« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)
Marx (L'idéologie allemande)
«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »
Thucydide
lundi 23 janvier 2012
Etoffe présidentielle: Hollande n'est pas sexy
Et c’est son talon d’Achille. Pour être élu dictateur ou président de la République, il faut d’abord plaire aux femmes, qui sont traditionnellement conservatrices dans leur majorité, soit comme épouse vertueuse, soit comme amante délictueuse dans la transgression. Pourquoi le PS n’a-t-il pas choisi comme porte drapeau le géant néo-kabyle Montebourg ou le petit Julio Iglésias de la gauche pincée E. Valls ? Trop jeunes cabots ou pas assez d’embonpoint ? Hollande en costard cravate, petits bras levés, pas de quoi faire « rêver » les prolétaires, ni surtout les femmes majoritairement électrices (1) .
La prestation au Bourget du petit candidat de la gauche bourgeoise sans alternative crédible à la crise systémique, n’a pas grand intérêt en soi. L’ancien « Flanby » F.Hollande est resté un pot de yaourt qui a tenu le crachoir pendant une heure et demi à un auditoire de bobos crédules, naviguant entre annonce de mesures loufoques et anecdotes personnelles. Son catalogue électoral creux ne mérite pas grande considération. On se servira ici plutôt d’un de ses arguments majeurs pour séduire l’électorat majoritaire avant de se pavaner comme principal candidat. Ce petit monsieur a fait une cure d’amaigrissement et quelques petits liftings pour améliorer l’image de marque, certainement pas aux yeux des hommes…
Le mouvement ouvrier ne s’est jamais fait tuer pour le vote des femmes en France, charme mis à part. Il fallut attendre 1945 pour que ce soit disant droit soit concédé. J’ai assez bien décrit le trucage électoral démocratique dans mon dernier livre pour ne pas avoir à le développer ici (La croyance électorale et ses origines religieuses, ed du pavé), mais il aurait fallu y consacrer un chapitre au vote de la femme, tel qu’il fût institué tardivement par la bourgeoisie française (qui n’est pas une généralité puisque d’autres bourgeoisies et même celle de pays arriérés avaient concédé ce droit de vote au début du XXème siècle). Le vote des femmes n’était pas souhaité par les ouvriers socialistes du XIXème siècle. Ils s’en méfiaient et ils n’avaient pas tort. Non par « machisme » primaire, mais tout simplement parce que l’espèce féminine ne travaillait pas majoritairement dans les fabriques, elle était vouée aux tâches ménagères (individualistes, dirait-on aujourd’hui) ingrates de reproduction sociale et restait influencée par le … curé de la paroisse, le seul homme qui leur parlait vraiment à l’oreille.
VOTER POUR UN PRINCE CHARMANT
Certains diront ici que je cède à un machisme ringard simpliste, à contre-courant du discours démagogique qui déguise l’infériorité sociale de la femme en commençant toujours par la célèbre politesse hypocrite « Mesdames et Messieurs », ou « Toutes celles et tous ceux »… (Chez les anars gauchistes cela donne « nos copines et nos copains », les travailleur(e)s, etc.) ; or je ne cède à rien du tout vu le niveau lamentable, personnalisé à outrance du débat (choix ?) politique imposé par les médias dominants face à une masse d’électeurs/trices inconscient(e)s qui croit participer à une « vie démocratique », à des élections réelles du pays. Il suffit de voir le niveau misérable où est tombé depuis dix ans le site de rencontre Meetic, pour mesurer à quel point les femmes, croyant pouvoir choisir librement un mec après divorce ou veuvage, nagent totalement dans la vision sénile du tout ou rien, préférant la solitude dans l’attente du « prince charmant », contre « l’aventure sans lendemain » (qui est pourtant plus intéressante que le bordel officiel du mariage), pour mesurer leur degré de régression conditionnant une aptitude soumise au vote pour le principal « prince charmant », le futur président de la Rép.
