(passage en revue de conceptions bizarres, caduques et invraisemblables)
"Ce ne sont pas les révolutionnaires qui, en jouant le rôle d'éducateurs du peuple, peuvent créer la situation historique dans laquelle le prolétariat devient ce qu'il est, mais le développement même de la société moderne". Denis Authier
"Six mois de révolution feront davantage pour l'éducation de ces masses actuellement inorganisées que dix ans de réunions publiques et de distribution de tracts". Lénine
"Oui les sociaux-démocrates doivent défendre leur pays lors des grandes crises historiques".
Rosa Luxemburg (in brochure de Junius critiquée par Lénine)
Le magazine "Révolution ou guerre" n°22, commence par l'article suivant: "Crise et guerre font rage. L'enjeu du moment...? Ne pas laisser l'initiative aux syndicats et la direction des luttes aux syndicats". L'article semble prendre en compte la gravité du moment face à un "réarmement général". On pouvait s'attendre à ce qu'il traite de la guerre en Ukraine, non pour ses conséquences secondaires (les ventes d'armes) mais pour l'absence de réaction du prolétariat en Russie et ailleurs. Il nous invite à sauter avec lui dans ces diverses luttes et grèves dans le monde entier, surtout en Grande Bretagne, avouant qu'il prend son rêve insurrectionnaliste pour la réalité d'une conscience de classe pourtant ,au ras des pâquerettes: "L'affrontement idéologique et politique central s'est déplacé sur la confrontation directe entre les classes, sur le terrain des luttes ouvrières et surtout sur celui de leur conduite, de leur direction politique". Miaux, la maturité révolutionnaire du prolétariat serait déjà là, éclatante. Nul besoin par conséquent d'en convaincre les prolétaires qu'ils doivent lutter! Enfin, stade suprême de cette conscience ultra développée , mais étrangement hémiplégique face à la question inquiétante de la guerre: "la revendication salariale est centrale"!
Outre que les termes "direction, politique" fassent partie classiquement du langage stalinien et trotskien (on verra plus loin que l'influence grammaticale provient aussi d'une certaine ultra-gauche fossilisée), cette histoire de "revendication salariale centrale" est curieuse; on sent une sorte de bolchevisation ouvriériste où la grève de masse (mais en, version syndicale "générale"= serait le stade suprême de la révolution et de la conscience des ouvriers, laquelle serait strictement motivée par la feuille de paix et le "pouvoir d'achat".
L'invocation des récentes nombreuses grèves corporatives en Angleterre prête à sourire. Toute la presse gauchiste et de la gauche bobo se sont enthousiasmés, y voyant pour les plus pourris un bienfait pour un retour de la gauche bourgeoise au pouvoir et pour les autres, une lutte exemplaire. Le CCI, dithyrambique aussi dans ses articles a mis de l'eau dans son à ce sujet au cours de ses réunions publiques... vu la facilité avec lesquelles ces diverses grèves se sont tues pendant 15 jours pour l'enterrement nationaliste de la Reine, puis par leur essoufflement corporatif; ce qui ne signifie pas qu'elles ne vont pas se radicaliser ultérieurement vu l'ampleur de la crise et les carences de la bourgeoisie britannique. . Il faut s'y résoudre, ces prolétaires "en lutte" restent au fond très trade-unionistes, font confiance aux syndicats: ils ont doc besoin d'une "direction". Ce combat central que les prolétaires en lutte doivent mener aujourd'hui se cristallise autour de "la direction" présumée qu'on leur promet, en faveur de leur "maîtrise" pour annihiler le "chevauchement" des syndicats. Mais aussitôt on assiste concernant la "maîtrise" des prolétaires sur leur lutte à un déplacement vers un autre engin, le parti virtuel, autrement dit les "avant-gardes": "Appeler les prolétaires à disputer aux syndicats et au gauchisme la maîtrise du temps (sic), des buts, des moyens, est la première des responsabilités des avant-gardes communistes".
