Le bobardement idéologique connait sa période
décisive grâce à la sanglante prise d’otages dans le complexe gazier de
Tigantourine. On fait semblant d’oublier que la guerre au Mali n’est que la
poursuite de celle en Libye menée par le généralissime Sarkozy. En janvier
2012, de violents combats avaient opposé à nouveau des rebelles touaregs à l’armée
malienne, à Aguelhok et Tessalit, deux villes de la région de Kidal (nord-est).
L’attaque avait été revendiquée par le MNLA, Mouvement national de libération
de l’Azawad, une clique indépendantiste touareg qui guerroie pour l’indépendance
de l’Azawad, une région naturelle du nord-est du Mali, laquelle clique a
ensuite perdu la main à l’été face aux gangs armés dits islamistes. L’armement
de ces diverses cliques n’avait pas été difficile à recueillir dans les miasmes
de la soi-disant « guerre de libération » de la Libye. Depuis la
chute de Kadhafi en octobre 2011, des centaines de Touaregs ayant combattu
aux côtés du leader libyen avaient, en effet, regagné le Mali avec les armes pillées
et leurs équipements.
LA MILITARISATION EN AFRIQUE SOLUTION AU CHOMAGE
L’Etat fantoche malien n’avait pas honoré
ses engagements de 2006, notamment en termes d’investissement dans la
région. La frustration était grande dans la population où la seule échappatoire
au chômage et à la faim reste le trafic de drogue ou l’embrigadement dans les
différents gangs armés ; comme au Liban et à Gaza depuis toujours. Une
partie des Touaregs ayant servi en Libye a été disponible pour s’engager contre
Bamako comme leurs confrères islamistes. La compétition des grandes puissances
pour contrôler ces régions se heurte donc à de multiples gangs plus ou moins
indépendants.
Le port de l’uniforme peut passer aussi en France
désorma is par Pôle emploi : « Autrement
dit l'Armée de terre promet tout à la fois à ses nouvelles recrues
l'épanouissement personnel et la certitude d'une mission au service des autres.
On est loin de la guerre qui tue, loin de la guerre tout court et pourtant, la
guerre nous y sommes. Pour moi, pour les autres, s'engager.fr, s'engager.fr
parce que la plaque tournante du recrutement militaire français, aujourd'hui,
et bien c'est la toile, c'est la kakisphère. C'est là que sont les jeunes et
c'est là que l'armée va les chercher ». (cf. David Abiker)
Le débarquement de l’armada militaire française
avait été soigneusement préparé contrairement à ce que prétend la faction de
droite par l’orchestration médiatique des forfaits « islamistes » l’été
dernier et leur conquête de la moitié nord du sablier malien. L’intervention
est devenue « humanitaire » et « antiterroriste » il y a
une semaine déjà avec tout le soutien onusien de la « communauté
internationale ». Comme à son habitude quand ses intérêts néo-coloniaux
sont menacés la bourgeoisie française a obtenu le soutien unanime de la « représentation
nationale », droite, gauche, écolos et staliniens confondus. Nul parti
gauchiste n’a prétendu organiser au moins une manifestation avec le calicot « impérialisme
français hors d’Afrique ! ».
Naïfs que nous sommes, il n’y a pas qu’en Afrique
qu’on recrute les enfants, le sergent recruteur s’est mué en geek, un
internaute amical : « Eh bien comme d'habitude, des filières avec ou
sans diplôme, de l'action, un sens à leur engagement. Tout
est sur le site. Mais, il y a Nicolas sur ce site quelque chose de nouveau,
un détail étonnant, un détail qui en dit long sur le changement d'époque.
L'Armée recrute des soldats, mais l'armée recrute des enfants. Oui, l'armée
recrute les enfants de leurs parents. Et là, chapeau l'Armée Française, qui
vise dans cette campagne un public stratégique: la Famille. Si, en page
d'accueil on clique sur l'onglet Votre
enfant s'engage, l'Armée décrit le déroulement des opérations aux parents
qui vont s'inquiéter, aux parents qui pourraient ne pas vouloir que leur enfant
signe. Ces parents sont peut-être les premier prescripteurs de l'Armée de
Terre, alors on les soigne... ». (ibid)
En effet, les choses ont bien changé depuis les
sixties, depuis la fin du bloc russe et le massacre de 2001 à New York. Trois
raisons à l’amorphisme de l’antimilitarisme gauchiste et au pacifisme de la
gauche bourgeoise : la perte de vigueur des trois principaux ordres
idéologiques : le réformisme de gauche laminé par la crise, le
syndicalisme laminé par ses trahisons incessantes et la croyance en la
révolution laminée par le gauchisme armé et son père le stalinisme.
