« Dans les pays comme la France, où les paysans forment bien plus de la moitié de la population, il est naturel que des écrivains qui prenaient fait et cause pour le prolétariat contre la bourgeoisie aient appliqué à leur critique du régime bourgeois des critères petits-bourgeois et paysans et qu'ils aient pris parti pour les ouvriers du point de vue de la petite bourgeoisie. Ainsi, se forma le socialisme petit-bourgeois ».
Manifeste communiste
Deux sujets dominent l'actualité mondiale des médias depuis des semaines : la covid 19 et l'Afghanistan. Le plus frappant est qu'il n'est établi aucun lien ni problématique commune dans la façon de commenter ces deux sujets, qui restent traités indépendamment l'un de l'autre. D'une part une campagne mondiale thérapeutique et moraliste nous indique sur tous les tons qu'il faut au bon citoyen se faire vacciner « pour protéger autrui », « en gardant ses distances » et avec ce masque qui nous donne à tous des airs de macaques. De quoi donner raison aux nombreux complotistes et autres antivax... En tout cas une propagande clivée et déchaînée tout à fait significative de l'irresponsabilité de la classe bourgeoise, et du découpage en tranches de sa façon de « livrer l'information », alors qu'il y a tant de proximité entre mourir du covid et mourir étouffé à Kaboul, et entre les balles des dealers à Marseille et la livraison provenant du principal pays producteur d'opium, grâce aux conseils occidentaux...
Pourtant la vue de ces milliers de gens fuyant la barbarie islamo-nazie, s'entassant en particulier à l'aéroport de Kaboul, puis dans les avions en transit, aurait dû questionner tous nos braves journalistes collés à l'événement, quand après la comédie du fiasco américain, toutes les armées occidentales se barrent en vitesse pas seulement par peur des attentas des attentats ultimes mais aussi... du covid ! Sauve qui peut = plus de covid qui tienne ! Seul l'Express avait évoqué la question début juin : « En pleine troisième vague de Covid en Afghanistan et malgré les appels à la raison des autorités, les Afghans rompus aux temps difficiles après 40 ans de conflits continuent d'ignorer le virus. Par honte, par gêne. Jusqu'aux portes des hôpitaux. ».
Il est vrai que nous en sommes à la quatrième vague, en attendant la suite du feuilleton inquiétant et sans fin programmée. En toute discrétion les caïds généraux US avaient « déjà appelé leurs ressortissants à quitter le pays au plus vite, faisant valoir que certains d'entre eux se sont vus refuser l'accès aux hôpitaux par manque d'équipement »1.
Il y aurait des hôpitaux donc dans cette terre aride d'Afghanistan, aussi connue par nos contemporains que la surface de la planète mars ? En tout cas il n'y a pas d'explication marxiste à l'absence d'une classe ouvrière dans ce pays de cocagne et à l'absence « d'envie de mourir pour la démocratie » ; de même aucun journaliste ne se risque à tenter d'expliquer comment il se fait qu'une armée de collabos afghans des occupants américains, composée de près de 300 000 soldats, se soient débandées face à des bandes de Tabibans-nazis de seulement 70 000 mobylettes. Les saltimbanques islamo-gauchistes ne nous ont pas ressorti non plus le conte de fée de la « libération nationale »... puisque ici comme ailleurs, il n'y a plus de libération nationale qui tienne debout ; partout il n'y a plus que ce monde binaire, démocrate d'un côté, terroriste de l'autre. En tout cas cauchemar bien orchestré, que les deux principales minorités révolutionnaires dans le monde (Battaglia et le CCI) sont incapables de décrypter du fait de leur monolithisme et absence de débat interne, sans doute par paranoïa vu le monde effarant que nous subissons. Ces deux groupuscules sont aussi agiles qu'un paralytique au demeurant. Le CCI met dix jours avant de prendre position sur la prise de Kaboul par les islamo-nazis, même chose au moment de l'éclosion du mouvement hétéroclite des gilets jaunes. Mettons qu'on assiste à une déclaration de guerre... ils attendront dix jours aussi pour voir comment tourne le vent ? Cette faconde opportuniste était étrangère aux minorités marxistes d'avant-guerre mondiale!
