BILAN D’UNE ANNEE IRRATIONNELLE
Depuis le 4 novembre 2008 les Américains, et bien d'autres dans le monde ont rêvé à un monde pacifié grâce à un président hors norme, comme ceux qui vénèrent l’actuel pape qui bénit en ce moment 2011. Des millions ont vu dans le mandat du premier président noir de l’histoire occidentale la promesse de la fin de la guerre en Irak, une couverture médicale pour tous et une politique écologique plus ferme. Obama n’a pas fait grand-chose ni réussi aucun de ses « we can » électoraux. Il représente cependant, et dans la continuité, depuis deux ans une accalmie vers la guerre généralisée – la bourgeoisie US avait besoin de calmer le jeu de l’oligarchie pétrolière de la famille Bush – qui n’est pas rassurante pour autant, car la crise systémique va remettre naturellement en route le passage au rythme belliciste supérieur. Obama a réussi en plus là où Bush avait échoué, à entraîner les nations européennes les plus rétives au don du sang militariste. Sarkozy, entre autres, a su devenir un bon lieutenant américain. La mouvance opaque du « terrorisme international » a peu fait parler d’elle depuis deux ans pendant lesquels tout a été psalmodié pour expliquer cette moindre activité par le bienheureux renforcement des polices en tout genre dans les principaux Etats industrialisés ou en voie de l’être de moins en moins.
Ce qui est le cas du principal pays touristique mondial, la France. Chaque pays du monde s’inspire peu ou prou des consignes du chef d’orchestre américain mais en ayant soin d’y ajouter la touche locale. Les campagnes qui rythment la vie locale de la bourgeoisie française ont ainsi été dominées par trois grands thèmes tout le long de l’année écroulée : l’effort social pour travailler plus longtemps pour sauver la nation, la colère vertueuse contre les riches trop enrichis et l’antifâchisme récurrent. Chacune de ces campagnes irrationnelles était accompagnée de sous-campagnes tout aussi irrationnelles et confortant une vision pipolisée et anarchiste de la politique. L’attaque sur les retraites, assez sereinement menée par les collaborateurs syndicaux de l’Etat avec des troupes consentantes et sans nulle culpabilité typique de l’aristocratie ouvrière, a été assez rapidement menée par la campagne (la plus longue du printemps à l’automne) contre le ministre Woerth, doublé de fonctions de trésorier louche. Au milieu de ce mouvement irrationnel de non-lutte réelle contre l’attaque gouvernementale, des campagnes plus rationnellement nationalistes sont venues compléter la douce folie ambiante, folie douce des « tous ensemble » pour aller dans le mur des fêtes eucharistiques et démocratiques. La campagne contre les arabes et les Roms à l’été vint ajouter une « french touch » sarkozienne électorale, peu après les poussives compagnes sur « l’identité française » et une « loi sur la burqa » aussi irrationnelle que son application. Les protestations des victimes de l’incompétente bourgeoisie grecque exprimèrent plus le mécontentement d’une petite bourgeoisie flouée par la crise et désolée de voir démasqués ses petits marchés parallèles, sans que la classe ouvrière autrement présente ailleurs puisse en tirer de quelconques leçons ; d’ailleurs, comme on le verra plus loin, la mystification grecque « exemplaire » est réactivée avec les attentats à Rome, avec pour seul conseil : seule la bombe est la meilleure action révolutionnaire contre les banksters ! La lamentable équipée des milliardaires du football est venue alimenter un peu plus la colère gauchiste impuissante contre les ultra-riches, et ce pauvre Canton avec son projet de faire disjoncter les banques, n’a pas relevé le niveau. L’année ne se termina pas sur les révélations révélées de Wikileaks, fort peu gênantes au fond pour ladite « transparence démocratique », mais sur l’antienne antifâchiste. Libération a fort judicieusement pointé le pic du « point Glodwin » en ces derniers jours de l’année, sans préciser sa contribution forcenée à ce même antifâchisme à chaque fois que l’occasion se présente - quelle meilleure contribution à l’unanimité nationale que cette hystérie générale de Chirac-Sarkozy à la gauche caviar et aux anars pinards ?
«Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison avec les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.» Bien connue du Web, cette hypothèse formulée par l’Américain Mike Godwin, s’est surtout vérifiée auprès des politiques en 2010. A propos du débat sur l’identité nationale, du tour de vis sécuritaire de Nicolas Sarkozy, des médias en ligne dans l’affaire Bettencourt, ou comme ça pour rien, pour l’outrance, nombreux sont ceux qui ont manié à tort et à travers la référence historique aux «heures sombres de notre Histoire». Les accusateurs ont été accusés eux-mêmes, les sites gauchistes genre Rue 89 en ont pris plein la tronche même de la part des cire-pompes du pouvoir. Médiapart a été traité de fasciste par le cador sarkozien Bertrand. Mélenchon, aspirant chef près le parti veuf du stalinisme traite comme tel tout contradicteur. Un certain Douard de droite sarkoviar, excédé par la mère Royal, a approfondi la notion en éructant que « le nazisme était aussi une dictature du prolétariat». L’occupation de la rue par les prières musulmanes, comme motif de campagne à long terme, a hélas fait un flop magistral. Certes, sur une grande plage des forums de la presse, des ultras-Umpistes et des ultras assistantes sociales anarchistes se sont crêpés le chignon, mais autant la majorité des gens n’ont que faire de la fille Le Pen, autant l’utilisation conviviale, par le gouvernement des riches, des pauvres couchés par terre pour prier sans nouvelle paye honorable, a dénoncé cet étalement débile de religiosité tant défendue par l’anarchisme et le gauchisme réactionnaire. La démocratie anti-fâchiste est anti-raciste, c'est-à-dire qu’elle prend les prolétaires français comme immigrés pour des cons végétatifs. Enfin, pour sanctifier la mystification des élections bourgeoises dites démocratiques (alors qu’elles sont fondamentalement truquées) toute la presse mondiale a compati contre le coup de force « anti-démocratique » du président sortant de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, soufflant la victoire à son vainqueur Ouattara. Déjà plusieurs centaines de victimes gisent sur le sol africain pour la préséance entre deux bandits soutenus par tel ou tel camp impérialiste dans un pays où la classe ouvrière n’existe pas, et où les pauvres prolétaires sont sans défense tant que les prolétariat occidentaux n’ont pas détruit le cœur du système. Les massacres en Côte D’Ivoire sont surtout un message à l’attention des prolétaires des pays industrialisés. Comme avec l’anti-fâchisme de salon, la consigne est : tôt ou tard il faudra vous préparer à mourir pour « la démocratie ».
LE REFORMISME RADICAL AU SERVICE DE LA BOURGEOISIE
Un des premiers disciples français d’Eduard Bernstein fût, on l’ignore en général, l’anarchiste intellectuel Georges Sorel. Sorel vit un maître chez Bernstein et correspondit avec lui. Paradoxe car Bernstein avait mieux compris le réformisme intrinsèque du dit syndicalisme-révolutionnaire. Il avait analysé que jamais les syndicats ne défendraient autre chose que l’aristocratie ouvrière ni n’attenteraient à l’ordre capitaliste. Sorel était un caméléon du même genre, sauf qu’il disait du parlementarisme ce que Bernstein disait du syndicalisme. Au fond tous deux pensaient que la solution viendrait l’un d’une victoire électorale et l’autre d’une grève générale pacifique. Bernstein et Sorel furent bien les deux principaux mystificateurs en leur temps de l’incurie social-démocrate et de l’impuissance de l’idéologie anarchiste. A 110 ans de là les anarchistes français, et leurs amis gauchistes, ont confirmé au cours de cette lamentable année 2010 qu’ils sont bien les héritiers réformistes de Bernstein et du pacifiste Sorel. Le but n’est rien le mouvement est tout : vive la grève générale inaccessible et vive la CGT !
Le caméléonisme anarchiste a plusieurs autres bombes d’artifice dans sa poche. On ne sait qui sont les commanditaires des « Cellules révolutionnaires Lambros Fountas » (du nom du jeune anarchiste grec tué en mars à Athènes dans un affrontement avec la police) qui expriment leur solidarité avec «des camarades en prison» et d'autres groupes anarchistes en Argentine, au Chili, en Grèce, au Mexique et en Espagne, mais on est sûr que la mouvance anarchiste et les vieux retraités syndicalistes de la CGT sont glamour vis-à-vis de ce genre « d’actions » « exemplaires », « par le fait ». Un exemple parmi tant d’autres sur un forum de Libé : « l'anarchie ne peut que gagner du terrain quand on voit les inegalités ,les retraites de 300 euros pour des hommes qui ont travaille toute leur vie a des petits boulots avec juste de quoi survivre et qui arrivent a la retraite pour avoir juste de quoi crever alors que certains percoivent des retraites inconvenantes PDG, hauts fonctionaires et élus de toutes sortes pour un pays en faillite car la chine est en train de donner le coup de grace a notre economie deja moribonde ,et ,ou tout le systeme social est corrompu ,il ne peut y avoir que l'emergence des extremes qui esperons le reveilleront l'opinion ! »
Attentats internationaux ou préparations coordonnées pour piéger la lutte des classes en 2011?
