Extraordinaires sondages
qui viennent de révéler que l'Union nationale après le massacre de
la rédaction de Charlie et des prolétaires du magasin Casher, a
porté ses fruits. Pour l'essentiel (tant que la guerre est maintenue
le plus loin possible), les "français":
- sont d'accord pour amplifier l’engagement
militaire de la France à l’étranger:
Les attentats commis en région parisienne ont
manifestement conduit les Français à approuver
l’engagement militaire de leur pays contre le djihadisme. « Là
où la France est déjà présente (Mali,
Sahel, Irak…) »,
50 % des personnes interrogées considèrent qu’elle doit
« augmenter » son engagement, 40 % le maintenir
à son niveau actuel ; seuls 9 % souhaiteraient le voir
diminuer.
S’agissant spécifiquement de la Syrie,
65 % des personnes interrogées seraient favorables à ce que la
France y « intervienne plus directement, dans le cadre
d’une coalition internationale contre le djihadisme islamique »
(...)
- sont d'accord pour un
durcissement de la politique sécuritaire:
Une écrasante majorité des Français est
favorable à la mise en œuvre de différentes mesures qui leur sont
suggérées « pour lutter contre l’extrémisme
religieux ». Y compris celles qui empiéteraient nettement
sur les libertés individuelles. « Généraliser les
écoutes téléphoniques sans accord préalable d’un magistrat » ?
71 % des personnes interrogées y sont favorables. « Pouvoir
perquisitionner
des domiciles sans accord préalable d’un magistrat » ?
67 % approuvent. « Pouvoir mener
des interrogatoires de suspects sans l’assistance d’un avocat » ?
D’accord à 61 %.
Troublant sondage qui sent le trucage concernant
l'acceptation de l'islam supposé chant d'amour1
comme religieusement correct, d'un côté il est constaté que "La
tolérance des femmes vis-à-vis de l’islam (50,3 %) est
supérieure à celle des hommes (43,5 %)", et plus bas: "
66 % des personnes
interrogées (81 % des sympathisants de gauche, 53 % des
proches de l’UMP, 39 % des sympathisants du FN) jugent que
l’islam est « une religion aussi pacifiste que les
autres », et que « le djihadisme est une
perversion de cette religion ». A contrario, 33 %
considèrent que « même s’il ne s’agit pas de son
message principal, l’islam porte malgré tout en lui des germes de
violence et d’intolérance ». Les femmes sont plus
nombreuses que les hommes (70,5 % contre 61,5 %) à être
bien disposées à l’égard de cette religion".
Bizarre comme la fabrique
à sondages sait admirablement faire écho aux trois premières
préoccupations gouvernementales: dédouaner de toute culpabilité
ses investissements impérialistes, renforcer la répression
intérieure en mettant en garde à vue un gamin de huit ans et faire
passer l'islam principal bréviaire des divers ennemis djihadistes
pour une religion de paix.
Mieux encore – la
bourgeoisie a des capacités d'interprétation inouïe – derrière
les recrutements des soldats du terrorisme se profilerait de nouveau
la question sociale, il suffirait de mettre fin aux ghettos et
d'embaucher au moins un quart de la jeunesse des banlieues pour que
cela cesse. Outre que cela révèle une analyse impulsive et à
courte vue – se refusant à voir pourquoi le religieux supplante le
politique - la bourgeoisie se fiche du monde: les ghettos c'est elle
qui les a favorisés depuis trente ans et les promesses restent
toujours des promesses qui n'entament jamais les avantages des castes
privilégiées. Le notable PS Boutih, ex-démagogue en chef de SOS
racisme, reconnaît à quoi a abouti "la politique de la ville"
sous Mitterrand et les concessions à la religion sous Jospin: "On
a vu une culture de la violence se développer dans les banlieues. On
n'a pas su y apporter de réponses et les islamistes se sont
engouffrés dans ce vide".2
"On n'a pas réussi
à combattre l'intégrisme religieux, parce que d'aucuns disaient
qu'on combattait alors la religion. C'est ce problème qui nous pète
aujourd'hui à la figure"3.
L'islamisation démocratique a ses contreparties électorales4
comme la religion a plus à voir avec la mort qu'avec la vie.
DU BONHEUR D'ETRE
FRANCAIS, DE LA DERADICALISATION
OU COMMENT DEPASSER LA
JALOUSIE SOCIALE?
On court chercher partout
des ambassadeurs de la déradicalisation, de la gauche laïque, pour
sauver le gouvernement au milieu d'une marmaille inconsciemment
djihadiste, tel footeux, tel rappeur. Le célèbre intello du ballon
rond Thuram: "... Je leur ai donc expliqué que nous sommes dans
un Etat laïc où chacun est libre de sa pensée religieuse, mais où
chacun est libre de critiquer toutes les pensées religieuses, ce qui
est une vraie chance pour nous tous" (??) (...) "Je leur
rappelle qu'ils sont français et qu'être français veut dire aussi
que la religion ne prime pas sur les lois de la République. J'essaie
de leur faire comprendre que la religion ne peut pas être vécue en
France comme elle peut l'être en Arabie saoudite, en Syrie, ou au
Sénégal (...) Quand quelqu'un tue au nom de dieu, c'est qu'il s'est
laissé emmuré dans des dogmes, qu'il a perdu la chose la plus
essentielle: la liberté de pensée".
Le rappeur Hamé
explique: "L'idée c'est de s'affirmer: si vous me refusez le
fait de penser que je suis français à part entière, tant pis pour
vous, mais moi, je sais que je suis français et si cela vous
dérange, c'est votre problème, pas le mien". Sur ce point je
suis complètement d'accord avec ces deux ambassadeurs qui ne font
nullement preuve de chauvinisme en l'occurence mais d'un constat:
pourquoi devrait-on avoir honte d'être français? Parce que les
islamo-gauchistes et les ultras radotent que les gens n'ont pas de
patrie? Parce que cela ne se voit pas sur la figure? Parce que ce
n'est plus à la mode et que la novlangue ne distingue plus que des
européens, des africains, des blancs, des noirs, des musulmans, etc.
Ils apportent honnêtement
deux précisions importantes: depuis dix ans la France s'est engagée
dans dix guerres pour le pétrole, et les Merah et Coulibay étaient
des enfants de l'Assistance publique!
