"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 1 février 2024

L'ENFUMAGE ET LE FLICAGE SONT LES DEUX MAMELLES DE LA FRANCE


« L’esclave [antique] sert à nourrir un citoyen grec libre, et si la liberté civique est menacée par la richesse, comme Platon ne cesse de le rappeler, celle-ci ne provient même pas de la division artisanale du travail, mais du commerce extérieur et elle est conjurable dans la mesure même où la Cité est capable de maintenir en effet le commerce “à l’extérieur”, sinon de ses murs, du moins de son principe moral et politique ». G. Granel « Les années 1930 sont devant nous »)

 « C’est précisément en façonnant le monde des objets que l’homme commence à s’affirmer comme être générique. […] Grâce à cette production, la nature lui apparaît comme son œuvre et sa réalité. […] L’homme ne se recrée pas seulement d’une façon intellectuelle, dans sa conscience, mais activement, réellement, et il se contemple lui-même dans un monde de sa création  » .

MARX (manuscrits de 1844)



Je comptais me contenter d'analyser comme pour mes précédents articles les interprétations ou délires sur la révolte paysanne en cours. Je me suis rendu dans l'après-midi, en tant que reporter du PU, à Rungis où tout était calme dans les environs et les autoroutes fluides, sans pouvoir trouver l'entrée où se passait la confrontation entre agriculteurs et policiers. Le marché européen est très vaste. Prenant en compte ce qui était contenu pendant le déroulement de cette journée et à la vue du long et honnête reportage sur le terrain de BFM, et après mûre réflexion, je ne peux pas considérer cet événement comme une simple jacquerie sans lendemain. Nous avons affaire à un « mai 68 » paysan, non pas que le paysan soit devenu un révolutionnaire méprisant la propriété privée, mais par ce qui est contenu dans cette révolte à la fois naturelle et paradoxale. Mai 68 signait la fin d'une époque. Mai fut court dans sa durée mais posa aussi les questions fondamentales comme ce Janvier 24.

D'une part il se confirme que la paysannerie traditionnelle avec sa petite parcelle c'est fini, quelles que soient les illusions ou rêves du petit paysan,  Ensuite il est la démonstration de l'effondrement de la société dite libérale et de l'indifférence à l'élimination de ceux d'en bas. Il y a une perte de confiance historique dans la marche du système qui fait dire à ses animateurs : ça passe ou ça casse, voire : on meurt ou on crève.

La question d'un mode de production obsolète 1; tout le monde a conscience qu'on ne peut plus produire comme avant, les paysans et nous. Le mot décroissance est ridicule, utilisé par les fractions petites bourgeoises de la bourgeoisie, il veut faire croire que la diminution d'une abondance dispendieuse dans le système actuel pourrait être par une « désabondance » pilotée par des « circuits courts » avec cette qualité « bio » à laquelle on a voulu nous faire croire sans lésiner sur les prix ; de la même façon que l'aile de la petite bourgeoisie paysanne repue et proche des bobos urbains nous incite à acheter français même si c'est plus cher. Or, pour la masse humaine il y a encore nécessité de produire « en quantité » 2 encore avec cette production qui devient à elle-même sa propre fin, et n’a donc plus de fin. Qui vise la richesse en général, l’idée générale de richesse ou encore la richesse dans son abstraction.. On peut foutre en l'air toute l'idéologie écologique réformiste en posant les questions suivantes : À qui appartiennent les moyens et objets de production ? À qui appartient le produit du processus de production ? Quel est le statut social de la force de travail qui est mobilisée dans le processus de production ?3  Nombre d' écologistes sont d'anciens agitateurs d'un marxisme stalinien et trotskien et veulent écouler leur camelote en utilisant des concepts de Marx hors de leur contexte, bien qu'on puisse considérer aujourd'hui que la réduction de la journée de travail n'est pas suffisante pour changer de système.

Nous vivons donc un moment historique dont nous ne pouvons pas encore mesurer toutes  les répercussions. Et qui a d'énormes conséquences révélatrices sur les guerres en cours, sur lesquelles je vais me permettre une longue parenthèse.

DES REVELATIONS TROUBLANTES

Chacun sait qu'il n'y a pas plus dépendance pour la guerre que l'économie... et l'agriculture ! Depuis deux ans la guerre en Ukraine était devenue presque pépère et lointaine...On pouvait ne pas se sentir concernés, mais voilà qu'on s'aperçoit avec sidération qu'elle tue à petit feu notre agriculture, sans que cela gêne notre Etat français. Au contraire car en même temps qu'il fournit des armes il déshabille le paysan français sans vergogne en ouvrant grande la porte aux importations ukrainiennes (volaille, œufs, sucre) dont on aurait pu penser que cette nourriture eût été plutôt indispensable à une population subissant la guerre ! ?