Qui a intérêt à mêler attentats terroristes et bris de vitrine dans les manifestations, prise d’otages avec paralysie des grèves ? Réponses d’autres blogueurs où certains croient naïvement que l’extrême droite serait une entité hors du pouvoir gouvernemental : « Bien sur tout lien avec le scandale politique qui touche Berlusconi est fortuit. C'est bien connu que quand on a des copains mafieux on est tout à fait capable de poser des bombes pour rester au pouvoir. Dans les années 70-80, l'extrême-droite italienne faisait porter la responsabilité de ses attentats à la gauche ouvrière. Aujourd'hui, elle se cache derrière les anarchistes. L'extrême-droite italienne est toujours aussi abjecte ». Quelle candeur affiche pourtant le pouvoir : «Les cibles n'ont pas été choisies au hasard», a déclaré un responsable du ministère de l'Intérieur, Alfredo Mantovano, au quotidien Il Giornale ; selon lui, la Suisse a été visée parce que plusieurs anarchistes italiens s'y trouvent emprisonnés, tandis qu'au Chili, un anarchiste est mort dans l'explosion d'une bombe l'an dernier ». Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni avait privilégié rapidement «la piste anarchiste insurrectionnelle», notamment en raison «d'épisodes similaires qui se sont produits en novembre dernier en Grèce». Le nouveau coupeur de caténaires serait-il italien ou suisse ? La mise en scène tient de l’habileté d’un cerveau policier. Quatorze paquets auraient été adressés à des dirigeants européens, dont Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy, et d'autres institutions et ambassades européennes. Ces attentats, qui avaient fait un blessé, avaient été imputés par la police grecque à des extrémistes anarchistes locaux. A Athènes, le porte-parole de la police, Thanassis Kokkalakis, a toutefois indiqué vendredi «qu'il n'y (avait) pas d'indications sur une implication grecque que dans l'expédition de ces colis» (de jeudi). «Il semble s'agir d'une mesure de solidarité», a-t-il ajouté, précisant toutefois que les investigations se poursuivent. Toute l’ambiguïté de cette campagne est résumée par cet autre blogueur, un peu ambigu lui-même : « La contestation contre les potions amères infligées par le FMI, l'UE et la finance international à la Grèce, et bientôt au reste des PIGS - quel odieux acronyme - est portée, dans sa forme la plus virulente par les anarchistes. La gauche "de gouvernement" laisse faire quant elle n'organise pas elle même la collaboration.Il s'agit donc de délégitimer une poche de résistance. Je ne serais donc pas surpris que ces attentats ne soient pas l'œuvre d'anarchistes ou qu'à défaut ceux ci aient été fortement manipulés. Car au fond, à qui profite le crime ? Hum ? ». L’idéologie émeutière ainsi exaltée de toutes les manières par tous les canaux est évidemment un nouveau piège contre les véritables actions de masse de la classe ouvrière AU MOMENT où la catastrophe va survenir. Les syndicats français avec le battage mondial sur leur invraisemblable et irrationnelle organisation d’une protestation sociale vaincue d’avance sur les retraites portent et porteront une lourde responsabilité dans la fuite de nombre d’éléments révoltés vers le piège réformiste radical anarchiste, qui n’est qu’une implosion d’impuissance quand les acteurs réels de la « propagande par le fait » sont manipulés ou flics parallèles.
BERNSTEIN VAINQUEUR AU XXe SIECLE, SERA-T-il SUCCEDé PAR ROSA LUXEMBURG ?
Une analyse plus fine de cet ancien pape du marxisme, plus important que Kautsky, et exécuteur testamentaire d’Engels, montre que son révisionnisme n’était pas aussi anti-marxiste que les orthodoxes le crurent. Le marxisme contenait une certaine vision gradualiste liant tout chambardement politique au type et au degré de mode de production atteint par la société, comme il contenait une attente de l’apocalypse économique, laquelle s’est avérée prématurée ou en tout cas – même si la guerre de 1914 annonça la décadence capitaliste du XXe siècle – la bourgeoisie mondiale a su résister à son écroulement en surmontant la crise séculaire par deux guerres mondiales, tout en s’avérant impuissante à planifier le troisième massacre planétaire qui lui aurait évité sa situation dramatique actuelle de paralytique en fin de vie. Bernstein, contrairement aux Kautsky, Luxemburg et Pannekoek, avait remis en cause non l’idée de révolution mais la perspective d’une catastrophe planétaire. S’il a eu raison d’une certaine façon jusqu’ici, puisque le capitalisme s’est maintenu, certes dans des horreurs absolues, des massacres localisés et la famine permanente pour une grande partie de l’humanité inconnue avant 1945, la catastrophe attendue par des générations de millions de prolétaires est bien là. Les économistes bourgeois n’ont pas cessé de tenter de nous faire croire depuis 2008 « qu’on touche le fond » et que, grâce aux meilleurs d’entre eux, il suffirait de se laisser remonter du fonds de la piscine idéologique. Depuis pratiquement un an les inquiétudes réitérées dans les journaux sur la gravité de la crise ont disparu de la une de la plupart des journaux alors que les deux principaux sentiments de culpabilité bourgeois demeurent : inquiétude et prudence. Le capitalisme moderne a tant de fois été échaudé que les jugements des historiens et économistes nobélisés ne vaut pas plus que la valeur actuelle de l’euro. La bourgeoisie vit une crise de la prévision, comme le capitaine du navire perdu dans la tempête face aux bulles irrationnelles que génère en permanence son système (*).
