UN DEBAT ENTRE AVEUGLES EN DEHORS DE L’ENTREPRISE MAIS QUI CONCERNE LA CLASSE OUVRIERE
(soliloque sur la grève désincarnée et abstraite ?)
La grève d’une partie du réseau urbain de transport à Paris a au moins fait parler d’elle sur les forums d’Internet qui remplacent plus confortablement les cafés d’antan, comme je l’ai souligné dans mon long message blog précédent, et sans risque de se faire casser la gueule. Dans ma période militante j’ai connu cette situation, pas dans les bistrots, mais à l’entrée des boites ou des locaux RATP où critiquer la grève, même du point de vue des ouvriers et de la révolution, ne souffre pas la discussion…
Malheureusement, comme vous allez le constater, sans risques physiques, le débat à l’aveugle sur le web (sans savoir qui est qui, qui est quoi, ni son opinion politique de fond) ressemble étrangement aux antiques discussions de bistrot. On imagine même le surfeur en train de s’enfiler une pinte de bière pour éructer ses réponses ou ses coups de colère. Il n’y a en effet pas de cadre formel. Ce n’est pas une réunion publique patronnée par un groupe politique ou un syndicat. C’est tout azimuts comme une surenchère entre marchands de poissons. C’est « l’opinion » qui s’exprime comme disent les journalistes. Les avis des uns et des autres se chevauchent et finissent même par oublier le fond de l’article proposé par le journal. Les entrepreneurs de Libération ne sont pas neutres. Ils organisent la publication des commentaires, les refusent (heureusement dans les cas pathologiques) et en tirent grand profit. L’auteur de l’article, comme les observateurs et la police des mœurs politiques, peuvent y trouver là un des meilleurs sondages de cette « opinion » si volatile, inconstante et anarchique.
Nulle « démocratie » dans ce genre de débat aveugle. Le tout venant peut débiter ce que bon lui semble. Evidemment il serait autrement plus subversif de fixer comme cadre au débat et source de confrontations et de réponses une réunion de grévistes au local de Libération qui dialogueraient directement avec ces courageux internautes de l’ombre, mais cela se révèlerait vite très dérangeant pour le pouvoir et ses encadreurs syndicaux et journaleux.
Plongeons-nous dans les conciliabules du café-internet pour une grève très parisienne et très corporative, qui s’élèvent peu au-dessus du quotidien et de l’histoire, obéissent aux concepts les plus éculés et charrient les banalités politiques des partis bourgeois bien connus. Mais on y trouve des pépites de vérité. Comme au bar de la rue des Martyrs, sans conséquences pratiques.
Libé place en tête un des plus bouillants blogueurs qui prend la défense de la grève. Kalachnikov : « un peu comme les commentaires haineux de militants du front national et de l'ump sur ce genre d'articles... ». Réponse de Dumnac : « ...j'adore votre pseudo !!! Surtout aujourd'hui, 20ème anniversaire de la chute du mur de la honte...Quel bon goût, quelle élégance !!! Il me fait penser aux Allemands de l'Est morts sous les balles des kalachnikovs des wopos est-allemands en essayant de s'évader du paradis soviétique. »
Mouleagaufre répond à une série de jérémiades de post-staliniens sur le bonheur de vivre en RDA : « Je te propose d'aller déposer un gerbe de fleurs en l'honneur des hommes, femmes, enfants qui ont voulu traverser le mur et se sont fait abattre comme des chiens, pour quitter le paradis communiste tant vanté par le PCF et l'Humanité jusqu'en 1989. D'ailleurs les dirigeants actuels du PCF et de l'Humanté avaient déjà des post de dirigeant (voir au secrétariat général du PCF), à cette époque. Entendre Hue ou Gremetz se dirent contre le mur, c'est comme Pinochet se dire pour la démocratie. »
Suit une série de polémiques sur les mérites respectifs de la privatisation et du service public, lassante et éculée.
Pour Rasti « cette grève montre bien que leur travail (à la RATP) est dur et insupportable : « pourquoi ne voulez-vous pas les aider et trouver des solutions pour améliorer le quotidien ? Vous manquez d'empathie ; c'est pas très gôche compatissante tout ça ! » Keroro répond : « Rien à foutre de la gôche compatissante…! Je suis pas politique, je juge pas les choses à travers le filtre idéologique d'un parti, je juge avec ma tête et mon expérience qui vaut ce qu'elle vaut... » (…) « Je me contente juste de mettre les contradicteurs de cette grève face à leur lamentable méconnaissance! Comment peut on juger d'une chose alors qu'on a aucune connaissance dans le domaine? Je ne porte pas de jugement sur la grève, je porte un jugement sur les imbéciles (comme toi) qui porte un jugement sur les supposées conditions de travail des cheminots... Alors qu'ils n'en ont aucune idée! ».
