Porte-paroles GJ en voie d'intégration |
Le
grand débat national éborgné
Quelques étranges figures de commandants gilets jaunes
et
la franchouardise
« Je
crains les Grecs même s'ils apportent des cadeaux »
Le
grand débat national éborgné
Je
ne suis jamais de ceux qui regrettent d'avoir fait grève ou combattu
pour une cause. Je ne renierai jamais l'heureuse surprise que j'ai
ressenti lors de l'échappée belle en gilets jaunes de chantier ni
d'avoir partagé un moment pleinement cette lutte contre l'arrogance
étatique. Il restera probablement dans les mémoires un intermède
réjouissant de rejet général des institutions bourgeoises et
d'apparition au premier plan de personnes de rien, qui n'étaient
rien mais qui disaient presque tout l'essentiel avant d'être
laminées à leur tour par le système et leurs destinées. Un cheval
de Troie est entré dans la forteresse gilet jaune pourtant, et dans
le ventre de l'animal de carnaval on va retrouver la plupart de ces
gilets de pacotille qui prétendirent lutter contre « l'injustice
sociale », mais déjà à notre insu pour une chimérique
« justice sociale » dans un monde dominé par le
capitalisme. Il faudra attendre encore un petit peu pour la révolution, j'ai calculé qu'il fallait attendre trois ou quatre ans en moyenne après les jacqueries populaires avant de déboucher sur une vraie révolution.
L'acte
XI a remisé au second plan le triomphalisme du lancer de nains
« grand débat national »1,
simple tremplin électoral2
pour Macron3,
qui confirme, comme le pensent plus des trois quart de la population
qu'il n'a pas changé, comme l'Etat n'a pas changé, ne changera pas
et n'a aucun risque d'être renversé même par l'armée mexicaine
des gilets jaunes. Le défilé des foulards rouges pro-Macron, avec
des chiffres certainement gonflés par les fakes policiers, n'a eu
aucune espèce d'importance ni un effet de surprise comme signal de
reprise en main de l'ordre dominant4.
Le défilé des bobos climatiques et de leurs lycéens n'a intéressé
personne. La possible énucléation d'un auto-élu porte-parole de la
mouvance des gilets jaunes, avec des médias qui s'obstinaient à
minimiser la responsabilité des policiers en parlant de simple
blessure, a suscité bien plus d'émotions chez les partisans de
l'hétéroclite mouvement que dans l'ensemble de la population qui
mit cela sur le dos des bavures inévitables au cours des
manifestations.
Indépendamment
de Jerôme Rodrigues, qui a été pris délibérément pour cible à
mon avis sur ordre hiérarchique, cette nouvelle atteinte à
l'intégrité physique en vue d'handicaper une vie entière vise
toujours à impressionner le plus grand nombre. Car, de massive, la
volonté de manifester s'est réduite surtout face à cette
répression ignoble. Aucun des problèmes sociaux, d'inégalités
salariales et de paupérisation n'a été réglé, mais peu à peu ils ont relégués au second plan par une proposition politique chimérique
monomaniaque par les fondateurs du mouvement même. Les « dix
milliards », comme les primes ou la suspension provisoire de
certaines taxes, n'ont été que goutte d'eau dans la mer des
salaires misérables et d'un niveau de vie précaire pour les couches
les plus précarisées de la classe ouvrière, et périphérique. Mais ce mouvement
protéiforme s'est-il jamais adressé à la classe ouvrière ?
Pas que je sache. Rien sur les chômeurs, malgré une dénonciation
de la pauvreté. Rien sur les attaques incessantes sur les retraites,
malgré une présence de nombreux retraités dans les diverses
manifestations. Malgré un soutien majoritaire de « l'opinion »
sorte de vade-mecum qui tient lieu de satisfecit aux auto-proclamés
porte-paroles, une détestation du pouvoir d'Etat sert d'aliment à
une incapacité à se situer dans la lutte des classes, et, à
l'horizon, nulle grève générale en vue. La classe ouvrière
est-elle demeurée absente avec son expression propre ou la révolte
des gilets jaunes lui est-elle apparue « étrangère » ?
Etrangère, laissons ce terme aux sectes propriétaires du label
« classe ouvrière » – car les prolétaires se sont sentis et se sentent
concernés par la remise en cause du niveau de vie de la population
salariée et pauvre – mais par contre peu concernés par le
schmilblic RIC imaginé par de troubles théoriciens. Et qui sonne
creux politiquement et surtout socialement. La classe ouvrière ne
pouvait donc se porter, comme le veut le marxisme classique, à la
tête des couches intermédiaires révoltées. Au mois de novembre
j'avais intitulé un des mes articles : « voulez-vous
mourir pour le RIC ? ». Tout comme
j'ai dit à plusieurs reprises aux porte-paroles de cesser d'envoyer
au casse-pipe les manifestants5
et quand le gouvernement et les médias assuraient que les violences
étaient le fait de l'ultra-droite et pas des flics. Le 24 novembre,
je commentais : «
traité d'anarchiste par le pouvoir il n'a eu pourtant aucun soutien
des anars ni des gauchistes qui sont restés chez eux, ni de nos
intraitables marxistes maximalistes pour qui la grève est le nec
plus ultra de la révolution ce qu'elle n'a jamais été et ne sera
jamais par elle-même. La principale faiblesse du mouvement est à
mon avis l'incapacité des résidus de minorités révolutionnaires,
congelés ? (…) Et pourtant il faut et il faudra des
organismes politiques, des gens qui réfléchissent pour contribuer,
pas diriger, aider au développement de la conscience « laborieuse »
de classe, faute de quoi il restera mou puis se dissoudra ».
Depuis plus de deux mois, malgré les efforts de quelques trotskistes
infiltrés6,
point de tels organismes malgré la réunionite à Commercy, mais une
débandade en compétiteurs prêts à « intégrer le système »
électoral bourgeois, de l'opportuniste Cisco à Ingrid et Jacline,
et des roulements de tambour de « la famille » à Drouet
et Cie.
UN
SOCIALISME VILLAGEOIS EN GILETS JAUNES
Je
n'ai pas été emballé par l'expériece de Commercy dans la Meuse,
où quelques uns de mes amis marxistes en gilets jaunes se sont
répandus en éloge d'une possible jonction avec la classe ouvrière.
