ACCOUPLEMENT DU GAUCHO-MACRONISME |
HISTOIRES… de la falsification antifasciste et antiraciste (suite 1)
Nouveau promu au perchoir, Richard Ferrand s'est démarqué de toutes les déclarations lyriques de ses confrères au « monument de la chanson française » pour indiquer, selon la culture macronienne en vigueur non discriminatoire et donc universaliste - et pas vulgairement gauloise - que le petit arménien qui avait réussi en France était un homme qui incarnait « talentueusement l'appartenance à plusieurs cultures ». Il y a tant de futurs Mozart parmi les migrants, comme le répète LO, qu'il pourrait bien y avoir, qui sait, plein de nouveaux Aznavour pour nous chanter que la misère est moins dure au soleil et que le but d'une vie réussie est de rouler en Rolls Royce.
On est déjà en
pleine campagne électorale dans la durée qui voit s'opposer déjà
deux forces monumentales : le macronisme antiraciste labellisé
discriminant positif et un Rassemblement National raciste jeté aux
chiens d'électeurs telle une viande pourrie. Le choix est désormais
clair pour les électeurs gaulois de souche et maghrébins
d'adoption. Racisés de tous les pays unissez-vous pour reconduire la
bande soutiers et godillots du macronisme au-delà des siècles..
Le roi Ubu de
l'Elysée qui n'adore tant que jouer à Johnny au milieu de ses fans
dans la rue et poser avec des cailleras pétulants de doigts
d'honneur, a écrit la partition de la nouvelle politique qu'il peut
dicter à la province européenne sans s'inquiéter outre mesure
d'éventuelles oppositions réduites à lanterner dans une figuration
honteuse.
Synopsis de la
troisième partie, (j'ai dû rater la première) :
« En
1954, dans une France en pleine reconstruction, des immigrés
arrivent pour redresser le pays : des Italiens en Lorraine, mais
aussi des Espagnols et des Algériens dont certains vivent dans des
bidonvilles. Le père de Zinédine Zidane dort en plein hiver sur un
chantier près du futur Stade de France où son fils gagnera 44 ans
plus tard la Coupe du monde de football avec les Bleus. L'ascenseur
social fonctionne dans l'école de la République et des enfants
d'immigrés se retrouvent en haut de l'affiche : Aznavour, Ventura,
Montand, Jazy, Kopa, Goscinny et Uderzo... »
« Ce
troisième volet explique bien les différences de traitement selon
le pays d'origine des immigrés et l'intégration qui fonctionnait
bien. Alors que les Italiens, les Espagnols ou les Portugais sont
relativement bien acceptés, les Algériens sont catalogués comme
des terroristes et une centaine d'entre eux ont été tués lors
d'une manifestation à Paris le 17 octobre 1961. Un grand massacre
occulté pendant près de 30 ans.
En
deuxième partie de soirée on annonce : « Synopsis
« Des
enfants d'immigrés, célèbres ou anonymes, racontent leur enfance
en France. Dans les années 2000, notre pays possède une population
venant de plus de cent pays mais il est tiraillé entre désir
d'unité et repli. Au milieu des années 1970, la crise fait basculer
la vie de nombreux Français. L'arrivée des étrangers est stoppée.
Des pressions sont exercées sur les immigrés installés en France
et une prime au retour est proposée. En 1981, l'arrivée de la
gauche au pouvoir change la donne. C'est la fin des retours forcés
et 140 000 clandestins obtiennent leurs papiers ».
Ce
sera émouvant nul doute : « Un dernier volet très
émouvant avec des témoignages forts de Ramzy Bedia, Amel Bent,
Camélia Jordana qui sont nés en France mais ont été confrontés
au racisme. L'acteur Frédéric Chau, dont les parents ont fui le
génocide au Cambodge, rappelle qu'il a fallu que les banlieues
s'embrassent en 2005 pour avoir une prise de conscience salutaire ».
LA
BONNE CONSCIENCE MULTICULTURALISTE SE PARE DE LA CHARITE CHRETIENNE
1Cette
nouvelle série se penche sur l'après guerre de la façon la plus
mensongère qui soit : rien pour nous expliquer l'état de
misère de la classe ouvrière au sortir de la guerre et comme
prélude aux exigences de la reconstruction, mais exhibition de la
saga de l'abbé Pierre, mais revendication d'une soupe chaude pour
les pauvres à la rue où la voix off du célèbre acteur
franco-algérien ajoute que c'est pour les deux tiers d'algériens à
la rue. Le
synopsis
développé introduit, comme par hasard, le père d'un héros
national de 98, monsieur Zidane père qui écrit dans ses mémoires
que « plus personne ne devait dormir dehors ». La larme
nous vient à l'oeil, la misère de l'immédiat après guerre est
ainsi immédiatement instrumentalisée pour seule misère des
immigrés dont le père du Mozart du football cinquante ans plus
tard... Les « histoires » de la propagande
multiculturaliste s'apprêtent à nous coller partout de Marseille à
Vaux en Velin une histoire inventée de bric et de broc de « 20
années qui ont révolutionné la France », gommant par la même
occasion les exigences cyniques de la reconstruction nationale et la
surexploitation de la classe ouvrière autant française
qu'immigrée ! On saute bien vite dans l'imagerie des
bidonvilles (fifties et seventies) avec des films tournés
maladroitement mais qui montrent cette ambiance si chaude et si
folklorique « chez les pauvres », car il n'est question
que de pauvres ouvriers séparés des prolétaires français
invisibles, et qu'on suppose confortablement installés... La classe
ouvrière comme totalité indifférenciée de prolétaires de tous
pays et surtout d'ouvriers français, qui font grève, qui
« reconstruisent » sur les ruines de la guerre
capitaliste est absente de la saga antiraciste recomposée et
inventée hors des circonstances précises.
Des
commentaires affligeants alternent avec des images fort touchantes
des « milieux pauvres » : « Comme en 1870 et
en 1918, les immigrés arrivent pour redresser le pays ». Tiens
donc ! Super ! Mais pourquoi ne nous rappelle-t-on pas que
c'est parce que la classe ouvrière (française) a été exterminée
en 1871 à Paris et plus encore, comme tant d'autres classes
ouvrières en 14-18 ?
