à la théorie gauchiste des
représailles contre les civils d'un pays (colonial) qui les
bombarde, c'est avaliser le terrorisme impérialiste car : 1.
les populations civiles ne sont pas responsables de l'industrie
d'armement, et 2 : les tueurs de daech ne sont pas ni les
défenseurs ni les représentants des populations arabes prises en
otage.
2Mais
honorées du qualificatif « d'Etat », post-colonial ou
néo-colonial ?
3OBS7231/attentats-de-bruxelles-plongee-dans-l-enfance-des-el-bakraoui-les-freres-kamikazes.html?xtor=RSS-13&google_editors_picks=true
« faut pas croire qu'on contrôle ses enfants »
Lire
aussi, parce que l'idéologie musulmane n'est pas innocente et sert
de base aux tarés terroristes qui tuent plus souvent et partout des
coreligionnaires étrangers au culte de la mort et tolérants envers
athées et autres croyances :
/03/28/vive-emotion-au-royaume-uni-apres-le-meurtre-d-un-commercant-musulman_4891316_3214.html
L'attentat
au Pakistan est encore plus ignoble que celui de Bruxelles mais...
c'est loin : 1 Pakistan :
un attentat-suicide fait plus de 70 morts dans un parc où des
chrétiens fêtaient Pâques 13240
4Rouillan
a raté une occasion de ne plus se taire en arguant que
les tueurs terroristes avaient agi avec « courage »,
quel courage de tirer à la mitraillette contre une foule
inoffensive ! Cet idiot ne vaut guère mieux que les
journalistes de RFM qui n'ont cessé de répéter que les tueurs de
Bruxelles étaient morts en martyrs. Martyrs de quoi ? De leur
embrigadement débile ?
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