« Le
concept de "citoyenneté" offre un succédané identitaire
là où la communauté ouvrière a été détruite par le capital. La
citoyenneté est la qualité du citoyen, un être doté du droit de
vote dont les adversaires semblent n’être ni le capital, ni
l’État, mais plutôt les vieux partis majoritaires et la
corruption, les grands obstacles au sauvetage administratif de la
classe moyenne reléguée ».(moderniste anonyme)
C'est
dès les débuts de la révolution française que la bourgeoisie
tenta de noyer la classe ouvrière dans « le peuple »1.
Cette notion est devenue depuis deux cent ans le point cardinal de
tous les oripeaux de la domination bourgeoise qu'elle soit
démocratique ou qu'elle fut facsiste ou stalinienne. La révolte des
« gilets jaunes », partie effectivement de petits
entrepreneurs ruinés par les taxes et d'une partie du prolétariat2
qu'on dit périphérique » ou « assistée », a été
jusqu'ici une lutte « des » classes où la partie
ouvrière a poussé toujours pour ses revendications économiques
quand les bobos entrepreneurs se battaient pour une reconnaisance
avant tout politique ; c'est pourquoi d'ailleurs une de leurs
chefs de file, ou fille de chef, Marine Le Pen, si fan du mouvement,
s'était toutefois prononcée contre une hausse du SMIC qui
« fragiliserait les petits patrons ». Macron avait
d'ailleurs écouté Mme Le Pen sur ce dernier hic, se contentant de
revaloriser à moins de 100 euros la prime d'activité pour smicard
et en annulant la CSG pour les retraites inférieures à 2000 euros.
Preuve de plus que le RN n'est pas fasciste mais une des branches de
la bourgeoisie, c'est pourquoi je les nomme « droite profonde »
ou « France profonde » quand Macron n'est que le frêle
peuplier qui voulait cacher la forêt des branchages de droite, de
demi-droite, de gauche et d'extrême gauche.
Participant
dès la première heure aux barrages dans le Pas-de-Calais j'ai vu
tout de suite les bobos de province, catégorie artisans, commerçants
ou fonctionnaires, ou même catégorie « femmes libérées »3
s'emparer de la direction des opérations de blocage, et nulle
démocratie s'exercer sur la base d'AG ; à la première que je
n'avais cessé d'exiger, on m'arracha le micro des mains.
Rétroactivement on peut considérer que la lutte pour les
revendications économiques, portées par non pas cette confuse
« classe moyenne » (effectivement représentée par ses
épiciers en faillite) mais la « basse classe
provinciale », d'ailleurs innommable et inommée partie de la
classe ouvrière, poussa le mouvement à son durcissement et à la
généralisation du soutien de la population. Les grimaces et
chamailleries des bobos provinciaux contre les taxes amusaient la
galerie mais le plus important pour les « vrais pauvres»
restait le pouvoir d'achat donc des revenus décents, pas de savoir si c'était bien ou mal de payer des taxes (souci des ploucs arriérés), d'autant que la plupart n'en payent
pas, et que c'est la couche au-dessus de la classe ouvrière qui
raque, en effet avec la couche moyenne des épiciers et autres
fonctionnaires (personnels des services publics dégoûtés des syndicats et des grèves corporatives, aide-soignants, infirmières etc.).
Contrairement
aux ouvriers pauvres, privés de l'espoir du socialisme par tant
d'années de socialisme gouvernemental et de dictature syndicale du
parti stalinien, les bobos provinciaux ont toujours eu en vue « leur
propre intérêt » de « libre entrepreneur », de
« créateur d'emploi ». Sur les barrages la présence du
petit patron et de ses deux salariés n'était pas synonyme d'égalité
politique, le premier posant au directeur de conscience citoyenniste,
et les seconds, souvent limités par une faible scolarité, enclins à
voir le salut dans moins de taxes pour leur employeur et un petit
coup de pouce pour leurs salaires.