Notre prince président, sans son mignon confiné à la tambouille secrète avec le chef milliardaire de la mafia FNSEA, s'en est allé chanter Joe Dassin en Suède, et jouer au fanfaron quand ses manants s'insurgent justement contre les conséquences de cette guerre et crèvent de froid la nuit dans leurs tracteurs ; «Nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l'Ukraine quoi qu'il se passe», a-t-il déclaré lors de cette visite officielle en Suède en l'honneur de Joe Dassin. L'Europe doit prendre des «décisions justes et courageuses», voire «innovantes», dans les prochains mois pour «accélérer» et amplifier son soutien militaire à l'Ukraine, a-t-il ajouté.  C'est à dire ? Continuer à bousiller l'agriculture en France ?

Militairement, la France aide-t-elle suffisamment l’Ukraine ? Depuis le début du conflit, en février 2022, la critique est permanente : Paris ne livrerait pas assez de matériel aux Ukrainiens, selon ses détracteurs. Au regard de son poids économique – le deuxième produit intérieur brut de l’Union européenne (UE) – et de la puissance de son armée, la seule du continent capable de mener des opérations d’envergure hors de son territoire, la France devrait faire beaucoup plus affirme en premier lieu la bourgeoisie allemande, principal laquais de l'impérialisme américain.

Tout cela serait bien triste pour le cénacle des bourgeois européen si leurs généraux devenus consultants autorisés sur les plateaux TV ne crachaient pas le morceau à notre plus grande joie. Un des principaux « bénéfices » de la guerre en Ukraine est qu'elle a vidé plus de la moitié des arsenaux militaires des pays européens. Donc que l'Europe ne peut pas entrer en guerre !

Un général de plateau TV, qui se croit plus intelligent, objecte qu'en 1941 alors que les Etats Unis ne disposaient que de 300 000 soldats en 1941, ils n'en étaient pas moins parvenus mais en trois ans seulement à 12 millions et en aussi peu de temps avaient également réussi à développer à outrance une intense production de blindés et d'avions. Pauvre général, miracle militariste qui semble bien loin des capacités actuelles russes et américaines. En plus, dépité, le général se sent obligé de constater ; la population européenne s'en fout.

UNE REVOLTE QUI BENEFICIE D'UN IMMENSE SOUTIEN DE LA POPULATION ET FAIT ECHO AUX MEMES REVOLTES EN EUROPE

Le mouvement est d'abord une révolte par procuration, ce qui l'honore. La dénonciation de l'hyper-bureaucratisation étatique, les charges écrasantes, les fins de mois difficiles, tout cela la classe ouvrière le subit aussi. Mais ne se sent sans doute pas encore à la hauteur pour y répondre.

Les deux classes subissent de plein fouet la violence du libéralisme sauvage. Le problème reste insoluble si on se focalise sur Bruxelles ou « acheter français ». Le problème ne relève pas non plus d'une conscience écologique du consommateur ni du souci étroit d'acheter plutôt le produit étranger parce qu'il est moins cher ; les paysans paupérisés vont aussi chez Leclerc ou Aldi. Et la notion de consommateur est aussi creuse socialement que joueur de boule de pétanque.

Révolte inattendue, et qui, de fait, fait voler en éclats poncifs et clivages, c'est un aspect commun avec 68. Bien sûr certains nous radotent que mai 68 a été la plus grande grève de l'histoire, à condition de ne pas oublier qu'elle n'a pas commencé comme une grève. L'explosion a débuté à la suite de la répression d'une sous-catégorie, considérée à juste titre à l'époque comme petite bourgeoise. Ce n'était pas que les étudiants qui étaient frappés et jetés à terre par les CRS, mais n'importe quel passant, homme ou femme qui passait. Ces images vues à la TV provoquèrent l'émotion dans tout le pays . C'était la méthode De Gaulle et son crépuscule. L'explosion n'était pas due à la « vie chère » ou à la guerre d'Algérie qui laissait pourtant des traces. Elle relevait de quelque chose de plus profond qui nous dépassait nous-mêmes les marcheurs lambdas des premiers défilés. Quelque chose qu'on n'imaginait pas la veille, un désir de révolution. Un truc historique assez inimaginable quand on a vécu une période aussi sereine alors comparée à aujourd'hui. Les deux époques sont des sommets d'ubiquité ! Quoi une révolution en pleine société de consommation inconnue des siècles passés avec vocation « à jouir sans entraves ? Quoi cette révolte paysanne qui se veut quelque part révolutionnaire, mais quelle révolution avec le maintien de la propriété privée ? De plus ce janvier 2024 paysan est d'une naïveté confondante avec son empathie policière.