L'article se conclut par un appel immédiatiste à une lutte encore en plein enterrement royal, car la lutte ne doit pas attendre - avertissement sévère aux ouvriers anglais qui lambinent - "l'automne chaud" (pourquoi pas l'hiver froid?) après quoi il sera "trop tard"... par rapport à quoi ou à qui, on ne le saura point.
On ne peut être que frappé par la mégalomanie d'u n tel raisonnement (plus bordiguiste que luxemburgiste ou léniniste). L'enflure de la prétention d'un cartel de quelques individus, emmenés par le signataire de la plupart des articles, ancien chouchou de Marc Chirik, dit RL (Roland Luxuriant) (1) fait presque pitié.
Cet immédiatisme activiste comme c'est affirmé dans l'article, reflète un abandon de la théorie, de la méthode marxiste et de l'état réel et actuel de la lutte des classes. C'est un triomphalisme hors sol, qui fait fi de l'état plutôt lamentable où se trouve pour l'heure le mouvement du prolétariat, et depuis des décennies, où est laissé sous la table l'imposant bouleversement des mentalités et des croyances depuis l'effondrement du bloc de l'Est, où un sans-frontiérisme bobo multiculturaliste a prétendu succéder au véritable internationalisme de classe, tout en restant complètement chauvin, et quand l'islam s'avère plus efficace que la CGT pour diviser la classe ouvrière, et dont la bourgeoisie se sert amplement pour dévier du terrain social sur le respect et le partage du pouvoir avec les religions donc en faveur des hypocrites "droits civils" où la religion serait sensée être du domaine privé.
Tout cet activisme, qui devient effréné et répétitif à la lecture des autres articles, n'a plus rien à voir avec les acquis historiques de l'expérience révolutionnaire du début du siècle dernier et aurait fait rire Lénine et Luxemburg. Un vieil article de Révolution internationale avait naguère bien déshabillé cet activisme ouvriériste:
Seulement, elle (Rosa Luxemburg) s'opposait à la surestimation de l'organisation aux dépens de l'action des masses. Elle voyait la lutte pratique des masses comme le piston de la révolution. Le parti ne jouant un rôle significatif qu'au moment de la révolution. Il deviendrait alors "une boussole sûre, capable à chaque moment stade de la lutte, dans chaque victoire comme dans chaque défaite, de lui indiquer ans erreur la direction même du but suprême, celle de la révolution socialiste mondiale" (l'utilisation du terme direction par Rosa n'a évidemment rien à voir avec l'usage tactique qu'en fait RL).(2)
Rosa l'a dit à plusieurs reprises, la révolution n'est pas en soi une accumulation des grèves, plus ou moins corporatives, surtout de nos jours et dans la période actuelle. Elle peut imaginer et créer de nouvelles formes de lutte, auprès desquelles le mouvement des gilets jaunes n'apparaîtra plus que comme la colère de potaches boutiquiers. Une révolution à notre point de vue de classe, dépend de la période, du moment de l'importance ou pas de la confrontation entre les classes, qui est souvent à somme nulle. Elle a surgi plus souvent d'une étincelle pas nécessairement depuis l'usine mais en dehors: répression brutale, situation de guerre; etc. En 68, moment pas vraiment révolutionnaire, le mouvement n'éclate pas autour de la "revendication salariale centrale" mais face à la répression de la police gaulliste.
De plus, contrairement à ce que croyait Luxemburg à son époque (et Lénine aussi), n'importe quelle petite grève défensive n'est pas destinée à exploser en confrontations généralisées, "même au contact du souffle de la révolution"(3).Par contre Rosa a complètement raison face à notre philistin de l'accumulation de grèves débouchant automatiquement sur l'insurrection révolutionnaire (cf. l'accumulation des grèves en 68 a débouché sur...Grenelle).