Nos deux ambassadeurs de
la déradicalisation soft ne vont pas au fond des choses pour
expliquer une réaction de déni de nationalité chez les enfants
d'immigrés, bien français puisque nés sur le sol français. Ce
rejet de ce qui est leur carte d'identé (nationale) est dû à la
jalousie sociale des français dits de souche. On est souvent plus ou
moins jaloux que l'autre possède la même chose que soi. Cela vous
paraîtra original que je fasse état d'un sentiment psychologique
pour analyser une des raisons de l'ostracisme anti-français
(vice-versa) mais la jalousie est un sentiment bien réel et
immémorial, quoique honni dans tous les pays5.
La jalousie sociale, elle, peut être entretenue à dessein par un
tiers. Traduisons-le en politique. Prenons un ouvrier de souche qui
s’aperçoit, à tort ou à raison, que pour l'Etat d'assistance, il
n’est plus l’unique, l’exclusif pour les allocs. Que l’Etat a
une préférence pour les familles nombreuses immigrées, musulmanes
ou pas. Que ce concurrent pourtant aussi "naturalisé" que
lui peut tout aussi bien être embauché à sa place. Ou bien que
l’autre est plus beau, plus jeune, plus intelligent. Il se sent
alors transparent, même plus français lui non plus, mais, en
réaction il va assurer qu'il est plus "français" que
l'autre. Il avait cru que le vieux slogan "liberté, égalité,
fraternité" lui donnait tous les droits, comme celui d'avoir un
travail d'office, comme celui d'une garantie pour ses enfants de
poursuivre de meilleures études. Cette jalousie n'est que le produit
de la concurrence entre les ouvriers, mais là où jadis la question
de l'identité nationale était secondaire – chacun finissant par
être intégré à la production – celle-ci nous revient à la
figure comme un double miroir mais sous forme de rejet. Selon nos
ambassadeurs de la société pipole il suffirait de chanter à tous:
"on est tous français et contents de l'être"; aux fils de
français de vieille souche: "c'est bon t'es français mais pas
au point d'en faire une montagne" et aux fils d'immigrés: "t'es
français c'est super".
J'ai déjà eu l'occasion
d'évoquer cette jalousie mal placée, qu'on trouve un peu partout
dans la concurrence en milieu prolétaire, mais elle est aussi une
explication aux dérives terroristes et même à l'idéologie
terroriste qui, un peu partout, s'appuie sur l'islam. Merah avait été
refusé par l'armée française. Tous ceux qui sont refusés dans des
emplois réservés en priorité pourtant aux français ne deviennent
pas de petits tueurs sans remords. Tous ceux qui sont rejetés pour
une raison ou une autre tombent cependant dans le sentiment de
jalousie (psychologie) après avoir été dans l'état d'envie,
situation morbide qui renvoie à la réalité sociale d'une société
qui promet le pompon à quelques-uns et nargue l'immense majorité
des autres6.
Le terrorisme planétaire a parfaitement compris de façon sectaire
cette "condition" à laquelle le système réduit les
individus puisqu'il leur propose de "dépasser l'envie" en
s'opposant violemment à ce qui la produit, de façon nihiliste et
sans rémission. De cette façon le terrorisme est bien un produit
intra-muros du capitalisme décadent: no future, kill yourself! Comme
dans la guerre, locale ou mondiale, la victoire n'est même plus
envisageable, seule la mort est l'échappatoire rédemptrice non des
péchés de l'individu (méprisé) mais d'un système excluant qu'il
faut punir en assassinant le plus possible d'innocents ou
d'individus-symboles. Et à ce point de vue le coran sert pas mal de
versets... sataniques.
ON N'EN A PAS FINI AVEC
LA QUESTION DE LA NATION ET DE LA NATIONALITE
"Tant
que la bourgeoisie détient le pouvoir et peut déclencher cet
appareil formidable qui s'appelle la mobilisation et la guerre, elle
possède la faculté de mettre le prolétariat entre deux feux, entre
deux dangers, entre deux pièges: s'unir à l'ennemi intérieur
contre celui du dehors, et abdiquer ainsi son indépendance de classe
et aliéner sa liberté d'action, ou refuser de marcher à la guerre,
et devenir ainsi le complice indirect de l'ennemi extérieur".
C. Rakovsky
Dans
une discussion en mai 1915 entre le député socialiste français
Charles Dumas et le socialiste roumain Christian Rakovsky (qui
deviendra un des plus courageux bolchevique) ce dernier,
luxemburgiste, refusait de faire figurer le "principe des
nationalités" dans un programme socialiste, inapplicable ni en
Europe "dans les cadres de l'Etat national" d'aujourd'hui,
ni :"en Orient surtout, où les éléments sont excessivement
mêlés, où les frontières ethnographiques n'existent même pas, le
principe des nationalités ne sert qu'à masquer une politique de
conquête territoriale"7.
Considération
très pertinente à la charnière de notre époque où à la comédie
des libérations nationales dans des découpages artificiels du
colonialisme succède la volonté de conquête islamique du monde
arabe d'abord et du reste éventuellement ensuite; prêcheurs dits
radicaux depuis longtemps et agents terroristes actuels ne se gênent
pas pour déclarer mener les deux simultanément, d'autant qu'ils
peuvent s'inspirer du stalinisme qui envisageait de faire effondrer
les vieux pays centraux du capitalisme afin de... libérer vraiment
les nations (artificielles) asservies par le colonialisme, pour en
faire des zones de production et de pillage au profit de la maison
mère détentrice du socialisme en un seul pays pour tout le
continent.
Définissant
le référendum proposé par le député patriote C.Dumas (sur la
question de l'Alsace Lorraine) comme nationaliste et néfaste,
Rakovsky remarque la spécifité des vieilles nations: "La
France, comme l'Allemagne, comme l'Italie, est un Etat national,
homogène, et ne peut pas, de ce fait, tolérer des éléments
d'autre nationalité. Je
n'oublierai jamais que sous le ministère Combes on avait dénoncé
comme un véritable crime contre l'unité nationale française le
fait qu'en Bretagne le catéchisme était lu en langue bretonne.
Combes s'empressa même de l'interdire d'une façon expresse. Ce
fait, extraordinaire si on le considère au point de vue de la
liberté individuelle, apparaît naturel si l'on prend en
considération le caractère profondément unitaire et centraliste de
l'Etat français".