En mai 1968, ce sont les étudiants et la répression policière qui avaient secoué le cocotier. La situation n'apparaît pas similaire en ce moment et pourtant elle l'est mais à l'envers. Le pouvoir actuel n'a pas oublié l'erreur de la droite gaulliste. Il abonde en déclarations d'amour pour les agriculteurs même si ceux-ci ne veulent pas lui rendre des baisers perçus hélas comme totalement hypocrites. Autre intérêt de cette révolte en tracteurs aussi chers que les SUV des cadres et petits patrons - mais à crédits éternels - son aspect international, certes avec cet aspect incrédible « petits bourgeois de tous les pays unissez-vous » ! Ils seront moult cartels de bureaucrates syndicaux de toute l'Europe chacun avec leurs mille revendications différentes ; comme je le décrirai par après on verra que cette hétérogénéité de la paysanne française est aussi son talon d'Achille et comment l'Etat français a déjà programmé sa défaite, en complicité avec « l'Etat européen ».

Enfin, et sans doute l'élément majeur, comparable au 68 étudiant et ouvrier, la spontanéité alliée à une méfiance et à un rejet des contrôleurs syndicaux, clairement confirmés par le rejet du comportement du Jérôme Bayle, membre du syndicat majoritaire et qui fît cavalier seul sans passer par une décision collective.

Macron n'a pas osé parler de chienlit paysanne, mais a cru que l'affaire se résoudrait avec quelques mesurettes et omelettes. La riche paysannerie ne fait-elle pas partie des piliers de la haute bourgeoisie française avec leurs vins et leurs fromages ? C'est bien connu « le petit paysan est balourd », Marx l'avait dit de façon plus polie. Souvent taiseux, pas si bête qu'il en a l'air et quand il dit merde, il fait mal. Examinons comment le prince de l'Elysée a cru qu'une opération de séduction gouvernementale suffirait pour les petites gens (comme dit LO)

LE MIGNON DU PRINCE

Un journaliste, Christophe Barbier l'a comparé à l'ange Gabriel de la Bible, assurant que le chef du gouvernement avait été « missionné » pour protéger « Dieu », c'est-à-dire Macron, lors des prochaines européennes contre le jeune hitlérien Bardella. Une journaliste servile de tous les régimes n'a pas caché qu'il fallait béer d'admiration envers le jeune premier. Ruth Elkrief se pâma « Il y a un ton, un style, un rythme et une forme de clarté. Ça va vite, la phrase est courte, on comprend ce qu'il dit. Ça, c'est quand même agréable ». En effet, il parla vite mais le discours dura 56 pages en presque une heure trente !

La domination bourgeoise décadente a accompli sa grande révolution anti-raciste à la suite de l'élection d'Obama (il fallait le faire dans le pays le plus raciste du monde!). Par après c'est en Angleterre que les deux principaux édiles du pays sont indien  ( Rishi Sunak le premier ministre) et pakistanais (le maire de Londres Sadiq Khan) ce qui n'a rien dérangé dans l'ordre de la subtile domination féodalo-bourgeoise britannique ; les flics anglais restent les plus racistes du monde comme les flics US.

Question libération féministe, on se souvient des mamies Thatcher et Merkel ; il a été prouvé que des femmes pouvaient être tout autant des dirigeantes à poigne que les hommes. Un peu partout des femmes sont devenues cheffes d'Etat et ministres à parité, sans changer d'un pouce la mauvaise condition des femmes. Tout ceci figure non seulement un admirable antiracisme et un féminisme de bon aloi, mais fait la nique aux derniers résidus d'un internationalisme prolétarien submergé et affaibli par des flux migratoires encouragés pour le profit d'une société capitaliste qui se prétend émancipée des limites frontalières. Sur les plateaux TV en France en particulier ce sont majoritairement des femmes plutôt jolies qui dirigent les conversations entre journalistes bourgeois ; on a pu en apercevoir, aussi, parmi les syndicalistes paysannes4 (NB : être belle est une garantie pour passer à la TV). Les grosses, les noirs et les unijambistes sont quasiment rétribués en coulisses. 

Il y manquait encore, pour compléter la révolution croquignolesque qui est la capote idéologique des bobos, un mignon. Le qualificatif n'est pas péjoratif au Moyen Age, c'est un favori de Charles VII (photo ci-jointe) quand le monarque écarta les vieux nobles hostiles de la Cour et donna des charges à de jeunes nouveaux conseillers, acceptant dans son lit les plus séduisants. Le successeur de ces lointains rois, qui connaît bien son histoire de France a choisi un minet brillant pas forcément destiné à être son héritier. Le seul bouleversement, et qui n'en fût point un, fût le fait qu'on sache que Attal est homosexuel. Je dois avouer au paysage que je me fous de la sexualité des puissants comme des impuissants. 