Tout le système électoral dominant – d’Europe au Maghreb - est DEVENU APOLITIQUE, et, régi de façon subliminale par des sondages psychologiques, des exhibitions de bateleurs de foire électorale et une succession de romans-photos pipoles, sexuels et mafieux. Naturellement, il continue à exciter la masse des citoyens aliénés, droguée à la croyance démocratique, car ce système parvient ainsi à les distraie de l’ennui sidéral de l’humanité sous le règne du Capital.
La prolétarisation des femmes, fort lente, a tardé à avoir des implications politiques pour une conscience de classe révolutionnaire. Les femmes de toute condition sont restées peu nombreuses comme militantes des partis depuis un siècle, et l’état de déliquescence et d’absence d’un parti révolutionnaire cohérent ne donne pas de matière, aujourd’hui encore, à les réconcilier avec l’action politique qui reste aliénée par la fumisterie des élections bourgeoises dites représentatives. Depuis plus longtemps que ne l’imagine Janine Mossuz-Lavau (2), elles se sont alignées sur la mystification électorale bourgeoise : « elles sont en quelque sorte devenues leur copie conforme (des hommes) et (…) si elles se sont soustraites à l’influence de l’Eglise, ce n’est que pour mieux céder à celle des hommes » . Autrement dit, contrairement aux analyses non marxistes de Mme Mossuz-Lavau, les femmes sont devenues aussi conservatrices que les hommes, pour ne pas dire que ce sont surtout les hommes (catéchisés et crâne bourré par la gauche bourgeoise) qui sont devenus aussi conservateurs que les femmes. Mais les femmes, toujours plus réalistes historiquement, et ferment des révolutions sans en occuper le premier plan, ont été sensibles à l’approfondissement de la crise systémique depuis le milieu des années 1980 mais pour devenir la proie de l’élite rose : « Dès 1984, les femmes s’étaient mises à appuyer autant que les hommes les candidats roses » (op. cit.). Analystes universitaires et nos comiques politologues oublient en général de mentionner qu’il persiste un élément de faiblesse, en tout cas de sous-culture politique des femmes : la tronche du candidat est un élément de choix plus encore que pour les hommes. Ce n’est pas un hasard si tant de politiciens séducteurs occidentaux véreux ont été élus plus pour leur gueule que pour leur intelligence, de Kennedy à Clinton et l’élégant Obama, de Lecanuet à Mitterrand et Chirac. Il n’est un secret pour personne que, plus que sa prétendue compétence économique, le « pervers » DSK plaisait aux femmes françaises en général, qui font abstraction du gros bide et de la petite taille si le visage de l’homme est séduisant et son intelligence brillante. Et qu’il aurait été élu sur ce critère en milieu féminin. Triste époque de vanité de la politique personnelle et sexiste ! Et puis, ne le cachons pas, la femme en général est plus attirée par un homme avec des côtés pervers que par un bonnet de nuit. DSK a toujours fait plus rêver que Jospin ou Juppé ! Les électrices aliénées ne sont-elles pas finalement aussi coupables dans leur désir opaque que ceux qui leur promettent in fine de le réaliser ? En fait une minorité de journalistes, ce qui est l’autre faiblesse de F.Hollande. S’affichant avec une belle bourgeoise journaliste, comme Montebourg et Borlo, il dévoile un aspect de la pourriture des médias : les journalistes couchent avec les politiciens ! Pas de meilleure image de la coucherie des médias pour conforter la déréliction de l’électeur lambda et de l’électrice d’en bas.
La force des dictateurs – Mussolini, Hitler, Castro – était qu’ils cachèrent toujours leur relation sexuelle avec de multiples femmes, tout en s’affichant en père tranquille ou en solitaire endurci (4).
