« Tout pas
fait en avant, toute progression réelle importe plus qu'une douzaine
de programmes ».
Marx, Lettre à
Bracke (5 mai 1875)
« En
général, il est vrai, le programme officiel d'un parti importe bien
moins que ses actes ».
Engels
« En
compensation, Bismarck avait promis le suffrage universel et quelques
charlataneries socialistes ». Engels
« Ils
ont dit tellement de conneries, de choses contraires à la veille...
Ils ont beaucoup parlé sans trop savoir »
(les confinis, chanson de Pierre Perret)
Pour avoir une idée
du jour d'après de l'incessant coronavirus, relisons ce billet de
Guy Sabatier en mars 1982 :
« Il ne
s'agit pas de développer une vision policière des « choses
de la vie » mais bien plutôt de noter que les idées, les
faits qui émergent, dont les médias se saisissent, qu'ils
répercutent, ne surgissent pas n'importe comment. Le plus souvent,
s'il ne s'agit pas d'oeuvres commanditées ou de faits induits, il
s'opère une manipulation au sens strict du terme. Ainsi en est-il
des Brigades rouges, du pacifisme, et sur le terrain des « mouvements
d'idées », du féminisme, de l'écologisme, etc. Sitôt les
nouveaux philosophes enterrés car trop compromis ici ou là, sitôt
le nouveau réformisme, les idéologies de la nouvelle citoyenneté
érodés par le choc des réalités de la gestion, surgit une
nouvelle vogue idéologique. Même si l'on pense, et à juste titre,
que ce charabia ne s'adresse jamais qu'à la petite bourgeoisie
intellectuelle, on doit reconnaître qu'à l'occasion c'est un
« public » plus large qui est touché. La durée de ces
modes est de plus en plus brève, plus rien ne semble désormais
pouvoir soulever un enthousiasme durable. Nonobstant chaque campagne
publicitaire-idéologique laisse des traces dans les esprits. Chacun
de nous est amené à rencontrer quotidiennement ces gens dont la
pensée est un stupéfiant patchwork, mélange, ou plutôt
juxtaposition grotesque de toutes les couillonnades des années
passées. Dès lors, et malgré nos moyens dérisoires, nous ne
pouvons rester contemplatifs : feu à volonté sur la pensée
réifiée ! »1
La catastrophe
planétaire se poursuit, tant au niveau de l'infection généralisée,
que finalement personne n'arrive vraiment à juguler ni à en voir la
fin, qu'au niveau de la gravité de la crise économique. Les sujets
dominants les médias restent du domaine du scandale : scandale
du racisme, supposé, exagéré ou délibéré, magistrature
corrompue, violences inter-communautaires, méchanceté et bêtise de
Trump, guerre entre jeunes et vieux, etc. Le scandale n'est donc pas le capitalisme mais ses
importantes avaries.
Il n'y a plus que
deux sujets majeurs : le racisme et l'écologie.
LES
PLEURNICHERIES ANTIRACISTES COMME DISSOLUTION DE TOUTE CONSCIENCE DE
CLASSE
Les deux questions
sont apolitiques et dissolvantes ; elles posent toutes deux les
questions à l'envers, n'en déplaise à Besancenot, ce représentant
de la bobologie parisienne qui assure sur la télé
« L'anticapitaliste »2 ?
Et qui se flatte de faire venir aux manifs à Paris les « jeunes
de banlieue » pour enfin les politiser, c'est à dire les
pousser dans la fabrique idéologique bourgeoise trotskiste et
stalinienne3.
Les sergents recruteurs trotskiens sont depuis longtemps d'ardents
islamo-gauchistes prêts à s'agenouiller devant l'islamisme pour
conquérir des postes municipaux. Ils sont du reste la caution
politique principale, avec la gauche stalinienne et écologiste, à
la mode racialiste et décolonialiste qui, sans eux, n'aurait pu
pénétrer dans les universités et les conseils municipaux4.
Alors que l'on
assiste à une généralisation (contagieuse) des plaintes, même
celles de la part des plaignants qui ont été déjà indemnisés,
pour les violences policières d'hier et d'aujourd'hui, que nous
pouvons comprendre face à la tragédie de la mise à mort d'un frère
ou d'un père, quelle que soit sa couleur de peau, par des flics
impunis, mais qui ne peuvent déboucher sur une réelle conscience de
classe ni poser une quelconque alternative autre que cette fable de
« justice » ; la fixation de manifestations, plutôt
limitées et vouées à végéter, sur ce type de protestation est
apolitique et confusionniste pour la jeunesse naïve, même si la
télé corporative « L'anti-capitaliste » des trotskiens
girouettes en fait son feuilleton hystérique.
