« L'existence et la domination de la classe
bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux
mains des particuliers, la formation et l'accroissement du Capital; la
condition d'existence du capital, c'est le salariat. Le salariat repose
exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l'
industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans
résistance, substitue à l'isolement des ouvriers résultant de leur concurrence,
leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la
grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur
lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout,
la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du
prolétariat sont également inévitables. » Manifeste
communiste de 1848
« Surprise l’Europe s’est réveillé brutalement
de sa torpeur bourgeoise (…) Le secret de la révolution du XIXème siècle est
révélé du haut d’une tribune européenne ». Marx (Les luttes de classe en
France)
COMMENT PEUT-ON ETRE SUISSE ?
La dernière
« votation » suisse va encore faire couler beaucoup d’encre et de
larmes pour les fantasmes liés à l’immigration et la fin d’une certaine
démarcation entre gauche et droite du système politique bourgeois bien que
mettant à mal l’irénisme religieux dominant. L’UDC suisse aurait su faire
naître un sentiment de peur et de rejet ; c’est le troisième vote
consécutif sur les mêmes thèmes – que certains disent islamophobes – gagné par
ce parti, après l’interdiction des minarets et le renvoi des criminels
étrangers[1].
Cette nouvelle orientation – au titre brutal autant qu’inattendu « la fin de l’immigration de masse » - votée à une courte majorité dimanche prévoit un délai de trois ans pour réformer la Constitution et permettre à la Suisse de maîtriser son immigration en créant des quotas pour l'embauche de citoyens européens. La mesure ne devrait pas s'appliquer aux résidents et aux travailleurs frontaliers actuels. Le gouvernement fédéral a indiqué dimanche qu'il irait vite, mais la mise en œuvre de cette mesure devrait prendre du temps en raison des structures décentralisées de la Suisse[2].
UNE MESURE QUI DECLENCHE L’HYSTERIE DES MENTEURS PROFESSIONNELS
Le thème d’immigration « de masse » peut sembler exagéré pour un petit pays qui ne subit aucune immigration massive, aucun chômage massif (3%) et qui est lui-même un vieux patchwork de diverses nationalités. Mais parce que l’électeur lambda est considéré comme une autruche bête et méchante incapable de raisonner outre frontière, seulement habilité à désigner les représentants de l’élite oligarchique-aristocratique dans tous les pays. Or la question de l’immigration inévitable, massive, débordante, problématique est devenue une préoccupation mondiale où personne ne peut plus raisonner intra-muros ni sereinement. Et aussi parce que le système électoral suisse est probablement le plus démocratique du monde au sens où il permet des consultations référendaires sur des questions sociales, aussi bien sur l’avortement que sur les édifices religieux. En un sens, s’il n’existait pas la domination de la bourgeoisie, ce système se rapproche le plus de la démocratie directe. Si un tel référendum avait eu lieu en France par exemple, en dépit du discours œcuménique et des campagnes moralistes de la gauche caviar au pouvoir, nul doute que la réponse positive eût été plus écrasante encore.
L’interprétation scandalisée a été la même dans l’ensemble des pays européens : les suisses sont des salauds ! Du Monde au Figaro en passant par Libération et tous les sites gauchistes « antifas » éberlués candidement de cette « votation anti-immigrés » ; en tête de l’hallali l’hebdo bcbg de la gauche bourgeoisie le Nobs : « Première leçon. La Suisse n'a peut-être pas voté contre l'Europe, dimanche. Mais elle a, à coup sûr, voté contre les ressortissants de l'Union européenne (UE). Il n'est pas certain que la différence soit évidente. Les électeurs se sont prononcés pour « la fin de l'immigration de masse ». Sur proposition de l'Union démocratique du centre (UDC), parti populiste et antieuropéen, ils entendent remettre en cause les accords conclus en 1999 entre Berne et Bruxelles. Entrés en vigueur en 2002, ceux-ci instaurent la libre circulation des biens et des personnes entre la Suisse et l'UE » (cf. Le Monde lifté).
On nous a assuré qu’était ciblé « le gros de
l’immigration de masse essentiellement des allemands, des français, des
italiens des portugais » selon la tactique complotiste bien connue du
« bouc émissaire » : «Le « oui » l'emporte là où il y a le moins
de travailleurs immigrés européens et le plus de chômeurs nationaux. On dira
que c'est un vote antiélitiste, anti-patronat, anti-syndicats,
antigouvernemental ; un vote de crispation identitaire, suscité par une formation populiste qui manie sans
scrupule la tactique du bouc émissaire ».
La Suisse aurait sombré dans la « dérive
populiste ». Le peuple suisse est réac, donc accablons le de sobriquets,
il est facho ! En réalité la
Premièrement, le vote est le résultat conjugué de la peur et de la colère. Il est en, effet, scientifiquement établi que les citoyens, êtres frustes et rustauds, sont toujours plus ou moins primitifs et enclins entièrement et uniquement à des pulsions primaires et donc incapables d'analyse critique et de raison. Le deuxième point consiste à relever qu'il n'a pas été répondu à la question soulevée. En définitive, ce type d'article, symptôme d'un profond mépris de la démocratie et des citoyens qui l'exercent est navrant ». (…) « Le "surf sur les peurs", la "xénophobie", le "repli sur soi": voilà les éternels griefs de la caste contre les citoyens qui refusent la servitude par la submersion qu'elle veut leur imposer.