Les mouvements anti-intellectuels me rendent toujours méfiant, ce
sont souvent ceux qui ont finalement le plus besoin d'intellectuels
parce que le statut de révolté ne vous donne pas toute la faconde
et culture pour vous opposer à l'élite bourgeoise. On sait comment
plusieurs clans ont été approchés et séduits par la bande au
petit professeur Chouard. A Commercy, même chose. C'est un ancien
prof, Ladislas, moitié hippie, qui s'est fait le VRP des gilets de
Commercy, ville ouvrière désindustrialisée . Il est parti faire
son tour de France avec la recette locale : «Dans
les grandes villes, les réunions ne permettent pas de se mettre
d’accord. Avec de petites assemblées, de trente ou quarante
personnes, on peut s’écouter et prendre des décisions.»
En
soi, si l'on croit les sornettes du CCI qui croit à une perte
d'identité de la classe ouvrière, l'initiative de cet
auto-stoppeur, nouvel Agricol Perdiguier, serait plutôt à louer,
quoique je pense qu'il soit atteint d'organisativite trotkiste depuis
ses fonds baptismaux. J'ai pu constater lors d'un des premiers
ronds-points en novembre, comme dans les grèves au cours de ma
carrière, que le besoin d'extension surgit naturellement rapidement
de la part des prolétaires, mais qu'ils sont souvent bridés par des
professionnels de l'organisation. Les comptes rendus de la presse
donne à voir plutôt une Zad bis : « Au
fil des assemblées générales, les gilets jaunes du coin ont
construit une solidarité à toute épreuve. Dans leur cabane,
installée au centre-ville, ils sont une quinzaine à discuter, à
rire ou à nourrir le feu, indispensable. Une véritable famille
militante est née de cette mobilisation à petite échelle :
«En
refaisant la démocratie, des gens qui souffraient reprennent espoir.
Tout semble à nouveau possible»,
témoigne Guy, retraité et bénévoles dans plusieurs
associations ».
« Cette
soif de pouvoir politique prend racine non loin de Bure. Isabelle
Masson-Loodts a filmé la révolte des opposants à l’enfouissement
des déchets radioactifs. Entre répression et contrôle judiciaire
des militants, la documentariste a eu le sentiment d’observer «une
vieille colonie en guerre.»
Elle n’est pas étonnée de voir des Meusiens aussi déterminés
qu’organisés : «Là
où le déni de démocratie est le plus fort, la population reprend
contact avec le politique.7»
Les
derniers débats centralisés avec plusieurs délégations n'ont
pourtant accouché que d'une souris, et d'une polémique gênante
parce que les gauchistes parisiens voulaient ajouter le mot migrants
à ouvriers8.
RETOUR
A LA CAPITALE
Aux
pâles souteneurs foulards rouges, qui exhibaient le panneau « Oui
à la démocratie, non à la révolution », j'aurais pu
répondre : ne vous inquiétez pas, point de révolution en
cours mais une dispersion avérée, et un délitement implicite car
les couches intermédiaires ne sont pas une force sociale cohérente ;
elles sont incapables de s'unir, ou alors il faudrait que la notion
de peuple ne soit pas ce qu'elle est, un fourre-tout symbolique mais
pas du tout subversif. Ce peuple, aussi inconnu que le soldat du même
nom et auquel Macron s'adresse si bien en sermons de charité, tout
en donnant ordre à ses soudards d'éborgner et de blesser à vie
« pour qu'une autre vie commence avec « nous »,
finit par n'être que le spectateur de la confusion régnante.
La
décrue des manifestations n'est donc pas niable, mais peut-on
affirmer que tout est de la faute de l'Etat ? On assiste à une
bataille d'images, contradictoire mais autiste. Avec son débat
national, la mafia gouvernementale a attaqué le mouvement à son
point faible, l'inutilité de débattre – normale lorsque celui qui
prétend discuter vous flanque des coups sur la gueule – mais
confortée par une attitude rigide avec un projet « indébattable »
d'hyper démocratie, totalement fumiste et inapplicable et plus
encore en régime d'oppression capitaliste.
Lazare
Macron renaissant de ses cendres, au milieu d'auditoires choisis, a
passé du temps à jouer encore et toujours au pédagogue qui
explique à des enfants de cinq ans, pour n'expliquer que
superficiellement le fonctionnement de l'Etat, en excluant d'informer
sur le rôle « électoral » des réseaux financiers et
les passe-droits du système régalien, en appelants « mes
enfants » ses auditeurs. Il n'a nullement changé dans le genre
pédagogue crétin. En face, ou plutôt hors champ, une bande de
gilets jaunes auto-désignés remet en cause la capacité à
gouverner de l'Etat en proposant de rafistoler la constitution avec
la rustine du RIC ; l'obscur Chouard nomme cela « une
capsule », et un de ses adorateurs, le Jérôme à longue
barbe, pas encore grièvement blessé, déclarait cette chouardise,
dans une émission qui l'a rendu célèbre pour son punch face à
l'idiot de service Pascal Praud : « je tiens à améliorer
la constitution » !
Il
y avait Ali Baba et les 40 voleurs, voici le RIC et les 42
revendications gilets jaunes ! Il nous faut sérier ce qui
pose problème non seulement à celui qui rédige ici, ni non plus à la seule opinion généraliste mais à tout ouvrier qui réfléchit et qui ne se
laisse pas happer par l'enfer des borborygmes et menaces sur les
réseaux, où celle-là et celui-ci se comportent littéralement
comme un flic : « c'est le RIC qu'il nous faut... c'est ça
ou rien... tu n'es pas un « vrai » gilet jaune... Arrêtez
d'attaquer Eric c'est le meilleur... ».
LE
CAS ERIC DROUET ou le péché de forfanterie:
Il
restera à Eric le mérite impérissable d'avoir mis le feu à la
plaine, avec ce petit plus génial (oublié par politologues,
syndicalistes et léninistes) d'avoir filmé en direct, avec caméra
cachée l'entretien avec un ministre au tout début ; on
regrettera qu'il n'ait pas appliqué la même formule de transparence
avec son petit clan dit « la famille ». Mais personne
n'imagine des complots sans comploteurs ni des comploteurs sans
complot. Les réunions secrètes de la haute flicaille avec Castaner
n'étaient pas filmées non plus.
