UNE BAGARRE CREUSE ENTRE BOURGEOIS
Fièrement
patriote dans la guerre anti-terroriste ?
Faut-il retirer la nationalité française aux personnes qui partent faire le djihad à l'étranger ? Pour l'instant, la loi autorise cette mesure uniquement quand elle cible des auteurs d'actes terroristes binationaux qui ont obtenu la nationalité française depuis moins de dix ans. Mais le débat se durcit depuis les attentats de Paris... dans le verre d'eau politicien hexagonal où tout est confus et où personne n'y pige que pouic ! Pourtant la vie politique bourgeoise semble bien n'être plus que répétitions de mêmes événements dramatiques, de mêmes arguties, de mêmes crimes, d'une même répétition... répudiation générale ?
Au début de
cette année, dans les colonnes du Figaro, un sénateur belge, Alain
Destexhe1,
expliquait comment le gouvernement de son pays envisageait
d'appliquer la déchéance de nationalité aux terroristes condamnés,
le 10 février soit peu de temps après le meurtre des dessinateurs
de Charlie Hebdo. Etait décrite la même scène de scandale qui se
déroule en ce moment en France à la veille de la fête païenne de
Noël : une gauche bourgeoise s'époumonant contre une
stigmatisation honteuse au regard du « droit international »
qui interdit de créer des apatrides2.
Les binationaux peuvent être appelés à servir dans les deux
armées, tout comme à voter les crédits militaires dans leurs deux
pays même si ceux-ci sont en guerre... La gauche bourgeoise
contestataire n'a pas entièrement tort pour une fois, mais pas pour
les raisons qu'elle avance, et sans avouer la séduction indirecte
qu'elle manifeste envers les « électeurs musulmans ».
La question de
la déchéance de la nationalité est une très vieille question qui
n'est en rien dépendante des droits de l'homme ou d'une dignité
civique bafouée comme le proclame la gauche vertueuse électoraliste
et antiraciste3.
Si vous examinez le traitement chronologique de ladite déchéance,
pas seulement pour les binationaux4,sur
votre wikipédia ou dans la liste de vos favoris des mystifications
historiques, vous verrez qu'elle est toujours corrélée au moment de
guerres, aux nécessités idéologiques de désignation d'un « ennemi
intérieur », à peu près sur le même plan que la suppression
des droits civils pour les condamnés de droit commun, et surtout
aux nécessités de recrutement militaire massif5.
C'est pas grand chose pour un aventurier ou un espion, et ça fait
pas mal comme le peloton d'exécution.
Peu nous chaut la querelle en ses débuts,
campagne idéologique qui devrait perdurer jusqu'en février
prochain. On ne va pas vers une presse des années 1930 exigeant
chaque jour la déchéance des juifs ! La campagne inaudible de
l'extrême gauche pour la vigilance de l'antiracisme en 2015 confirme
qu'elle n'a rien à voir avec la classe ouvrière, peut-être avec
les assocs caritatives, mais surtout rend ses comptes aux petits
bobos parisiens. L'indignation des Mélenchon et des retraités à la
Cohn-Bendit nous fait sourire. Moins l'orchestration de « double
faute » de Hollande6.
Visiblement « habité » par le manoeuvriérisme à la
Mitterrand, Hollande tient à faire savoir qu'il est au centre du jeu
symbolique7;
cela lui réussit très bien comme l'a confirmé le résultat des
élections, sauf que, comme toujours, à force de diaboliser le FN,
le plus grave passe : rien n'est véritablement organisé contre
l'islamisme rampant, en particulier sur les lieux de travail, et les
crétins nationalistes corses se voient déjà tirer leur épingle du
jeu suite à l'oubli présidentiel. Néanmoins, malgré des ratés,
un chef doit toujours déstabiliser par période, leçon de
Machiavel.