Intéressant
ce rappel face à tous ceux qui se moquent un peu facilement des
vieilleries nationales, mais pour se mettre au service de l'Europe
islamisée (je veux bien conchier le vieux patriotisme mais pas au
profit d'un patriotisme ou internationalisme islamique!). Il y a une
culture et une histoire française comme il y a une culture et une
histoire russe, africaine, juive, chinoise, etc. L'internationalisme
prolétarien abouti (la lutte finale) dont on n'a jamais su à quoi
il aboutirait – sauf dans la version stalinienne, surtout au
pillage des peuples – envisageait-il de dissoudre ces aspects
culturels (langue, traditions culinaires et vestimentaires esprit des
lumières, etc.) dans une uniformité universelle de l'espèce
humaine voire une catéchisation islamique généralisée? Lénine
n'aide en rien à la compréhension du problème en décrétant la
culture de chaque pays comme bourgeoise. Donc la liberté
d'expression (vieille "tradition" depuis 1789) serait
simplement "bourgeoise"? La laïcité forcément
"bourgeoise"? Tout roman, film ou poème, forcément
bourgeois?
Personne
ne pourra me répondre mais nous savons que nous pouvons régresser
en supprimant le capitalisme si ce n'est pas pour le remplacer par le
communisme, avec ce qu'écrivait Rosa en 1915: "... ou bien
triomphe de l'impérialisme et décadence de toute civilisation, avec
pour conséquences, comme dans le Rome antique, le dépeuplement, la
désolation, la dégénérescence, un grand cimetière; ou bien la
victoire du socialisme...". A cette différence que
l'impérialisme a triomphé du prolétariat et est en train de perdre
face à la décadence islamique, et que les bouffons du socialisme
officiel savonnent la planche à l'islam "de paix et d'amour".
Dans la pensée de Rosa l'avenir du communisme n'était certainement
pas le col mao pour tous et le voile pour toutes.
Toutes les objections des
vilains canards Régis Debray, Finkielkraut, Onfray8
et d'autres ne sont pas toutes débiles. En 1976, Régis Debray,
indépendamment de l'avis que l'on peut avoir de son parcours de
caméléon, polémiquait contre l'internationalisme frelaté de la
LCR:
"La
conception de l’unité du processus historique chez Marx demeure
encore un parti idéaliste ; c’est-à-dire qu’elle devrait
liquider conceptuellement la présence de la nation. Autrement dit,
la conception d’une unification croissante non seulement des
conditions de production mais des conditions de vie, la conception
d’une évolution linéaire, uniformisante de l’histoire, avec les
cinq modes de production, etc. Cette conception de l’universalité
comme réduction des différences, comme réduction progressive des
différences ethniques, nationales, culturelles, etc., est vraiment
la conception de la raison analytique bourgeoise. Que d’ailleurs
Marx et plus encore Engels ont repris directement de l’Aufklärung,
de Condorcet, etc. Conception selon laquelle les chemins de fer vont
supprimer les frontières et la classe universelle va prendre le
pouvoir, parce que le prolétariat, enfin, tu connais les phrases
célèbres, « on ne lui a pas fait un tort particulier, on lui a
fait un tort universel, donc c’est la classe universelle ; le
prolétariat ne revendique aucun droit particulier », etc. Donc les
frontières vont s’écrouler et la République internationale des
soviets est là – traduction léniniste du fantasme marxien".
"On
trouve parfois chez Marx une opposition de l’universel et du
particulier qui fait que pour lui l’universalisation de l’humanité,
c’est la liquidation de ses particularités. Alors qu’en fait il
y a une dialectique : ce à quoi on assiste maintenant c’est
l’interdépendance croissante des conditions de production et
d’échange économique, donc en un sens uniformisation, mais,
dialectiquement, cela est accompagné d’une multiplication des
diversifications culturelles. Le retour en force des revendications
nationales ou régionales est concomitant, nécessairement, de
l’uniformisation économique ; autrement dit, l’égalité n’est
jamais l’identité ; une conception dialectique de l’identité
inclut la différence et on assiste maintenant à un processus de
différenciation croissante des identités culturelles, une recherche
de la spécificité qui va de pair avec le constat de la globalité.
Je pense à la limite que la réalité historique est encore plus
matérialiste que Marx et encore plus dialectique que lui ! En un
sens, tous les démentis de la réalité historique depuis un siècle
au marxisme, sont des démentis matérialistes, c’est-à-dire
qu’ils liquident tout l’héritage, tout l’énorme héritage
idéaliste qu’il y a chez Marx"9.
On
n'assiste pas à l'époque au processus d'éclatement du bloc de
l'Est et à la montée des micro-nationalismes, ni non plus à la
fragmentation politico-religieuse actuelle. Debray reste fidèle à
sa formation marxiste-léniniste dans sa jeunesse au parti stalinien
et de plus en plus distant avec le guévarisme dont il avait été un
des sponsors, et à la veille de devenir conseiller de Mitterrand, la
référence est la nation. Il se découvre peu après admirateur de
De Gaulle.
Debray
n'est pas totalement idiot révisionniste (mais au fond fidèle
génétiquement au stalinisme gaullo-national). Il anticipe le
mouvement souverainiste avec les Chevènement, Max Gallo et Marianne.
Mais la nation à l'agonie selon Hanna Arendt n'agonise pas
complètement, durant les années 1990 il s'en crée plein de
nouvelles. Un processus semble se développer mais sans s'achever
encore. L'achèvement c'est maintenant: constitution bancale d'aires
géographiques: Europe, zone d'influence américaine, russe,
chinoise, volonté de faire éclater les découpages coloniaux en
Afrique. Partout les anciennes frontières nationales des nations les
plus récentes, de la Yougoslavie à la Syrie, ont éclaté ou vont
éclater. Première conséquence: la bourgeoisie, partout, ne peut
plus mobiliser au nom du sentiment national. La bourgeoisie
développée avait déjà inventé depuis longtemps l'antifascisme,
qui sert encore, et elle rame avec l'anti-terrorisme. Les diverses
variétés de terroristes sans Etat national (sauf le Desh en
gestation) disposent d'un anti-capitalisme religieux.
Yolène
Dilas-Rocherieux a bien résumé l'adaptation d'un Carlos au
communisme islamique, non plus nation islamique mais monde islamique:
"En
fait, l’islam, « la révolution des révolutions », lui
aurait permis de fusionner l’hier et l’aujourd’hui, le
rationalisme des théories et pratiques marxistes-léninistes avec la
foi religieuse, dans laquelle il désigne la nouvelle dynamique d’une
révolution de masse et le fondement d’un monde nouveau. Nul
transfert de foi dans cette mutation assure Carlos, mais le terme
d’une expérience avec le constat d’une résurgence de la passion
révolutionnaire en islam, après l’échec de l’expérimentation
communiste: « J’accuse l’Occident d’avoir failli à sa
mission révolutionnaire ». S’il rejette le déterminisme de
Marx, l’une des raisons, selon lui, de l’embourgeoisement de la
gauche occidentale, Carlos en retient le matérialisme dialectique –
le capitalisme sera victime de ses propres contradictions – qu’il
propose de réinterpréter à la lumière de la loi islamique afin de
renouer avec les grandes luttes du passé. L’islam spirituel et
doctrinal, porteur d’un dessein divin, serait ainsi devenu l’unique
tremplin de la révolte des masses: « Seuls des hommes et des
femmes armés d’une foi totale dans les valeurs fondatrices de
Vérité, de Justice et de Fraternité, seront aptes à conduire le
combat et à délivrer l’humanité de l’empire du mensonge ».