Malgré
cet aspect disparate, pas si protéiforme qu'on l'a dit – deux
classes étaient simplement mélangées au fond : prolétaires
et petits bourgeois – les différences radicales de revendication
étaient masquées par le « Macron démission » et
menaces du « grand soir », sans oublier les menaces
physiques, toutes méthodes typiques des traditionnels poujadistes
pour ne pas dire de l'extrême droite profonde et arriérée (je
n'utilise pas la facilité de qualification de « fasciste »
lui préférant « droite profonde »). Le « A bas
l'Etat » que l'on entendit ou cette volonté têtue de se payer
l'Elysée par les jeunes ignorants à casquette retournée n'était
pas le slogan d'une classe ouvrière faible ou quasi inexistante mais
celui des bobos provinciaux relayés par la noria parisienne ringarde
et néo-pétainiste. Seuls des anarchistes intellectuels ont cru
pouvoir enfourcher ce cheval de bataille de la droite profonde,
oubliant que nos poujadistes n'ajoutent jamais le mot « capitaliste »
à ce slogan radical comme une carotte, rouge à l'extérieur mais
blanc en dedans.
ATTRACTION
FATALE D'UNE IDEOLOGIE A DORMIR DEBOUT ?
Les
promesses télévisuelles de Macron ni sa flagornerie à Strasbourg
n'ont inversé sa popularité en chute libre. Nous sommes bien dans
une grave crise politique pour tout l'encadrement politique
bourgeois, partis, syndicats mais aussi l'ensemble de sa propagande
médiatique. ET c'est bien ce qui différencie ce mouvement, pourtant
très encadré par les bobos provinciaux, du mouvement petit
bourgeois des « nuit debout », en termes de résonance et
d'avenir. Cependant l'incapacité à se structurer – ce qui n'est
pas non plus le cas, le mouvement fonctionnant à travers de multipes
« clans » dont aucun de nos soit disant lanceurs, les
Maxime et Priscilla, ne nous dit auquel ils appartiennent – ou
plutôt à fonctionner réellement en réelles AG avec délégation
révocable, finit par jeter le doute. En particulier avec l'émergence
de la revendication tartuffe du "RIC" dont les journalistes
prétendent, de façon « neutre » que, enfin, sortant du
fatras des multiples revendications, celle-ci serait claire4.
Je pense qu'à l'étape présente il faudra combattre nous aussi les
infiltrations bourgeoises et bourgeoises-profondes par des slogans
brefs, c'est pourquoi je propose RIC-RAC. Cette expression populaire
possède plusieurs significations ; je laisse de côté la 50/50
pour « un peu juste pour se faire avoir » et « Ala
maison, c'était ric-rac, surtout en fin de mois ».
Le
rejet des partis politiques de gauche comme de droite et des syndicats
traîtres en permanence avec leurs négociations cachées, c'est une
chose. Mais la défiance envers toute organisation en est une autre.
Il n'est pas étonnant que tous ces perpétuels vieux royalistes que
sont les poujadistes et les gens du RN fassent référence à la
révolution fraçaise et imbibent les manifestations du drapeau BBB ?
Ce fût une révolution bourgeoise où le premier geste politique de
la jeune bourgeoisie fût d'interdire aux ouvriers de s'associer. Ce
qui explique ce soit disant refus de s'organiser et de se faire
représenter c'est le fait que nos bobos provinciaux empêchaient et
empêchent toute véritable AG. De soit disant AG ont lieu, mais ce
ne sont que votes rapides « pour l'action », « pour
tel lieu plutôt qu'un autre » et sans véritable discussion. Le fonctionnement "sans organisation" est ce qui permet finalement le fonctionnement oligarchique, d'ailleurs de la même façon que le RN ou LFI. 1789 est avant tout la loi Le Chapelier qui interdit aux ouvriers de s'organiser. Ce qui va comme un gant, j'allais dire un gang, aux attroupement aux ronds-points.