Le maintien de la déchéance de
nationalité – qui existe pourtant déjà dans la législation -
qui ne pourra concerner qu'une dizaine d'imbéciles attrapés avec
leur cagoule, jette le trouble dans toutes les factions politiques de
droite à gauche. Sel de la manœuvre, la « laxiste »
Taubira devrait démissionner, victime du « couac
gouvernemental ». Peau de balle ! Mme Taubira a toute sa
place au gouvernement de la gauche caviar, comme hier M. Chevènement
chez Mitterrand. Ou hier encore les transfuges Kouchner et Buisson
chez Sarkozy. Les gouvernements modernes se doivent d'être dotés de
« sensibilités » diverses, comme d'un quota racial pour
donner l'impression de représenter « tout le peuple »
républicain et vacciné journellement contre le racisme et le
fascisme. De même, Mme Duflot, en tant que représentante de la rive
gauche et de l'écologie évolutionniste, a tout à fait le droit de
s'indigner de la « trahison » du président sans frac et
sans gibus : « Les
criminels, on les pourchasse, on les juge, on les condamne"(...)
"je préfére que quelqu'un qui a
attaqué notre pays soit jugé en France, en prison en France et
surveillé plutôt que renvoyé dans un autre pays et qu'on ne sache
pas quand est-ce qu'il peut intervenir ou revenir".
Vous l'aurez remarqué elle ne défend ni
l'assassin mercenaire de l'impérialisme ennemi, ni un principe
républicain violé jadis par l'extrême droite, mais une répression
« contrôlée » au pays. Toute la tempête dans un dé à
coudre de la gauche diversifiée et pluriculturelle ne porte donc que
sur le degré de nationalité à préserver. Ces galipettes
procédurales abstraites entre bourgeois au pouvoir des médias
esquivent le fond du problème : la cause du terrorisme et ses
imbrications avec con-vertis islamiques dans un panel de concurrents
masqués au niveau international, à une époque où traîtres et
espions ne sont plus fusillés mais servent à leur tour d'otages ou
de monnaies d'échange entre Etats terroristes ! Les
« belligérants » islamiques, ceux qui n'ont pas eu le
temps de s'enfuir sans crever après avoir opéré au nouveau concept
sociologique en vogue de « tuerie de masse », pourront
toujours attendre en prison démocratique d'être un jour libérés,
à la faveur de négociations inter-étatiques dont vous avez des
chances de ne jamais entendre parler.
Sur le fond, la querelle est d'importance
tout de même pour les bourgeois en guerre. Le sens de la bataille
verbale (à l'arrière) est : la nationalité ça se mérite !
C'est d'ailleurs un prolongement du projet de débat échoué de
Sarkozy et sa troupe sur l'identité nationale. Tous semblent s'être
mis d'accord sur une exhumation du terme « patriotisme »,
quand de sévères professeurs politiques autorisés veulent nous
« expliquer » qu'il n'a jamais copulé avec le terme
nationalisme. Désormais un peu partout, non seulement en France, la
classe ouvrière est constituée majoritairement d'immigrés. En
aussi peu de temps cela constitue un changement par rapport à jadis,
mais ce n'est pas le seul changement. L'immigration massive, est
désormais vouée à ne pas reproduire la classe ouvrière classique
mais à entrer, avec sa religion, dans le cadre de la « communauté
nationale », c'est à dire à se considérer comme... autonome
par sa religion, libre de décider si elle souhaite des mosquées ou
faire porter des rideaux à ses femmes. La menace de déchéance de
la nationalité, comme également je l'avais signalé pour la
punition de la catégorie des hommes seuls qui vont au bordel, vise
donc spécifiquement cette partie de la population prolétaire ;
je suis complètement d'accord avec cet internaute anonyme qui
écrit : « L'impact de cette mesure contribuerait à
fragiliser encore des populations issues de l'immigration,
puisqu’elles constitueraient évidemment sa principale cible. Près
du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double
nationalité ». Dans le même sens, j'insiste sur le fait que
l'islamophobie ne concerne pas les français croyants ou non, mais
les prolétaires d'origine maghrébine qui en ont peur, qui sont
soumis journellement à la pression policière de leurs maîtres à
penser leur vie quotidienne et aux petits bras à longue barbe qui
essaiment et prétendent régenter les mœurs de leur quartier à
défaut de trouver une place honorable dans la société de classes
hiérarchisées. En gros, sous prétexte de lutte contre une poignée
d'assassins terroristes sans foi ni loi, on met la pression sur une
grande partie de la classe ouvrière à connotation musulmane, pour
faire mine de satisfaire celle, de souche, qui se sent aussi lésée
que celle qui est stigmatisée si machiavéliquement par les médias
Gorgones. L'ouvrier musulman est ainsi pris en otage entre imams et
policiers institutionnels de l'ordre bourgeois.
