"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 21 juin 2020

CRITIQUE DU PROGRAMME DU GHETTO MEDIATIQUE


« Tout pas fait en avant, toute progression réelle importe plus qu'une douzaine de programmes ».
Marx, Lettre à Bracke (5 mai 1875)

« En général, il est vrai, le programme officiel d'un parti importe bien moins que ses actes ».
Engels

« En compensation, Bismarck avait promis le suffrage universel et quelques charlataneries socialistes ». Engels

« Ils ont dit tellement de conneries, de choses contraires à la veille... Ils ont beaucoup parlé sans trop savoir » (les confinis, chanson de Pierre Perret)

Pour avoir une idée du jour d'après de l'incessant coronavirus, relisons ce billet de Guy Sabatier en mars 1982 :
« Il ne s'agit pas de développer une vision policière des « choses de la vie » mais bien plutôt de noter que les idées, les faits qui émergent, dont les médias se saisissent, qu'ils répercutent, ne surgissent pas n'importe comment. Le plus souvent, s'il ne s'agit pas d'oeuvres commanditées ou de faits induits, il s'opère une manipulation au sens strict du terme. Ainsi en est-il des Brigades rouges, du pacifisme, et sur le terrain des « mouvements d'idées », du féminisme, de l'écologisme, etc. Sitôt les nouveaux philosophes enterrés car trop compromis ici ou là, sitôt le nouveau réformisme, les idéologies de la nouvelle citoyenneté érodés par le choc des réalités de la gestion, surgit une nouvelle vogue idéologique. Même si l'on pense, et à juste titre, que ce charabia ne s'adresse jamais qu'à la petite bourgeoisie intellectuelle, on doit reconnaître qu'à l'occasion c'est un « public » plus large qui est touché. La durée de ces modes est de plus en plus brève, plus rien ne semble désormais pouvoir soulever un enthousiasme durable. Nonobstant chaque campagne publicitaire-idéologique laisse des traces dans les esprits. Chacun de nous est amené à rencontrer quotidiennement ces gens dont la pensée est un stupéfiant patchwork, mélange, ou plutôt juxtaposition grotesque de toutes les couillonnades des années passées. Dès lors, et malgré nos moyens dérisoires, nous ne pouvons rester contemplatifs : feu à volonté sur la pensée réifiée ! »1

La catastrophe planétaire se poursuit, tant au niveau de l'infection généralisée, que finalement personne n'arrive vraiment à juguler ni à en voir la fin, qu'au niveau de la gravité de la crise économique. Les sujets dominants les médias restent du domaine du scandale : scandale du racisme, supposé, exagéré ou délibéré, magistrature corrompue, violences inter-communautaires, méchanceté et bêtise de Trump, guerre entre jeunes et vieux, etc. Le scandale n'est donc pas le capitalisme mais ses importantes avaries.

Il n'y a plus que deux sujets majeurs : le racisme et l'écologie.

LES PLEURNICHERIES ANTIRACISTES COMME DISSOLUTION DE TOUTE CONSCIENCE DE CLASSE

Les deux questions sont apolitiques et dissolvantes ; elles posent toutes deux les questions à l'envers, n'en déplaise à Besancenot, ce représentant de la bobologie parisienne qui assure sur la télé « L'anticapitaliste »2 ? Et qui se flatte de faire venir aux manifs à Paris les « jeunes de banlieue » pour enfin les politiser, c'est à dire les pousser dans la fabrique idéologique bourgeoise trotskiste et stalinienne3. Les sergents recruteurs trotskiens sont depuis longtemps d'ardents islamo-gauchistes prêts à s'agenouiller devant l'islamisme pour conquérir des postes municipaux. Ils sont du reste la caution politique principale, avec la gauche stalinienne et écologiste, à la mode racialiste et décolonialiste qui, sans eux, n'aurait pu pénétrer dans les universités et les conseils municipaux4.

Alors que l'on assiste à une généralisation (contagieuse) des plaintes, même celles de la part des plaignants qui ont été déjà indemnisés, pour les violences policières d'hier et d'aujourd'hui, que nous pouvons comprendre face à la tragédie de la mise à mort d'un frère ou d'un père, quelle que soit sa couleur de peau, par des flics impunis, mais qui ne peuvent déboucher sur une réelle conscience de classe ni poser une quelconque alternative autre que cette fable de « justice » ; la fixation de manifestations, plutôt limitées et vouées à végéter, sur ce type de protestation est apolitique et confusionniste pour la jeunesse naïve, même si la télé corporative « L'anti-capitaliste » des trotskiens girouettes en fait son feuilleton hystérique.

