"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 23 mai 2020

VOILE SANITAIRE ET VOILE MUSULMAN KIF-KIF BOURRICOT ?


Pour une fois, je fûs d'accord sur un point avec la remuante agitatrice féministe, raciste anti-blanc et apolitique Rokhaya Diallo, lorsqu'elle a une nouvelle fois secoué ce que les bien-pensants nomment la réacosphère : «Maintenant que le Convid 19 a démontré que l'on peut en effet participer à la vie publique et rester "français" sans montrer son visage ni embrasser des connaissances, la nation pourrait bien repenser la façon dont elle traite les musulmans».

Avec le premier membre de la phrase bien entendu car les notions de nation et de musulmans ne font pas partie de mes références politiques de base. Pourquoi est-ce que je me suis senti en partie d'accord ? Rokhaya Diallo avait fait référence à l'obligation pour tous de porter le masque sanitaire dans l'espace public mais moi j'observais la mise en place pénible et heurtée de la deuxième série des élections municipales. Quoi on allait encore faire prendre des risques à la population pour la vulgaire gestion municipale de l'Etat bourgeois ? La pandémie avait-elle été éradiquée des bureaux de vote par
Au Canada
la magie électorale républicaine impatiente ? Personne ne put échapper, sans sourire, à la coïncidence du port prohibé du masque islamiste et du masque obligatoirement sanitaire.

Je comprenais que le premier épisode municipal ne pouvait pas avoir été considéré comme une erreur « sanitaire » par la technocratie gouvernante, quoique certains élus l'aient payé au prix fort, plus du fait de l'effrayant nombre de serrage de mains que constituent les harassantes campagnes électorales que de la pose en mairie. Depuis le début de la pandémie l'imprévoyance a rivalisé sans honte avec le maintien du profit, sous les lamentations sanitaires et les mensonges salutaires, car, comme vient de le confirmer le chef Macron, il n'y a jamais eu rupture de stock de masques... puisqu'il n'y avait pas de stocks !

Je pensais comme beaucoup que Macron l'équilibriste avait été victime de la pression de l'arrogante droite sénatoriale et se mordait les doigts de l'insuccès du premier tour et de ses conséquences sanitaires déplorables, non tant par extension du maudit covid que par fuite du virus électoral. Non, du tout, je n'avais pas compris que l'intérêt de l'Etat primait politiquement. Après deux séquences très déstabilisantes, bien que sans projet politique alternatif, la saga gilets jaunes et le bordel des retraites, l'Etat a besoin de se re-légitimer, ce à quoi servent les diverses compétitions électorales, et plus encore les municipales. Pourquoi ? Parce que dans la période qui vient, dont personne ne doute de la gravité désormais, il faut à l'Etat être à même de manager jusqu'au plus petit canton, afin de contrôler pleinement la population avec tous les bureaucrates locaux. Attendre plus longtemps de parachever le premier tour eût été suicidaire, même si on nous assure que la décision est aléatoire si l'indiscipline « française » persiste à propager le virus. Imaginez pour l'heure, le nombre d'élus non élus et les ex-élus qui ne veulent pas porter le chapeau pour des décisions qui engagent la vie des gens, qui vont se trouver au premier rang des émeutes si les politiciens régionaux ne sont pas capables de monter au créneau pour limiter les licenciements massifs et faire face à la contestation syndicale ?
Ce deuxième tour, cette deuxième farce électorale plutôt, était indispensable pour renforcer le contrôle de l'Etat, qui ne peut pas être protégé intégralement par ses milliers de flics déguisés provisoirement en pompiers sanitaires mais toujours forces de répression des puissants contre les pauvres. On peut y voir la confirmation de l'impéritie, gabegie et affolement de l'Etat depuis les débuts de la crise du covid. Tout ce qui confirme une opinion commune à l'ensemble du courant maximaliste abstentionniste. Avec des nuances.