Les
immigrés sont ainsi exhibés comme sauveurs de « la nation »
bourgeoise mais pas membres d'une classe internationaliste.
On
saute ensuite à l'époque des indépendances, version scénario
France 2 : « Les colonisés rapidement veulent leur
indépendance. L'Etat français ne mesure pas ce mouvement de
décolonisation qui commence ». C'est de la foutaise trotskiste
de première main, ce sont les anciens caïds gauchistes devenus
journalistes ou intellectuels d'Etat comme B. Stora qui nous
barbotent ces scénarios qui passent sous silence que la majorité
des populations colonisées ont plus souffert de ces dites guerres de
libération nationale au profit de dictateurs girouettes d'un des
deux blocs de l'époque.
Les
blancs qui se succèdent entre chaque séquence victimisent (pour les
ignorants des cités HLM qu'il faut historiciser à la mode
multiculturaliste et confusionniste) les algériens en général :
« les algériens sont étiquetés comme terroristes »
(clin d'oeil à l'actuel étiquetage islamisant?), mais certains
l'étaient en effet et ne terrorisaient pas seulement les civils
français mais aussi la population en Algérie. Et voilà les
algériens de France embrigadés par un trotskiste de l'ombre
télévisuelle en partisans : « Pour les 230.000 algériens
en France, comment ne pas s'engager pour l'indépendance ? ».
Ben voyons, surtout avec les menaces des séides du FLN, alors que la
plupart venaient pour échapper à la misère là-bas. Introduction
au mensonge suivant, sous le témoignage inconnu et anecdotique du
père Zidane (une référence en histoire) : « le massacre
a été occulté pendant plus de 30 ans » ! Le pitre Ramzy
Bédia est convoqué pour en rajouter une louche à l'encontre de
l'histoire « gauloise » : « j'en sais plus sur
le roi Clovis que sur la guerre d'Algérie ». Faux et
archi-faux, même le principal historien du massacre à Paris en
octobre 1961 a démontré que la plupart des manifestants avaient été
réquisitionné revolver dans le dos par les activistes FLN pour
venir obligatoirement se jeter dans la gueule des flics de Papon. La
provocation était typique des plus puantes idéologies
nationalistes : faire défiler des victimes offertes dans un
pays en guerre avec leurs soit disant représentants politiques
bourgeois en gestation mais eux planqués dans la clandestinité.
Cette
version aménagée, glorifiant les futurs dictateurs
militaro-staliniens, succède au silence des professeurs de l'époque,
mais vise à mythifier les spectateurs, en famille, des banlieues
« ghettoïsées » qui y verront une confirmation de
l'injustice... raciste française colonialiste et tout et tout.
Commentaire
suivant qui découlent de la victimisation précédente : « tout
cela va marquer les générations à venir », en tout cas
abrutir un peu plus dans la fable communautariste ceux qui regardent
et entendent pareilles âneries sur la « chaîne » d'Etat
antiraciste. Les algériens ne deviennent-ils pas ainsi après le
prolétariat et les juifs les ennemis de l'intérieur : « Les
algériens ne sont pas les bienvenus, ils incarnent toujours les
ennemis de l'intérieur ». Les arabes d'origine et de souche
HLM se redressent face à une telle décoration. Ne sont-ils pas par
le simple bla-bla dun acteur de cinéma maghrébin immortalisés
comme les vrais supplétifs du prolétariat disparu en Russie
soviétique et en 39-45 ? Une race qui dépossède la classe
universelle de son aspect « ennemi intérieur » ?
Voilà qui fait penser aux théories nationalo-staliniennes des
trotskistes guévaristes qui misèrent tant et si bien sur les
révolutions coloniales par dépit de la banqueroute de la
perspective de révolution prolétarienne, qu'ils finirent dans les
cabinets ministériels de la gauche bourgeoise.
La
séquence suivante est portugophile. Mais ceux-là sont plutôt bien
accueillis surtout chez Michelin à Clermont. Ils sont 700.000 à
échapper à Salazar (pensez donc un peu : « de nos jours
26 migrants dans un bateau gauchiste et c'est l'hystérie des masses
racistes! »). Et à fuir la guerre (libératrice?) en Angola
comme en témoigne le comique Luis Rego. Années 1970 on est en plein
boom économique « de l'Europe » (sic) ce qui attire les
immigrés du sud vers la France. On n'insiste pas trop sur la
surexploitation mais la voix off de l'acteur donne satisfecit à
l'école républicaine de la France, en Espagne sous Franco elle
était payante et cornaquée par les curés (il faut quand même
faire des concessions aux autochtones racistes). L'école c'est
l'espoir, presque celui, gaulliste, de Malraux. Elle réalise le
« miracle de l'intégration ». regardez nos héros
d'alors, les polacks Jazy et Kopa !
Peut-on
pousser le bouchon multiculturaliste hors classes ? Mai 68, mais
oui : « les étrangers vont faire trembler l'Etat ! ».
Ah bon. Va-t-on frôler l'antisémitisme primaire et nous refiler le
petit rouquin de Nanterre ? Non cette menace qui fît trembler
De Gaulle c'est un obscur Tewfik Allal, permanent du comité
d'occupation de la triste Sorbonne ! Mince comme menace !
Alors confortons-là par le satisfecit de l'ex-trotskien pied noir
Stora, proposé présidentiel à la mémoire meurtrie : « avant
on avait une difficulté à se faire admettre. En 68 il y avait
toutes ces multiplicités d'appartenance » ! Mai 68 a donc
été le bassin nuptial du multiculturalisme ! J'en suis ébahi.
On ajoute quelques précisions pour atténuer la grossièreté du
mensonge : « la plupart des immigrés restaient à l'écart
des bagarres de rue face au risque d'expulsion immédiate ».
C'est possible que les lanceurs de pavés n'ont été en majorité
que des petits bourgeois mais franchement, même pour ceux qui ne
l'ont pas vécu, il suffit de revoir les actualités de l'époque
mais dans les masses d'ouvriers en grève en AG, qui rient et qui
écoutent la radio, on voit quoi ? Plein d'ouvriers arabes,
noirs et français !