Cette généralisation des plaintes, à la police « coupable » de ne pas être fiable, et à la justice bourgeoise – jamais taxée d'être criminelle alors que c'est elle qui commande aux flics - reste très symbolique et impuissante. N'importe quel délinquant ou criminel sait qu'il peut porter plainte et faire valoir ses droits... à mentir ou à échapper à toute condamnation.
Les maires de droite comme de gauche de la couronne parisienne ne cessent, au motif pieusement électoral, de faire toutes sortes de concessions à l'islamisme sous toutes ses formes, et à l'aide de ce vieil antiracisme islamophile qui a précédé le nouvel antiracisme... policier.
Voici comment la secte PCF, résidu en voie d'évaporation du stalinisme, soutient lumpenprolétariat et petite « beurgeoisie » : « Dans les départements franciliens, notamment en Seine-Saint-Denis - département le plus pauvre de métropole - les disparités pré-existantes ont servi de terreau à l'expansion de l'épidémie de coronavirus, engendrant une surmortalité exponentielle, avait révélé une étude publiée le 11 mai par l'Observatoire régional de santé Ile-de-France. Ces élus de gauche et personnalités (sportifs, médecins, acteurs, économiste) listent ainsi «six mesures d'urgence» pour combler les carences actuelles. Parmi elles : une «remise à niveau de tous nos services publics», un «plan social» avec notamment une année blanche pour les expulsions locatives. Mais aussi une lutte contre les discriminations, avec un «plan de lutte contre les violences policières» comprenant un «récépissé contre le contrôle au faciès», demandent-ils.«Les efforts ne doivent pas être que fait en direction du milieu économique», a déclaré à l'AFP Gilles Poux, maire (PCF) de La Courneuve, à l'initiative de cette lettre5.
A Stains le premier maire « beur » du PCF a inauguré une fresque commémorant l'assassinat de Floyd et Traoré, en présence de la veuve célébrée, l'inconsolable soeurette Adda. Sa zone et son élection sont pourtant grevées par une forte abstention...
Les noirs sont à la mode. La pauvre gilette jaune, Priscilla Ludovsky, qui n'a pas inventé le fil à couper le beurre, qui veut absolument qu'on ne l'oublie pas, a cédé à son tour à l'action m'as-t-vu, et a porté plainte à son tour contre ce raide préfet au nom d'occupant colonialiste, Lallement !
Les milliardaires noirs accourent eux aussi à la rescousse. Après le comédien plus du tout préféré des français, un certain Omar Sy, le champion automobiliste Lewis Hamilton – qui lui aura toujours le droit de rouler à plus de 110 km/heure, lance une commission sur la diversité destinée à attirer plus de Noirs vers les métiers du sport automobile, notamment en étudiant la science, les technologies et les mathématiques. Très actif sur les réseaux sociaux depuis le début de la campagne mondiale de lutte contre le racisme, baptisée «Black Lives Matter», le sextuple champion du monde britannique est le seul pilote noir de F1. Tout comme Yanniiiick Noah est le seul noir français à avoir gagné au championnat de Roland Garros, injustice à propos de laquelle je me propose d'écrire à Lewis Hamilton, et à toute berzingue.

L'ECOLOGIE COMME SOLUTION A LA CRISE CAPITALISTE ?

Not'président de la République nous avait invité à nous « réinventer ». Nous attendions donc, comme les journalistes, quelles mesures, probablement néo-keynésiennes et plus thatchériennes, nous proposer il allait. Il n'allait pourtant pas les sortir de sa poche ou de son savoir limité d'énarque mais d'un machin dont la plupart d'entre nous n'avions jamais entendu parler, un vague conclave de citoyens destinés à nous définir nos besoins, quelle que soit notre classe sociale d'appartenance. Qui ont fait subitement parler d'eux avec une proposition complètement irresponsable, voire hamonesque, de réduire le temps de travail à 28 heures, mais immédiatement dissoute à la veille du compte-rendu final.