Sue le contenu de ;la grève de masse, Rosa mettait en garde contre toute simplification (ce qui est la manière de Roland Luxuriant) et la séparation de ses différents aspects. Ceci parce que la caractéristique de la période de grève de masse est la convergence de différentes facettes d'une lutte prolétarienne offensive/défensive, généralisée/localisée, politique/économique. La véritable nature des conditions auxquelles le prolétariat répond dans la grève de masse crée une interconnexion indissociable entre les différents aspects de la lutte de classe, pas en soi avec cet "esprit gréviculteur"(4). Vouloir les disséquer, vouloir trouver par exemple une grève de masse "pure", mènerait par cette hérésie "direction des avant-gardes"; "comme pour tout autre événement", non pas à appréhender le phénomène comme tel, mais ...à le tuer". En gros, ce philistinisme veut "fabriquer" la révolution, un peu comme Lénine le reprochait à la brochure de Junius, donc à la naïve Rosa.(5). La révolution n'est pas équivalente à une grève. (6)
Rosa dans son analyse sur les grève de masses réfute l'idée selon laquelle la lutte serait le produit d'une organisation "parvenue à un certain degré de sa force", et pose, au contraire, l'organisation des ouvriers en parti comme un "produit de la lutte". Ainsi est-il important de ne pas prendre l'effet pour la cause. D'ailleurs le parti communiste allemand s'était formé dans ce sens. Il s'est organisé après la révolution du 9 novembre en vue des luttes politiques ardues à venir. Il le fit donc à partir de la lutte et non avant celle-ci. Le parti bolchevique, malgré les légendes, n'était pas dans la vague révolutionnaire un parti dogmatique ni militarisé. Pour Rosa en tout cas, la surestimation ou l'erreur d'appréciation sur le rôle propre du parti est due le plu souvent à la sous-estimation de la "masse des prolétaires inorganisés et de leur maturité politique".
Cette analyse est d'ailleurs clairement actuelle (et valide l'idée du Manifeste que le communisme sortira du sol de la société bourgeoise, pour ne pas dire de sa pourriture). De grands partis socialistes ou communistes il n'y a plus, quoique en général plus ils étaient grands plus ils étaient réformistes! Disparues aussi les fortes minorités de l'après 68. De conscience socialiste de classe tout autant. J'ai eu le même mépris de la classe ouvrière (russe) que Rosa face à la vague de chauvinisme de 1914, infoutue de s'opposer ou d'arrêter la guerre (ce qu'elle est sans doute en train de faire en ce moment, indirectement via mutineries et désertions massives). La situation en Russie et dans le reste du monde n'a pas montré cet espèce de réveil politique du prolétariat qu'on était en droit d'attendre de lui; la lutte corporative des prolétaires anglais se fichait de la guerre et de sa dangerosité, quoique le CCI ait cru bon d'y faire une connexion hors sol aussi. Pendant plusieurs insensible (et terrorisé) apparemment aux massacres en Ukraine, le prolétariat russe une fois confronté au recrutement forcé de ses propres enfants, se met à réagir pas par la grève miracle, mais par diverses formes de protestation, des mères, avec des manifs courageuses, etc.
J'ai plus d'admiration pour ces combats que pour toute grévette corporative.
C'est face à la question de la guerre que notre prolétariat moderne reviendra aux fondamentaux, c'est à dire qu'il sera apte à envisager une autre société débarrassée des guerres et du capitalisme, et pas centralement ni simplement à partir de son "pouvoir d'achat".¨
Pour sûr, il vaudrait mieux que des groupes révolutionnaires soient constitués de façon rigoureuse et cohérente pour aider à l'insurrection des masses, mais le plus souvent une telle situation implique que ces "avant-gardes" se prennent la tête et décident de tout "diriger", à la place des masses puis contre les masses. Conseiller oui mais éduquer c'est fini, c'était l'objectif ,douteux des écoles des anciens partis socialistes réformistes et du PCF dans les sixties... En tout cas ils peuvent toujours attendre Godot ces partisans du parti de demain puissant et infaillible, vu l'émiettement et les haines réciproques qui perdurent parmi ce marécage de sectes ou d'individus mégalos qui se prennent pour des Lénine au petit pied.