Cette généralisation
des plaintes, à la police « coupable » de ne pas être
fiable, et à la justice bourgeoise – jamais taxée d'être
criminelle alors que c'est elle qui commande aux flics - reste très
symbolique et impuissante. N'importe quel délinquant ou criminel
sait qu'il peut porter plainte et faire valoir ses droits... à
mentir ou à échapper à toute condamnation.
Les
maires de droite comme de gauche de la couronne parisienne ne
cessent, au motif pieusement électoral, de faire toutes sortes de
concessions à l'islamisme sous toutes ses formes, et à l'aide de ce
vieil antiracisme islamophile qui a précédé le nouvel
antiracisme... policier.
Voici
comment la secte PCF, résidu en voie d'évaporation du stalinisme,
soutient lumpenprolétariat et petite « beurgeoisie » :
« Dans
les départements franciliens, notamment en Seine-Saint-Denis -
département le plus pauvre de métropole - les disparités
pré-existantes ont servi de terreau à l'expansion de l'épidémie
de coronavirus, engendrant une surmortalité exponentielle, avait
révélé une étude publiée le 11 mai par l'Observatoire régional
de santé Ile-de-France. Ces élus de gauche et personnalités
(sportifs, médecins, acteurs, économiste) listent ainsi «six
mesures d'urgence»
pour combler les carences actuelles. Parmi elles : une «remise
à niveau de tous nos services publics»,
un «plan
social»
avec notamment une année blanche pour les expulsions locatives. Mais
aussi une lutte contre les discriminations, avec un «plan
de lutte contre les violences policières»
comprenant un «récépissé
contre le contrôle au faciès»,
demandent-ils.«Les
efforts ne doivent pas être que fait en direction du milieu
économique»,
a déclaré à l'AFP Gilles Poux, maire (PCF) de La Courneuve, à
l'initiative de cette lettre5.
A Stains le premier
maire « beur » du PCF a inauguré une fresque commémorant
l'assassinat de Floyd et Traoré, en présence de la veuve célébrée,
l'inconsolable soeurette Adda. Sa zone et son élection sont pourtant
grevées par une forte abstention...
Les noirs sont à la
mode. La pauvre gilette jaune, Priscilla Ludovsky, qui n'a pas
inventé le fil à couper le beurre, qui veut absolument qu'on ne
l'oublie pas, a cédé à son tour à l'action m'as-t-vu, et a porté
plainte à son tour contre ce raide préfet au nom d'occupant
colonialiste, Lallement !
Les milliardaires
noirs accourent eux aussi à la rescousse. Après le comédien plus
du tout préféré des français, un certain Omar Sy, le
champion automobiliste Lewis Hamilton – qui lui aura toujours le
droit de rouler à plus de 110 km/heure, lance une commission sur la
diversité destinée à attirer plus de Noirs vers les métiers du
sport automobile, notamment en étudiant la science, les technologies
et les mathématiques. Très actif sur les réseaux sociaux
depuis le début de la campagne mondiale de lutte contre le racisme,
baptisée «Black Lives Matter», le sextuple champion du monde
britannique est le seul pilote noir de F1. Tout comme Yanniiiick Noah
est le seul noir français à avoir gagné au championnat de Roland
Garros, injustice à propos de laquelle je me propose d'écrire à
Lewis Hamilton, et à toute berzingue.
L'ECOLOGIE
COMME SOLUTION A LA CRISE CAPITALISTE ?
Not'président de la
République nous avait invité à nous « réinventer ».
Nous attendions donc, comme les journalistes, quelles mesures,
probablement néo-keynésiennes et plus thatchériennes, nous
proposer il allait. Il n'allait pourtant pas les sortir de sa poche
ou de son savoir limité d'énarque mais d'un machin dont la plupart
d'entre nous n'avions jamais entendu parler, un vague conclave de
citoyens destinés à nous définir nos besoins, quelle que soit
notre classe sociale d'appartenance. Qui ont fait subitement parler d'eux avec une proposition complètement irresponsable, voire hamonesque, de réduire le temps de travail à 28 heures, mais immédiatement dissoute à la veille du compte-rendu final.