Cette alliance entre le politique et le sacré aurait l’avantage de
donner sens à une vision binaire du monde, deux blocs opposés:
l’Occident dégénéré et son envers positif, une contre-société
islamique, dont les règles de vie seraient compatibles avec l’esprit
communiste d’un Lénine ou d’un Mao: » … en mettant des
freins au libre exercice du marché. La charia interdit le prêt à
intérêt, les pratiques et les règles financières islamiques sont
solidaristes, contraires au travail de l’argent, immoral et
créateur d’injustice »10.
J'ai parlé d'une
première conséquence, le fait que la bourgeoisie ne peut plus
mobiliser au nom de la nation (désormais multiethnique,
multiculturelle, etc.), mais la deuxième est un fractionnement
interne de la nation, des vieilles nations qui n'augure en rien une
évolution positive vers une sorte d'irénisme internationaliste
dépassant les "arriérations nationales". La génération
de 68 avait ridiculisé le fait de se vanter d'appartenir à une
nationalité: on était d'abord un internationaliste, ou un citoyen
du monde, ou un être humain. Désormais on est d'abord musulman,
juif, corse, écologiste, européen, voire joueur de tennis ou DJ!
Se
définir comme français, anglais, allemand, etc., est ringard. On ne
peut souscrire au caméléon Debray de 1976 qui sortait que la
révolution en France n'aurait lieu qu'en "reprenant son
héritage national": jacobin? Patriotique? Gaulliste? Debray
zigzaguait comme toujours, comme son ami Finkielkraut. Un ivrogne
peut, une fois sur deux, indiquer la bonne direction mais il va finir
par tomber et s'endormir. Les tenants intellectuels d'une culture
française, zemmouriens ou pas, constatent une islamisation rampante,
et on les accable d'observer ce phénomène, on les insulte ou on les
ignore. Ils ont partiellement raison. La tolérance du religieux ne
faisait plus partie de l'esprit français depuis 1905, même s'il a
toujours existé des fractions bourgeoises pieuses ou suffisamment
hypocrites pour justifier le maintien du carcan idéologique des
religions.
Ils
sont qualifiés d'islamophobes, une définition qui ne tient pas
debout malgré la maïeutique d'un journaliste du Monde11.
Il est question que la loi punisse l'islamophobie au même titre que
l'antisémitisme. Un
Conseil contre l'islamophobie en France (rapport 2014), établit
qu' « il
s'agit de l'ensemble des actes de discrimination ou de violence
contre des institutions ou des individus en raison de leur
appartenance, réelle ou supposée, à l'islam.
Ces actes sont également légitimés par des idéologies et des
discours incitant à l'hostilité et au rejet des musulmans. »
Et
le Conseil de l'Europe surenchérit: "« Qu'elle se
traduise par des actes quotidiens de racisme et de discrimination ou
des manifestations plus violentes, I'islamophobie est une violation
des droits de I'homme et une menace pour la cohésion sociale. »
C'est déjà acquis, labellisé, officialisé, avant d'avoir été
discuté, confronté ou soupesé. Depuis le traité de cocu de
Lisbonne, la bureaucratie européenne pue. Salman Rushdie ) cette
aune devrait être livré aux égorgeurs puisqu'il a osé déclarer:
"Je suis aux côtés de «Charlie Hebdo», comme nous devons
tous l’être, pour défendre l’art de la satire, qui a toujours
été une arme pour la liberté et contre la tyrannie, la
malhonnêteté et la stupidité. Le "respect de la religion"
est devenue une formule signifiant "peur de la religion".
Les religions, comme toutes les autres idées, méritent la critique,
la satire et, oui, notre irrespect courageux.»
Devrons-nous
crier un jour: "libérez Debray et Finkielkraut"? Et
"sauvez la France de l'islam"!
Il
y a de la lucidité chez Finkielkraut dans son constat de la
"francophobie"12
et sa défense de la vieille France, bien qu'il soit ambigu lui-même
– il est en même temps nationaliste israélien: "Il
est évidemment très difficile de répondre à la question :
qu’est-ce qu’être français aujourd’hui ? L’identité n’est
pas une propriété, c’est une question ; quelque chose d’ouvert
et d’évolutif. Mais comme l’a dit Régis Debray, ce sont ceux
qui maîtrisent le mieux un legs culturel qui sont capables de le
dépasser. Plutôt que de parler de roman national je dirais donc que
nous sommes, nous autres Français – Français de souche, car cela
existe, ou Français de fraîche date, comme moi – dépositaires
d’un grand héritage culturel. La France est une civilisation, ce
qui est une chance. Certains peuples, au XIXe siècle, ont dû aller
chercher leur identité dans leur folklore mais la France n’en a
pas eu besoin : elle a une culture, une littérature, une langue…
Je voudrais qu’on ait un peu plus conscience de la richesse de
cette civilisation, qu’on ait un peu plus de gratitude pour la
beauté de cet héritage".13
Finkielkraut
donne des verges pour se faire battre comme chauviniste ringard, mais
comme il fût le grand inquisiteur du révisionisme des chambres à
gaz en France tout finit par lui être pardonné. La question de fond
dépasse ces divers littérateurs du paf: comment passe-t-on de la
nation à la fin des nations du point de vue communiste? La
décomposition multiculturelle et islamophile va-t-elle rendre
impossible toute union du prolétariat au-dessus des diverses
divisions et claustrophobies religieuses?
