Port d'Etaples novembre 2018 |
Appel de « Gilets Jaunes » de l’Est Parisien
Publié
le 18 janvier 2019
Je
publie également cet appel ici parce qu'il est de bonne facture, dit
des choses essentielles sur les naïvetés du mouvement et le
chiméRIC ; sa fixation sur l'extrême droite comme un viol des
consciences sur le web depuis dix ans est une fabulation de type
gauchiste, l'extrême droite à la ramasse ne fait que récupérer
les conséquences du mépris des élites de gauche et de droite pour
la classe ouvrière considérée comme « périphérique »
à l'open society antiraciste et antifa, et montre que les auteurs
sont passablement exaltés de plus s'ils misent sur une mythique
« grève générale », dans les conditions actuelles où
une grande partie de la classe ouvrière est encore « achetée »
avec garantie d'emplois et que les revendications petites bourgeoises
des clans GJ se retournent contre la classe ouvrière en faisant
passer au second plan la continuité des attaques du gouvernement
Macron contre les chômeurs et sur les retraites. On ne pose pas la question d'abord en termes de "comment on organise la grève" (ce qui est typique des organisateurs professionnels syndicaux) mais des CONDITIONS POSSIBLES OU IMPOSSIBLES D'UNE EXTENSION DE GREVES DEJA SIGNIFICATIVES PAS DE CETTE ECULEE AGITATION DE LA "GREVE GENERALE", et des potentialités réelles ou supposées que le mouvement mette le feu réellement SUR UN TERRAIN DE CLASSE ET QUITTE CELUI DES BOBOS EN JAUNE sinon cela ne reste qu'un appel phraseur d'intellectuels meneurs. On peut et on doit
discuter avec ces gilets jaunes qui se présentent comme
révolutionnaires et non pas collaborateurs ouverts aux
« discussions » avec le gouvernement comme les Priscilla
et Cie. Encore faudrait-il qu'ils organisent des réunions où on
puisse se rencontrer.
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Nos
gilets ne sont plus des tenues de sécurité routière ; ils
sont devenus le signal du ralliement de la contestation globale de
l’ordre en place. S’ils scintillent, ce n’est pas pour alerter
les autorités sur une quelconque urgence ou détresse sociale. Nous
ne les avons pas mis en réclamation de quelque chose au Pouvoir. Le
jaune de nos gilets n’est pas celui coutumièrement accolé à la
traîtrise par le mouvement ouvrier. La couleur de cet habit, c’est
celle de la lave de colère que le volcan de la révolution sociale,
en sommeil depuis trop longtemps, commence à recracher. Il n’est
jaune que parce qu’il embrasse le rouge.
Sous
cette appellation « gilets jaunes », un titan se réveille
à peine, encore groggy par le coma dans lequel il fut plongé durant
plus de quarante ans. Ce colosse ne sait plus comment il s’appelle,
ne se souvient plus de son histoire glorieuse, ne connaît pas le
monde où il ouvre les yeux. Pourtant, il découvre, à mesure
qu’elle se réactive, l’ampleur de sa propre puissance. Des mots
lui sont soufflés par de faux amis, geôliers de ses songes. Il les
répète : « français », « peuple »,
« citoyen » ! Mais en les prononçant, les images
qui reviennent confusément du fond de sa mémoire jettent un
trouble. Ces mots se sont usés dans les caniveaux de la misère, sur
les barricades, les champs de bataille, lors des grèves, au sein des
prisons. C’est qu’ils sont du langage d’un adversaire
redoutable, l’ennemi de l’humanité qui, depuis deux siècles,
manie magistralement la peur, la force et la propagande. Ce parasite
mortel, ce vampire social, c’est le capitalisme !
Nous
ne sommes pas cette « communauté de destin », fière de
son « identité », pleine de mythes nationaux, qui n’a
pas su résister à l’histoire sociale. Nous
ne sommes pas français.
Nous
ne sommes pas cette masse faite de « petites gens » prête
à s’allier avec ses maîtres pourvu qu’elle soit « bien
gouvernée ». Nous
ne sommes pas le peuple.
Nous
ne sommes pas cet agrégat d’individus qui ne doivent leur
existence que par la reconnaissance de l’État et pour sa
perpétuation. Nous
ne sommes pas des citoyens.
Nous
sommes ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour
survivre, ceux dont la bourgeoisie tire ses profits en les dominant
et en les exploitant. Nous sommes ceux que le capital, dans sa
stratégie de survie, piétine, sacrifie, condamne. Nous sommes cette
force collective qui va abolir toutes les classes sociales. Nous
sommes le prolétariat.
Conscients
de nos intérêts historiques, nous avertissons que :
•
Le
mouvement des gilets jaunes sera vaincu s’il s’obstine à croire
que les intérêts des travailleurs sont conciliables avec ceux des
patrons.
Cette illusion produit d’ores et déjà des dégâts car Macron se
sert d’elle afin de retourner la contestation contre les exploités.
Les pauvres capitalistes – dépeints opportunément sous les traits
des capitalistes pauvres : les petits entrepreneurs, artisans et
autres autoentrepreneurs – victimes des « charges »
sociales, partageraient le même sort que leurs employés. Il
faudrait donc globalement les épargner et se borner à demander
l’aumône aux plus gros d’entre eux. Cela permet au Pouvoir de
nous injurier tout en feignant de répondre aux revendications. La
prétendue hausse du SMIC ne sera payée que par les salariés.