Tout le monde
redevient keynésien, n'est-ce pas ? avec un retour à la
préférence au rôle centralisateur de l'Etat face aux marchés
erratiques et à la crise pandémique. Quoiqu'il faille nuancer avec
le keynésianisme, il est interprété en France comme une forme
d'Etat à la Colbert (vous savez ce honteux raciste colonialiste
créateur du code noir mais un des plus grands ministres de l'époque
de la noblesse...qui doit nous rendre définitivement fédéraliste
et charbonnier maître chez soi), on veillera à oublier ce grand
centralisateur pour ne pas fâcher les restaurateurs d'histoire
communautariste. Et à cracher sur sa statue dès la présence d'une
caméra de la télé « L'anticapitaliste » ou d'un
photographe de la diversité au service de Médiapart et du Bondy
Blog.
Pour
le rigolo contempteur littéraire des inégalités Thomas Piketty (il
battait sa femme), Emmanuel Macron "ne parvient pas à concevoir
un redémarrage différent de l'économie", en dépit de ses
promesses. Alors que sort le documentaire tiré de son navet pompeux,
Le
Capital au XXIe siècle,
il exauce une mondialisation plus équitable, cette farce réformiste
déniaisée par le marxisme depuis plus de cent ans. Comme n'importe
quel syndicaliste de base, Piketty réclame le rétablissement de
l'impôt sur les très riches, ce qui n'est ni révolutionnaire ni
une solution pour éponger les faramineuses dettes. Passé au service
du bourgeois Hollande puis à celui de l'inventeur du salaire minum
de misère Hamon, Piketty est inconsistant comme tous les Baverez et
autres pitres économistes de plateaux.
Du
chapeau de Macron n'est pas sorti un fleuron quelconque de l'économie
bourgeoise. Nous vivons une cruelle période pour les sachants, ils
sont tous aussi cons les uns que les autres comme le chante si bien
Pierre Perret. Voilà donc le nouveau lapin macronien, sorti du
chapeau, tout ébouriffé de paillettes. LA CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT ET sa centaine de VERSETS d'interdictions ! Une sorte de ridicule patchwork, code de la route punitif où l'écologie parodie le bon dieu. Ces divers citoyens choisis au hasard ont visiblement été drivés par des experts écologiques monastiques et bobologues, cette idéologie bourgeoise réac de l'austérité "naturelle" - ou retour improvisé à la nature et au vélocipède roi - où il faudrait produire moins, alors que nous les marxistes insistons pour produire "autrement" dans une autre société.
Je
ne me fatigue pas à résumer et recopie la presse du pensum élaboré par une centaine de zigotos choisis par qui et recrutés sous quels critères, promus conseillers du Macron en faillite ou colbertistes amateurs, nullement légitimes à représenter ni la bourgeoisie ni la classe ouvrière, certainement l'air du temps, c'est à dire les idéologies bourgeoises en vogue et plutôt coincées vu la situation catastrophique. Une sorte de macronisme vulgaire, improvisé. Ce ne sont plus ni partis ni classes sociales qui élaborent les programmes politiques mais "les gens"! De la gonflette. Encore un truc pas comestible.
« 150
mesures de la Convention citoyenne pour le climat arrivent sur la
table du gouvernement dimanche 21 juin. Parmi les propositions, le
passage à 110 km/h sur l'autoroute. La Convention citoyenne pour le
climat rend dimanche (aujourd'hui hé hé) ses propositions pour
lutter contre le réchauffement climatique "dans un esprit de
justice sociale", dont certaines pourraient déboucher sur
un référendum. Emmanuel Macron doit recevoir les "150
citoyens" qui la composent le 29 juin pour leur apporter de
"premières réponses". Le président s'est à plusieurs
reprises dit ouvert à l'idée d'interroger directement les Français
sur les questions environnementales, remises au centre du débat
public par la crise du Covid. Interrogée dans le JDD, la ministre de
la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, qui recevra
dimanche au nom de l'exécutif les propositions de la commission,
s'est également déclarée, "à titre personnel",
"favorable à un référendum ».
"Des
questions multiples permettraient de faire partager les travaux"
de la Convention "avec tous les Français". "L’organisation
prendrait du temps, mais ce serait utile pour faire mûrir la
conscience écologique", juge-t-elle. Les propositions de la
Convention arrivent aussi au moment où l'exécutif travaille sur son
plan de relance face à la récession dans laquelle la pandémie a
plongé l'économie. Le chef de l'Etat avait décidé d'organiser cet
exercice de démocratie participative inédit en France après la
crise des "gilets jaunes", déclenchée par l'annonce d'une
taxe carbone sur les carburants.
La
CCC (à ne pas confondre avec les anciennes initiales « soviétiques »
CCCP), mandatée pour proposer des mesures permettant de réduire les
émissions de gaz à effet de serre de 40%, n'a en tout cas pas remis
sur la table l'idée d'une telle taxe, mais proposé près de 150
autres mesures.