A
la fois viol de la véritable histoire de 1789 mais surtout
travestissement de ce que peut être une révolution moderne sans
cette imagerie stupide de guillotines et de bonnets phrygiens avec
lequel les femen sont venues se ridiculiser une fois de plus.
Je
vous parlerai plus tard plus amplement des ridicules de cette
« droite profonde » qui servit si bien à l'élection de
Macron comme à présent elle doit servir aussi à sauver les meubles
et à empêcher que la pression énorme, souterraine et non reconnue
de la classe ouvrière n'émerge. Je reste interdit de la naïveté
de cette jeune militante de Lutte Ouvrière qui me soutenait samedi
que mai 68 reste supérieur avec quand même 9 millions d'ouvriers
en grève générale. Oui, répondis-je, mais c'était à la fin et là on
en n'est qu'au début, un début plus long que le seul mois de mai
68, et en 68 la grève généralisée (pas générale) signifia la
fin du mouvement, parce que les ouvriers riaient de leur force fugace
et ne prenaient pas au sérieux la perspective de renversement du
capitalisme.
Venons-en
à ces étranges clairvoyants anarchistes ? Quoique ramassis
d'esthètes étrangers à la lutte de classe.
OU
LES ANARCHISTES VOIENT MIEUX QUE LES MARXISTES
Je
vais vous fournir un collage de ce qu'on peut trouver de mieux sur le
web comme déshabillage de l'idéologie citoyenniste qui semble à la
mode pour coiffer et ridiculiser le mouvement des gilets jaunes. Nuls
politiquement, les anarchistes peuvent être très bons pour des
analyses sociales et sociologiques plus fines. Et des analyses
pertinentes bien antérieures à l'apparition des gilets jaunes. Le
tract du GARAP contient l'essentiel, avec une capacité de synthèse
dont j'eusse été incapable, mais marqué par un vieux fond
d'hystérie anarchiste immédiatiste : Tract du garap
http://garap.org/communiques/communique72.php en
train de plonger comme nuits debout
http://mondialisme.org/spip.php?article2479
Par
après je vous fournis aussi l'analyse de la bourgeoisie et les
dessous du mythe du vote blnac.
L'espace
public impose une pacification politique et sociale. l'idéologie
citoyenniste permet de désamorcer les conflits sociaux.
« L’espace
publie renvoie au « rêve
impossible d’une classe moyenne universelle et sûre d’elle-même,
aspirant à vivre dans un monde fait de consensus négociés et
d’échanges communicationnels purs entre êtres éclairés, en
accords et responsables, un monde sans convulsions ni incidents »,
analyse Manuel Delgado. Cette société pacifiée permet de gommer
les inégalités sociales avec une bonne conscience citoyenne. Le
conflit, la lutte et la dissidence doivent être éradiqués. Le
vivre ensemble citoyen doit remplacer l’affrontement entre les
intérêts opposés »5.
"L’espace
public repose sur le consensus. « Il
devient une avant-scène sur laquelle on aimerait que se déploie une
masse ordonnée d’êtres libres et égaux utilisant cet espace pour
aller travailler et consommer et circulant, pendant leurs moments de
loisir, en toute tranquillité au milieu d’une oasis de
courtoisie »,
ironise Manuel Delgado. Le processus
de gentrification s’accompagne du contrôle de certaines rues
et places. Les opérations de promotion immobilière imposent la
pacification et la sécurité.
Le
discours sur l’espace public provient de la philosophie politique.
Il désigne la sphère publique, avec la réunion pour l’exercice
du pouvoir et les affaires qui concernent la vie en commun.
Désormais, l’espace public impose une morale de « bonne
conduite citoyenne ». Il permet une rationalisation
démocratique de la politique. L’espace public correspond à
l’idéologie
citoyenniste, « ce
refuge doctrinal où se nichent les derniers restes de gauche de la
classe moyenne, et une bonne partie des restes
du mouvement ouvrier »,
précise Manuel Delgado ».