On s’égare ensuite sur l’automatisation comme solution.
Juno essaie de départager les deux colériques : « Un petit peu moins de mépris, ne vous ferait pas de mal, ni à l'un, ni à l'autre. J'ai l'impression d'assister à une bataille rangée entre le privé (lui) et le public (vous) L'automatisation? Oui, biensûr. C'est l'idéal. Les personnels seront toujours nécessaires. A l'entretien, accompagnement dans les rames, contrôle, aiguillage...etc. Mais l'automatisation, c'est un vrai pas en avant. Moins de stress pour les navigants, moins d'erreur dûe au facteur humain, aussi. Calmez-vous M Keroro, ce n'est pas par des réponses, tels que vous faites, que les gens continueront à se sentir solidaires de la Fonction Publique. »
Juno essaie de ramener la polémique en vue de l’espoir électoral : « Automatiser pour moins de grêve? Faut simplement répondre : "Oui, notre but est d'avoir moins de conflits, donc moins de grêve. Oui, mais SANS destruction d'emplois". La grêve, reste le moyen ultime pour ceux qui travaillent, pour se faire entendre. Tout patron censé, évite le plus que possible, d'en arriver aux situations conflictuelles de ce genre là. Je vous l'accorde, votre patron, n'est pas un patron très éclairé ;-) Il faut mieux voter, en 2012, pour changer de patron. Il en a oublié, qu'il n'est qu'en CDD de 5 ans, renouvelable, ou pas. »
Rasti fait de l’humour : « on vous mettra un local quelque part marqué "grève" dessus comme ça vous pourrez vous réunir et vous rappeler, sous le portrait d'André (sic) Krazucki, les héroïques combats d'antan contre le Grand Capital ...Pendant ce temps-là, le monde continuera à tourner, les gens pourront continuer à travailler et à vaquer à leurs occupations. Chacun sera ainsi libre de faire ce qu'il veut sans s'imposer à ses voisins. Formidable non ? »
Keroro ne lâche pas prise : « Toi, à tous les coups t'es tellement couillon que tu crois que je soutiens la grève... Je me trompe? Les grévistes ont leur raison, et c'est comme ça... Moi aussi je suis de la FP, et j'ai jamais fait grève...Je ne défends pas la grève, je défend les grévistes contre les crétins qui leur crachent dessus avec des a priori pourris...Tiens par exemple, toi, tu es resté bloqué à l'époque de Krazucki... Réveilles toi, mon gars... L'URSS n'existe plus, on t'a rien dit? Y parait même que l'homme a marché sur la Lune... Si si, je te jure... »
Rasti réplique: « ce serait pas "colleur de timbres à la Poste" ? Tu as l'air d'avoir la langue bien pendue ... PS : tiens quelques raisons pour la grève. Attention, c'est du lourd : "Ils exigent une «réelle reconnaissance» de leur nouvelle qualification avec la conduite sur le tronçon SNCF de cette ligne". C'est pas mignon ça ? Ils veulent de la **reconnaissance** ... Et pourquoi pas des p'tits bisous avec un bouquet de fleurs avant le départ du train ? »
Alfredogarcia essaie d’élever le débat : « Les robots dans les usines, loin de soulager les travailleurs (le rythme a augmenté) ils ont augmenté les dividendes payés au actionnariat ».
On s’empaille ensuite sur la connaissance du métier de conducteur de train.