LES
CONCEPTIONS OBSOLETES DU MARXISME TROTSKIEN
Sur
le site de R.Paris "Matière et Révolution", on peut lire
un condensé de la vision simpliste léniniste de l'assimilation et
de la question nationale:
"La nationalité et la question nationale en
général sont, au fond, une question de classe. Les idées
dominantes de toutes les nations sont les idées de leur classe
dirigeante. On entend beaucoup parler de la « culture
française », de la « culture américaine », etc.,
comme si ces cultures existaient indépendamment du caractère de
classe de la société en question. La classe dirigeante a intérêt
à dissimuler l’existence de classes distinctes et mutuellement
antagoniques. Mais la culture dominante de toutes les nations n’est
autre que la culture de la classe dominante, c’est-à-dire de la
classe capitaliste :
« Chaque culture nationale comporte des
éléments, même non développés, d’une culture démocratique et
socialiste, car dans chaque nation, il existe une masse laborieuse et
exploitée, dont les conditions de vie engendrent forcément une
idéologie démocratique et socialiste. Mais, dans chaque nation, il
existe également une culture bourgeoise (et qui est aussi, la
plupart du temps, ultra ?réactionnaire et cléricale), pas
seulement à l’état d’" éléments", mais sous forme
de culture dominante. » (Lénine, Notes critiques sur la
question nationale, 1913.)
Lénine
et Trotsky, suivant Marx et Engels, étaient des internationalistes
intransigeants. Dans la question nationale comme dans toutes les
autres questions, il est totalement inadmissible, pour un marxiste,
de faire la moindre concession aux sentiments et préjugés
nationalistes. On doit constamment souligner et expliquer les
intérêts communs de tous les travailleurs, indépendamment de leur
nationalité, de leur langue, de la couleur de leur peau, etc. Le but
des marxistes, c’est de promouvoir et de faciliter par tous les
moyens possibles l’unité des travailleurs de tous les pays dans
leur lutte contre les capitalistes. C’est de ce point de vue que le
marxisme défend le droit des nations à l’autodétermination. Le
droit à l’autodétermination n’a d’intérêt que dans la
mesure où il renforce la lutte contre le capitalisme et contre le
nationalisme. Il est entièrement subordonné à la lutte pour le
socialisme. Il faut traiter chaque cas selon les circonstances
concrètes. Soutenir ou ne pas soutenir ce droit dépend de la
situation concrète" (cf. La Riposte).
Pauvre
Lénine, il
faudrait qu'il nous explique de quoi se compose la culture
aujourd'hui, et surtou cette culture bourgeoise qui ne se veut même
plus nationale mais multiculturelle et souffreteuse à l'égard des
religions et surtout de la principale de plus en plus chez les
populations déshéritées. Et ces pauvres trotskiens auront été
jusqu'au bout les défenseurs de cette variété de nationalisme
obsolète nommé autodétermination, une des pires supercheries du
XXème siècle quand la branche du NPA a tenté de glisser la
concession de la candidate trotsko-voilée... créant les mêmes
émois en son sein que dans le barnum PS lors de l'affaire des
mioches voilées de Creil.
Que
peuvent faire aujourd'hui les "marxistes intransigeants"
contre les diverses manifestations de l'islam, hard, soft et moitié
les deux? Le capitalisme étant à l'agonie comme même des
économistes bourgeois et l'exhibitionniste Jorion l'assurent, va-t-on
directement sauter pacifiquement dans le communisme comme le déclare
un fan de Claude Bitot14?
Allons
voir du côté du "Fil du temps" et de notre cher
Dangeville (Facteurs de race et de nation dans le marxisme):
"Comme
nous ne sommes ni des métaphysiciens ni des mystiques, nous
acceptons, sans nous couvrir la tête de cendres et sans considérer
que le genre humain a à expier ces souillures, qu'apparaissent et se
développent de mille façons le mélange des sangs, la division du
travail, la répartition de la société en classes, l'Etat, la
guerre civile. Mais ce qu'il y a au bout du cycle, avec un mélange
des races devenu général et inextricable, avec une technique
productive capable d'agir de façon puissante et complexe sur le
milieu environnant au point d'envisager de planifier les phénomènes
à l'échelle planétaire, c'est la fin de toute discrimination
raciale et sociale; c'est une économie à nouveau communiste; c'est
la fin, à l'échelle mondiale, de la propriété individuelle qui
avait engendré les cultes transitoires de ces fétiches monstrueux
que sont la personne, la famille, la patrie."
Tout
est simple à l'extrême là aussi avec ces écrits des sixties,
finalement avec les mélanges généralisés, indépendamment des
clivages religieux, la nouvelle société de paix et d'amour
"communiste" mettrait fin naturellement aux horreurs de
l'individualisme, de la famille missionnaire et de la patrie coïncée!
Plus
radical que les trotskiens, Dangeville oppose à la monoculture
bourgeoise une "culture prolétarienne", après
l'insurrection bien sûr (conjointe contre nouveaux versaillais et
jeunes mercenaires islamistes coalisés15):
"Ce que
disent Marx et Lénine, c'est ceci: la bourgeoisie n'admettra jamais
que sa culture est une culture de classe. Elle affirme au contraire
que c'est une culture nationale propre à un peuple donné, et elle
se sert de la surestimation de la langue nationale comme d'un frein
puissant pour entraver la formation d'une culture, ou mieux, d'une
théorie de classe, prolétarienne et révolutionnaire. Mais
il est clair aussi que tout change et s'inverse quand s'effondrent le
capitalisme, le mercantilisme et la division de la société en
classes. Avec ces institutions sociales périront aussi les langues
nationales. Pour la révolution qui tend à les détruire, la
revendication de la langue nationale appartient au camp ennemi dès
que le plein capitalisme s'est imposé". Dangeville s'appuie sur
les travaux d'Engels pour montrer que l'étape de formation des
nations n'a pas été facile:
«Nous
étions précédemment au berceau de l'antique civilisation grecque
et romaine. Nous voici maintenant auprès de son cercueil. Sur tous
les pays du bassin méditerranéen, le rabot niveleur de l'hégémonie
mondiale romaine avait passé, et cela pendant des siècles. Partout
où le grec n'opposait point de résistance, toutes les langues
nationales avaient dû céder la place à un latin corrompu; il n'y
avait plus de différences nationales [...] tous [étaient] devenus
Romains. L'administration romaine et le droit romain avaient partout
détruit les anciens liens consanguins et, du même coup, les
derniers vestiges d'activité locale et nationale autonome [...].
Mais nulle part n'existait la force
capable de forger, avec ces éléments, de nouvelles
nations...»(Engels)
Engels
rappelait qu'on avait déjà réussi à empêcher que les arabes
(maures ou sarrasins à l'époque) et les normands n'envahissent
l'empire réservé à Charlemagne:
"La
naissance, en quatre ou cinq siècles, des Etats germaniques, dont le
pouvoir s'étendit sur les anciennes provinces de l'empire romain et
sur l'Italie elle-même. Le plus remarquable était celui des Francs,
qui servit à l'Europe de rempart contre l'invasion des Maures et
qui, tout en cédant à la pression des Normands à l'autre
extrémité, permit aux populations de résister sur les territoires
où elles s'étaient établies, fût-ce en donnant lieu à des
mélanges ethniques complexes avec des Germains, des Romains et, dans
le royaume des Francs, des Celtes aborigènes. Ces Etats germaniques
ne pouvaient constituer des nations du fait même de cet
enchevêtrement récent de souches ethniques, de traditions, de
langues, d'institutions hétérogènes; mais il s'agissait bien
d'Etats car ils avaient enfin des frontières solides et une force
militaire unifiée".