C'est exactement l'inverse. C'est la caste qui tente de faire peur en prétendant que les Européens vont manquer d'esclaves importés dociles et bon marché. C'est la caste qui excite la xénophobie en tentant de monter les Français contre les Suisses dont le vote -à entendre ces propagandistes- viseraient les frontaliers français. C'est la caste qui vit repliée sur soi, fermée à tout débat, caricaturant l'opposant, petite oligarchie sourde au sentiment populaire de bon sens qui partout gagne les peuples d'Europe. Nous n'avons que faire de ces avis de "politologues" et autres médiateux mondialistes qui débitent la même vulgate de pays à pays, sortis des mêmes moules à penser, payés à se recopier de langue à langue, et roulant pour les mêmes maîtres. L'avenir est aux peuples libres et donc solidaires contre leurs tyranneaux à masque démocratique. On n'en est qu'aux prémices du grand coup de balai ».
démocratie directe ne s’use qui si l’on s’en
sert quitte à s’asseoir dessus ; un commentateur décrit le tour de passe-passe
avec subtilité : « « Le journalisme moderne a parfois des
pratiques singulières. L'une d'elle consiste à expliquer pour quelles raisons
des citoyens se sont fourvoyés en votant mal, idée subjective qui signifie que
les électeurs ne sont pas dans une certaine ligne de pensée. Il convient
initialement pour le journaliste de s'abriter derrière un expert certifié. Celui
ci devra être choisi d'une manière tout à fait rudimentaire: il doit exprimer
l'avis du journaliste, du média en question. L'expert, qui a bien entendu
effectué, sur les raisons du vote de la veille, un patient et long travail
sociologique de fond, se doit d'expliquer deux points:Premièrement, le vote est le résultat conjugué de la peur et de la colère. Il est en, effet, scientifiquement établi que les citoyens, êtres frustes et rustauds, sont toujours plus ou moins primitifs et enclins entièrement et uniquement à des pulsions primaires et donc incapables d'analyse critique et de raison. Le deuxième point consiste à relever qu'il n'a pas été répondu à la question soulevée. En définitive, ce type d'article, symptôme d'un profond mépris de la démocratie et des citoyens qui l'exercent est navrant ». (…) « Le "surf sur les peurs", la "xénophobie", le "repli sur soi": voilà les éternels griefs de la caste contre les citoyens qui refusent la servitude par la submersion qu'elle veut leur imposer.
C'est exactement l'inverse. C'est la caste qui tente de faire peur en prétendant que les Européens vont manquer d'esclaves importés dociles et bon marché. C'est la caste qui excite la xénophobie en tentant de monter les Français contre les Suisses dont le vote -à entendre ces propagandistes- viseraient les frontaliers français. C'est la caste qui vit repliée sur soi, fermée à tout débat, caricaturant l'opposant, petite oligarchie sourde au sentiment populaire de bon sens qui partout gagne les peuples d'Europe. Nous n'avons que faire de ces avis de "politologues" et autres médiateux mondialistes qui débitent la même vulgate de pays à pays, sortis des mêmes moules à penser, payés à se recopier de langue à langue, et roulant pour les mêmes maîtres. L'avenir est aux peuples libres et donc solidaires contre leurs tyranneaux à masque démocratique. On n'en est qu'aux prémices du grand coup de balai ».
Un autre commentateur remarque tout aussi
sensé mais mettant dans le même sac le « parti paysan » auteur
de cette initiative bizarre: « …Montée du populisme ? Repli sur
soi ? Méfiance à l’égard des étrangers ? Ou astuce politicienne de
formulation par l’introduction de l’adjectif « massive » ? (…)
« En conséquence, le "Non à l'immigration massive" ne signifie
pas 1’opposition à toute immigration mais à l’immigration non contrôlée, non
choisie, non voulue. Le résultat de ce Référendum (ni franc, ni massif), n'est
pas le signe d'une montée du populisme, ni d'un repli sur soi. Si le résultat
négatif avait été massif (80 ou 90 % des votants) et avec une participation
élevée (80 %, par ex., et non 60 % le 9.2.14) une telle hypothèse aurait pu
être émise. La Gde-Bretagne, entres autres pays de l'UE, ne fait pas partie de
"l'espace Schengen" sans pour autant être considérée comme un pays
très hostile à l'immigration »[3].
Trois citoyens suisses ne se choquent pas d’un
tel vote mais mettent en évidence qu’il sert à voiler la question
sociale :
- « « Il fallait dire stop » par Alexia
« C'est parfait que la votation soit passée serrée ! Oui, il fallait dire stop à une accélération de l'immigration, mais ne pas laisser croire que nous étions des rétrogrades non plus. Concrètement, la vie s'est quand même globalement compliquée ces dernières années, avec une énorme pression en Suisse romande sur les loyers, une grande augmentation de la circulation avec l'arrivée de frontaliers, d'immigrés. Il faut prendre le temps d'intégrer correctement les nouveaux arrivants ».
- « Un grand jour pour la Suisse » par Matteo R. (Locarno, étudiant)
« J'habite dans le canton du Tessin, qui a
massivement approuvé le texte avec 68,2 % de oui et me rejouis vivement de
ce vote. C'est un signal clair envoyé au gouvernement, qui doit se rendre compte que la Suisse a besoin de réformes, pas
seulement dans la politique
migratoire, mais aussi dans les domaines des transports, de la santé, du logement et, surtout, du marché du
travail. Le peuple suisse a démontré qu'ils ne se pliait pas à la peur et aux
menaces que les opposants au texte et l'Union européenne ont
proférées. C'est un grand jour pour la Suisse ».
- « Exister face au poids lourd européen » par Sebastien M. (Genève, employé de banque)
« J'ai voté oui. J'y ai longuement réfléchi,
ai pesé le pour et le contre, lu beaucoup d'avis contradictoires. Et je dois avouer qu'il n'y avait pas d'argumentation structurée au
refus de ce texte. Le seul argument entendu (et rabâché) était : attention,
l'Europe va sévir si le peuple suisse accepte l'initiative. Cela a
attisé la défiance du peuple suisse face à une Europe se voulant hégémonique.
Avec ce vote, il y a ce sentiment « d'exister » face au poids lourd
qu'est l'Europe. Les conséquences ?
On verra bien, mais il y a fort à parier qu'elles ne seront pas aussi catastrophiques que
l'UE veut bien le faire croire... ».