Une des biographes de Rosa, Irène Petit, expliquait mieux la chose:
"Rosa Luxemburg pense que le processus révolutionnaire est un mouvement continu marqué précisément par une série d'actions à la fois politiques et économiques. C'est pourquoi elle pose en termes absolument nouveaux la question du succès ou de l'échec de la révolution: si la révolution n'est pas un acte unique, mais une série d'actions s'étendant sur une période plus ou moins longue, un échec momentané ne met pas tout le mouvement en cause. Bien plus, de son point de vue, la révolution ne se produit jamais prématurément; ce n'est qu'après un certain nombre de victoires et de reculs que le prolétariat s'emparera du pouvoir politique et le conservera".
En résumé, par conséquent, les acquis du combat n'étaient pas tellement une amélioration économique graduelle (ni des augmentations égales pour tous à la LO puis RL), mais la croissance intellectuelle et culturelle du prolétariat malgré les défaites au niveau économique. C'est pourquoi Rosa dit que la phase d'insurrection ouverte "ne peut venir d'aucune autre voie que l'école de séries de défaites de toutes sortes (pas seulement de grèves défaites) mais aussi dans la combat idéologique, hors du Parlement, et où la bourgeoisie dispose du totalitarisme des médias.
LE FANTASME DU PARTI DISPARU
Toujours dans l'imaginaire d'un parti pré-existant, Roland Luxuriant pose dans l'abstrait ce que ferait ce pauvre parti (s'il existait) émettant le truisme bien connu, répété à satiété, quasi religieux: "L'intervention de parti exigeait d'appeler l'ensemble des prolétaires à se mettre en grève tous ensemble"... tous ensembleu... tous ensembleu... ouais!
Mais le parti ne se situe pas sur le plan politique et social seulement voire pas du tout dans l'entreprise - il n'y a plus de grandes usines, les lieux de boulot sont émiettés - une noria de bureaux qui servent de missi dominici au commerce chinois dont les usines ne sont pas de nature à générer la révolution mondiale - et divers métiers individualisés du genre livreurs et vigiles. Le parti "historique" contrairement à ses imitateurs lilliputiens, s'adresserait plutôt à toute la population; car on ne voit pas pourquoi des étudiants, pas encore enfermés au travail seraient étrangers à celui-ci; ils sont souvent à la tête des révolutions. Et les cadres prolétarisés ou au chômage ils n'auraient pas leur place dans la grève de masse, ou plutôt désormais LA MOBILISATION DE MASSE; Telle grève peut-être improductive ou néfaste pour la lutte générale. Pour la marche de la société (nourriture, électricité) il peut être évident de ne pas faire tous grève en même temps à moins d'être sûr d'abattre l'Etat bourgeois en une semaine! Les grèves à notre époque, outre qu'elles concernent le plus souvent les services publics, ne sont pas en soi les bienvenues et peuvent diviser le prolétariat. La société ne fonctionne plus comme les villages du passé, les besoins sont immenses, les livraisons de tout ordre ne peuvent cesser, ou être bloquées durablement face aux besoins urgents et incessants de millions de personnes. Un mouvement gréviste ne peut durer indéfiniment sauf s'il est massif, efficace pour faire tomber la bourgeoisie puis s'emparer des armes.
Or pour Roland Luxuriant, tout se déroule sur les lieux de travail:
"Ainsi les revendications économiques et la dimension politique de toute lutte sont étroitement liées car les groupes communistes ( c à d les avant-gardes qui expliquent aux prolétaires comment ils doivent fabriquer la grève en masse, note de JLR) et leurs militants SUR LES LIEUX DE TRAVAIL doivent mettre en avant des revendications qui font partie de ce combat pour l'extension pour que les travailleurs d'autres lieux puissent les reprendre à leur compte et ainsi entrer dans la lutte elle-même".
