"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 19 octobre 2023

LE MARQUIS DE SADE CONTRE LA RELIGION DE LA GUERRE

 


A bas la guerre, vive le sexe !


« Mon plus grand chagrin est qu’il n’existe réellement pas de Dieu et de me voir privé, par là, du plaisir de l’insulter plus positivement. »

« Dieu est le seul tort que je ne puisse pas pardonner à l’homme ».« Que de crimes épargnés sur la terre, si l’on eût égorgé le premier imbécile qui s’avisa de parler de toi ! Montre-toi donc si tu existes ; ne souffre pas surtout qu’une faible créature ose t’insulter, te braver, te bafouer comme je le fais, qu’elle ose renier tes merveilles et rire de ton existence, vil fabricateur de prétendus miracles ! »« Oui, citoyens, la religion est incohérente au système de la liberté ; vous l’avez senti. Jamais l’homme libre ne se courbera près des dieux du christianisme ; jamais ses dogmes, jamais ses rites, ses mystères ou sa morale ne conviendront à un républicain. »« Profaner les reliques, les images des saints, l’hostie, le crucifix, tout cela ne doit être, aux yeux du philosophe, que ce que serait la dégradation d’une statue païenne ».

Marquis de SADE (1740-1814) L’Histoire de Juliette (1797)

On l'oublie ou on ne le sait pas, à l'origine le patriotisme est d'abord un sentiment religieux. La représentation religieuse et irrationnelle de Etat qui va de pair avec le type de domination idéologique à telle époque. La prégnance de la religion musulmane dans la jeunesse en France confirme l'état de décomposition du capitalisme ; la décomposition, perte de toute valeur ou référence, produit un nihilisme du type de société divisée en classes antagonistes pour n'y voir que la lutte de tous contre tous, où la transfiguration d'Allah n'est qu'une enflure narcissique primaire.

Mais le religieux, en l'occurrence l'islamisme sot ou hard continue à avoir besoin du nationalisme comme nombre de manifestations exhibant le drapeau palestinien, patrie virtuelle, invraisemblable comme bout accessoire de terre promise accolée à un « Etat hébreu », colonisateur impavide régnant sur la martyrologie éternelle de la shoah, comme cache-sexe du colonialisme "hébreu".

L'incursion vengeresse de la bourgeoisie israélienne dans la bande de Gaza n'élimine pas la barbarie du hamas, ni celle des Mélenchon et son honoré Benzema, mais bien évidemment la justifie pour le populo pas seulement islamisé Cette guerre, comme celle d'Ukraine par ailleurs, révèle le besoin religieux du nationalisme. Preuve de la sale époque que nous subissons, la génération actuelle, comme l'explique un article de Charlie Hebdo, n'a jamais été si nombreuse à dire qu'elle croit en dieu : « Il y a une disponibilité sociale des jeunes, ils n'ont pas encore fondé une famille, cela me rappelle les brigadistes lors de la guerre d'Espagne, ce sont des jeunes gens qui se sont réunis en Catalogne pour combattre...il y a une recherche de pureté qui mène à la radicalité... ils ne croient plus à l'efficacité des politiques qu'ils voient comme des menteurs et des corrompus... Ce qui nous a frappés dit un sociologue, c'est la tolérance des jeunes à l'idée de dégrader des établissements publics, de s'attaquer aux symboles de l'Etat... ».

Les bordiguistes n'ont pas tout à fait tort de voir dans les émeutes ou les provocs des lycéens pro-hamas un aspect (très tordu) de la lutte contre les inégalités de classe, mais sans y voir eux non plus (comme le CCI) un besoin d'espérance. Or l'espérance est messianique, comme le reste le marxisme dévalorisé, et surtout religieuse : comment se sauver d'un monde injuste ?

La guerre, tant du côté israélien que arabe, reste une croisade qui, grégairement, permet de prétendre à la sanctification divine. C'est cet aspect religieux qui est en général la dimension sous-estimée des guerres actuelles.

Au-delà des philosophes vaguement déistes ou résolument athées, Sade se pose comme le plus irréligieux des grands auteurs de l'histoire de l'humanité connue.

La réputation de Sade reste entachée par ses frasques sexuelles, notamment celle à Arcueil, Mais cela ne doit pas masquer le fait qu'il reste un grand écrivain et un révolutionnaire à tous points de vue, où il faut savoir lire la diatribe et la dénonciation sous les provocations. A son époque, il exposa des opinions condamnables, alors que très logiques pour qui tente de réfléchir par soi-même. J'ai eu la chance la semaine dernière de trouver, dans une de ces boites à livres qu'on trouve maintenant un peu partout, le livre rare quoique abîmé, auquel Guillaume Apollinaire avait consacré une introduction érudite. Ici pas d'étalage à travers des scènes crues ou des perversions avant d'atteindre des réflexions intéressantes, mais une analyse et une compilation pour découvrir des écrits d'une grande tenue et sans prendre peur pour essayer d'aborder l'écrivain révolutionnaire plutôt que le phénomène scandaleux.