La bourgeoisie multiculturelle orchestre le chaos et la dissolution de la classe ouvrière, par la ghettoïsation et la paupérisation... antiraciste! L'antiracisme ayant écrasé l'internationalisme.
La théorie du chaos en politique, vieille conception déjà appréhendée par la police politique de Mussolini pendant la guerre et leur lutte contre les vrais communistes italiens2. La politique du chaos vise d'abord à faire comme si la division en classes n'existait plus. Elle réduit la politique à une «politique d'identités», où l'origine et l'appartenance comptent davantage que les programmes politiques3.
REGNER PAR LE CHAOS
J'ai déjà eu l'occasion antérieurement de souligner dans ce blog cette orientation, sibylline et masquée, de la classe capitaliste dans sa décadence. Je ne vais pas revenir sur la conception de Karl
Popper d'une société close qu'il a si bien décrite avant tout le monde et qui suppose des développements qui débordent cet article4. En lien avec la question du chaos, je rappelais un débat de théorie économique et politique, centré sur les perspectives d'avenir du capitalisme, qui se cristallisa dans la social démocratie autour des travaux de Tougan Baranowsky, Rosa Luxemburg et Lénine. Lénine s'éleva contre les interprétations de Rosa qui pensait inéluctable l'effondrement du capitalisme (pensée de l'actuel CCI), mettait l'accent sur le développement de la conscience de classe pour que les masses soient à même de prendre en charge la gestion d'une autre société qui allait leur revenir. Au contraire, Lénine, estimant que le capitalisme pouvait surmonter de façon indéfinie ses difficultés proprement économiques, insistait sur la nécessité de renverser l'Etat. La prévision n'existe pas en science, contrairement à ce que croit Robin Goodfellow, qui a voulu faire croire comme les staliniens que le marxisme serait scientifique. On peut considérer que Marx est meilleur dans la prédiction (sans dieu), qui est quelque chose qui va ou peut arriver et vis à vis de laquelle on fait une mise en garde. Marx doutait mais espérait comme nous l'effondrement de l'exploitation capitaliste à court terme pas dans des siècles, mais sans garantie d'infaillibilité de la prédiction5.
Avant d'éplucher les contradictions et analyses erronées du CCI sur l'Afghanistan, voici quelques éléments qui permettent d'appréhender la question de la gouvernance capitaliste par le chaos.
Dans sa prise de position le groupuscule oublie l'essentiel qui est au cœur de la stratégie du chaos. La crise économique et le chaos engendré ont précipité dans l'émigration une masse croissante de candidats au voyage au même moment où ils n'étaient plus aucunement nécessaires, dans les termes de la nécessité industrielle d'importation de main d'oeuvre dans la période du capitalisme florissant.
Le Capital laisse faire parce que le chaos le sert. Mais le projet politique communiste maximaliste peut-il sans se renier (libération de l'humanité des superstitions) laisser croire que la société va éternellement supporter les arriérations religieuses et que les milliards d'habitants de la terre vont pouvoir se déplacer comme bon leur semble avec pour tout liant « la musique », voire ce qui en tient lieu, le Rap ?
Pour comprendre véritablement la stratégie de Trump (puis par après de Biden), il faut recourir à la théorie du chaos dont il est un adepte. Loin de sentir un désarroi devant le chaos, il le provoque. Il utilise celui-ci comme un outil efficace pour négocier, diriger une organisation, et ultimement comme moyen d'atteindre ses objectifs. Le chaos lui permet de déstabiliser ses adversaires et de rendre nerveux ses alliés. En créant le chaos, il demeure le maître du jeu.