Là encore c'est complètement hors sol; c'est même du réchauffé bordiguien! Cela ne se passe jamais comme cela et cela ne s'est jamais passé comme cela, ni avec des "augmentations égales" ni pour de simples revendications corporatives... généralisées, fort peu probable. L'extension est du domaine du politique pas de l'économique.
Au total, le tempo de notre Posadas bis, est perpétuellement excité, immédiatiste, rigide, arrogant et finalement faiblard et inculte théoriquement, ce qui n'est pas de nature à enthousiasmer les masses, qui ne le connaitront jamais, qui s'en fichent ni les quelques individus qui gravitent autour d'un micro-parti imaginaire. Le fonctionnement interne de ce petit réseau est le même que celui du CCI, très hiérarchisé, basé sur la ruse et la crainte de ne pas être dans la ligne, ne pas trop penser, ne pas trop se poser de questions; dans les deux cas un chouia d'avis divergents est publié mais ridiculisé.
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Choisis tu es libre: le voile ou le voile |
LA RELIGIOSITE MARXISANTE ET ISLAMOPHILE DES BORDIGUIENS(au souvenir de Kautsky, le "pape" du marxisme)
Le numéro 545 de l'organe (réduit) et confidentiel des derniers mohicans bordiguiens exprime bien en général les conditions et les besoins de la lutte de classe, un peu trop obsédés par les questions économiques et le racisme...En fait c'est assez indigeste en général et répétitif avec le sermon sur le parti immanent, mais pas imminent, plus dans la domination irréelle que dans la domination formelle. On notera malgré tout au passage un bon article culturel qui défend la position correcte de la gauche révolutionnaire en 14 contre les saloperies staliniennes déversées par la radio d'Etat France culture, visant à faire croire que notre gauche historique italienne aurait favorisé la montée du fascisme par refus de l'unité avec les hâbleurs réformistes: "France-cul contre Bordiga et le PC d'Italie".
Mon propos maintenant va surtout concerner l'incapacité de ce courant pithécanthrope à saisir la nature des changements catastrophiques dans la société actuelle qui entravent et abrutissent le prolétariat. Probablement parce que le temps s'est arrêté pour eux vers 1924 à la mort de Saint Lénine.Et surtout parce qu'ils n'admettent pas que le capitalisme est entré en décadence depuis longtemps.
Passant à la librairie La brèche, dernière librairie en France qui offre à peu près toute la littérature marxiste et même la littérature faussement marxiste, j'ai cueilli leur brochure, compil d'articles, intitulée: "La laïcité un principe bourgeois".
Le titre ne me plut pas, parce que je suis laïc, parce que je conchie toutes les religions et en particulier l'islam, et surtout parce que, au-dessus de toutes, l'islam et le terrorisme qui s'en réclame ont pris une pl ace envahissante dans les pays développés, pas civilisés en soi, mais grandement débarrassés des idéologies religieuses arriérées qui se caractérisent par un mépris de la femme et la soumission-collaboration aux Etats bourgeois. Je n'ai pas eu envie de me plonger dans la période de Jules Ferry et de son colonialisme pour justifier un islam anti-colonialiste. Nos bordiguiens si. La place grandissante prise par l'islam et son idéologie pose question. Il est tentant de l'analyser comme une idéologie de remplacement du stalinisme disparu et d'une apparente disparition d'une possibilité de changer la société. Il y a certes du vrai là-dedans, les hommes ont besoin de croire à quelque chose, mais de là à considérer que la religion serait une base pour la révolte prolétarienne, il y a un pas ridicule à ne pas franchir. Nos bordiguiens eux le franchissent. Le CCI nous explique avec une simplicité désarmante que tout ce bordel est dû à la décomposition ce qui lui évite de se prononcer sur les détails ou de prendre des risques à critiquer l'islamisme et ses bigotes. Roland Luxuriant s'en tape, il n'y a qu'un prolétariat, même pas multiraciale ni multiculturel, mais une entité prolétarienne abstraite et pure de toutes différences raciales.