La
saga révisionniste impose, malgré cet événement qui se fiche des
racistes, des antiracistes et des colonies libérées, que la voix
off liquide encore et toujours la spécificité de classe des
ouvriers immigrés en général : « Neuf millions de
travailleurs en grève et les immigrés parmi eux mais il faudra
attendre deux ans pour qu'ils puissent revendiquer leurs
revendications à eux »... au cours de la grève à Pennaroya.
Pourtant la spécificité antiraciste, certes agitée par les
maoïstes, n'est pas première dans cette longue grève isolée, et
la voix off doit convenir que, surtout : « pour la
première fois on n'exhibe plus des 'malheureux' algériens mais des
frères d'armes des ouvriers français » !
Allez
abandonnons le ringard mouvement ouvrier, si peu éveillé à
l'antiracisme, et célébrons le grand antiraciste Pompidou qui,
enfin, en 1972, fait voter la première loi contre le racisme2.
Il
y a des rebondissements dans toutes les sagas inventées, pour tenir
bien sûr en haleine le spectateur (surtout maghrébin et électeur
des grouillots d'En Marche), Au milieu des années 1970, on assiste à
une série de meurtres crapuleux de pauvres immigrés par des résidus
du colonialisme déchu. Giscard compatit à visiter un bidonville et
à jouer au foot avec des ouvriers. La terrible extrême droite est
pointée du doigt plus que des explications sur l'affolement et les
manœuvres criminelles même à partir des plus hautes sphères de
l'Etat face aux conséquences de la première grande crise économique
de l'après guerre.
La
deuxième partie de l'émission de la fable d'un antiracisme
a-historique et substitutif d'une classe ouvrière en consommation
avancée, n'a pas pour but de provoquer la moindre réflexion
politique critique mais, dépossession oblige, commence par exalter
le foot prolétarien de Saint Etienne, les « Verts » ne
sont composés que de ritals et de types plus ou moins mélangés
Afrique du Nord, allez disons-le tout cru : « ces
générations qui inventent la France d'aujourd'hui, Notre France ».
Le ton pathétique est quasi gaullien à cet instant plus que
macronien. Une telle emphase pourrait mettre du baume au cœur de
Napoléon IV voyant son ministre de l'intérieur, vulgaire baronnet
provincial, déserter son gouvernement de godillots comme une colombe
de mauvais présage.
L'increvable
Giscard, qui aura survécu à Aznavour, officie au regroupement
familial et bénit les hautes tours en béton qui vont donner
naissance 40 ans plus tard au Rap. Paf la crise de 1975 ne vient pas
seulement vérifier les prévisions de Bordiga, mais fini
« Manufrance », fini le plein emploi : Giscard
stoppe les arrivées des ouvriers étrangers. Nouveau rebondissement
de la saga, la même année, mais pas pour les arabes, on rouvre les
frontières aux « victimes du communisme » au Cambodge et
au Vietnam : « 130.000 réfugiés sont accueillis »
(hein ! Ça vous fait rien ce généreux accueil aux dits
« boat-people » quand de nos jours les bateaux
humanitaires des gauchistes allemands sont systématiquement
refoulés!). Aucune explication sur la stratégie d'accueil de ces
« immigrants » forcés par les capitalistes occidentaux
dans leur bras de fer avec le « bloc communiste » encore
soutenu par les trotskistes mais pas pas les maoïstes qui, eux,
soutenaient les massacreurs « marxistes » du Cambodge.
Dépitée
la voix off de Roschdy Zem gémit : « Les envahisseurs
sans papiers (dixit arabes et noirs eux) sont condamnés au travail
au noir ». « Comme dans les années 30, pas de
renouvellement des cartes de séjour pour les indésirables ».
Merveilleux
rebondissement de la saga en l'an 81 : victoire de la saint
gauche bourgeoise résolument contre le rejet, quoique en paroles,
des étrangers. On ose nous ressortir les plus consternantes avancées
d'époque, la multiplication des radios « libres » :
radio caraïbes et ses musiques colorées, radio corsaire, radio
cocotier... Dans ce monde bienheureux le mauvais vent raciste se met
soudain à souffler à nouveau, quoique orchestré par le prince
Mitterrand (mais cela il vaut mieux éviter d'en ternir la saga
antiraciste). Extrait du discours xénophobe de la bande du borgne
breton. En 1983, il y a encore un meurtre raciste mais, heureusement,
par suite à l'impressionnante marche des beurs pour l'égalité des
chances, le parlement vote à l'unanimité la carte de séjour
valable pour dix années. Le chanteur Renaud en est tout ébaubi.
Gros plans sur les manifs et celles et ceux qui marchèrent en tête,
puis toujours cette voix grave en off : « Ils renouvellent
la France.
Nouvelle
dépression en 1984 : le tournant de la rigueur par la gauche
antiraciste. Deux millions de chômeurs et le sang qui coule entre
ouvriers immigrés à l'usine Talbot. Les licenciements massifs sont
devenus inévitables dans l'automobile face à la concurrence
allemande. Commentaire off : « Le gouvernement dénonce
des grévistes immigrés manipulés par des groupes religieux.
L'islam est pointé du doigt. La gauche se rallie aux thèses de la
droite. Le ministre de l'Intérieur, Gaston Deferre parle de « guerre
sainte ». Le pigiste de la télé de l'ombre n'a fait que
reprendre le contenu d'un article de Libération3.
Vérification faite, ce n'est pas aussi simple que le restitue ce
journal ou plutôt c'est la même utilisation ethniciste qui sert aux
antiracistes aclassistes aujourd'hui pour limiter les problèmes aux
seuls immigrés « musulmans » devenus les grands
remplaçants d'une classe ouvrière multicouleurs mais rayée de
l'histoire, et victimisés systématiquement au nom d'un antiracisme
éternel et seule alternative morale aux humiliations effectives. Si
le ministre Auroux développe la thématique des grévistes noyautés
par les intégristes, ce n'est pas faux concernant la revendication
de salles de prière en entreprise4,
chose que nous les militants maximalistes ne voyons pas à l'époque
(je suis intervenu à Aulnay). La grève malheureuse et tristement
médiatisée révèle déjà un entre soi religieux des travailleurs
arabes et qui fait tâche à l'époque même de la réaction chiite
triomphante en Iran.
