"Désormais,
quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit"
Nicolas
Sarkozy (juillet 2008)
« Jojo
avec un gilet jaune qui a le même statut qu'un ministre ».
Emmanuel
Macron (décembre 2018)
« On
a commencé la politique riches, on la finit pauvres ». Patrick
Balkany
« La
bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités
considérées jusqu'alors, avec un saint respect, comme vénérables.
Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, l'homme de science,
elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré
le voile de sentimentalité touchante qui recouvrait les rapports
familiaux et les a réduits à de simples rapports d'argent »
Marx
L'Etat
français, après avoir éborgné et mutilé tant de gens
manifestants, poussé à la noyade un jeune homme qui n'avait que le
tort de s'amuser, veut se racheter en nous expliquant le bien-fondé
des dépenses auxquelles il se livre après avoir empoché le produit
social. Il nous explique comme à des débiles que les dépenses de
l’État comprennent des dépenses de personnel, de fonctionnement,
d’intervention (exemple : aides économiques), d’investissement
(exemple : construction des routes) ainsi que le remboursement des
intérêts de la dette. Les trois principaux postes des dépenses
publiques sont les retraites, l'assurance maladie et l'éducation
nationale. Ils représentent plus de 55 % à eux trois ». C'est
donc la population en retraite, les malades et l'éducation
(inégalitaire) qui « coûteraient » le plus à la bonté
de l'Etat. Emmanuel Macron et son gouvernement ont plus d’un
(mauvais) tour dans leur sac. À grand renfort de com’, ils veulent
faire accroire surtout à la classe ouvrière muette que tout va
beaucoup mieux. À lire le projet de loi de finances pour 2019, on
voit qu’il n’en est rien. Le
déficit de l’État, déjà abyssal, ne cesse de se creuser :
69 milliards d’euros en 2016, 76 milliards en 2017, 83 milliards en
2018, 98,7 milliards d’euros prévus en 2019. Concrètement, quand
l’État prend 100 aux contribuables, il dépense 130. À mi-mandat
(fin 2019), la dépense publique aura augmenté de 51 milliards
contre 37,1 milliards pour
la même période sous François Hollande,
comme le signale le rapporteur macroniste du Budget à l’Assemblée,
Joël Giraud soi-même.Conséquence, les impôts explosent :
1 057 milliards d’euros de prélèvements obligatoires en
2018, 1 070 milliards en 2019… En 2002, le montant n’était
« que » de 670 milliards.
Au
début de son imposant ouvrage – Le capital au XXI ème siècle –
Thomas Picketty salue les économistes du XIX e siècle, incluant un
Marx « mal informé et parfois obscur »1 :
« Il est plus que temps de remettre la question des inégalités
au cœur de l'analyse économique et de reposer les questions
ouvertes au XIX e siècle »2.
A la page précédente il notait : « Nous verrons que la
forte réduction des inégalités de revenus qui se produit un peu
partout dans les pays riches entre 1914 et 1945 est avant tout le
produit des guerres mondiales et des violents chocs économiques et
politiques qu'elles ont entraînés... ». On a ainsi dès le
départ un résumé d'un raisonnement économiste hors de la réalité
du capitalisme et de l'impérialisme. Je reviendrai à plusieurs
reprises sur les facéties de cet économiste qui battait son
ex-femme Aurélie Filipetti.
« Bercy
montre que les pauvres restent dans la mouise malgré la
redistribution », titrait un récent article le Figaro qui
se moque....
« Dans
les avis d’imposition que les Français reçoivent actuellement, le
ministère des Comptes publics prend des exemples tellement
caricaturaux pour prouver le bien-fondé de sa politique que la
démonstration se retourne contre lui.
Qu’ils
paient ou non l’impôt
sur le revenu,
les 38 millions de foyers fiscaux français reçoivent actuellement
leur avis d’imposition au titre des revenus 2018. Rien de plus
classique en cette période de l’année. Ce qui l’est moins,
c’est la leçon d’économie politique que Bercy entend prodiguer
à cette occasion. Un véritable exercice pro domo pour justifier le
modèle français, «la France ayant fait le choix d’un système
combinant haut niveau de prélèvement et haut niveau de transferts
et de services publics» nous dit le document reçu par tout un
chacun. Lequel fait par ailleurs l’objet d’un site spécial,
«aquoiserventmesimpots.gouv.fr».
Soucieux
de ménager la chèvre et le chou, les 56% de foyers français d’un
côté qui n’acquittent pas l’impôt sur le revenu, et de l’autre
les 44% qui le paient, Bercy tient un double langage. À destination
des premiers, qui auraient tendance à se plaindre de leurs faibles
... »
Heureusement
on fait croire que nombreux sont ceux qui ne payent pas d'impôts
même s'ils payent quand même les indirects et sont insécurisés et
flexibilisés dans leur quotidien... On n'épiloguera pas sur le
train de vie sénatoriale de tous les parasites politiques au pouvoir
dont l'affaire Rugy a révélé finalement que « c'est
normal », de même qu'est normal l'accroissement faramineux du
budget militaire3.
Tout est bon pour masquer les privilèges du pouvoir, dont il use et
abuse sans vergogne de Rugy à Hidalgo et Mélenchon. Certains
journalistes suce-boules du pouvoir vont même jusqu'à assurer que
c'est le mouvement des vestes jaunes qui a mis le budget de l'Etat
sur la paille. Etonnez-vous que du fumier soit répandu depuis un
moment sur les permanences des bureaucratie politiques. Puisque
syndicats et partis sont conçus comme définitivement pourris,
l'allusion à la révolte en veste jaune est devenue la référence
pour être de gauche avec les complaintes hasardeuses sur
l'antiracisme, le retour d'Hitler et le sauvetage oecuménique des
migrants en mer. On me permettra de me ficher de cette référence
outrancière aux derniers mohicans gilets jaunes. Tout est fait pour
les victimiser à double sens, intimidation et sanctification. La
presse pipole adore broder sur les quatre mousquetaires, tout en les
ridiculisant un peu plus. Drouet prétend se présenter aux élections
présidentielles, or à mon avis il faut au moins le brevet et une
maîtrise du français pour postuler. Depuis que ses chevilles ont
enflé, alors qu'il ne sait pas aligner deux mots correctement en
public, il pose au gourou ; il m'a d'ailleurs banni assez
rapidement de son site sans cervelle parce que je lui avais demandé
de corriger ses ramassis de textes bourrés de fautes, et pas
méchamment ; lorsqu'on a vocation à jouer un rôle public il
est interdit de persister dans son ignorance sauf à considérer que
le langage SMS est le top du progrès social et politique. Flyer
rider reste conforme à son comportement de hippie itinérant. Le
portugais éborgné reste conforme à ses pauses agressives et s'est
pris les pieds dans le tapis lorsqu'on apprit son comportement
violent vis à vis de sa compagne ; même si l'algarade a été
exagérée par la presse, cela fait désordre pour ces gens qui
veulent succéder à l'idéologie de gauche éparpillée et en vois
d'annihilation. Priscilla elle est moins pointée du doigt, mais le
résultat est aussi catastrophique que pour ses compères, elle
épouse toutes les modes gauchistes après avoir été suivre les
leçons du louche propagandiste (Chouard) de cet imbécile RIC. La
protestation qui prétend durer éternellement s'est fondue dans la
noria des thèmes à gauchistes.
Que
certains de nos intellectuels d'ultra-gauche, y inclus les
modernistes, et d'ex militants du CCI se soient pris de passion dans
la durée pour feu le mouvement gilet jaune révèle les limites des
concepts anti-capitalistes caméléons des professionnels de la
conscience apportée de l'extérieur. Les résidus de gilets jaunes
peuvent s'amuser en bordure du cirque médiatique en durer même sept
années comme le mouvement poujadiste il n'ont pas plus d'avenir que
ce dernier. Ce ne fût qu'un soubresaut non pas de vagues couches
moyennes mais des couches les plus pauvres cornaquées par des
artisans et des commerçant floués par le système élitaire, qui ne
veulent surtout pas le mettre en cause mais avoir droit au plaisir de
partager mieux le règne de la marchandise. Du fait de la longue
passivité politique de la classe ouvrière, la presse bourgeoise se
sert de l'aspect spectaculaire et émeutier du mouvement de la veste
jaune pour livrer une analyse réductrice de la lutte des classes en
termes de pauvres contre les riches où les dits « pauvres »
vivent une infériorité dans la représentation d'eux-mêmes, ce qui
rejoint une thèse de Bourdieu qui considérait que « les
luttes des classements, individuelles ou collectives » sont une
dimension oubliée de la lutte des classes. En effet le mouvement
veste jaune se situe plus au niveau d'une « lutte des
classements » typique des complexes de la petite bourgeoise,
instable et peu considérée en effet socialement et politiquement à
la fois par les prolétaires4
et par la haute bourgeoisie. La pauvreté qui touche ces prétendues
« couches moyennes » (de la campagne) n'est pas vécue
comme une situation définitive, mais un processus de déstabilisation
voulu « par les riches » et « leurs politiciens »
dans une vie marquée par « l'incertitude du lendemain » ;
ce qui donna en effet plus une tonalité 1789 que 1917, avec cette
définition du pauvre selon Babeuf et les drapeaux tricolores
ubuesques.
Nous
étudierons donc non seulement le mépris de la haute bourgeoisie
« riche » mais aussi la manière dont elle occulte son
fonctionnement élitaire même si celui-ci est transparent aux yeux
de la population, et engendre une haine permanente qui n'est pas
forcément le meilleur ferment à l'éveil d'une conscience de
classe. De plus l'exclusion dont sont victimes tant d'artisans et de
petits commerçants comme beaucoup plus d'ouvriers, confirme que le
travail ne met pas à l'abri de la pauvreté du lendemain, au risque
de déchoir socialement, même temporairement. Nous montrerons donc
ce qui ne peut être contenu dans les statistiques ni dans les
radotages généralistes des sectes plus ou moins marxiennes. Il
s'agit aussi d'une révolte contre l'instabilité si bien représentée
par l'ubérisation dans un combat qui est devenu quotidien pour la...
survie.
Comme
dans la Russie post-stalinienne, où la nouvelle bourgeoise s'inspire
complètement de l'occidentale, les « pauvres » ou
« exclus » sont perçus (quoique plutôt stigmatisés)
comme fainéants, incapables, extrémistes et inconséquents
politiquement5.