Le fait que ce soit la fraction bourgeoise de
gauche au pouvoir qui mène la guerre facilite grandement ce consensus de toutes
les grandes et minis cliques de partis bourgeois et corrobore le rôle collaborationniste
des syndicats quand tant de « libérations nationales » ont quasi
détruit toute idée de révolution comme « guerre révolutionnaire » à
la suite de la longue agonie du stalinisme (avec la fable des « prolétaires
en armes »).
Pour parodier un célèbre théoricien de la gauche
maximaliste d’avant-guerre, le professeur Vercesi, on peut même considérer que
la bourgeoisie mène tranquillement sa guerre contre… le prolétariat. Dans cet
espèce de consensus cosmopolite de « guerre contre le terrorisme », « l’internationalisation
de la guerre », comme ils disent tous, se manifeste non par une nouvelle
guerre mondiale au cœur des pays riches, mais par le massacre d’un nombre
considérable de travailleurs de plusieurs pays – les tueurs de l’AQMI (ou d’Al
Qaida ressuscité, mais les vrais commanditaires restent toujours opaques) ayant
pris soin de zigouiller avant tout les « travailleurs expatriés ».
Cacher la réalité militariste du capital décadent
En second lieu, il faut noter la précipitation de
l’ancien conseiller spécial de Sarkozy, M. Guaino, pour rattacher la guerre
actuelle aux « printemps arabes », avec un langage codé à double sens
pour les élites dominantes.
« Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie contribue évidemment à alimenter les mouvements jihadistes, à alimenter le désordre, déstructurer la lutte contre le terrorisme dans toute cette région. Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes ».
Or, s’il y a bien eu une incontestable révolte
contre la misère sociale, avec pour principales victimes de vrais prolétaires,
la machination visant à porter au pouvoir les cliques islamistes est bien
partie de Washington pour éliminer des dictateurs peu coopérants pour contrôler
le Moyen Orient et l’Afrique, voire surtout obsolètes face à la crise mondiale,
et sous l’argument du chaos (certes réel) et faire face aux autres grandes
puissances (Chine, Russie, Allemagne, et.) dont le bout du nez ne s’est montré
que pour la Libye et la Syrie. Le propos de M. Guaino est obscur pour nous les
sans grades, mais clair pour ses confrères gouvernementaux : la porte a
été ouverte aux « islamistes » par la bourgeoisie américaine.
Personne ne relève l’apparent paradoxe – ou en le présentant comme une faillite
américaine – selon lequel c’est une partie de l’armée mexicaine malienne qui a
fait défection pour fonder l’armée islamiste du Nord du sablier malien, or
celle-ci avait été formée et dotée d’un armement sophistiqué par la prude
Amérique.
« Toute guerre doit être cachée par un
rempart de mensonges » (Winston Churchill)
Depuis le début de l’intervention militaire « antiterroriste »
Anastasia a repris du service. Blackout total sur les informations ou
laisser-aller sur les plus fantaisistes. On apprend que quarante et une
personnes sont prises en otage, d’autres parlent de 600 ou 700. Puis la
diabolisation de l’ennemi se précise. Ils sont d’abord arrivés déguisés en
soldats algériens pour envahir le site gazier. Ils sont disposés de complicités
à l’intérieur sinon, vu la platitude du désert, macache pour approcher…
Plusieurs centaines d’otages (ndlr travailleurs algériens) seraient parvenus à
s’enfuir… La Mise en scène graduée séduit immédiatement « l’opinion »,
partout les « commentaires libres », les « post » se
félicitent de l’action propédeutique armée, regrettent l’intervention « trop
tardive », certains saluant la « salutaire », regrettent l’intervention
« trop tardive », certains saluant la « salutaire »
fusillade algérienne pour « éradiquer la planète » de cette « racaille »…
LA REALITE
DE LA MONDIALISATION ET DES « intégrités territoriales »
Alors que la bourgeoisie des pays riches
larmoient sans cesse sur son impuissance à contrôler les flux migratoires, on
découvre que c’est la règle aussi en Afrique pour les nécessaires « échanges
régionaux » : trafics de drogue et d’armes… et que plus les régimes
sous-développés légifèrent ou militarisent plus le trafic informel prospère.