Indépendamment
de la montée effective de revendications parcellaires – qui
divisent de fait ouvriers français et immigrés (majoritaires dans
ces bagnes industriels) et religieuses, notre commentateur musclé
oublie de nous rappeler que ces prurits particularistes
réapparaissent à chaque cycle de la crise, à chaque replongée
vers le chômage de masse. Les gouvernements (bourgeois) successifs
ne font que se servir à pleines mains des divisions qui existent
dans la classe ouvrière où à chaque échec se manifeste les
diverses formes de repli sur soi, de type religieux communautaristes
chez les anciens colonisés et ce sentiment d'abandon et de mépris
pour les ouvriers blancs de souche si on peut dire. La fameuse phrase
de Rocard, si pertinente pourtant, su l'accueil de toute la misère
du monde, n'est évoquée que comme si elle n'avait été que du
Mauroy ou du Pasqua pur.
LA
GENETIQUE DE LA FRANCE VIENT DES CITES...
L'idéologie
antiraciste utopique refait surface dans toute sa platitude
nationale-républicaine : « Etre français reste difficile
pour les descendants d'immigrés » ! Mais il ne nous est
pas dit à qui la faute et dans quel système on se trouve.
L'idéologie big brother immigré hausse le ton sur l'infamante
« intégration » avec le comique Ramzy, dont certes le
père a été humilié par la police, contre le vieux Michel Debré.
On nous ressort le Chirac et « les odeurs » qui, en
effet, « désintègre » au lieu d'apaiser. L'Etat n'y va
pas dans un premier temps en effet avec le dos de la cuillère :
le droit du sol est supprimé en 1993, la ghettoïsation se développe
dans « leurs » territoires, ils sont « parqués »,
mais on passe vite sur le fait que dans les années 1990 la rareté
du travail croît comme jamais. On rase bien sûr les tours à
misère, quoiqu'elles furent longtemps bien considérées après la
vie en bidonvilles. La répression persiste à être la solution :
« jeunes noirs et arabes sont contrôlés six fois plus que les
autres ». Echec complet de l'intégration ou plutôt de la
pacification sociale à coups de matraques : de 1990 à 1998,
explosions des cités. C'est aussi, comme évitent de le dire la voix
off, une grosse partie de la classe ouvrière qui est humiliée.
Pour
endormir encore dans les chaumières HLM le parolier big brother
musulman va butiner d'un sujet à l'autre. On sautille donc de
l'apparition du Rap à l'action solidaire des bobos du milieu du
cinéma lors de l'épisode de l'Eglise Saint Bernard où d'ailleurs
l'Etat se ridiculise. On saute immédiatement au stade de France de
1998 pour l'événement chauvin antiraciste fondateur de la
génération BBB. Triomphante l'idéologie révisionniste après
avoir rappelé tête par tête l'origine des bleus, assène un
argument tout à fait scientifique : « la génétique de
la France vient des cités » ; quel est le pigiste qui a
trouvé un truisme pareil ? La grande substitution de la classe
ouvrière par les anciens colonisés serait trop grossière si on
donnait la parole à un ayatollah syndical d''époque aussi on trouve
son avocat du grand remplacement chauvin antiraciste chez l'ancien
russe arménien Youri Djorkaeff qui vient figurer le stade suprême
« l'immigré champion du monde »... et des couleurs de la
France !
Le
foot chauvin n'aura pourtant pas abusé longtemps, il n'y a toujours
pas les bases éducatives et l'ascenseur social n'est toujours pas
réparé par le concierge.
Nouveau
tremblement de terre en 2002 où Hitler, pardon Le Pen, a pointé son
nez menaçant. Ouf le président des odeurs a sauvé les immigrés
d'une nouvelle déportation de masse. Là notre voix off ne se sent
plus pisser et la tautologie suivante relève presque de la communion
sacrée : « La question des origines est devenue centrale
dans l'origine des problèmes ». Certes mais la droite au
pouvoir persiste à montrer les muscles ; Sarko insulte les
racailles, ce qui est déplorable pour les familles en fauteuil
simili noir devant l'émission antiraciste, car elles, elles les
« comprennent ». On évoque au passage deux faux saints
d'un drame à Clichy, l'électrocution des tout jeunes Zyed et Bouna
en tentant d'échapper à la police ; on évite de nous rappeler
que fût érigé le premier monument à la bêtise antiraciste et à
l'hostilité primaire à la police. Mais si en 2005 les banlieues
s'embrasent à nouveau, quoique cet embrassement soit certainement dû
au mépris social qui autorise le chômage généralisé qu'à de
prétendues exactions policières, qui permettent aux professionnels
du gauchisme de prétendre pouvoir encadrer les fils de prolétaires
des banlieues spoliées. L'aboutissement de l'Etat d'urgence – Etat
affolé – est bien connu : promotion de Rachida Dati comme
ministre, tapis rouge à la bande de comique de Trappes avec Djamel
qui s'affichera comme un fervent soutient de Hollande plus tard et
comme proche ami du roi du Maroc, ce commandeur des croyants.
L'idéologie big brother musulman a trouvé un excellent refaiseur
d'histoire en la personne du célèbre rappeur Disiz la peste,
haineux littéraire de salon et soutien de Ségolène Royal.
Re-images enchanteresses des descendants des bleus en foot chauvin :
« On peut être français et garder ses origines », ce
qui peut se traduire par : on peut garder ses origines et ne pas
se considérer comme français. Le final de big brother
multiculturel, surtout en football, est dithyrambique pour ne pas
dire musclé : « Nos forces sont infinies (…) les
frontières se sont éloignées mais pour la plupart des migrants ils
doivent encore chercher à se sauver de la guerre et de la misère ».
Nul procès du capitalisme dans ce bon sentiment du très
démocratique Big brother ni considération pour l'ensemble du
prolétariat, mais exaltation du creuset national « renforcé » :
« Ces arrivées ont donné naissance déjà à vingt millions
de français et ils font notre histoire ». Ce qui est
merveilleux pour jeter à la poubelle tous nos grands historiens et
conchier notre conscience de classe et l'ignominie du révisionnisme
antiraciste, si chauvin, cela dit sans fair-play footbalistique5.