 C'est donc de la nomination d'un premier ministre homosexuel qui n'avait même plus besoin de faire son coming-out, et garde à ses côtés son ancien amant dans le conseil des mignons de Matignon, que vint la pochette surprise. On attendra pour plus tard un couple homo certifié à la présidence de la République, et béni par le pape. A la vocation internationaliste économique et guerrière de la bourgeoisie s'accrocherait ainsi un dépassement de la liberté sexuelle hétéro et ringarde. Que voilà une décision résolument moderne ! Loin de moi l'idée, que je laisse aux complotistes, souvent pédés eux-mêmes, que le prince aurait placé dans son lit son vassal Attal.

Homoparentalité, féminité et fertilité peuvent parfaitement succéder à la trilogie républicaine pour une France décarbonisée ou mieux, déconstruite comme dit Sandrine[1]

Le mignon eût bien du courage et du souffle pour lire jusqu'au bout son long texte lyrique mais mêlant habilement des points de détails qui atténuaint ce lyrisme, faisaient concret, et comportaientt des vérités que même la gauche bourgeoise est incapable de dire, comme la smigardisation [2]. Des considérations souvent justes qui furent dénigrées en bloc par les mignons de la gauche bourgeoise. Dans le brouhaha, la pas très mignonne Oudéra-Castéra fixait visage fermé son chef haï alors que l'aile contestataire de l'assemblée hurlait « dégagez-la » ! Les machins de la Constitution se confondent désormais avec le bruit d'un match de foot et de relations affectives5. Les applaudissements incessants à chaque phrase des bancs gouvernementaux étaient eux encore plus ridicules et dérisoires. Contrairement aux attentes de ses adversaires de la Chambre basse, et vulgaire, le discours ne se centra pas sur la révolte paysanne et c'était logique (mais insidieusement si avec l'allusion à l'écologie populaire). Un discours de politique générale  ne peut pas traiter que d'une catégorie de la population. Je n'ai pas le temps ici ni l'envie de commenter toutes les promesses ou vantardises de la trajectoire de son prince. Une chose m'a frappée, son utilisation d'une catégorie idéologique dont j'ignorais l'ampleur : une écologie populaire[3], car l'écologie demeure pour moi une messe et une arme idéologique de la bourgeoisie pour nous faire avaler qu'elle seule peut sauver le monde.

Le discours fût généraliste, par-dessus même la tête des paysans, il s'adresse à la classe ouvrière, même si tout est noyé dans « les couches moyennes » ; les prolétaires  devront surtout se raccrocher à la promesse d’une «écologie populaire», à l’affirmation que «l’écologie sans le peuple, c’est paver le chemin aux crises sociales» et à la condamnation du «fardeau des normes». Les mots mêmes des agriculteurs qui vomissent cette écologie gouvernementale qui les  met sur la paille (je ne l'ai pas fait exprès!), avec des règles plus punitives que dans le reste de l'Europe6. 

Depuis des années je dénonce cette idéologie écolo-bourgeoise, nouvelle messe interclassiste qui se pare même d'un internationalisme qui pue pourtant la mondialisation concurrentielle et artisanale. Une idéologie ambiguë qui ne passe pas en milieu ouvrier ;  comme le déclarait à Libération un prof de sciences sociales l'an dernier ; « Sans justice sociale et sans lien avec les préoccupations matérielles de court terme, aucune politique environnementale de grande ampleur ne pourra être mise en place ». C'est en effet, en survolant wikipédia, que j'ai découvert qu'un peu partout, en zones ouvrières, en Seine Saint Denis comme à Bordeaux une foule d'assocs étendent la bonne parole écologique à la manière des témoins de Jehovah ou des clubs antiracistes dans le 93. Evoquer cet appel à une écologie populaire, pourrait vous conduire à penser que les nègres d'Attal lisent mon blog puisque mon article précédent dénonçait une écologie punitive du gouvernement... 

Ce fût, même si aucun journaliste ne l'a noté, le cœur du discours de 56 pages. Pourquoi ? Parce que c'est le sujet au cœur de l'indignation paysanne et de sa contestation de cette idéologie petite bourgeoise. Le mépris des cliques bobos est permanent et sans fin ; les ploucs nous empoisonnent avec les phosphates et tuent nos abeilles ; question abeilles, on entendit tout à l'heure à Rungis deux apiculteurs expliquer qu'elles se portent très bien puisqu'il y a des tonnes de miel français qui ne trouvent pas d'acheteurs, mais qu'on achète du miel synthétique chinois... et que les bobos préfèrent celui du Maroc ou du Yémen parce que c'est une consommation exotique internationaliste et anti-colonialiste.