Une
des plus controversées, la réduction du temps de travail à quatre
jours (28 heures) par semaine, a été largement (65%) écartée
samedi, la seule a ne pas être adoptée par les membres. Outre les
conséquences sur les entreprises, beaucoup des 150 se sont inquiétés
de l'image que donnerait de leurs travaux une telle proposition: "on
va passer pour des guignols," a lancé une des membres. Autre
mesure qui devrait polariser l'opinion publique, la réduction de la
vitesse sur l'autoroute de 130 à 110km/h a recueilli 60% des
suffrages. La proposition a sans surprise déclenché l'ire des
associations d'automobilistes, faisant écho à la grogne déjà
déclenchée par les 80km/h.
Plusieurs
autres mesures visent à réduire la place de la voiture
individuelle, avec notamment une "amélioration du forfait
mobilité durable". La CCC propose aussi de renforcer le
bonus-malus écologique sur les véhicules, les aides à la location
longue durée et des prêts à taux zéro pour l'achat de véhicules
propres, l'interdiction dès 2025 de la vente de véhicules neufs
très émetteurs (+110 gr CO2/km) et d'interdire les centre-villes
aux véhicules les plus polluants. Parmi les autres mesures figure un
encadrement fort de la publicité, avec interdiction des panneaux
dans l'espace public extérieur et de la pub pour des produits à
fort bilan carbone - comme les gros véhicules type SUV. Ainsi que de
lourdes taxes sur l'alimentation ultra-transformée, l'interdiction
des semences OGM, une taxation plus forte des engrais azotés et la
réduction de moitié en 2030 de l'usage des pesticides, et
l'interdiction des plus dangereux d'ici 2035.
La
liste comprend aussi l'interdiction des terrasses chauffées ou de
l'éclairage des magasins la nuit (lubie de l'idiote Hidalgo), ou
encore une taxe sur les dividendes des sociétés pour financer la
transformation de l'outil productif. La Convention souhaite également
l'introduction dans le droit pénal français d'un crime "d'écocide",
une proposition rejetée récemment au Sénat et à l'Assemblée
nationale, et la création d'une "haute autorité" chargée
de faire respecter les "limites planétaires" jugées
soutenables pour la survie de l'humanité (réchauffement climatique
limité à 2 degrés par exemple).
Elle
demande également l’inscription dans la Constitution de la
préservation de la biodiversité, de l'environnement et de la
lutte contre le dérèglement climatique, la création d'un
"défenseur de l'environnement" et de renouveler
l'expérience de Convention citoyenne, éventuellement dans le cadre
d'une réforme du Conseil économique social et environnemental
(Cese), qui a accueilli leurs travaux.
Où
LA REINVENTION DE MACRON ACCOUCHE DE LA SOURIS DU PROGRAMME
ECOLO-BOBO
Face
à la crise sociale explosive le macronisme n'est même pas fichu de
réfléchir à la création de nouveaux ateliers nationaux comme en
1848, mais vient nous agiter cette écologie punitive, qui a déjà
pointé son nez avec des ristournes pour les bourgeois qui ont les
moyens de se payer des véhicules dits « propres » à
plus de 30.000 euros ! Seul le catéchisme syntaxique du discours bourgeois se trouve enrichi de cet affreux néologisme: l'écocide, petit frère du génocide et de l'insecticide.
Il
me suffit ici de parodier (en partie, je remplace au début le mot
travail par écologie) le Marx de la critique du programme de Gotha.
(La Critique du programme de Gotha est, avec le Manifeste du Parti
communiste, une des plus importantes contributions immédiates de
Marx à l'édification du programme historique du prolétariat ancien
comme moderne)6.
« Les
bourgeois ont d'excellentes raisons pour attribuer à l'écologie
cette surnaturelle puissance de création : car, du fait que
l'écologie est dans la dépendance de la nature, il s'ensuit que
l'homme qui ne possède rien d'autre que sa force de travail sera
forcément, en tout état de société et de civilisation, l'esclave
d'autres hommes qui se seront érigés en détenteurs des conditions
objectives du travail. Il ne peut travailler, et vivre par
conséquent, qu'avec la permission de ces derniers ».
Marx était déjà
un vrai écologiste avant tous nos écologistes modernistes puisqu'il
contrait déjà Lassalle auteur de ce programme fumeux en lui
répliquant que le travail n'est pas la seule source de richesse7.