DECOMPOSITION
FRANCAISE ?6
Je
me fiche, contrairement à Malika Sorel-Sutter, que les élites
bourgeoises se moquent royalement de la France comme catégorie historique, et
des prolétaires en général, mais cette ancienne membre du HCI
(Haut Conseil à l'intégration) dit nombre de vérités gênantes
sur le virage vers les falsifications antiracistes et apolitiques :
« La société française a préféré retenir d'elle-même une
histoire fausse7,
à savoir que l'intégration des migrants intra-européens a fini par
se faire pour la majorité d'entre eux. (…) Il y a aujourd'hui une
croyance répandue que l'émigration est facile, que l'on peut
déplacer les personnes sans dommage, que l'on peut vivre
indépendamment partout, pour peu que le bien-être matériel soit au
rendez-vous. C'est oublier une réalité humaine : l'exil, c'est
souvent un exil au mieux choisi à contrecoeur, et cette nostalgie du
pays, et de ceux qu'on a laissé derrière soi, est transmise aux
descendants ». Quoique les multiples noyades en Méditerranée
démente désormais complètement toute facilité d'émigration quand
les professionnels « humanitaires » - c'est surtout leur
gagne pain – taisent aux désespérés ce qui les attend en
Europe8.
La dame du HCI est bien placée pour révéler l'hypocrisie de Big
brother antiraciste avec ses bras ouverts sans compter les dégâts :
« Aujourd'hui encore, malgré la crise, malgré le chômage,
malgré la dégradation de la situation pour une part croissante des
français, malgré un vivre-ensemble qui se révèle de plus en plus
chaotique, l'immigration demeure un angle mort. Il est interdit
d'évoquer une quelconque incidence possible de l'immigration sur,
entre autres, les comptes de l'Etat ou les chiffres du chômage (…)
et comme s'il ne pouvait y avoir de conséquence à faire entrer ou à
laisser entrer un flot de migrants (…) qui plus est porteurs d'un
modèle culturel de société radicalement différent ».
« La
victoire de l'équipe de France au Mondial de foot en 1998, a
constitué un grand malheur pour le peuple français. Elle a en effet
donné à nos élites, de manière générale la possibilité de
répandre le mythe d'une « nation arc-en-ciel », à la
française, fraternelle et pacifiée (…) Une illusion ».
Dugarry a révélé qu'au soir du sacre, le futur monsieur bons
offices de l'antiracisme, Lilian Thuram convoque ses potes de couleur
dans les vestiaires : « Allez les blacks, venez, on va
faire une photo tous ensemble ! ». L'auteure démontre
aussi la fumisterie du CRAN car « au fil du temps, nos élites
politiques se sont mises à s'adresser avec une insistance croissante
à des « communautés ». Elle raconte très bien comment
la gauche bourgeoise dès 1980 a été innovatrice pour l'ensemble de
la classe dominante en inventant l'idéologie antiraciste
« républicaine », comment le PS a ridiculisé un
Marchais qui n'était pas raciste mais lucide face à la venue d'une
immigration massive. Ont suivi la création de SOS racisme qui a
formaté toute une génération de bobos et de politiciens recalés
du gauchisme ; sans oublier l'intronisation habile du Front
national par Mitterrand Ier9.
Comment
ne pas convenir de cette évidence : « L'idéologie de
l'antiracisme a servi à imposer l'esprit de repentance ». Et
quelle superbe coïncidence que cette idéologie ait été le fruit
de l'accouplement d'un des principaux ministres de la colonisation et
des gauchistes tiers-mondistes parvenus. La dépossession de classe
est bien et cyniquement analysé par une ancienne idole à
gauchistes, Régis Debray : « Le grand mythe de
substitution pour les socialistes des années 1980, ça a été
l'Europe (…) Et c'est vrai que l'antiracisme a été comme un
supplément d'âme, un petit parfum moral qui était dans l'air du
temps, qui était facile et qui était très médiatique »
(p.88). En effet de plus : « le gauchisme culturel s'est
infiltré partout ». La novlangue aussi : mesure de la
diversité au lieu d'origine ethnique, discrimination positive au
lieu de traitement inégalitaire, diversités au lieu de classes
sociales,
Quand
le révisionnisme devient négationnisme, en chasse au vote maghrébin
et musulman, cela donne ceci : « La France n'est ni un
peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un
conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de
français de souche, il n'y a qu'une France de métissage »10.
Comme
nous l'a rappelé l'émission décrite plus haut, les mots
intégration et assimilation ont été très vite diabolisés.
Syndicalistes et marxistes se contentant eux de recourir à la
planche de salut classique : intégration oui mais à la classe
ouvrière, pas à la nation. Quoique les deux intégrations opposées
ne semblent plus fonctionner de la même manière... : « De
glissement en glissement, le processus d'intégration, dans lequel
l'école de la République jouait un rôle de premier plan aux côtés
des français eux-mêmes, a été amputé de la dimension culturelle
pour déboucher sur une intégration qui se réduit à une simple
insertion économique » (p.114). « Qu'à cela ne tienne,
nos élites en ont déduit que cela ne pouvait qu'être imputable aux
français de souche, racistes par essence et discriminateurs, et
pratiquant l'exclusion du monde de l'emploi ». Ségolène Royal
a formé politiquement Emmanuel Macron au fait que faire partie de la
« diversité » est désormais un avantage : « Deux
mouvements se conjuguent : l'un consiste à glorifier tout ce
qui n'est pas français, l'autre à dénigrer ou à mépriser tout ce
qui l'est ».
L'IMMIGRATION
DE MASSE ET SES AVATARS
Malgré
le conditionnement à une nouvelle version de l'histoire
« multiculturelle » et « diversifiée » hors
de toute problématique de l'existence de classes sociales
antagonistes, l'accueil « humanitaire » prôné par
toutes les dames patronnesses de l'élite et du gauchisme ne passe
pas même chez les derniers arrivés de la classe ouvrière mondiale.