«Si
improductives que paraissent ces quatre cents années [V°, VI°,
VII° et VIII° siècles après J.C.], elles léguaient au moins un
grand résultat: les nationalités modernes, l'organisation
nouvelle et la structure de l'humanité de l'Europe occidentale pour
l'histoire à venir
[c'est-à-dire pour les XVII°, XVIII° et XIX° siècles]. Les
Germains avaient effectivement revivifié l'Europe, et c'est pourquoi
la dissolution des Etats de la période germanique n'aboutit pas à
l'assujettissement aux Normands et aux Sarrasins, mais à l'évolution
[progressive] vers la féodalité (Engels)».
Comment
va-t-on passer de la révolution nationale à la révolution
internationale alors?
"La
révolution nationale n'est pas notre révolution, la revendication
nationale n'est pas notre revendication, et elles ne représentent
pas pour l'homme la conquête d'un avantage irréversible et éternel.
Mais le marxisme les considère avec intérêt, voire avec admiration
et passion, et lorsque le cours de l'histoire les remet en cause il
est prêt, en temps et lieu décisifs, à se lancer dans la lutte
pour elles. Ce qu'il faut étudier, c'est le degré de développement
des cycles historiques, en délimitant correctement les aires et les
phases. Si mille ans se sont écoulés entre le développement des
peuples primitifs du bassin méditerranéen et celui de l'Europe
continentale, il est parfaitement possible que le cycle national
moderne de l'Occident soit clos alors que celui des peuples d'une
autre race, d'un autre cycle et d'un autre continent reste encore
ouvert avec son potentiel révolutionnaire pour une longue période.
«On
a en outre reproché aux communistes de vouloir abolir la patrie, la
nationalité. Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur
prendre ce qu'ils n'ont pas».
Après une affirmation de principe aussi radicale, il n'était pas question d'ajouter: les ouvriers n'ont pas de nationalité. C'est un fait que les ouvriers sont français, italiens, allemands, etc., non seulement par leur race et par leur langue (nous savons combien il y aurait à redire sur ces deux facteurs), mais par leur appartenance physique à un des territoires gouvernés par l'Etat national des bourgeois, qui influe considérablement sur les vicissitudes de leur lutte de classe, et même sur la lutte internationale. Cela est bien clair."
Après une affirmation de principe aussi radicale, il n'était pas question d'ajouter: les ouvriers n'ont pas de nationalité. C'est un fait que les ouvriers sont français, italiens, allemands, etc., non seulement par leur race et par leur langue (nous savons combien il y aurait à redire sur ces deux facteurs), mais par leur appartenance physique à un des territoires gouvernés par l'Etat national des bourgeois, qui influe considérablement sur les vicissitudes de leur lutte de classe, et même sur la lutte internationale. Cela est bien clair."
Non
c'est pas clair!
PETIT
COURS DE NOVLANGUE
La
Novlangue est une simplification lexicale et syntaxique de la langue
destinée à rendre impossible l'expression des idées
potentiellement subversives
et à éviter toute formulation de critique de l’État,
l'objectif ultime étant d'aller jusqu'à empêcher l'« idée »
même de cette critique1.
Langue officielle d’Oceania, le novlangue a été créé pour
satisfaire les besoins idéologiques de l’Angsoc (pour
English Socialism) : il doit favoriser la parole
officielle et empêcher l'expression de pensées critiques, donc
hétérodoxes (comme le navet de Houellebecq qui esquive le présent)
De plus, si la langue possède le mot « bon », il est
inutile qu’elle ait aussi le mot « mauvais », car cela
suppose l'existence de nuances entre ces deux termes. Le concept
« mauvais » est donc détruit pour être remplacé par le
« non bon », fabriqué en ajoutant un préfixe marquant
la négation
(cela donnera « inbon »). En « oldspeak anglais »
cela donne : « good », « ungood » et
« plusgood » et même « doubleplusgood ».
Outre la suppression des nuances, le novlangue est une incarnation de
la double-pensée.
La double signification des mots possède le mérite
(pour ses créateurs) de dispenser de toute pensée
spéculative, et donc de tout germe de contestation future.
Puisque les mots changent de sens selon qu’on désigne un ami du
parti ou un ennemi de celui-ci, il devient évidemment impossible de
critiquer un ami du parti, mais aussi de louer un de ses ennemis.
Prenons pour exemple le mot « noirblanc ».
Quand il qualifie un ennemi, il exprime son esprit de contradiction
avec les faits, de dire que le noir est blanc. Mais lorsqu’il
qualifie un membre du Parti, il exprime la soumission loyale au
Parti, l’aptitude à croire que le noir est blanc, et plus encore,
d’être « conscient » que le noir est blanc, et
d’oublier que cela n’a jamais été le cas (grâce au principe de
« doublepensée »).
L'islam est le culte de l'ignorance systématisée
comme le prévoit 1984 (qui visait le stalinisme de 1948): Dans 1984,
Syme, un fonctionnaire mettant au point le novlangue, explique
précisément la notion de novlangue :
« "Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées [...]. Le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n’y a plus, dès maintenant, c’est certain, d’excuse ou de raison au crime par la pensée. C’est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. [...] Vers 2050, plus tôt probablement, toute connaissance de l’ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n’existeront plus qu’en versions novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils étaient jusque-là. Même la littérature du Parti changera. Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme « La liberté c’est l’esclavage » alors que le concept même de la liberté aura été aboli ? [...] En fait, il n’y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. Orthodoxie signifie non-pensant, qui n’a pas besoin de pensée, l’orthodoxie, c’est l’inconscience." » (1984, Chapitre V)
EBAUCHE
DU PETIT DICO DE LA NOVLANGUE CUCULTUELLE FRANCAISE
Cette novlangue tout à
fait conforme aux préceptes orwelliens permet tous les raccourcis et
clichés bourgeois que vous pouvez subir quotidiennement à la télé,
en réunion syndicale ou avec un gauchiste qui essaie de vous refiler
son canard au coin du marché.
Antifascisme: tout
lycéen en âge de faire de la mobylette et de porter un casque peut
devenir un antifasciste confirmé à condition de crier au réveil
"Le Pen salaud le peuple aura ta peau".