En 1898 et 1899, Rosa Luxemburg dans sa réplique déjà si lointaine (et si actuelle en 2011) à Bernstein dans son ouvrage « Réforme sociale ou révolution », compilation d’articles déjà parus contre la théorie révisionniste de Bernstein, abordait avec le brio et la hardiesse qui l’ont toujours caractérisée la possibilité d’une révolution ou de mesures transitoires prématurées (on pense bien évidemment à l’accusation fallacieuse subséquente des mencheviks contre les bolcheviques) : « Cette objection révèle une série de malentendus quant à la nature réelle et au déroulement de la révolution sociale. Premier malentendu : la prise du pouvoir politique par le prolétariat, c'est-à-dire par une grande classe populaire, ne se fait pas artificiellement. Sauf en certains cas exceptionnels – tels que la Commune de Paris, où le prolétariat n’a pas obtenu le pouvoir au terme d’une lutte consciente, mais où le pouvoir lui est échu comme un bien dont personne ne veut plus – la prise du pouvoir politique implique une situation politique et économique parvenue à un certain degré de maturité. C’est là toute la différence entre des coups d’Etat de style blanquiste, accomplis par « une minorité agissante », déclenchés à n’importe quel moment, et en fit toujours inopportunément, et la conquête du pouvoir politique par la grande masse populaire consciente ; une telle conquête ne peut être que le produit de la décomposition de la société bourgeoise ; elle porte donc en elle-même la justification économique et politique de son opportunité ».
Intéressant ce parallèle avec ce « pouvoir échu » de la Commune de 1871 et « la décomposition » du Capital comme moment de RUPTURE du capitalisme !
« Réforme sociale ou Révolution ? » Ecrivait Rosa Luxemburg. Gradualisme ou violence ? pouvons-nous traduire. Gradualisme des bêlements anarchistes envers la grève générale ou attentats terroristes ? Ou aucun des deux. Derrière l’alternative de Rosa, ni gradualiste ni terroriste, était bien posée la question fondamentale, l’emploi et la justification de la violence pour transformer réellement la société. Mais pas n’importe quelle violence. La violence a une histoire et des justifications contingentes. Les hommes ne sont pas en retrait de leur propre histoire contemporaine et doivent observer avec modestie celle du passé. Engels s’était moqué d u docteur Dühring : « Lorsque Dühring blâme la civilisation grecque parce qu’elle était basée sur l’esclavage, il pourrait tout aussi bien reprocher aux grecs de n’avoir pas eu des machines à vapeur et des télégraphes électriques ». A ses côtés, Marx niait que le seul emploi de la force, comme pure affirmation de pouvoir, puisse jamais expliquer le cours du développement social. Marx ne fétichise pas la violence, avec une image qui laisse à désirer : « La force est l’accoucheuse de toute vieille société grosse d’une société nouvelle. Elle est elle-même un pouvoir économique ». La bourgeoisie qui a utilisé elle-même la violence pour s’installer au pouvoir, s’évertue à enseigner que l’emploi de la force au niveau politique, est un crime contre la civilisation. Du point de vue moral il y a beaucoup de choses pires que l’usage de la force : la tolérance lâche des injustices sociales.
(la suite avec mon livre : NOUVELLES REFLEXIONS SUR LA VIOLENCE).
Bonne année amis lecteurs du prolétariat. A bas les guerres et Vive la Révolution !
(*) Il faut lire absolument le numéro spécial de la Revue Cités n°41 : Capitalismes : en sortir ? (ed PUF mai 2010) où l’on trouve des analyses autrement lucides et profondes que tout ce qui prétend se publier en théorie économique dans le milieu maximaliste. Sur la « subjectivation capitaliste », le « capitalisme criminel » (Subprimes ou subcrimes ?), une réflexion politique sur le rôle des Etats en 2010 (très pénétrante), cette revue réalisée par des universitaires transcourants, certes grands bobos et sans vision politique révolutionnaire, est très instructive. Et on se marre de la petite prestation (lamentable et nunuche) du conseiller de l’Elysée Guaino.
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