Le mépris des intellectuels gauchistes, ex-tiers-mondistes dits
« insoumis », devenus écolos bornés, à l'égard des
« beaufs », et défenseurs démagogiques de la jeunesse,
des races et des travailleurs comme catégorie syndiquée, contient
le même discours culpabilisateur que la bourgeoisie « libérale »
comme quoi la « populace » est à la fois incapable de
sacrifices (y inclus révolutionnaires) pour la réussite des
réformes (= attaques anti-ouvrières), s'enferre dans un racisme
intrinsèque et est incapable de se rendre compte que les migrants
sont ses « frères de classe »6.
Les médias font une large place à cet antiracisme oecuménique et à
ce démocratisme donneur de leçon pour ridiculiser plus encore tout
« messianisme prolétarien » d'une classe « rabougrie »,
réduite à des couches « arriérées » et qui l'ont bien
cherché voire mérité ; la négation du prolétariat
n'est-elle pas au fond le principal aspect de ce simulacre de
démocratie conviviale ? Pendant complémentaire de la haute
bourgeoisie, le gauchisme et tous ses dérivés
« associassionnistes » ne cessent de discréditer la
dérive « extrémiste » (lepéniste) d'une catégorie de
la population « lumpenisée » (lepénisée) dont personne
ne se soucie ni des motivations ni de l'appartenance de classe. Sur
ce plan, la révolte de la veste jaune avait effectivement
déstabilisé les professionnels de la formulation de la révolte in
et de la liberté out.
UN
PROLETARIAT découpé en strates hostiles
Cette
paupérisation et exclusion d'une masse croissante de la population,
masquées par les mirifiques aides sociales au compte-goutte, n'est
qu'une prolétarisation méconnue et niée. Le mouvement veste jaune
a pris une veste finalement, malgré la résistance impuissante de
ses épaves petites bourgeoises, parce qu'il n'a été que
l'expression de la désagrégation sociale, qui explique la passivité
politique du prolétariat, (et non pas, comme je le répéterai,
comme expression déviée d'une colère de ce prolétariat).
Depuis
cent ans que gauche, extrême et ultra gauche ont rêvé
d'unification de la classe ouvrière vers un mythique grand soir –
pourquoi pas ? - le hic qui est resté sous le boisseau, sauf
pour ceux d'en bas et les exclus en général, réside dans les
modalités de la prise du pouvoir, certes envisagé selon la règle
de l'éligibilté/révocabilité ? Qui sera élu et sur quels
critères ? Les sociologues des années 1960 aux années 1990
avaient relevé l'extrême hétérogénéité, rivalité et
hiérarchisation des relations dans une même corporation7.
UNE
SOCIETE DE CADRES…
Picketty
fait un constat juste : « Dans une large mesure, nous
sommes passés d'une société de rentiers à une société de
cadres, c'est à dire d'une société où le centile supérieur est
massivement dominé par des rentiers (des personnes détenant un
patrimoine suffisamment important pour vivre des rentes annuelles
produites par ce capital) à une société dont le sommet de la
hiérarchie des revenus – y compris le centile supérieur – est
composée très majoritairement de salariés à haut salaire, de
personnes vivant du revenu de leur travail »8.
Il
s'agit d'un « décrochage » des super-cadres, non d'une
modernisation sociologique bourgeoise (une sorte de prolétarisation
comme diraient nos vieux modernistes), dont Picketty donne une
explication hilarante :
« …
il est possible que ce décrochage s'explique également par une
forme « d'extrémisme méritocratique », c'est à dire
par un besoin des sociétés modernes (sic) et en particulier de la
société américaine, de désigner elles-mêmes des gagnants et de
leur offrir des rémunérations d'autant plus extravagantes qu'ils
semblent avoir été choisis en fonction de leur mérite propre et
non suivant les logiques inégalitaires du passé » (p.531).
Le
problème pour Picketty n'est pas la capitalisme comme un tout
morbide et destructeur mais le surplus d'enrichissement (jalousie
typique du bobo de classe moyenne) : « les fortunes se
multiplient et se perpétuent parfois au-delà de toute limite et de
toute justification rationnelle possible en termes d'utilité
sociale »9.
Temporisée
par le cadre de l'Eduque naze…
Il
faut qu'on s'arrête à présent sur cette partie plus traditionnelle
d'éducation à la société bourgeoise, le personnel enseignant qui
a perdu toute sa superbe du XIX e siècle. Dans
une société où la part des professions intellectuelles et des
cadres supérieurs a fortement augmenté, leur statut social s’est
relativement déprécié.
Dans
toutes les formes d'association, du plus petit syndic d'immeuble au
groupe politique gauchiste les enseignants trustent les postes de
« direction »10.
Les profs, qui font partie indéniablement du prolétariat, ont un
tic rédhibitoire : une vocation obstinée au commandement,
malgré leur ravalement au rang de petits télégraphistes du système
11.
Ils ne sont rien eux aussi pour l'ordre bourgeois, tant qu'ils se
contentent de reproduire les inégalités sociales, même
involontairement, alors, disposant d'une meilleure faculté
d'expression et de l'aura de leurs diplômes, ils tentent de se
hisser autrement et contre cet ordre. Ils
eurent un rôle crucial dans la formation de la morale et de
l'idéologie de la gauche bourgeoise ces instituteurs, puis ces
professeurs de l’enseignement secondaire, au sein des partis contre
révolutionnaires SFIO, parti radical puis PCF et filiales
gauchistes, en tant que militants et élus, porteurs, pour la
plupart, de l'idéologie de l'intérêt national, de l'Etat
d'assistance et des vertus de l'encadrement syndical.
Plus
engagés à batailler politique que le reste de la population, c'est
parce que dieu est mort que ces intellectuels se sont convertis en
politique, ils eussent été curés au dix-huitième siècle. Ce sont
souvent des enfants de militants syndicaux, la propagande n'est-elle
pas éducation ? Après guerre l'’embourgeoisement des
enseignants n’avait pas été plus important que dans le reste de
la société française, si la part relative des enseignants issus
des classes populaires n’a pas beaucoup évolué rapportée à leur
part dans la population active depuis 1970, leur niveau d’études
s’est en revanche fortement élevé de même que le nombre des
recrutés sur concours alors que disparaissaient les Écoles normales
d’instituteurs.
Leur
sentiment de déclassement les empêche de s'embourgeoiser et est au
fondement de la désyndicalisation avec une moindre appétence à
s’engager dans l’action collective. Plus que les ouvriers ils
sont les victimes involontaires d’un système qui les dépasse,
mais dont on les rend responsables12.
LE
DESENGAGEMENT DE L'ETAT LIBERAL
Il
n'y a que Picketty pour miser sur un « retour de l'Etat »
social !13
Avec les communautarismes et transnationalismes, la société
capitaliste génère l'atomisation (déjà soulignée en 1968) et la
précarité sociale, dissolution apparente mais fausse des groupes
sociaux, concurrence intense pour le lucre et la fausse vie et des
rapports de plus en plus aliénés avec autrui. Les notions de
conscience collective sont systématiquement discréditées aussi
bien dans la vie personnelle que dans l'entreprise où les patrons
n'ont même plus besoin du sale boulot des syndicats pour diviser les
prolétaires14.
L'idée que la grève ne sert plus à rien et que les travailleurs du
rang ne sont pas assez diplômés pour s'occuper de politique
encouragent à l'abstention, une auto-exclusion du champ politique,
même extra-parlementaire. Incompétents de tous les pays ne vous
unissez pas ! Le travailleur précarisé perçoit les CDI comme
des privilégiés et pas du tout comme des « frères de
classe » (= résultat de cent années d'accumulation de grèves
syndicales corporatives). Pour eux l'exploitation n'est pas le
problème, l'exclusion si.
Même
si le vrai chômage permanent ne concerne en vérité qu'un peu plus
de deux pour cent en France, l'idéologie dominante est parvenue à
nous inculquer que la majorité des « pauvres » a un goût
trop marqué par l'assistanat, alors que cette « tare »
confirme seulement que le travail en régime capitaliste est une
torture !
Partout
on arrive à nous convaincre qu'on est « de trop ». Sous
les simagrées démocratiques , c'est encore et toujours une couche
restreinte de la population – même s'il subsiste encore un épais
matelas de bobos écolos en 4X4 – qui accapare les richesses
produites par la majorité qui constitue le prolétariat moderne.
C'est le classique processus d'accumulation du capital au détriment
de ceux qui vivent de leur travail où la paupérisation des
prolétaires prend la forme d'une déstabilisation de la condition...
salariale, sans faire disparaître la classe ouvrière comme telle
mais où des masses d'individus sont rendus d'autant plus dépendants
de leur travail qu'ils sont moins regardants sur les conditions du
travail. L'Etat redonne tous pouvoirs au patronat en dénonçant le
« luxe » de l'assistanat, et en ne prétendant plus au
rôle d'arbitre. On essaiera de montrer par après qu'en réalité il
expose désormais dangereusement la minorité des « riches »
à des actions de type émeute et « vengeances »,
manifestant non pas encore un sérieux réveil prolétarien mais un
affaiblissement de l'Etat face aux multiples formes de la
désagrégation : émeutes et terrorismes « intérieurs ».
La
révolte en veste jaune une alternative à une lutte de classe exclue
de l'entreprise ?15
C'est
la question, pas forcément bête que beaucoup ont été amenés à
se poser. Sans faire de concession aux petits profs modernistes il
faut bien constater que l'unification des grèves jusqu'à la sainte
grève générale n'est plus même du domaine de la légende comme
l'internationalisme, mais relève de l'absence, sauf dans les
radotages du NPA et du CCI. Les syndicats comme les grèves au
lointain temps jadis avaient participé de la formation de la
conscience de classe. Depuis belle bluette les syndicats ne servent
qu'à fabriquer des consommateurs râleurs et des moutons fidèles à
la politique de l'autruche (Libertad revient!). Quant aux grèves,
elles sont de plus en plus hyper-corporatives et mendient la plupart
du temps un label qui nous fit gerber dans le passé :
« produisons français », « défendons la
production française » qui « seule sauvera nos emplois »
face à l'Europe prédatrice et aux géants ricain et chinoque16.
Nos
intellos les plus sympas comme Tom Thomas, référence de l'ami Yann,
ou Gérard Bad tentent de sortir des ornières du marxisme bègue,
parfois avec bonheur mais ils restent aussi dans la mouise comme nous
tous quant à découvrir l'élixir qui redonnera du tonus à la lutte
de classe embourbée – bien que toujours vivace – dans tant
d'embûches et les sournoiseries de l'événementiel. Gérard Bad,
qui est le probable successeur d'Henri Simon se livre à des analyses
fouillées, souvent intéressantes mais qui pêchent par
l'impuissance politique coutumière du conseillisme (allez parler de
« prise du pouvoir par les conseils ouvriers » au
prolétariat d'aujourd'hui … et on vous rira au nez)17.