Tout le monde redevient keynésien, n'est-ce pas ? avec un retour à la préférence au rôle centralisateur de l'Etat face aux marchés erratiques et à la crise pandémique. Quoiqu'il faille nuancer avec le keynésianisme, il est interprété en France comme une forme d'Etat à la Colbert (vous savez ce honteux raciste colonialiste créateur du code noir mais un des plus grands ministres de l'époque de la noblesse...qui doit nous rendre définitivement fédéraliste et charbonnier maître chez soi), on veillera à oublier ce grand centralisateur pour ne pas fâcher les restaurateurs d'histoire communautariste. Et à cracher sur sa statue dès la présence d'une caméra de la télé « L'anticapitaliste » ou d'un photographe de la diversité au service de Médiapart et du Bondy Blog.

Pour le rigolo contempteur littéraire des inégalités Thomas Piketty (il battait sa femme), Emmanuel Macron "ne parvient pas à concevoir un redémarrage différent de l'économie", en dépit de ses promesses. Alors que sort le documentaire tiré de son navet pompeux, Le Capital au XXIe siècle, il exauce une mondialisation plus équitable, cette farce réformiste déniaisée par le marxisme depuis plus de cent ans. Comme n'importe quel syndicaliste de base, Piketty réclame le rétablissement de l'impôt sur les très riches, ce qui n'est ni révolutionnaire ni une solution pour éponger les faramineuses dettes. Passé au service du bourgeois Hollande puis à celui de l'inventeur du salaire minum de misère Hamon, Piketty est inconsistant comme tous les Baverez et autres pitres économistes de plateaux.

Du chapeau de Macron n'est pas sorti un fleuron quelconque de l'économie bourgeoise. Nous vivons une cruelle période pour les sachants, ils sont tous aussi cons les uns que les autres comme le chante si bien Pierre Perret. Voilà donc le nouveau lapin macronien, sorti du chapeau, tout ébouriffé de paillettes. LA CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT ET sa centaine de VERSETS d'interdictions ! Une sorte de ridicule patchwork, code de la route punitif où l'écologie parodie le bon dieu. Ces divers citoyens choisis au hasard ont visiblement été drivés par des experts écologiques monastiques et bobologues, cette idéologie bourgeoise réac de l'austérité "naturelle" - ou retour improvisé à la nature et au vélocipède roi - où il faudrait produire moins, alors que nous les marxistes insistons pour produire "autrement" dans une autre société.

Je ne me fatigue pas à résumer et recopie la presse du pensum élaboré par une centaine de zigotos choisis par qui et recrutés sous quels critères, promus conseillers du Macron en faillite ou colbertistes amateurs, nullement légitimes à représenter ni la bourgeoisie ni la classe ouvrière, certainement l'air du temps, c'est à dire les idéologies bourgeoises en vogue et plutôt coincées vu la situation catastrophique. Une sorte de macronisme vulgaire, improvisé. Ce ne sont plus ni partis ni classes sociales qui élaborent les programmes politiques mais "les gens"! De la gonflette. Encore un truc pas comestible.