J'ai été amené à plusieurs reprises à polémiquer sur le réseau bordiguiste qui affirme être implanté en Algérie. Ces camarades affirment que la crise du covid est un complot pour mater la classe ouvrière. Plus simpliste tu meurs du covid ! Pourtant un glorieux anonyme rédacteur français de l'évanescent et peu probable exPCint, a livré un long texte qui explique très bien, à mon sens, que nous pouvons et surtout devons dénoncer l'impuissance du capital à surmonter cette crise, qu'on mette l'accent sur sa crise traditionnelle soi-disant masquée sous la crise sanitaire ou qu'on observe lucidement les dégâts monstrueux provoqués par l'arrêt de la production et dont le malade capitalisme n'avait vraiment pas besoin. Ce long article qui fait référence pour les bordiguistes complotistes, qui ne s'excusent même pas de leur dérive complotiste, comporte pour les deux tiers suivants des longueurs inutiles sur la crise et les taux de chômage dans divers pays, lassant... C'est du remplissage par incapacité politique à répondre autrement que par le fameux « programme immédiat » (colonne droite de leur page) ringard, dépassé et inadapté aux questions cruciales que le mouvement révolutionnaire devra confronter au moment de l'effondrement : que faire de l'immense masse de chômeurs ? Va-t-on leur dire comme Lénine en 1918 : « qui ne travaille pas ne mange pas »? Va-t-on interdire ou généraliser le télé-travail, cette géniale invention qui supprime la pire profession de trouducs, contremaître ? Va-t-on laisser les populations migrantes exposées à la faim vaquer d'un bout à l'autre du monde sans contrôle ? Va-t-on laisser les millions de tonnes de patates produites en France pourrir faute de marché pour les écouler, quand on pourrait les faire livrer à l'autre bout du monde où ils recommencent à crever de faim ? (je rappelle que la France avec sa seule production agricole peut nourrir le monde entier ou une grande partie).

Mais le plus chatouilleux pour le bordiguisme ringard, et ce pourquoi ils ne m'ont pas répondu, c'est la question de la prise du pouvoir. J'ai demandé : qui prend le pouvoir ? Le parti ? Qui constitue l'Etat ? Pas de réponse. Mais ils se sont énervés lorsque je leur ai appris que Bordiga avait dit une connerie en parlant d'Etat communiste, ce qui est proprement anti-marxiste. Menteur, m'ont-ils objecté. Vraiment, hé hé... alors reportez vous à la réunion de Forli en 1952. Bordiga, contrairement à Bilan, à la gauche allemande, à la GCF et au CCI, a été incapable d'approfondir sur la période de transition. Un point c'est tout. Le bordiguisme c'est mort même s'il y a de beaux restes. Je suis désolé mais je vais être méchant, ces sympathisants bordiguistes algériens, qui sont plus probablement de la série des groupes-individus dont je vous ai déjà parlé, utilisent le programme bordiguiste comme le coran, c'est la même fumisterie. Nous les marxistes, pour les parodier, nous n'avons aucun texte sacré et invariable.

Avant d'en finir avec l'invariance de la mystification électorale bourgeoise, je vais m'éloigner complètement de cette sorte d'électoralisme sociétal confiné dans la connerie par la médiatisée Rokhaya Diallo. Cette féministe « intersectionnelle »1 est une des meilleures représentantes du magma idéologique nihiliste et destructeur de toute conscience de classe (jusqu'à ses amis indigestes de la république) au profit de l'idéologie multiculturaliste des élites américaines, c'est pourquoi elle a d'ailleurs été sponsorisée par ces dernières.