On notera d'ailleurs immédiatement
ci-après l'intrusion saoudienne (ce modèle de tolérance et de
libération de la femme) qui arrive à peu près aux mêmes
conclusions que moi :
« Parlant de cette mesure
comme du résultat « des attaques
de la droite contre les idéaux français »,
le site
saoudien Arab News dénonce un « cadeau
idéologique au Front
national »,
et craint que l’extension de la déchéance de nationalité
« n’isole les musulmans » de
France. Car, « première cible de
la lutte contre le terrorisme »,
les musulmans risquent de vivre
dans la crainte de perdre
leur nationalité, poursuit l’éditorial du site saoudien. Et de
conclure : « Un tel changement de
la Constitution ne fera que renforcer
le statut de citoyens de seconde zone dont beaucoup de musulmans
français ont souffert. »
Comment
combattre une idéologie « sans patrie ni frontières » ?
On pensait en avoir fini avec la
patriotisme depuis le carnage de 14-18, ou du moins depuis la
boucherie « inter-nationaliste » et « anti-fasciste »
de 39-45, ou encore, pour les puceaux, depuis le juvénile
anti-patriotisme de 1968. Mais non, il nous est resservi, toutes
classes, toutes races et toutes religions confondues, le patriotisme,
ressorti de la naphtaline, des vieux livres d'école sentant bon
l'aisselle des hussards noirs de la République. Est-ce qu'on n'avait
pas trop rêvé, pas trop exagéré, pas trop oublié nos aïeux
morts pour la France, Dantzig ou Alger ? Dans les moments de
doute, un marxiste chevronné, devenu fébrile, se jette alors
aussitôt sur ses classiques, couverts de poussière, pour se
rassurer avec les « chers maîtres ».
Il trouve alors les classiques plus
nuancés qu'il ne le pensait, pas anti-patriotiques simplistes à la
Proudhon, Lafargue ou Gustave Hervé. Le Manifeste communiste :
« En outre, on accuse les
communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les
ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont
pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit, en premier lieu,
conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe nationalement
dirigeante, devenir lui-même la nation, il est encore par là
national, quoique nullement au sens bourgeois du mot ».
Manifeste communiste de 1848 ».
Etrange, se
dit-il, ce prolétariat « encore national... quoique nullement
au sens bourgeois du mot ». Et cet héritier qui n'éclaircit
pas mieux :
«La notion de nation, écrit Kautsky,
est également difficile à délimiter. La difficulté n'est pas
diminuée par le fait que deux structures sociales sont désignées
par le même mot et la même structure par deux mots différents. En
Europe occidentale, avec sa vieille culture capitaliste, la
population de chaque Etat se sent solidement liée à lui. On y
désigne comme nation la population d'un Etat. Dans ce sens, on parle
par exemple d'une nation belge. Plus on se dirige vers l'Est de
l'Europe, plus nombreuses deviennent les parties de la population
d'un Etat qui ne veulent pas lui appartenir et qui constituent dans
celui-ci des communautés nationales. On les nomme aussi bien
«nations» que «nationalités». Il serait bien plus approprié
d'appliquer à ces communautés cette dernière désignation» (La
Conception matérialiste de l'Histoire).
Plus tard, un essayiste de génie,
Rosdolsky éclaircit sa lanterne : « Pour revenir au
passage cité au début de cet article, en caractérisant la lutte du
prolétariat contre la bourgeoisie comme une lutte «en premier lieu
nationale» Marx et Engels ont manifestement en vue une lutte menée
en premier lieu dans le cadre d´un Etat. Cela découle clairement de
la motivation de cette phrase selon laquelle «le prolétariat de
chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie».
