« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)
Marx (L'idéologie allemande)
«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »
Thucydide
samedi 21 janvier 2012
UNE INDIGNATION QUI RETOMBE EN COMPASSION
Sur France 5, l’émission de FOG (Franz Olivier Giesbert) du 20 janvier – Les grandes questions – est immédiatement intronisé la vedette du jour : « notre trésor national Stéphane Hessel » ; celui-ci n’en peut plus de poser au noble vieillard qui n’en peut plus de tant d’éloges à répétition. L’émission est bien découpée en trois parties introduites par un montage imagé fort bien fait et bourré d’humour : la planète des indignés, quelle solution économique et l’avis de la « science ».
Pour amorcer la première partie, FOG (sarkozyste bon teint) pose la bonne question : « posture d’indignation ou imposture ? ». Le premier parolier est sarkozien de choc, le Finkielkraut de service : « …l’indignation peut être dangereuse, cf. voyez l’incendie de Charlie Hebdo… elle peut mener au fanatisme. Un étonnant autre vieillard, qui n’aura pas beaucoup la parole, pointe son nez. Jean-François Mattéi : « l’indignation ne peut pas être la fondation d’une politique, la politique ne peut pas être basée sur l’affect… ». Une jolie philosophe, qui sera pourtant aussi limitée que son voisin, le nietzschéen Onfray, remarque justement aussi que l’indignation peut parfois être le viatique de la bienpensance. Onfray rectifie : « … c’est un commencement. Tout doucement, Jean-François Mattéi revient à la charge : « l’indignation comporte deux éléments, la colère et sa décantation (miséricorde), et comme l’a dit Nietzsche : « nul ne ment autant que l’homme indigné ». Onfray ramène sa science anarcho-camusienne : « oui mais la révolte suit l’indignation ». Ressurgit Finkielkraut : « Dans l’indignation il y a la haine, il faut savoir s’en défaire, c’est la leçon de Camus ». Le réac Camus revient en effet à la mode chez les anars de droite et de gauche…
Un intermède imagé « indignation piège à cons ? », permet de mettre en selle l’honorable diplomate Hessel :
FOG : vous êtes appelé à faire la révolution partout ?
Hessel : on me téléphone de partout, mon petit livre dépasse les 4,5 millions d’exemplaires dans le monde… c’est pas moi qui ai trouvé le titre mais ma collaboratrice (une ex-maoïste)… c’est le début d’une réflexion… j’ai été mis en relation avec l’indignation du Dalaï Lama. L’indignation n’est pas un programme sinon ce serait dangereux (en effet et c’est pourquoi il est rallié au programme Aubry-Hollande, hi hi) ; c’est un appel à des valeurs qu’on engage, l’espérance. Ma joie a été de travailler avec Edgar Morin, avec notre livre « Le chemin de l’espérance » (coup de pub peu subliminal à cet imbitable compil de deux egos boursouflés). Mon philosophe préféré Spinoza récusait la haine contenue dans l’indignation.
Finkielkraut, qui ne dit pas que des âneries, rectifie : « en général la jeunesse entre en politique par l’indignation. J’aurais préféré qu’on la sollicite en lui disant d’abord « informez-vous » ; S. Hessel ne fait aucune référence au printemps arabe (il ne fait surtout aucune référence à la complicité du stalinisme français dans la reconstruction nationale). Son soutien à l’Etat palestinien ne désigne qu’un coupable, Israël ». Le sujet est brûlant pour ces deux juifs affichés qui défendent chacun un camp opposé, conformément à l’idéologie nationaliste du communautarisme juif en général. Hessel, très finaud, très intelligent, très smart, ne s’en laisse pas compter et rectifie Finki : « on ne va pas passer la soirée à parler de la Palestine, mais c’est une question fondamentale pour l’ordre international ». Finki s’incline et revient à la jeunesse avec un argument de vieux barbon, qui est aussi une manière de faire croire que lui et papy Hessel seraient de vieux sages : « …plus nous vieillissons, plus nous avons de responsabilités vis-à-vis des jeunes pour les éclairer. Avec l’indignation on a affaire à une flatterie de la jeunesse » (c’est vrai !). Le radical Hessel lui, surfe carrément et sans gêne aucune sur l’ignorance de la jeunesse en général avec ses radotages sur le plateau des Glières. Papy a fait sa résistance pour la défense des « valeurs », valeurs fondamentales, celles des droits de l’homme, et de citer, avec une émotion calculée, l’article 1, dont ses lèvres desséchées ne font pourtant sourdre aucune larme de vie.