Avec le ridicule « tous ensemble » syndical, la
proposition écologique est le deuxième oxymore honteux de la fin de
règne capitaliste, il nous suffit là de reprendre encore Marx mot à
mot :
« En fait,
cette proposition a toujours été défendue par les champions de
l'ordre social existant, à chaque époque. En premier viennent
les prétentions du gouvernement, avec tout ce qui s'ensuit, car le
gouvernement est l'organe de la société chargé du maintien de
l'ordre social ; puis viennent les prétentions des diverses
sortes de propriété privée qui, toutes, sont le fondement de la
société, etc. On le voit, ces phrases creuses peuvent être
tournées et retournées dans le sens qu'on veut ».
Sempiternellement la
bourgeoisie reprend la fausseté de l'idée d'égalité, qui
éliminerait misère et exploitation, violence sociale et racisme.
Engels répond aussi clairement en annexe à la critique du programme
de Gotha :
« L'expression
« destruction de toute inégalité sociale et politique »
au lieu de « abolition de toutes les différences de classes »
est également très suspecte. D'un pays à l'autre, d'une province à
l'autre, voire d'un endroit à l'autre, il y aura toujours une
certaine inégalité dans les conditions d'existence, inégalité que
l'on pourra bien réduire au minimum, mais non faire disparaître
complètement. Les habitants des Alpes auront toujours d'autres
conditions de vie que les habitants des plaines. Se représenter la
société socialiste comme l'Empire de l'égalité est une conception
française trop étroite et qui s'appuie sur la vieille devise
Liberté, Égalité, Fraternité, conception qui, en ses temps et
lieu, a eu sa raison d'être parce qu'elle répondait à une phase
d'évolution, mais qui, comme toutes les conceptions trop étroites
des écoles socialistes qui nous ont précédés, devrait à présent
être dépassée, puisqu'elle ne crée que de la confusion dans les
esprits et qu'elle a été remplacée par des conceptions plus
précises et répondant mieux aux réalités ».
Les 150 versets
écolo-humanitaristes du CCC font penser au programme de Lassalle
dont se moquait Engels, qui reste une simple billevesée comparé à
notre grand classique le Manifeste de 1848 ; quant aux 150
propositions du CCI (x), elles ne sont que pets de souris que l'icône de
l'Elysée va marchander et philosopher, avec le même bla-bla
impuissant qu'il avait utilisé pour clore la séquence gilet jaune. (x) hi c'est une faute de frappe mais je la laisse parce qu'elle est drôle.
« Une série
de revendications platement démocratiques, rédigées dans l'esprit
et le style du Parti populaire (…) Une quantité de
propositions prétendues communistes, empruntées en majorité au
Manifeste communiste, mais remaniées de telle façon que, examinées
de près, on s'aperçoit qu'elles contiennent toutes sans exception
des imbécillités horripilantes. Quand on ne comprend pas ces
choses-là, il ne faut pas y toucher, ou bien il faut les recopier
textuellement d'après ceux qui s'y connaissent mieux.(...)
Heureusement, le programme a été apprécié plus favorablement
qu'il le méritait. Ouvriers, bourgeois et petits bourgeois y lisent
ce qui devait vraiment s'y trouver, et non ce qui s'y trouve
effectivement ; et il n'est même venu à l'esprit de personne
d'examiner publiquement le contenu réel d'une de ces merveilleuses
phrases. Cela nous a permis de nous taire. En outre, on ne peut
traduire ces phrases dans une autre langue sans être obligé ou bien
d'écrire un fatras dont l'ineptie est évidente, ou bien d'y
substituer un sens communiste ; cette dernière façon est celle
de nos amis comme de nos ennemis. C'est ce que j'ai été obligé de
faire moi-même pour une traduction destinée à nos amis
espagnols ».
Une fois écrémé
tout ce bla-bla écolo bourgeois « pour sauver la planète
capitaliste », il restera la réalité nue, la crise, la
maladie, la mort, et surtout misère et toujours plus de répression. 300 millions de chômeurs dans le monde et moi, émoi?
Quant au projet de référendum "écologique" (?) il fait déjà rire la France entière, la laborieuse celle qui ne se déplace plus aux urnes truquées du capital et cet électorat à qui on ne fera plus le coup de pied de l'âne du traité de Lisbonne. L'Etat bourgeois est incontestablement affaibli par la crise partout et ce n'est pas la faute à Macron ou Tartempion Trump. Le souci à la "rentrée", ce ne sera pas la taxe carbone ou le niveau des mers mais:
- avoir un emploi
- finir le mois
- quelle sécurité dans la rue et au travail?