Dans la rivalité Sarkozy/Hollande – alors que tous deux s’affichent avec de belles femmes (signe de richesse !) – l’avantage apparaît d’abord au blaireau de l’Elysée. La femme électrice aime plutôt le genre viril, agressif, cogneur, méchant. Sarkozy est pugnace comme l’était Mitterrand le petit, il montre ses muscles à pied ou à vélo (avec un teeshirt New York PD) ; Hollande pour sa seule prestation footballistique laissait pendre son maillot hors du short pour cacher son bide et courait comme un cloporte. L’image est cruelle et porteuse à l’ère du tout filmé. Hollande n’a pas la dureté d’un Mitterrand ni la capacité de cogner comme le bonnet de nuit Jospin quand le navire capitaliste tangue dangereusement. Les aboyeurs au service du blaireau savaient bien l’effet subliminal qui serait le leur en comparant Hollande au débile capitaine du paquebot italien. Dans la tempête, les passagers ne veulent surtout pas d’un capitaine mou, accommodant, qui veut considérer gentiment l’avis de tous les passagers, prendre son temps pour consulter, etc., alors que les vagues ont déjà empli les soutes. Mais la comparaison avec le capitaine italien se retourne aussi, comme on le verra, contre Sarkozy, car ledit capitaine avait quitté le bateau avant tout le monde, comme Sarko qui avait quitté ses électeurs dès 2007 pour aller rejoindre les planqués du Fouquet’s, et qu’il n’a, depuis, nullement protégé les prolétaires, hommes et femmes, contre les violentes vagues de la crise systémique….
Examinons d’abord, par le petit détour qui suit, le combat à géométrie variable des femmes dans une société dominée par des hommes qui en exploitent d’autres…
LE DROIT DE VOTE CONSIDERE COMME PEU ENTHOUSIASMANT
En 1848, dans le contexte européen du « Printemps des peuples »(5) , se conjuguaient les revendications de liberté des peuples, d’affirmation nationale dans une grande partie de l’Europe et une grave crise politique et sociale en France où la Monarchie de juillet est renversée par une révolution qui se veut fraternelle et qui proclame début mars1848 le suffrage universel, une décision qui n’a pas d’équivalent ailleurs en Europe. Des femmes (une petite délégation reçue le 22 mars 1848 par le maire de Paris) posent alors la question de leur appartenance au « Souverain ». Elles appartiennent à la mouvance saint simonienne liée au socialisme utopique qui, dès les années 1830, imagine et tente de mettre en œuvre de nouvelles formes de relations sociales, y compris entre hommes et femmes. Dans le Manifeste communiste, Marx et Engels ne consacrent pas même une ligne au droit de vote des femmes !
La demande d’accès à la citoyenneté, assortie d’autres demandes (dont le droit au travail, question essentielle en 1848) est formulée par une très petite minorité de femmes urbaines, instruites, des institutrices, des sages-femmes, des femmes de plume qui fondent des journaux, animent des clubs. Elles invoquent les principes de justice et d’égalité, mais aussi les compétences et les intérêts particuliers des femmes, comme mères ; Jeanne Deroin pose même la question de la représentativité d’une assemblée composée seulement d’hommes pour traiter les problèmes de la société toute entière. Mais cette demande n’est pas entendue, elle semble même inaudible pour la grande majorité des contemporains. Ces femmes suscitent la moquerie, le sarcasme, l’incompréhension, y compris parmi tenants du socialisme.