Citons un extrait de ses longues analyses sociologiques, mâtinées
de cette vieille propension (léniniste) à propre à tous les
anciens soldats d'orgas de lancer tout de même des directives:
« Le
mouvement des gilets jaunes, est la réponse ultime à l'insécurité
sociale globale,
qui d' ailleurs ne touche pas que la province, ce mouvement des
samedis ACTE est particulièrement déconcertant pour l' état,
puisque celui-ci n' a que très peu de prise économique sur lui (il
n'y a pas de perte de salaire) mais plutôt des soutiens divers, même
de la « violence » du boxeur où 117 000€ ont été
récolté en moins de 24 heures, cette cagnotte a été immédiatement
bloqué par le pouvoir, comme soutien à la violence. Mais toutes les
tentatives visant à retourner l' opinion publique contre les gilets
jaunes se sont retournées contre le Macron (jupiter) surnommé
dorénavant Macron l' éborgneur .Ce mouvement peut de se fait tenir
longtemps, d' autant que le temps travail pour lui, puisque que l'
économie mondiale entre officiellement en stagnation.
A
l' avenir nous n' aurons plus dans les pays désindustrialisés un
prolétariat autre que précaire qui mettra du temps à s'organiser,
et devra s' engager dans des mouvements type gilets jaunes, dont l'
évolution reste pour le moment controversée. N 'en reste pas moins
que la détermination des gilets jaunes, malgré la féroce
répression visant en particulier les yeux est impressionnante.
Macron
l'éborgneur et ses sbires doivent démissionner, ils démissionnent
d' ailleurs les uns après les autres depuis quelque temps de peur d'
avoir à rendre des comptes »18.
Gérard
Bad nous entraîne au cœur de la question effleurée tant par des
militants honnêtes que par tous les has been de 68 : « Les
gilets jaunes comme produit social des défaites économiques du
prolétariat », j'ajoute par
contre un point d'interrogation.
La
formule n'est pas fausse apparemment, mais elle l'est de toute façon.
Relier ce mouvement inter-classiste et sans tête à la lutte
générale du prolétariat est typique de nos intellos conseillistes
pour qui il n'y a que deux positions dans la vie, assis et debout
(non séparées), les autres positions du corps important peu.
Pourtant il y a d'un côté les défaites constantes ou partielles de
la lutte de la classe ouvrière, dans ses formes diverses (grèves
ultra isolées, manifestations qui ne servent à rien, pétitions,
pisser sur les flics et barbouiller les patrons, etc.), qui ne
débouchent depuis des années sur aucun projet politique relevant de
l'antique perspective communiste. De l'autre il y a eu la même
erreur que Sarkozy de la part d'un gouvernement élitaire qui pensait
en avoir fini avec la question sociale, parce que les grèves ne
gênent plus et ne conscientisent plus personne, parce que les
syndicats sont des toutous adorables même avec les gentils roquets
du NPA et de LO. Tout le monde peut se tromper et la bande à Macron
est restée sur le cul, bien fait. Christophe Guilluy a bien mieux
prévu et expliqué le phénomène que tous nos plumitifs à
prétention émancipatrice d'un prolétariat endormi, vous lirez sa
dernière interview plus bas. Cela dit, Guilluy n'est pas net
concernant la place du prolétariat, dans ses anciens ouvrages il
parlait de « classes ouvrières » comme on parle de
couches sociales, puis dans le dernier il est tombé dans le piège
idéologique véhiculé par le pouvoir élitaire, il ne parlait plus
ni de classes ouvrières au pluriel ni au singulier mais de « couches
moyennes », ce qui est aussi creux que de parler de peuple en
général. Lui aussi est un gentil réformiste qui, comme les zozos
gilets jaunes, espère que les élites bourgeoises vont l'entendre et
lui donner une médaille.
Gérard
Bad comme d'autres observateurs inquiets en vient à penser que les
luttes à l'intérieur des entreprises c'est terminé, ce en quoi il
se trompe évidemment, elles existent toujours même faiblasses ou
dévitalisées par les syndicrates. Au plan politique elles sont
toujours devenues vie secondaires tant en 1917 qu'en 1918. La vie de
la société ne peut être organisée comme un cartel des conseils
d'usine, ce que les bolcheviques avaient parfaitement compris et ne
peut leur être reproché. Qu'ils nous expliquent ces braves
conseillistes ringards comment dans la société communiste de
demain, si elle advient, on pourrait organiser la société à partir
des comités élus de cette masse de cols blancs surtout motivés par
le lucre sous un capitalisme « certes imparfait » et la
multitude de boites conditionnant le fromage, les jouets, les
médicaments et les munitions, quand une masse de plus en plus
importante de la population n'est plus employée, quand l'objectif de
l'humanité en peut plus être la production reine à outrance, et
que la grande masse de la population n'a pas envie de faire de la
politique tous les jours ni de révolution permanente ?
Même
penser que le mouvement protestataire veste jaune aurait été une
fuite de vapeur venue indirectement d'un prolétariat bridé par les
syndicats et désespéré des partis politiques n'est pas conforme à
la réalité. Je l'ai dit et redit au début il y a eu beaucoup de
prolétaires engagés dans ce mouvement sans structure mais sans
tête, et pas du tout démocratique contrairement à ce que dit
Guilluy ci-dessous. Même si le gauchisme et certains maximalistes
naïfs ont cru monter des assemblées pour permettre au mouvement de
penser et de se penser, on est retombé dans les habituelles
manœuvres de récupération des aspirants gourous (il y en a foule)
à côté des sectes politiques non gouvernementales habituelles.
L'originalité du début du mouvement de la veste jaune a été de
privilégier l'action sur l'organisation et la pensée, car il y a
toujours des « penseurs » syndicaux, gauchistes ou
indépendants pour chapeauter dès le début toute révolte. Cela
n'empêche qu'il faut « penser » aussi à tel moment à
ce qu'on veut faire dans la durée et se fixer un réel projet
politique, or la forme protestataire - barrage des routes - n'était
pas favorable à la tenue d'AG consciente ; les chefaillons
auto-proclamés n'y tenaient d'ailleurs pas ; ils ont laissé
tout retomber dans l'idiotie syndicrate, l'action pour l'action et un
mot d'ordre complètement crétin tombé un beau jour sans rime ni
raison, puis abondamment défendu par des clowns de l'extrême droite
louche comme Chouard, qui ne sont vraiment pas fiables es qualité
démocratique.
Je
le répète, l'émeute prolongée ne provient que de la connerie à
Macron et de ses sbires ministériels, qui ont cru qu'il suffirait de
faire crever des yeux pour tarir la protestation. La hausse subite
des produits pour rouler en voiture jusqu'au boulot, qui n'a pas
concerné les bobos parisiens, a été l'étincelle à la campagne où
réside la masse de la population et de la petite bourgeoisie
paupérisées. La colère s'est exprimée longuement sans être
récupérable par syndicats et clowns comme Mélenchon et
Quattermens, certes mais le mouvement poujadiste n'avait pas pu être
récupéré non plus ni par la CGT ni par le PCF. Les révoltes
subites ne sont généralement pas révolutionnaires mais
conservatrices, elles ne sont pas non plus éphémères comme le
montre la persistance de barbouillages en jaune des radars et le
purin déversé sur les boutiques politiques. Ce mouvement n'a plus
rien à voir avec la classe ouvrière, même si j'ai hésité au
début à le qualifier de simplement petit bourgeois. S'il est un
signe pour l'avenir, contrairement à l'hypothèse de Gérard Bad
(les luttes de classe futures seraient destinées à prendre cette
forme bâtarde) c'est que les couches intermédiaires (moyennes...)
sont de toute façon vouées à péricliter, le petit boutiquier et
l'artisan, comme au pic de toutes les crises économiques du passé,
seront floués et l'Etat ne pourra leur accorder un strapontin qu'en
cas de crise politique grave, comme cela a été le cas avec le
recours au nazisme, ou même bien d'autres exemples, notamment De
Gaulle avec le SAC, composé et recruté chez les brutes de la couche
moyenne. Macron devrait comprendre qu'il ne faut pas se contenter de
sustenter l'élite petite bourgeoise diplômée des ghettos urbains
antiracistes, mais aussi de réserver une part du gâteau aux
défavorisés du système scolaire mais devenus petits patrons.
Les
pauvres vivent 13 ans de moins que les riches et c'est même pourquoi
les présidents des riches insistent pour que les pauvres travaillent
plus longtemps. Il ne faudrait pas qu'ils bénéficient trop
longtemps de la retraite. Mais la lutte pour la défense des
retraites, qui est une des luttes principales de la classe, est menée
de telle façon, par la syndicratie, que les plus jeunes n'y voient
aucun intérêt ou la prolongation des « privilégiés »
déjà hors du travail. Or la retraite par répartition, que même
les ouvriers chinois veulent conserver, est en faillite.
Ceci
nous amène au principal, les antagonismes de classe ne sont pas
vécus pour l'essentiel dans le cadre du travail, de la production ou
de la reproduction, ils sont supportés dans la vie quotidienne et
opposent de manière irréfragable riches/pauvres et prolétaires. Le
problème est que la lutte des classes sur ce terrain n'a pas permis
toujours une véritable affirmation des classes inférieures, du
prolétariat qui a tout à perdre à se diluer dans des couches sans
conscience que la jalousie, la haine et l'envie (certes
compréhensibles mais nihilistes). Car il ne s'agit pas simplement de
déshabiller les riches pour leur chiper leur place ni d'imputer
l'oppression capitaliste à leur mode de vie et de mépriser. C'est
pourtant sur ce sentiment que la plupart des sociologues et
plumitifs, qui font leur jus sur l'arrogance des riches, faussent la
problématique de la lutte des classes. Il est évident que la
révolution (prolétarienne) va déposséder les très riches, comme
en 1789 comme en 1917, mais ce n'est pas le plus difficile (en
limitant les massacres) parce que le plus difficile reste la
destruction de l'Etat bourgeois.
Tous
les petits rigolos comme Ellul, Gorz, Picketty et les petits marquis
des ghettos riches BHL et Luc Ferry, et à leur suite les modernistes
se sont ingéniés à nous expliquer pendant des décennies que la
classe ouvrière avait disparu. Mettons... mais jamais que la classe
bourgeoise ne s'était jamais aussi aussi bien portée, pas fondue du
tout dans la population, très délimitée... Etrange mon cher
Watson !
COMMENT
IDENTIFIER LES RICHES QUI SE CACHENT ?