Je ne peux me livrer ici à une biographie du personnage, mais il faut dire qu'il fût celui qui a probablement incité à la destruction de la Bastille, qu'il fut le secrétaire de la section jacobine des Piques dont Robespierre était membre, qu'il était opposé à la peine de mort, qu'il défendait les colonisés, etc. Il est vilipendé par les robespierristes lorsqu'il présente une pétition clairement anti-religieuse :

«« Législateurs, le règne de la philosophie vient anéantir enfin celui de l'imposture […] Envoyons la courtisane de Galilée se reposer de la peine qu’elle eut de nous faire croire, pendant dix-huit siècles, qu’une femme peut enfanter sans cesser d’être vierge ! Congédions aussi tous ses acolytes ; ce n’est plus auprès du temple de la Raison que nous pouvons révérer encore des Sulpice ou des Paul, des Magdeleine ou des Catherine ».

Sade, devenu obèse, fait fi du maigrichon Robespierre, probablement resté puceau, et comme Marx et Lénine coincé sexuellement (Marx n'a baisé que deux femmes dans sa vie, Jenny et la bonne) croit encore qu'on peut subir la religion comme une bonne mère, certes collante mais à respecter. Il reste un des premiers grands athées révolutionnaires. Klossowski a mis en doute son athéisme sans comprendre son questionnement ; en réalité, s'il propose sarcastiquement comme vous le lirez par après l'élimination physique des millions de dévots c'est parce qu'il sait qu'il faudra des siècles sans doute pour se débarrasser de la superstition religieuse.

Qu'on me permette d'évoquer une autre religion idéaliste ici, celle d'un minuscule groupe, le CCI qui vient de lancer un « appel à des minorités révolutionnaires » qui s'ignorent entre elles et sont encore plus ignorées par le grand public. Appel solennel s'il en est et sans panache, sauf à porter des fleurs au mausolée du célèbre barbichu avec une casquette d'ouvrier :

« Seul le prolétariat international uni peut mettre fin à ces massacres croissants et aux intérêts impérialistes qui les sous-tendent. Cette solution unique, internationaliste, préparée par une poignée de communistes de la gauche de Zimmerwald, a été validée en octobre 1917 lorsque la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière a renversé le régime capitaliste en Russie et établi son propre pouvoir politique de classe. Par son exemple, Octobre a inspiré un mouvement révolutionnaire international plus large qui a imposé la fin de la Première Guerre mondiale.  Aujourd'hui, les maigres forces militantes organisées de la gauche communiste adhèrent toujours à cette intransigeance internationaliste, mais leurs maigres ressources sont encore affaiblies par la fragmentation en plusieurs groupes différents et par un esprit sectaire et mutuellement hostile.

C'est pourquoi, face à la descente croissante dans la barbarie impérialiste, ces forces disparates doivent faire une déclaration commune contre toutes les puissances impérialistes, contre les appels à la défense nationale derrière les exploiteurs, contre les appels hypocrites à la "paix", et pour la lutte de classe prolétarienne qui mène à la révolution communiste.

TRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! (même si vous ne savez pas pour quoi et contre qui)

Courant Communiste International

Pourquoi cet appel de la « gauche communiste »?

« L'actuel conflit israélo-palestinien, plus dangereux et volatile que tous les précédents, survenant moins de deux ans après la résurgence de la guerre impérialiste en Ukraine, et parallèlement à de nombreuses autres conflagrations impérialistes récemment ravivées (Serbie/Kosovo, Azerbaïdjan/Arménie, et les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine à propos de Taïwan), signifient qu'une déclaration internationaliste commune est encore plus urgente qu'auparavant. C'est pourquoi nous demandons directement et publiquement aux groupes suivants de manifester leur volonté de cosigner la déclaration contre la guerre impérialiste reproduite ci-dessus, qui pourra ensuite, si nécessaire, être amendée ou reformulée en fonction de son objectif internationaliste commun :

À :

Tendance communiste internationaliste

PCI (Programma Comunista)

PCI (Il Partito Comunista)

PCI (Le Prolétaire, Il Comunista)

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D'autres groupes qui ne sont pas issus de la Gauche Communiste mais qui sont d'accord avec les positions internationalistes défendues dans cet appel peuvent communiquer leur soutien à cet appel et le distribuer.  

Plat comme une limande cet appel sympathique, pas encore cosigné par les deux ou trois individus (qui, peuplent ces « groupes » et excluant les intellos hautains de Controverses) il n 'a rien pour remuer les foules, ni éveiller un prolétariat inexistant en Ukraine comme en Palestine. Ensuite franchement se présenter comme « gauche communiste » fait mourir de rire heureusement des millions de prolétaires ou au moins cette dizaine qui sera tombée par hasard sur cet appel vague et creux ; et pourquoi ? Parce que tout le monde est contre la guerre, de Mélenchon à Poutine, de Macron à Benzema, et tous prêts, même comme spectateurs impuissants ou surtout complices,  à ce qu'elle soit « amendée » ou « reformulée ».