"La
démocratie n’est plus considérée comme une forme de
gouvernement, mais comme une manière de vivre. L’espace public
correspond à la social-démocratie qui souhaite harmoniser le
capitalisme pour atteindre la paix sociale. L’exploitation doit
alors perdurer, mais en limitant ses effets négatifs et les révoltes
sociales. L’Etat doit ainsi encadrer le capitalisme pour limiter
ses « excès ».
Cette
idéologie occulte les classes sociales et les individus ne se
rassemblent pas selon leurs intérêts mais selon leurs jugements
moraux approbateurs ou désapprobateurs. L’Etat, considéré comme
neutre, peut s’élever au-dessus des affrontements entre intérêts
antagonistes. Cette médiation vise à camoufler la relation
d’exploitation. L’Etat peut ainsi masquer sa défense des
intérêts de la classe dominante. La violence et la répression ne
sont plus le seul moyen de la domination de classe, qui s’appuie
désormais davantage sur le consentement ».
"La
sociologie met également en avant le concept de public. Durkheim
tente de trouver une troisième voie entre socialisme et libéralisme.
Il valorise la médiation de l’Etat et des institutions. Tarde, Le
Bon ou Dewey insistent sur la notion de public et sur la pacification
d’une agitation sociale menée par les masses urbaines. Les
sociologues dénoncent la « populace » et l’anomie
urbaine. La psychologie des masses, incarnée par Le Bon, dénonce
une foule infantile, criminelle, bestiale et primitive ».
« John
Dewey insiste sur l’importance d’un public raisonnable qui soumet
ses convictions à l’épreuve du débat et de la délibération.
Cette philosophie propose une démocratisation et une pacification
des foules urbaines. La pédagogie, l’éducation et le « civisme »
doivent imposer les bonnes conduites citoyennes. « Un
dispositif pédagogique est déployé dans ce but, concevant
l’ensemble de la population, et pas uniquement les plus jeunes,
comme des apprentis permanents de ces valeurs abstraites de
citoyenneté et de civilité »,
souligne Manuel Delgado.
L’anonymat,
la distance et la séparation caractérisent les relations sociales
dans l’espace urbain. Les individus se soumettent à des règles de
socialisation. « Ils
doivent savoir
comment se comporter, comment gérer les relations d’autrui et
répondre aux attentes de l’interaction »,
observe Manuel Delgado. L’ordre public devient indispensable à la
vie sociale. Les concitoyens doivent vivre ensemble en ordre. « Le
citoyennisme comme idéologie politique devient le civisme ou la
civilité comme ensemble de conduites appropriées dans les domaines
du bien public »,
précise Manuel Delgado. Le consensus prédomine, encadré par des
autorités administratives considérées comme neutres ».
« Les
nouveaux mouvements sociaux se caractérisent par une spécialisation
et une séparation des luttes. Un nouveau
militantisme regroupe « des
individus ou des collectifs qui se réunissent et agissent au service
de causes hyper-concrètes, à des moments ponctuels et sur des
scènes spécifiques, en renonçant à toute organicité ou
structuration durable, à toute affiliation doctrinale claire ou à
tout projet transformation ou d’émancipation sociale qui aille
au-delà d’un vitalisme plutôt flou »,
analyse Manuel Delgado. Cet activisme sans réflexion politique se
conforme à l’individualisme consumériste. Le réseau est
valorisé, à travers l’addition d’individus séparés et le
règne de l’immédiateté ». (dixit facebook…)
« La
contestation se développe dans l’espace public. Les manifestations
se déroulent en centre ville. Les luttes de quartier permettent aux
habitants d’agir sur leurs conditions de vie. L’urbanisation
récente se caractérise par la construction de grands ensembles pour
loger une importante population dans des immeubles qui se délabrent
rapidement. Cette planification de la ségrégation s’apparente à
des « bidonvilles verticaux ». Mais ces logements peuvent
également devenir des espaces de rencontre et de vie collective qui
favorisent la mobilisation pour la lutte sociale.