Pour George Sand, très impliquée au début de la révolution de 1848, (elle rédige durant quelques semaines le Bulletin de la République), la priorité est celle des droits civils et de l’éducation des filles. C’est pourquoi, elle refuse de se présenter aux élections de 1848, à la différence de Jeanne Deroin qui annonce sa candidature en 1849 suscitant la colère de Joseph Proudhon, le anarchiste de nos gauchistes syndicalistes indécrottables modernes, promoteur de l’association ouvrière, du mutuellisme, des coopératives, mais pour qui « la femme » n’a vraiment sa place que dans le cadre de la famille. La révolution russe donne le droit de vote aux femmes, mais elles restent minoritaires dans les instances « prolétariennes », quoique le terme classe ouvrière se conjugue toujours au féminin. La bourgeoisie occidentale comprend au même moment l’intérêt de concéder le droit de vote aux femmes (majoritairement hors de la production, donc de l’action collective de classe consciente).En France, la Chambre des députés discute et vote, en mai 1919, à une large majorité, en faveur du suffrage des femmes. Mais la décision est bloquée par le sénat ; un scénario reconduit plusieurs fois dans les années 1920-1930. Ce refus du sénat est largement lié à l’inquiétude des nombreux sénateurs radicaux devant le risque d’un vote féminin sous influence de l’Eglise catholique qui pourrait menacer la République (et aussi leurs propres positions). S’ajoute sans doute la conviction, largement partagée par les classes politiques bourgeoises et ouvrières, que les femmes (comme les nègres et annamites) sont en général peu intéressées à la chose publique et qu’elles n’y ont donc guère leur place.
L’histoire de l’ordonnance du 21 avril 1944 qui accorde le droit de vote aux Françaises reste peu claire ; des historiens chipotant que ce n’est pas le général De Gaulle qui a “donné” le droit de vote aux Françaises mais du fait des caciques staliniens. De Gaulle n’aurait fait que contresigner une ordonnance prise à la suite d’un débat à l’Assemblée consultative d’Alger entre janvier et mars 1944 et d’un vote à une large majorité sur l’amendement proposé par le délégué stalinien de la résistance intérieure, Fernand Grenier. Le texte dit tout simplement : « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». L’argument du droit de vote comme récompense pour les femmes qui ont participé à la Résistance, discours officiel du moment qui rappelle celui tenu au lendemain de la guerre de 1914-1918, masquait surtout la manoeuvre de la faction de droite pour se relever du pétainisme déchu. Le vote des femmes, auquel De Gaulle est plus favorable encore qu’aux staliniens, est présenté comme révolutionnaire, alors qu’il n’est qu’un élément de la restauration politique bourgeoise après l’épisode de Vichy. Le calcul politique de la part de De Gaulle et des démocrates chrétiens est grossier mais effectif : ils obtiendront le vote féminin qui limitera les dégâts face au parti des faux « 75.000 fusillés ». Le MRP va effectivement bénéficier par cette manœuvre « égalitaire » dite ultra démocratique du vote des femmes ; le parti stalinien, malgré ses efforts en direction des électrices, est le dindon de la farce électorale féminisée, même s’il apparaît pour cette sale période comme le « premier parti de France » et les ancêtres de F.Hollande comme une minorité de collabos punis.
Ce vote concédé si tardivement aux femmes reste un non-événement pour les contemporains même si, lors des élections municipales d’avril 1945, la presse décrit souvent de manière bienveillante ces électrices novices, fidèles aux partis de droite plus qu’à leurs époux. Le Canard Enchaîné, pas encore devenu ce triste dépotoir pour barbouzes, hebdomadaire encore vraiment satirique et anticlérical, multipliait les caricatures d’électrices bigotes confondant l’urne avec un bénitier, une manière de reconduire le constat si souvent déploré (et si réel) depuis le XIXe siècle, de l’incapacité politique des femmes (du fait de leur faible prolétarisation).
Puis vint le “temps de l’apprentissage”(cf. Mme Mossuz-Lavau), à la fin de la période de reconstruction (que les maximalistes nomment période de contre révolution) pour les électrices, avec un écart entre leur comportement et celui des électeurs entre 1945 et le début des années 1970, qui va ensuite se réduire nettement avec l’implication croissante des femmes dans la vie active donc comme prolétaires (6) . Dans les années 1950 les femmes étaient encore considérées comme mineures dans la vie politique bourgeoise, même en milieu ouvrier ; cela était lié à leur faible intégration à la vie économique “active”, à leur attachement à la religion, à leur bas niveau de conscience politique dans une période où la grande majorité d’entre-elles était confinée aux tâches ménagères. Elles sont, alors, très peu nombreuses dans les divers partis politiques.