Les gros trafics avaient d'abord porté sur les cigarettes, entre le port de
Cotonou et l'Algérie via le Niger. Un commerce d'armes et de drogue,
essentiellement de la cocaïne, venant d'Amérique latine, s'est ensuite
développé au Mali. La drogue était acheminée jusqu'à Gao par des pistes depuis
les côtes africaines atlantiques voire par avion avant d'être réexpédiée au
nord pour rejoindre
l'Europe. Le chef désigné de l’attaque du
complexe de Tigantourine, Mokhtar Belmokhtar a fait fortune dans la contrebande
des cigarettes vers l'Algérie. Il était d'ailleurs plus connu sous le nom de M.
Marlboro que sous le surnom de "Le Borgne". Pour AQMI ou la brigade dite des
"Signataires par le sang" de Mokhtar Belmokhtar, ces trafics ont été
une source importante de revenus. Cela leur a permis d'acheter des armes, mais aussi de recruter des jeunes désargentés. Vu les bombardements en cours,
le trafic de drogue est pour l’heure sérieusement perturbé. La drogue reste une
source de revenus sans doute plus importante que les otages. Quant aux jeunes recrues, venues dans les
rangs des islamistes pour l'argent plus que pour l'idéologie, certains
devraient vite déserter quand ils verront les victimes faites par les
bombardements aériens. De plus, ce ne sont pas tous des islamistes fanatiques.
Le président
Abdelaziz Bouteflika s’était longtemps opposé à une intervention militaire pour
déloger les groupes islamistes qui avaient pris le contrôle du Nord-Mali. Selon
lui, seule la voie des négociations devait permettre de résoudre le conflit. Il
a fallu la visite de François Hollande à Alger, fin décembre, pour aboutir à un
consensus, au moins de façade. Tandis que les autorités algériennes acceptaient
de ne plus s’opposer à un déploiement armé, le président français affirmait que
la voie des discussions avec les islamistes n’était pas à exclure. «Il
convient de faire du dialogue politique, de faire tout pour qu’une négociation
puisse permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, avait-il
déclaré. Le rôle de l’Algérie est très important. Nous ne pouvons pas
accepter qu’Aqmi [Al-Qaeda au Maghreb islamique, ndlr] s’installe
[dans le] nord du Mali.»
Les commentaires sophistiqués se déroulent
ensuite paisiblement puisque « l’opinion publique » est désormais
acquise :
« L'éradication des islamistes ne sera pas
une tâche facile. Ils sont passés maîtres dans l'art de la guerre asymétrique.
Ils sauront refuser tout combat frontal, pour se fondre au milieu de la
population civile. Ils sauront mettre à profit leur grand avantage comparatif
par rapport à l'armée française, qui est leur indifférence à la vie humaine.
Dédain de leur propre vie, dans la mesure où les missions suicides ne leur font
pas peur. Dédain de la vie des civils, dans la mesure où l'assassinat de cent
d'entre eux dans un village qu'il faut «punir», ne leur fait ni chaud ni froid.