La parole est ensuite au nietzchéen de plateau TV, le sinistre Onfray, le barde d’un anarchisme philosophique ringard et ultra-réac. Il commence par cirer les pompes à Hessel, un brin critique : « j’ai beaucoup aimé votre livre (quel livre ?) moins votre emballement pour Aubry » ; mais c’est à la manière de l’anarchiste moyen, pour mieux faire sa courbette aux puissants. Il est aussitôt doublé, et rabaissé à sa nullité politique, par l’autre vieillard, pourtant pas bon orateur, mais si fin et lucide qu’on envisage de lire ses livres (Avant la fabrique hyper-médiatisée de l’Indignation, Jean-François Mattéi avait traité du sujet en 2005 pour décrypter la comédie de l’indignation en politique, les postures d’indignation qui masquent le ressentiment des idéologues, l’aspect simulacre de l’indignation ; il décrit l’indignation comme un « affect politique », j’allais dire une infection politique ; ce n’est qu’une posture abstraite, posture « vertueuse », théâtralisation de sentiments généreux qui nous dispense de la culpabilité ; Mattéi raillait déjà cette sensiblerie propagandiste si actuelle: « les excès de sensibilité lacrymale, qui font la double économie d’une émotion sincère et d’une authentique réflexion » (p.197 de De l’indignation).
Donc Mattéi frappe fort et va à l’essentiel qui déshabille ledit « trésor national » : « On ne peut pas s’indigner sur commande. On ne peut pas s’indigner pour des généralités. On ne peut pas s’indigner contre le capitalisme comme on ne peut pas s’indigner devant l’Histoire ».
Il en faut plus pour déstabiliser le « diplomate » Hessel. Il a compris la charge philosophique, facile à réduire (sans s’indigner, il est malin le PN). Il range au magasin des accessoires philosophiques Mattéi, en ramenant le propos aux « valeurs » concrètes de la résistance, la sécurité sociale ! Double coup avec ce mensonge (les mesures de protection sociale avaient été initiées sous le régime de Pétain (un autre « noble vieillard ») et sa protestation contre la remise en cause de la protection sociale par la bande à Sarkozy ; et il reglisse un pub pour sa compil avec l’alcolo Morin. La jolie girouette Cynthia Fleury (nouvelle égérie du PAF) abonde derrière le vieux : « Oui Stéphane Hessel répond à 15 ans de néolibéralisme, d’une paupérisation croissante. L’indignation est une arme à destination de ceux qui sont désespérés de la Puerta del Sol aux indignés à Wall Street. La jeunesse (hi hi) a fait cela comme un premier pas ». Hessel n’en peut plus de courbatures en remerciements.