L'utilisation
du flux des réseaux sociaux lui a réservé par la suite une
importance outrancière qu'il n'a pas pu assumer, déclarant lui-même
être inapte à parler en public. Ce qui n'empêche certes pas d'être
intelligent ou avisé, mais fait un tantinet incongru lorsqu'il a eu
la prétention de faire envahir l'Elysée. Je disais à l'époque que
seul un parti peut prétendre appeler à une telle insurrection. Mais
il ne s'agit qu'une des multiples forfanteries des agités du bonnet
nombreux et nombreuses au début mouvement qui en appelaient « aux
armes » avec pour tout fusil les pistolets à eau de leurs
enfants ou petits enfants.
Le
personnage a pris peu à peu la grosse tête mais gardé ses tics
agaçants, comme à peu près tous ceux qui ont eu les honneurs de la
télé. Cela vous fait reconnaître dans la rue, avec moult demande
de selfies, on est tout de même heureux de devenir visible comme des
stars ! Dans le désert ambiant où c'est la stupeur qui règne
parmi toutes les smalas politiques et syndicales, l'appel quasi
putschiste d'un type qui ne représente rien que lui-même ou sa
bande de potes, laisse tout le monde sur le cul ; encore un truc
à répercussion dont aurait tant aimé Besancenot afin de ne pas
avoir une vie de trotskiste raté ou une vie ratée de trotskiste. Le
bonhomme, bien qu'arrêté par la police un quelconque samedi, ne se
dédie pas : « Ne jamais mettre en cause ma
détermination ça serais mal me connaître !! Je croit plus en
cette république dsl (désolé) !!", écrit-il. "La France
a mon sens besoin de renouveau !! Beaucoup trop de gens ce meurt
!!! ».
L'orthographe
malmenée c'est sa marque de fabrique. Je lui ai écrit pour lui
conseiller de demander quelques corrections au moins à sa femme. Il
a répondu que je n'avais pas ma place sur son forum. Je reviendrai
plus loin sur cette goujaterie formaliste. Il se prend désormais
pour un général anti-général, anti-système, anti-politique, mais
politique quand même puisque mettre en cause l'Etat n'est pas une
simple opération sportive. Puis, plus sombre, voyons comment il
conçoit le fonctionnement de son parti secret en réseaux avec
pouvoir de filtrer et de sélectionner ce qui lui convient :
« Drouet
conçoit sa fonction comme celle d’un «messager»
qui relaie, fort de son audience, les initiatives qu’on lui
transmet. «Vous
me donnez beaucoup de choses à partager, j’essaye de faire le
tri»,
disait-il dans un direct. Les gilets jaunes sont devenus une
fourmillante boîte à idées : grève générale, marche des
femmes, chaîne humaine à travers toute la France, «Nuit Jaune»,
marche des blessés… Pour se concrétiser sur le terrain, les
créateurs de ces événements ont besoin de l’audience et de
l’onction que représente un partage par Eric Drouet ou Maxime
Nicolle. Leur influence les rend incontournable. Une manifestation
parisienne ne devient «officielle» pour les gilets jaunes que si
elle est partagée par Eric Drouet ». (inerview de l'OBS)
«J’essaie
de partager le maximum»,
répète sans cesse Eric Drouet dans ses lives. La vérité est plus
contrastée. Il ne partage que les événements que lui et son équipe
veulent bien partager. Le processus de sélection est tout sauf
transparent. Des gilets jaunes le soupçonnent d’avoir mis en place
une direction officieuse du mouvement, dont personne ne sait rien.
Face à ces accusations, Eric Drouet répond que les initiatives
qu’il promeut ne font que retranscrire la volonté de la base.
Le
concept d’une «Nuit Jaune» viendrait ainsi directement d’un
sondage mené sur son groupe, où il demandait aux internautes de lui
soumettre de nouvelles idées. En se présentant comme un simple
«messager»
qui retranscrit la volonté de la base, il s’exonère de la
responsabilité juridique et morale des événements. Interrogé sur
l’antenne de RT France, Eric Drouet assurait ne pas en être
responsable et ne faire que «relayer
les informations». «C’est la remontée des réseaux sociaux»,
expliquait-t-il ».
A
nos sectaires « marxistes orthodoxes », qui récusent
tout enseignement de l'expérience gilet jaune, je demande de
réfléchir à ce type de fonctionnement qu'il nous importe
d'identifier comme anti-collectif, anti-socialiste, anti-organisation
et finalement... très léniniste. La plupart des sectes politiques
fonctionnent ainsi, et je n'en voudrai pas autrement à Eric en lui
disant qu'il n'invente rien, et qu'on a connu pire fonctionnement
arbitraire que celui de « sa famille ». Et que
l'apolitisme régnant n'est pas fasciste, comme le disent le CCI et
les sectes trotskistes (le gaullisme était alors fasciste lui
aussi?)9,
mais un réel dégoût du substitutionnisme politique des partis de
toutes les couleurs, et une manifestation de ce que la classe
ouvrière n'a pas perdu son identité de classe parce qu'elle a en
horreur l'exemple du parti étatique bolchevique ou n'a jamais eu
envie de suivre les ordres de la « famille » à Eric
Drouet. Bien au contraire, ce refus de suivre les désidératas
d'aventuriers petits bourgeois, routiers et commerciaux, révèle une
certaine maturité (je dis cela pour les ânes du CCI qui, dans leur
dernier pensum sur les GJ, ne sont capables que de comparaisons hors
de propos avec l'apolitisme fasciste des années 1930). Au vrai,
comme en 68, la classe ouvrière n'est jamais totalement amorphe,
elle veille, mais elle n'est pas prête à aller au casse-pipe pour
Eric Baba et ses 42 voleurs.
Son
catéchisme à lui aussi c'est donc ce misérable RIC contre l'Europe
des banquiers et la ploutocratie. Alors que ce petit routier
individualiste ne sait pas ce que c'est la classe ouvrière historiquement, il
l'appelle à se mettre à la remorque de la pauvre journée d'action
de la CGT le 5 février, mais cela devient « le peuple »
avec des termes dont il n'a pas vérifié le sens : GREVE
GENERALE pour
un "blocage total", en précisant l'invariable programme
creux et sac de patates :« Il
faut d'abord qu'on obtienne le RIC. Mais il n'y a pas que ça, les
gilets jaunes, c'est 42 propositions sur la fiscalité, le pouvoir
d'achat, les services publics ».