Theviguy sermonne l’abusif Keroro : « Et en gros pour toi, quelqu'un de crédible c'est quelqu'un qui soutient cette grève absurde ? Elle porte juste sur un changement de conducteur à la Gare du Nord. Est ce que tu crois qu'il n'y a pas deux ou trois problèmes un peu plus importants que ces revendications puériles ? »
Keroro répond intelligemment : « Non, quelqu'un de crédible, c'est quelqu'un qui a du vécu et des arguments. C'est quelqu'un qui sait pourquoi cette grève a lieu, et qui sait exactement quelles sont les justificatifs de cette grève. Le fait qu'il soit pour ou contre, je m'en tape. si le type me dit "c'est une grève absurde parce que..." avec de vrais arguments et une expérience dans le domaine, là, d'accord... Mais dire "cette grève est absurde parce que les cheminots c'est des glandeurs", j'appelle pas ça une argumentation... A part deux ou trois a priori bien bidons, et quelques situations loufoques issus de ton imagination, y a pas grand chose dans tes commentaires...Un a priori n'a jamais été un argument... »
Theviguy argumente : « Il fallait lire l'article jusqu'au bout mon petit bonhomme. Les raisons de la grève y sont clairement expliquées : Ils font grève parce qu'ils ne veulent pas qu'un conducteur de la ligne B fasse la liaison St Rémy les Chevreuse - Roissy sans changer de conducteur à la Gare du Nord. Autant j'ai beaucoup de respect pour l'historique de la lutte syndicale, autant je trouve que ces dernières années les revendications sont de plus en plus légères. Et encore une fois, il me semble qu'elles sont facilitées par le fait que : 1. Ils ne risquent rien (Pas de sanctions ni de renvoi possible) 2 . Ils ont un travail "stratégique" qui leur permet de faire ch.... un maximum de gens ce qui donne beaucoup plus de poids à leur action qu'une grève des contractuelles par exemple. En termes économiques, on pourrait parler d'abus de position dominante.....Voila. D'autres questions ? »
Keroro défend les conducteurs de train : « Et paf! Encore un point de vue issu d'une imagination débordante en termes d'a priori! Elles te paraissent légères parce qu'elles ne te concernent pas, point...Les conducteurs, eux, font ça tout les jours... S'ils considèrent que la revendication est solide, ben ils y vont... Je ne vois pas en quoi tu serais mieux placé qu'eux pour juger ou non de la légèreté des revendications, étant donné que tu n'y connais pas plus que moi... »
Theviguy se moque de la revendication corporative : « Franchement bloquer 10 millions de parisiens pour qu'un conducteur descende du train à la Gare de Nord au lieu d'aller à Roissy, oui je trouve ça exagéré. Maintenant, dans le privé, quand les conditions dans lesquelles on exerce son boulot ne nous plaisent pas, on en cherche un autre et on ne fait pas pression sur l'ensemble de la population pour qu'un patron prenne en compte nos demandes. Et quand on a la responsabilité d'acheminer des millions de travailleurs sur leur lieu de travail, je trouve insupportable d'en jouer pour satisfaire ses revendications. »
Keroro démasque Theviguy : « J’en étais sûr. Le fameux laïus sur le privé, ou on préfère se barrer plutôt que d'embêter le patron... C'est tellement bien, le privé, que les gens préfèrent même se suicider pour que le message soit entendu, plutôt que d'embêter la populace, c'est-y pas formidable? Et pour info, les gens bloqués ne sont qu'une conséquence de la grève, pas la finalité...Tu peux te placer du coté où on dit que les conducteurs utilisent les usagers pour faire pression, moi je vois aussi que les patrons utilisent les usagers pour forcer les conducteurs... Tu vois ce que j'veux dire? »
D’autres s’égarent sur la notion de service minimum et des défenseurs de Sarkozy pointent leur nez.
Chirsukr , approuvé par Keroro, voit venir les fascistes : « ça va se transformer en débat pour le droit de grève remis en cause par les fascistes cet article. »
Charlemagne 2009 essaie de se faire entendre : « Il y a une instrumentalisation ignoble de la part de certains syndicat, le fait qu’un chauffeur fasse une crise cardiaque ne peut être attribué aux seuls conditions de travail, même pour certains suicides, c’est un tout, il faut voir les choses en face, alors à part ceux qui ont laissé une lettre à cet effet, pour le reste je trouve cela ignoble d’autant que les syndicats sont là après coup mais il n’y avait personne avant les passages à l’acte. C’est bien des témoignages de harcèlement, mais c’est avant qu’il aurait fallu parler. Effectivement, il y a de plus en plus de commentateur qui veulent occuper le terrain de façon exclusive, on m’a demandé de disparaître, parce que j’avais reproché une certaine vulgarité alors qu’on n’avait pas élevé les cochons ensemble. Soit, il s’agit de commentaires vulgaires soit il s’agit de discussions à caractères privées, alors qu’ils pourraient utiliser les messages, ils le font bien pour vomir sur les autres. »