La voix de son maître, Finki, saisit l’occasion pour se féliciter que la mayonnaise n’ait pas pris en France. Pourquoi, ajoute le cuistre de gouvernement ? Parce que la situation est moins dramatique ici qu’ailleurs » (ce qui est notoirement faux et parce que la jeunesse petite bourge française est déçue des sous-marins successifs du PS, de Dray à Hessel). Finki est par contre à nouveau pertinent avec cette remarque sur la résistance hors sujet : « Pourquoi agiter l’esprit de la résistance alors que nous sommes confrontés à d’autres problèmes ? ». Hessel faiblit en refaisant de la pub pour sa compil avec Morin. Le contre-révolutionnaire Onfray et l’oie blanche Fleury monte alors à l’assaut, comme une seule gourde, défendent le programme national bourgeois de la résistance, « le contrat républicain », précise l’anar réac Onfray. Hessel revient brièvement sur ce qui fait bon effet dans les aires gériatriques et chez les électeurs bobos enseignants et infirmiers, la dégradation des hôpitaux. Jean-François Mattéi n’a pas beaucoup de place pour s’exprimer, reste un peu emprunté, et c’est bien dommage, car le peu qu’il dit, démonte la supercherie de base avec finesse et profondeur« la faiblesse de votre livre (les 13 pages de Hessel) c’est d’avoir été un succès mondial, il y a un hic, l’indignation ne s’universalise pas aussi rapidement ». Hessel fait l’interloqué. Mattéi ne peut pas développer pour le crétin de téléspectateur moyen, mais cela coule de source, une telle marée éditoriale n’a fait que surfer sur l’idéologie dominante, succédant à la guimauve de l’anti-mondialisation. Mattéi indigne donc le réacamusien qui tonne : « Il ya beaucoup trop de gens qui disent que l’indignation ne sert à rien ». Mais, l’air de rien, Mattéi déshabille le petit indigné de service (variante de l’anarchisme apolitique qui sert toujours la politique d’un clan bourgeois): « Vous ne pouvez pas faire de la politique avec de la simple indignation. Il faut un programme, un parti. Marx explique très bien que si on part de l’indignation et que cela ne débouche sur rien, sur aucune action… ». (Brouhaha, on saisit mal l’argumentation.)
Le petit philosophe de poche sarkozien s’indigne qu’on puisse soupçonner les puissants de vouloir casser la protection sociale, et, à l’inverse du concret Hessel, renverse la proposition au ras des pâquerettes philosophiques : « l’objet de l’indignation c’est toujours l’autre » (finalement il est bête ce Finki !). Hessel revient jouer au barde, tête haute, nuque raide napoléonienne et porter la « voix des jeunes » : « les jeunes nous disent deux choses : la gravité de la question économique et la dégradation de la terre ». Pas pire politicien de l’intox dominante apolitique et… pro-PS !
Deuxième volet de l’émission : Les indignés ne font pas trembler les marchés (çà c’est vrai ! et preuve de l’habileté manipulatoire de la bande à FOG).
Une autre oie blanche, brune celle-ci, une certaine Agnès Verdier-Moligné, dont on va voir qu’elle est une sarkozette simplette qui se la pète. Elle attaque : « remise en cause de la protection sociale, hein ? En 1945 son budget était de 12%, il est de 30% actuellement ». Le syndicaliste camusien Onfray s’énerve, et a raison pour cette fois : « hein… ouais… s’en fout des chiffres… avec les trusts pharmaceutiques… les hôpitaux en déshérence ». La sarkozette parade mais est ridicule en effet, elle radote comme les pires vieillards libéraux l’exemple boche, et en remet une couche sur « les économies à réaliser sur nos dépenses publiques » ; j’adore ce langage élégant de bourgeoise parfumée qui, avec son salaire, dépense sans compter et demande aux prolétaires d’économiser en baissant leurs salaires ; et « nos dépenses publiques c’est surtout substituer comme cause principale de la gabegie gouvernementale de la bande à Sarko, le « fardeau de la protection sociale » à l’endettement de l’Etat et les retraites dorées. Hessel répond caustique que le régime sarkozien se la joue en fin de mandat libéraliste teinté de social-démocratie, et, sans crainte du ridicule fait l’apologie du New Deal de Roosevelt qui a pourtant mené aussi à la guerre mondiale. Mais, ce malin qui garde toujours un œil sur les spectateurs des maisons de retraite et les neuneus de base, emporte le morceau en concluant plus trivial que noble : « on ne peut pas en rester à philosopher ! ».