Après
qu'un de ses lieutenants, Jérôme ait été touché lâchement à
l'oeil par l'explosion d'une bombe policière, il monte comme jamais
sur les 750 chevaux de son gros camion, chose qu'il aurait dû faire
bien avant pour la dizaine d'anonymes autres éborgnés :
« Nous
appelons à un soulèvement sans précédent par tous les moyens
utiles et nécessaires (…) Ainsi
nous déclarons l’état d’urgence du peuple. Cela nécessite des
mesures exceptionnelles. Nous appelons à un soulèvement sans
précédent par tous les moyens utiles et nécessaires pour que plus
personne ne soit victime de ces blessures de guerre. Amis gilets
jaunes, organisez-vous plus que jamais, laissez vos querelles de
côté, un combat ne se joue pas, il se gagne", dit le
communiqué de « la famille ».
Qui
est ce « nous » ? La fédération jurassienne de
Bakounine ? Une fédération clandestine des gilets de tout bord
politique et « apolitique », sa « famille » ?
Plus probablement sa « famille », un quarteron invisible
mais qui a au moins fait l'effort de produire un communiqué sans
faute. Ce n'est pas le cas lorsque Jérôme lui expédie son message
de détresse : « je vais perdre mon œil la famille ».
Drouet répond sans doute direct depuis son portable sans souci de
l'éclat de rire involontaire que va provoquer son orthographe
« vocale » :
« Il
ont toucher a toi mon amie !! Toi Jérôme qui filmais et qui
étais pacifiste !! Ils n'aurais pas du !!! ». Est
jointe la photo souriante de quatre membres du comité central,
pardon de « la famille » et un communiqué qui rampe en
faveur d'une police « professionnelle » et qui fasse bien
son boulot.10.
Ce
serait la couleur du temps, c'est comme le contrôle de ce qui est
risible ou pas par les austères mémères féministes bourgeoises.
De Marianne à certains politiciens, c'est offensant de relever les
fautes d'orthographes car cela reflèterait un mépris culturel. Le
journal à barbouzes « Canard enchaîné », vengeur des
pauvres en orthographes, a d'ailleurs publié un communiqué de l'ex
ministre de l'Intérieur avec des fautes alors qu'il est docteur en
lettres. Je me fiche de ce moralisme qui entérine la médiocrité,
la goujaterie qui chie sur l'instruction laïque. Respecter l'autre
c'est d'abord s'exprimer correctement surtout en public et lisible.
Pour des gens qui se prennent pour des commandants d'armée en gilets
jaunes cela fait dérisoire et pas sérieux ; sur les sites de
rencontre, les fautes inconsidérées c'est la fuite assurée de
celle que vous prétendiez séduire. C'est du Marchais dans le texte,
alors qu'en privé ce démagogue s'efforçait de parler très
correctement.
Cap
back to front Maxime, casquette à l'envers Fly rider : gilet
jaune versus ministre
Fort
marri de ne pas avoir eu le droit d'entrer en salle de classe tant
d'années avec sa casquette à l'envers, Maxime, devenu à son tour
héros gilet jaune, a fait de ce couvre-chef un nouveau béret
Guévara, sans oublier l'exhibition de gras tatouages sur son avant
bras gauche. L'individu est motard. L'esprit motard forme un homme à
une solidarité très supérieure à celle des automobilistes. On
parle équipements, cylindrée, performances. Je ne doute pas que Cap
back to front soit un connaisseur en la matière. Politiquement il
est niveau pompe à vélo. Certainement adulé dans les lycées pour
son port de la casquette retournée au lit ou sous la douche, mais je
doute qu'il passe l'écran pour les prolétaires qui n'ont pas les
moyens de s'offir une moto ou qui ne goûtent guère les allures
loulou ringard des fifities. Il parle au nom des « êtres
humains » sur un plateau où il est assis à côté d'un
sous-ministre gentil à la fin de la journée de l'acte XI – il a
dû venir au studio en avion car il avait été arrêté durant
l'après-midi à Bordeaux. L'aéropage de journalistes, dont Apathie,
qui l'entourent, apparaissent à la fois fascinés et ulcérés par
ce petit mec habillé comme un ado. Mais qui se pique de politique.
Ecoutons es sages conseils du motard volant.
- « Macron a été élu par une minorité, nous on représente 80% de la population », si on veut...
- « Le 5 février on veut bien des syndicats mais qu'ils viennent individuellement ».
- « le RIC est la seule solution parce que c'est la seule solution ».
Il
était co-auteur de la lettre ouverte à Macron de la part du groupe
Facebook « La France en colère » au temps où Drouet et Ludosky
marchaient encore ensemble, ces équipes qui s’intitulent toujours
eux-mêmes porte-paroles du mouvement. Cette
lettre répètait plusieurs fois vouloir discuter avec Macron,
faisant ainsi preuve d’une modération et d’une volonté de
collaboration qui tranchait avec le mouvement violent des autres
gilets jaunes incontrôlables, n'estce pas ? La formule des
bobos réunis était d'une « classe » indicutable:
« c’est
une véritable lutte de classes qui s’engage et ceux qui le disent
ne le souhaitent pas du tout
! « Comprenez-vous que vous appelez à une véritable lutte des
classes néfaste à l’unité et à la cohésion de la France ? »
écrivaient-ils… ».
Ahahahaha...
L'avantage
de Back to the front et consorts est donc bien de révéler leur
nature anti-ouvrière ! On retrouve la même mise en garde
auprès du président, indirectement dans leurs déclarations
successives aux médias, lui et Drouet. Ils appellent quasi à
l'insurrection, sans savoir que c'est grave une insurrection et que
ça s'organise, et après ils lâchent leurs billes : « on
est contre toute violence ». Dimanche,
Jérôme Rodrigues a précisé s'être mis d'accord avec le
commandante Eric Drouet pour lancer «un appel au calme» et
«renforcer les actions, sans violence». «Je ne lâcherai pas, je
serai à des manifs dès que mon état me le permettra», a-t-il
assuré.C'est
l'oscillation typique du petit bourgeois couard dont Jérôme est
aussi l'illustration, fort en gueule mais c'est toujours la faute aux
autres. Pour se préserver soi-même.
Jérôme
ou le martyr en politique « apolitique »
Jérôme
Rodrigues est connu pour être l’un des membres de la
« bande à Drouet »,
qui se surnomme elle-même « la famille ». Les «gilets
jaunes» Laetitia Dewalle, Ramous, Mike Rambo ou encore Yannick
Krommenacker en font notamment partie. Ce sont eux qui, chaque
samedi, motivent les troupes sur
le groupe « La France en colère !!! ».
Organisé autour d’Eric Drouet, tous considèrent qu’« il
ne faut rien lâcher » et poursuivre la mobilisation dans
la capitale. Lors de la manifestation ce samedi, il s’était
d’ailleurs confectionné un gilet jaune spécial avec écrit dans
le dos « Jérôme Officiel La famille ».