Mais, de ce point de vue, la phrase «s'ériger en classe nationale
dirigeante», «devenir lui-même la nation», acquiert également
une signification tout à fait définie. En fait, elle ne dit rien
d'autre que le prolétariat doit se dresser tout d'abord dans les
frontières d'Etat existantes, s'ériger en classe dirigeante à
l'intérieur des Etats existants. C'est pourquoi il sera «encore
national», provisoirement, «quoique nullement au sens de la
bourgeoisie» qui aperçoit son objectif dans les séparations
politiques entre les peuples et dans l'exploitation des nations
étrangères par sa propre nation. En opposition à cela, la classe
ouvrière victorieuse agira dès le début en vue d'éliminer les
séparations nationales et les oppositions entre les peuples et
créera par sa domination les prémisses pour que disparaissent,
«avec l'opposition des classes au sein de la nation», en même
temps aussi «les attitudes hostiles des nations les unes envers les
autres». De ce point de vue, et seulement de ce point de vue,
peut-il être question en général de «l'abolition» ou de
«l'annihilation» de la nationalité - dans la mesure où il faut
comprendre par cela non l'élimination de la formation
linguistique-ethnique existante (ce qui serait tout-à-fait insensé
!) mais au contraire des séparations politiques entre les peuples.
Dans une société où, selon les termes du Manifeste, «l'autorité
publique perd son caractère politique», où l'Etat en tant que tel
«dépérira», il ne peut en tout cas plus y avoir de place pour des
Etats nationaux distincts ! »8.
Notre marxiste
fébrile reste tout de même fébrile ! S'il faut attendre une
prise du pouvoir nationale du prolétariat pour mettre fin à
« l'exploitation des nations étrangères », aux
« séparations nationales », à « l'opposition des
classes à l'intérieur de la nation », aux « attitudes
hostiles des nations les unes envers les autres », l'eau
coulera sous les ponts jusqu'à la pollution complète et rapide de
la planète. L'auteur fait allusion à une forme de « déchéance
de la nationalité », mais seulement après le renversement de
l'Etat bourgeois, ce qui semble évident à notre marxiste fébrile ;
il reste dubitatif sur la non élimination de la « formation
linguistique-ethnique existante » ; de quoi veut-il
parler ? Et à notre époque, pourra-t-on renverser l'Etat
bourgeois ailleurs que dans une seule nation, voire simultanément,
en restant divisés par les nouvelles guerres de religion
impérialiste ?
Sera-t-on
obligé de conserver toutes ces religions bellicistes au nom d'une
démocratie prolétarienne meilleure que la bourgeoise ?
Laissons pour
l'instant de côté ces questions folles-désirantes de notre
marxiste fébrile et revenons à notre prosaïque monde
altermondialiste et antiraciste oecuménique pour ausculter ceux qui
ont le mérite de tenter quelque chose, et pour qui, même si je les
critique, j'ai un grand respect.
Je recense en
général les prises de position des groupes maximalistes, même
lorsqu'il y en a peu lors des événements graves. Il n'y a plus
grand monde dans cet univers. J'ai reçu ou découvert avec retard,
et je m'en excuse, la prise de position de Voix des travailleurs,
feuille de boîte clone de celles de LO par un site Matière et
Révolution, animé par Robert Paris, sur les massacres à Paris. Ce
cercle, qui n'est pas un véritable groupe, pourrait être qualifié
de groupe trotskien évolué. Sa prise de position s'intitule sous
forme de tract à quatre pages : « Quel est ce monde ?
Est-ce le nôtre ? Ou le nôtre est-il encore à construire ? ».
L'auteur, et ses cosignataires, eussent pu faire bref, mais non. Le
déroulé de l'argumentation ne se prononce pas immédiatement par
rapport au carnage terroriste, mais s'étale, dans le plus pur style
hollandesque, en nous livrant un catalogue de constats des turpitudes
du capitalisme sur diverses couches de la population mondiale avec la
méthode qui me sort par les yeux désormais : l'anaphore.
Celle-ci permet l'accumulation d'un certain nombre de données visant
à solliciter la compassion ou l'indignation du public. Cette méthode
n'est plus bonne que pour les enterrements où en effet Hollande a
excellé. Mais nous, comme les victimes, et les exploités du monde
entier, ne voulons plus de paroles de réconfort face à cette
« guerre mondiale qui commence » comme le note justement
le tract. Voulant s'élever, par le catalogue et l'anaphore, au
niveau des problèmes du monde entier, l'argumentation faiblit dès
qu'elle aborde les 132 massacrés de novembre à Paris. Peut-on
trouver une excuse aux mercenaires terroristes assassins en
justifiant leur action d'abord comme une conséquence de
l'intervention de l'impérialisme français en Libye puis en Syrie?