Dans les études des politologues de l’époque (dixit Duverger) il apparaît que les femmes s’abstiennent plus souvent que les hommes (ce qui n’est pas une preuve d’insubordination) et ont tendance par ailleurs à voter plutôt pour les partis modérés et conservateurs et à bouder les partis socialistes et plus encore les partis communistes. Paradoxe d’une situation où les électrices boudent les partis de gauche alors que ce sont eux qui présentent et font élire le plus de femmes. En son temps Marx avait dit justement que la femme était le prolétaire de l’homme, mais au XXe siècle elle fût surtout encore l’électeur principal des partis de droite, quand les partis de gauche ne valaient même pas la peine que les hommes prolétaires votent pour eux.
La période des années après 1968, marquée par un féminisme conservateur – qui est effectivement pleinement récupéré par l’Etat du séduisant VGE (qui baise l’actrice Marlène Jobert) - voit des réformes au plan de l’égalité civile, (autorité parentale conjointe en 1970 dans le Code civil, carnet de chèque pour la femme) des droits spécifiques (libre accès à la contraception et à l’IVG) ; avancées incontestables qui dérangent les partis extrêmes des fachos aux maximalistes niant toute possibilité pour le capitalisme d’introduire, même a minima, des réformes progressives (7). Ce contexte général a des effets sur les comportements politiques des femmes dans les années 1970-80 où l’on constate une diminution de l’abstention et un glissement du vote féminin à gauche à la fin des années 1970 (qui a sa part dans la victoire de F. Mitterrand en 1981) mais aussi avec un refus des extrêmes, de droite comme de gauche ; les femmes, plus pragmatiques que les hommes sont peu sensibles aux promesses politiques électorales, mais séduites par le physique du candidat (Lecanuet en joue) ; le jeune trotskyste Alain Krivine se taille un beau succès en milieu ménager en exhibant une poêle Tefal cancérigène à l’écran. Le féminisme institutionnel, et parcellaire, ne concerne toujours qu’une minorité de bourgeoises : “féminisation par le haut” de la sphère politique ? avec les jeunes et brillantes énarques de la gauche caviar (Elisabeth Guigou, Martine Aubry, Ségolène Royal, etc.) qui ont par la suite, entamé une carrière politique « virile ». Mais cette féminisation a dépendu encore largement de la cooptation, du fait du prince « charmeur » (on se rappelle de sa caricature à droite avec les « jupettes »), dans ce mode de fonctionnement oligarchique de la Ve République.
Laissons les femmes à leur fourreau modernisé, revenons aux cauchemars de la gauche caviar.
UN AIR DE DEJA VU : HOLLANDE PARODIANT SARKOZY
La gauche caviar ne s’est pas remise de sa déculottée de 2002, n’en déplaise à curé Jean Daniel « Hollande enfin ! ». Le public féminin était nombreux dans la salle du Bourget, à entendre cette hérésie grammaticale : « c’est moi qui va vous conduire à la victoire », mais le lapsus grammatical de l’équipe de Hollande (notre pensée va, émue, au groupe de plumitifs qui a concocté cette omelette électorale, pendant une nuit sans sommeil et enfumée) est révélateur : va a été préféré à « vais », alors qu’il s’imposait, mais le « va » sert à dépersonnaliser car aucun candidat ne peut se permettre de dire « je vais prendre le pouvoir » (sauf ce ridicule « je va prendre le pouvoir »). Le pauvre Mélenchon éructe sur des pupitres où est marqué cette pitrerie « prenez le pouvoir ». Sarkozy aura du mal, lui, à radoter son discours liminaire de 2007 « je veux être le président de tous les français… l’homme de la nation ». Hollande dit la même chose que le cru Sarko en 2007 : « je veux mettre le pouvoir au service des français » (phrase reprise tel que par Hollande, son staff était déjà bourré à 4 heures du mat et ne s’aperçut pas du recopiage malheureux), ou « ensemble tout devient possible » (ils disent tous « faut nous rassembler ! » hi hi). Le spectateur critique a surtout la désagréable impression que Hollande se met dans la peau de Sarko (tics en moins) qu’il fait du Sarko à tire larigot
Dans les parallèles historiques hasardeux (une spécialité qu’on croyait réservée au Guaino de service) – l’essentiel du discours réside dans l’exaltation de la nation de la même eau que les candidats Sarko et Le Pen. Hollande fait de drôles de raccourcis, comme le remarque aussi un employé de Libé : les massacrés de Tulle « ont sacrifié leur vie pour notre liberté ». Les otages exécutés par les nazis n’avaient rien demandé du tout, ni même voulu jouer aux héros pour des élections truquées un demi siècle plus tard ! Ce n’est qu’une petite concession aux affirmations indigentes de papy Hessel qui consiste à vanter le programme national de reconstruction bourgeoise avec la « révolutionnaire » sécurité sociale appliquée ailleurs depuis Bismarck comme minimum consensuel. Pourquoi ne pas exalter aussi la mensualisation des salaires ? De plus la France n’est pas au sortir d’une guerre mais au début d’une guerre sociale interne et mondiale ! Plus décalé tu meurs !