L'argument selon laquelle la France accueille peu en nombre comparée
à d'autres pays européens est fallacieux tant en réalité les
grandes concentrations comme Paris sont littéralement débordées et
pas la lozère. Je déambule depuis plus de cinquante années dans
les rues de Paris et je n'ai jamais vu autant de miséreux, de toute
origine (y compris français et française), affalés tous les dix
mètres sur les trottoirs de certains quartiers où se restaurent en
abondance bourgeois et bobos ; ou à proximité des poubelles
des superettes. C'est l'Europe bourgeoise qui permet l'engendrement
crapuleux de flux migratoires incontrôlables parce que incontrôlés
de plus en plus. C'est en effet le laxisme face au sauve qui peut,
économique mais surtout identitaire. Quand on ne croit plus en rien
ni au socialisme ni au capitalisme, il reste toujours le retour en
arrière avec la dissonance identitaire, qui génère confusion et
impuissance et permet de perpétuer l'ordre bourgeois dans une
décomposition générale qui n'est pas que française.
On
ne peut pas épiloguer plus longuement ici sur le clientélisme
religieux et le business de la mémoire de toutes les factions
bourgeoise, y compris l'ex FN. Mais on ne peut pas oublier la facétie
de cet organisme à réviser en conclave pour la gauche bourgeoise,
le cercle Terra Nova et ses inventions qui surfent sur « le
déclin de la classe ouvrière » et que nous rappelle
l'auteure. Le rapport « La grande Nation pour une société
inclusive » totalement farfelue et immigrationniste aveugle, a
suscité de telles indignations qu'il a été remis dans les tiroirs
du sieur Hollande. Ce rapport hors sol de crâne d'oeuf de la gauche
élitaire bourgeoise imprègne pourtant l'ensemble de la classe
dominante dans sa volonté de dépossession totale de la classe
ouvrière, mais en « distribuant la nationalité » comme
une faveur et en dénigrant ou rejetant tout apport culturel à
l'humanité de la France, tant au plan historique qu'au plan de
l'expérience de lutte de classe : « C'est ainsi que le
rapport recommande à la France d' « assumer la dimension
« arabe-orientale » de son identité et c'est en toute
logique qu'est également préconisé de « valoriser
l'enseignement de l'arabe » et de « proposer
l'enseignement dès le collège d'une langue africaine »
(p.282).11
C'est à peu près ce que Macron est en train d'essayer tout en
gardant le latin et l'allemand pour les beaux quartiers, comme on va
le voir via les sociologues.
RACISME
OUVRIER OU MEPRIS DE CLASSE ?
La
place prise par l'antiracisme et une montée incontestable de ce ce
que préfère nommer ostracisme nous imposait d'analyser le
phénomène, comme à sa manière le premier des sociologues
marxistes, et le nôtre surtout, Friedrich Engels le fît au début
de l'affirmation de la classe ouvrière (The condition of the working
class), chose qu'aucun groupe maximaliste s'est avéré capable
d'effectuer sauf à singer et écarter le problème, au même niveau
que les gauchistes, en invoquant un internationalisme abstrait ou
éternel. Dans la compil des frères Fassin, spécialistes de
l'antiracisme et de l'anti-antiracisme, c'est certainement la
contribution de Béaud et Pialoux qui s'avère la plus intéressante
du point de vue de notre recherche d'actualiser les conditions
nouvelles, contrariantes et aliénantes, qui conditionnent de la
situation de la classe, voire mettent à mal un internationalisme
supposé automatique et invariant12.
Ils annoncent avoir abordé avec prudence l' « ethnicisation
des relations sociales » ou la « racialisation des
rapports sociaux ». Sage précaution d'honnêtes sociologues
(il y en a) d'autant que dès le milieu des années 1980 (triomphe de
l'antiracisme mitterrandien) il n'était plus de mode d'étudié la
« classe ouvrière » du fait de la « marginalisation
d'un marxisme discrédité par la faillite des pays de l'Est et le
retour en force des idées libérales ». Ils avaient été
travailler dans le bastion ouvrier de Sochaux-Montbéliard pour
éprouver des hypothèses de travail sur la condition ouvrière
aujourd'hui : « sans idée romantique sur la « classe »,
mais en restant fidèle à une histoire collective qui avait joué un
grand rôle dans la transformation de la société française ».
Il leur fallait donc étudier « L'affaiblissement du groupe
ouvrier et l'émergence de tensions « raciales » à
l'usine et à l'extérieur ». Ils voient d'abord, dans leur
langage pro, une destructuration de cette classe sous l'impact des
fermetures d'usines, une déstabilisation des identités, elle même
liée à la perte de confiance aux partis politique de la gauche
bourgeoise, et une « perte de centralité » de la
question ouvrière dans la société française. Leur notion
d'affaiblissement du groupe ouvrier ne recoupe évidemment pas notre
analyse maximaliste et politique de repli de la classe à la suite
d'une longue série d'échecs, mais pas seulement au niveau national.
Ils rappellent que le cadre des usines dans les années 1970 était
un espace de socialisation et de fraternité entre travailleurs de
toute origine malgré la traditionnelle concurrence au travail en
temps normal (hors grève). Mais il se produit ce qu'ils nomment un
« vieillissement social » (?) où, déjà bien avant la
sale grève de Talbot, dans la concurrence aggravée par la crise :
« On a vu certains de ces vieux immigrés « contre-attaquer »,
se défendre ou se tourner vers la religion, demander par exemple une
mosquée ». Ce qui, notons-le, relevait du même principe des
trente glorieuses en milieu ouvrier : toujours plus, toujours ça
de pris au capitalisme ! Mais pas encore du retour à l'identité
musulmane comme actuellement. La dégradation se produit cependant
surtout hors de l'usine : « C'est donc surtout hors de
l'usine, dans les cités, que les distances entre français et
immigrés s'accusent : c'est là que les immigrés, pris en bloc
et ethnicisés, deviennent le danger (…) la surreprésentation
d'enfants d'immigrés dans les principaux quartiers d'habitat HLMde
la région alimente les conflits entre « français » et
« immigrés » autour des modes d'éducation des enfants
et adolescents : le laisser-aller éducatif attribué aux
familles nombreuses immigrées est condamné par ceux-là mêmes
(ouvriers français) qui ont adopté récemment une certaine forme de
rigorisme pour assurer une bonne scolarisation à leurs enfants ».