Les troupes françaises savent tout cela: combien de fois en Afghanistan
n'ont-ils pas observé à la jumelle les colonnes d'enfants de moins de dix ans
que les talibans utilisaient pour leur apporter des munitions pendant un combat
contre l'armée française! Les stratèges parisiens savent déjà qu'il leur
faudra, au plus vite, passer le relais du combat anti-islamiste aux soldats
africains. Les Touaregs du MNLA, qui ont une revanche à prendre sur les
islamistes du Mujao et d'Aqmi, et qui sont traditionnellement francophiles - leurs
grands-pères écrivirent en 1958 au président de la République française, pour
lui demander, dans le contexte des décolonisations, leur rattachement direct à
la France - seront à l'évidence les plus utiles. Les soldats tchadiens aussi,
qui savent se battre dans le désert. En revanche les soldats issus de l'Afrique
tropicale ou équatoriale, luxuriante et cultivée, risquent de n'être d'aucune
utilité. En se battant les généraux français devront toujours garder à l'esprit
les deux grandes leçons de l'Afghanistan: on ne détruit pas une guérilla avec
des avions; on ne rétablit pas la civilisation avec une armée de terre, aussi
dévouée et compétente soit-elle… ».
Quid des attentats possibles sur le sol
francophone, il faut protéger les généraux :
« Comme le révèle ce matin RTL, la protection des Français passe d'abord par
celle de leurs ministres, cibles potentielles des terroristes. Dans le contexte
de la crise du Mali et de la prise d'otages en Algérie, le chef du gouvernement
a choisi, jeudi, d'étendre la protection rapprochée aux ministres de plein
exercice à tous les ministres délégués du gouvernement. Concrètement, c'est le Service de protection des hautes personnalités (SPHP),
rattaché à l'Intérieur, qui assurera cette mission. Composé de 760 policiers
spécialisés, ce service mettra à disposition de chaque ministre délégué, à
temps plein, deux anges gardiens. En 2010, dans un rapport, la Cour des comptes
avait chiffré à 71.879 euros par an en moyenne le coût d'un policier du SPHP ».
LE
DEROULEMENT DE LA GUERRE MODERNISEE
Un autre acteur de la guerre modernisée, et des
revirements d’alliance, apparaît alors en coulisses, grâce à l’édito de
Libération, le Pakistan (sous-fifre de Washington…) :
« Il
demeure trop de zones d’ombre pour tirer le bilan de l’assaut de l’armée
algérienne contre les preneurs d’otages de Tigantourine. Mais l’extension de la
guerre au Mali en Algérie par le biais d’une prise d’otages barbare souligne
avec une violence extrême l’un des nœuds stratégiques auxquels la France est
confrontée depuis la première heure de l’opération «Serval» : il n’y aura
pas de succès possible contre les jihadistes des sables sans le concours actif,
déterminé et constant du régime algérien. L’impasse afghane a fait
jurisprudence : s’il n’y a pas eu de victoire totale contre les talibans, c’est
en grande partie faute d’une solidarité sans faille du grand voisin
pakistanais, dont l’appareil d’Etat a cultivé en virtuose un cynique double
jeu, soutenant d’une main les Occidentaux et couvrant de l’autre une liberté de
manœuvre et de trafics laissée aux extrémistes. Il faut donc se féliciter des
premiers signes encourageants donnés par l’Algérie : elle a pour la première
fois autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français et
assure qu’elle a fermé son immense frontière commune avec le Mali. Si d’autres
signes tangibles venaient confirmer cette politique de fermeté, il s’agirait
d’un tournant, sinon d’une rupture. Comme si les relations franco-algériennes
pouvaient ne plus être totalement contaminées par les fantômes du passé. Il est
trop tôt pour pouvoir l’affirmer avec certitude, tant ce régime a fait de
l’ambiguïté une seconde nature. Mais cette nouvelle donne ne devrait pas faire
oublier les réalités d’un régime autoritaire, parmi les plus corrompus au
monde, tenu par une petite caste galonnée qui a réussi à faire de l’Algérie
un pays végétant dans la misère, quand la richesse de son sous-sol et
l’énergie de sa jeunesse lui réservaient un tout autre destin ».
Une huile près l’appareil secret de l’Etat français,
Mathieu Guidère, confie son appréciation des collègues du Groupement
d'Intervention Spécial (GIS), "pendant" algérien du GIGN » :
« Nous collaborons très peu, mais nous
savons à peu près comment ils fonctionnent. Ce sont des unités d'un très bon
niveau sur un plan de l'anti-terrorisme militaire : contre-guérilla, chasse au
terrorisme dans des zones complexes et hostiles,... Ce sont des unités très
aguerries, de vrais professionnels dans les forces de
sécurité, déterminés, qu'il ne faut pas sous-estimer. Mais, encore une
fois, dans une optique extrêmement offensive qui ne correspond pas à l'état
d'esprit européen de la manière de gérer des crises -même si on n'a pas été
confrontés à la même situation. Leurs options, tactiques et stratégiques, sont
essentiellement liées à une volonté de force. Il faut neutraliser les preneurs
d'otages et envoyer un signal très fort. Si tous les otages sont tués lors de
l'opération, ce n'est à la rigueur pas une préoccupation majeure, c'est le
risque de la guerre. Ils sont en guerre ».