Tous ces commentaires lucides sont évidemment
noyés dans la masse des bonnes âmes intellectuelles gauchistes qui jouent les
pleureuses (élections pièges à cons… quand elles ne sont pas
« bonnes »). Surnagent en gras les analyses techniques et
moralisatrices des « experts » de l’élite, dont un certain
politologue (ah ah) suisse, Pascal Sciarini : « Un vote identitaire
contre l’immigration, pas contre l’Europe », et il est appuyé par un
certain nombre de patrons suisses des… services. Or ce n’est ni l’une ni
l’autre des interprétations. Un obscur syndicaliste suisse est plus proche de
la vérité en venant déclarer que c’est surtout un vote contre le gouvernement,
mais on ne lui laisse pas le temps de développer. Toute élection dite
démocratique sous les auspices de la dictature bourgeoise est faussée, avec
ledit adjectif c’est clair. Néanmoins si ce n’est ni contre l’Europe en soi, ni
contre les immigrés, c’est bien contre la façon dont le (et les) gouvernement
traite la question de l’immigration que les petits suisses ont eu le
« malheur » de se prononcer !
Cette hystérie contre les électeurs suisses de
Fabius à Cohn Bendit révèle combien la bourgeoisie mondiale est coincée dans sa
tactique récurrente et journalière de DISSOLUTION du prolétariat,
d’obscurcissement de sa conscience de classe par :
-
Son intégration forcée et complice des religions les
plus arriérées,
-
Son assimilation conviviale des minarets, des voiles et
des barbus en robe de bure.
Sous couvert de l’hypocrite « liberté de
mouvement des citoyens », la bourgeoisie des pays dominants tolère les
pires aliénations pour attirer le pauvre prolétaire immigré, pour qu’il se
sente « chez lui » dans les pires conditions d’exploitation ;
enfin pour accompagner et développer l’éclatement des classes sociales en
communautés durcies par leurs barrières religieuses, pour dissoudre toute
alternative de classe révolutionnaire[4]
dans le multiculturalisme bon teint, et le convivial « vivre
ensemble »… dans une misère différente !
La votation suisse est venue de plus méchamment
mettre un bémol à la campagne que comptait lancer le gouvernement français
cette semaine, qui voulait remettre en selle en partie le rapport gauchiste des
obscurs de Terra Nova de décembre dernier[5].
En fin de semaine dernière « Le Parisien » avait annoncé que le
gouvernement comptait ressortir « le dossier ultrasensible de
l’intégration des personnes étrangères » dont l’une des mesures phares
proposait un retour partiel du voile à l’école, en contradiction avec la
loi : « … même si les mots de quotas
ou de discrimination positive à l’américaine ne sont pas prononcés, ces
concepts inspirent cet ensemble de propositions (dont Matignon n’a pas encore
précisé lesquelles seront retenues mardi). La France, qui campait jusque-là sur
son modèle d’intégration républicaine, se rapprocherait du modèle anglo-saxon,
qui fait la part belle aux communautarismes. Mais voilà, notre sondage BVA pour
i>télé et Le Parisien-Aujourd'hui en France montre que les
Français sont nettement opposés au principe de discrimination positive : 67 %
des personnes interrogées sont contre. Les plus hostiles étant les
sympathisants de droite (à 83 %). Ceux de gauche sont plus partagés (48 % pour,
49 % contre). « C’est un renversement de situation par rapport à ce que nous
enregistrions il y a neuf ans », commente Céline Bracq, de BVA. Autre
enseignement de notre sondage, qui devrait être scruté au moment où Matignon
fourbit ses mesures : une large majorité de sondés (77 %) estiment que c’est
aux personnes d’origine étrangère elles-mêmes de s’intégrer, plutôt qu’à la
société de faciliter leur intégration. Plus étonnant, et plus gênant pour
l’équipe au pouvoir, ce point de vue est partagé à droite (à 95 %) comme à
gauche (à 56 %) ».
UNE DECONSTRUCTION PERMANENTE DE LA CLASSE
OUVRIERE
Si Mitterrand sût parfaitement se servir et
enfler le FN pour faire passer au second plan sa gestion bourgeoise et
anti-ouvrière de l’Etat français, et rallier à sa cause
« antifasciste » la noria des gauchistes, l’idéologie de la gauche au
pouvoir avait besoin d’un solide dépoussiérage. Après les thèmes sociétaux
faussement subversifs du mariage des homosexuels et du comique anti-blancs de
Dieudonné, la question de l’immigration redevient le thème favori pour faire
prendre des vessies pour des lanternes, délicat sujet qui tient aux rapports de
l’élite et du peuple indifférencié ; « l’immigrationnisme, ou la
dernière utopie des bien-pensants », comme le dit joliment Pierre-André
Taguieff
Les cabinets obscurs du pouvoir travaillent le
sujet depuis longtemps. Il est intéressant d’observer le déroulement de la
commission parlementaire présidée en 2012 par Valls[6],
pas encore ministre, qui avait convoqué la sulfureuse Michèle Tribalat.
Laquelle « spécialiste en démographie » avait découvert des
« horreurs » dans le trafic des données immigratoires, notamment un
envahissement des comportements et colifichets la religion musulmanne et une
fixation communautariste qui révèle que dans le 93 l’islam est la première
religion, tout comme les jeunes subsahariens de l’Essonne sont de plus en plus
majoritaires dans certaines écoles. La démographe se contenta d’une
présentation sobre et lisse, vu qu’elle est stigmatisée comme une oie clandestine
du FN. Il n’y a pas débat, les quelques parlementaires présents, dont le
collectionneur de montres Julien Dray, se contentent de poser des questions.
Etrangement la question qui revient le plus souvent de la part de Valls concerne
les mariages mixtes et la double nationalité. Tribalat répond que les mariages
sont « durs », les cathos se marient entre cathos et les musulmans
entre musulmans = intégration zéro,
mixité zéro. Il apparaît en effet que la double nationalité est désormais la
chose la mieux partagée ; caractéristique qui était plus ou moins
reprochée jusque là aux seuls juifs nationalistes israéliens. Les pires sont
les portugais dont seulement 16% ont accepté la nationalité française. En
réalité, les matchs de football sont là pour le rappeler, le sentiment national
d’origine reste prégnant. Les « double nationalité », résidant et
travaillant en France, ressortent leur drapeau national, qui algérien, qui
italien, qui portugais, à chaque compétition. Le sport entretient
« l’identité nationale » mieux que tout discours
« socialiste » ou montebourien. Vertu bigleuse de l’idéologie ! C’est
aussi et surtout, même si Valls n’exprime pas son opinion, le meilleur remède
contre tout internationalisme fraternel! Et c’est pourquoi ces jeux, bien
qu’émaillés de saillies racistes et chauvines, ont toutes les faveurs de l’Etat
« multiculturaliste ».