(« on n'est pas étonné que cette guerre nous revienne en
boomerang en pleine gueule ! »)et de critiquer
l'incompétence des services anti-terroristes... Ces remarques ne
sont pas entièrement fausses, mais inopérantes pour comprendre
l'expansion du terrorisme, pas seulement à cause du capitalisme en
guerre. Plus loin dans le tract il est noté que dans aucun des pays
(de la Tunisie à la Syrie : « le terrorisme n'est apparu
avant les destructions massives causées par les armées
occidentales ». C'est bizarre de n'évoquer que les armées
occidentales (et la Russie ? Et les diverses puissances
régionales?). Et c'est faux. La pratique terroriste a été
constante partout depuis le début du XX ème siècle, et pour faire
court, peut-on oublier le « terrorisme des Etats faibles »
à la fin des années 1970 avec le triomphe des ayatollahs iraniens
en 1979. Avant de devenir une des stratégies des grandes puissances
décadentes, ce « terrorisme des pauvres » a été
développé par ces Etats, vassaux ou non des deux principales
puissances du temps de la guerre froide9.
Tous ces Etats avaient d'ailleurs été découpés artificiellement,
et patriotiquement, de façon aberrante ; il suffit de voir la
carte de l'Afrique. Ce qui ne signifie pas que les grandes puissances
n'étaient pas derrière. Et la plupart de ces Etats furent régi au
nom de la théorie stalinienne de la « libération nationale ».
L'idéologie stalinienne, fruit du « socialisme dégénéré
dans un seul pays » allait comme un gant à l'idéologie
patriotico-nationale de Cuba à Ouagadoudou.
Or, dans tous
ces pays, faussement libérés des grands frères impérialistes, a
fini par apparaître une nouvelle idéologie, qui était (bien que
l'on ne l'ai pas vue sous le béret de Guévara) déjà une religion
patriotique à vocation cosmopolite, déjà clairement avancée par
les aïeux de Tariq Ramadan. Même si l'islam a été sponsorisé
d'une façon ou d'une autre par la principale grande puissance, il
marche, il avance avec ce soi-disant « islam radical »
justification du terrorisme. Boomerang des forfaits impérialistes de
la bourgeoisie française, je veux bien, mais que les mercenaires
assassins s'attaquent à des hommes armés de l'armée française,
sinon leur cause est de la merde. Dans un raisonnement
néo-tiers-mondiste sur les injustices en général, on oublie de que
la particulier – le massacre de civils innocents – est le lot
quotidien de la plupart des populations des pays directement mêlés
aux guerres de rapine capitaliste. Et qu'il ne s'agit pas de
critiquer seulement sa bourgeoisie, qui joue à se confondre et à
compatir avec les victimes, mais d'expliquer pourquoi des victimes,
armées de pied en cap, sont COMPLICES ET EXECUTANTS des basses
œuvres. L'islamisme et son utilisation médiatique n'est pas un
fascisme relooké, il est pire, il annonce la nouvelle guerre
mondiale à terme. Certes le salafisme (ou la secte daech qui s'en
inspire) est à l'islamisme ce que le nazisme est au fascisme.
L'islamisme se répand beaucoup plus rapidement que ne s'était
répandu le stalinisme ; ce dernier fonctionnait bien dans un
cadre national, quand l'islamisme « sans patrie ni frontières »
est en adaptation permanente (depuis Al Qaïda) au besoin mondial
d'un capitalisme à la recherche effrénée de reconstitution d'un
bloc antagoniste capable de justifier une nouvelle guerre vraiment
mondialisée. L'islamisme avec sa charia et ses défroques du Moyen
âge est bien plus mondialiste que le nazisme, qui vénérait le
bastion allemand et n'avait pas la prétention globale, tout comme le
fascisme italien portait haut la prétention à conserver le drapeau
patriotique mais en restant dans la botte et avec quelques
dépendances coloniales. Aujourd'hui le capitalisme débarrassé de
l'intermède stalinien, a besoin d'un adversaire à sa mesure, même
si c'est son miroir. Le capitalisme n'étant qu'une accumulation de
patriotismes en compétition a besoin de la guerre comme d'une
drogue, quitte à frôler le suicide.