« 150 mesures de la Convention citoyenne pour le climat arrivent sur la table du gouvernement dimanche 21 juin. Parmi les propositions, le passage à 110 km/h sur l'autoroute. La Convention citoyenne pour le climat rend dimanche (aujourd'hui hé hé) ses propositions pour lutter contre le réchauffement climatique "dans un esprit de justice sociale", dont certaines pourraient déboucher sur un référendum. Emmanuel Macron doit recevoir les "150 citoyens" qui la composent le 29 juin pour leur apporter de "premières réponses". Le président s'est à plusieurs reprises dit ouvert à l'idée d'interroger directement les Français sur les questions environnementales, remises au centre du débat public par la crise du Covid. Interrogée dans le JDD, la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, qui recevra dimanche au nom de l'exécutif les propositions de la commission, s'est également déclarée, "à titre personnel", "favorable à un référendum ».
"Des questions multiples permettraient de faire partager les travaux" de la Convention "avec tous les Français". "L’organisation prendrait du temps, mais ce serait utile pour faire mûrir la conscience écologique", juge-t-elle. Les propositions de la Convention arrivent aussi au moment où l'exécutif travaille sur son plan de relance face à la récession dans laquelle la pandémie a plongé l'économie. Le chef de l'Etat avait décidé d'organiser cet exercice de démocratie participative inédit en France après la crise des "gilets jaunes", déclenchée par l'annonce d'une taxe carbone sur les carburants.
La CCC (à ne pas confondre avec les anciennes initiales « soviétiques » CCCP), mandatée pour proposer des mesures permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40%, n'a en tout cas pas remis sur la table l'idée d'une telle taxe, mais proposé près de 150 autres mesures.
Une des plus controversées, la réduction du temps de travail à quatre jours (28 heures) par semaine, a été largement (65%) écartée samedi, la seule a ne pas être adoptée par les membres. Outre les conséquences sur les entreprises, beaucoup des 150 se sont inquiétés de l'image que donnerait de leurs travaux une telle proposition: "on va passer pour des guignols," a lancé une des membres. Autre mesure qui devrait polariser l'opinion publique, la réduction de la vitesse sur l'autoroute de 130 à 110km/h a recueilli 60% des suffrages. La proposition a sans surprise déclenché l'ire des associations d'automobilistes, faisant écho à la grogne déjà déclenchée par les 80km/h.
Plusieurs autres mesures visent à réduire la place de la voiture individuelle, avec notamment une "amélioration du forfait mobilité durable". La CCC propose aussi de renforcer le bonus-malus écologique sur les véhicules, les aides à la location longue durée et des prêts à taux zéro pour l'achat de véhicules propres, l'interdiction dès 2025 de la vente de véhicules neufs très émetteurs (+110 gr CO2/km) et d'interdire les centre-villes aux véhicules les plus polluants. Parmi les autres mesures figure un encadrement fort de la publicité, avec interdiction des panneaux dans l'espace public extérieur et de la pub pour des produits à fort bilan carbone - comme les gros véhicules type SUV. Ainsi que de lourdes taxes sur l'alimentation ultra-transformée, l'interdiction des semences OGM, une taxation plus forte des engrais azotés et la réduction de moitié en 2030 de l'usage des pesticides, et l'interdiction des plus dangereux d'ici 2035.
La liste comprend aussi l'interdiction des terrasses chauffées ou de l'éclairage des magasins la nuit (lubie de l'idiote Hidalgo), ou encore une taxe sur les dividendes des sociétés pour financer la transformation de l'outil productif. La Convention souhaite également l'introduction dans le droit pénal français d'un crime "d'écocide", une proposition rejetée récemment au Sénat et à l'Assemblée nationale, et la création d'une "haute autorité" chargée de faire respecter les "limites planétaires" jugées soutenables pour la survie de l'humanité (réchauffement climatique limité à 2 degrés par exemple).
Elle demande également l’inscription dans la Constitution de la préservation de la biodiversité, de l'environnement et de la lutte contre le dérèglement climatique, la création d'un "défenseur de l'environnement" et de renouveler l'expérience de Convention citoyenne, éventuellement dans le cadre d'une réforme du Conseil économique social et environnemental (Cese), qui a accueilli leurs travaux.

Où LA REINVENTION DE MACRON ACCOUCHE DE LA SOURIS DU PROGRAMME ECOLO-BOBO

Face à la crise sociale explosive le macronisme n'est même pas fichu de réfléchir à la création de nouveaux ateliers nationaux comme en 1848, mais vient nous agiter cette écologie punitive, qui a déjà pointé son nez avec des ristournes pour les bourgeois qui ont les moyens de se payer des véhicules dits « propres » à plus de 30.000 euros ! Seul le catéchisme syntaxique du discours bourgeois se trouve enrichi de cet affreux néologisme: l'écocide, petit frère du génocide et de l'insecticide.
Il me suffit ici de parodier (en partie, je remplace au début le mot travail par écologie) le Marx de la critique du programme de Gotha. (La Critique du programme de Gotha est, avec le Manifeste du Parti communiste, une des plus importantes contributions immédiates de Marx à l'édification du programme historique du prolétariat ancien comme moderne)6.
«  Les bourgeois ont d'excellentes raisons pour attribuer à l'écologie cette surnaturelle puissance de création : car, du fait que l'écologie est dans la dépendance de la nature, il s'ensuit que l'homme qui ne possède rien d'autre que sa force de travail sera forcément, en tout état de société et de civilisation, l'esclave d'autres hommes qui se seront érigés en détenteurs des conditions objectives du travail. Il ne peut travailler, et vivre par conséquent, qu'avec la permission de ces derniers ».

Marx était déjà un vrai écologiste avant tous nos écologistes modernistes puisqu'il contrait déjà Lassalle auteur de ce programme fumeux en lui répliquant que le travail n'est pas la seule source de richesse7. Avec le ridicule « tous ensemble » syndical, la proposition écologique est le deuxième oxymore honteux de la fin de règne capitaliste, il nous suffit là de reprendre encore Marx mot à mot :

« En fait, cette proposition a toujours été défendue par les champions de l'ordre social existant, à chaque époque. En premier viennent les prétentions du gouvernement, avec tout ce qui s'ensuit, car le gouvernement est l'organe de la société chargé du maintien de l'ordre social ; puis viennent les prétentions des diverses sortes de propriété privée qui, toutes, sont le fondement de la société, etc. On le voit, ces phrases creuses peuvent être tournées et retournées dans le sens qu'on veut ».