Un italien, Fransesco a le malheur de vouloir calmer la mêlée : « Allons allons… vous vivez dans le plus beau pays du monde... Les ordures de Marseille qui s'entassent dans les rues, les grèves à répétition, ... Mais chut. Attention Francesco, tu es en train de franchir la ligne rouge. Mais oui osons le dire tout haut: les choses fonctionnent bien mieux en Italie. A ceux qui me diraient d'y retourner : j'y suis déjà. Bonne grève... »
Le procureur Keroro lui tombe dessus : « Tu as le droit d'avoir une opinion! Pourquoi tu nous dis ensuite que tu es en Italie? Beaucoup de personnes qui réagissent ici ne sont pas touchés par la grève, et n'ont jamais été touchées par la grève... Ils viennent et crachent un venin puant, comme s'ils étaient intéressants... Je dis pas ça pour toi, hein...Ne t'excuses pas d'avoir un pays mieux que la France... En plus les Italiennes sont des booooombes... »
Francesco s’excuse : « Tu sais, c’est hors sujet et je m'en excuse. Tu sais, je ne suis pas un habitué des commentaires. C'est assez décevant dans l'ensemble ces monologues où personne ne lit ni n'écoute l'opinion des autres. Je suis binational. Je connais donc bien les deux pays et je suis très fier de ma partie italienne. Bonne journée et merci de ta réponse. »
Hector en profite pour témoigner que les grévistes en Italie sont moins cons que les grévistes parisiens et ne paralysent pas le trafic au moment des manifs : « Dernière grève des Cobas : 23 octobre 2009. Avec une manifestation Rdb, Sdl Intercategoriale et Confederazione Cobas, en matinée à Rome entre la place de la République et la place San Giovanni. En grève le même jour : bus, metro, transport aérien et ferroviaires. Le service minimum est assuré grâce au dispositions suivantes : les conducteurs du metro et le personnel des trains ne se met en grève que de 20h00 à 24h00 afin de ne pas gêner ceux qui veulent se rendre aux manifestations. Forse si svolge, ma nell'isola che non c'é... »
Francesco est désarmé : « J’en étais sûr…qu'on allait me ressortir la mafia, cicciolina, les brigades rouges, berlusconi. Trop drôle. Bon n'alimentons pas les polémiques parce que souvent cela devient hors sujet. Nous étions partis sur les grèves des lignes A et B du RER et je m'aperçois que cela devient des foires d'empoigne entre lecteurs. Bonne journé à tous. »
Pete dénonce la xénophobie mais assure que en Italie ce n’est pas exemplaire non plus : « Les réactions xénophobes à votre post sont navrantes. Votre provocation initiale n'était pas non plus d'une sidérante finesse : on peut effectivement se gausser de la gréviculture horripilante des Français, mais de là à prétendre sérueusement que les choses fonctionnent mieux en Italie... J'imagine que vous plaisantez. »
Les échanges qui suivent sur les mérites comparatifs des deux contrées de chaque côté des Alpes sont pauvres et inutiles, et en effet hors sujet.
Avocatdudiable vient rappeler tout le monde au sujet : « Aux armes citoyens, Les syndicats dénoncent l'organisation du travail sur le RER B. Et les utilisateurs s'organisent comment?
Ras le bol de ces grèves fomentées qui usent la patience des voyageurs.
Ou nous continuons à être des veaux,ou on se réveille. »
Tir de barrage, ce quidam veut supprimer le droit de grève ! Avocatdudiable répond prestement : « supprimer la connerie oui ».
Ploc met les pieds dans le plat : « La CGT est là pour vous servir ! Comme elle vous a servi si longtemps, en étant piloté par les communistes qui opprimaient tous les peuples, tellement heureux qu'ils voulaient tous fuir le paradis, comme à Berlin. Heureusement, François Mitterrand est arrivé: il a fait disparaître les communistes français. Encore bravo à la CGT, qui sait amuser ses partisans avec ses grèves débiles, sans aucun motif. »
Leonardo 75 voit à nouveau sous la haine, des fascistes : « Toujours les mêmes messages de haine Pour certain il faudrait revenir au temps ou les grèves étaient interdites et ou l’armée tirait sur la foule. Le bon temps, quoi , pour ces gens la ».