Plongeons-nous dans l'introduction bordiguienne en prenant le temps de respirer.
"Les campagnes pour la laïcité (loi contre le port des signes religieux à l'école - en réalité contre le voile islamique (sic) - a été l'aboutissement de la dernière en date de celles-ci - ne sont rien d'autre que des mobilisations destinées à noyer les prolétaires dans une union interclassiste pour défendre les "valeurs laïques' censées être celles de la "civilisation" au même titre que la démocratie et l'Etat "républicain", ces valeurs devraient unir le patron et l'ouvrier, le sans-logis et le milliardaire, la capitaliste et la prolétaire des banlieues".
Il nous est rappelé ensuite que l'anticléricalisme était au 19ème siècle un des dérivatifs les plus pernicieux contre la lutte de classe. Voilà un mensonge bien gros, à moins de considérer que les anarchistes et nombre de marxistes de cette époque avaient tort de ne pas oublier les siècles d'oppression de la curaille, cul bénie.
Qu'on se le dise: la laïcité n'est donc rien de plus qu'un e merde bourgeoise... anti-immigrés!
"L'invocation de la laïcité ne sert plus, au nom d'une pseudo identité qui laisse le terrain entièrement libre à l'idéologie la plus conformiste, qu'à interdire la lutte politique à l'école (?) et à légitimer le racisme contre les prolétaires immigrés de confession musulmane, désignés pratiquement comme des barbares; l'école laïque ne fonctionne plus sans les juges et la police". On oublie d'ajouter sans les agressions violentes de parents ou de frères arabes contre les professeurs et les flics.
Continuez:
"Les révolutionnaires et les prolétaires conscients des intérêts de leur classe ont donc la tâche de dénoncer et de combattre comme anti-prolétarienne toutes les campagnes laïques (...)". Suit le credo unanimiste, religieux et pur nommé "unité internationale des prolétaires" avec leur pantagruelique "parti communiste international".
On dirait, à s'y méprendre, le discours sentencieux immigrationniste des bobos gauchistes charitables de la rive gauche. L'islamophilie bordiguienne est ancienne puisque en 2003, un article proclamait son soutien non voilé: "Voile islamique: A bas les lois discriminatoires!!".
On lit par après nombre de jugements effarants voire débiles profonds qui relèvent un soutien ...à peine voilé à la "révolte terroriste" porteuse de révolution comme leur soutien passé aux attentats du FLN. Nous, fins connaisseurs de ces délires des wokistes décolonisateurs à retardement, n'avons pas oublié leur soutien au terrorisme palestinien, à Baader et Cie comme à tous les dictateurs des libérations nationalistes. Morceau choisi:
"Ce qu'ils redoutent (les bourgeois) vraiment, c'est moins les attentats, toujours possibles, de groupes terroristes, que la contagion de la lutte violente à certaines couches des prolétaires arabes et par là au reste du prolétariat, c'est que, de formes islamistes réactionnaires en fait inoffensives (sic) pour le capitalisme, la révolte qui pousse ces éléments en vienne à les porter sur le terrain prolétarien, sur le terrain révolutionnaire. De là la nécessité du contre-feu religieux".
Et de dénoncer "le racisme anti-arabe" au sein du prolétariat, l'exclusion "honteuse" d'une élève portant le foulard islamique, expulsion renforçant donc l'oppression dont souffre cette partie du prolétariat. Interdire le port du voile à trois lycéennes fût un "délire raciste" et du...social-chauvinisme. L'islam est une religion "classe"; ces voeux islamophiles sont si bien exaucés aujourd'hui avec la généralisation bordélique des abayas et autres qamis aux portes des lycées qu'on peut être sûr que la révolution (islamiste) est en marche dans les têtes des chérubins, qui affichenr ainsi non simplement une vague croyance mais des références culturelles arabes quand ce n'est pas par l'exhibition de tee-shirts aux couleurs du drapeau algérien.