La
classe bourgeoise est le produit, non pas simplement d’une
accumulation de biens (plus ou moins disproportionnés) , mais de
rapports sociaux qui transcendent ces inégalités. La notion
d’inégalité connote l’idée d’une continuité, d’une
échelle sociale sur les barreaux de laquelle les groupes pourraient
être rangés en fonction de la répartition des richesses. Il n’y
a pas en fait de continuité, mais des ruptures, comme le montre
l’exemple de la bourgeoisie. Une classe est une construction
sociale des agents sociaux eux-mêmes, qui travaillent sans cesse à
définir les limites de leur groupe. Elle existe en-soi et pour-soi,
et ne se perpétue que si elle combine ces deux manières d’être.
On peut alors se demander si la bourgeoisie n’est pas aujourd’hui,
dans les sociétés occidentales, la seule classe digne de ce nom,
étant peut-être la seule à développer des pratiques collectives,
un collectivisme pratique qui, au-delà de la langue de bois libérale
célébrant un soi-disant individualisme plus théorique que réel,
soude les rangs de ceux qui ont à défendre ensemble leurs
privilèges commun…19
La
richesse de chacun rejaillit sur la richesse de tous les autres et
chacun pense que l’on est toujours plus riche au contact de gens
riches. Ce système permet et favorise la reproduction au sein des
mêmes familles des privilèges propres à leur milieu. Les enfants
grandissent ensemble et apprennent à aimer leurs semblables depuis
le plus jeune âge. Les mères de famille y veillent avec soin par la
composition de rallyes, ces associations informelles d’enfants et
d’adolescents autour de pratiques culturelles ou festives. Si
nécessaire, elles vérifient sur le Bottin mondain la
possibilité d’intégrer un nouveau membre en regardant dans cet
annuaire s’il appartient bien à un réseau familial « honorable ».
Ce principe de l’entre-soi aide à la socialisation des héritiers
pour qu’ils soient aptes à capter leur héritage et à le
transmettre à leur tour.
« Nous
avons affaire à un choc de classes. Nous sommes véritablement dans
une situation d’affrontement de classes. Nous avons suivi le débat
autour de l’EPAD (Établissement public pour l’aménagement de la
région de la Défense) et de l’EPASA (Établissement public
d’aménagement Seine-Arche). Nous continuons de regarder avec
attention la fusion des deux établissements publics. Les séances du
conseil général des Hauts-de-Seine sont intéressantes car elles
mettent en exergue la lutte de territoires qui s’exprime dans ce
projet »20.
C'est
le fonctionnement d’une oligarchie au service de laquelle œuvre le
président des riches. Elle est absolument impitoyable vis-à-vis des
autres classes sociales notamment dans l’espace urbain. Elle
développe un urbanisme de classe d’une grande violence, comme le
souligne aussi Guilluy dans son interview.
« On
peut dire que l’objectif est de placer les salariés sur une
trajectoire qui va du boulot au caveau ! Les êtres humains qui
ne font pas partie de leur milieu sont de la chair à spéculation.
C’est la raison pour laquelle nous parlons de guerre de classe. Il
n’y a plus de garde-fou, ni de protection. Les services publics ont
vraiment vocation à tous disparaître au profit du privé. Tout est
marchandisé. Il est souvent question de mondialisation mais ce n’est
pas le bon mot. La bourgeoisie a toujours été mondialisée, nous
sommes au stade de la marchandisation généralisée de la planète.
Les
enfants ont aussi une idée de la place qu'ils occupent dans la
hiérarchie sociale et, en fonction, se projettent différemment dans
l'espace social : Zarca a montré que le désir d'exercer une
profession supérieure est moins fréquent chez les enfants de
milieux populaires
Cette
construction passe aussi par l'observation. "La manière dont
les parents parlent de la femme de ménage et à la femme de ménage,
à la nourrice, aux enseignants, à leur patron, à leurs collègues."
Ainsi que la manière dont ils sont traités en retour. Le
comportement plus ou moins distant, plus ou moins dominé qu'ils
entretiennent avec ces personnes participent à cet apprentissage
"par corps" (c'est l'expression du sociologue Pierre
Bourdieu), c'est-à-dire qui s'exprime par la gêne, les sourires, la
posture physique, etc. Des
travaux ont montré que les enfants ont plus facilement tendance à
nouer des amitiés avec ceux qui leur ressemblent socialement.Cela
s'explique peu ou prou de la même manière que l'homophilie sociale
observée à l'âge adulte. D'abord par la fréquentation de lieux de
rencontre socialement homogène, en fonction du degré de mixité de
l'école fréquentée par l'enfant. Pour
les grands bourgeois, une ville riche est une ville où l’on se
retrouve entre soi ; c’est prouvé statistiquement par nos travaux
de 1989. L’être humain préfère être avec des gens qui lui
ressemblent, je pense que c’est valable pour toutes les catégories
sociales.
Dix
ans après sa construction, la ségrégation sociale a repris ses
droits. Les cadres moyens et cadres supérieurs se sont finalement
regroupés dans les logements les plus agréables de cet ensemble
d’un seul tenant. Les ailes donnent directement sur les grandes
pelouses, c’est plus agréable pour les enfants ; en revanche, la
grande tour avec des ascenseurs toujours en panne, avec une
concentration beaucoup plus forte, n’héberge que des travailleurs
immigrés ou des familles extrêmement modestes ».
Dix
ans après sa construction, la ségrégation sociale a repris ses
droits. Les cadres moyens et cadres supérieurs se sont finalement
regroupés dans les logements les plus agréables de cet ensemble
d’un seul tenant. Les ailes donnent directement sur les grandes
pelouses, c’est plus agréable pour les enfants ; en revanche, la
grande tour avec des ascenseurs toujours en panne, avec une
concentration beaucoup plus forte, n’héberge que des travailleurs
immigrés ou des familles extrêmement modestes.Dans un
sondage mené auprès de 1000 personnes en septembre 2018, 82% des
sondés estiment que leur mauvaise image est due à leur
comportement. , ils ne se sentent pas tenus aux règles la politesse,
vous bousculent sans se sentir obligés de dire pardon dans les
stations pour riches comme Hardelot, Cannes, Deauville,
Trouduculville...
CE
QUE LES RICHES PENSENT DES PAUVRES
« Pour
vraiment comprendre les inégalités et la pauvreté, il faut aussi
s’intéresser à la vision qu’en ont celles et ceux qui
bénéficient le plus de l’état actuel de la répartition des
diverses ressources : les classes supérieures. Celles-ci ont un
poids disproportionné sur les décisions individuelles et
collectives – des choix ordinaires en matière résidentielle,
scolaires ou d’embauche jusqu’aux grandes orientations politiques
– qui contribuent à la perpétuation voire à l’aggravation des
inégalités, ainsi qu’au caractère plus ou moins généreux ou
répressif des politiques de lutte contre la pauvreté. Les classes
supérieures ont aussi un rôle important dans la diffusion des
représentations et des divers registres argumentatifs sur lesquels
s’appuie la stigmatisation des pauvres. En exprimant plus ou moins
explicitement, lorsqu’elles parlent des pauvres, des jugements sur
ce qui est moralement respectable, distinctif sur le plan culturel ou
valable du point de vue économique, elles peuvent contribuer au
marquage et à la consolidation des frontières sociales ou, au
contraire, à leur effacement ou leur déplacement.
Visiblement, le souci qu’ont les classes supérieures est de préserver un certain "ordre moral" qui leur est propre est un élément structurant dans leurs relations aux milieux considérés comme “pauvres” .
Ce
qui ressort d’abord de l’enquête, c’est qu’au quotidien le
souci principal des classes supérieures, en termes de stratégie de
distinction et d’éducation, n’est pas de se démarquer des plus
pauvres. Principalement parce que, pour elles, cette distinction va
le plus souvent de soi. D’autant que, dans le cas francilien, la
plus grande partie des classes populaires habite à distance des
beaux quartiers, si bien que les occasions d’interaction sont
plutôt rares. Nos interviewés cherchent plutôt à se démarquer
des classes moyennes-supérieures et moyennes, plus proches d’eux
et vis-à-vis desquelles ils tiennent à affirmer leur supériorité
statutaire et à défendre leurs avantages. Pour des raisons
indissociablement identitaires et stratégiques en termes de
reproduction sociale, ils tiennent par exemple à ce que leurs
enfants grandissent dans des quartiers et fréquentent des écoles «
qui leur correspondent », et ils définissent de façon très
élitiste et restrictive la classe sociale à laquelle ils
s’identifient ou à laquelle ils aspirent et qu’ils prennent pour
modèle.
Néanmoins,
c’est lors des rares occasions où cet ordre moral local est
effectivement "menacé" par la perspective d’une mixité
avec des classes populaires que l’on observe les réactions les
plus péremptoires et violentes. Cela a notamment été le cas avec
le projet de construire un centre d’accueil dans le XVIe
arrondissement de Paris ou, à Delhi, quand a été émise l’idée
de contraindre les écoles de la grande bourgeoisie à accueillir des
élèves de milieux défavorisés.
Au-delà
des dynamiques d’agrégation affinitaire et de recherche d’un
entre-soi, nos interviewés évoquent aussi des logiques plus
explicitement motivées par la répulsion à l’égard des pauvres.
Ils cherchent à se protéger des interactions avec les classes
populaires lorsqu’elles semblent menacer leur mode de vie ou, ce
qui est plus souvent le cas dans les villes que nous avons étudiées,
leur apparaissent mettre en danger leur sécurité physique ou
sanitaire. Mais si l’on retrouve dans chacune de ces trois villes
une stigmatisation des pauvres en termes de péril physique et
d’atteinte à la propreté, ce n’est pas dans la même mesure.
Les interviewés parisiens considèrent moins les pauvres comme
dangereux et sales que ce n’est le cas à São Paulo, où – il
faut bien le reconnaître – les taux et niveaux de violence sont
particulièrement élevés, la police n’étant d’ailleurs pas en
reste. De même, la représentation des pauvres comme sales,
potentiellement malades, désordonnés et enlaidissant la ville est
davantage prononcée et récurrente à Delhi. Le rapport aux espaces
publics est aussi différent dans chacune des trois villes : les
Parisiens aisés les fréquentent régulièrement mais souhaitent
voir s’imposer partout les normes de politesse et d’urbanité qui
sont celles de la bourgeoisie ; les riches delhiites considèrent
comme allant de soi de ne fréquenter que ceux de certains quartiers
soigneusement sélectionnés, entre lesquels ils évoluent selon une
routine qui les rassure pleinement ; tandis que leurs homologues
paulistains sont davantage dans un repli obsidional sur les espaces
privés.