La pauvre démographe, bien que faisant des
constats de clivages et d’autisme communautariste sans penser à mal ni adhérer
aux imbécilités du FN et de Soral, n’aperçoit qu’un aspect du mensonge
déconcertant dans les différents bluffs et confusions sur l’utilité nataliste
et productive des immigrés en général selon leurs avocats gouvernementaux,
patronaux et gauchistes, survalorisés par l’opposition plouc et impuissante du
FN[7].
Elle végète dans l’espoir frelaté d’un meilleur contrôle « national »
alors qu’il n’existe ni solution nationale ni solution européenne. Et elle ne peut ni raisonner en termes marxistes,
puisqu’elle ne voit pas la spécificité prolétarienne de la majorité des
immigrés, volontaires ou forcés. Puisqu’elle participe elle aussi à une fausse
problématique étroite qui ne peut penser la stratégie étatique de négation de
la classe ouvrière. Toujours est niée la politique volontariste sournoise du
patronat et de son gouvernement.
La proposition de discussion par la droite sarkozienne
au pouvoir d’un débat sur l’identité nationale a failli parce que la fraction
de gauche bourgeoise l’a refusé, avec raison de son point de vue puisque des
horreurs seraient venues plus incandescentes sur la place publique, et surtout
parce, fieffé service mutuel, la droite se serait emmêlé les pinceaux avec le
FN. Les colonnes des médias sont pourtant régulièrement emplies des
considérations de moult spécialistes qui brodent en particulier sur le passé de
l’intégration des immigrés. La mode est de faire croire que le même type de
problèmes a toujours existé dans la classe ouvrière. On nous assure que les
immigrés polonais italiens, etc. furent toujours mal accueillis. Ce n’est que
partiellement vrai. Toute l’histoire du mouvement ouvrier démontre le
contraire, en France comme aux Etats Unis. Très rapidement on trouve dans
toutes les tentatives révolutionnaires et les mouvements de grève une FRATERNITE
internationaliste qui se fiche des clivages nationaux. On nous objecte alors
que cette espèce de travailleurs
européens était d’obédience catholique. Ceci expliquerait une meilleure
intégration et confraternité[8]comparée
à l’hydre mahométane.
L’exil n’est plus politique mais une immigration
sociale qui peine à renouer avec la conscience de classe commune. On priait le dieu
catholique certes dans certaines usines au XIXème siècle, mais la coutume
superstitieuse avait disparu au XXe siècle quand une régression s’est installée
à la fin du XXe siècle avec l’instauration de la prière musulmane dans des
usines françaises, voire dans la rue. On a désigné longtemps les accommodements
intéressés des marchands de travail et de sommeil dans un monde moderne où les
tâches ingrates étaient répudiées de plus en plus par les travailleurs nationaux.
Il ne peut plus être caché que ces accommodements sont devenus le fait, fait
planifié et idéologisé de tous les Etats dans la crise mondiale des conditions
d’exploitation.
Cet accommodement implicite est lié directement à
la fin des colonisations. Les anciennes colonies n’ont jamais pu rivaliser avec
les anciennes puissances et ces dernières leur ont laissé pour seul legs de
fournir un réservoir mondial de main d’œuvre et à condition de continuer à
piller leurs matières premières. Seconde étape dans la focalisation sur
l’immigration, la chute du bloc russe et de diverses dictatures du tiers-monde,
la boite de Pandore ne s’est pas simplement ouverte sur de nouvelles guerres
mais, sous le vocable de mondialisation, a généré encore plus de pauvreté et
d’appel d’air pour une main d’œuvre affamée. Certains prévisionnistes des
années 1960 avaient déjà prévu un envahissement ou plutôt la fuite de peuples
entiers. La dénonciation du « danger immigré » par le FN français
dans les années 1970 n’était alors qu’une stratégie électorale de parti
bourgeois plus intéressé que les autres à diviser la classe ouvrière et à lui
faire croire à des solutions nationales pourvu que cette fraction d’arrivistes
puissent se partager le gâteau. Tout autre est la situation aujourd’hui qui
implique un étouffement du capital
variable dans le chaos économique et financier, qui ne peut plus réglementer la
misère mais est coincé dans sa course effrénée au profit. Il existe désormais
une surpopulation qui ne peut plus être intégrée à la production et qui peut
être marchandée et prise en otage. Le capitalisme à l’agonie ne peut plus
générer que le bordel, le gérer de plus en plus mal et en faire subir les
avanies aux populations. Plus que jamais le salariat repose sur « la
concurrence des ouvriers entre eux », comme le dit le Manifeste de 1848,
mais cette concurrence est plus perversement subtile et mondialiste, surtout
pas internationaliste, notion qui, dans les trois internationales, respectait
et se flattait des origines nationales diverses. Elle touche aux modes de vie,
aux lieux de convivialité. Les lieux de prière sont devenus des lieux
d’exclusion et de destruction de la conscience de classe. Avec la disparition
du faux communisme russe sont réapparues les pires superstitions, mais dans la
foulée des dites libérations nationales, avec l’idéologie anti-impérialiste
maoïste ou trotskienne, qui redore surtout l’islamisme moyenâgeux comme
« religion des pauvres » des ex-colonisés, comme révolte anti-USA,
dite « anti-système » dominant, lequel n’est pas spécifiquement
américain. Fausse révolte ou révolte déviée dont les cliques concernées quand
elles ne restent pas dans les limbes de l’idéologie terroriste, pratiquent une
même oppression bourgeoise une fois au pouvoir, voire en pire concernant les
femmes.
Les révoltes du printemps arabe ont pâti de
l’absence d’un projet crédible et traditionnel d’alternative au capitalisme.