(cf. la très grande liberté accordée aux garçons des familles
immigrés...). Il s'ensuit une vision simpliste binaire de la société
française, où l'on parle désormais de « fracture sociale »,
pas encore de fracture raciale, où rivalisent déjà des enjeux de
mémoire, une ségrégation spatiale et l'apparition d'
« entrepreneurs d'identité » !
Nos
deux sociologues eux ont les pieds sur terre et ne se focalisant pas
sur la race, détaillent les premières causes comme liées à une
désormais faible socialisation du travail et par conséquent à un
voile posé sur la conscience de classe : « …
aujourd'hui, l'entrée dans le monde du travail d'exécution est
éminemment plus difficile et compliquée qu'hier parce que la
précarité est le lot commun des jeunes salariés pas ou peu
qualifiés, mais aussi parce que, sur le plan sociodémographique,
les jeunes générations affrontent au travail des collectifs de
travail soudés par une même expérience générationnelle et
souvent assez ignorants des codes de conduite de ces jeunes de cité
qui arrivent en bloc et qui font peur. D'où un conflit larvé entre
les uns et les autres dans les ateliers ». « En ce qui
concerne la religion, la manière ostensible de montrer leur
appartenance religieuse (habits, petite barbe, prière régulière)
ne pouvait pas ne pas irriter de vieux OS qui adhèrent pour la
plupart à un mode de comportement qui relègue la religion dans la
sphère privée de leur existence, tandis que les OS plus militants
sont furieux de voir entrer dans l'usine ces questions de religion ».
Ces jeunes ne veulent plus « courber l'échine » et
rabâchent « le sacrifice de leurs parents », ce qui ne
les incite pas pour autant à devenir révolutionnaires et marxistes.
Nos
deux sociologues refusent d'admettre en soi cette idée de racisme
ouvrier et insiste sur le fait que leur enquête ethnographique
repose sur la contextualisation des propos et des situations »,
ce qui est en soi fort justement marxiste, contrairement aux leçons
de morale des gauchistes bourgeois. Ils consacrent d'ailleurs deux
pages à se démarquer du filou Plenel qui a détourné leurs études
précédentes (Plenel n'a jamais mis les pieds dans une usine) au
profit de mantra antiraciste immigrationniste, l'un des inventeurs
« d'un oxymore chic et séduisant ». Ce concept de
« gaucho-lepénisme » notamment : « pseudo
concept souffrant d'une absence de validation empirique, notion
portant en elle, d'une manière quasi substantielle, comme un
véritable mépris de classe » :
« Certes,
nous avons trouvé des ouvriers qui avaient voté communiste et qui
se sont mis par moments, selon le contexte, à voter FN, mais très
peu de militants de gauche qui soient passés durablement de l'autre
côté : il était même frappant de constater que dans les
quartiers ouvriers de la région enquêtée, personne ne pouvait nous
donner de noms de militants ouvriers encartés au FN, les éligibles
du FN se recrutant du côté des indépendants (patrons, gros
commerçants), des professions libérales (médecins notamment) ou
des étudiants (…) ce que, en revanche, nous avons rencontré en
grand nombre, ce sont des ouvriers pas toujours très fiers, parfois
honteux, d'avoir voté FN à telle ou telle occasion ».
« Ce
mépris de classe a une histoire : il s'enracine dans une sorte
d'incapacité des « élites » à comprendre ce que vivent
« réellement » (la « mal-vie »...) les
ouvriers et les employés en voie de prolétarisation (…) les
classes populaires sont largement devenues « invisibles ».
A force de ne pas les voir dans l'espace public, on s'expose à
parler d'elles sans les connaître, en les identifiant à travers des
préjugés sociaux, bref on risque de renouer avec un « racisme
de classe ».
Bien
sûr il a toujours existé des conduites « racistes »
dans l'ancienne classe ouvrière mais toujours secondaires dans « le
souvenir du partage d'une même condition sociale faite d'
« exploitation au travail », du sentiment collectif d'un
destin de classe, d'une nécessité de « défendre » les
mêmes droits en tant que travailleurs ».
« C'est
ce « moralisme » écrasant une réalité complexe, qui
exaspère les ouvriers/employés concernés et alimente les attitudes
anti-intellectuelles : le jugement moral, proféré d'en haut,
peut aussi être interprété comme le comble de pharisaïsme par
ceux qui sont touchés le plus durement par la précarisation
sociale. Il ne faut pas oublier qu'un des privilèges des classes
supérieures est de pouvoir toujours « se débrouiller »
, notamment par la mise en place de stratégies résidentielles et
scolaires, pour se mettre à l'abri des formes les plus dures de
violence sociale ».
« Pour
le dire vite, l'analyse en soi d'un « racisme ouvrier »
n'a ps grand sens parce qu'elle procède, fondamentalement, par
abstraction des conditions sociales d'existence du groupe ouvrier ».
« On
peut dire de manière schématique que dans les régions (post)
industrielles à forte tradition d'immigration, la population
ouvrière est de plus en plus différenciée selon des critères
raciaux ».
« ...l'identification
raciale venant en quelque sorte compenser, par les dividendes
symboliques qu'elle autorise, la forte dévalorisation que connaît
l'identité sociale ouvrière ».
La
racialisation des couches de la classe ouvrière est « organisée »,
et même planifiée... pas d'alternative ? Si :
« …
selon les phases historique du mouvement social, cette logique de
racialisation peut être combattue ou débordée par des logiques de
solidarisation en acte des membres des classes populaires, que ce
soit au travail ou à l'occasion d'autres luttes extérieures à la
sphère du travail. Il était, par exemple, frappant d'observer que
les luttes contre les fermetures d'usines au cours de ces cinq
dernières années – Cellatex à Givet, Daewoo à Longwy,
Mataleurop à Noyelles – avaient à leur tête des militants
ouvriers « beurs » de trente ou quarante ans, qui ont,
semble-t-il, fait l'unanimité autour d'eux ».
Semble-t-il ?