Il
faudrait préciser qu’il s’agit surtout d’une petite
bourgeoisie intellectuelle. Les cadres, les ingénieurs, les
enseignants, les journalistes, les communicants véhiculent cette
idée d’une société pacifiée. La politique se réduit à des
discussions entre gens de bonne compagnie. Surtout, cette petite
bourgeoisie intellectuelle se confond avec la classe d’encadrement.
Elle regroupe les managers et les petits chefs dans les entreprises
mais aussi les travailleurs sociaux. Ces professionnels ont pour
fonction de désamorcer toute forme de conflit social. L’idéologie
citoyenniste leur correspond bien ».
Les
chômeurs, les précaires mais aussi les employés et les ouvriers
restent réticents à se fondre dans un citoyennisme frivole.
Pourtant, malgré quelques explosions spontanées, la conscience de
classe semble disparaître. C’est peut-être la plus grande force
de l’idéologie citoyenniste.
« La
petite bourgeoisie intellectuelle, qui contrôle aussi les syndicats
et la gauche, ne se contente pas de défendre ces intérêts propres.
Elle impose son discours et fait passer ses intérêts spécifiques
pour l’intérêt général. Le citoyennisme brouille les clivages
de classe. Mais l’expérience vécue du chômage, de la précarité,
du mal logement permettent aux classes populaires de se tenir à
distance du bavardage citoyenniste. Lorsque la résignation et la
séparation disparaissent, l’espace public permet la propagation de
la révolte »6.
« La
classe moyenne, qui se trouve au centre de la fausse conscience
moderne, ne peut donc pas se contempler en tant que telle, selon
elle, sa condition est générale. Elle voit tout selon sa propre
optique particulière exacerbée par la crise, ses intérêts sont
ceux de toute la société. Sociologiquement, tout le monde
appartient à la classe moyenne, ses idéologues s’expriment dans
le langage en papier mâché de Negri, Gramsci, Foucault, Deleuze,
Derrida, Baudrillard, Bourdieu, Zizek, Mouffe, Lordon, etc. Selon eux, le
"grand événement", la faillite du régime capitaliste,
est une chose qui n’arrivera jamais. La révolution est un mythe
auquel il vaut mieux renoncer en faveur d’une contestation réaliste
qui fomente la participation citoyenne à travers les réseaux
sociaux, c’est-à-dire la rabâchée "dialectique de
contre-pouvoir", mais qui ne doit pas stimuler le changement
révolutionnaire. Politiquement, tout le monde est citoyen, donc
membre d’une communauté électrovirtuelle d’électeurs et en
conséquence, doit se passionner pour les élections et les nouvelles
technologies. Crétinisme idéologique postmoderne d’un côté,
crétinisme parlementaire technologiquement assisté de l’autre,
mais crétinisme qui croit au pouvoir. Sa conception du monde
l’empêche de contempler les conflits sociaux comme lutte des
classes, pour elle, ceux-là sont un simple problème de
redistribution, une question d’ajustement budgétaire dont la
solution est du ressort de l’État, et qui, par conséquent, dépend
de l’hégémonie politique des formations qui la représentent. La
classe moyenne postmoderne reconstruit son identité politique en
opposition, non pas au capitalisme, mais à la "caste", en
d’autres termes, à l’oligarchie politique corrompue qui a fait
de l’État son patrimoine. Les autres protagonistes de la
corruption, banquiers, entrepreneurs et syndicalistes, restent au
second plan. La classe moyenne est une classe couarde, tenaillée par
la peur, ce qui fait qu’elle cherche à se faire des amis plutôt
que des ennemis, mais avant tout elle cherche à ne pas déséquilibrer
les marchés, l’ambition et la vanité apparaîtront avec la
sécurité et le calme que dispensent le pacte politique et la
croissance. En se constituant sujet politique, son ardeur de classe
se consume en entier devant la perspective du parlementarisme, la
bataille électorale est la seule qu’elle pense livrer, et celle-ci
se déroule dans les medias et dans les urnes »7 .