Un
chapitre du livre est consacré à la façon dont les habitants des
beaux quartiers (s’)expliquent la pauvreté et en déduisent
d’éventuelles « solutions » à la question sociale. Une
rhétorique dénonçant le caractère hérité, et donc largement
irrémédiable, de la situation des pauvres se combine alors souvent
avec un argumentaire les accusant de ne pas savoir y remédier par
eux-mêmes… Cette articulation entre naturalisation de la pauvreté
et culpabilisation des pauvres peut par exemple s’opérer en
faisant du soi-disant penchant pour la paresse des pauvres une
tendance certes héréditaire, mais à laquelle ils seraient
coupables de ne pas résister. À Paris, où la grande majorité des
interviewés évoquent spontanément les déterminants sociaux de la
pauvreté et considèrent comme évident que tous les enfants ne
disposent pas des mêmes opportunités et chances de réussite, ils
n’en sont pas moins nombreux à affirmer que les adultes qui
restent pauvres manquent de volonté pour s’extraire de leur
condition. Ainsi, on retrouve dans les entretiens les critiques de
l’État-Providence caractéristiques de la rhétorique
réactionnaire. L’aide aux pauvres serait à la fois ou
alternativement : sans effet véritable sur le problème qu’elle
cherche à résoudre, perverse car désincitant les individus à
faire des efforts, et dangereuse pour l’équilibre des finances
publiques et donc pour l’État lui-même… Donc oui,
indubitablement : tout ceci se révèle peu propice à la
solidarité.21
VOULEZ-VOUS
SAVOIR A PARTIR DE QUEL REVENU VOUS ETES PROLETAIRE ?
« Pour
résumer l'inégalité au niveau mondial oppose des pays où le
revenu moyen par habitant est de l'ordre de 150-250 euros par mois
(l'Afrique subsaharienne, l'Inde) à des pays où le revenu par
habitant atteint 2500-3000 euros par mois (l'Europe occidentale,
l'Amérique du nord, le Japon) soit entre dix et vingt fois plus. La
moyenne mondiale qui correspond approximativement au niveau de la
Chine, se situe autour de 600-800 euros par mois »22.
Ce que dit l'Observatoire des inégalités :
« Selon
nos estimations, le seuil de pauvreté vaut 781 euros par mois pour
une personne seule , 1 518 euros pour un couple sans enfant et 1
999 euros pour un couple avec deux enfants. Les catégories
populaires (les 30 % les plus modestes) rassemblent ceux qui
touchent moins de 1 265 euros par mois pour une personne, 2 468 euros
pour un couple sans enfant et 3 302 euros pour un couple avec deux
enfants. Le niveau de vie mensuel des classes moyennes est situé
entre 1 265 et 2 275 euros par mois pour une personne seule, entre 2
468 et 4 423 euros pour un couple sans enfant et entre 3 302 et 5 743
euros pour un couple avec deux enfants. Les catégories aisées se
situent au-dessus de ces niveaux. Si on fixe le seuil de richesse au
niveau du double du revenu médian, on devient riche à partir de 3
125 euros mensuels pour une personne seule, 6 072 euros pour un
couple sans enfant et 7 995 euros pour une famille avec deux
enfants »23.
La
définition sociologique, par le biais des professions, englobe en
général l’ensemble des employés et des ouvriers. Ils
représentent la moitié des actifs et non seulement 30 % de la
population. Nos catégories « aisées » rassemblent des
ménages aux revenus très inégaux, des cadres supérieurs aux PDG
de multinationales et la limite supérieure de notre graphique (qui
semble être de 9 000 euros) devrait être bien plus haute .
À
quel niveau devient-on riche ? En utilisant différentes
méthodes, nous aboutissons à un chiffre compris entre 3 000 et 4
000 euros mensuels après impôts et prestations sociales. L’analyse
de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
On
entrerait dans le club des riches à partir de 3 125 euros par mois
pour une personne seule (données 2016), 6 072 euros pour un couple
sans enfant et 7 995 euros pour un couple avec deux enfants. À ce
niveau, on appartient aux 8 ou 9 % les plus riches.
Ce
type de seuil est de plus en plus fréquemment utilisé dans des
travaux de recherche .
L’Insee s’intéresse beaucoup au seuil de pauvreté et très peu
à celui de la richesse. Mais l’institut a donné une définition
très semblable, qui est passée inaperçue .
Il a qualifié d’« aisée » (évitant d’utiliser le
qualificatif de « riche ») la population qui se situe à
partir de 1,8 fois le niveau de vie médian, soit 3 020 euros par
mois pour une personne seule (données 2014). Par construction, ce
seuil est très proche de notre définition située au double du
niveau de vie médian.
Est-on
vraiment « riche » avec 3 000, 5 000 ou même 10 000
euros par mois ? À ce niveau, on reste modeste par rapport aux
patrons des plus grandes entreprises, qui chiffrent leurs revenus en
centaines de milliers d’euros. Il existe, au sein des populations
les plus riches, des écarts de taille. Entre le cadre supérieur et
une partie du patronat qui perçoit quelques centaines d’années de
Smic chaque année, les niveaux de vie sont incomparables... Certes,
on est toujours le pauvre d’un autre, surtout en France. Pointer du
doigt une élite de « super-riches » (les fameux 1 %)
est aussi une façon de se dégager de toute responsabilité de
solidarité quand on touche un revenu convenable qui, sans être
astronomique, nous place en tous cas bien au-dessus du plus grand
nombre.
● En
moyenne, les Français les 10% les plus aisés perçoivent des
revenus 8,7 fois plus élevés sur les 10% les plus pauvres,
après impôts et prestations sociales. La France est le pays en
Europe, après la Suisse, où les riches sont les plus riches: le
1% le plus riche récupère presque 6% des revenus de l’ensemble
des ménages et touche au moins 7000 euros par mois,
contre 5800 au Royaume-Uni. Les 10% reçoivent 23,8% de l’ensemble
des revenus.
● Les
écarts de patrimoine sont bien plus élevés que ceux des revenus.
Le 1% le plus
fortuné de France possède 17% de l’ensemble du patrimoine des
ménages
et les 10% presque la moitié. Le
patrimoine médian des cadres est supérieur à 200.000 euros,
versus 16.400 euros pour celui des ouvriers non qualifiés.
● En bas de l’échelle, 5
millions de personnes pauvres vivent avec moins de 855 euros par mois
pour une personne seule.
UN
TROTSKIEN A REVOLUTIONNE LA STATISTIQUE SOCIALE
J'ai
fait des recherches à l'INSEE Malakoff il y a vingt ans pour
retrouver la nomenclature qui servait de base aux stats de l'INSEE à
la fin des sixties – sur la carte perforée en haut à gauche on
trouvait les deux catégories les plus basses « homme de
troupe » et « ouvrier » (je crois que homme de
troupe se trouvait au-dessus d'ouvrier, car le soldat depuis
l'Antiquité reste supérieur au travailleur) – impossible de
retrouver cette fiche si classe !24
Après
guerre, « à
une époque où « il [fallait] tout inventer. Fabriquer des
questionnaires, des plans de sondage et des nomenclatures, rédiger
les instructions aux enquêteurs et former ces derniers, expérimenter
les techniques d’interview sur le terrain ». Dans une
institution encore en construction, l’essentiel était de répondre
aux attentes exprimées en matière de description de la société,
qui émanaient de différents types d’utilisateurs potentiels :
statisticiens de l’INSEE, professionnels des études de marché et
chercheurs. À cette époque, les agences de publicité et le milieu
de la recherche étaient en demande d’un outil organisant les
informations collectées sous la forme de libellés de profession
dans des enquêtes de nature sociologique ou historique et des études
de marché. La société d’après-guerre, en pleine reconstruction,
était encore à décrire et le développement des méthodes
quantitatives en fournissait l’occasion ».
Après
une formation en mathématique et philosophie dans les années 1930,
J. Porte, âgé d’une trentaine d’années, avait rejoint
l’Institut en 1947, au sein du service de la démographie
qu’il choisit pour des raisons politiques. Trotskiste pendant la
guerre, devenu « plutôt anarchiste » ensuite, il « avait
de l’intérêt pour le contrôle des naissances et l’avortement »25.
Certains des choix opérés dans le code témoignent de cette
liberté, comme celui de réunir dans le groupe « 8. Autres
catégories » les artistes, les membres du clergé et les
militaires et d’indiquer comme exemples de la catégorie « 99.
Autres personnes non actives » : « capitaliste,
idiot, imbécile, propriétaire foncier, prostituée ». Ces
choix firent scandale à l’INSEE sans toutefois disparaître
immédiatement du code. Le groupe 8 resta en l’état
jusqu’à la refonte de la nomenclature en 1982 ; la liste
de la catégorie 99 ne fut revue que pour le recensement de
1962, où elle devint « ménagère, propriétaire foncier,
détenu ». Aussi inclassable que certaines des professions
qu’il eut à regrouper, J. Porte conserva une image atypique à
l’INSEE. Comme le précise J. Porte à A. Desrosières, « un
OQ [ouvrier qualifié] on sait ce que c’est, mais après ? Où
[allait]-on mettre les autres ? » Et les cadres ?
« C’était déjà banal », répond-il (concernant le
CSP, catégories socio-professionnelles, devenu aussi (hi!) contrat
de sécurisation professionnelle
).
Techniquement,
l’adéquation avec la logique des catégories conventionnelles vint
progressivement : même si le découpage entre ouvriers
spécialisés et qualifiés était présent dès la première version
du code en 1951, aucune question n’a été posée avant 1962 pour
repérer les qualifications ouvrières et il fallut attendre la
refonte de 1982 pour qu’elle soit théorisée et étendue
à l’ensemble des salariés.
LA
STATISTIQUE UN NOUVEAU MOYEN POUR DECOUVRIR LES MYSTERES DE LA LUTTE
DES CLASSES
La
« sociologie des classements sociaux» et qui a été
développée par P. Bourdieu et ses collègues à partir des
années 1975. deux legs de cette sociologie à la statistique
publique : le premier a trait au cadre d’interprétation
sociologique des inégalités sociales mises en évidence par les
statistiques, le second à la nécessité d’un regard réflexif
invitant à dénaturaliser les catégories utilisées par les
statisticiens. Des statisticiens publics (Alain Darbel, Jean-Paul
Rivet et C. Seibel), avait utilisé la nomenclature dans l’enquête
conduite à la fin des années 1950 sur le travail et les
travailleurs en Algérie . La variable s’est ensuite imposée au
fil des années comme une clé d’analyse centrale de la sociologie
qu’il a développée autour de la question de la reproduction des
inégalités sociales (à travers la CSP du père) et des rapports de
domination entre les classes sociales. Derrière ces inégalités, ce
sont les formes de domination, notamment culturelles ou symboliques,
que la statistique permet d’objectiver. Et c’est par ce biais que
la sociologie de P. Bourdieu a pesé sur la nomenclature des CSP :
d’utilisatrice assidue du code de 1954, elle est devenue
source d’inspiration de la refonte.