Robert veut ramener les émeutiers au conflit sectoriel : « Et si c’était l'employeur qui prend en otage les usagers des RER, en maltraitant, harcelant, pourrissant la vie des conducteurs de train ? Car pour une grève, il faut en général 2 parties... »
Pete se montre cynique : « Exploiteur ! C'est vrai qu'en faisant travailler ses conducteurs 5h55 par jour, 180 j par an, jusqu'à l'âge canonique de 55 ans, la RATP est un véritable exploiteur-vampire... ». Turlutto répond en se moquant de Pete : « Vous avez raison. C'est bien connu, en France, ce sont les salariés qui exploitent leurs patrons. Et parfois, ils ont tellement honte qu'ils vont jusqu'à se suicider. Au fait parmi les pourfendeurs de la SNCF, de leurs "odieux privilèges" (mais pourquoi ne font-ils pas conducteur de train, pour connaître le bonheur du travail du WE et la nuit), combien voudraient échanger notre réseau SNCF contre ceux des pays voisins? »
Greenvarior qui ne cache pas ses sympathies sarkozystes parle de courage : « Syndicats totalitaires. Qui aura le courage de mettre en place un véritable service minimum, qui aura le courage de dire que ces syndicats défendent d'abord leurs avantages acquis, qui aura le courage de dire que plus on "emmerde" les gens plus on fait de voix aux élections syndicales. »
Mirkof défend l’honnêteté des syndicats : « Syndicat, syndicalistes, toujours le même discours. Monsieur n'a du jamais mettre les pieds dans une entreprise. Sans les salariés, les syndicats ne sont rien. Si un syndicat appelle à faire grève et si les salariés ne suivent pas, cela fait flop. Dans cette grève, si il y a si peu de train, c'est que les salariés de la SNCF et RATP ont un réel problème et qu'ils ont décidés de se mettre en grève. Mais vous pouvez continuer à croire que les salariés se font manipuler, si cela vous fait plaisir, mais vos œillères vous empêchent de comprendre ce qu'il se passe réellement dans notre pays. Mais comprendre vous intéresse-t-il? Je crois que c'est de râler qui vous préoccupe, non? »
Greenvarior récuse que les salariés soient des veaux : « Je n'ai jamais dit que les salariés se faisaient manipuler, mais force est de constater que le pouvoir de nuisance leur sert de levier pour des contestations mineures. Quand aux entreprises, je dois les connaître mieux que vous. »
Mirkof ne laisse pas passer : « des broutilles ? Contestations mineures?? Et donc, comme un seul homme, l'ensemble des conducteurs se mettent en grève pour des broutilles?? Puisque vous dites bien connaitre le monde de l'entreprise (et mieux que moi, d'après vous), imaginez-vous vous et vos collègues, se mettre en grève pour des contestations mineures? Non, je ne crois pas.Et bien, je suis à peu près certains que les salariés de la SNCF et de la RATP sont des êtres humains comme vous, doter des mêmes pouvoir de déductions et qui savent calculer ce que leur coute un jour de grève, ce que cela provoquera comme mouvement d'opinions etc ... et pourtant ils l'ont fait. C'est que sûrement le mobile doit être sérieux. »
Dumnac revient à la charge violemment du côté des « usagers » un mot qu’il n’aime pas pourtant : « ..vous avez oublié dans votre baratin classique et puant de mauvaise foi, un détail important. Celui de préciser, comme d'habitude, que la grève profite aux "usagers" (j'adore ce vocable !).Il est certain que les dizaines de milliers d'usagers qui ne vont pas pouvoir aller bosser aujourd'hui qui vont perdre une journée de salaire et peut-être même leur emploi, seront très reconnaissant vis à vis des grévistes ! »
Discours faible car d’une part si le préavis a été bien annoncé à l’avance, beaucoup de travailleurs ont posé une journée de congé et pris leur bagnole, et comme le dit Koukoutisme : « toujours le même discours à la con. Allez hop, supprimons le droit de grève. Par ailleurs il ne faut pas en faire un fromage non plus ce n'est que le RER RATP qui est en grève. Or il y a des solutions alternatives au RER RATP. Et j'adoooooooore la rhétorique de ceux qui vont perdre leur emploi. Quel employeur serait assez salaud pour virer quelqu'un qui est absent pour cause de grève des transports ? S'il en existe ce sont eux les salauds, pas les grévistes. »
Theviguy récuse les invectives et soutient qu’au moins les salariés de « certains services publics peuvent encore se battre contrairement au privé : « Bref, on parle effectivement d'une grève de 24 heures, mais reconductible selon la CGT. Cette grève porte principalement sur le fait que les conducteurs ne veulent pas faire un trajet complet d'un bout de la ligne à l'autre (ce qui doit représenter un maximum de deux heures de boulot d'affilée) auquel s'ajoute evidemment les sempiternelles revendications salariales. C'est vrai qu'a l'heure où la plupart des entreprises affichent une moyenne de moins 20% de leur activité , il n'y a que les crétins de certains services publics pour réclamer une augmentation de salaire........ (J'ai bien dit CERTAINS services publics)... »