REFEXIONS
DE LA BOURGEOISIE
● La
voie référendaire, une réponse possible à la crise politique
Mais,
avec leur proposition d'un RIC, les «gilets jaunes» interviennent
dans un moment de crise politique très particulier. «Le problème
aujourd'hui est qu'une part croissante de la population considère
que la démocratie représentative ne l'est plus. À côté des
revendications sociales, c'est une crise sourde mais profonde que
l'on a vu apparaître dès 2013 en Italie avec le Mouvement
Cinq Étoiles
,
partisan d'une démocratie directe», analyse Jacques de
Saint-Victor. Pour l'historien du droit, le
danger de la démocratie directe,
particulièrement fort avec les possibilités offertes par les
réseaux sociaux, est de «représenter un jeu à somme nulle»: «On
ne parvient pas à imposer pacifiquement les lois de la majorité. On
a l'impression que les 51% oppriment les 49%. D'où l'intérêt de la
démocratie représentative, qui n'est pas tant la
loi de la majorité
que celle de la discussion entre des représentants qui font émerger
une majorité».
Jacques
de Saint-Victor estime néanmoins que les référendums d'initiative
populaire peuvent être une bonne idée: «Il s'agit d'un mécanisme
semi-direct,
compatible avec une démocratie représentative, à l'image de
l'Italie où il existe depuis 1945. Dans le contexte actuel, cela
peut permettre de trouver un compromis entre les ‘gilets jaunes' et
le système politique, fragilisé». «Conseillé par le juriste René
Capitant, De Gaulle se méfiait du ‘parlementarisme
absolu',
raison pour laquelle il a réintroduit le référendum en 1958. Il me
semble donc que la
Ve République
pourrait être adaptée à un RIC, à condition de l'encadrer pour ne
pas créer d'instabilité».
● Le
danger d'un mandat impératif
Cette
logique, en revanche, ne serait valable que dans le cadre des
référendums législatifs. Le référendum
révocatoire,
qui permettrait d'écarter un élu, est une tout autre affaire. «Nous
tomberions dans les dangers de la démocratie directe. C'est l'idée
du ‘mandat
impératif',
chère à Rousseau.
Dans ce modèle, les élus ne sont pas des représentants du peuple,
mais de simples messagers. Or, si on prive le représentant de sa
liberté de voter ou de penser, il ne peut pas y avoir de
délibération démocratique», met en garde Jacques de Saint-Victor.
La Constitution de 1958 est d'ailleurs très claire. «Tout mandat
impératif est nul», dispose l'article
27.
Si le référendum d'initiative populaire destiné à voter des lois
existe sous des formes différentes dans de nombreux
pays
(Italie, Hongrie, Suisse, Pays-Bas, entre autres), le mandat
révocatoire est beaucoup plus rare. Existant à l'échelon local
dans certains États américains, il
a surtout été institué par le dirigeant vénézuélien Hugo Chavez
en 2004.
Alors
que plusieurs candidats à l'élection présidentielle de 2017
s'étaient déclarés en faveur d'un RIC - Jean-Luc Mélenchon (seul
à l'étendre à sa dimension révocatoire),
Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau - et que
plusieurs élus des Républicains se sont depuis prononcés en sa
faveur, notamment le député du Vaucluse, Julien Aubert, nul doute
que ce thème restera d'actualité avec les «gilets jaunes» et la
perspective d'une révision
constitutionnelle souhaitée
par Emmanuel Macron,
mais reportée l'été dernier à la suite de l'affaire
Benalla.
LES
DESSOUS DU MYTHE DU VOTE BLANC
La
revendication de la "reconnaissance" du vote blanc, aussi
inoffensive dans son inutilité qu’elle puisse paraître, n’est
qu’une couverture lui permettant de masquer son véritable but :
la propagation d’une idéologie
néo-fasciste.https://renverse.co/Voter-Blanc-mouvement-citoyenniste-neo-fasciste-1800
« Pour
comprendre la véritable idéologie de Voter Blanc, il faut
comprendre celle de son fondateur et seule "tête pensante" :
Thomas Wroblevski.