Sempiternellement la bourgeoisie reprend la fausseté de l'idée d'égalité, qui éliminerait misère et exploitation, violence sociale et racisme. Engels répond aussi clairement en annexe à la critique du programme de Gotha :

« L'expression « destruction de toute inégalité sociale et politique » au lieu de « abolition de toutes les différences de classes » est également très suspecte. D'un pays à l'autre, d'une province à l'autre, voire d'un endroit à l'autre, il y aura toujours une certaine inégalité dans les conditions d'existence, inégalité que l'on pourra bien réduire au minimum, mais non faire disparaître complètement. Les habitants des Alpes auront toujours d'autres conditions de vie que les habitants des plaines. Se représenter la société socialiste comme l'Empire de l'égalité est une conception française trop étroite et qui s'appuie sur la vieille devise Liberté, Égalité, Fraternité, conception qui, en ses temps et lieu, a eu sa raison d'être parce qu'elle répondait à une phase d'évolution, mais qui, comme toutes les conceptions trop étroites des écoles socialistes qui nous ont précédés, devrait à présent être dépassée, puisqu'elle ne crée que de la confusion dans les esprits et qu'elle a été remplacée par des conceptions plus précises et répondant mieux aux réalités ».

Les 150 versets écolo-humanitaristes du CCC font penser au programme de Lassalle dont se moquait Engels, qui reste une simple billevesée comparé à notre grand classique le Manifeste de 1848 ; quant aux 150 propositions du CCI (x), elles ne sont que pets de souris que l'icône de l'Elysée va marchander et philosopher, avec le même bla-bla impuissant qu'il avait utilisé pour clore la séquence gilet jaune.  (x) hi c'est une faute de frappe mais je la laisse parce qu'elle est drôle.
« Une série de revendications platement démocratiques, rédigées dans l'esprit et le style du Parti populaire  (…) Une quantité de propositions prétendues communistes, empruntées en majorité au Manifeste communiste, mais remaniées de telle façon que, examinées de près, on s'aperçoit qu'elles contiennent toutes sans exception des imbécillités horripilantes. Quand on ne comprend pas ces choses-là, il ne faut pas y toucher, ou bien il faut les recopier textuellement d'après ceux qui s'y connaissent mieux.(...) Heureusement, le programme a été apprécié plus favorablement qu'il le méritait. Ouvriers, bourgeois et petits bourgeois y lisent ce qui devait vraiment s'y trouver, et non ce qui s'y trouve effectivement ; et il n'est même venu à l'esprit de personne d'examiner publiquement le contenu réel d'une de ces merveilleuses phrases. Cela nous a permis de nous taire. En outre, on ne peut traduire ces phrases dans une autre langue sans être obligé ou bien d'écrire un fatras dont l'ineptie est évidente, ou bien d'y substituer un sens communiste ; cette dernière façon est celle de nos amis comme de nos ennemis. C'est ce que j'ai été obligé de faire moi-même pour une traduction destinée à nos amis espagnols ».

Une fois écrémé tout ce bla-bla écolo bourgeois « pour sauver la planète capitaliste », il restera la réalité nue, la crise, la maladie, la mort, et surtout misère et toujours plus de répression. 300 millions de chômeurs dans le monde et moi, émoi?
Quant au projet de référendum "écologique" (?) il fait déjà rire la France entière, la laborieuse celle qui ne se déplace plus aux urnes truquées du capital et cet électorat à qui on ne fera plus le coup de pied de l'âne du traité de Lisbonne. L'Etat bourgeois est incontestablement affaibli par la crise partout et ce n'est pas la faute à Macron ou Tartempion Trump. Le souci à la "rentrée", ce ne sera pas la taxe carbone ou le niveau des mers mais:
- avoir un emploi
- finir le mois
- quelle sécurité dans la rue et au travail?