Les bobos écolos ne sont pas la cause de tout le libéralisme sauvage mais ils en sont les défenseurs les plus sournois. Le discours écologiste sur la décroissance a un peu fermé sa gueule pour l'heure mais il ne changera pas d'un iota une fois le calme revenu à la campagne.

 LES MIGNARDISES DU PRINCE CONSORT ET QU'ON DEVRA SORTIR

Situation complexe et quasi insoluble. D'un côté le prince veut continuer à rouler carrosse avec son écologie capitaliste quand, en face, les paysans veulent la vache et le lait de la vache à un bon prix ; ils savent en outre qu'ils n'ont pas les moyens de se passer des produits phytopharmaceutiques, poil à la biodiversité limitative et inconséquente que les bobos urbains veulent imposer automatiquement (même pour les betteraves).

Les aides gouvernementales se font attendre non du fait de la bureaucratie comme a dit Mignon mais parce que les caisses de l'Etat sont vides. Des aides sont lâchées au compte goutte en espérant étiolement et affaiblissement de la colère. Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé le mercredi 31 janvier sur Sud Radio que le gouvernement mettait sur la table 80 millions d'euros supplémentaires pour soutenir «l'ensemble des régions viticoles qui sont en crise».  Dérogations sur les jachères.  Les agriculteurs doivent actuellement faire en sorte que 4% de la surface de leur exploitation soit non productive (mise en jachère de terres arables mais aussi mares, haies, bosquets, etc.), ou avoir seulement 3% de surface non productive, mais y ajouter 4% de cultures permettant d'améliorer la biodiversité, dont par exemple les légumineuses. Pourquoi 3 et pas 5 ou 6 ?

Le ministre a ensuite précisé que l'État prendrait en charge «les intérêts d'emprunt sur l'année 2024» pour soulager la trésorerie des vignerons en difficulté. Il a de même annoncé la mise en place d’une «prime à l'arrachage ou à la restructuration». Cette enveloppe de 150 millions d'euros, «travaillée avec Bruxelles», permettrait aux viticulteurs d'arracher temporairement les vignes le temps de restructurer leur exploitation. «Cette prime pourrait (sic) être rendue définitive pour motif de diversification agricole», a précisé Marc Fesneau. «Ça peut concerner jusqu'à 100.000 hectares de vignes.»

Allez rentrez chez vous pour un plat de lentilles !

Tous les agriculteurs ont remarqué l'utilisation systématique du conditionnel et se doutent que ce n'est pas le petit cul de la bourgeoisie française qui pourrait (resic) modifier la guerre concurrentielle sans pitié du capitalisme international.

Certains agriculteurs naïfs ont cru malin de déclarer à Rungis que « Macron sera notre délégué à Bruxelles ! On pense à Blanqui : «  ceux qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocats, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours ! »7.

Des premiers paiements seront versés «avant le Salon international de l'agriculture, prévu le samedi 24 février» lequel ne risque-t-il pas de devenir une Sorbonne nouvelle paysanne ?

Le prince peut compter totalement sur l'accompagnement des médias, outre a paralysie des transports va immanquablement retourner l'opinion simple spectatrice. J'ai observé tout au long de la journée d'hier par exemple comment procédait BFM. Une alternance de l'injonction à respecter l'ordre et à « comprendre » les paysans . A un moment mécontentement justifié, à un autre courroux pour la gêne causée aux « usagers ». En gros la même tactique de décrédibilisation des grèves ouvrières, avec comme ordonnateur le fils à papa Duhamel.

Lorsque 79 manifestants sont arrêtés Alain Marshall qui déambule entre les tracteurs se garde bien de demander « où en est votre solidarité pour ceux qui sont en prison ? » Il privilégie l'interview pour les partisans du syndicat majoritaires pas d'accord et consentant à « ne pas franchir la ligne rouge des CRS ces amis sincèrement à leurs côtés ». On blablate en studio sur les présumés casseurs qui ont investi un hangar de Rungis puis sortis manu-militari par leurs « amis » casqués et en uniforme bleu horizon.

Vers 18 heures le gouvernement fait savoir qu'il va sérieusement réfléchir sur la question des jachères et de l'Ukraine. Le commentaires journalistiques* s »interroge sur les divisions syndicales « qui risquent d'affaiblir le mouvement ». ça alors ? On est choqué « dans « les rédactions » du blocage des cinq centrales d'achat.

Débarque l'auguste Pulvar, bras droit écologieux d'Hidalgo, spécialiste des questions environnementales, qui, diplomate endurcie, s'excuse : « la FNSEA en parle mieux que moi ». Et débiter le discours radicalement bobo avec condescendance fce à ses anciens collègues restés journalistes : « ma mission est d'accompagner l'écologie en favorisant les circuits courts, les interventions de proximité, apporte notre soutien à la nation. A l'en croire l'île de France est la région de production paysanne décarbonée la plus importante pour « une alimentation durable (sic) et pour soutenir la petite agriculture contre l'intensive. Qu'on se le dise !.