Complotisme :
l'interprétation type des
pauvres cons, plus complexe et plus pertinente que la version
officielle ou les faits eux-mêmes. Duduche apporte la vérité
cachée à Ahmed ou l'inverse. La théorie du complot va dévoiler la
vérité. Ils sont les initiés par rapport à la masse qui n’arrive
pas à voir qu’on lui ment. Adhérer à une théorie du complot,
c’est adhérer à une vision critique du monde qui nous entoure,
que ce soit au niveau politique ou médiatique. Sous-entendu, les
gens qui nous gouvernent et nous informent sont des menteurs. Ce qui
signifie surtout qu'il n'y a jamais de complot en politique car les
élections, leur organisation et déroulement sont le fait de gens
honnêtes, choisis pour défendre le peuple, rien que le peuple.
Devoir (de citoyen):
des gens sont morts pour que tu
puisses voter.
Identité
: Il y a
un problème d'identité avant un problème de religion. La
première génération d'immigrés musulmans, souvent maghrébins,
n'avait pas de difficultés liées à la religion. Le problème
arrive avec la deuxième, troisième et maintenant quatrième
génération. Pour elles, en attaquant l'islam, vous attaquez plus
leur identité que leur foi. Poil au foie.
Haine : un
seul parti diffuse la haine le FN c'est pourquoi on prononce Fhaine.
Islam :
religion de paix et d'amour
Islamophobie :
Le terme « islamophobie »
suggère à l'origine une peur collective de la religion musulmane.
Mais il s'impose depuis quelques années comme l'ensemble des
réactions de rejet vis-à-vis des personnes musulmanes (ou supposées
telles). En effet, si le suffixe « phobie »
désigne étymologiquement une peur, son sens a dévié et peut
désigner
communément une notion d'« hostilité sociale », comme
dans les mots xénophobes, homophobes, etc.". (définition de
l'immonde, je ne la valide pas du tout, elle se ridiculise
d'elle-même).
Race: il n'existe plus de races il n'y a qu'une race humaine. Ceux qui parlent de races au pluriel sont des racistes. L'espèce humaine n'existe plus non plus car les animaux en font partie, il est prouvé qu'ils sont sensibles.
Race: il n'existe plus de races il n'y a qu'une race humaine. Ceux qui parlent de races au pluriel sont des racistes. L'espèce humaine n'existe plus non plus car les animaux en font partie, il est prouvé qu'ils sont sensibles.
Racisme : Tous
ceux qui ne pensent pas comme moi, ne couchent pas avec moi et
n'enlèvent pas leur béret quand je les croise.
1Deux
sourates sur les 200 hyper violentes: « Exterminez
les incrédules jusqu’au dernier », « Tout
juif qui vous tombe sous la main, tuez-le »...
2Nouvel
Obs fin janvier 2015.
3Sincère
retournement de veste de l'élu du parti bourgeois, à l'époque de
l'affaire du collège de Creil – trois gamines qui refusaient
d'ôter le voile - cet ex chefaillon de SOS racisme avait hurlé
avec les anges gauchistes qu'il était "scandaleux que l'on
puisse au nom de la laïcité malmener les convictions
personnelles"; quand, maintenant il déclare tout de go: "Creil
c'est l'erreur historique de SOS. On n'avait pas compris les valeurs
en jeu. Il fallait demander d'emblée que les filles soient
renvoyées". Les islamo-gauchistes blâmeront ce retournement
comme tactique électorale pour chasser "sur le terrain du FN"!
4Le
député socialiste Razzy Hammadi est revenu sur la lâcheté et
les petits arrangements des élus locaux de la gauche plurielle, qui
font construire sur leurs territoires des mosquées en échange du
vote des communautés musulmanes. Invité
à s’exprimer aux micros d’Olivier Galzi, sur I-Télé, le
député de Seine-Saint-Denis et ancien président du Mouvement
des jeunes socialistes a donc dénoncé les « lâchetés »
des élus locaux face à la montée du communautarisme, avant
d’avouer que « certains (élus locaux) ont négocié
les mosquées contre des voix »
5En
Afrique francophone, et plus particulièrement en Côte
d'Ivoire, l'expression « Les jaloux vont maigrir »
symbolise la force de la jalousie, travaillant le jaloux jusque dans
ses chairs. Cette expression a été popularisée par le chanteur
Mokobe du groupe 113 dans sa chanson au titre éponyme.
6Myriam
Benraad préfère les concepts d'humiliation et de revanche, comme
elle l'écrit dans Libération: "Humiliation et revanche se
sont longtemps trouvées liées au terrorisme, le facteur
psychologique fondant bien souvent le recours à la terreur en
précédant la lutte politique en tant que telle. Le jihad, très
tôt justifié au nom d’une revanche des musulmans contre les
interférences et l’oppression d’un Occident judéo-chrétien
impérialiste et diabolisé, est donc aussi la manifestation
d’émotions, au-delà de ses soubassements plus politiques et des
préjugés culturalistes usuels concernant une supposée
«prédisposition» de l’islam ou encore de la culture arabe à la
violence". Drôle de revanche!
7Cf.
L'opposition à la guerre impérialiste, ed lbc).
8
Dans l'émission de L.Ruquier, l'anar camusien mandarin de
l’Université populaire de Caen s’est lamenté que la gauche
jette l’anathème sur un Alain Finkielkraut, au prétexte que sa
dénonciation d’une école qui fabrique des crétins, et
maintenant des barbares, fait le jeu du fascisme (AF le voit
partout) alors que cette même gauche "ne cesse d’abandonner
la patrie, la nation et l’éducation à l’extrême droite".
Michel Onfray a conclu en souhaitant que l’on puisse, à gauche,
aborder la question de l’islam sans verser « dans
une vision islamophile irénique en laissant dire qu’elle est une
religion de paix, de tolérance et d’amour ». Onfray
fait partie des adeptes de la déradicalisation par l'institution
d'un islam de France doux et tolérant.