Macron arrivera-t-il à la cheville de Roosevelt. Dans un constat hypocrite dénonçant l'oligarchie financière et la fin de l'ouverture totale des frontières, le président américain déplorait les limites du libéralisme: "Nous ne sommes plus en mesure d'inviter les migrants d'Europe à partager notre abondance illimitée. Nous pouvons tout juste offrir une existence morne à notre propre peuple"(discours à Chicago 23 septembre 1932). Roosevelt promit de grands travaux mais la seule relance qu'il engagera aura lieu au moment de l'effort de guerre. (cf. p. 85 "Comment j'ai vaincu la crise").
Macron pense-t-il que le marché écologique peut sérieusement permettre de "grands travaux" pour éponger 800.000 chômeurs à la rentrée? Ou mise-t-il sur une guerre avec l'impérialisme turc qui vient d'humilier la flotte nationale?


ANNEXE : je ne résiste pas à reproduire la critique du « partage équitable » qui est très en vogue chez les bobos parisiens, à la suite du trust minable « artisans du monde ». Marx et Engels ont déshabillé cette idéologie de petit boutiquier pour pauvres définitifs il y a près de 150 ans !

Qu'est-ce que le « partage équitable » 8  ?

« Les bourgeois ne soutiennent-ils pas que le partage actuel est « équitable »  ? Et, en fait, sur la base du mode actuel de production, n'est-ce pas le seul partage « équitable »  ? Les rapports économiques sont-ils réglés par des idées juridiques ou n'est-ce pas, à l'inverse, les rapports juridiques qui naissent des rapports économiques ? Les socialistes des sectes 9 n'ont-ils pas, eux aussi, les conceptions les plus diverses de ce partage « équitable »  ?

Pour savoir ce qu'il faut entendre en l’occurrence par cette expression creuse de « partage équitable », nous devons confronter le premier paragraphe avec celui-ci. Ce dernier suppose une société dans laquelle « les instruments de travail sont patrimoine commun et où le travail collectif est réglementé par la communauté », tandis que le premier paragraphe nous montre que « le produit appartient intégralement, par droit égal, à tous les membres de la société ».

« A tous les membres de la société »  ? Même à ceux qui ne travaillent pas ? Que devient alors le « produit intégral du travail »  ? - Aux seuls membres de la société qui travaillent ? Que devient alors le « droit égal » de tous les membres de la société ?

Mais « tous les membres de la société » et le « droit égal » ne sont manifestement que des façons de parler. Le fond consiste en ceci que, dans cette société communiste, chaque travailleur doit recevoir, à la mode lassallienne, un « produit intégral du travail ».

Si nous prenons d'abord le mot « produit du travail » (Arbeitsertrag) dans le sens d'objet créé par le travail (Produkt der Arbeit), alors le. produit du travail de la communauté, c'est « la totalité du produit social » (das gesellschaftliche Gesamtprodukt).