Onfray revient chatouiller la sarkozette, hollandiste en diable : « Les chiffres c’est de la prestidigitation (oui)de la langue de bois libérale. Seuls les libéraux savent gérer. C’est pas vrai ! Combien d’heures de cours supplémentaires doivent se taper les profs du second degré ? ». Il est rejoint par Finkielkraut sur ce point face à l’oie qui pète dans la soie, et il fait mouche : « Il y a une désintellectualisation des profs (pourquoi ne dit-il pas « prolétarisation »). On régresse, la république des profs doit laisser la place à la république des animateurs. Non, le prof est là pour cultiver les élèves. Je ne peux pas vous laisser dire que les profs travaillent moins ».
Enfin troisième et dernier volet de l’émission, encore plus pertinent : L’indignation est-elle un antidépresseur ?
L’invité est un original peu commun, passionnant, le neurobiologiste Jean Didier Vincent, qui ne paye pourtant pas de mine avec un physique de notaire de province ; (c’est un pote au grand scientifique Changeux).
. Il ne mâche pas ses mots : « l’indignation est un concept flou. Nous sommes une bête sentimentale qui a besoin de l’autre. Notre cerveau est fait pour refléter les autres. Il produit de la compassion, de l’empathie. Comme il est binaire notre cerveau, cette compassion va se retourner en son inverse, la haine. L’âme c’est le psychisme. Et surtout comme disait Epicure : « l’âme c’est le cri de la chair ». Le cerveau fonctionne sur la base de l’offre et de la demande. Nous sommes des bêtes hyper-sentimentales. L’indignation peut passer pour une émotion chaude ou froide, comme la tristesse ou la joie. L’indignation est limitée dans le temps, comme toute émotion ; comme la colère elle a une valeur adaptatrice. La colère fond peu après et détend ou sinon, provoquant un excès de cortisone, elle entraîne la dépression. 95% de notre activité psychique est inconsciente !
Hessel n’égalera pas JD Vincent mais amène sa fraise avec ses simplismes, il disserte sur la compassion d’un bourgeois rangé des voitures, simple résumé de la bonne conscience des bobos « indignés »: « la compassion est l’aboutissement de l’indignation, ce qui vous permet d’être équilibré et socialement utile ».
Moment subliminal et érotique de l’émission lorsque JD Vincent reprend la parole, se fichant de la guimauve de Hessel : « je ne vais pas vous faire ici l’apologie de la fornication (il en est apologiste, cf. lire plus bas) mais de la caresse ». La salle rit et on aperçoit Hessel qui en profite pour caresser la tête de la belle sarkozette brune, économiste déjà ré-putée… Vincent s’avoue « plutôt anar » : « j’en réfère aux notions de solidarité et d’entraide de Kropotkine ».
La conclusion reste à ce dernier : « Le mouvement des indignés n’est qu’une contagion affective, ils ne savent pas pourquoi ils sont indignés ». Tout à fait d’accord, même si Sarko a du passer un coup de fil de remerciement à FOG. L’émission a fort bien su déshabiller l’indigence et l’incontinence verbeuse de Hessel. Pourquoi l’oligarchie de la droite au pouvoir a-t-elle attendu aussi longtemps ? (cf. lire sur la colonne de gauche de ce blog l’autre fusée anti-Hessel, un plumitif du Figaro qui démonte superficiellement, et au service de Sarko II, la supercherie du pape des indignés).
Il a fallu qu’elle se résolve à se rendre compte qu’il roulait pour l’oligarchie de la gauche caviar ! Après lui avoir laissé envahir tous les tréteaux médiatiques…
PS: POUR TA BONNE BOUCHE LECTEUR JE TE JOINS UNE INTERVIEW DE JD VINCENT (lit aussi les livres de JF Mattéi).
Atlantico : L’adaptation cinématographique de « L’amour dure trois ans » sort ce mercredi. Frédéric Beigbeder avait écrit le livre. Il réalise également le film. Mais cette fameuse maxime fait-elle sens ?