Pete trouve ridicule la grève, et confirme être un brave citoyen sarkozien : « Ces revendications dérisoires ne justifient pas de mettre en rade 2 millions d'usagers. Le manque d'éthique et de conscience professionnelle de ces emmerdeurs irresponsables est tout simplement sidérant. Ce sont les vrais fossoyeurs du service public : on ne pourrait trouver de meilleurs avocats pour une privatisation rapide de cette pétaudière. »
Dumnac renchérit : « ...en matière de discours "à la con", je crois que vous faites partie des champions Je sais. Ce sont les RER de la SNCF qui sont en grève ! Mais pour l'usager moyen quelle est la différence avec une grève de la RATP ?Mêmes emmerdements. Même galère.Et même risques vis à vis de l'employeur, contrairement à ce que vous pensez.Le droit de grève est constitutionnel. Le droit de prendre "les usagers" en otage est irresponsable. »
Jmvi94 plaint les employés du privé qui ne font jamais grève : « Pas de risque. Avec les "gentils employeurs" du privés, ils comprennent leurs employés pris en otage par le service public, d'ailleurs chez eux les smicards ne font jamais grèves et restent au SMIC toute leur vie, le paradis en vérité. »
Pete, qui doit être au moins artisan patron ne dit pas des stupidités mais sa défense de l’usager fait très « citoyen » et finalement il n’y a que des veaux, les grévistes et les usagers : « Il y a ce réflexe pavlovien d'une certaine catégorie de la population qui justifie la grève par le simple fait qu'elle existe. Si les salariés cessent le travail, c'est qu'ils ont une BONNE raison, nous rabâche-t-on sans relâche, sans même prendre la peine d'examiner des revendications souvent floues, parfois ridicules et frivoles. On en vient donc à justifier, a priori, les mouvements sociaux les plus ineptes, les plus égoïstes et les plus pénalisant pour l'usager. Celui-ci ne fait pas exception. Etrange réflexe, qui consiste à se placer automatiquement dans le camp d'une minorité protégée et revendicatrice, contre la majorité silencieuse exposée, dans le camp des grévistes compulsifs et contre les centaines de milliers d'usagers qui s'entassent comme des veaux sur des quais bondés, sont pénalisés financièrement par les grèves et souffrent en silence. »
Jmvi94 en parlant des avantages obtenus « grâce aux grèves » (il ne précise pas lesquelles ni pour quel secteur d’activité) se fait moucher par Pete : « C'est vrai, on est stupéfié par le sens de l'intérêt général des grévistes du secteur public, et par la quantité d'avantages arrachés par ces héros au bénéfice de la collectivité dans son ensemble. On se rappellera que les grèves les plus dures l'ont été pour préserver leur droit de cotiser moins que les autres, s'opposer au service minimum dans les transports, ou plus prosaïquement, travailler le moins possible. Merci à eux. »
Elea s’énerve en relativisant le mal causé aux « usagers » par la grève : « Franchement, je n'ai eu qu'une demi-heure de retard ce matin:C'était pénible , on était tassés, mais j'ai pu aller bosser ce matin, comme l'ensemble des usagers d'ailleurs! Cessez de rabacher que le service minimum n'existe pas c'est FAUX !Vous êtes en région parisienne, vous avez déjà pris le RER un jour de grève, j'en ai pas l'impression. Car hormis les grèves RATP d'il y a deux ans et demi, je n'ai JAMAIS manqué le boulot à cause d'une grève! Au pire une demi heure à une heure de retard , et je suis prête à payer ce prix si ça peut contribuer à défendre nos transports publics. »
Pete, décidément en verve, ne lâche pas le crachoir et se moque des généralités de gôche : « Vous trouvez que les grévistes défendent le service public ? Des salariés du service public de transport qui mettent des centaines de milliers de personne en rade pour 2 minutes de travail en plus ou en moins, ou comme dans le cas présent, refusent de conduire de boût en boût et exigent des augmentations de salaire ? Vous devez certainement confondre défense du service public et défense des intérêts catégoriels de ses agents. La confusion est fréquente...Heureusement que leur objectif n'est pas de discréditer et de torpiller le service public. Qu'est-ce que serait, sinon. »