Le seul journaliste sans cravate de BFM s'insurge ; «vous rajoutez des normes qui ne s'appliquent  pas ailleurs dont sous évaluez l'impact négatif pour l'agriculteur français , par exemple pour le cerisier éradiqué. Hautaine la Pulvar s'éclipse.

La caméra suit à nouveau le sémillant Marschall avec son blouson marron Louis Vuitton. Il s'adresse à un routier : çà vous perdez de l'argent ? Il faudrait que ça s'arrête rapidement, n'est-ce pas ? Vous pensez aux routiers et aux taxis ?

Les flics autour grouillent de plus en plus.

  • vous aller cranter ? Demande-t-il à un des agriculteurs ? (je me précipite sur mon dico wikipédia pour voir la signification du terme que l'agriculteur avait commencé à employer)

    - oui on va les faire reculer.

Les tracteurs sont venus vrombir et klaxonner à trois mètres des tanks des CRS mais cela reste bon enfant.

Combien de temps l'Etat restera-t-il non-violent ? Face aux barrages qui débordent de plus en plus la "ligne rouge" de Darmanin.

NOTES MARGINALES SUR LES DERNIERS MOHICANS TROTSKIENS

La secte trotskienne wokiste, le NPA nous occasionne toujours de nombreux fou-rires, en particulier leur dernière trouvaille : lune lutte paysanne essentialisée écolo, antifasciste et féminine.

« UNE AUTRE AGRICULTURE POSSIBLE

Entre détresse et colère paysanne, hypocrisie de la FNSEA et du gouvernement, récupération de l’extrême droite, urgences sociale, climatique et écologique, les mobilisations agricoles secouent l’Europe. Et ni les mesurettes annoncées par Attal vendredi dernier ni son blabla réac à l’Assemblée nationale mardi n’arrivent pas à éteindre cette mobilisation. Un prétendu « réarmement agricole » qui en réalité est un désarmement des paysanNEs… Le nombre de fermes, tout comme celui des paysanNEs, a drastiquement diminué : il y a 40 ans, les paysanNEs représentaient 7 % de la population active… et moins de 2 % aujourd’hui. La Confédération paysanne parle d’« un plan de licenciement massif ». De plus, les inégalités sont immenses : si 18 % des ménages agricoles vivent en dessous du seuil de pauvreté, certains sont de riches industriels… comme le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui exploite 700 ha (soit 10 fois la taille moyenne) et préside le groupe agro-industriel Avril. Et sans surprise, Les politiques agricoles inégalitaires bénéficient avant tout aux grandes exploitations (...) la FNSEA tente de chevaucher la révolte actuelle pour satisfaire toujours plus l’agriculture productiviste et l’industrie chimique qu’elle défend contre la biodiversité et le climat, mais aussi contre la santé des paysanNEs et des populations. Ainsi, elle refuse les zones de non-traitement, l’encadrement des prélèvements d’eau, le plan Écophyto (c’est-à-dire la réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030), et exige un « moratoire sur les interdictions » des pesticides…

Il faut répondre aux revendications des agriculteurs/trices afin d’améliorer leurs conditions de vie et de travail, un combat qui rejoint celui de l’ensemble de notre camp social. Défendre ensemble des réponses émancipatrices, à la fois écologiques et sociales pour empêcher l’extrême droite d’instrumentaliser la souffrance d’une partie du monde agricole et de l’orienter vers des réponses nationalistes, anti-écologiques et antisociales.  La mise en place de la sécurité sociale alimentaire assurerait une alimentation de qualité pour tous·tes, faciliterait de nouvelles installations, et permettrait une juste rémunération des paysanNEs. 

 

LUTTE OUVRIERE n'en finit pas de m'épater par un éloignement sensible de son populisme passé où les paysans faisaient partie des « petites gensé surtout en périodes électorales (qui reviendront). Mais pas complètement avec la grille des petits et des gros.

Les nègres de Nathalie Artaud réalisent une prise de position avec un langage de classe, que je ne peut pas vraiment contester et qui leur vaut la haine de Médiapart et de tous les lobbies gauchistes bobos. Ceci dit ils ne peuvent pas répondre à ce qu'ils feraient de cette paysannerie irascible s'ils étaient au pouvoir ? Tirer dans le tas comme les bolcheviques ou les jeter dans les goulags comme Staline ? Quoique le capitalisme décadent semble faire le boulot...

« Les agriculteurs défendent leurs intérêts, les travailleurs doivent en faire autant !