Elles n’ont pas mis fin au réservoir de main d’œuvre puisque les Etats
concernés n’ont pas pu être renversés mais se sont perpétués en pire. Les
mouvements de révolte ne sont jamais l’effet mécanique des rapports sociaux
existants. Les raisons qui font qu’on se révolte ne sont jamais les raisons
qu’on aurait de se révolter. Les révoltés du croissant arabe ne sont pas
révoltés pourtant pour favoriser la construction de minarets en Europe mais
pour du travail et le droit de vivre dignement. Le réformisme de la bien-pensance
bourgeoise européenne combat pour tourner le dos à l’aspiration de fraternité
hors religion qui se dégageait du printemps arabe initialement. Les rapports
sociaux peuvent être momentanément déréglés par les masses et même si les
observateurs bourgeois se sont refusés à y voir un mouvement de fond de la classe
ouvrière : « … il en découle que la loi de l’ordre social, en tant
qu’ordination de la lutte des classes, c’est d’entraîner mécaniquement la
tendance des classes dominées à ne pas lutter en vue de leurs intérêts. En
résumé, les conditions de l’adhésion des dominés au système qui perpétue leur
domination sont toujours déjà données dans une structure sociale ou plus
précisément : les stratégies de dépolitisation qui effacent la
conflictualité du social, aussi bien que les mouvements de politisation qui s’efforcent
de l’y introduire sont des moments de la lutte »[9].
Est-elle encore si loin l’émancipation du
prolétariat porté par des « rêves insensés » quand toute la
bourgeoisie européenne est « retournée à cette forme inférieure
incomplète et plus faible qu’est la monarchie » (Marx) ?
COMMENT LA BOURGEOISIE MODERNE ENTRETIENT LA
DIVISION ENTRE PROLETAIRES IMMIGRES ET NATIONAUX
Ce n’est plus seulement par les inégalités de
salaire, le dumping social, la promesse de grimper l’ascenseur social que la
bourgeoisie instaure la division des prolétaires mais par les coutumes
maintenues ou rétablies, coutumes religieuses et vestimentaires. La démographe
Michèle Tribalat pose mal le problème en disant que « les pouvoirs publics
relativisent l’immigration » et chipote sur les entrées et sorties
migratoires et rêve à un « bon contrôle » de l’immigration. Ce qui
n’empêche qu’elle fait des constats chiffrés dérangeants pour les tenants du
pouvoir :
« Pouvoirs publics,
médias, experts n'inventent pas des chiffres, mais ils privilégient les
instruments qui relativisent l'immigration et présentent ses effets sous un
jour favorable ou, lorsque ce n'est pas possible, qui mettent les immigrés ou
leurs descendants en position de victimes. Dans notre pays, on semble plus
préoccupé par l'effet de l'information que l'on diffuse que par la réalité
qu'elle recouvre. Un climat antiraciste joue, qui incite à la prudence: on
cherche à éviter d'alimenter les craintes des Français et à améliorer leur
opinion sur l'immigration. Dans notre époque mondialisée, l'immigration
apparaît comme une fatalité. Autant la présenter sous un jour favorable. (…)Les
nombreuses études étrangères s'accordent généralement pour constater un effet
négatif sur les plus bas salaires lorsque l'immigration est faiblement
qualifiée. Les nouveaux immigrés entrent en concurrence avec les salariés peu
qualifiés déjà présents, dont les immigrés, et font baisser les salaires. Une
enquête britannique a testé l'effet de l'immigration récente de travailleurs
des pays de l'Est, en particulier de travailleurs polonais. Ces immigrés
étaient plutôt bien qualifiés mais se sont déclassés sur le marché du travail
britannique et ont concurrencé les salariés les moins bien payés. En France,
l'immigration n'est pas très qualifiée, un peu plus de 40% de sans-diplôme dans
le flux de 2006. Elle est, par ailleurs, très dépendante des liens familiaux
tissés avec des étrangers. L'immigration familiale a changé: elle n'accompagne
plus à distance, comme autrefois, le flux d'entrées de travailleurs. Elle
comprend désormais des unions dites mixtes entre Français et étrangers, dans
lesquelles le conjoint français est bien souvent d'origine étrangère. Ces
unions ouvrent ainsi un droit à immigrer à un étranger qui vient du même pays
que celui des parents de son conjoint français. L'immigration, même
qualifiée, ne pourra jamais rétablir à elle seule l'équilibre des finances
publiques ». (…) En France, s'interroger sur les bienfaits annoncés
comme inévitables de l'immigration, c'est déjà pécher. Etre en faveur d'une
politique migratoire plus restrictive est forcément répréhensible. On fait
alors immédiatement partie des "méchants" qui ne veulent pas
accueillir des malheureux, et l'accusation de racisme n'est jamais bien loin.
Nous n'avons pas le goût de la vérité. Du coup, le débat est monopolisé soit
par l'extrême droite, qui clame qu'il faut fermer les frontières, soit par ceux
qui pensent que l'ouverture totale des frontières est notre destin. Les deux
positions étant totalement chimériques ». (…) Aux Pays-Bas, par exemple, nous
avons assisté à l'émergence du phénomène Pim Fortuyn. On y a souvent vu une montée en puissance de
l'extrême droite, alors que Paul M. Sniderman et Louk Hagendoorn ont montré que cela traduisait, en
fait, un mécontentement surgi du coeur de la société. La réaction a touché des
gens plutôt tolérants sur la question de l'immigration, qui n'avaient pas une
vision négative de l'islam mais qui rejetaient certaines pratiques sociales des
musulmans ».
En 1998 un idéologue historien officiel Hervé Le Bras
lui souffle dans les bronches. « « La démographie française est en
passe de devenir un moyen d'expression du racisme », écrit-t-il dans Le
Démon des origines. Dans cet essai, Le Bras accuse les méthodes de Michèle
Tribalat de conduire à la notion de « Français de souche » et,
partant, à la « xénophobie ». La voilà habillée comme
« islamophobe déguisée » pour ses livres : « Les grands
yeux fermés » et « Assimilation,
la fin du modèle français »[10].