Jérôme
bénéficie d'une certaine notorité suite à son passage à une
émission de l'ancien journaliste sportif Pascal Praud, dans le
créneau du vulgaire et de la franchouillardise (on imagine quand il
invitera la chouardise en personne...). Au cours de cette émission
il tient tête avec efficacité aux interruptions stupides et
vulgaires de Praud. Il sait se mettre en colère de façon raisonnée
et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Mais ce n'est pas du tout
un ouvrier. Il a été vingt ans cadre commercial en cravate
(avait-il alors cette barbe de père Noël qui fait lindy hop?) et
désormais suit une formation de plombier, pas pour le rester mais
devenir auto-entrepreneur. Il a du répondant mais son discours est
le même que celui de Back to the front : « nous parlons
aux humains » et « je veux améliorer la constitution
avec le RIC ». Sur la chaine russe RT, avec son œil bandé, il n'a aucune honte à dire "je suis le peuple", "je suis apolitique" (ce qui fait ignorant les mains pleines) ou pire, voire le credo du mouvement: "chacun est libre de faire ce qu'il veut". Je l'avais croisé vers les Invalides lors de
l'acte X, juché sur une cabine téléphonique, saluant la foule et
acceptant des selfies. Le vedettariat.
Je
déplore qu'il ait été victime d'un tir policier mais je trouve
assez obscène la façon dont « la famille » rentabilise
la blessure. Auto-film, reproduction rapide des multiples photos et
vidoés du saignement, exhibition à la fenêtre de l'hôpital poing
levé. Communiqués véhéments et menaçants de Drouet, pour ensuite
les démentir. Appel au calme de l'intéressé lui-même emmailloté
comme un bédouin, tel le général pacifiste demandant le calme à
ses troupes en fureur, la pose du capitanat en quelque sorte. Un
avocat qui va porter plainte, un gouvernement qui tremble devant une
telle bavure contre quelqu'un de connu (selon Le Monde). Tout est
réuni pour que de ce côté des gilets jaunes des choses se règlent
en justice, comme cela on sera encore plus éloigné de la question
sociale...
La
martyrologie a été très souvent utilisée en politique. Le
souvenir des morts et des atrocités dont ils ont été victimes
émeut logiquement les foules « d'humains ». Cette
exaltation du martyr est généralement propre au moment des guerres
et la base sentimentale des groupes terroristes de toute sorte du
pays basque aux pays du Maghreb ; la fabrique des martyrs est
une énorme ressource culturelle de mobilisation des sectes
patriotiques. Le simple blessé ne peut être commémoré au même
titre que celui qui a été tué, donc la glorification de Jérôme
devrait rester limitée11.
Les hommages
au martyr Jérôme qui se sont bousculés sur les réseaux avec
celui de Mélenchon, illustrent parfaitement la bataille
communicationnelle des factions de gilets jaunes en quête de
reconnaissance et de respectabilité face à l'Etat « assassin »
mais la protestation juridique ne servira à rien puisque le
mouvement a été incapable de réclamer massivement l'arrêt de la
répression, l'indemnisation des victimes et la suppression de ces
armes létales ou estropiantes ; cela aussi sera une leçon a
contrario pour le prolétariat à l'avenir dont le programme suppose
de passer de la critique des idées à la critique des armes, et
qu'il sait où trouver lui contrairement aux pistolets à eau de nos
amis en gilets jaunes. Passons maintenant de la critique des
commandants gilets jaunes à la critique des rigolos Chouard et
Cie.
La
complainte du petit bourgeois floué : le RIC cette
franchouardise
A
cours d'idée, ou même sans idée du tout les premiers youtubers et
nombreux pétitionnaires ont
foncé contre les taxes puis, prenant
conscience de l'ampleur du mouvement ont cherché à lui trouver une
perspective. Elle était toute trouvée avec l'arrivée des mains
moites de Chouard et de ses amis fachos. J'ai déjà écrit plusieurs
fois de façon rapide et elliptique contre cette chimère. Quatre
éléments sont à distinguer si vous entreprenez une discussion avec
des sectateurs de cette lubie devenue monomaniaque.
La
première chose qui m'a frappé c'est l'absence d'esprit critique des gilets jaunes qui se sont mis à arborer la pancarte RIC. La
deuxième c'est qu'un petit prof de lycée, n'y connaissant pas
autant en constitutionnalité qu'un législateur ou qu'un prof de
droit, ramène sa fraise avec ses airs mystérieux et patelins. Et
propose au peuple d'écrire lui-même la constitution. Après le
masque et la plume, le masque rétro et des millions de doigts. La
meilleure caractérisation que j'ai trouvé, outre chiméRIC, c'est
bien RIC FACHO, car le débat « citoyen » proposé par
Chouard est très spécialisé, très juridique, pas à notre portée
à tous, c'est donc un enfumage à la Macron, pour débattre « entre
gens intelligents » à la place de la masse des incultes et
autres ignorants du minimum des lois pour régenter une société
donnée. Enfin, on est dans un monde imaginaire, toujours dans le
capitalisme et avec des inconnus qui rédigent constitutions et
projets de lois ; la vie est devenue chiante avec des
référendums toutes les semaines à gerber ; on est toujours
loin de la société communiste qui suppose la fin de la politique.
Avec Chouard restez franchouillards !
Je
ne vais pas perdre mon temps à réfuter toutes les suppositions
bancales et inapplicables de ce zozo, aussi je vous résume par
quelques extraits de spécialistes qui montrent l'inconséquence et
la nullité du petit bourgeois Chouard.
Étienne
Chouard se présente comme le penseur de la démocratie « réelle ».
Sa proposition de tirage au sort d’une assemblée constituante est
cependant une imposture. Elle mêle des principes généraux que l’on
peut partager, du moins en partie, mais repose sur une argumentation
assez spécieuse, débouchant au final sur une étrange et dogmatique
conception de la démocratie. Il
est épaulé par deux sectes,,
les Gentils Virus (GV) et Les Citoyens Constituants (LCC), deux
organisations qui propagent cette fumisterie.