Le tract se
base sur des clichés ringards. Ce n'est pas « l'état de
guerre », plus ou moins mis en scène -qui fait fuir
massivement les populations qui peut « mieux détourner de la
crise économique, et pas vraiment les plus pauvres - sociale et
politique »10,
c'est l'invention de toute une série de concepts visant à donner
des leçons de citoyenneté antiraciste aux millions
d'abstentionnistes, avec ce fleuron idéologique : la dite
islamophobie (inventée non pas T.Ramadan mais par le colonialisme
français)11.
Les attentats
des mercenaires terroristes ne sont pas encore la guerre. Ils aident
à la préparer. Le tract contient des vérités : « c'est
bien de la lutte des classes que l'impérialisme veut nous détourner
en combattant un ennemi qu'il s'est lui-même fabriqué sur mesure :
le terrorisme intégriste se revendiquant de l'islam ».
Quoique la bourgeoisie n'ait pas trop d'inquiétudes à l'heure
actuelle sur le niveau de la lutte des classes... Surtout pas des
fariboles de « Voix des travailleurs » qui imagine que
l'Egypte et la Tunisie ont connu rien de moins qu'un « début
de soulèvement révolutionnaire » ; et franchement ce
n'est pas la magie du bal terrorisme/anti-terrorisme qui a coulé la
soi-disante « vague des révolutions du Maghreb », mais
l'absence de perspectives politiques de classe dans une grand
encadrement « islaméricain ».
La classe
ouvrière n'est pas encore dangereuse en Europe au point qu'elle
puisse être confondue avec les tueurs islamiques, mais on nous
chante que : « l'état d'urgence a servi à Cazeneuve pour
perquisitionner contre les travailleurs les plus combatifs d'Air
France »12.
C'est pas contre des travailleurs combatifs que la police à
perquisitionné mais elle a participé à la même mise en scène que
sous Sarkozy en 2006, avec l'épisode « les mosquées de
Roissy » et la mésaventure du pauvre « bagagiste de
Roissy » Abderrezak Besseghir ; la presse avait répercuté,
avec pratiquement les mêmes chiffres que récemment et sans preuve
tangible, que 72 travailleurs s'étaient vu retirer leur badge
d'accès en raison de leurs liens avec « des mouvances
fondamentalistes à visée potentiellement terroriste ». Même
s'il peut toujours y avoir un ou deux con-vertis, le but est
d'effrayer la population et indirectement de tout mettre sur le dos
des islamistes de l'ombre. Il peut y avoir aussi des ratés dans les
campagnes de manipulation de l'Etat bourgeois. L'affaire Merah est
une des plus cruelles. Comme les conseillers de Sarkozy, les Raffy et
Mucchielli, accusateurs publics irresponsables, jamais la presse n'a
fait amende honorable d'avoir fait courir le bruit que le meurtre des
jeunes militaires d'origine maghrébine et des enfants de l'école
juive, était le fait du FN ; ces crimes étaient : «
la conséquence d'une campagne violente et haineuse à l'égard des
minorités religieuses » ; malgré le nombre des victimes
il n'y eût pas de gigantesques manifs comme lors des tueries à
Paris.
Difficile pour
la classe ouvrière, ou ceux qui veulent être ses hérauts, de
combattre tant de confusion, de démêler le vrai du faux, de ce qui
a réellement échappé à la surveillance policière et de ce qui
est brodé autour.
Enfin, il ne
faut pas tomber dans la propaganda régnante sur les motivations des
apprentis tueurs des recettes de cuisine du coran, où l'abus de
vidéos de daech montrant des enfants tués « rendent fous les
islamistes et qui les amènent à vouloir punir les populations des
pays occidentaux ». Je reproduis cet extrait inséré dans mon
article : qui est daech ?
Le recrutement terroriste
n'est ni une radicalisation (radicalisation de quoi ?
Politique ? Certainement pas. Sociale ? Encore moins.