Les justifications de l’intérêt de
l’immigration « pour l’économie française » ne manquent pas :
elle va compenser le déficit de natalité européenne, elle contribue à la
croissance économique des pays d’accueil, elle permettra de combler le gouffre
des retraites, etc. Cette étrange allégeance et reconnaissance de la population
immigrée indifférenciée, se fiche des conditions sordides de cette
« assimilation productive » et raisonne sur une
« catégorie », comme Tribalat, l’excluant en quelque sorte de sa
classe d’appartenance la classe ouvrière. Il est en outre totalement absurde et
aberrant de vouloir quantifier l’apport à l’économie des travailleurs immigrés
puisqu’ils font partie d’un ensemble, d’une classe qui produit en tant que
telle pour toute la société. Le simplisme abonde dans cette ânerie en montrant
telle jeune africaine qui pousse une mamie sur sa chaise roulante et la presse
laisse filtrer qu’au niveau productif ce sont surtout les femmes de ménage
subsaharienne qui ont remplacé portugaises et espagnoles à Neuilly, souvent
surexploitées et flouées de toute considération. Cette immigration là ne
dérange personne. Là où le bat blesse c’est quand Tribalat aligne les chiffres
que masque l’Etat filou du Capital qui bavarde sur la mixité sociale heureuse
« ensemble » :
« En Ile de France, la proportion des
populations d’origine étrangère est passée de 16% à 37% entre 1968 et 2005. A
Blois, un tiers des jeunes sont d'origine étrangère, alors qu'ils n'étaient
qu'un sur vingt à la fin des années 60 ; à Grigny, dans l'Essonne, 31 % des
jeunes sont d'origine subsaharienne, soit trois fois plus qu'en 1990, ce qui
constitue le record de France. Les phénomènes de « concentration »
s’additionnent. Ainsi la ségrégation sociale s’ajoute à la ségrégation
ethnique. Dans le 18è arrondissement 37% des jeunes sont d’origine maghrébine,
subsaharienne ou turque et 62% de leurs voisins sont de même origine. Autant de
symptômes du déclin de la mixité que Michèle Tribalat assimile à des «
stratégies d’évitement ». Un constat, qui impose la nécessité impérieuse
de recourir à des données qualitatives : « Elles ont des implications
politiques évidentes. Nul doute que les écoles où les petits camarades
d’origine française se font rares nécessitent des investissements particuliers
». Sur un plan plus politique, Michèle Tribalat tente de démontrer
comment les législations européennes, l’idéologie
« droitdelhommiste », l’intrusion du pouvoir juridique et les
fantasmes de gouvernance mondiale ont -presque- réduit à néant la marge de
manœuvre migratoire française. « Puisque le migrant est le prototype du
monde qui vient, il faut une instance supranationale qui s’ajuste à l’univers
mondialisé du migrant ». C’est la
soupe experte qu’on nous sert ».
A ce stade ce n’est pas une perte
de l’identité française à laquelle on assiste mais à une société en
désintégration où l’afflux massif d’immigrés ne résorbe ni le chômage ni ne
réduit le nombre d’emplois en souffrance, ni ne comble les déficits de l’Etat
bourgeois. Mais la société en
désintégration la bourgeoisie n’en a que faire pourvu qu’elle continue à régner
surtout en désintégrant la classe ouvrière, en l’empêchant de retrouver sa
cohésion naturelle contre la classe dominante.
La mode est à l’exaltation du
nomadisme de Jacques Attali aux chanteurs gauchistes bien au chaud. Taguieff le
décrit bien : « Le droit d’immigrer dans un pays de son choix, sans
restriction, s’inscrit sur la liste des droits de l’homme élargie. Ceux qui
prononcent une telle série de jugements en arrivent logiquement à en déduire
que les États-nations supposés résiduels doivent faire appel à l’immigration,
en attendant leur disparition dans la post-histoire ouvrant l’âge du
post-national, celui de la paix universelle. Dans la démocratie cosmopolite de
l’avenir, il n’y aura plus ni nationaux ni étrangers, ni citoyens ni immigrés. Tous les humains seront intrinsèquement
mobiles. C’est la rengaine des chantres postmodernes du « nomadisme ».
L’indifférenciation sera la règle. L’humanité enfin unifiée vivra dans un état
de bienheureuse indistinction et de mobilité permanente. Le refrain chanté
par Homo mobilis sera : « Nous sommes tous des immigrés ». Mais ce
refrain ne sera plus compris que par les plus anciens. Telle est l’utopie
futuriste qui fait rêver nombre de nos contemporains. Elle implique une
auto-destruction de toute politique de l’immigration. Cette vague utopiste est
récente. C’est vers la fin du XXe siècle
qu’est née l’utopie messianique du salut par l’immigration ». (…) Dans le
langage militant du nouveau gauchisme, le « tri sélectif » est diabolisé par
amalgame polémique avec les « sélections » à l’entrée des camps d’extermination
nazis, sur fond d’une indignation rituelle contre un « darwinisme social »
censé légitimer la concurrence généralisée et la « sélection des meilleurs ».
La « sélection » est ainsi condamnée comme intrinsèquement mauvaise, censée
mener au pire, selon le sophisme bien connu de la « pente glissante ». Tout
étranger qui se propose ou s’impose - tels les « sans-papiers », dits sans fard
« clandestins » ou, d’une façon euphémisée, « irréguliers », donc à «
régulariser » - doit être jugé digne
d’être accueilli et « intégré » (le terme reste à définir, si la chose est
possible). C’est la voie utopique et dangereuse du repeuplement à tout prix.
Les dirigeants politiques, voués à ouvrir les bras au monde, n’ont plus rien à
faire que dire et redire avec l’émerveillement requis : « L’immigration est une
chance pour la France ». Certains croient y voir la main de la Providence.