Dans
les divers entretiens et conférences qu’il a pu donner, il expose
sa vision d’une union des "citoyens" (aussi appelés "le
peuple") contre "l’élite" égoiste, cupide et
déconnectée. Le but affiché étant de remplacer le système
politique actuel par un système horizontal.
En
plus de médias régionaux/nationaux, Thomas Wroblevski s’est
entretenu avec plusieurs figures de la nébuleuse "dissidente"
suisse comme :
- Le blog néo-fasciste genevois LaPravda.ch (proche des néo-fascistes d’Egalité et Réconciliation et de l’UDC)
- Le néo-fasciste rouge-brun neuchâtelois David L’Epée (proche d’Egalité et Réconciliation)
Il
a participé à une conférence sur le vote blanc avec le
confusionniste Etienne Chouard, proche d’Egalité et Réconciliation
(le tout rediffusé sur la page Youtube de Voter Blanc). On
remarque que Chouard est cité très tôt comme une influence majeure
du mouvement. (Chouard souvent invité sur les plateaux TV comme
« gilet jaune »)
Au vu de tous ces éléments, il n’est plus possible d’y voir un simple mouvement citoyenniste/populiste, brouillon et grossier, la réalité est toute autre. On nage en fait en plein confusionnisme soralien. En effet, le projet de Thomas Wroblevski d’une union en dehors des clivages politiques d’un "peuple" fantasmé contre des "élites" corrompues pour créer une société nouvelle est une caractéristique classique du fascisme (qui prône la réconciliation des classes à travers la "Nation"). Si le remplacement des "élites" par un dictateur censé "incarner" la volonté du peuple est souvent prôné dans ces milieux, certains néo-fascistes s’accommodent parfaitement d’un système horizontal tel que celui prôné par Thomas Wroblevski (même si on peut douter de son attachement à l’horizontalisme au vu de son admiration pour Poutine).
Le
vote blanc n’est qu’un prétexte, Wroblevski avoue lui même ne
croire ni aux élections ni au vote. Il ne s’agit que d’une
stratégie confusionniste, un moyen pour lui de cacher sa véritable
idéologie et d’attirer les déçus du système politique suisse
pour mieux les orienter vers le néo-fascisme en brouillant les
références. Il compte d’ailleurs présenter une liste de
candidats pour les éléctions fédérales de 2019 »8.
NOTES
1« Dès
le début de la tourmente révolutionnaire, la bourgeoisie française
osa dépouiller la classe ouvrière du droit d'association que
celle-ci venait à peine de conquérir. Par une loi organique du 14
juin 1791, tout concert entre les travailleurs pour la défense de
leurs intérêts communs fut stigmatisé d'attentat « contre la
liberté et la déclaration des droits de l'homme », punissable
d'une amende de 500 livres, jointe à la privation pendant un an des
droits de citoyen actif.
Ce
décret qui, à l'aide du code pénal et de la police, trace à la
concurrence entre le capital et le travail des limites agréables
aux capitalistes, a survécu aux révolutions et aux changements de
dynasties. Le régime de la Terreur lui-même n'y a pas touché. Ce
n'est que tout récemment qu'Il a été effacé du code pénal, et
encore avec quel luxe de ménagements ! Rien qui caractérise ce
coup d'Etat bourgeois comme le prétexte allégué. Le rapporteur de
la loi Chapelier, que Camille Desmoulins qualifie de « misérable
ergoteur», veut bien avouer que le salaire de la journée de
travail devrait être un peu plus considérable qu'il l'est à
présent... car dans une nation libre, les salaires doivent être
assez considérables pour que celui qui les reçoit, soit hors
de cette dépendance absolue
que produit la privation des besoins de première nécessité, et
qui est presque celle de l'esclavage.