Sur tous les plans (économique, politique, social, sécuritaire) c’est du Sarko primaire de 2007. Les électrices-électeurs ne vont-elles (ils) pas préférer l’original à la copie ? Le filmage du meeting ressemble à n’importe quelle assemblée sarkozienne avec flonflons, applaudissements au ras des pâquerettes. Zooms nombreux et aléatoires sur le parterre choisi, ils sont tous là les coquins-copains du loft, ravis, mais aussi et surtout Mazarine, la fille du père de la gauche caviar que le petit homme salue à plusieurs reprises comme un saint homme. Comme de simples groupies, les Delanoë, Jospin, Moscovici, H.Désir, Guigou, Weber, Ayrault, Rebsamen tapent aussi fort dans leurs mains qu’ils salivent en vue de leur futur posture de ministre. La caméra zoome aussi sur un chanteur nommé Biolay, sans doute en référence à Flanby ou à la bioécologie. Chaque complice du « cabinet fantôme » a droit à un coup de chapeau, personne n’est oublié. La seule différence, et si incrédible, est la partie du discours contre « les gros » : « j’aime les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent », et toc pour le blaireau de l’Elysée. Mais est-ce que l’engagement à réduire de 30% le salaire des ministres servira à faire diminuer le chômage et à convaincre les électrices ? Peau de balle !(8)
Evoquer la situation « hors jeu » de la gauche caviar en 2002, avec cette plate démarcation vis-à-vis du FN « qui ne s’est jamais soucié de la feuille de paye des ouvriers » et une promesse de ne défendre que les immigrés « en situation régulière », ont peu de chance de convaincre, même les femmes en général, que la bourgeoisie rose serait capable de remiser son laxisme sociétal des années Jospin. Avantage Sarkozy.
L’orateur nous provoque des fou-rires quand il se pique d’héroïsme de bureau avec sa minable « épopée de la gauche » et ce sonnet « je me battrai jusqu’à mon dernier souffle ! » ; n’est pas Jeanne d’Arc qui veut. L’épicier rose peut bien tenter de reprendre le chant druonesque de la résistance « ami entends-tu… », avec ce cortège de « nos » agriculteurs, pêcheurs, salariés intelligents (sic), ingénieurs compétents (resic) et ce truisme hilarant « les talents des quartiers », et parader comme chantre de cette notion ringarde (radicale de gauche franc-maçonne qui sent la naphtaline ?) « le progrès », il en fait trop et pas assez. Il joue le beau Serge, au-dessus des parti (version gaullo-sarkozienne bis) : « mon adversaire n’a pas de nom, c’est le monde de la finance », mais il ajoute tout de même, l’œil complice vers les milliers de bobos qui emplissent la salle, qu’il est personnalisé par l’hôte de l’Elysée. Applaudissements nourris et « spontanés ». La salle scande comme dans les cirques américains « Hollande président ».