L’immigration, ajoute-t-on pour convaincre les adeptes de la néo-religion de la
Diversité, est une « richesse ». (…)Les
militants des causes identitaires ajoutent que ces pauvres ont des droits
particuliers en tant que descendants d’esclaves ou de colonisés. Il s’ensuit
que les Occidentaux, qu’on les disent « Blancs » ou « judéochrétiens », ont des
devoirs particuliers vis-à-vis des peuples qui ont souffert par leur faute dans
le passé. À commencer par un devoir collectif d’expiation ou de repentance. Il
va de soi que de tels coupables ne peuvent se permettre de nier le droit de
tout pauvre venant du Maghreb ou de l’Afrique sub-saharienne à venir
s’installer dans le pays ex-colonial de son choix. À gauche et à l’extrême
gauche, les nouveaux tiers-mondistes décodent le message sur la base du
postulat que « l’islam est la religion des pauvres », et en tirent une
conclusion pratique : les immigrés de culture musulmane, transfigurés par leur
pauvreté supposée et l’exclusion qu’ils sont censés subir, doivent être traités
en hôtes privilégiés. Les stratèges islamistes savent jouer sur ces idées
reçues et la culpabilité qu’elles entretiennent dans les esprits modelés par
une culture chrétienne diffuse. Fermer les yeux sur la guerre culturelle
non déclarée qui a lieu en Europe de l’Ouest tout particulièrement, c’est faire
preuve d’angélisme. Pour fonctionner avec le maximum d’efficacité symbolique,
l’argument standard doit s’accompagner d’un rappel culpabilisant de la «
richesse scandaleuse » des pays riches. La stigmatisation de la richesse
possède une force persuasive dont l’intensité n’est comparable qu’à celle de la
dénonciation des puissants ou des dominants ». (…) Les classiques associations par contiguïté ou
par ressemblance (« Vous parlez comme Le Pen », « Vos idées ressemblent à
celles de le Pen ») permettent de
disqualifier un adversaire politique quelconque. La « lepénisation » de
l’adversaire est devenue en France un instrument de guerre
idéologico-politique, dont la première conséquence est d’empoisonner de
soupçons et d’auto-censure le débat public. « Lepéniser » quelqu’un, dans
l’espace public, est une manière de le traiter de « raciste », donc de
l’exclure du cercle des personnes respectables et des interlocuteurs possibles.
Toute cette machine à délégitimer revient à tirer toutes les conséquences d’une
simple définition qui, par la répétition, a pris une valeur d’évidence : un «
lepéniste » ou un « raciste », c’est un individu abject qui pratique le « refus
de l’autre ». En adhérant au credo immigrationniste, on n’a plus à s’interroger
sur la question de savoir pourquoi il faut accepter « l’autre », et plus
précisément n’importe quel « autre ».
Comme Tribalat, Taguieff voit la surface
mais pas le fond de la politique immigrationniste bourgeoise dans le
« présent décadentiel » et n’est qu’un complice du forfait
idéologique, y voyant ce seul minable effet : « désarmer les nations
démocratiques face aux nouvelles menaces ». Oui mais lesquelles ?
L’immigration massive ou le machiavélisme bourgeois qui vise à pourrir les
conditions de vie de la classe ouvrière, à lui faire perdre sa mémoire et sa
conscience parce qu’elle ne peut qu’entraîner toute la société dans la
barbarie, même sans guerre mondiale ?
La bourgeoisie veut donc recycler ses
prévisibles fossoyeurs, selon le ringard Marx, non organisés en association
anticapitaliste mondiale mais découpés en tranches et ghettoïsés dans la
misère. Non plus nié sur le plan du travail, mais étrillé au niveau de sa conscience
et de son mode de vie, le prolétariat de chaque nation – surtout des « vieilles
nations européennes » doit continuer à subir exploitation, peur du
lendemain et leçons de morale par les intellectuels d’Etat. Il doit accepter de
considérer que l’instrumentalisation des dogmes religieux signe le retour d’un
vrai progrès républicain post colonial tolérant envers toutes les formes de
mystifications moyenâgeuses. Il doit combattre sa haine de soi raciste par une
admission croissante du folklore religieux du « sud » pour ne pas
« perdre le nord » et accepter d’être « désorienté » dans sa
perception d’une fatalité moderne. Enfin rester conditionné à l’acceptation de
la ghettoïsation de son univers et de son mode de vie pour continuer
« ensemble » à vivre dans une misère graduée. Rien de nouveau, nous les marxistes maximalistes
nous disions déjà il y a plus de trente années, l’avenir du capitalisme c’est
d’aligner tout le monde sur le tiers-monde. Enfin la couche d’en bas.
Mais le prolétariat n’est pas complètement
lobotomisé.
[1] L'Union démocratique du centre (UDC) est un parti
politique suisse,
moralement conservateur et économiquement libéral. L'Union démocratique du centre est
née le 22 septembre 1971 suite à la fusion
du Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB) — fondé à Zurich en 1917 sous le nom de
Parti des paysans et renommé en 1937 lors de la constitution d'un parti suisse à partir des
sections de Zurich et de Berne — et de deux partis de Suisse alémanique (basés à Glaris
et aux Grisons). Du fait de cette filiation, l'UDC est
toujours appelée « parti agrarien ». En Suisse
romande, le parti s'appelait Parti des paysans, artisans et indépendants
(PAI). Le parti, qui
participe au gouvernement depuis 1929, d'abord sous le nom de PAB, s'est
renforcé au début des années 1990 sous l'impulsion de Christoph
Blocher qui affirme vouloir faire de l'UDC une « force
réactive ». Sa victoire en 1992 dans le référendum
contre l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen, au taux de
participation exceptionnellement élevé, a marqué la politique suisse.L'UDC se
développe depuis au détriment des partis de droite comme le Parti radical-démocratique (PRD), la
plus ancienne formation politique de la Suisse moderne, et du Parti démocrate-chrétien (PDC)8.
Le parti a obtenu 11,1 % des voix en 1991, 15 % en 1995 et 22,5 % en 1999. Il se positionne
comme le plus à droite de tous les partis représentés au gouvernement. Il reste le parti le plus
représenté au Conseil national, avec un peu plus du quart des sièges, et
dispose également de six conseillers aux États sur 46.
[2] La Constitution de 1999 est
la troisième constitution de la Confédération Suisse. Elle a été acceptée à la
double majorité des cantons et du peuple suisse le 18 avril 1999 et est entrée en
vigueur le 1er janvier 2000.
Elle organise le fonctionnement de l'État et ses rapports avec les
cantons, garantit un certain nombre de droits aux citoyens et oriente les buts
sociaux de sa politique.
Son préambule met en lumière les désirs du peuple et des cantons de
renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance ainsi que de vivre ensemble
dans le respect et l'aide mutuelle et enfin de faire usage de sa liberté. Aucun
lien avec un texte d'intention, tel que la Déclaration Universelle des Droits
de l'homme, n'est indiqué4.