Non pas semble-t-il, malheureusement un bureaucrate syndical beur ou
français reste un bureaucrate syndical. Les sectes trotskiennes
comme LO et le NPA en ont recrutés quelques uns. J'ai eu l'occasion
d'en confronter à la fête de LO, et lors du début de la grève de
merde à la SNCF. Pour sûr ce sont des arrivistes « ouvriers »,
futurs ou pas permanents syndicrates. Pas du tout révolutionnaires.
Par contre oui on peut miser sur les milliers et milliers de
prolétaires d'origine familiale immigrée qui ont une claire
conscience de classe et une même volonté de changer le monde sans
se laisser impressionner par la flopée d'ayatollahs de la politique
et de la religion. Leur lutte est partie intégrante de celle du
prolétariat, et ne peut se laisser disperser par les diverses
racialisations, les envolées charitables pour les migrants en
général qui sont plus un problème insoluble, et parcellaire
(comparé aux autres ignominies du Capital) dans le capitalisme
décadent qu'une voie pour unifier le prolétariat comme classe.
À
suivre...
NOTES
1J'ai
vécu cette époque de 1956 à Albi puis de 1961 à 1967 à
Suresnes, en milieu ouvrier où ma mère et mon père n'avaient que
des relations amicales et fraternelles avec des ouvriers espagnols.
Quand nous étions comme on dit dans la mouisse, ce n'étaient point
des collègues français qui aidaient mon père mais ses amis
ouvriers espagnols. Ma mère disait toujours : « les
étrangers valent bien les français ». Enfant pendant la
guerre d'Algérie, je ne supportais pas les expressions « bicot »
ou plus révulsante de « crouillas » entendue au
collège. Je ne riais jamais avec les autres des remarques
humiliantes de certains profs à tel congénère de classe
maghrébin. Quand je fais le bilan de ma propre vie, je m'aperçois
que dans les moments les plus pénibles ce sont des « frères
de classe » étrangers, arabes, libanais, grecs, italiens qui
m'ont sorti la tête de l'eau. Pas les compétiteurs français ni
les militants de souche égoïste et plouc.
2Occasion
pour nous refiler le sketch de Fernand Raynaud, qui est succulent en
effet, sur le boulanger... arabe.
3https://www.liberation.fr/france/2017/01/03/l-usine-psa-d-aulnay-sous-influence-islamiste-un-argument-qui-remonte-a-1983_151922.
Lire surtout ici :
https://www.cairn.info/revue-geneses-2015-1-page-110.htm
4Auroux
n'a pas totalement tort même avec son raisonnement de bourgeois
national :
« Dans
L’Alsace,
il explique qu’il y a «à
l’évidence, une donnée religieuse et intégriste dans les
conflits que nous avons rencontrés, ce qui leur donne une tournure
qui n’est pas exclusivement syndicale. […] Je m’oppose à
l’institutionnalisation d’une religion quelle qu’elle soit à
l’intérieur du lieu de travail. […] les immigrés sont les
hôtes de la France et à ce titre ont un double devoir : jouer
le jeu de l’entreprise et celui de la nation.»
5Cela
dit il y a de petits historiens à la noix qui inventent un racisme
typiquement ouvrier au 19e siècle pour contribuer à l'idéologie
dissolvante de l'antiracisme, c'est le cas de Gérard Noiriel qui
est choqué par Zemmour, lequel sur ce point a pourtant raison :
« « L’Histoire
– arrachée de gré ou de force aux historiens
professionnels – est en train de (re)devenir l’arme
politique qu’elle fut à la veille de la Révolution, et plus
encore au XIXe siècle, lorsque les grands historiens comme
Michelet préparèrent les esprits à l’avènement de la
République. » Dans son
dernier ouvrage, les historiens de métier « ont
titres et postes. Amis et soutiens. Selon la logique mafieuse, ils
ont intégré les lieux de pouvoir et tiennent les manettes de
l’Etat. Ils appliquent à la lettre le précepte de George Orwell
dans 1984 :
“Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le
présent contrôle le passé.” » Noiriel s'est senti visé.
A juste titre !
(https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/29/gerard-noiriel-eric-zemmour-tente-de-discrediter-tous-les-historiens-de-metier_5361955_3232.html). Les historiennes, elles, se discréditent elles-mêmes: https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/10/03/l-appel-de-440-historiennes-francaises-mettons-fin-a-la-domination-masculine-en-histoire_5364200_3232.html
6« Décomposition
française, comment en est-on arrivé là ? » de Malika
Sorel-Sutter (ed Fayard 2015)
7Cette
auteur a anticipé les tonnes d'émissions révisionnistes avec
lesquelles on allait nous rebattre les oreilles pendant des années :
« ...la tactique de culpabilisation des français :
l'exhumation récurrente de pages d'histoire – toujours les mêmes
– donne un récit plus que minimaliste et bien noir (…)
l'exhibition d'étrangers pauvres -les enfants et les femmes sont
souvent privilégiés pour les images -, supposés rejetés par la
France, sa population » (p.126).
8Cf.
témoignage d'un membre du bateau Aquarius : « A bord du
bateau nous ne leur disons pas ce qui les attend en Europe ».
9Elle
rapporte cet échange avec Roland Dumas ce porte serviette de
Mitterrand, en 2011 : « Guillaume Durand : A un
moment la gauche a joué Le Pen pour éliminer la droite... Roland
Dumas : ça c'est assez vrai, mais ça fait partie de la
tactique électorale, de la tactique politique ». Cf. page 79.
L'auteure reprend l'idée de dépossession en page 90 mais pas du
point de vue marxiste comme moi.
10Eric
Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration et de
l'identité nationale. Ce transfuge du PS rallié à Sarkozy était
un pur produit de la génération de fils de bourgeois de SOS
racisme.
11Les
élites dominantes ne reculent jamais, quitte à remettre le métier
à plus tard : « Le rapport recommande « la
suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires
discriminatoires, concernant notamment le voile », et
également « la circulaire de 2012 concernant l'accompagnement
aux sorties scolaires ». (p. 284). Il est aussi recommandé de
créer un délit de « harcèlement racial ».
12« Racisme
ouvrier ou mépris de classe ? Retour sur une enquête de
terrain » in « De la question sociale à la question
raciale », ed la découverte 2009.
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