COMMENT LIQUIDER
LES QUESTIONS REVOLUTIONNAIRES
DE MAI 68 ?
HEDONISME BOURGEOIS ET URTICAIRE ESTUDIANTIN
Debray le guérillero rangé des voitures y voit une modernisation du capital français.
Le CCI, secte super-hiérarchisée, occulte la dimension anti-hiérarchique de 68 (la révolte des catégories méprisées de la classe ouvrière)(*) roule d’ailleurs complètement derrière l’interprétation néo-trotskienne du sénateur Weber, comme il reprend carrément la fiction de tous les gauchistes dans l’immédiat post-68 : les étudiants vus comme avant-garde éclairée de la nouvelle classe ouvrière ! Le nouveau film du CCI en feuilleton refait l’histoire à travers cette grille gauchiste où la classe ouvrière (pourtant bien ficelée tout au long des deux mois de 68) est mise en scène comme force « présente aux côtés des étudiants » alors qu’elle est baladée par les syndicats ; elle est sensée « prendre le relais des étudiants » (RI n°388). Jamais, pendant les 20 ans qui ont suivi 68, RI ancienne série n’aurait osé écrire une stupidité pareille !
Le jeune Trotsky avait constaté en 1905 en Russie que les étudiants « singeaient » la grève ouvrière. Ils la singent toujours mais dans l’ordonnancement médiatique et restent peu dangereux et plus contrôlables que les prolétaires en lutte. Tout ce qui brille n’est pas or, tout ce qui conteste n’est pas révolutionnaire. Ce n’est pas parce que la canaille stalinienne vitupérait contre ses rivaux « organisés », d’ailleurs du sérail de ses propres « jeunesses communistes » , que l’on pouvait souhaiter que les étudiants gauchistes (antifascistes et cire-pompes du syndicalisme) puissent « rencontrer les prolétaires » dans leurs usines. De la rencontre (acte manqué) entre population sorbonnarde et des prolétaires en bleue de chauffe n’aurait pas plus surgie la science infuse d’une nouvelle prise du pouvoir inactuelle et invraisemblable.
Peu d’appelés à devenirs élus de la bourgeoisie, mais le plus grand nombre est trimballé dans des manifs avec le décorum habituel et donc conditionné au futur cirque impuissant et moutonnier du syndicalisme en entreprise. Bel apprentissage de la lutte pour les soit disant rejetons éclaireurs du prolétariat !
Les étudiants appartiennent de façon écrasante à la classe moyenne par leur
famille, les revenus de celle-ci et en projets arrivistes. Leur passage à
l'université reste une qualification pour emplois plus privilégiés. Ils sont
formatés pour occuper les positions hiérarchiques supérieures dans la
division du travail. La plupart des animateurs des groupes gauchistes et
ultra-gauches sont d'anciens "étudiants radicaux", qui n'échangeraient pas
leurs fonctions "supérieures" (enseignants, cadres) contre celles des
couches d'exécutants!
Weber en déduit par conséquent que la mouvance étudiante est devenue une force de frappe de l’intelligentsia (entendez du PS) avec son ami « l’excellent Laurent Joffrin » qui a réussi lui son examen de passage patronal pour succéder à July en mettant en boite comestible mai 68 justement en 88.
Royaume d’adolescents et de « post-adolescents », cette « fraction » supposée de l’intelligentsia a claironné la nécessité de « nouveaux besoins », plus d’accès aux « biens sociaux », au « pouvoir », à la « citoyenneté » ; en gros la fraction agitée de la petite bourgeoisie réclamait un meilleur partage du gâteau au futur chef pâtissier du PS ! C’est en tout cas ce que déduit le petit sénateur du pervers « jouir sans entrave » et du libidineux « plus je fais la révolution, plus je fais l’amour ». Tout cela est du bla-bla de sénateur bourgeois, la question étudiante est SECONDAIRE EN 68; la vérité est que les enfants des couches moyennes (majoritaires à l'époque en fac de "sciences humaines") comme leurs parents, prennent peur à l'idée de TOMBER DANS LE PROLETARIAT. Dans les moments de crise politique et sociale, la petite bourgeoisie doit choisir son camp, soit refouler sa peur d'être rabaissée dans la hiérarchie des classes en prenant le parti du prolétariat (par défi ou bravade de la classe dominante ingrate) , soit rejoindre les rangs de la contre-révolution (stalinisme ou fascisme). Dans une phase d'affirmation du prolétariat, elle peut aussi être du côté du manche comme le souligna Rosa Luxemburg; en 1968 une bonne partie des couches moyennes se sentirent de coeur avec les émeutiers face à la rigidité de l'Etat gaulliste, mais pour se jeter dans les bras de la gauche caviar une dizaine d'années à peine plus tard.