La Constitution ne peut-être modifiée qu'à la suite d'une votation
populaire à la double majorité2.
L'Assemblée fédérale veille à ce que la constitution respecte le principe de
l’unité de la forme, celui de l’unité de la matière ou les règles impératives
du droit international et peut annuler un article selon ce principe même si
celui-ci est accepté par le Peuple3.
[3] Quoique
Cameron se soit récemment avoué hostile à une immigration « massive »
des hongrois et des roumains… Et que le gouvernement de Mme Merckel développe
des réseaux pour privilégier une immigration du sud de l’Europe au détriment du
monde islamique… en encourageant en Espagne en particulier l’apprentissage de
la langue allemande.
[4] Comme je le développe dans mon
livre « Immigration et religion », dont Gérard Bad, de Echanges,
avait considéré qu’il pourrait provoquer une utile réflexion en milieu
révolutionnaire. Ce qui n’est pas du tout le cas, puisque hormis le CCI qui
fourre tous les problèmes dans la « décomposition du capitalisme »,
gauchistes, anarchistes et maximalistes persistent à nous chanter
« travailleurs immigrés, travailleurs français même combat », mot
d’ordre vieillot non dans son contenu mais dans sa forme et ses implications.
Tous ces cuistres militants oublient une leçon marxiste fondamentale, tel mot
d’ordre qui fût révolutionnaire peut s’avérer un jour complètement réac. Cf. le « mourir pour la patrie » de
1789 n’a plus rien à voir avec le même mot d’ordre en 1914. (« Mourir
n’est rien, ce qui importe c’est la victoire » le libidineux Clemenceau).
[5] Cf.
Relire mon article à l’époque : « Assumer la dimension
arabo-orientale de la France » sur ce blog.
[6] http://www.lcp.fr/emissions/travaux-en-commission/vod/10472-audition-de-michele-tribalat-directrice-de-recherche-a-l-ined/michele-tribalat
[7]
L’immigrationniste militant comme son double l’antifa, plutôt fasciste dans sa
façon de faire la leçon et de menacer de représailles tout impétrant, ne fait
jamais rien de concret pour venir en aide réellement aux malheureux sans-papiers. Personne pour
recueillir les naufragés de la mer de misère personne aux queues des préfectures.
Tout est dans la gueule.
[8]
La réalité historique est
tout autre et admirablement décrite par Pardigon au milieu du XIXe siècle
ainsi que le rapporte Antoine Janvier: « De ce point de vue, qui est celui de l’auto-éducation de la révolution que
Marx pensait non à partir du deuil mais plutôt du phénomène de la répétition,
il est intéressant de noter que Pardigon confère un rôle et une puissance toute
particulière à l’exil. Pardigon insiste sur ce phénomène, principalement sur la
déportation à Nouka-Hiva dans les Marquises, sur la transportation au camp de
Lambessa en Algérie et au bagne à Cayenne – c’est-à-dire les trois principaux
lieux de déportation pour les prisonniers politiques de la Seconde République
puis du Second Empire –, mais aussi sur la simple proscription, abolie
seulement en 1859, entraînant l’exil, que ce soit en Angleterre, aux
États-Unis, ou dans d’autres pays. Pardigon en donne une description très
poétisée : « pèlerinage perpétuel », « des groupes de
proscrits sillonnent les chemins comme des pestiférés » , ils n’ont
plus de lieu propre et sont condamnés au nomadisme, du Piémont en Suisse, d’Ostende à Douvres puis « sur les voies
tracées par l’émigration irlandaise » les États-Unis. Mais, jetés dans la
dispersion et l’errance, ils sont comme unis par ce qui les isole et les sépare,
et en viennent à former une véritable Internationale de l’exil, effectivement
et concrètement sans propriété, sans patrie, sans famille. Ils alimentent
depuis le dehors les énergies vives d’une révolution dont le cœur s’est
refroidi, mais dont « la force vitale persiste aux extrémités et alimente
les centres exténués », écrit Pardigon d’une métaphore physiologique
renversée . En terre d’exil, ils se branchent sur toutes les énergies
révolutionnaires qui avaient été éveillées dans le monde par la Révolution de
Février, qui sont restées vivaces et peuvent la féconder à leur tour. Ils
portent en eux, sur leur corps, à même leur condition d’exilé, le témoignage de
la révolution ; ils sont « le livre vivant de la République
universelle » . Thèse paradoxale : la diaspora des républicains
dans l’exil fabrique du commun, leur fabrique une unité qu’ils
manquaient à se donner « chez eux », à la maison – l’exil est le
« terrain commun » où la classe ouvrière se fait son auto-éducation,
« des emprunts et une éducation réciproque » .
[9] Cf.
Janvier Antoine, « Un apprentissage de la révolution, Marx et la
conjoncture 184861851 », Cahiers du GRM 2007. « L’apprentissage n’est
pas le fait des seuls ouvriers. La bourgeoisie aussi s’éduque en se trouvant
aux prises avec le prolétariat ». L’auteur puise abondamment dans
l’admirable texte de Marx : « Les luttes de classe en France ».
On se souvient de la fameuse phrase de Marx, inversée en 1968 :
« Derrière les bulletins de vote, il y a les pavés ».
[10] Avec
son compère Todd, Le Bras nous joue la lyre de l’homme universel, en tâclant la
classe ouvrière autochtone, présumée ex-stalinienne d’arriération électorale
frontiste : « Oui, voyez le FN. Dans les années 1980, il sévit dans
les zones d'immigration maghrébine ou de violence. Puis, peu à peu, ce parti
gagne des espaces plus centraux, laïques et postrévolutionnaires, où en
principe il n'a rien à faire. Aujourd'hui, la corrélation entre vote Front national et présence de Maghrébins est tombée à
zéro, tandis que la carte du vote lepéniste se rapproche progressivement de
celle de la France laïque et révolutionnaire, jadis communiste : celle qui
subit la désindustrialisation et manque de lien social. C'est toute la
différence entre Jean-Marie et Marine Le Pen ». (déclaration à L’Express).
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