Dans l’agriculture comme dans d’autres branches économiques, il y a des gros et des petits. Les gros sont de véritables capitalistes, à l'image d’Arnaud Rousseau, patron de la grande firme d’agroalimentaire Avril (Lesieur, etc.), également président de la FNSEA. Ils participent à la fixation des prix sur le marché et se conduisent comme des financiers. Ils peuvent faire face aux crises, et même en profiter pour écraser les plus petits.

Ces entrepreneurs font leur beurre en exportant dans le monde entier. Ils savent profiter des accords de libre-échange qui font crever bien des petits paysans ici et dans les pays pauvres. On les entend dénoncer la concurrence étrangère et réclamer des taxes aux frontières, mais ils sont les premiers à exporter dans le monde et à défendre la loi du marché. Et ils utilisent le sort des petits pour arracher de nouvelles subventions.

En revanche, les petits paysans sont des travailleurs de la terre écrasés par les intermédiaires, l’agro-industrie, la grande distribution, et les banques auprès desquelles ils sont souvent surendettés. Ils sont asphyxiés par les plus gros. Lactalis achète ainsi aux producteurs le litre de lait à 40 centimes, litre que le consommateur paie 1 ou 1,20 euro en grande surface – on comprend que les Besnier, actionnaires de Lactalis, soient parmi les plus riches de France, avec 40 milliards d’euros de fortune. À cela, s’ajoutent pour les paysans les aléas climatiques, les épizooties et mille et une contraintes. 

Travailler du matin au soir sans arriver à payer les factures et dépendre des plus gros, cela leur fait un point commun avec tous les travailleurs. Car vivre sans avoir la maîtrise de son salaire et de ses conditions de travail est le lot de presque tous les salariés, ouvriers, employés 

Ces petits agriculteurs sont, comme nous, travailleurs à la base de la société. Ils nourrissent la population, disent-ils fièrement et avec raison. Mais sans les travailleurs qui transportent, transforment et conditionnent les produits agricoles… ils ne nourriraient personne d’autre qu’eux-mêmes. Et sans les ouvriers, les hospitaliers, les maçons ou les agents du nettoyage, la société s’arrêterait brutalement.

Ouvriers et paysans sont à la base de toutes les richesses. Mais ce sont les capitalistes, les parasites et les financiers qui profitent de ce travail. Nous n’avons pas à l’accepter ! (…) L'ironie de la situation veut que les petits agriculteurs, victimes de la loi du plus fort qui est au cœur du capitalisme, en sont les défenseurs, car ils aspirent à conforter leur propriété. Même si, pour nombre d’entre eux, celle-ci se transforme en endettement à vie et fait planer la menace de la faillite et de l'expropriation. Même si leur libre entreprise les transforme en quasi-salariés des grands groupes de l’agroalimentaire.

Comme tous les exploités, les petits agriculteurs n’auront pas de répit tant que le capitalisme n’aura pas été renversé. Mais ce combat-là repose d’abord et avant tout sur la classe ouvrière. La solidarité, la compassion ou l’admiration vis-à-vis de la lutte des agriculteurs ne suffisent pas : leur mobilisation doit être une source de combativité pour tous les travailleurs que nous sommes. Pour être écoutés et respectés, il n’y a pas le choix, il faut nous battre pour nos intérêts de classe et la perspective d’une tout autre société, collective et planifiée.

Nathalie ARTHAUD 


 NOTES



[1]La gauche bourgeoise, assez bureaucrate elle même, a trouvé comment « essentialiser » Attal, il est de droite : « Les intentions sonnent juste. Débureaucratiser, désmicardiser, déverrouiller, restaurer l’autorité, opérer un «choc des savoirs» , promouvoir une écologie qui ne soit ni celle de la «brutalité»ni celle de la décroissance, créer un «choc d’offre» dans le logement: la route tracée par Gabriel Attal est droite ».

[2]Souvent on entend dire par certains paysans qu'il est scandaleux de ne gagner que 2000 euros par mois, mais une grande partie des ouvriers en sont loin !Au 1er janvier 2023, 3,1 millions de salariés du privé (hors agriculture) étaient payés au Smic, soit 17,3%.  Avec un bac+2, en 1988, le SMIC était à 4813FF, et beaucoup gagnaient le double. Maintenant, avec un bac+2, c'est souvent le SMIC et le loyer fait souvent plus de 1/3 du salaire.Oui, la France s'est smicardisée ! Cependant le discours au final noyait tout « en même temps » credo de la confusion macronienne, voulant réconcilier le diable et le bon dieu, les paysans et  les écologistes khmers verts !