Munie des méthodes d’analyse factorielle à partir du début des
années 1970, cette sociologie a d’abord produit des
cartographies de l’espace social représentant les catégories de
J. Porte, puis elle a accompagné les choix visant à repositionner
certaines catégories lors de la refonte de façon à occuper au
mieux cet espace. Ainsi, les artistes, qui faisaient partie d’une
catégorie « Autre », sont intégrés au groupe des
« Cadres et professions intellectuelles supérieures » en
raison de leur capital et de leur légitimité culturels (bien que
non certifiés), de même que certaines professions intellectuelles
(les journalistes et publicistes notamment) qui étaient auparavant
classées avec les cadres moyens. Dans la version de 1982, le
regroupement des catégories suit ainsi un principe hiérarchique
selon le volume total de capital qui repose davantage, pour les unes,
sur le capital économique (cadres administratifs et ingénieurs
d’entreprise, agents de maîtrise, techniciens et professions
intermédiaires administratives ou commerciales d’entreprise) et,
pour les autres, sur le capital culturel (professeurs et professions
scientifiques, professions de l’information, de l’art et des
spectacles, instituteurs et assimilés, professions intermédiaires
de la santé et du travail social). Le positionnement des professions
libérales, pourtant le plus souvent non salariées, dans le groupe
des cadres correspond à cette même logique, puisqu’elles cumulent
hauts niveaux de diplôme et de revenus. Et si la note présentant
les réflexions autour du positionnement des agents de maîtrise
indique qu’il n’y a pas de « bonne solution»,
l’option finalement retenue (classement au sein des professions
intermédiaires et non plus des ouvriers) est de fait cohérente avec
une lecture en termes de volume total de capital.
À
cet égard, on peut considérer que l’arrimage aux catégories du
droit, présenté comme un des principes fondamentaux de la refonte,
est en partie subordonné à cette lecture sociologique de l’espace
social. Le classement de certaines professions en témoigne, comme
celui d’agents de catégorie A du secteur du travail social ou de
l’enseignement dans le groupe des professions intermédiaires ou,
inversement, celui déjà cité des artistes au sein des cadres et
professions intellectuelles supérieures. C’est avec l’espace
social de La
distinction
de P. Bourdieu en tête, et en combinant graphiques et analyses
résultant des groupes de travail ayant examiné les découpages
possibles du social dans un domaine d’emploi limité que la
nomenclature d’ensemble a été reconstruite26.
L'étude
sociologique permet de confirmer les inégalités de classe et de
vérifier ce que la politique lambda laisse dans l'ombre. Et qui
corrobore généralement notre bonne vieille analyse marxiste. Entre
autres que la femme est le prolétaire de l'homme27.
Ou sa pute28.
Le
prolétariat, comme les autres classes n'est plus très famille
(laquelle famille ouvrière était jadis aussi un creuset de
transmission de la conscience de classe). On apprend notamment que
les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses, ou
encore que les Français se séparent plus et cohabitent plus souvent
qu'avant. Deux
familles sur dix sont monoparentales. Mais celles-ci tendent à
évoluer. En effet, l'Insee constate que deux familles sur dix sont
monoparentales (composées d'un parent qui ne vit pas en couple et
réside avec ses enfants). C'est 4% de plus qu'en 1999. La
monoparentalité concerne en majorité les femmes, surtout les moins
diplômées. Comme l'explique l'Insee, celles-ci ont tendance à
rompre plus tôt leur union, ont plus souvent des enfants mineurs que
les femmes les plus diplômées.
"Le
type d’union se diversifie même si le mariage reste majoritaire",
analyse Isabelle Robert-Bobée, co auteure de l'étude. "Les
unions sont devenues plus fragiles avec une forte augmentation de la
part des familles monoparentales", ajoute-t-elle.
Après
une séparation (divorce ou rupture de Pacs), le niveau de vie des
femmes comme celui
des hommes diminue. Logique: à deux, on fait des
économies d'échelle. Le loyer, par exemple, est souvent bien moins
important que lorsqu'on vit seul.
Mais
cette baisse du niveau de vie a deux poids deux mesures. Car il
baisse de 3% pour les hommes et de... 20% pour les femmes. Ce niveau,
pour une femme séparée en 2009 et n'ayant pas formé de nouvelle
union en 2010, baisse en effet de 14,5% alors qu'il aurait augmenté
de 5,5% si elle était restée en couple. Le niveau de vie d'un homme
augmente quoi qu'il arrive, même lorsqu'il se sépare (+3,5%) entre
2009 et 2010, mais s'il n'avait pas connu la rupture, celui-ci aurait
encore plus augmenté (+6,5%).
L'insee
montre qu'au fil des générations, les premières unions sont de
plus en plus courtes. Entre 1978 et 1987, 30% des personnes nées
entre 1978 et 1987 ont eu une première union cohabitante durant
moins de cinq ans. 30 ans plus tôt, ce nombre n'était que de 9%.
Phénomène
parallèle à l'augmentation des ruptures, il est de plus en plus
fréquent pour les Français de vivre plusieurs unions cohabitantes.
En 2013, 19% de hommes et femmes de 26 à 59 ans avaient vécu deux
relations cohabitantes de couple. Par comparaison 58% des personnes
de 35 nées entre entre 1968 et 1977 vivaient en couple avec leur
premier conjoint. Ce chiffre était encore plus élevé auparavant.
Quant
au cursus universitaire... Si l’on considère maintenant le niveau
de diplôme obtenu par les
jeunes âgés de 25 à 29 ans, il
s’avère qu’en 2010-2012, 65 % des enfants de cadres ou de
professions intermédiaires sont diplômés du supérieur contre 30 %
des enfants d’ouvriers ou d’employés. En outre, les premiers
possèdent un niveau plus élevé : en 2010-2012, 29 % d’entre
eux sont diplômés d’un Master, d’un DEA,
d’un DESS,
d’un doctorat ou d’une grande école, contre 7 % des enfants
d’ouvriers ou d’employés. En revanche, le taux de diplômés de
l’enseignement supérieur court professionnalisant varie peu selon
le milieu social : 14 % des enfants de cadres ou de professions
intermédiaires ont obtenu un BTS,
DUT
ou
diplôme équivalent contre 18 % des enfants d’ouvriers ou
d’employés en 2009- 2011. Ces taux sont assez stables par
rapport à la période 2003-2005.
Par
ailleurs, les enfants de milieu moins aisé quittent plus souvent
l’enseignement supérieur sans avoir obtenu un diplôme : en
2010-2012 parmi les jeunes âgés de 25 à 29 ans, c’est le
cas de 13 % des enfants de cadres ou de professions
intermédiaires ayant étudié dans le supérieur contre 21 %
des enfants d’ouvriers ou d’employés.
Tant
que le nombre des classes moyennes sera aussi massif et avec ses
hauts revenus, la révolution sous la direction du prolétariat
restera impossible.
ANNEXE :
interview de Guilluy
Qu’entendez-vous
exactement par « France périphérique » ?
Christophe
Guilluy : ’France périphérique’ concerne la répartition
géographique de la classe ouvrière en France. Il y a quinze ans,
j’ai remarqué que la majorité de la classe ouvrière vivait en
réalité très loin des grandes villes mondialisées - loin de
Paris, Lyon et Toulouse, mais aussi très loin de Londres et de New
York.
Techniquement,
notre modèle économique mondialisé fonctionne bien. Cela produit
beaucoup de richesse. Mais il n’a pas besoin de la majorité de la
population pour fonctionner. Il n’a pas réellement besoin de
travailleurs manuels, d’ouvriers et même de propriétaires de
petites entreprises en dehors des grandes villes. Paris crée assez
de richesse pour la France entière et Londres fait de même en
Grande-Bretagne. Mais vous ne pouvez pas construire une société
autour de cela. Les gilets jaunes sont une révolte des classes
ouvrières qui vivent dans ces lieux.
Ce
sont généralement des personnes qui travaillent mais qui ne gagnent
pas beaucoup, entre 1000 € et 2000 € par mois. Certains d’entre
eux sont très pauvres s’ils sont au chômage.D’autres étaient
autrefois des classes moyennes. Ce qu’ils ont tous en commun, c’est
qu’ils habitent dans des régions où il ne reste presque plus de
travail. Ils savent que même s’ils ont un emploi aujourd’hui,
ils pourraient le perdre demain et qu’ils ne trouveront rien
d’autre.
Quel
est le rôle de la culture dans le mouvement de la veste jaune ?
Guilluy :
Non seulement la périphérie française réussit mal dans l’économie
moderne, mais elle est également mal comprise par les élites sur le
plan culturel. Le mouvement de la jaquette jaune est un véritable
mouvement du 21ème siècle dans la mesure où il est à la fois
culturel et politique. La validation culturelle est extrêmement
importante à notre époque.
Une
illustration de cette fracture culturelle est que la plupart des
mouvements et manifestations sociaux modernes et progressistes sont
rapidement endossés par les célébrités, les acteurs, les médias
et les intellectuels. Mais aucun d’eux n’approuve les gilets
jaunes . Leur émergence a provoqué une sorte de choc psychologique
dans l’establishment culturel. C’est exactement le même choc que
les élites britanniques ont vécu avec le vote sur le Brexit et
qu’ils subissent encore, trois ans plus tard.
Le
vote sur le Brexit a également beaucoup à voir avec la culture, je
pense. C’était plus que la question de quitter l’UE. De nombreux
électeurs ont voulu rappeler à la classe politique qu’ils
existaient. C’est pour cela que les Français utilisent les gilets
jaunes pour dire que nous existons . Nous assistons au même
phénomène dans les révoltes populistes à travers le monde.
Comment
les classes ouvrières en sont-elles venues à être exclues ?
Guilluy :
Toute la croissance et le dynamisme sont concentrés dans les grandes
villes, mais les gens ne peuvent pas simplement y aller. Les villes
sont inaccessibles, notamment en raison de la hausse des coûts du
logement. Les grandes villes ressemblent aujourd’hui à des
citadelles médiévales. C’est comme si nous retournions dans les
cités-états du moyen âge. Curieusement, Paris va commencer à
faire payer des entrées, tout comme les droits d’accise que vous
deviez payer pour entrer dans une ville du Moyen Âge.