Néanmoins il est, d'après lui, « instant de prévenir le progrès
de ce désordre », à savoir « les coalitions que formeraient les
ouvriers pour faire augmenter... le prix de la journée de travail
», et pour mitiger celle dépendance absolue qui est presque celle
de l'esclavage. Il faut absolument le réprimer, et pourquoi ? Parce
que les ouvriers portent ainsi atteinte à la liberté « des
entrepreneurs
de travaux, les ci-devant maîtres », et qu'en empiétant sur le
despotisme de ces ci-devant maîtres de corporation - on ne l'aurait
jamais deviné - ils cherchent à recréer les corporations
anéanties « par la révolution ». Le
Capital (livre premier)
2Pour
une question de rapidité et un refus de tout pinaillage, je me
contente aujourd'hui de vous resservir la définition du prolétariat
par wikipédia, qui n'est pas si mauvaise que cela : « Le
prolétariat
est, selon Karl
Marx
notamment, la classe
sociale
opposée à la classe
capitaliste.
Elle est formée par les prolétaires,
également désignés couramment comme travailleurs.
Le
prolétaire ne possède ni capital
ni moyens
de production
et doit donc, pour subvenir à ses besoins, avoir recours au travail
salarié.
Le prolétariat ne se réduit donc pas au stéréotype de l'ouvrier
en blouse bleue ni du travailleur
souillé des mines, mais recouvre l'ensemble des êtres humains qui
doivent se soumettre à un travail salarié, quels que soient leur
niveau de vie et le niveau de leur salaire ».
3
Une femme n'a-t-elle pas tous les droits maintenant même
d'autoriser les pires entubages ou manipulations du fait de son
expoloitation millénaire ? Idem pour la représentation
journalistique ou syndicale, on voit apparaître de plus en plus de
noms arabes, certes français de souche, pour dénoncer le
terrorisme ou le patronat, aussi en gilet jaune bien sûr pour
assurer que le système n'est pas raciste (et sortir les discriminés
de leur ghetto communautaire) pour en faire de vrais citoyens
français !
4
Une
mesure existe déjà appelée «référendum d'initiative
populaire», en vigueur dans plusieurs pays européens et qui était
déjà une revendication récurrente lors de la Révolution
française
encadrée par un organisme indépendant de contrôle où les gens
pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi
obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être
discutée, complétée, amendée par l'Assemblée nationale qui aura
l'obligation (un an jour pour jour après l'obtention des 700 000
signatures), de la soumettre au vote de
l'intégralité des Français.»
Mais
que recouvre exactement ce RIC? Quatre choses si l'on en croit une
vidéo
visionnée depuis mardi dernier par plus de 600.000 internautes.
Les «gilets jaunes» demandent: un RIC
abrogatoire qui
permettrait au peuple d'abroger une loi ; un RIC
révocatoire,
qui permettrait au peuple de «révoquer n'importe quel responsable
politique, aussi bien le président, qu'un ministre, un député ou
n'importe quel élu» ; un RIC
législatif,
qui permettrait au peuple de proposer un texte de loi ; un RIC
constituant qui
permettrait d'amender la Constitution (voire d'en changer?).
Les
«gilets jaunes» estiment que ces RIC sont le seul moyen pour le
peuple de «reprendre
sa souveraineté».
«Il n'y a rien à négocier en termes de mesures avec le
gouvernement. Ce qui doit nous importer tous, c'est de reprendre le
pouvoir (...) Il faut aller absolument au cœur du problème, ne pas
réfléchir avec les logiciels du système».Donc ça ne sert à
rien de « renverser Macron ». Donnez-nous
notre...RIC-RAC !
5http://www.zones-subversives.com/2016/08/espace-public-et-democratie.html,
consulter aussi sur mondialisme.org l'article de Coleman :
Attraction fatale.
8https://www.revue-ballast.fr/benjamin-sourice-citoyennisme-posture-naive/
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