Le pic du discours concerne la question du « redressement des finances », auquel plus personne ne croit, ni Hollande lui-même, immédiatement gommée et noyée sous une litanie d’enfumage complet sur la notion creuse d’égalité. Blabla sur les privilèges, la nouvelle aristocratie, grandes caresses aux nombreux parrains des « collectivités locales » (ces illutsres bureaucrates inconnus du public), etc. Les classes moyennes sont vent debout dans la salle et regorgent de satisfaction non feinte. La litanie fumeuse sur l’égalité n’en finit pas de s’étaler alors que l’égalité n’existe nulle part et n’existera jamais. Cette notion est bien sûr le pire volet de toute prestation électorale moderne ; le staff de Hollande a été vraiment mal inspiré par l’oligarchie rose, si hors des réalités qu’elle ne s’aperçoit même plus des énormes conneries qu’elle fait débiter aux téléspectateurs par méga-Flanby !
Un des avant-derniers couplets reprend le thème sarkozien de la sécurité concernant les caïds que « la république rattrapera » ! Vous imaginez la république habillée en flic cowboy ou CRS femme robocop ? Pas très sexy ! Il va redonner « confiance à la jeunesse » et « changer la vie des jeunes » ? Avec seulement 150.000 emplois et l’encouragement à la création des merdes de PME ?
Il termine sur la tonalité chauvine, bourrée de nouvelles erreurs historiques : « la France qui a inventé la république » ( !?), des incongruités « l’égalité humaine » ( ?!), « la France est la solution » ( !?).
Pauvre Hollande, son staff a ramé pour lui pondre un discours de « rêve », or un bon discours ne dit jamais aux gens ce qu’ils doivent ressentir mais se doit de le faire ressentir, ou il est frappé de nullité. Et y inclure ce souhait d’énarques bourrés « je vous appelle à mettre votre tête dans les étoiles » risque fort de ne pas faire rêver du tout (électoralement parlant), en particulier les électrices prolétaires. Les femmes risquent de vouloir plutôt, au dernier moment, conserver un tyran quand même plus viril et séduisant, qui ne cache pas son jeu, vous voyez qui je veux dire.
« La question se pose de savoir pourquoi cet attachement privilégié à la gauche (des femmes) et tout particulièrement au parti socialiste n’a pas résisté à l’échéance de 1993. Sans doute beaucoup de femmes ont-elles fini, après beaucoup de patience, par lui tenir rigueur de la situation de crise économique dont elles sont les premières victimes, et dont elles subissent les effets au premier chef dans leur vie quotidienne. Elles seraient aussi plus sensibles que les hommes aux inégalités sociales et à la pauvreté ; et devant l’impuissance des socialistes à les juguler, certaines auraient alors, déçues, décidé de retirer leur soutien » (…) Elles citent beaucoup plus qu’eux (les hommes) les « affaires » comme source de leur indignation et refusent de cautionner une gauche qui a été « salie par l’argent » (cf. Janine Mossuz-Lavau).
Mais, tragique du balancement électoral, des opinions fugaces et changeantes des femmes depuis le Moyen âge (« Souvent femme varie »), le détachement des femmes (surtout prolétaires) pourrait aussi bien se retourner contre le candidat Sarkozy. En espérant qu’il sera celui de l’abstention pour provoquer une véritable crise politique de la bourgeoisie et ouvrir la voie au combat de la classe ouvrière. Si les femmes prolétaires majoritaires pouvaient montrer aux hommes prolétaires minoritaires que les élections sont la première supercherie à détruire, nous leur pardonnerions d’avoir suivi les curés pendant des siècles.
Détruire ce cauchemar électoraliste d’incapables oligarques mais pour le remplacer immédiatement par les conseils de travailleurs armés avec parité de participation hommes et femmes d’en bas !
Notes:
(1) En 2011, sur 43,2 % d’électeurs inscrits, 52,6 % étaient des femmes ! Les électeurs en France, tous sexes confondus, ne sont plus très jeunes : moyenne 50 piges !