- « C’est au nom de la défense des valeurs démocratiques que les enfants et petits enfants des soixantehuitards (entendez les couches successives d’étudiants) descendent régulièrement dans la rue, souvent en famille (sic) » ;
- Heureusement le marxisme s’est effondré,
- Le bilan social est largement positif…."
- Renoncer à la violence comme moyen d’action dans nos démocraties développées (sic)
- Changer la société par la conviction, les élections, les contrats, la loi (mon cul!)
- Abandonner l’utopie chimérique de la société parfaite pour adhérer à l’utopie réaliste d’une démocratie accomplie, bla-bla, bla-bla, bla-bla…
Abandonnons ce vieux cacique bouffi, transfuge d’un gauchisme excité disparu, à ses palabres de salon, et concentrons-nous encore sur ce pauvre étudiant.
Pour avoir été partie prenante de plusieurs groupes, et témoin des opinions des divers militants, je peux réaffirmer que l’opinion commune a toujours été celle des situs : l’étudiant est un con. Etre le plus méprisé, disait Khayati dans le célèbre pamphlet. Sauf, oui sauf lorsqu’il renie ce méprisable petit milieu d’aspirants cadres du prolétariat (dans l’industrie, l'enseignement ou les partis politiques). J’ai connu nombre d’étudiants tout à fait honorables qui ont poursuivi leurs études jusqu’à leur terme, sans se soucier des prurits successifs du milieu universitaire, en daubant la bêtise gauchiste ou bobo, tout en militant sur les positions du prolétariat et pour le rôle exclusivement dirigeant du prolétariat dans la transformation révolutionnaire.
Les études managériales ne se déroulent-elles pas désormais hors de l’université dans des écoles ou instituts privés ? L’étudiant de fac, futur chômeur programmé, n’est-il pas mieux armé conceptuellement pour se joindre au combat de classe ?
A niveau du bac, énormément d’enfants de la classe ouvrière depuis 68 plongent immédiatement dans le monde du travail, même à vil prix. Ceux qui mordent à l’hameçon des études supérieures sont placés sur une voie de garage. Les études supérieures ont remplacé le service militaire obligatoire pour maintenir la digue du chômage à un seuil acceptable. Cela est certes mieux que les rigueurs de la caserne, mais le rôle de "subordination des esprits" de la caserne est bien remplacé en pire idéologiquement. Ces études forcées et prolongées, pour nombre d’étudiants issus de milieux défavorisés, ne sont pas un facteur de prise de conscience de classe ni d'une meilleure perception de "l'identité de classe"; elles favorisent l’arrivisme. Rien n’est pire ensuite que l’arrivisme contrarié ou la déception de ne pouvoir échapper à la condition prolétaire de son père.
S'il ne finit pas employé de bureau ramollo, l’étudiant déçu et sans qualification devient en général souvent un excellent apprenti bonze syndical ou apparatchik de partis de mécontents, nullement un révolutionnaire désintéressé. Il sera de ceux qui réduisent le conflit de classe à la lutte entre l’ouvrier et le patron, dans la mesure où il sera valorisé comme avocat « intermédiaire », alors que les prolétaires ont intérêt à lutter contre la classe capitaliste tout entière. Ou alors il tentera par d’autres moyens, même peu recommandables, de se frayer une place hiérarchique honorable.
« Le prolétariat est la classe de la société qui tire sa subsistance exclusivement de la vente de son travail, et non de l’intérêt d’un capital quelconque, dont les conditions d’existence et l’existence même dépendent de la demande de travail, par conséquent de la succession des périodes de crise et de prospérité industrielle, des oscillations d’une concurrence sans frein. Le prolétariat, ou la classe des ouvriers, est, en un mot, la classe laborieuse de l’époque actuelle » (Les principes du communisme, antérieurement nommé Catéchisme communiste, et qui servit de base à la rédaction du célèbre Manifeste).
1. Elle se fonde sur sa dépendance au travail et sa capacité concomitante à exprimer les besoins radicaux de toute l’humanité ;
2. Elle exprime, dans sa diversité moderne, un intérêt historique commun à tous les exploités, mettre fin à l’exploitation et à la division du travail ;
3. Elle est la seule à détenir le pouvoir de changer la société puisqu’elle est son « carburant » et qu’elle est aux leviers de commande de la production ;
4. Elle est la seule à rappeler à la société, par ses grèves immédiates et politiques, que le dialogue (la réforme) est impossible sous le capitalisme ;
5. Elle est une classe internationale qui n’a pas d’intérêt national, ni régional ni ethnique ni communautaire à préserver.
à suivre...
(*) Les rapports de production sont aussi des rapports de domination, dont ne parlent jamais ce genre de secte. Je reprend ici les termes d’un excellent texte de Dominique du Réseau (« Problèmes économiques de la période de transition, les bons de travail ») : « on ne peut que frémir des analyses de tous ceux qui défendent le travail obligatoire et la rémunération au mérite dans la phase inférieure du communisme » (réponse aux duettistes de Robin Goodfellow).
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