A l'instar des dirigeants africains qui pour bon
nombre d'entre eux ont fait de brillantes études dans les plus grandes
universités occidentales avant de retourner dans leur pays d'origine pour
embrasser des carrières de tyran, les nouveaux dirigeants issus du « printemps
arabe » suivent la même voie. Mohamed Morsi le président égyptien qui
vient de s’octroyer sur mesure une loi le protégeant de toute poursuite
judiciaire a passé près de dix ans à s'instruire comme ingénieur au pays
d'Obama, quant au président tunisien Moncef Marzouki qui n'hésite pas à tirer
sur la classe ouvrière, il était dans les années soixante-dix chef de clinique
à Strasbourg,spécialiste en neurologie. Les dernières manifestations de
protestation en Egypte et en Tunisie viennent confirmer qu’il n’y a pas eu de
révolution, qu’il n’y a pas de processus révolutionnaire en cours et que les
espoirs de changement radical de la société n’ont résidé que dans les esprits
enfiévrés de petits bourgeois floués par la crise et chez les têtes creuses de
certains journalistes occidentaux. Le film « Tahrir, place de la
Libération » de Stefano Savona, a révélé que place Tahrir, au plus forts
des impressionnants combats de rue, il n’y avait aucune discussion, aucune
réflexion, et seule revenait la litanie imbécile « Allah akbar », qu’on
peut traduire en français dans de telles circonstances par « bon dieu de
merde » ! On y voit des
petits bourgeois mis en scène complaisamment, pas très futés, archi-nuls
politiquement, qui se plaignent de ne pas avoir d'avenir et imaginent qu’ils ne vont pas subir, comme leurs parents, la corruption et
la privation de liberté. Ils voudraient vivre pleinement comme nous
consommateurs européens et bannir l'économie de subsistance dans laquelle les
enferme le régime islamiste corrompu qui a succédé au dictateur.
Les deux luttes en Egypte et en Tunisie ne sont pas de
la même teneur. En Egypte, la lutte « démocratique » de la petite
bourgeoisie a le mérite de contester l’autocratie islamiste, mais sans colonne
vertébrale prolétarienne elle mène dans le mur ; l’armée reste l’instrument
du pouvoir islamo-américain et va continuer à tirer dans le tas. En Tunisie,
comme je le souligne dans mon livre « religion et immigration »,
existe la classe ouvrière la plus concentrée du Maghreb, et cette dernière mène
son combat de classe contre l’oppression économique du gouvernement islamique.
La signification de ce combat est autrement importante et autrement dérangeante
qu’en Egypte. Ce combat vient confirmer que la crise économique répercutée par
les capitalistes islamistes contre la classe ouvrière va contribuer à
décrédibiliser ces bourgeois parasites issus des élections truquées. Voici ce
que j’écris au mois de septembre en conclusion de mon livre (qui ne s’est
pratiquement pas vendu et dont beaucoup parlent sans savoir) :
« Il n’existe
aucun projet de société mondiale islamiste car l’islamisme c’est la conservation
du capitalisme actuel, cérémonial féodal en prime. L’islamisme est incapable de
remplacer le projet de société « émancipatrice » même si modeste des « libérations
nationales » des sixties, qui n’ont rien libéré du tout, surtout pas le
prolétariat. L’islamisme n’est qu’un des multiples masques de Washington. Souvent
comparé au nazisme comme idéologie totalitaire, l’islamisme n’en a ni la
prétention militaro-industrielle ni les capacités politiques. Il n’est qu’un
fascisme de sous-développés. Il ne peut pas prétendre représenter la classe
ouvrière ni une nation en particulier. Il hait tant le socialisme qu’il ne peut
s’en affubler comme d’un masque. Nike et Coca-cola lui suffisent. La prétention
de vouloir édifier un jour un Etat califal transnational, regroupant l’oumma de
tous les croyants (et internant tous les non-croyants) est une vue de l’esprit.
L’érection de nouveaux Etats théocratiques à partir d’élections dites
démocratiques et sous le contrôle des grandes puissances assure la continuité
de la dictature étatique contre les populations paupérisées du
« sud », avec une dose plus ou moins épicée de charia. Les nouveaux
Etats religieux ne permettront aucune échappatoire à la misère capitaliste pour
les migrants et opprimés du monde entier, et, eu égard aux dissidents
politiques ou religieux, ils se ficheront de plus en plus de tout « droits
de l’homme ». L’Egypte persécute les Coptes, le Maroc expulse les
immigrants, la Tunisie restreint la liberté d’expression, etc. Les nouveaux
régimes font subir en gros la même oppression que le colonialisme disparu et
les dictateurs nationaux qui lui avaient succédé. Nulle part les clans
religieux au pouvoir ne mettent en cause le capitalisme. Nulle part ils ne
voudraient cesser de s’en mettre plein les poches dans ce système. (…)Au mode
de production féodal a succédé le mode de production capitaliste. Au mode de
production capitaliste devrait succéder le mode de répartition communiste sans frontières ou une régression universelle
(c’est ce qu’on espère depuis presque deux siècles), mais il n’existe pas de
mode de production musulman alternatif ! Les Etats artificiels créés par
les puissances dominatrices ne peuvent plus être des Etats-Nations au sens
évolutif, industriel et prolétarien du XIXe siècle. Ils resteront des zones
d’allégeance, des réservoirs de main d’œuvre jusqu’à la prochaine civilisation.