Quant au projet de référendum "écologique" (?) il fait déjà rire la France entière, la laborieuse celle qui ne se déplace plus aux urnes truquées du capital et cet électorat à qui on ne fera plus le coup de pied de l'âne du traité de Lisbonne. L'Etat bourgeois est incontestablement affaibli par la crise partout et ce n'est pas la faute à Macron ou Tartempion Trump. Le souci à la "rentrée", ce ne sera pas la taxe carbone ou le niveau des mers mais:
- avoir un emploi
- finir le mois
- quelle sécurité dans la rue et au travail?
Macron arrivera-t-il à la cheville de Roosevelt. Dans un constat hypocrite dénonçant l'oligarchie financière et la fin de l'ouverture totale des frontières, le président américain déplorait les limites du libéralisme: "Nous ne sommes plus en mesure d'inviter les migrants d'Europe à partager notre abondance illimitée. Nous pouvons tout juste offrir une existence morne à notre propre peuple"(discours à Chicago 23 septembre 1932). Roosevelt promit de grands travaux mais la seule relance qu'il engagera aura lieu au moment de l'effort de guerre. (cf. p. 85 "Comment j'ai vaincu la crise").
Macron pense-t-il que le marché écologique peut sérieusement permettre de "grands travaux" pour éponger 800.000 chômeurs à la rentrée? Ou mise-t-il sur une guerre avec l'impérialisme turc qui vient d'humilier la flotte nationale?
ANNEXE :
je ne résiste pas à reproduire la critique du « partage
équitable » qui est très en vogue chez les bobos parisiens, à
la suite du trust minable « artisans du monde ». Marx et
Engels ont déshabillé cette idéologie de petit boutiquier pour
pauvres définitifs il y a près de 150 ans !
« Les
bourgeois ne soutiennent-ils pas que le partage actuel est
« équitable » ? Et, en fait, sur la base du mode
actuel de production, n'est-ce pas le seul partage « équitable »
? Les rapports économiques sont-ils réglés par des idées
juridiques ou n'est-ce pas, à l'inverse, les rapports juridiques qui
naissent des rapports économiques ? Les socialistes des
sectes 9
n'ont-ils pas, eux aussi, les conceptions les plus diverses de ce
partage « équitable » ?
Pour savoir ce qu'il
faut entendre en l’occurrence par cette expression creuse de
« partage équitable », nous devons confronter le premier
paragraphe avec celui-ci. Ce dernier suppose une société dans
laquelle « les instruments de travail sont patrimoine commun et
où le travail collectif est réglementé par la communauté »,
tandis que le premier paragraphe nous montre que « le produit
appartient intégralement, par droit égal, à tous les membres de la
société ».
« A tous les
membres de la société » ? Même à ceux qui ne
travaillent pas ? Que devient alors le « produit intégral
du travail » ? - Aux seuls membres de la société qui
travaillent ? Que devient alors le « droit égal »
de tous les membres de la société ?
Mais « tous
les membres de la société » et le « droit égal »
ne sont manifestement que des façons de parler. Le fond consiste en
ceci que, dans cette société communiste, chaque travailleur doit
recevoir, à la mode lassallienne, un « produit intégral du
travail ».
Si nous prenons
d'abord le mot « produit du travail » (Arbeitsertrag)
dans le sens d'objet créé par le travail (Produkt der
Arbeit), alors le. produit du travail de la communauté, c'est
« la totalité du produit social » (das
gesellschaftliche Gesamtprodukt).
(et merci à
Jonathan pour la suggestion du titre général de cet article
NOTES
1Cf.
journal « Révolution sociale » n°7, mars 1982. Dans ce
numéro les copains du PIC (pour une intervention communiste) se
moquaient royalement de la vedette d'époque le guru Castoriadis
[« nouveau prophète de l'Occident »], dont il était
rappelé quelques annotations encore si actuelles de nos jours
(Casto croyait à une transformation pacifique du capital moderne)
mais nuançant dans le cas amériacin : « Tout juste
existe-t-il des lobbies (noirs, jeunes, femmes, ouvriers) qui, aux
USA notamment de par leurs luttes partielles, ont accéléré la
décomposition de ces sociétés ».