Le
jeu consiste à créer ici et là des polémiques et à regarder
comment l'organisation réagit face au chaos qui en résulte. Cela
lui permet d'évaluer les systèmes et les personnes. Il faut voir
que le chaos n'est pas aléatoire. Il est ciblé et permet de déceler
les points faibles d'une organisation ou d'individus.
En ce
sens, les critiques des dernières semaines sur Trump reposent sur
une base erronée. N'ayant pas une vision d'ensemble du plan de jeu
du président ils sont incapables de bien comprendre ce qui se passe
vraiment6.
Il y a vingt-cinq ans, le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine, un des fondateurs des théories du chaos et de la complexité, expliquait déjà que plus il y a de variables en interaction dans un système, plus celui-ci devient imprévisible. Notre monde est beaucoup plus volatil et beaucoup plus imprévisible, parce que le nombre de variables en interaction a augmenté de façon exponentielle. Comme le dit un autre spécialiste de la théorie du chaos, Nassim Nicholas Taleb, nous sommes allés du « Médiocristan » à « l'Extrémistan », d'un monde où demain ressemblait à aujourd'hui vers un monde secoué en permanence de mouvements violents.
Dans un tel univers, un programme politique relève tout simplement de l'absurde. D'autant qu'il est devenu une source inépuisable d'espoirs déçus. Cette déception continuelle ne peut que pousser les électeurs vers les extrêmes, après avoir essayé la droite, puis la gauche, puis encore la droite, puis encore la gauche. On en a déjà vu les effets redoutables de la déception au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis. On pourrait les voir aussi en France.
Cela ne veut pas dire que le temps du volontarisme est terminé, que les pays et les hommes politiques ne peuvent que se laisser ballotter par les flots de l'actualité comme des bouchons de liège sur la mer. Au contraire, le volontarisme n'est jamais aussi important que dans un monde complexe. Mais cela nécessite une révision profonde de ce qu'est la fonction d'un homme politique7.
Le futurologue et globe-trotter Bruno Marion s’intéresse de très près aux théories du chaos. « Il ne s’agit plus de connaître ou non le futur, mais de comprendre la complexité du système et d’en expliciter la logique le plus simplement possible », écrit sur son site celui qu’on surnomme « le moine futuriste ».D’après lui, la compréhension des théories du chaos permet justement de déchiffrer ce monde toujours plus rapide, connecté et en proie à des crises systémiques.
En quoi les théories du chaos permettent-elles d’éclairer le futur de l’humanité ?
Bruno Marion : Je suis intimement convaincu de deux choses. D’abord, que l’humanité vit une transition inédite, par son échelle et sa vitesse. Ensuite, qu’il nous manque les outils qui nous permettraient de comprendre ce qui nous arrive, et de reprendre la main dessus. La raison de cela, c’est que le monde est devenu chaotique, au sens scientifique du terme.
https://usbeketrica.com/fr/article/eclairer-le-futur-avec-les-theories-du-chaos
C’est-à-dire ?
Il faut bien comprendre ce qu’est le chaos, et en premier lieu lui ôter toute connotation négative. Le chaos, ce n’est pas le désordre, ce n’est ni bien, ni mal : c’est l’état d’un système. Un système c’est vous, moi, nous deux, une entreprise, l’ensemble de l’humanité.
l’état chaotique, alors ?
À partir d’un certain stade, qu’on appelle le tipping point (point de basculement en francais, ndlr), le système va sortir de l’équilibre. Dès lors, au lieu de rester sous contrôle, les choses s’auto-amplifient. Le thermostat est cassé : plus il fait chaud, plus il met le chauffage. Aujourd’hui, je pense qu’on est dans cette phase. Le monde est en proie à des phénomènes d’auto-amplification systémique. Comme au moment de la crise des subprimes en 2007 : une crise financière déclenche une crise économique, qui engendre ensuite une crise politique, etc. De la même manière, plus nous sommes nombreux sur un réseau social comme Facebook, et plus il est attractif.