Il faut remonter au début de la matinée pour trouver des commentaires plus lucides. Zebre 233 demande : « Quelle grève ? Cette grève gêne beaucoup moins de monde qu'on le dit. Les adorateurs de notre petit président, en effet, ne sont pas touchés. Le petit président n'a-t-il pas dit: " maintenant, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit ! " »
Dumnac sévissait déjà à 8H51 : « ...vous portez bien votre surnom, car vous semblez être un drôle de zèbre...Affirmer que la grève "gêne beaucoup moins de monde qu'on le dit", relève d'une mauvaise foi certaine ou encore d'une pathologie pathologie mentale inquiétante!Je lis dans l'article de libé, qui n'est pas à ma connaissance un journal particulièrement dévoué à Sarkozy, ce qui suit:"La ligne A du RER est l'une des plus chargées au monde avec plus d'un million de passagers par jour. La ligne B transporte quotidiennement près de 800.000 Franciliens. Sur le RER A, un train sur dix seulement roulera lundi aux heures de pointe sur les tronçons gérés par la RATP." Alors monsieur le zèbre, vous allez me répondre que libé raconte des conneries ? »
Hyene justifie son surnom : « Tu rigoles là ?Ca géne pas grand monde ??Remarque pour toi sans doute que le peuple n'existe pas.C'est sûr qu'on s'en fout de la femme de ménage qui vient de banlieue pour faire un travail de merde et même pas savoir quand elle retrouvera ses enfants perdus dans les gréves. Bloquer des millions de gens par une poignée de crétins ? Et ben... ca doit être ça la tolérance en démocratie... »
Un « fasciste » fbs1 sort sa kalachnikov : « RATP = Rentre Avec Tes Pieds. Quand est-ce qu'on leur rentre dans le lard a ces feignasses ? Conduire un train c'est pas tres compliqué : une manette a pousser pour avancer, la même à reculer pour freiner. Et il suffit de respecter la vitesse indiquée sur les panneaux et de s'arreter au rouge. Rien de tres compliqué. Qu'on envoie l'armée conduire les metro, ca doit être à la portée de n'importe quel bidasse. Et qu'on envoie paitre ces parasites. Enfin, je m'en fous, j'ai gardé ma voiture a cause d'eux et je l'ai utilisé ce matin. Ce soir je mettrai sans doute du temps dans les bouchons, mais je rentrerai pas a pied. »
O11955 le prend de haut comme sa date de naissance : « Paris, ville de lumière. Quelle chance de vivre à Paris, vous avez une vie palpitante avec vos grèves qui emmerdent un max de personne, vos syndicats qui ne pensent qu'à eux, vos opinions sur tout et tous, vous qui ne représentez pas plus de 10% de la population française restez zen, le reste de la France vous regarde. »
Alejandro fait une allusion plus profonde qu’il n’y paraît à la nécessité pour les prolétaires lutter tous ensemble, dans un débat qui n’oppose pourtant que syndicalistes staliniens et petits bourgeois indépendants : « Dialogue de sourds. Quand arriveront-ils à se mettre d'accord dans cette putain de boite? Je ne comprends pas qu'il soit impossible avec du temps d'améliorer les conditions de travail et celles des clients, pardon usagers. »
Turlutoto déplore le nombre de DRH adjudants dans les contributeurs de ce forum. Mais Buckdanny sème la zizanie chez les braves défenseurs du service public et des syndicats : « Coluche avait drôlement raison quand il disait "le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le syndicalisme c'est le contraire !" .Au fait la situation d'aujourd'hui, à savoir un seul conducteur sur la ligne B, a commencé en juillet 2008. Tous ces braves gens ont mis un an et demi avant de se rendre compte que ce n'était pas supportable...syndicats compris. C'est sûr que ça doit être vraiment fatiguant !! »
J’avais commencé à émettre mon avis le premier vers 8H du mat et je me retrouve en queue de cortège : « Une simple grève corporative qui ridiculise les syndicats. emmerde surtout les usagers travailleurs.Concluez:1. ils sont 7 à réclamer des préavis pour laz ligne A
2. trois pour la ligne Bet la ligne C?pourquoi ne posent-ils pas un préavis par station de métro? Les permanents « syndiquaux » de la RATP sont de toute façon payés pour emmerder le monde. Si les ouvriers du métro étaient intelligents:A. ils ne les suivraient pas B. ils feraient circuler le métro gratis toute la journée. »(Hempel)
Costera, soucieux de la légalité et de la bonne marche des grèves syndicales, me répond : « C’est légalement impossible. Vous savez bien, on l'a déjà dit, qu'instaurer une gratuité sauvage est légalement impossible. Vous pensez bien que d'autres y ont songé avant vous. Ce serait considéré comme une faute professionnelle. »
On en tremble. Pour koukoutisme, je suis un ignare : « la ligne C est SNCF. Ignare » .