9Pour
ceux qui veulent se colleter avec l'argumentaire de l'ex-moustachu,
extraits: "Bon, autrement dit, ce n’est pas pour rien qu’il
n’y a chez Marx ni une théorie de la politique, ni une théorie
de la culture, parce que la politique et la culture c’est
actuellement dans l’Etat ou la nation, dans l’Etat national que
ça se passe. C’est évident que la politique ça n’existe pas
chez Marx, c’est tout de même gênant ! Il n’y a pas de théorie
de l’organisation, il n’y a même pas de théorie qui rendre
nécessaire une organisation. Je veux dire qu’il y a des lacune
immenses chez Marx et je crois que toutes ces lacunes, qui sont plus
que des lacunes, qui sont des contradictions logées au corps du
système, elles ont lieu dans la nation. C’est dans cette petite
lacune que se cristallise, que se concentre tout le non-dit du
marxisme. Mais ce non-dit, quand tu le dis, ça fait exploser le
reste. En ce sens, je pense que la nation c’est vraiment le noyau
atomique dans la déflagration du marxisme en tant que théorie et
du socialisme en tant que pratique. Exemple : ce qui s’est passé
depuis cent ans. Alors que s’est-il passé depuis cent ans ? Nous
pouvons maintenant en parler. Je t’ai livré quelques présupposés
qui sont nécessaires… Maintenant, on peut localiser des questions
de détail, on peut si tu veux les fonder.
"moi
je dis parce que toutes les fois qu’on veut imposer le régime
socialiste contre l’affirmation d’une identité nationale, c’est
le régime socialiste qui perd. Parce que, ce que l’histoire
montre, c’est que le prolétariat contre la nation, c’est le pot
de terre contre le pot de fer. Toute l’histoire contemporaine
montre que les dictatures du prolétariat ne se sont implantées que
lorsqu’elles se sont assimilées à une lutte de libération
nationale ou à la sauvegarde de l’identité nationale. Il y a une
chose très frappante, c’est la façon dont Marx rend compte de la
Commune. Car quand on étudie la Commune tant soit peu, il y a une
dimension qui éclate à la gueule du premier venu, c’est
la dimension patriotique. Et
même chauvine ! Et Marx qui a imposé sa mythologie de la Commune,
puisque c’est à travers sa grille qu’on la déchiffre, a
complètement liquidé cet aspect de sursaut patriotique contre
l’envahisseur. Pourquoi on fout Trochu et Jules Favre à la porte
? Parce qu’ils n’ont pas su lever le siège de Paris, parce que
les percées qu’ils ont essayé d’opérer ont été des percées
faibles, bref parce qu’on les accuse de complicité avec l’ennemi
! Il y a une dimension patriotique extrême dans la Commune, qui
naît d’un sursaut patriotique. Chez Marx, on n’en parle pas".
"Du
côté des pays capitalistes, dans toutes les périodes de crise, on
a constaté que l’identification à la nation était toujours plus
forte, même dans le prolétariat, que l’identification à la
classe. Je veux dire dans les grandes masses. La crise de la
social-démocratie en 1914, ce n’est pas seulement la trahison
d’une poignée de chefs – idée contre laquelle Lénine s’est
insurgé. Ce n’est pas seulement la conséquence historique de
toute une période sociale avec la formation des pays impérialistes
et par là même d’une aristocratie ouvrière.
C’est je
crois quelque chose de plus profond (on a d’ailleurs retrouvé des
choix analogues dans des alternatives du même genre dans d’autres
circonstances) : je veux dire que la division horizontale en classes
est apparue dans l’histoire des sociétés beaucoup plus tard que
la division culturelle segmentaire : ethnie, nation, peuple, et
qu’il y a une loi anthropologique, aussi bien dans l’organisation
psychique que dans l’organisation sociale, aussi bien de
l’ontogénèse que de la philogénèse, et qui est que les couches
les plus profondes d’une formation nationale ou d’une
personnalité sont celles qui résistent le mieux. Autrement dit,
que l’archaïque, c’est le noyau dur. C’est ce qui est le plus
ancien et le plus actif. Donnée psychanalytique et historique de
base."
10A
lire sur le site Mezetulle. J'avais déjà relevé cette conversion
bizarre de Carlos dans mon livre Immigration et religion.
11Le
terme « islamophobie »
suggère à l'origine une peur collective de la religion musulmane.
Mais il s'impose depuis quelques années comme l'ensemble des
réactions de rejet vis-à-vis des personnes musulmanes (ou
supposées telles). En effet, si le suffixe « phobie »
désigne étymologiquement une peur, son sens a dévié et peut
désigner
communément une notion d'« hostilité sociale », comme
dans les mots xénophobes, homophobes, etc.". Belle déviation
grammairienne en effet, les procureurs de la novlangue sont
débiles.
12Devra-t-on
créer aussi un Conseil contre la francophobie, notoire et
répétitive: "les françaises sont des salopes", "une
arabe qui sort avec un gaulois est une salope", etc.
13On
peut surtout supputer qu'il fait montre d'un chauvinisme français
de bon aloi pour justifier un nationalisme juif car il semble choqué
par la déclaration de Tony Judt, essayiste autrement pertinent.
Dans un article publié en 2004 dans la revue Le Débat, l'historien
anglais Tony Judt écrivait que «dans un monde où les nations et
les hommes se mêlent de plus en plus et où les mariages mixtes se
multiplient, où les obstacles culturels et nationaux à la
communication se sont presque effondrés, où nous sommes toujours
plus nombreux à avoir des identités électives multiples, et où
nous nous sentirions affreusement gênés s'il nous fallait répondre
à une seule d'entre elles ; dans ce monde, Israël est
véritablement un anachronisme.»
14"Quant
à ceux qui assimilent les offensives djihadistes à une expression
des rivalités "inter-impérialistes", ils se révèlent
pour le moins frappés de cécité ou plutôt se mettent à
eux-mêmes des œillères pour tenter conforter leurs schémas
habituels et éculés. Les piliers fondateurs et incontournables du
capitalisme ne sont pas les religions mais : le productivisme,
l'industrialisme, le consumérisme et la réification du vivant.
Comme l'indiquait Claude Bitot récemment, parler de "barbarie
capitaliste" est un non-sens : nous tous, vivons depuis
1945 dans un monde relativement stable, qui nous a apporté confort,
sécurité (même si elle est toujours restée relative),
consommation et loisirs. Les barbares islamistes se sont développés
en opposition justement à la modernité capitaliste.
Par ailleurs, le monde actuel avance tranquillement mais sûrement vers sa crise définitive : définitive, au sens où la forme sociale capitaliste se sera effondrée, au sens où l'alternative de l'humanité sera barbarie ou cours vers le communisme". (JL O)
Par ailleurs, le monde actuel avance tranquillement mais sûrement vers sa crise définitive : définitive, au sens où la forme sociale capitaliste se sera effondrée, au sens où l'alternative de l'humanité sera barbarie ou cours vers le communisme". (JL O)
15J'actualise
car Dangeville a écrit tout cela il y a quatre décennies et n'a
jamais connu Daesch et consorts.
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