(et merci à Jonathan pour la suggestion du titre général de cet article



NOTES

1Cf. journal « Révolution sociale » n°7, mars 1982. Dans ce numéro les copains du PIC (pour une intervention communiste) se moquaient royalement de la vedette d'époque le guru Castoriadis [« nouveau prophète de l'Occident »], dont il était rappelé quelques annotations encore si actuelles de nos jours (Casto croyait à une transformation pacifique du capital moderne) mais nuançant dans le cas amériacin : « Tout juste existe-t-il des lobbies (noirs, jeunes, femmes, ouvriers) qui, aux USA notamment de par leurs luttes partielles, ont accéléré la décomposition de ces sociétés ».
J'utilise le terme copains par provocation, car à l'époque il était mal vu de l'utiliser dans R.I. Ce qui n'était pas le cas dans les minorités oppositionnelles de l'avant-guerre, où entre camarades d'organisations différentes il était courant de parler de « copains » (précaution de langage pour esquiver le terme camarade qui faisait trop communiste?); dans les comptes rendus des réunions de la Ligue communiste, on peut lire une intervention du jeune Marc Chirik, qui tient la dragée haute aux Naville, Frank et Molinier : « A Lyon, il y avait des groupements souvariniens dispersés qu'on peut trouver super. Il y a le groupement de l'O.U.qui comprend une douzaine de copains, avec des copains italiens bordighistes. Ils se bornent à une intervention syndicale. L'Opposition de gauche se compromet avec les voix des chefs de l'O.U.à Lyon, comme Revol ; on peut travailler les militants. Mais les chefs ne sont pas à gagner. Sur le rapport moral du Camarade Molinier, c'est la première fois qu'on voit les fautes prises à leur racine. La crise n'est pas née par hasard. Elle est dûe à des causes nettes et si on continue la nouvelle expérience de l'Opposition de gauche échouera en France. La Ligue a été créée artificiellement, seulement pas des coups d'amitié. Où sont ceux qui ont créés la Ligue ? Il n'y reste que Molinier. Les camarades comme P. ont surgi tout à coup comme chefs de l'Opposition sans être des ouvriers. Naville dit qu'on n'a pas fait de fautes. Or, à la réunion d'unification, on avait convoqué une centaine d'ouvriers (…) ça a été Gourget. Il disait que l'Unité était impossible. La CGT parlait d'aristocrates. On traitait Marc et Treint de syndicalistes. A … les copains ont été repoussés ». (juillet 1931) [débats internes lisibles sur le site de l'institut d'histoire sociale d'Amsterdam]
2Mais oui les trotskiens ont leur propre télévision calquée sur celles de la bourgeoisie, mais en mode encore plus simpliste, sur le mode oecuménique du « tous ensemble ». Le site de LO est bourré de leurs propres interviews télévisées, plus personnalisées sur deux seules vedettes, la prof pâlichonne Nathalie Artaud et l'ouvrier syndiqué et contrit. Jean-Pierre Mercier. « L'anticapitaliste » téloche de Besancenot et cie, tout comme la lucarne vidéo de LO ne cassent pas des briques, et sont fondues dans le magma des réseaux sociaux très canalisés et démultipliés par l'ogre américain ; plus il y en a plus c'est un marais d'éjaculations verbales, un défouloir universel en somme qui ne présente aucun danger pour le système dominant. Mais j'aimerais bien aussi qu'on ait une télé maximaliste...
3La petite bourgeoisie trotskienne n'est pas totalement dans l'erreur, ce que je lui reproche c'est de poser les problèmes à l'envers et de perdre de vue que les couches ou catégories petites bourgeoises sont incapables de diriger le prolétariat du point de vue de classe. Cela ne signifie pas qu'une révolution pourrait se passer des couches intermédiaires, comme du peuple en général, puisque c'est toujours une minorité qui profite de l'oppression contre l'immense majorité. Engels dénonçait en son temps la phrase « ronflante » de Lassalle : « Vis à vis de la classe ouvrière, toutes les autres classes ne forment qu'une seule masse réactionnaire ». Engels précisait : « Cette phrase n'est vraie que dans quelques cas exceptionnels, par exemple dans une révolution du prolétariat comme la Commune, où dans un pays où ce n'est pas la bourgeoisie seule qui modelé l'Etat et la société à son image, mais où, après elle, la petite bourgeoisie démocratique a achevé cette transformation jusque dans ses dernières conséquences ». Dans une lettre de 1882, Engels est plus explicite : « En fait, tout au contraire, la révolution commence par ceci que la grande majorité de la nation et aussi des partis officiels s'unissent contre le gouvernement qui reste ainsi isolé, et le renversent, et c'est seulement alors qu'il devient possible de raffermir notre pouvoir. Si nous voulons commencer la révolution par la fin, cele ne nous porterait pas bonheur ». En fait je pense que cette deuxième explication n'est pas forcément explicite ni judicieuse pour le moment que l'on vit. Les bordels syndicaux et antiracistes contribuent eux à renforcer l'Etat !
4
5J'en profite pour vous sortir de mes archives une autre lettre de compromission. La lettre du fameux général De Gaulle au PCF le 10 février 1943, en pleine guerre, est un exemple de la duplicité des fractions bourgeoises entre elle, comment des adversaires hargneux et verbeux en public, se concertent hors champ dans l'union nationale.

LETTRE du Général De Gaulle à MM. Les membres du comité central du parti communiste français

L'arrivée de Fernand Grenier, l'adhésion du Parti Communiste au Comité National qu'il m'a apporté en votre nom, la mise à ma disposition en tant que Commandant en Chef des Forces Combattantes Françaises des Vaillantes formations de Frenc-Tireurs que vous avez constituées et animées – voilà autant de manifestations de l'unité française, voilà une nouvelle preuve de votre volonté de contribuer à la libération et à la grandeur de notre pays. Convaincu que votre décision apporte une contribution importante à l'intérêt national, je vous en remercie sincèrement.
De grands efforts, de grands sacrifices vont seront demandés après tous ceux que les membres de votre Parti ont déjà consenti au service de la France.
Vous savez comme moi qu'une coordination efficace des organisations de résistance est indispensable au but que nous poursuivons en commun : la libération de la France aussitôt que possible avec la participation active et efficace des Français. Je suis certain que les représentants que j'ai désignés trouveront chez les responsables du Parti Communiste Français une volonté de coopération poussée jusqu'à l'esprit de sacrifice et la même loyale discipline qui existe déjà à l'intérieur de vos organisations (sic). Mes représentants vous feront part des décisions prises ici et auxquelles Fernand Grenier a participé.
Vous aurez su que dès sa réception j'ai acheminé sur l'Afrique du Nord la lettre destinée aux députés communistes emprisonnés. Je regrette que malgré nos démarches répétées leur élargissement n'ait pris place qu'au début de février. La mission de liaison de la France Combattante qui doit se rendre prochainement en Afrique du Nord portera à vos camarades un message de Grenier.
L'heure des plus durs efforts approche. Au moment où sous les coups des vaillantes Armées russes la puissance militaire allemande chancelle il importe que les Français patriotes prennent leur part aux côtés de nos alliés russes et anglo-américains à la libération du territoire national. Je sais que la France combattante peut compter sur le Parti Communiste Français ».