Romantisme révolutionnaire religieux ? Des clous !) Très
prosaïque le recrutement aux causes, nullement psychologiques, si
bien décrites par un internaute anonyme :
Que cette nébuleuse terroriste n'ait aucun problème
à recruter, pas grand mystère là dedans. Du fric, des voyages, de
l'aventure, de l'adrénaline à profusion, une image de héros aux
yeux des jeunes femmes converties, un sentiment d'appartenance, le
paradis garanti où l'attendront des houris de service, à opposer le
plus souvent à une vie monotone, sans but, sans flouze, sans
prestige, d'un vide sidéral. Ajouté à cela, comme le montre cette
analyse, un champ d'action paralysé par l'inertie, englué dans la
procédure, où ne règnent qu'un minimum d'entraves, Ni les
attentats ni le recrutement ne sont en voie de se tarir.
Pas sûr que le cri « révolution sociale »
suffise à réveiller les morts ou à rassurer les vivants .
Sans doute faudra-t-il nous pencher plus sérieusement
sur l'échec de l'utilisation du « joujou patriotique »,
du patriotisme comme collaboration de classe, sans oublier le
cosmopolitisme islamiste comme collusion de classes. Avant de pouvoir
pronostiquer une révolution sociale à l'horizon, et empêcher la
déchéance de l'internationalisme prolétarien.
Déchéance des doubles nationalitaires Cohn-Bendit et Valls. Laissons les bourgeois enterrer leurs projets moribonds avec leurs phrases creuses sur la préservation sacrée d'une nationalité à double ou simple vitesse. Autrefois cette élite puante débordait de chauvinisme simpliste, maintenant, c'est le contenu multinationaliste qui déborde de phrases du magasin des antiquités.
Déchéance des doubles nationalitaires Cohn-Bendit et Valls. Laissons les bourgeois enterrer leurs projets moribonds avec leurs phrases creuses sur la préservation sacrée d'une nationalité à double ou simple vitesse. Autrefois cette élite puante débordait de chauvinisme simpliste, maintenant, c'est le contenu multinationaliste qui déborde de phrases du magasin des antiquités.
1Il
est ex-président de Médecins Sans Frontières et auteur d'une
« Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac ».
2Sauf
pour les révolutionnaires marxistes d'une Planète sans visa et
réfugiés politiques laissés aux mains de leurs geôliers
nationaux d'origine ! Lire l'article instructif sur les litiges
posés par la gestion des « binationaux » :
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/10/31003-decheance-de-la-nationalite-la-belgique-va-plus-loin-que-la-france
3Hollande
enfonce une porte ouverte : sur l'OBS un spécialiste répond :
« Patrick Weil : L’article
23-7 du code civil prévoit depuis le 12 novembre
1938 la possibilité de déchoir de la nationalité un Français
né français qui possède une autre nationalité.
Cette disposition fut adoptée par l’un des fameux
décrets-lois d’Edouard Daladier, dans une période où l’on
approchait de la guerre – Hitler était au pouvoir, l’Espagne
était en guerre civile –, en contrepartie de l’acceptation très
libérale de la double nationalité et en réaction à la loi de
1927 qui prévoyait par exemple la naturalisation après trois
ans de séjour seulement. Cette disposition a été maintenue après
la Libération dans l’ordonnance
de 1945 signée du général de Gaulle, et elle est donc
intégrée à notre législation depuis 75 ans. Elle a été
appliquée à quelques centaines de personnes, des collaborateurs
après la guerre mais aussi des communistes pendant la guerre
froide ».
4Les
remarques incidentes des internautes valent souvent plus que le
contenu des articles bourgeois. Celui-ci s'interroge : « Même
s'il est vrai que jusqu'à présent la plupart des terroristes était
des binationaux que fait-on de ceux qui ont uniquement la
nationalité française? ». Et celui-là se moque
franchement : « Est ce que ça peut s’appliquer à un
fils d’immigré Hongrois qui massacre la langue française ? ».
5La
naturalisation des juifs d'Algérie n'était pas une mesure
humanitaire, mais présentait l'avantage en conférant la qualité
de citoyen français (à la veille de 1940, décret Crémieux) :
l'obligation du service militaire.