Les
villes elles-mêmes sont également devenues très inégales.
L’économie parisienne a besoin de cadres et de professionnels
qualifiés. Il a également besoin de travailleurs, principalement
des immigrants, pour le secteur de la construction, la restauration,
etc. Les entreprises s’appuient sur ce mix démographique très
spécifique. Le problème est que « les gens » en dehors
de cela existent toujours. En fait, la « France périphérique »
englobe la majorité des Français.
Point
fort : quel rôle l’élite métropolitaine libérale a-t-elle
joué ?
Guilluy :
Nous avons une nouvelle bourgeoisie, mais parce qu’ils sont très
cool et progressistes, cela donne l’impression qu’il n’y a plus
de conflit de classe. Il est vraiment difficile de s’opposer aux
hipsters quand ils disent qu’ils se soucient des pauvres et des
minorités.
Mais
en réalité, ils sont très complices de la relégation de la classe
ouvrière. Non seulement bénéficient-ils énormément de l’économie
mondialisée, mais ils ont également engendré un discours culturel
dominant qui exclut les personnes de la classe ouvrière. Pensez aux
"déplorables" évoqués par Hillary Clinton. Il existe une
vision similaire de la classe ouvrière en France et en
Grande-Bretagne. Ils sont considérés comme une sorte de tribu
amazonienne. Le problème pour les élites est que c’est une très
grande tribu.
La
réaction de la classe moyenne aux vestes jaunes a été révélatrice.
Immédiatement, les manifestants ont été dénoncés comme étant
xénophobes, antisémites et homophobes. Les élites se présentent
comme antifascistes et antiracistes, mais ce n’est qu’un moyen de
défendre leurs intérêts de classe. C’est le seul argument dont
ils disposent pour défendre leur statut, mais cela ne fonctionne
plus.
Maintenant,
les élites ont peur. Pour la première fois, il existe un mouvement
qui ne peut être contrôlé par les mécanismes politiques normaux.
Les gilets jaunes ne sont pas sortis des syndicats ou des partis
politiques. Il ne peut pas être arrêté. Il n’y a pas de bouton
"off". Soit l’intelligentsia sera forcée de reconnaître
convenablement l’existence de ces personnes, soit elle devra opter
pour une sorte de totalitarisme doux.
On
a beaucoup parlé du fait que les exigences des gilets jaunes varient
beaucoup. Mais avant tout, c’est une demande de démocratie.
Fondamentalement, ce sont des démocrates - ils veulent être pris au
sérieux et ils veulent être intégrés à l’ordre économique.
Comment
pouvons-nous commencer à répondre à ces demandes ?
Guilluy :
Tout d’abord, la bourgeoisie a besoin d’une révolution
culturelle, notamment dans les universités et les médias. Ils
doivent cesser d’insulter la classe ouvrière, de ne plus penser à
tous les gilets jaunes comme des imbéciles.
Le
respect culturel est fondamental : il n’y aura pas
d’intégration économique ou politique avant l’intégration
culturelle. Ensuite, bien sûr, nous devons penser différemment à
l’économie. Cela signifie se passer de dogme néolibéral. Nous
devons penser au-delà de Paris, Londres et New York.
(Christophe
Guilluy interviewé par Fraser Myers).
Et
l'avis d'un excellent cinéaste :
« La
lutte des classes, la cohabitation entre les riches et les pauvres
est un problème universel dans le monde actuel. Qu’on le veuille
ou non, nous sommes obligés de coexister, et le film parle des
difficultés qui en résultent. En France, vous avez le mouvement des
« gilets jaunes », qui a démarré en raison du prix de
l’essence, puis a pris une autre tournure. Nous avons le même
genre de tensions en Corée. Or, je ne pense pas qu’on arrivera à
une solution miracle, ni qu’il faille attendre un messie. Personne
ne sait comment tout cela va tourner, mais c'est un combat à mener
au jour le jour et tous ensemble ».
Bong Joon-ho : « Riches et pauvres sont obligés de coexister »
Dans
un entretien au « Monde », le réalisateur sud-coréen de
« Parasite », Palme d’or à Cannes,
NOTES
1Cet
ancien conseiller économique de la bourgeoise PS Royal est en
général assez condescendant avec les « limites » de
Marx qu'il crédite d'une « certaine clairvoyance » pour
sa méfiance vis à vis de la dette publique qu'il percevait « comme
un instrument au service de l'accumulation du capital privé »
(cf. p.210). Avec cette diiférence qu'au XX e siècle, la dette a
été noyée dans l'inflation et repayée en monnaie de singe.
Picketty ne comprend rien à la baisse tendancielle du taux de
profit et ne cesse de porter des jugements pour décrédibiliser
Marx : « Marx n'utilise pas de modèle mathématique et
sa prose n'est pas toujours limpide » (p.360) ; « ...en
dépit de toutes ces intuitions importantes, Marx conserve le plus
souvent une approche relativement anecdotique et peu systématique
des statistiques disponibles » (p.363). Picketty s'affirme lui
picrocholin et nunuche (cf. La lutte des classes ou la lutte des
centilles ? p.396).
2p.38.
3Deuxième
budget de l’État, le ministère des Armées emploie 270 000
personnels civils et militaires, intervient militairement au Sahel
et au Levant, est un acteur économique central de nombreux
territoires, travaille avec plus de 26 000 PME et exerce son
expertise sous les mers jusque dans l’espace. Chargé de la
défense du territoire national, de la lutte contre le terrorisme et
de la défense des intérêts vitaux de la Nation, le ministère des
Armées est doté d’un budget de remontée en puissance afin de
pouvoir répondre aux missions qui lui sont confiées.
Cf.
le dernier
rapport du cabinet IHS Markit sur les budgets de défense mondiaux,
publié mardi 18 décembre. Selon IHS, les dépenses
militaires
françaises ont dépassé le budget de défense russe en 2017 et
2018. Paris devance même Moscou de deux milliards de dollars cette
année (53,6 milliards de dollars contre 51,6 milliards). IHS avait
annoncé ce croisement de courbes dès fin 2016, soulignant la chute
régulière de la Russie dans son classement : celle-ci avait
été dépassée par l’Inde et l’Arabie saoudite en 2015,
sortant du top 5 mondial.
Depuis
2015, 120 bateaux militaires ont été vendus par les chantiers
navals français à Riyad, sans compter la rénovation par Naval
Group des principales frégates, équipées pour l’électronique
par Thales et pour les missiles par MBDA. La ministre Florence
Parly, en dévoilant début juillet le rapport 2018 des ventes
d’armes de la France à travers le monde, s’enorgueillissait de
la présence de la monarchie saoudienne en troisième position des
meilleurs clients de l’industrie d’armement tricolore. Cela
n’est pas nouveau : dans la décennie précédente, l’Arabie
saoudite était le second meilleur client, avec 11 milliards
d’emplettes d’engins de mort.
Ce
pourrait n’être que les affaires courantes, et hautement
rentables, des industriels de l’armement soutenus par le
gouvernement. Sauf que les engins vendus ne sont pas purement
décoratifs et qu’ils tuent. Et, dans le cas de l’Arabie
saoudite, ils contribuent aux massacres que le royaume perpètre
depuis 2015 au Yémen. La responsabilité des dizaines de milliers
de morts déjà recensés et de la famine qui touche le pays incombe
au pouvoir tenu par Mohamed Ben Salman, et aussi à ceux qui
l’arment.
4Même
si le mouvement comporta nombre de prolétaires, ceux-ci ne se
nomment pas ainsi, les manifestants monocolores (de la couleur des
cocus et des fous) préféraient encore se nommer « pauvres »
et généralement, ce qui est quelque peu ridicule, « de la
couche moyenne », terme qui au demeurant n'implique aucune
prise de conscience d'aucune sorte.
5Voir
l'excellente étude de Karine Clémant : Russie, pauvreté de
masse et stigmatisation des pauvres.
6« Il
faut culpabiliser les ouvriers » Monique, femme-gourou du CCI.
7Cf .
Pierre Ansart : Les sociologies contemporaines (Seuil 1990),
confirme ce que j'ai vécu pendant des décennies sur le tas. « On
sait que ce système d'organisation humaine du travail est
caractérisé par des distinctions très rigides des différents
statuts et par une rigoureuse hiérarchisation de ces statuts
depuis les ouvriers d'entretien jusqu'aux responsables de la
direction. De plus, du fait de la nature du travail, une pression
permanente est exercée pour que les tâches soient journellement
exécutées. De cette double pression résulte une particulière
faiblesse des rapports interpersonnels : les échanges sont
limités , l'intérêt porté au travail aussi faible qu'il est
possible, les syndicats ont peu d'influence et ne sont pas estimés »
(p.130). Et sur la théorie des conflits dans les organisations (de
divers types) lire p.129 et suiv.
8Il
ajoute, en bon social-démocrate admiratif des progrès de
l'économie capitaliste : « nous sommes passés d'une
société de super-rentiers à une société de rentiers moins
extrême que celle du passé, avec davantage d'équilibre entre la
réussite par le travail et par le capital » (p437). Preuve
que Picketty ne se relit pas, puisque par après il est obligé
d'expliciter l'hyper sélection par le fric des universités de
l'élite bourgeoise... (p.714 : Le rendement pur des dotations
universitaires et p.777 : Méritocratie et oligarchie à
l'université, et l'allusion aux mécanismes de sélection sociale
mis en évidence par Bourdieu et Passeron, p.779). Ce que d'autres
auteurs dénoncent mieux que lui. Sur ce prétendu équilibre il se
contredit à peine quelques pages plus loin en reconnaissant la
hausse des inégalités françaises depuis les années 1980-1990,
sans oublier que « la part des profits n'a finalement fait que
retrouver autour de 1990 le niveau qui était le sien à la veille
de Mai 68 » (p.457). Il ne croit pas que la capital est en
permanence assis sur un volcan et qu'on évitera des nouveaux kachs
style 1929, en jugulant pareillement à 2008 toute nouvelle crise
grâce à la capacité des banques centrales à « créer les
liquidités nécessaires » (p.753) !!! Nouvel
anti-communiste chic, missi dominici d'un capitalisme plus
égalitaire, Pichetty prétend se hausser, en conclusion, hors de la
problématique de dépassement du capitalisme (en terme de
« recherche « ) mais sans être très sûr de lui :
« Loin de stimuler les recherches (sic) sur le capital et les
inégalités, les affrontements autour du capitalisme et du
communisme ont plutôt contribué à les stériliser, aussi bien
d'ailleurs parmi les historiens et les économistes que parmi les
philosophes. Il est plus que temps de les dépasser, y compris dans
les formes que prend la recherche historique, qui demeure me
semble-t-il profondément marquée par ces affrontements passés »
(resic). p.949.