La question de l'anti-racisme est depuis des décennies au cœur de la mystification électorale, cela a été négligé par le milieu maximaliste par internationalisme niais. Ce que les bourgeois nomment l'intégration républicaine est représenté sur les affiches municipales en banlieue par de plus en plus de noms d'Afrique ou d'Algérie, ce qui est normal vu l'ampleur prise, surtout dans les basses classes, par ceux qu'on appelle curieusement enfants de colonisés, comme moi je suis enfant de gaulois lozériens. Que ces gens, qui sont certes aussi français que vous et moi, concourent pour des postes de politiciens bourgeois inamovibles ne m'enthousiasme ni ne m'incite à adhérer au RN. Je ne participe pas au système électoral truqué et préformaté même si on me présente un type barbu comme moi ou une jolie fille. Par contre, les animateurs de l'immigration « réussie » sont devenus de robustes agents électoraux qui rabattent, ou peinent à, les mécontents des banlieues vers les urnes du capital ; on peut en déduire que le gros des derniers votants sont les vieux de souche et les vieux de l'immigration « intégrée ». Les jeunes des quartiers pauvres sont plutôt sur nos positions maximalistes... Donc il leur faut autre chose, et autre chose que l'émeute stupide, pour canaliser leur légitime sentiment de rejet. C'est à quoi servent les polichinelles de leur cru une fois élus, mais bien faibles en réalité pour illusionner sur une société française égalitaire et gentille. Il faut donc des Rokhaya Diallo, des indigènes de la république, NPA et consorts, pour leur donner un semblant de théorie de révolte. Le NPA se solidarise avec n'importe quel abruti qui fait ses rodéos en moto et crache sur les flics, quoique je ne pense pas que Poutou à Bordeaux en profite.
Tous se font les porte-paroles d'une seule et même théorie de la haine, qui n'est ni prolétarienne, ni révolutionnaire. Avec la théorie du « racisme d'Etat », Rokhaya n'a rien inventé, elle n'a fait que reprendre une des insanités du gauchisme ; le gauchisme trotskiste n'a pour credo qu'un antifascisme de salon, Hitler immortel avec son (en effet), « racisme d'Etat ». Or la plupart des Etats modernes ne sont pas racistes parce qu'ils ne peuvent pas l'être et parce que cela n'a aucun sens en politique. L'anti-racisme est essentiellement une idéologie apolitique et sentimentale de l'extrême gauche bourgeoise qui fait aussi office d'abstentionisme anti-élection (des blancs) au nom d'une révolution « multiculturaliste » donc introuvable et creuse. Non pas que le racisme n'existe plus, hélas si et sous de multiples formes, mais parce que cette idéologie a été haussé au rang de leçon morale du ressort de l'Etat bourgeois, qui éliminerait et qui élimine toute question de classes. Cette idéologie est très forte parmi la jeunesse, ce qui est un moindre mal, mais très pernicieuse, elle empêche de réfléchir. Elle est adossée à l'idéologie communautariste de Diallo : « ... l'État français a interdit les voiles de visages musulmans non pas pour protéger les valeurs de la République, mais pour promouvoir une compréhension assimilationniste du Français qui ne tolère pas des expressions culturelles minoritaires».
Ce charabia se ridiculise de lui-même, si on ne suffoque pas de rire. C'est quoi des « visages
musulmans » et de plus « voilés » ? C'est qui ce « Français » qui ne tolère pas l'expression culturelle minoritaire ? Mon voisin ? Sarkozy ? Duchnoc ? Comme toutes les starlettes médiatiques, du Zemmour à Soral, il faut lancer des mots provocateurs et sans appel pour faire parler de sa petite personne. Plus c'est imbécile plus ça passe. Ainsi le principal scandale du traitement mondial du coronavirus serait le « privilège blanc » dans l'attribution des passeports, apanage des occidentaux. Mais quels occidentaux ? Prolétaires ou bourgeois ? Le « victimaire business » a ses cadres supérieurs.
Au final, la « racialisation » des questions politiques n'est que la dissolution de toute pensée cohérente pour réellement confronter le pouvoir politique bourgeois, elle joue le même rôle que toutes les sectes fondamentalistes religieuses, désarmer la conscience des opprimés, leur inventer des rivalités entre eux, et ne leur laisser que leurs yeux pour pleurer. Comme la mystification électorale.

Le deuxième petit jeu électoral (ils l'appellent d'ailleurs « tour ») aura probablement lieu fin juin, il résumera toute l'ignominie d'un système de trucage des opinions de classes au profit d'élus déjà élus par leur propre parti, déjà tous corrompus, déjà tous laquais du système d'exploitation. Le faible nombre de participants ne culpabilise même plus les organisateurs étatiques, tant ils méprisent l'électeur, tant ils savent pouvoir compter sur l'impuissance des abstentionnistes, tant que leur système de grabataires du profit ne s'effondre pas encore très vite.
Car tout le danger est devant. Macron le cynique libéral ne peut pas « réinventer » sa cuistrerie et son absence d'autorité, sans Philippe et les autres bureaucrates ministres, il n'est rien. D'aucuns imaginent qu'il peut changer de cap, par exemple en nommant un nouveau premier ministre « de gauche » ; ce qui ne veut plus rien dire. En inventant un nouveau programme « plus social », plus « front popu », plus de sous pour l'hôpital ce héros, deux ou trois nationalisations, rapatriement de quelques bijoux de famille industrielle refilés bêtement à la Chine, etc. Du flanc. L'union nationale n'a plus aucun avenir, la mondialisation reste en face révolutionnaire. Ils n'ont pas de solution crédible à court et moyen terme. Moi si.
A la crise économique va s'ajouter une sérieuse crise politique. Et on ne nous fera pas croire que la scission de quelques zozos du parti présidentiel c'est l'USPD se séparant du SPD en Allemagne en temps de révolution, ce n'est qu'un ramassis de merdeux, les députés d'en bas on ne les connaît pas encore, mais ils vont faire mal.