J'utilise le terme copains par
provocation, car à l'époque il était mal vu de l'utiliser dans
R.I. Ce qui n'était pas le cas dans les minorités oppositionnelles
de l'avant-guerre, où entre camarades d'organisations différentes
il était courant de parler de « copains » (précaution
de langage pour esquiver le terme camarade qui faisait trop
communiste?); dans les comptes rendus des réunions de la Ligue
communiste, on peut lire une intervention du jeune Marc Chirik, qui
tient la dragée haute aux Naville, Frank et Molinier : « A
Lyon, il y avait des groupements souvariniens dispersés qu'on peut
trouver super. Il y a le groupement de l'O.U.qui comprend une
douzaine de copains, avec des copains italiens bordighistes. Ils se
bornent à une intervention syndicale. L'Opposition de gauche se
compromet avec les voix des chefs de l'O.U.à Lyon, comme Revol ;
on peut travailler les militants. Mais les chefs ne sont pas à
gagner. Sur le rapport moral du Camarade Molinier, c'est la première
fois qu'on voit les fautes prises à leur racine. La crise n'est pas
née par hasard. Elle est dûe à des causes nettes et si on
continue la nouvelle expérience de l'Opposition de gauche échouera
en France. La Ligue a été créée artificiellement, seulement pas
des coups d'amitié. Où sont ceux qui ont créés la Ligue ?
Il n'y reste que Molinier. Les camarades comme P. ont surgi tout à
coup comme chefs de l'Opposition sans être des ouvriers. Naville
dit qu'on n'a pas fait de fautes. Or, à la réunion d'unification,
on avait convoqué une centaine d'ouvriers (…) ça a été
Gourget. Il disait que l'Unité était impossible. La CGT parlait
d'aristocrates. On traitait Marc et Treint de syndicalistes. A …
les copains ont été repoussés ». (juillet 1931) [débats
internes lisibles sur le site de l'institut d'histoire sociale
d'Amsterdam]
3La
petite bourgeoisie trotskienne n'est pas totalement dans l'erreur,
ce que je lui reproche c'est de poser les problèmes à l'envers et
de perdre de vue que les couches ou catégories petites bourgeoises
sont incapables de diriger le prolétariat du point de vue de
classe. Cela ne signifie pas qu'une révolution pourrait se passer
des couches intermédiaires, comme du peuple en général, puisque
c'est toujours une minorité qui profite de l'oppression contre
l'immense majorité. Engels dénonçait en son temps la phrase
« ronflante » de Lassalle : « Vis à vis de
la classe ouvrière, toutes les autres classes ne forment qu'une
seule masse réactionnaire ». Engels précisait : « Cette
phrase n'est vraie que dans quelques cas exceptionnels, par exemple
dans une révolution du prolétariat comme la Commune, où dans un
pays où ce n'est pas la bourgeoisie seule qui modelé l'Etat et la
société à son image, mais où, après elle, la petite bourgeoisie
démocratique a achevé cette transformation jusque dans ses
dernières conséquences ». Dans une lettre de 1882, Engels
est plus explicite : « En fait, tout au contraire, la
révolution commence par ceci que la grande majorité de la nation
et aussi des partis officiels s'unissent contre le gouvernement qui
reste ainsi isolé, et le renversent, et c'est seulement alors qu'il
devient possible de raffermir notre pouvoir. Si nous voulons
commencer la révolution par la fin, cele ne nous porterait pas
bonheur ». En fait je pense que cette deuxième explication
n'est pas forcément explicite ni judicieuse pour le moment que l'on
vit. Les bordels syndicaux et antiracistes contribuent eux à
renforcer l'Etat !
5J'en
profite pour vous sortir de mes archives une autre lettre de
compromission. La lettre du fameux général De Gaulle au PCF le 10
février 1943, en pleine guerre, est un exemple de la duplicité des
fractions bourgeoises entre elle, comment des adversaires hargneux
et verbeux en public, se concertent hors champ dans l'union
nationale.
LETTRE du Général De Gaulle à MM. Les
membres du comité central du parti communiste français
L'arrivée de Fernand Grenier, l'adhésion du
Parti Communiste au Comité National qu'il m'a apporté en votre
nom, la mise à ma disposition en tant que Commandant en Chef des
Forces Combattantes Françaises des Vaillantes formations de
Frenc-Tireurs que vous avez constituées et animées – voilà
autant de manifestations de l'unité française, voilà une nouvelle
preuve de votre volonté de contribuer à la libération et à la
grandeur de notre pays. Convaincu que votre décision apporte une
contribution importante à l'intérêt national, je vous en remercie
sincèrement.
De grands efforts, de grands sacrifices vont
seront demandés après tous ceux que les membres de votre Parti ont
déjà consenti au service de la France.
Vous savez comme moi qu'une coordination
efficace des organisations de résistance est indispensable au but
que nous poursuivons en commun : la libération de la France
aussitôt que possible avec la participation active et efficace des
Français. Je suis certain que les représentants que j'ai désignés
trouveront chez les responsables du Parti Communiste Français une
volonté de coopération poussée jusqu'à l'esprit de sacrifice et
la même loyale discipline qui existe déjà à l'intérieur de vos
organisations (sic). Mes représentants vous feront part des
décisions prises ici et auxquelles Fernand Grenier a participé.