Un réservoir qui se déverse n’est pas forcément un malheur mais certainement
pas un facteur révolutionnaire, et tous les réservoirs du monde ne peuvent pas
encore se donner la main. L’Histoire fait souvent le contraire de ce qu’on
attendait d’elle. Le marxisme n’est pas mort, mais il n’a jamais été une
science exacte. Le retour du refoulé religieux, applaudi par Washington, n’est
en rien définitif. L’ordre bourgeois intériorisé par une religion féodale est
friable. Le dépérissement de la religion reste une donnée historique pour tous
les peuples modernes enchevêtrés. Si une nouvelle révolution doit avoir lieu,
elle prendra pour théâtre le monde entier. Nous croyons volontiers qu’il sera
inévitable que
soient déchirés les oripeaux religieux en même temps que la bannière étoilée ».
En tout cas pour l’heure,
pas plus d’avancée révolutionnaire que d’alternative à la dictature
capitalo-islamiste. Et pour les prolétaires qui se laissent abuser par des élections
ridicules, par des implantations de mosquées, par des phrases sonores d’islamistes
gouvernementaux ou de salafistes en opposition, il y aura des Allah akbar
d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours.
EN EGYPTE L’IMPASSE
DEMOCRATIQUE BOURGEOISE FOIREUSE
La promulgation, jeudi soir, d'une déclaration
constitutionnelle qui lui donne pour ainsi dire les pleins pouvoirs au
détriment de l'autorité judiciaire a créé la surprise et déchaîné les critiques
de l'opposition. «Aujourd'hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs de l'État» ,
s'est écrié le Prix Nobel Mohamed El Baradei sur Twitter, qualifiant le
président de «nouveau pharaon» . Vendredi, des milliers de manifestants ont
convergé vers la place Tahrir où régnait une atmosphère électrique, tandis que
des bureaux du parti Justice et Liberté, issu des Frères musulmans, ont été
brûlés ou saccagés à Alexandrie, Port-Saïd et Ismaïliya. Au sortir de la prière
(sic) des cortèges se sont mis en branle dans plusieurs quartiers du Caire en
présence d'Amr Moussa, ancien candidat à la présidentielle, et de Mohamed
ElBaradei. Lors d'une conférence de presse jeudi soir, ces figures de
l'opposition égyptienne avaient souhaité une mobilisation massive contre la
nouvelle «déclaration constitutionnelle» du président Morsi. Main dans la main,
libéraux et révolutionnaires ont répondu à leur appel, dénonçant la mainmise
des islamistes sur le pays et sa Constitution. Le Mouvement révolutionnaire du
6 avril, très actif durant la révolution, fut particulièrement visible avec ses
militants brandissant des drapeaux noirs à l'effigie des martyrs. «À bas la
dictature des Frères musulmans», scandaient nombre de manifestants, tandis que
des heurts éclataient rue Mohamed-Mahmoud, à deux pas de la place Tahrir, entre
forces de l'ordre et manifestants - les premiers essuyant une pluie de pierres
et répliquant par des tirs de grenades lacrymogènes. Principaux soutiens du
président Morsi, les mouvements islamistes officiels - Frères musulmans et
parti salafiste al-Nour - se sont pour leur part tenus à l'écart de la place
Tahrir. Satisfaits de la décision présidentielle, ils se sont réunis devant le
palais présidentiel d'Heliopolis afin de remercier Mohammed Morsi, qui s'est
exprimé en direct à la télévision assumant pleinement sa décision, assurant que
l'Égypte est «sur la voie de la démocratie» et jurant qu'il protégera les
droits de l'opposition. «Une opposition est importante pour l'équilibre
démocratique d'un pays», a-t-il précisé. Les hauts magistrats égyptiens ont
immédiatement répliqué au coup de force de Morsi en convoquant des assemblées
générales extraordinaires afin de préparer leur riposte juridique. «Morsi vient
de neutraliser le seul contre-pouvoir qui existe dans ce pays», s'inquiète le
juriste Karim el-Chazli. Plus généralement, l'opposition soupçonne le président
d'avancer méthodiquement ses pions dans le but d'établir un régime autoritaire
appliquant la charia. "Dégage!", avaient scandé les manifestants
reprenant le slogan emblématique de la révolte anti-Moubarak.Une banderole
déployée à une entrée de la place Tahrir proclamait: "Interdit aux Frères
musulmans". Ce qui n’est pas fait pour déplaire au prolétariat qui subit
maintenant ces corbeaux noirs du capitalisme décadent et bigot.