Enfin, le dernier phénomène, c’est la vitesse. Aucune crise, aucune révolution, n’a touché autant de monde, aussi vite. Le passage à l’agriculture a pris des milliers d’années, celui à l’industrie des centaines d’années. La transition actuelle vers la société Internet ne prend que quelques dizaines d’années. C’est l’échelle d’une vie. Le système n’a plus le temps de s’adapter à ces changements.
« L’humanité est au seuil d’une évolution majeure. Nous allons évoluer vers un nouveau niveau de conscience et de gouvernance »
En effet. Après la phase chaotique, deux choses peuvent se produire : ou bien l’effondrement du système, ou bien l’émergence d’un nouvel équilibre, plus complexe que le précédent8.
À suivre...
NOTES
1https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/en-pleine-3e-vague-les-afghans-preferent-ignorer-le-covid_2152724.html
2Cf. PU du dimanche 12 février 2017 : LA POLICE FASCISTE LA PLUS INTELLIGENTE DU MONDE . Commentaire du policier fasciste : « La guerre doit être transformée en révolution. Mais cela ne s’obtient pas avec le “partisianisme”, qui ne représente rien d’autre qu’une manœuvre de l’ennemi ayant pour but de créer le chaos politique dans les rangs du prolétariat. « À l’appel du centrisme pour rejoindre les bandes partisanes, l’on doit répondre par la présence dans les usines desquelles sortira la violence de classe qui détruira les ganglions vitaux de l’État capitaliste » (“Sur la guerre”)
3Quand Sadiq Khan, candidat travailliste à la mairie de Londres est devenu le premier maire musulman d'une grande capitale occidental. Tout un symbole de la nouvelle domination bourgeoise : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/06/31001-20160506ARTFIG00281-ce-que-revele-l-election-de-sadiq-khan-a-la-mairie-de-londres.php
4 Popper présente la société close comme une société « magique ou tribale » repliée sur elle-même. Elle est une société organique et immobile dans laquelle les individus participent à des activités identiques. Dans ces sociétés, les lois et réglementations sociales sont imposées. Ces sociétés contestent l’idée d’évolution et vise à arrêter le développement ou le progrès de la connaissance. Ce type de société cherche à se reproduire identique à elle-même. CF. https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2014-1-page-6.htm
5Cf. mon trentième livre qui ne trouve pas d'éditeurs depuis des mois ; ces charlots des Cahiers Spartacus ne se sont même pas fendus d'une réponse. Sans doute parce que j'utilise couramment les termes « islamo-gauchistes » ce qui dérange leur clientèle de gauchocrates et d'anars incultes.
EN FINIR AVEC LE MESSIANISME.
Table des matières :
Chapitre I : le communisme une nouvelle religion ?
un communisme chrétien ?
Chapitre II : Un long passé
Le socialisme utopique
La réponse de Roger Dangeville
Le communisme primitif ?
Chapitre III : Un présent compliqué
Religion et politique
Le juif errant
Tradition juive ?
Un complot judéo-bolchevique ?
La négation du progrès
Socialisme féodal
Chapitre IV : Un avenir incertain
Le déterminisme est-il un messianisme ?
Le marxisme est-il prométhéen ?
Il n'y a pas de messie suprême
Un marxisme déformé par Engels ?
Chapitre V : Retour en arrière
Misère de l'Ecole de Francfort
Missionnaires ou révolutionnaires ?
En finira-t-on jamais avec les religions ?
Chapitre VI : Regain de l'islam
L'irrationalisme islamique et ses accessoires gauchistes
Sornettes sur l'Etat faible
Le kantisme ou cantique antiraciste
Le racisme a toujours maille à partir avec la hiérarchie sociale
Le messianisme climatique
Chapitre VII : Le messianisme fasciste
Le nazisme mystique politiquement
Futures révolutions conservatrices ?
Chapitre VIII : Une laïcité arabe impossible
Des prévisions marxistes désuètes ?
Arrêts et progrès du marxisme (Rosa Luxemburg, 1903)
Prévision bordiguiste
Espace et temps de conclusion
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