"La religion plonge ses racines dans le terrain social de l'exploitation capitaliste et de la misère des masses; elle acquiert donc une nouvelle vigueur (sic) dans les périodes crises économiques".
Cette dernière affirmation est d'ailleurs complètement fausse. Lors des grandes grèves dans les pays arabes, la prière est secondaires et les imams n'ont pas droit de cité.
L'islam comme base révolutionnaire "de classe", il fallait l'inventer! Les "racines" de cette religion révolutionnaire? "La peur crée des dieux"! Sans doute Marx et la torah et Allah Akbar!
"Et si, écrit Lénine, par exemple, un prêtre entrait au parti social-démocrate et engageait à l'intérieur de ce parti, comme action principale et presque exclusive, la propagande active de conceptions religieuses, le parti devrait nécessairement l'exclure de son sein... nous sommes absolument contre la moindre injure à leurs convictions religieuses.. Pas faciles à éradiquer les superstitions antiques cher Lénine! Sauf avec les bordiguiens qui sont galvanisés par l'islamologie comme n'importe quel bédouin gauchiste et sans-frontiériste, certifié anti-raciste, antifa mais aussi transgenre et éco-féministe.dans la galaxie wokiste.
En résumé, nos deux ou trois bordiguiens restant résident eux aussi dans les quartiers tranquilles à bobos, se fichent des régulières menaces de mort (de pauvres ex-colonisés) et des crimes contre les professeurs par des racailles immigrés qui violent, volent ou tuent (une minorité certes mais la plus nombreuse derrière les barreaux). Faire ce constat c'est comme disent les bobos gauchistes "tomber dans la propagande bourgeoisie qui divise les prolétaires".
Dans le mode rêvé et sinistre des bordiguiens n'importe qui peut être prolétaire et tous les prolétaires sont des saints victimes du capital.
Aveugles et consentants, ils ne veulent pas voir à qui profite ce bordel, aux patrons antiracistes affamés de main d'oeuvre taillable et corvéable (parce que les ouvriers blancs ne veulent plus se soumettre comme avant...) , et à l'Etat qui s'est rendu compte que les clans islamistes sont plus utiles que la CGT pour l'ordre social, j'allais dire le désordre social qui évite de sérier les vrais problèmes. Nos pithécanthropes participent aux côtés des gauchistes à faire passer le lumpen moderne (composé de nombreux non-français, n'en déplaise aux moralistes bourgeois islamo-gauchistes, et qui sèment dégoût et terreur dans les anciennes banlieues ouvrières, largement islamisées et "droguées") pour des amis de la classe ouvrière.
Finalement, il me faut faire le constat de cette lente destruction de la classe ouvrière internationaliste, d'une part par l'idéologie multiculturaliste où la culture française doit être dénoncée comme raciste et chauvine, voire inférieure, - sous pression de l'impérialisme US, comme le firent les allemands pendant la guerre, d'autre part que ce sont les bordiguistes qui ont précédé les think tank mitterrandiens pour décréter le remplacement de la classe ouvrière indifférenciée par le stade suprême de l'immigré et du migrant comme facteur de vengeance contre le colonialisme "blanc". On croyait que c'était la gauche caviar qui avait décidé que la classe ouvrière en France n'existait plus et que les nouveaux révolutionnaires ne pouvaient être que migrants ou féministes!
Non les vrais faussaires ont été ces pauvres bordiguistes qui nous avaient fait marrer avec leur lutte "magnifique" pour les foyers Sonacotra.
Je propose qu'on les envoie discuter un peu avec les femmes iraniennes.