Le général auto-désigné de la bourgeoisie émigrée ne manque pas d'air. On sait que ses capacités de recrutement et d'envoi des ouvriers au casse-pipe ont été dérisoires. Churchill croyait qu'il allait pouvoir lui fournir des milliers de chair à canon. Peau de balle ! Sa mansuétude à l'égard du parti stalinien confirme que ce parti sadique est le seul qui pouvait mener à bien une partie du recrutement militariste des ouvriers restés en France ; mais ce ne fut pas massif, sur les chars de Leclerc il y avait des antifascistes espagnols et des troupes coloniales... Quant au soutien de la Russie, De Gaulle ment en ne précisant pas que 70% du matériel militaire du grand Staline, est américain et qu'il a bénéficié du prêt-bail, sinon, même avec ses chevaux glacés, Hitler aura ravagé toute la Russie.

6Le programme de Gotha est étatiste dans la mesure où il est perçu comme un outil pouvant être au service du prolétariat, occultant sa propension naturelle à l’oppression. Pour autant Marx ne rejette pas une violence d'Etat transitoire (qui sera malheureusement caricaturée par l'expérience bolchevique) qu’il convient de canaliser durant une période extrêmement brève : c’est la dictature (provisoire dans le temps) du prolétariat. Entre la société capitaliste et la société communiste se place la période de transformation révolutionnaire de l’une en l’autre, à quoi correspond une période de transition politique, où l’État ne peut être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat (à entendre ici du point de vue romain – c'est-à-dire contre la tyrannie – et provisoire). Le texte possède une dimension anti-étatiste, que l’on retrouve déjà dans La Guerre civile en France (1871). Marx explique que le maintien de l’État n’est qu’une phase transitoire et que l’objectif des communistes reste l’abolition de l’État. L’État ne doit pas éduquer le peuple mais c’est plutôt l’État qui a besoin de recevoir une rude éducation de la part du peuple. Il lui paraît nécessaire que, dans un premier temps, l’État soit ainsi sous le contrôle de la population, contrôle que le milieu maximaliste avec Chirik a eu tendance à limiter aux mains du seul prolétariat... encore une discussion qui tarde hélas à se poursuivre internationalement et à s'approfondir.
7Le texte est basé autour des quatre enjeux, le travail, le droit, la lutte des classes et l'État. Le travail n’est pas la source de toute richesse dans la mesure où la nature est aussi valeur d’usage. En ce sens, l’homme n’est pas maître de la nature, ce qui constitue une dimension écologique. Le mode de production façonne le travail et conditionne la distribution. De même, le problème n’est pas le travail en soi mais le système du salariat. Marx critique ainsi le programme allemand qui s’attaque à la distribution sans en chercher les causes au sein de la production. Il explique de plus que le travail est central puisqu’il est la mesure de l’égalité en ce sens qu’il est le même étalon et qu’il ne reconnaît aucune différence de classe.
8 Voir J'article critique d'Engels « Un salaire équitable pour une journée de travail équitable », dans l'ouvrage de Marx :Salaire, prix et profit, E. S. 1966, pp. 77-80.
9 C'est-à-dire les saints-simoniens, fouriéristes, icariens, owenistes, etc. Dans la brochure, les Prétendues scissions dans l'Internationale (Londres, 1872), Marx a écrit : « La première phase de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie est marquée par le mouvement sectaire... Les sectes, leviers du mouvement à leur origine, lui font obstacle dès qu'il les dépasse... Enfin, c'est là l'enfance du mouvement prolétarien, comme l'astrologie et l'alchimie sont l'enfance de la science. »

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