Je ne réponds jamais ni ne participe à ce débat d’aveugles … On pouvait se passer de son commentaire; si la ligne C est uniquement SNCF,certaines comme la ligne D sont partagéespar la RATP et la SNCF et même hors période de grève c'est déjà la merde.. Le problème n'est pas de nommer une ligne plutôt qu'une autre (je plaisantais sur les lettres de l’alphabet) sauf s'il a un beug dans sa boite crânienne... Jmvi94 me reproche ma méconnaissance de la RATP et ma grosse tête (ou me menace): « Dommage Que vous ne travailliez pas à la RATP, il y aurait un "génie" dans cette entreprise, faites attention à la tête en sortant de chez vous. »
Kalachnikov91 suppute l’infiltration d’extrême droite : « Libééé…pourquoi ouvrir cet article aux commentaires ? on sait d'avance ce que ça va donner (d'ailleurs ça a déjà commencer)....pfffff, c'est lourd. les militants d'extrême droite ont pourtant d'autres sites pour défouler leur haines .... ». Mais il se prend une veste par jloo : « Y’a des p’tits fachos d’extrême gauche aussi. C'est sûr qu'avec un nom comme le tien et le genre de propos que tu tiens, dans ton monde à toi, y'en aurait sûrement pas beaucoup des sujets ouverts au commentaires ou au débat.. ». Kalachnikov en remet une couche : « débat ? Vous confondez débattre et vomir de la haine putride. Dommage que le site de libé soit devenu un défouloir pour les réactionnaires haineux d'extrême droite. ». Pas de pot il est immédiatement remis en place dans la minute qui suit par Vincent : « C’est vrai pourquoi ouvrir les commentaires…... aux personnes pour qui le simple fait de critiquer des grèves récurrentes dans les transports en commun fait de vous un néo-nazi. C'est avec des raccourcis de "pensée" comme ça que des gens peuvent (ou ont pu) dire: "ceux qui critiquent la politique de colonisation d'Israël sont antisémites", ou encore "ceux qui sont contre la guerre en Irak sont des ennemis des États-Unis". Et accessoirement, parler de la supposée haine des autres et prendre "kalachnikov" comme pseudo ça ne vous choque pas? ».
Le stalinien Keroro prend évidemment la défense de Kalachnikov. Mais les deux derniers commentaires postés qui terminent le forum sont étrangement plus sensés que tout ce qui a été éructé. Au point qu’on se pose la question de l’ordonnancement de ce débat entre aveugles. Les commentaires ne sont pas publiés dans l’ordre chronologique horaire, ni par thèmes, mais surtout en fonction des attaques et réponses des uns et des autres. Le choix des dernières interventions procède sans doute de la « synthèse » de rédaction de Libération ; qui a dû fermer un certain nombre de commentaires qu’on imagine très violents et injurieux tant du côté des « fascistes » que des bonzes syndicaux voyous. Peu importe dans ce cas, car ces commentaires placés à la fin sont pour une fois judicieux :
Jloo dit : « Triste. L'abus de grève a surtout tué la grève. Ceux qui se sont battus pour obtenir ce droit seraient stupéfiés par l'usage qu'on en fait aujourd'hui dans ce pays. Ce qui était un dernier recours, extrêmement rare, devient un premier réflexe, tellement banal qu'il a perdu tout son sens, à tel point que les entreprises (particulièrement publiques) en tiennent compte dans leurs prévisions budgétaires et leurs bilans comptables ».
Tofraziel approuve : « Oui. Disons que les deux ont été affaiblis : la grève en tant que telle, et les services publics trop souvent touchés par la grève. Les usagers réguliers (dont je suis, et j'appréhende mon départ cet après-midi vu que je suis sur le RER B) savent en plus que les "petites" grèves sont courantes à la RATP, des grèves dont les medias ne parlent jamais.Et c'est exaspérant. »
Voici mon commentaire final sur ce blog en tout cas.
Petites grèves, grèves du public, du privé, mais les médias ne parlent en général que des grèves officielles, bien tenues en main par les syndicats. Les grèves ne sont pas toutes à mettre sur le même plan : grèves corporatives, de solidarité (rares), politiques, grèves de merde, grèves insurrectionnelles… Jamais les médias ne parlent du déroulement de « la grève » conçue comme une entité à la fois commune et désincarnée : comment a-t-elle commencé ? Qui a décidé ? de son début et de sa fin ? Pour quels objectifs ? Vous ne savez jamais d’ailleurs, comme vous ne le saurez pas non plus pour cette grève « sur commande » de la RATP si les revendications « ont été satisfaites », si la grève aura servi à quelque chose, si les prolétaires en lutte ont protesté ou ont posé d’autres questions, de société par exemple. Etrange non, ne trouvez-vous pas ?
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