Rien au total pour mettre à bas les nationalismes religieux triomphants, ni pour motiver un prolétariat qui dort.

Alors, pour le fun, voici notre ami Sade qui nous fait comprendre que le machin imaginaire du ciel n'existe pas, voire que sans les croyances bêtifiantes concernant cet atome vide il n'y aurait plus de guerres.

Vive le sexe, avant, pendant et après la guerre : mais je vous en reparlerai avant la fin de la guerre, et la cessation des menaces des merdeux islamisés contre leurs profs.

 

SUR LA RELIGION



  • Quel tort, dit Noirceuil, la religion a fait à l'univers !

  • Je la regarde, dis-je, comme le fléau le plus dangereux de l'humanité ; celui qui put le premier en parler aux hommes dut être nécessairement son plus grand ennemi ; le plus effrayant des supplices eût encore été beaucoup trop trop doux pour lui.

  • - On ne sent pas assez, dit Belmor, la nécessité de la détruire, de l'extirper de notre patrie.

  • - Ce sera fort difficile, dit Noirceuil ; il n'y a rien à quoi l'homme tienne comme aux principes de son enfance. Un jour, peut-être, par un enthousiasme de préjugés aussi ridicules que ceux de la religion, vous verrez le peuple en culbuter les idoles. Mais, semblable à l'enfant timide, il pleurera au bout de quelques temps le brisement de nos hochets et les réédifiera bientôt avec mille fois de ferveur. Non, non, jamais vous ne verrez la philosophie dans le peuple ; ses organes épais ne s'amolliront jamais sous le flambeau de cette déesse ; l'autorité sacerdotale, un instant affaiblie, peut-être ne se rétablira qu'avec plus de violence , et c'est jusqu'à la fin des siècles que vous verrez la superstition nous abreuver de ses venins.

  • - Cette prédiction est horrible !

  • Elle est vraie.

  • Le moyen de s'y opposer ?

  • Le voici, dit le comte, ; il est violent,! mais il est sûr. Il faut arrêter et massacrer tous les prêtres en un seul jour, traiter de même tous leurs adhérents, détruire à la même minute jusqu'au plus léger vestige de la religion catholique, proclamer des systèmes d'athéisme, confier dans l'instant l'éducation de la jeunesse à des philosophes , multiplier, donner, répandre, afficher des écrits qui propagent l'incrédulité et porter sévèrement pendant un demi-siècle la peine de mort contre tout individu qui rétablirait la chimère. Mais ose-t-on nous dire, on fait des prosélytes avec la sévérité ; l'intolérance est le berceau de tous les martyrs. Cette objection est absurde ; ce qu'on me dit là n'est arrivé que parce qu'on a mis au contraire trop de mollesse et de douceur dans le procédé ; on a tâtonné l'opération, et jamais on n'a été au but. Ce n'est pas une des têtes de l'hydre qu'il faut couper, c'est le montre entier qu'il faut étouffer. Le martyr d'une opinion voit la mort avec courage, parce que cette force lui est inspirée par celui qui le précède ; massacrer tout en un seul jour, que rien ne reste, et vous n'aurez plus à ce moment ni sectateurs ni martyrs.

  • Cette opération n'est pas aisée, dit Clairwill.

  • Infiniment plus qu'on ne le pense, répondit Belmor, et je me charge de l'exécuter avec vingt-cinq hommes, si le gouvernement veut me les confier. Il ne faut à cela que de la politique, du secret, de la fermeté ; surtout point de mollesse et point de queue ! Vous craignez les martyrs ? Vous en aurez tant qu'il restera un sectateur à l'abominable dieu des chrétiens.

  • Mais, dis-je, il faudrait donc détruire les deux tiers de la France ?

  • Pas même un, répondit Belmor ; mais à supposer que la destruction nécessaire fût aussi grande que vous le dites, ne vaudra-t-il pas cent fois mieux que cette belle partie de l'Europe ne fût habitée par deux millions d'honnêtes gens que par vingt cinq millions de coquins ? Cependant, je le répète, ne croyez pas qu'il y ait, en France, autant de sectateurs de la religion chrétienne que vous ne semblez l'imaginer : le triage serait bientôt fait. Un an dans l'ombre et le silence me suffirait à l'établir, et je n'éclaterais que sûr de mon fait.

  • Cette saignée serait prodigieuse.

  • J'en conviens, mais elle assurerait à jamais le bonheur de la France : c'est un remède violent administré sur un corps vigoureux. En le tirant promptement d'affaire, il lui évite une infinité de purgations qui, trop multipliées, finissent par l' »épuiser tout à fait. Soyez bien certain que toutes les plaies qui déchirent la France depuis dix-huit cent ans ne viennent que des actions religieuses.




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