9
Cf. page 708, La hiérarchie morale des fortunes (sic).
10Des
statistiques indiquent que le phénomène serait en régression, le
personnel enseignant vivant le même dégoût et désenchantement
de la politique que le reste du prolétariat et subissant la
violence des élèves bradés et des parents bobos : (cf.
L'Express,
https://www.lexpress.fr/styles/enfant/comment-ameliorer-le-dialogue-parents-enseignants_1577541.html :
« Ces
statuts (de la loi Jospin), volontairement flous, auraient donné
trop de marge de manoeuvre aux parents. Ajoutons à cela la montée
de l'individualisme,
la progression du communautarisme,
la crise
économique,
la hausse
du chômage,
et l'on obtient un système scolaire en panne sèche, où les
parents craignent pour l'avenir de leurs enfants et où les
enseignants dépriment en voyant ce qu'est devenue leur profession.
Ainsi, pour éviter les clashs à répétition et opter pour la paix
sociale, certains professeurs choisissent l'autocensure:
"Dans certains cas, l'enfant est devenu l'oeil de Moscou auprès
de ses parents, profitant du moindre faux pas de l'enseignant -si
tant est que c'en fût un- pour provoquer une polémique et accuser
le professeur. J'ai vu une élève d'école primaire en arriver à
mordre son institutrice ». Société de l'enfant-roi :
« La
relation avec les membres du personnel enseignant n'est pas toujours
de tout repos, comme la jeune femme nous l'apprend : « Les parents
vont souvent préférer croire la version de leur enfant plutôt que
celle de l'éducateur ou de l'enseignant. Certains voient ces
derniers, surtout les éducateurs, comme des fonctionnaires pas
vraiment intelligents. Ils ne respectent pas notre profession et on
peut parfois sentir leur mépris. » Néanmoins
il faut savoir que la proportion d'enseignants parmi les parents
d'élèves est de 15% ! Comme quoi les chieurs sont souvent les
mêmes ! Ils ont surtout peur :
https://journals.openedition.org/trema/540
13Voir
ses délires à partir de la page 754.
14L'Etat
se désengage, abandonnant en grande partie sont rôle prétendu
d'arbitre impartial, précisément parce que « ses »
syndicats (CGT, CFDT, FO et même les prétendus indépendants) ne
servent plus à berner les ouvriers, sont discrédités et surtout
inutiles face à l'individualisation forcenée des tâches. Gageons
que les subventions étatiques en faveur des permanents syndicaux
vont connaître aussi une paupérisation... souhaitable du point de
vue du prolétariat honnête !
15« Gilets
jaunes » : Bordeaux la bourgeoise paie ses fractures. La
violence des manifestations dans la ville cossue a mis en évidence
la cassure entre un centre-ville désormais accessible aux
seuls privilégiés et des zones périurbaines gagnées
par un sentiment d’injustice et d’exclusion. (Le
Monde).
«
« Je me rappelle une manifestation en janvier. J’étais dans ma boutique avec des clients et des “gilets jaunes”, pas des casseurs, mais des gens comme vous et moi, se sont approchés en criant : “C’est une agence de voyages ! C’est pour les riches ! Venez, on casse tout !”. Drouet ne veut pas seulement être président de la république choaurdienne mais débile en chef, il sermonne le peuple et menace la macronie d'une rentrée dure niveau menace syndicale gauchiste ringarde (et avec ses habituelles ridicules fautes d'orthographe: "
« Je me rappelle une manifestation en janvier. J’étais dans ma boutique avec des clients et des “gilets jaunes”, pas des casseurs, mais des gens comme vous et moi, se sont approchés en criant : “C’est une agence de voyages ! C’est pour les riches ! Venez, on casse tout !”. Drouet ne veut pas seulement être président de la république choaurdienne mais débile en chef, il sermonne le peuple et menace la macronie d'une rentrée dure niveau menace syndicale gauchiste ringarde (et avec ses habituelles ridicules fautes d'orthographe: "
Les anti gilets jaunes qui applaudissent les manifestants de Hong-Kong . Vous pensez quoi de votre démocratie en france?
À part payer vous avez le choix de faire quoi d’autre??
Donc au final pas vraiment plus qu’eux !!
Quand ceux d’en bas s’en sortirons plus ça vous attendra vous aussi !!
Ce n’est qu’une question de temps !!
On critique aussi beaucoup les BB
Mais quand en Chine ils sont là et ça prouve qu’il y’a que comme ça que ça marche tout le monde dit bravo !!
Les manifestants de Hong Kong nous montrent comment marche la solidarité en septembre c’est comme ça que ça doit marcher pas avec les manif cgt fo ou encore partie politique ou à thème à la con je sais pas quoi!!
On se bat contre ce gouvernement , on est pas là pour se balader
Bonne soirée à tous et vivement la rentrée !!!!
Force à tous les gilets jaunes !!
Eric Drouet : Facebook – La France en Colère !!!À part payer vous avez le choix de faire quoi d’autre??
Donc au final pas vraiment plus qu’eux !!
Quand ceux d’en bas s’en sortirons plus ça vous attendra vous aussi !!
Ce n’est qu’une question de temps !!
On critique aussi beaucoup les BB
Mais quand en Chine ils sont là et ça prouve qu’il y’a que comme ça que ça marche tout le monde dit bravo !!
Les manifestants de Hong Kong nous montrent comment marche la solidarité en septembre c’est comme ça que ça doit marcher pas avec les manif cgt fo ou encore partie politique ou à thème à la con je sais pas quoi!!
On se bat contre ce gouvernement , on est pas là pour se balader
Bonne soirée à tous et vivement la rentrée !!!!
Force à tous les gilets jaunes !!
16Ou
sont présentées comme inutiles et vouées à l'échec dans le
secteur esclavagiste de l'ubérisation par exemple. Certains groupes
de livreurs de Deliveroo ont bien du mérite d'envisager une grève
nationale à partir des grandes villes, c'est loin d'être gagné
contre cette mafia obscure et ...sans frontières.
17Par
contre, une des forces des idéologues de la villa Montmorency est
de certifier que le communisme veut le nivellement par le bas. Ils
sont soutenus par conseillistes et anarchistes qui croient que le
communisme est égalité et obligation de consommer pour tous la
même chose. Sans oublier la propagande la gauche néo-stalinienne
et trotskienne.
19Inégalités
entre les riches et unité de la classe bourgeoise, Michel
Pinçon
et Monique Pinçon-Charlot.
Dans
Les
sociologies critiques du capitalisme
(2002)
https://www.cairn.info/les-sociologies-critiques-du-capitalisme--9782130531852-page-139.htm
20Interview
du couple Pinçon-Charlot.
22Thomas
Piketty, Le Capital au XXI ème siècle, p.111 ;
24À l’époque de la refonte de la nomenclature, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, des statisticiens en début et milieu de carrière se rencontrent à la division « Emploi » de l’INSEE : les premiers, comme A. Desrosières ou Alain Goy, ont près de quarante ans ; les autres, comme L. Thévenot et, un peu plus tard, Michel Gollac et Baudouin Seys, environ dix de moins. Tous participent, de près ou de loin, à la refonte et partagent un intérêt pour les sciences sociales : les premiers ont été marqués par le passage de P. Bourdieu à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE, école de formation de l’INSEE), lorsqu’il y enseigna au milieu des années 1960 ; les seconds étaient lycéens ou étudiants lors de mai 1968 et font partie d’une génération fortement politisée.
25J.
Porte se rappelle par exemple avoir « assisté à plusieurs
réunions au Centre d’études sociologiques » et « vu
souvent Pierre Naville », qui était « déjà trotskiste
avant la guerre », mais « ne croit pas avoir discuté
avec lui sur les CSP, ni avec Touraine ». Questionné plus
précisément au sujet de son utilisation des travaux sur la
qualification et le travail ouvrier, notamment de P. Naville, il
répond ne pas les avoir consultés.
Dans son article du Traité
de sociologie du travail,
il précisait qu’« il y [avait] analogie mais non identité
entre les concepts de ‘catégorie socio-professionnelle’ et
celui de ‘classe sociale’ [...] [parce que les CSP n’étaient]
rattachées à aucune des théories diverses et contradictoires à
partir desquelles les sociologues des différentes écoles [avaient]
voulu définir les ‘classes sociales’ ». En 1976,
lorsqu’A. Desrosières l’interroge sur le choix de l’appellation
retenue pour les catégories, il répond qu’il « ne les
appelai[t] pas des classes pour ne pas [s]’engueuler avec
certaines personnes qui, elles, les considéraient comme des
classes ». « Bien sûr, il y [avait] une origine
marxiste : je le dis, on peut les regrouper d’une façon qui
satisfait les marxistes, et allez donc... Ça m’est égal. Je veux
bien satisfaire les utilisateurs marxistes comme les autres. »
À Vaucresson, il reprend cette position en indiquant qu’à
l’époque où il a élaboré le code des catégories
socioprofessionnelles, la sociologie était très influencée par le
marxisme ; pour ou contre, tous les auteurs prenaient position.
La fabrication d’un code des catégories socioprofessionnelles
répondait à une demande assez forte : « marxiste ou
non, on parlait beaucoup des classes sociales ; il s’agissait
d’aboutir à un système pratique pour classer les individus ». 26https://fr.wikipedia.org/wiki/Professions_et_catégories_socioprofessionnelles_en_France
27On
n'en traite jamais dans les sectes politiques vertueuses et qui
affichent un culte nunuche du prolétariat, mais l'exploitation
existe aussi entre prolétaires. Cela me dégoût toujours de voir
le nombre croissant de jeunes prolétaires qui, vivant en HLM, font
payer le crédit d'achat d'un appartement en le louant à un
prolétaire comme eux, et plus cher que leur loyer HLM...
28Au
21 ème siècle comme au 19 ème les femmes sont encore obligées de
se prostituer because non le vice mais la pauvreté. Un exemple
récent avec titrage sensationnel de la presse-pute :
« Elle
confie ses enfants pour aller se
prostituer ». Dimanche, la
mère de famille âgée de 28 ans s’était présentée au
commissariat de Noailles à Marseille (Bouches-du-Rhône) pour
signaler la disparition de ses enfants. Elle
avait expliqué aux policiers les avoir confiés à une adolescente
à son arrivée en gare Saint-Charles, quatre jours plus tôt. Son
but était de pouvoir se prostituer afin de régler une dette
d’argent. Problème : L’adolescente a disparu avec les enfants
et leur mère ne connaît ni son identité ni son adresse, relate La
Provence.
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