Vous aurez su que dès sa réception j'ai
acheminé sur l'Afrique du Nord la lettre destinée aux députés
communistes emprisonnés. Je regrette que malgré nos démarches
répétées leur élargissement n'ait pris place qu'au début de
février. La mission de liaison de la France Combattante qui doit se
rendre prochainement en Afrique du Nord portera à vos camarades un
message de Grenier.
L'heure des plus durs efforts approche. Au
moment où sous les coups des vaillantes Armées russes la puissance
militaire allemande chancelle il importe que les Français patriotes
prennent leur part aux côtés de nos alliés russes et
anglo-américains à la libération du territoire national. Je sais
que la France combattante peut compter sur le Parti Communiste
Français ».
Le général auto-désigné de la bourgeoisie
émigrée ne manque pas d'air. On sait que ses capacités de
recrutement et d'envoi des ouvriers au casse-pipe ont été
dérisoires. Churchill croyait qu'il allait pouvoir lui fournir des
milliers de chair à canon. Peau de balle ! Sa mansuétude à
l'égard du parti stalinien confirme que ce parti sadique est le
seul qui pouvait mener à bien une partie du recrutement militariste
des ouvriers restés en France ; mais ce ne fut pas massif, sur
les chars de Leclerc il y avait des antifascistes espagnols et des
troupes coloniales... Quant au soutien de la Russie, De Gaulle ment
en ne précisant pas que 70% du matériel militaire du grand
Staline, est américain et qu'il a bénéficié du prêt-bail,
sinon, même avec ses chevaux glacés, Hitler aura ravagé toute la
Russie.
6Le
programme de Gotha est étatiste dans la mesure où il est perçu
comme un outil pouvant être au service du prolétariat,
occultant sa propension naturelle à l’oppression. Pour autant
Marx ne rejette pas une violence d'Etat transitoire (qui sera
malheureusement caricaturée par l'expérience bolchevique) qu’il
convient de canaliser durant une période extrêmement brève :
c’est la dictature
(provisoire dans le temps) du prolétariat.
Entre la société capitaliste et la société communiste se place
la période de transformation révolutionnaire de l’une en
l’autre, à quoi correspond une période de transition politique,
où l’État ne peut être autre chose que la dictature
révolutionnaire du prolétariat (à entendre ici du point de vue
romain – c'est-à-dire contre la tyrannie – et provisoire). Le
texte possède une dimension anti-étatiste,
que l’on retrouve déjà dans La
Guerre civile en France
(1871). Marx explique que le maintien de l’État n’est qu’une
phase transitoire et que l’objectif des communistes reste
l’abolition de l’État. L’État ne doit pas éduquer le peuple
mais c’est plutôt l’État qui a besoin de recevoir une rude
éducation de la part du peuple. Il lui paraît nécessaire que,
dans un premier temps, l’État soit ainsi sous le contrôle de la
population, contrôle que le milieu maximaliste avec Chirik a eu
tendance à limiter aux mains du seul prolétariat... encore une
discussion qui tarde hélas à se poursuivre internationalement et à
s'approfondir.
7Le
texte est basé autour des quatre enjeux, le travail, le droit, la
lutte
des classes
et
l'État. Le travail n’est pas la source de toute richesse dans la
mesure où la nature est aussi valeur d’usage. En ce sens, l’homme
n’est pas maître de la nature, ce qui constitue une dimension
écologique. Le mode de production façonne le travail et
conditionne la distribution. De même, le problème n’est pas le
travail en soi mais le système du salariat.
Marx critique ainsi le programme allemand qui s’attaque à la
distribution sans en chercher les causes au sein de la production.
Il explique de plus que le travail est central puisqu’il est la
mesure de l’égalité en ce sens qu’il est le même étalon et
qu’il ne reconnaît aucune différence de classe.
8
Voir J'article critique d'Engels « Un salaire équitable pour
une journée de travail équitable », dans l'ouvrage de
Marx :Salaire, prix et profit, E. S. 1966, pp. 77-80.
9
C'est-à-dire les saints-simoniens, fouriéristes, icariens,
owenistes, etc. Dans la brochure, les Prétendues scissions dans
l'Internationale (Londres, 1872), Marx a écrit : « La
première phase de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie
est marquée par le mouvement sectaire... Les sectes, leviers du
mouvement à leur origine, lui font obstacle dès qu'il les
dépasse... Enfin, c'est là l'enfance du mouvement prolétarien,
comme l'astrologie et l'alchimie sont l'enfance de la science. »
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