6Le
Monde, premier prosélyte de la propagande islaméricaine (le mot
n'est pas de moi), définit les deux rails de la pensée unique
va-t-en-guerre : la citoyenneté sans classe et le tigre
électoral de papier : « Car la décision présidentielle
constitue une double et lourde faute. D’une part, elle porte
directement atteinte au principe d’égalité des citoyens,
fondement de la République inscrit à l’article 2 de la
Constitution. Elle revient, en effet, à instituer
deux catégories de Français, ceux qui le seraient sans conteste et
ceux qui ne le seraient pas complètement au motif que leurs parents
ou grands-parents ne l’étaient pas. Comme la République, la
citoyenneté est indivisible. D’autre part, en reprenant à son
compte une mesure réclamée depuis longtemps par le Front
national, le chef de l’Etat prend la responsabilité, majeure,
d’en banaliser
la détestable logique xénophobe » (op cit)
7Symbolique
que confirme le même Monde qui note ainsi le gouvernement selon les
humeurs de ses commanditaires : « cf le monde :
L’efficacité de cette mesure dans la lutte contre le terrorisme ?
Le premier ministre lui-même a reconnu que ce « n’est
pas l’enjeu premier ». Qui peut, en effet, imaginer
qu’une telle déchéance ait quelque pouvoir dissuasif que ce soit
sur un terroriste décidé à passer
à l’acte ? Manuel
Valls a, en revanche, souligné « le caractère
hautement symbolique » de cette disposition. Et l’on
peut admettre
que les symboles comptent dans un pays sourdement traumatisé par
les attentats du 13 novembre et la menace majeure qu’ils
continuent à faire
peser. C’est la responsabilité du chef de l’Etat de tout faire
pour éviter
que le pays ne « disjoncte » devant l’agression dont
il est la cible ». Tout symboliser donc pour empêcher le
« pays » de « disjoncter » !
9Au
début des années 1990, certes c'est à cause de son soutien à
l'oligarchie militaire algérienne que la France devient la cible
privilégiées des tueurs du GIA, causant une dizaine de morts
jusqu'à l'attentat de Port-Royal en 1996 ; mais c'est le FIS
qui, malgré l'échec en Algérie, a commencé à tisser
l'islamisation des banlieues ; pour la première fois les
assassins terroristes n'étaient plus des professionnels mais des
individus recrutés localement dans les milieux associatifs et
religieux. Plusieurs affaires ont cependant révélé que les
services secrets français cornaquaient certains attentats :
l'affaire Thévenot, l'histoire de la taupe Ali Touchent, l'affaire
Folembray où une vingtaine de types pas du tout islamistes ont été
déchus de la nationalité française et déportés en Afrique (lire
p. 90 et suiv. De « Islamophobie la contre-enquête »).
10Avant
14, les antimilitaristes « antipatriotes » utilisaient
ce genre d'argument : « les bourgeois n'avaient d'autre
but que de faire diversion à la permanente guerre économique menée
par les capitalistes et d'égarer les ouvriers ». L'argument
n'a pas eu d'écho... ou s'est trop bien vérifié ! Les
bourgeois n'avaient-ils pas substitué au dogme vieilli une religion
de haine, de mort, tout autant que l'avait été l'autre : la
« religion patriotique ». lire ici :
http://mots.revues.org/2093?lang=en
11Lire
l'indispensable et confondant « Islamophobie, la
contre-enquête », de Isabelle Kersimon et Jean-Christophe
Moreau, (ed PLEINJOUR).
12Que
la planète gauchiste restreinte vante les arracheurs de chemises
patronales comme nec ultra de la combativité me laisse de marbre.
Que par contre islamistes et syndicalistes officiels laissent
introduire le folklore religieux en entreprise depuis trente ans me
pose problème. Même si on dénonça la déclaration de Mauroy de
1983, comme ayant pour but de diviser - « grèves menées par
des groupes religieux ayant peu à voir avec les réalités sociales
françaises » - il avait vu les prolégomènes d'un
syndicalisme islamiste, qui a réussi là où le FN a échoué.
Faut-il oublier que les grèves de 1979 en Iran ont permis...
l'installation des « gardiens de la révolution »
féroces tueurs.
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