Jean-Didier Vincent : « L’amour dure trois ans » ? Oh, vous savez, l’amour, je veux dire le lien, la fascination et le désir qu’on a pour quelqu’un, naît un jour puis disparaît. C’est dû à l’habitude. Ce qu’on appelle l’amour c’est le besoin de l’autre. C’est lié à l’ocytocine une hormone libérée au cours de l’orgasme et qui donne le plaisir dans le cerveau. C’est comme chez les animaux, chez les ouistitis, par exemple. Quand ils ont un lien avec une femelle particulière, ce lien est solidifié par la présence d’ocytocine qui entretient les circuits d’attachement avec un autre partenaire et crée un état de récompense : le cerveau est récompensé quand vous êtes avec l’autre. Ce système s’use, comme tout système. Même si vous aimez les frites, si vous en manger tous les jours, vous finirez par vous en détourner.
L’ocytocine correspond donc à l’hormone du lien : elle favorise les circuits qui créent dans le cerveau l’attachement à un autre individu. A un moment donné, les récepteurs de cette hormone se fatiguent, il n’y en a plus. Cela peut prendre un mois, un an ou plus. Cela dépend notamment de l’intensité de la rencontre : plus celle-ci est forte au début, puis elle risque d’être inefficace au bout d’un certain temps. On peut comparer ce mécanisme à une pédale sur laquelle vous appuyez : vous recevez une récompense, à force d’appuyer, d’appuyer, d’appuyer, celle-ci finit par ne plus fonctionner. Vous êtes désensibilisé. C’est biologique : notre cerveau est une machine à recevoir des récompenses et des punitions.
Pourquoi trois ans ? C’est une durée crédible ?
C’est absurde. C’est un truc qui est devenu un gimmick. Cela peut être un mois ou deux voire toute la vie, si vous êtes malin ! Le désir n’est pas machinal, il est déclenché par des stimuli particuliers qui se construisent sur des circuits dans le cerveau qu’on appelle « circuits de récompense ». C’est ainsi que vous devenez toxicomane : quand vous aimez quelqu’un, vous êtes toxicomane de cette personne.
La différence avec la drogue qui vous rend addict, c’est que le plus souvent, pour l’amour, la passion s’atténue car des mécanismes contre balancent cela et conduisent à ce que la dépendance finisse par ne plus fonctionner.
Vous qui avez étudié ce sujet en tant que neurobiologiste, vous y croyez encore à l’amour ?
Ah, mais je ne crois qu’à ça ! C’est comme si vous me disiez sous prétexte que je connais les mécanismes de la faim ou de la soif, que je n’avais plus faim ni soif ! Les neurobiologistes ne sont pas mieux placés que les autres pour résister à l’amour.
N’auriez-vous pas un secret de neurobiologiste pour faire durer l’amour ?
Il faut d’abord en avoir envie. Quand vous êtes dépendant de quelqu’un, il n’y a pas de raison de changer. Ce qui se passe dans le cerveau reste chimique. Mais ce n’est pas pour cette raison que cela est moins noble que ce qui peut se passer dans les cieux. Par ailleurs, vous ne tombez pas amoureux de n’importe qui, n’importe quand : tout est conditionné par votre histoire, votre enfance, aux choses que vous avez expérimentées au cours de votre vie. Parfois vous rencontrez quelqu’un et vous pensez qu’il s’agit d’un coup de foudre, sans savoir pourquoi. Vous trouvez alors que cette personne vous ressemble, presque comme si elle était votre sœur ou votre frère. En fait, c’est dans le cerveau que tout se passe, votre passé ainsi que d’autres paramètres interviennent. Tout n’est pas prévu cependant. Sinon, il suffirait d’insuffler un peu d’ocytocine et vous tomberiez amoureux. Ce n’est pas si simple.
Comme vous le savez peut-être, je joue un petit rôle dans le film de Beigbeder. Avec Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, je disserte à la fin du film sur ce qu’est l’amour. Et ce que je recommande pour garder son partenaire, c’est de faire l’amour. L’acte physique déclenche l’ocitocyne dans le cerveau. Les femelles ouistitis le savent très bien. Le sexe fait durer l’amour. Il faut donc baiser, baiser, baiser. C’est ça le secret d’un amour qui dure.
(Propos recueillis par Aymeric Goetschy)
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