[3]Ce que La Tribune résume bien : « Intimement lié à l'écologie politique, ce discours écologique dominant défend donc la politisation de l'enjeu écologique, l'adoption généralisée d'une conscience écologique individuelle, et le déploiement de politiques de régulation telles que la fiscalité verte. Malgré les divergences, ce discours écologique a de commun qu'il considère l'intentionnalité des actions environnementales (la « conscience écologique ») comme centrale.Or il semble à première vue que les classes populaires résidant en zone rurale ou en périphérie des villes rentrent difficilement dans ce cadre discursif. Pour elles, ce sont plutôt les impératifs de pouvoir d'achat, d'emploi et de logement qui sont régulièrement présentés par des éditorialistes ou sondages comme primordiaux. Les pratiques de sobriété sont donc souvent qualifiées de « subies », à rebours d'un engagement conscientisé et politique ».


1Questions que ne posent nullement les grèves de l'aristocratie ouvrière au Canada ou les grèves économiques dans certains pays au nord de l'Europe, sauf pour la Suède qui est l’un des pays européens à avoir payé le plus lourd tribut économique de la guerre en Ukraine, et c'est cela qu'il faut souligner surtout pour expliquer les grèves et pas radoter sur les trahisons syndicales comme le fait le CCI..

2Le mot abondance est désormais désincarné. Promis pour la société communiste il est déjà atteint par la société capitaliste, certes toujours inégalitaire, avec la malbouffe et avec des masses qui restent sur le bord de la route, mais dans tous les domaines du supermarché à la production d'armement personne ne peut nier qu'il y a surabondance. Plus généralement sur le sujet lire cet étonnante contribution : https://www.cairn.info/revue-savoirs-et-cliniques-2015-2-page-97.htm Exploitation, aliénation et émancipation : Marx et l’expérience moderne du travail par Richard Sobel.


3Marx apparaît d'ailleurs rétroactivement comme le premier écologiste mais pour une réelle transformation sociale et économique APRES LA REVOLUTION ; « « Tout comme l’homme primitif, l’homme civilisé est forcé de se mesurer avec la nature pour satisfaire ses besoins, conserver et reproduire sa vie […]. Avec son développement, cet empire de la nécessité naturelle s’élargit parce que les besoins se multiplient ; mais en même temps se développe le processus productif pour les satisfaire. Dans ce domaine, la liberté ne peut consister qu’en ceci : les producteurs associés – l’homme socialisé – règlent de manière rationnelle leurs échanges organiques avec la nature et les soumettent à leur contrôle commun au lieu d’être dominés par la puissance aveugle de ces échanges […]. Mais l’empire de la nécessité n’en subsiste pas moins. C’est au-delà que commence l’épanouissement de la puissance humaine qui est sa propre fin, le véritable règne de la liberté qui cependant ne peut fleurir qu’en se fondant sur ce règne de la nécessité. La réduction de la journée de travail est la condition fondamentale de cette libération  » (cf Le Capital, tome III.

4Laurence Marandola et Véronique Le Floc'h, assez étonnantes d'intelligence et de finesse politique, révolutionnant l'éternelle représentation machiste des paysans rudes et pas rasés, comme c'est le chic désormais pour les journalistes bourgeois.

5En une heure vingt de discours devant l’Assemblée nationale, Gabriel Attal n’est pas toujours parvenu à couvrir le vacarme venu de la gauche de l’Hémicycle, mardi 30 janvier. Trois semaines après sa nomination à Matignon, et en pleine crise des agriculteurs, le premier ministre a prononcé « malgré les hurlements » son discours de politique générale, sous le regard de sa mère et de ses sœurs, présentes dans la tribune. Et des membres de son « clan », installés dans l’une des loges. (Le Monde)

6 Une remarque concernant la charge finale du discours contre le RN, favori évidemment chez les paysans, le pouvoir a toujours besoin d'une opposition de poids voire crédible, ce n'est plus le cas des charlots insoumis, d'une gauche démonétisée même si quatre de leurs députés ont été faire risette aux dix neufs premiers paysans emprisonnés. La bande du RN est en effet une sérieuse menace électorale mais lui reprocher ses liens mafieux avec Poutine ne risque pas de les affaiblir, on est en France pas en Russie.

7Il est annoncé que les dix neufs premiers mis en garde à vue pour dégradation de bâtiment (ce qui n'est pas prouvé) seront jugés dans plusieurs mois avec à la clé une très forte amende et 5 ans de prison, intimidation classique qui ne sera pas suivie d'effet au risque de rallumer la mèche. En lutte on ne laisse jamais un camarde emprisonné. En 1969 à Edf on en avait eu un camarade emmené au poste, aussitôt toute la région de Rungis avait été plongée dans le noir et notre collègue gréviste notre collègue immédiatement libéré et sans poursuites.

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