PS: des réactions ne se sont pas fait attendre à cet article, comme celle-ci:
"Très bon jugement dans ton dernier article à propos de
l'économicisme dans le milieu de la gauche communiste. Il y a 2 ou 3 années de
ça, j'avais échangé quelques mots avec une bordiguiste d'Algérie (*), qui avançait
des revendications salariales lors du Hirak. Et je lui avais rétorqué que
c'était faire se replier les ouvriers algériens dans leurs usines et les couper
du mouvement du Hirak (dans lequel ils devaient s'investir avec leurs propres
revendications économiques et politiques bien entendu)".(JC)
(*) je remarque qu'on trouve sur facebook plusieurs blogs qui se réclament du bordiguisme, dans une version encore plus rigide que l'original et de la part d'une mouvance ravie de l'islamophilie chauvine encouragée par des résidus français de feu le bordiguisme.
NOTES:
(1) Qui nous fait penser au zigoto dont on se moquait partout, même chez les sectes trotskiennes, l'argentin Posadas (1912-1981), un trotskien clownesque, chef de lui-même, de l'espèce la plus ridiculisée; connu pour les sectes qu'il avait baptisées lui-même en son honneur - il écrivait lui-même tous les articles de son journal ; il affirmait que les OVNI étaient la preuve de l'existence de sociétés communistes dans d'autres galaxies. Sa conviction que la guerre nucléaire pouvait que hâter l'avènement du communisme (un peu comme doit le croire RL) ainsi que sa xénophilie - il ,avait espoir que les dauphins puissent être intégrés dans la nouvelle société - ont alimenté sa légende de nombreuses pages de mèmes (concepts parodiques ridicules).
'2) https://fr.internationalism.org/rinte27/greve.htm
(3) Les connaisseurs de la révolution russe ne sont pas sans se souvenir du Vikjel, syndicat des cheminots hostile au pouvoir des Conseils, puis du parti bolchevique. Sur les conditions modernes de la lutte historique du prolétariat il faut signaler la parution d'un livre des plus importants de ces dernières années, malgré des concessions à la comunisation; "Mélancolie des groupes" de ENDNOTES ed la Tempête)
(4) C'était le terme utilisé par Marc Chirik pour se moquer des apologistes simplistes de la grève masse, finalement apolitiques et à un niveau ras des cacahuètes syndicalistes.
(5) Qui ne fut pas une blanche hermine infaillible; elle défendit la théorie caduque de la "guerre révolutionnaire" comme moyen pourtant, inopérant de sauver la révolution en Russie.
(6) Lénine explique que la révolution n'est pas une question de grève ni simplement de grève en masse: "Junius indique très justement, ici même, qu'on ne peut pas "fabriquer" la révolution. La révolution était à l'ordre du jour en 1914-1I916, elle était contenue dans la guerre, elle naissait de la guerre. C'est ce qu'il fallait "proclamer" au nom de la classe révolutionnaire en précisant jusqu'au bout, sans crainte, son programme, savoir: le socialisme, lequel est impossible en temps de guerre, sans guerre civile contre la bourgeoisie archi-réactionnaire et criminelle, qui voue le peuple à des calamités sans nom. Il fallait méditer des actions systématiques , coordonnées, pratiques, absolument réalisables quelle que fut la vitesse de développement de la crise révolutionnaire, des actions allant dans le sens de la révolution mûrissante. Ces actions sont indiquées dans la résolution de notre parti: 1) vote contre les crédits de guerre; 2) rupture de la "paix civile"; 3) création d'une organisation illégale; 4) fraternisation des soldats; 5) soutien de toutes les actions révolutionnaires des masses. le succès de toutes ces mesures mène inéluctablement à la guerre civile".
(7) C'est le credo de Mélenchon et des trotskiens. DE même que la formule syndicale : "c'est le moment d'y aller tous ensemble"! Et ce truisme "pour l'augmentation générale des salaires" (p.4 de G et R), credo irréaliste typiquement syndicaliste et bordiguiste, qui croit qu'il faut promettre la lune salariale pour faire entrer les ouvriers en révolution.
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