La guerre moderne confirme, comme la Seconde Guerre
mondiale que les civils sont une partie inévitable et sacrifiée des frappes
chirurgicales « antiterroristes » :
« On passe un seuil de complexité. On sort
des prises d'otages qu'on gère en général avec trois ou quatre preneurs
d'otages au maximum, et au maximum quelques dizaines d'otages. Avec un
paramètre nouveau depuis le 11 septembre : la dimension suicidaire des preneurs
d'otages, typique du terrorisme islamiste. La configuration est automatiquement
très particulière, vous allez avoir très peu de marges d'action tactiques. Les
preneurs d'otages savent qu'un assaut peut être donné à tout moment. Ils se
seront mis dans une telle posture que, s'il se passe quelque chose, ils seront
piégés, vont tuer tout le monde et se tuer. Cette complexité a d'ailleurs
justifié la réorganisation du GIGN en 2007. Quand on pense au théâtre de Moscou
(un commando tchétchène avait pris 800 personnes en otages, du 23 au 26 octobre
2002 ndlr), une intervention sur laquelle j'ai beaucoup travaillé avec les
collègues russes, on est dans une configuration où il y a très peu de choix
tactiques et où personne n'a de baguette magique pour sauver les otages ».
Guidère est plus précis que Guaino :
« En réalité, aujourd'hui, on assiste à un
phénomène en mutation car avec le printemps arabe en Tunisie, en Libye, en
Egypte et au Maroc, des gouvernements islamistes sont arrivés au pouvoir. Et
lorsque le champ politique a été constitué autour des islamistes, les
djihadistes de ces pays là ont perdu de leur poids dans la population. La
plupart d'entre eux s'est donc déplacée dans le sud puisque leur opposition au
gouvernement n'avait plus lieu d'être, étant lui-même islamiste. Il y a une
dynamique djihadiste dans toute la zone subsaharienne, et en particulier au
Sahel, qui reflète cette mutation du djihadisme. Il y a un déplacement de son
centre de gravité des pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient vers le Sahel ».
LA GUERRE
PEUT SE GENERALISER EN AFRIQUE SOUS COUVERT DE LUTTE CONTRE LE « DJIHADISME »
« … car nous sommes en plein désert et il
n'y a pas vraiment de frontière. Mais cette réunion soulève la différence
d'approche qui existe entre la Libye et la Tunisie d'une part et l'Algérie
d'autre part. Les gouvernements islamistes des deux premiers pays ne
considèrent pas les salafistes comme des terroristes au contraire de l'Algérie.
Il y a donc une différence d'approche et le contexte géographique et politique
ne permet pas aujourd'hui de véritablement contrôler toutes ces zones et
d'assurer la tranquillité dans ces zones-là ».
A la question « L'intervention au Mali peut-elle
réduire la menace djihadiste au Sahel ? », Guidère est loquace :
- Je ne le crois pas. Cette intervention aura
dans l'immédiat deux conséquences. La première, c'est le changement de
perception de la France qui va apparaître de nouveau comme une puissance
interventionniste qui s'ingère dans les pays de la région. On entend déjà sur
place des accusations de néocolonialisme. Ce changement de perception va donc
se faire dans les semaines qui viennent dans un sens négatif pour les intérêts
français. Deuxièmement, on va voir se mettre en place une dynamique djihadiste
sur l'ensemble de la partie centrale de l'Afrique, c'est-à-dire de la Somalie
au Sénégal. Et cette dynamique risque de nuire aux intérêts économiques de
l'ensemble des partenaires occidentaux dans la région ».
A suivre dans nos nouveaux « carnets de
guerre »…
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