EN TUNISIE MANIFESTATIONS CONTRE LE CHOMAGE ET LA
PAUVRETE
Affrontements très violents entre
manifestants et forces de l'ordre dans la ville de Siliana, chef-lieu d'une
région déshéritée du centre de la Tunisie faisant 177
blessés. Parmi les blessés, 22 personnes ont dû être évacuées vers la capitale
pour recevoir des soins. Les violences avaient éclaté la veille lors d'une
manifestation qui avait mobilisé des milliers d'habitants, en marge d'une grève
générale décrétée par l'Union régionale du travail (URT). Les manifestants
protestent contre la marginalisation de cette région affectée par un taux élevé
du chômage et de la pauvreté. La population réclamait également la libération
de 14 activistes emprisonnés. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur
Khaled Tarrouch a déclaré que les forces de l'ordre «n'ont fait que riposter
aux actes de violence des manifestants qui tentaient d'envahir le siège du
gouvernorat (préfecture) et lançaient des pierres sur les agents». Le mouvement
de protestation s'est étendu à plusieurs villes de la région dont Gaâfour,
Makthar et Bouarada. A Tunis, quelque 200 manifestants dont des syndicalistes
et des représentants de la société civile, se sont rassemblés devant le
ministère de l'Intérieur pour protester contre "la répression" dont
ont été victimes les habitants de Siliana.
PS: même la lutte pour le respect des femmes est à l'avant-garde en Tunisie avec la lutte sociale, et ne peut pas être séparée de celle-ci par le féminisme bourgeois.
PS: même la lutte pour le respect des femmes est à l'avant-garde en Tunisie avec la lutte sociale, et ne peut pas être séparée de celle-ci par le féminisme bourgeois.
La Tunisienne violée que le
gouvernement Ennahda s’obstinait à laisser condamner en soutien aux policiers
violeurs, a bénéficié d'un non-lieu. Les magistrats bourgeois la poursuivaient
avec un total cynisme pour atteinte à la pudeur … Ces cuistres ont dû reculer
face aux protestations internationales. Le viol de cette jeune femme de 27 ans
début septembre par deux agents de police, devant son fiancé " était nié par
la mafia islamiste au pouvoir. Les
policiers affirmaient avoir surpris la jeune femme et son fiancé en train
d'avoir des relations sexuelles dans leur voiture, garée dans une banlieue de
Tunis. Selon le parquet, c'est alors que deux des agents avaient violé leur
victime à tour de rôle dans leur véhicule. Le troisième policier avait pour sa
part conduit le petit ami de la jeune femme jusqu'à un distributeur de billets
pour lui extorquer de l'argent. Face à l’arrogance des pontes ministres d’Ennahda
les déboires judiciaires de la victime
illustraient la politique à l'égard des femmes menée par les islamistes du
gouvernement tunisien. Le ministre tunisien de la Justice en voie de chariasation, une sorte de taré
butor à la Copé, Noureddine Bhiri avait
été particulièrement conspué après qu'il eût estimé début octobre que l'intérêt
porté par les médias étrangers à cette affaire témoignait d'un complot contre
le gouvernement! Les Tunisiennes bénéficient du Code de statut personnel
promulgué en 1956 instaurant l'égalité des sexes dans certains domaines, une
situation unique dans le monde arabe. Elles restent cependant discriminées dans
plusieurs cas, notamment en ce qui concerne les héritages. Il ne faut pas
oublier, en toile de fond, le large mouvement de contestation en août contre le gouvernement capitalo-islamiste qui
proposait d'inscrire dans la nouvelle Constitution la
"complémentarité" des sexes et non l'égalité, un projet abandonné
finalement en septembre après une vaste mobilisation populaire qui va dans le
sens de l’émancipation du prolétariat. La lutte conjointe des femmes et des
prolétaires en Tunisie est un exemple radieux pour l’Egypte où la misère et l’arriération
religieuse favorisent encore et souvent viols et attouchements sur les femmes,
même pendant les événements sur la place Tahrir ; avec ces exactions inadmissibles le tohu-bohu égyptien ne mérite surtout pas le nom de révolution.
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