Certes,
un système électoral favorise les élites. Chouard n’est pas le
premier à décrire cette dérive. Mais en déduire que « La
Démocratie représentative n'est donc pas la Démocratie. »
constitue une simplification des analyses auxquelles il prétend se
référe
Pour
Chouard, « La Démocratie "réelle" c'est quand les
citoyens votent eux-mêmes les lois et écrivent eux-mêmes leur
constitution. » C’est ce que les droits
populaires
suisses autorisent, en soumettant toute modification de la
constitution à un référendum obligatoire et en rendant possible
une initiative citoyenne pour modifier la constitution. La Suisse
est-elle un exemple parfait de démocratie ? Malgré tout le
bien que je pense de ces droits référendaires qui donnent au peuple
helvète un véritable pouvoir constituant, celui-ci ne suffit pas à
déloger les élites du pouvoir. La description brouillonne de
l’histoire du tirage au sort n’a que peu à voir avec les
références historiques et académiques qu’il évoque rapidement
dans ses conférences.
(…)
Van Reybrouck, dans son ouvrage « Contre les élections »,
cite son professeur Verdin à propos de l’Athènes classique
des Vè et IVè siècles avant notre ère disant : « on ne
doit jamais oublier un caractère essentiel de la polis,
à savoir la nature exclusive des droits civiques. Les femmes, les
étrangers, les mineurs et les esclaves : aucun d’eux n’avait
voix au chapitre. (in Chapitre III. Pathogenèse) Van Reybrouck
précise plus loin dans le même chapitre : « Le système
athénien était plus pragmatique que dogmatique. Il ne procédait
pas pas d’une théorie, il était fondé sur l’expérience. Par
exemple on ne tirait pas au sort les plus hautes fonctions militaires
et financières. Là on recourait à l’élection, et la rotation
n’était pas obligatoires ».Van Reybrouck ne confond pas
tirage au sort et démocratie directe : « Je souscris donc
totalement aux conclusions d’une étude récente, qui décrit la
démocratie athénienne non pas comme une démocratie “directe”,
mais comme une démocratie représentative d’un type à part, une
démocratie représentative non élective. » Enfin, dans les
conclusions de son livre, il écrit « le tirage au sort n’était
jamais employé isolément, mais toujours en combinaison avec des
élections ». Chouard préconise de fait une démocratie
représentative aléatoire dont le tirage au sort est censé remédier
à tous les problèmes, toutes les dérives qu’affronte le régime
électoral. Rien n’est moins « mécanique », comme
l’illustre la procédure que Chouard propose.
Sur
un des sites de Chouard, la première vertu du tirage au sort est
qu’elle « ne repose pas sur la volonté des gens et donc ne
donne aucune prise aux escrocs, menteurs séduisants, trompeurs
professionnels de volonté ». Or le tirage au sort à la
Chouard repose toujours sur des volontaires…
Il
n’y a aucune réflexion sur la façon de garantir que les
volontaires soient représentatifs de la population
(sociologiquement, politiquement), aucune interrogation sur les
processus sociologiques qui font qu’on se déclare ou non
volontaires, aucune allusion à la possibilité que des minorités
organisées s’imposent dans de tels processus. Il n’y a pas plus
de réflexion sur la façon de réguler cette assemblée,
l’information, la formation des citoyens tirés au sort… Qui est
garant du processus de tirage au sort ? Qui veillera aux
tentatives d’infiltration ? Quelles autorités garantiront
l’honnêteté du processus ? Cette conception du tirage au
sort revient à considérer la procédure comme un outil neutre,
intervenant dans un espace vierge de débats et d’organisations.
C’est croire que les procédures résolvent ou dissolvent
tous les débats et dissensus politiques comme par miracle12.
L’expérience
des démocraties représentatives devrait nous apprendre qu’il ne
suffit pas d’inscrire dans la constitution des principes pour
qu’ils soient respectés, sauf à considérer que le tirage au sort
dissoudra comme par enchantement la mécanique négative de
l’élection...
Chouard
se soucie beaucoup de la bonne diffusion de son idée de tirage au
sort d’une assemblée constituante. « Comme ce changement ne
se fera pas par le pouvoir en place (élus, médias, finances), il
faut que le message se répande par la base ; il faut qu'on se
passe le virus de la démocratie, jusqu'à ce qu'une majorité de
citoyens l’appelle de tous leurs vœux ». Ce que cette phrase
ne dit pas, c’est que cela signifie une stratégie d’alliance
tous azimuts et l’infiltration des mouvements écolos, citoyens,
Nuit debout.
Les faits sont bien établis.
Sous
prétexte d’organiser des « altermanifs », Les
citoyens constituants
se sont ainsi présentés sur une manifestation de la manif pour
tous, le 26 mai 2013, afin de prêcher leur bonne parole pour le
tirage au sort. L’opération a été rééditée le « jour de
colère » du 26 janvier 2014, organisé par de nombreuses
organisations d’extrême droite avec le soutien d’Alain Soral et
de Dieudonné. Quant aux Gentils virus, leurs pratiques non
démocratiques sont bien soulignées dans un texte
témoignage mis en ligne par un groupe de militants d’Alternatiba
relatant leur expérience avec les Gentils virus. Enfin, plus
récemment, un des animateurs des GV a rédigé un mode d'emploi pour
infiltrer Nuit debout, que nous avons décrit par ailleurs.
Les GV sont parvenus également en avril 2016 avec d'autres
organisations d'extrême droite à se faire accueillir dans un
regroupement de mouvements citoyens dénommé Synergie
démocratique.
D'autres fois, ils sont présents sans se déclarer. Il n'est donc
pas étonnant que Chouard renvoie sur son site vers celui
d'Égalité et réconciliation d'Alain Soral qui se définit lui-même
comme un "national-socialiste".
La
fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la sève. Le
contenu de son projet comme la méthode de dissémination préconisée
par Chouard et ses organisations satellites ne relèvent ni de la
« vraie démocratie », ni de la « démocratie
réelle », mais représentent bien une imposture théorique et
politique.
Dans
ses vidéos en ligne, il répond de manière affable aux questions
qu'on lui pose, en se frottant régulièrement les lèvres d'un geste
mécanique. Prétendant s'inscrire dans la lignée de l'éducation
populaire,
il appelle ses lecteurs et les personnes qui visionnent ses vidéos à
s'approprier ses idées, et à évangéliser à leur tour.
D'où la métaphore filée des "virus" qui vont gripper le
système.