Pour terminer, je vais encore me montrer d'accord avec une autre considération de cette pauvre Rokhya Diallo qui a quand même du talent : « Alors que dans la plupart des pays, la discussion sur les masques obligatoires s'est concentrée sur l'efficacité de la mesure, en France, où il n'y a pas si longtemps le gouvernement affirmait fièrement que ‘la République vit avec son visage découvert’, cette décision a soulevé des questions sur la manière dont l'État définit Identité et valeurs françaises ».
Les urnes poubelles.

Très bien, l'hypocrisie du gouvernement Macron-Philippe n'est plus à démontrer, même sans masque au début le gouvernement a continué à conserver les objectifs de saignée capitaliste, et s'il fait obligation du port du masque pour aller lui donner blanc-seing dans les urnes, c'est parce qu'au jeu des masques à double fond, il est imbattable, cruellement anti-social et anti-humain.


Le déroulement du deuxième « tour » fera pitié, en condensé il figurera complètement la soumission à l'idéologie islamiste : tu votes, même masqué, mais au moins égalitaire car les hommes aussi. Tous masqués. Tous maqués.





NOTE


1Qu’est-ce que l’intersectionnalité? C’est au tournant des années 1990 que le mot apparaît aux États-Unis dans deux articles de la juriste noire Kimberlé Crenshaw. Il s’agit de penser, à l’intersection des catégories raciales et sexuelles, la discrimination spécifique qui frappe les femmes noires. L’enjeu est inséparablement politique et théorique. D’une part, coincées entre le mouvement féministe et celui des droits civiques, les femmes de couleur ne peuvent se faire entendre. C’est la critique formulée avec ironie par le Black Feminism: «toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont des hommes…» D’autre part, le problème est de penser ensemble une pluralité de formes de domination, et en particulier sexe, classe, race, qui peuvent s’additionner ou se soustraire, ou s’articuler de multiples manières.
En France, sans doute les chercheuses féministes ont-elles de longue date pensé les liens entre classe et sexe, pour éviter de réduire celui-ci à celle-là, au nom d’une détermination économique en dernière instance. Mais c’est seulement il y a une dizaine d’années qu’on a commencé à parler d’intersectionnalité: en effet, c’est avec la loi sur les signes religieux en 2004 et les émeutes de 2005 qu’on prend pleinement conscience de la dimension raciale. Qu’il s’agisse de «tournantes» ou de polygamie, de hijab ou de niqab, on assiste à un double mouvement de sexualisation des questions raciales et de racialisation des questions sexuelles.
À nouveau, l’enjeu est théorique, en particulier pour les sciences sociales: faut-il partir de catégories différentes (Noirs et Blancs, femmes et hommes, etc.), ou de propriétés distinctes (comme sexe, race, classe)? Et comment ensuite les tenir ensemble? À nouveau, l’enjeu est également politique – comme l’a bien montré la sociologue Christine Delphy. Aussi peut-on parler d’intersectionnalité des luttes: comment forger des coalitions entre des mouvements divers sans prendre en compte les problèmes susceptibles de les diviser, tels que l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes ou xénophobes, ou son équivalent pour le mouvement LGBT, avec «l’homonationalisme» qui, pour le populiste néerlandais Pim Fortuyn, a servi à justifier l’islamophobie.
Un beau bordel qui pourtant reste limité au milieu bobo parisien et aux filiales marginales dans les autres grandes cités de province, mais de la merde face à toute explosion sociale.

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