L’annulation de la hausse de la CSG masque le maintien de la
réduction des pensions de retraites des plus pauvres.
•
À partir de cette
approche biaisée, une fraction des gilets jaunes affirme qu’un
État moins dispendieux permettrait d’alléger la charge fiscale
qui écrase les entreprises ; l’activité serait ainsi
relancée et chacun y trouverait son compte... Cela est un mauvais
conte de fée. Car ce n’est pas l’État qui étouffe les petits
capitalistes mais d’abord la loi de la concurrence qui les fait
exister et grâce à laquelle ils peuvent prendre des parts de
marché, c’est-à-dire se développer. Le problème social étant
ainsi mal posé par le mouvement de sorte que « l’État mal
gouverné » est ciblé en lieu et place du système
capitaliste, le programme gouvernemental de démantèlement de
« l’État social », au nom de « l’optimisation
de l’action publique », s’en trouve consolidé. Les
politiques de prédation sociale qui consistent à supprimer la
redistribution des riches aux pauvres, jusque là effectuée par le
biais de la sécurité sociale et des services publics, sont
ironiquement confortées. De même, les mesures de réduction du
salaire global, en comprimant le salaire différé (retraite,
allocations chômage...) sont dès lors justifiées. On
donne le bâton pour se faire battre.
•
Dans cette optique,
qui fait la part belle à l’équilibre économique pourvu qu’il
soit bien géré, ce qu’il y a de mauvais dans l’économie ne
peut être apporté que de l’extérieur : l’État fiscal,
l’Union européenne, la « Finance » « cosmopolite »
(et derrière sont parfois désignés les « juifs » et
les « illuminatis »), les immigrés. La mécompréhension
ou le refus d’admettre cette criante vérité que c’est le
capitalisme – comme système de production de la richesse à partir
de l’exploitation du travail humain – qui est en crise, ouvre
grand la porte aux formes réactionnaires de sauvegarde de l’ordre
en place. Dix
ans d’activisme d’extrême droite sur internet pèsent lourdement
sur ce suicidaire état de confusion dans lequel nombre de gilets
jaunes croient discerner une solution à leurs maux.
•
Parmi ces
« solutions », le Référendum
d’Initiative Citoyenne,
promu depuis longtemps par la fachosphère et qui a fini par rallier
les suivistes mélenchoniste, est
une fumisterie permettant d’étouffer la question sociale sous une
tambouille institutionnelle.
Cet aménagement démocratique ne réglerait rien, quand bien même
il serait adopté. Il étirerait juste l’élastique électoral tout
en maintenant le rapport entre les classes sociales – ses
conditions ainsi que ses enjeux – avec en sus la fortification du
réformisme juridique, ce parent pauvre du déjà illusoire
réformisme économique. Cela reviendrait à cautionner un peu plus
directement l’asservissement ordinaire.
Conscients
de nos tâches, nous constatons que :
•
Le
mouvement des gilets jaunes s’arrête aux portes des entreprises,
c’est-à-dire là où commence le règne totalitaire du patronat.
Ce phénomène résulte de différents facteurs. Retenons-en trois :
1) L’atomisation de la production, qui voit un grand nombre de
salariés travailler dans des (très) petites entreprises où la
proximité avec l’employeur rend très difficile la possibilité de
faire grève. 2) La précarité d’une grande partie des salariés,
qui détériore gravement leur capacité à assumer une
conflictualité dans les boîtes. 3) L’exclusion et le chômage,
qui placent en dehors de la production bon nombre de prolétaires.
Une grande partie des gilets jaunes est directement concernée par au
moins l’une de ces trois déterminations.
•
L’autre
composante du salariat, celle qui bosse dans les grandes sociétés
et qui dispose d’une meilleure sécurité de l’emploi (CDI et
statut) paraît être sous cloche, sur laquelle la puissante force du
mouvement se rompt comme la vague sur le rocher.
Un traitement particulier, composé d’efficience managériale et de
honteuse collaboration syndicale, est réservée à cette frange de
la population travailleuse. La
bourgeoisie a bien compris que cette catégorie des travailleurs a le
pouvoir de frapper la production capitaliste en son cœur, par la
grève générale illimitée.
C’est pour cela qu’elle consolide la pacification en donnant des
sussucres en formes de « primes de fin d’année
exceptionnelles ».
Conscients
de notre but, nous affirmons :
•
Nous
reconnaître dans les appels des gilets jaunes de Alès, de Commercy
et de Saint Nazaire,
dont le souci de refuser toute organisation hiérarchique, toute
représentation, et de cibler les capitalistes, est pour nous le
signe de la voie à emprunter.
•
Vouloir
briser les verrous idéologiques, managériaux et syndicaux, qui
maintiennent le mouvement des gilets jaunes en dehors de la
production.
Nous devons employer l’extraordinaire force doublée de
détermination que ce mouvement développe pour réaliser ce que des
millions d’exploités souhaitent
depuis tant d’années, sans
jamais y être parvenus : paralyser la production de
l’intérieur, décider des grèves et de leur coordination en
assemblées générales, unir toutes les catégories de salariés,
dans une même optique de renversement du système capitaliste et de
réappropriation de l’appareil de production. Mettons fin à
l’oppression hiérarchique, capitaliste et étatique.
• Vouloir discuter dès
maintenant de la grève, de son déclenchement, de son extension, de
sa coordination. Contactez-nous, Rejoignez-nous !
gilets-jaunes-revolutionnaires@protonmail.com
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