Cet
activisme forcené, et le côté monomaniaque
de leur revendication, contribuent à donner l'impression qu'ils sont
réellement omniprésents. "C’est
le principe de la minorité agissante,
explique Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy
Watch,
l'observatoire du conspirationnisme : ils
ne sont pas forcément très nombreux, mais ils sont en revanche très
actifs, ce qui
Il
faut dire qu'Etienne Chouard traîne un certain nombre de casseroles
idéologiques qui contribuent logiquement à le
marginaliser. Conspiracy Watch, qui veille attentivement aux
références du blogueur, a révélé qu'en 2007, il adoubait déjà
la thèse du complot sur les attentats du 11 septembre suite à sa
rencontre avec le conspirationniste Thierry Meyssan. Il qualifiait
alors celui-ci de "résistant", comme il le fait
aujourd'hui avec Alain Soral, idéologue d'extrême droite fondateur
d'Egalité & Réconciliation. Etienne Chouard a
d'ailleurs animé un
débat organisé par l'association conspirationniste ReOpen 911 en
2010. Il recommandait
également sur son blog en 2011 un livre du théoricien
du complot Antony
C. Sutton et un autre du néonazi américain Eustace Mullins.
Concpiracy Watch a également révélé que
depuis 2011, des conférences d'Etienne Chouard ont été
commercialisées par Culture
libre,
une association dont le fondateur est responsable de la section
locale d'Egalité & Réconciliation (E&R) à Marseille13.
C’est
une personne qui va chercher ses arguments dans des sphères assez
marquées idéologiquement, pour ne pas dire d’extrême droite. Ces
'thèses' sont donc logiquement reprises et partagées dans cette
sphère, estime le journaliste Thomas Huchon, qui participe à un
groupe de veille de la fachosphère. Il crée, volontairement ou non,
un cercle vertueux pour les thèses conspirationnistes. Il évolue
dans une sphère qui partage une vision complotiste du monde,
habillée d’un antisionisme de façade qui ne devrait plus tromper
personne»
Etienne
Chouard est également membre du groupe Facebook "Boycott
Roshen" (une entreprise ukrainienne de confiserie frappée d'un
embargo russe), à l'iconographie digne des années 30 : sur la photo
en bannière de la page, l'homme d'affaire Petro Porochenko,
président de l'Ukraine depuis le 7 juin 2014, est dessiné dans une
baignoire remplie de sang, un sceptre avec une croix gammée à la
main. Etienne Chouard a liké la page à l'invitation d'André
Chanclu (vraisemblablement administrateur de la page), ancien
militant du GUD et du Groupe d'intervention nationaliste, aujourd'hui
à
la tête
du
collectif France-Russie, qui vante les mérites du Kremlin.
Anthony
Rêveur, un proche d’Étienne Chouard, a publié le 19 avril 2016
sur le média confusionniste Agoravox un article, publié également
sur son blog, sous le titre « NuitDebout : 6 arguments libertaires
contre l’exclusion ». L'article est un argumentaire à l’usage
des militants d’extrême droite qui tentent d’infiltrer le
mouvement Nuit Debout et se heurtent à des mesures d’expulsion.
Son
auteur, qui signe Anthony Reveur, est un compagnon de route de
Chouard. Pour cerner un peu mieux ce personnage, on peut consulter le
blog Mediapart de Serge Victor qui a publié le 21 avril 2015 un
billet
intitulé « Confidences et mises en garde d’un ex-lieutenant
d’Étienne Chouard ». Serge Victor voit dans ce récit la
confirmation de « la collusion d'Etienne Chouard et de ses
"Gentils Virus" (GV) avec des groupes d'extrême-droite
parmi les plus dangereux, et les tentatives d'infiltration et de
déstabilisation des partisans de Chouard au sein de la gauche
radicale (PG, FdG et surtout m6r) ». Anthony Rêveur est cité
dans les termes suivants dans le témoignage qui s’adresse au
philosophe Yannis
Youlountas :« Méfie-toi
d’un GV en particulier sur face de bouc. Il se fait appeler Anthony
rêveur. Tu ne le connais pas, mais lui te connait bien. Il n’est
pas dans tes amis, mais d’autres le sont pour lui. C’est un des
GV les plus proches d’Etienne. Il est tout sauf un ange,
contrairement à son avatar (un angelot). Si tu vas voir, tu
remarqueras peut-être dans ses amis les gens d’Égalité et
Réconciliation, Étienne et surtout ceux qui sont les anciennes et
prochaines cibles : Gabriel Rabhi, Kruger, Bellon, Jennar. C’est
comme ça que ça fonctionne : on contamine au niveau des idées mais
aussi en créant du réseau, des liens qui vont d’un bout à
l’autre et qui finissent par faire tomber les barrières. »
PS :
je vous livre enfin les dernières perles du CCI
Les
ouvriers égarés par la lutte contre le gouvernement Macron :
« Qui
peut sérieusement prétendre que ces slogans sont “apolitiques” ?
En réalité, dans le mouvement composite et interclassiste des
“gilets jaunes” n’existe pas une, mais des
expressions politiques
diverses et variées, un véritable kaléidoscope reflétant les
nuances multiples provenant des couches intermédiaires que forment
notamment la petite bourgeoisie et dans laquelle se sont égarés
beaucoup d’ouvriers qui, en raison du vide laissé par la classe
ouvrière, sont réduits à rester de simples “citoyens” attachés
à la “nation”.
Un
mouvement « souillé » et assimilable à l'apolitisme
fasciste des années 1930 :
« Une
chose est certaine, le prétendu “apolitisme” n’a
malheureusement pas d’autre effet que de déposséder les ouvriers
mobilisés et de les diluer dans un magma informe, allant du lumpen
proletariat aux
petits patrons, en les privant de leur autonomie de classe et de
leurs propres moyens de lutte. Comme elle n’est pas un mouvement de
la classe ouvrière, cette protestation n’a pu prendre que la forme
disséminée de piquets, d’attroupements, de poussées violentes et
aveugles, de guérillas urbaines, de casse et de pillages sur fond de
chants nationalistes et même parfois de propos xénophobes. Qu’un
tel mouvement puisse s’accommoder d’expressions politiques
réactionnaires et xénophobes de la pire espèce, de chants
patriotiques et nationalistes sur les Champs-Élysées notamment,
sans s’en démarquer ni les rejeter fermement de manière
explicite, témoigne de la souillure morale qu’un tel mouvement,
au-delà de sa colère légitime, peut véhiculer. Même si la
période est totalement différente aujourd’hui, le prolétariat ne
doit pas oublier que c’est au nom de “l’apolitisme” que le
fascisme s’est imposé dans les années 1930 ».
Ce
n'était qu'un mouvement puant de la petite bourgeoisie haineuse :
« Le prolétariat ne doit donc pas se fourvoyer dans des
pratiques de guérilla urbaine enfermée par les slogans
nationalistes de la petite bourgeoisie haineuse et révoltée, mais
au contraire s’ouvrir sur un mouvement massif à vocation
internationale, un mouvement unitaire dont la perspective est
l’abolition consciente des rapports sociaux capitalistes. Un combat
historique et mondial dont l’objectif politique
est l’abolition des classes sociales et la réunification de
l’humanité. »
NOTES
1Et
du lancer de cons chez le saltimbanque Hanouna.
3Priscilla
nous a transmis l'article de Médiapart :
https://drive.google.com/file/d/1pDRSS25sl203BPA0JIMNnlOtaAwMJCqb/view
5Article :
« Honte à Macron et aux
lâches gilets jaunes ». Le 19 nov : « Aucune
mafia politique, aucune mafia syndicale n'aurait misé un kopec sur
un projet aussi « populiste », « manipulé par le
RN ». Cette « jacquerie » ne durerait que le temps
d'une fleur coupée, coupée de toute ramification politique ou
syndicale... ». Lors de l'acte II fin novembre : « Pas
vraiment courageux les présumés porte-paroles en gilets jaune
"choisis" (préselectionnés avant hors du champ de la
caméra) qui ont dénoncé au micro de BFM les violences alors
qu'ils les avaient regardées avec grand plaisir sur place, les
jugeant inévitables (eh oui...) puisqu'on bloquait leur possible
réception (ou intronisation) au grand palais élyséen. Excepté au
début des fugaces interviews en matinée où de jeunes manifestants
cagoulés ou non avaient refusé de s'associer aux questions lâches
des journalistes, on n'entendit plus dans la soirée qu'une
dénonciation pleurnicharde et bc bg de la violence par monsieur
n'importe qui vêtu de gilet jaune; horrible violence bien entendue
pilotée par l'obscure l'ultra-droite, nouvel axe du mal pour Madame
la Marquise et ses palefreniers mal rasés et puants de servitude.
Daech n'étant plus qu'un mauvais souvenir ».
6Ces
spécialistes de l'organisation en kit, surtout des luttes
syndicales, se précipitent toujours pour chapeauter. Par refus du
substitutionnisme ce n'est nullement l'attitude que doivent avoir de
vrais révolutionnaires, la question est : ou le mouvement est
capable de secréter lui-même ses propres organismes ou il ne l'est
pas, alors il doit mourir. En général, dans les révoltes ou
révolutions l'organisation se met en place tout de même très
vite, là rien, donc c'est mou est destiné à disparaître comme je
l'ai écrit il y a deux mois.(Par mollesse je n'entends pas absnece
de radicalité de casse dans les rues ni coups de gueule, mais
incapacité à créer de vrais organismes représenttaifs et
contrôlables. Début janvier de cette année dans l'article « Quel
avenir pour les gilets jaunes ? » je me demandais
qu'est-ce que c'était cette dénomination « notre famille »
par Drouet, on verra plus loin ici que ce n'est ni brillant ni
légitime.
7Le
niveau de débat semble avoir en tout cas été plus élevé que
partout ailleurs en France, et loin des ordures écchangées sur les
réseaux : « Eric
défend le RIC, à fond. «RIC,
RIP, truc, barbatruc»,
se
moque une membre de la commission «organisation locale». Chantal
vient d’Ariège et, pour elle, le RIC est une mauvaise idée :
«Quand
on demande l’avis des gens, c’est surtout les bourgeois qui
répondent, je ne veux pas qu’on nous confisque le débat.» Pendant
ce temps, Eric continue d’aller de table en table.Ce dimanche
matin, le rapport aux syndicats est un autre des sujets brûlants.
La veille, un ancien syndicaliste attrapait le micro jaune pour dire
son dégoût. Il insiste : «Les
directions sont intégrées à l’appareil d’Etat, on doit
s’adresser à la base.» Certains
proposent la création de groupes gilets jaunes au sein des
entreprises. Dans leur compte rendu, le rapporteur résume : «Il
faut construire avec les syndicats en tenant éloignés les
directions… et surtout ne pas oublier les chômeurs, ça passe,
par exemple, par l’occupation des Pôle Emploi».
8Chassez
le trotskiste il revient au galop même déguisé en curé s'il le
faut. Robert Paris qui se démène comme un beau diable sur les
réseaux en balançant toutes les infos imaginables pour entretenir
l'indignation de base, a même inventé un « GILET JAUNE
insurgé », où l'on peut redécouvrir ce caméléonisme
délicieux mêlé d'opportunisme et de rouerie du léniniste dans la
naphtaline : « Si
nous voulons que plus personne ne parle en notre nom ou récupère
le mouvement, il faut impérativement nous coordonner nationalement
pour qu’une expression issue des comités de Gilets Jaunes
coordonnés émerge. »Au
RIC bidon de Macron-Philippe, Organisons le vote d’un RIC pour
enlever le monopole de l’argent et du pouvoir aux Riches !!! Fini
le pouvoir des milliardaires et des forces de répression à leur
service ! Tout le pouvoir au peuple travailleur ! » Même
son ancienne secte, LO, n'a pas osé cela.
9En
1968, le gaullisme et ses partisans même dans les lycées se
disaient apolitiques. La secte CCI, voit du fascisme partout avec sa
dégénérescence gauchiste. L'apolitisme, de tout temps, c'est
laisser la politique à d'autres, aux spécialistes de la
bourgeoisie, comme à tous les racoleurs genre Chouard. Avec le
développement du sport à la fin du 19 ème siècle, la bourgeoisie
progressiste s'efforce de généraliser le sport interclasse dans
les clubs ouvriers sans considération de politique au début des
années 1920, ce n'est qu'ensuite quele fascisme comprendra
l'utilité interclassiste du sport.
10« Nous
dénonçons certains agents des autorités qui ne respectent pas les
conditions d'utilisation de leurs armes et s'en servent avec la
volonté de briser des vies. Ils ternissent l'image de leurs
collègues qui ont encore une conscience et du bon sens, il faut
donc briser leur vie en les banissant du maintien de l'ordre, ils ne
protègent pas les français mais les agressent et sont la honte de
leur profession ». (le communiqué a dû être rédigé par un
avocat légaliste et bon en ortho.)
4
Un aperçu de la bouillabaisse GJ, résistance bourgeoise et fachos de salon. |
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