(2) Cf. Les électrices françaises de 1945 à 1993, in Vingtième siècle, revue d’histoire, 1994, lisible sur Persée.
(3) On peut noter que c’est encore plus vrai pour la tricherie électorale dans les pays arabes, où les femmes sont tenues à un niveau au moins aussi inférieur à celui qui était le leur dans le XIXe siècle en Europe, et qui ont servi majoritairement aussi probablement à l’élection des vieux caciques islamistes à barbe ultra longue. Un vieux dans les pays arriérés est toujours synonyme de sagesse, mais, surtout de richesse ; en tout cas, de la Somalie à l’Algérie, il vaut mieux épouser un homme vieux, c'est-à-dire généralement un prolétaire ou un paysan qui a eu tout le temps nécessaire d’une vie de travail pour pouvoir « s’offrir » une femme (voire plusieurs pour la minorité profiteuse, signe incontestable de véritable enrichissement personnel).
(4) Désormais, tant pis pur la morale puritaine, la plupart des politiciens sont divorcés, remariés, ou régulièrement l’objet de scandales sexuels, révélant ainsi que la course au pouvoir n’est en fin de compte que la course au sexe. La fidélité affichée des Obama et Sarkozy fait pitié pour leur propre libido aussi vorace que celle de leurs adjoints.
(5) La comparaison historique a été appliquée immédiatement, et stupidement aux dites « révolutions de jasmin », laissant de côté que l’époque révolutionnaire du XIXe siècle était liée à l’industrialisation et à l’extension numérique du prolétariat, ce qui n’est pas du tout le cas dans les pays sacrifiés au développement inégal du capitalisme.
(6) Le XXe siècle montre une progression sans pareille des femmes dans la population active, comme telles elles deviennent aussi un enjeu majeur pour les institutions bourgeoises qui ne veulent au fond pas spécialement les libérer mais les utiliser… électoralement comme « citoyennes » ; avec des concessions notables, même si l’immense majorité perçoit des salaires minables, plus de 30% des femmes sont situées en haut de la hiérarchie professionnelle en France parmi cadres et professions intellectuelles supérieures. Aucun politicien ni aucun gauchiste syndicaliste ne se souci de cette étrange inégalité entre cadres supérieurs et ouvriers inférieurs ! La bourgeoisie a toujours un métro de retard sur la conscience de classe, ce n’est qu’en 1978 qu’elle fait réaliser par la SOFRES une en quête qui « révèle » « que le fait de travailler développait la politisation des femmes et radicalisait leurs attitudes (cf. J. Mossuy-Lavau, p. 72).
(7) Le problème n’était pas dans ces réformes, plutôt positives et bienvenues en regard du statut inférieur de la femme (vous ne vous rendez pas compte vous les merdeux de l’an 2000 : les femmes devaient demander l’autorisation au mari pour se servir d’un carnet de chèques jusqu’au début des années 1970 ! Les maximalistes étaient divisés : d’un côté les bordiguistes, avec une logique soutenable, avaient appelé à voter en Suisse pour l’avortement, quand RI (CCI) hurlait qu’il ne fallait pas s’en mêler, et du même coup révélait encore son indifférentisme intellectuel chronique et son maximalisme infantile.
Cette expression, dont il existe différentes formes depuis le Moyen Âge, n'a aucun rapport avec les balles de pistolet. Cette balle là, désigne plus trivialement la roubignolle, la coucougnette ou le testicule.Si cette bouboule et son inséparable copine d'à côté sont forcément très précieuses aux yeux de son propriétaire, la peau qui les recouvre aurait autant d'intérêt et de valeur que celle des légumes ou des fruits qui est bonne à jeter. Désolé de vous apporter cette info que vous considérerez comme triviale, mais vu le niveau en dessous de la ceinture de la « campagne » politique bourgeoise, je ne pouvais pas y déroger
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire