"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 20 février 2025

Irrationalité du capitalisme ? Cette mauvaise blague


Dessin de Christian Lagant (1975)

« Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous allons en faire quelque chose »
Trump


« Cette dynamique (la guerre permanente dans le capitalisme décadent) est clairement illustrée dans les guerres actuelles comme en Ukraine ou à Gaza. La Russie ou Israël ont rasé ou anéanti des villes entières et contaminé durablement les terres agricoles avec leurs bombes, de sorte que l’avantage qu’ils retireront d’une hypothétique fin de la guerre se limitera à des champs de ruines. Les massacres répugnants de civils et d’enfants, tout comme le bombardement de centrales nucléaires en Ukraine soulignent le changement qualitatif que prend la guerre dans la décomposition, dans la mesure où l’irresponsabilité et l’irrationalité rythment la guerre, puisque le seul objectif est de déstabiliser ou de détruire l’adversaire en pratiquant systématiquement une politique de « terre brûlée ». Dans ce sens, si « la fabrication de systèmes sophistiqués de destruction est devenue le symbole d’une économie moderne et efficace […] elle n’est, du point de vue de la production, de l’économie, qu’un gigantesque gaspillage de ressources ». (…) En réalité, la tendance à l’explosion des dépenses d’armements est mondiale, stimulée par une avancée tous azimuts du militarisme. Chaque État est ainsi poussé à renforcer sa puissance militaire. Cela exprime fondamentalement la pression de l’instabilité croissante des rapports impérialistes dans le monde. (RI, Tatlin, 14 janvier 2025)

Nous avons pour but de démontrer ici en quoi la terrible guerre contre les civils en Palestine n'est pas une simple question territoriale, et, parallèlement que la guerre en Ukraine sans doute en phase finale annonce une recomposition des blocs, en vue de coincer la Chine, et surtout de viser terres rares et Groenland, comme quoi les armées capitalistes ne font pas la guerre pour les beaux yeux de l'héroïsme nationaliste ni pour se détruire mutuellement mais pour se partager ou voler les richesses des uns ou des autres. Tout ceci mettant en évidence une fois de plus la cible principale hostile à la guerre, l'Europe et son prolétariat.

 LE CAPITALISME EST-IL SIMPLEMENT MECHANT ?

Changement « qualitatif » de la guerre ? Euphémisme involontaire ? La guerre irresponsable et irrationnelle ? Même Romain Rolland n'eût pas dit une bêtise pareille, celui qui se présenta « au-dessus de la mêlée (1915)., bien que pas aussi judicieusement que Lénine. : « La guerre est le fruit de la faiblesse des peuples et de leur stupidité. On ne peut que les plaindre, on ne peut leur en vouloir ». (…) Ces guerres, je le sais, les chefs d'Etat qui en sont les auteurs criminels n'osent en accepter la responsabilité ; chacun s'efforce sournoisement d'en rejeter la charge sur l'adversaire (…) on entend encore une fois le refrain séculaire : « fatalité de la guerre plus forte que toute volonté ». Lénine a pu montrer que seule la révolution avait pu mettre fin à la guerre (quoique provisoirement) mais hélas notre vie actuelle se réduit à nous lamenter comme Rolland vu l'abrutissement et la soumission du prolétariat dont les luttes économiques sont aussi efficaces contre la guerre que les pleurnicheries pacifistes de Rolland. Son pamphlet contient cependant des éclairs de génie1.

« Entre nos peuples d'Occident , il n'y avait aucune raison de guerre », ajoute Rolland à la manière de l'interprétation du même acabit du CCI : « irrationnelle » et « irresponsable ». Pourtant du point de vue capitaliste c'est faux, la guerre a une rationalité économique ; elle n'a pas ce « seul objectif » imaginaire de marxistes en peau de lapin de « déstabiliser ou détruire l'adversaire ». Elle est totalement responsable et redevable au profit capitaliste.

L'argument de la décomposition du système pour tout expliquer et dénoncer, de façon simpliste, depuis des années, une perpétuité des guerres capitalistes comme méchante en vue de la catastrophe finale, sans cesse repoussée, est plus que cet idéalisme dont les affuble Marcel de Controverses, mais d'une inutilité politique pathétique.

L'argument du « gigantesque gaspillage de ressources » concernant la production d'armement, considérée comme production négative et présumée limiter le profit est un radotage stérile depuis 1945 extirpé du bulletin ronéoté du cercle restreint dit Gauche communiste de France qui montrait les limites marxistes et prévisionnelles de Marc Chirik, vite persuadé que le capitalisme allait plonger immédiatement dans une nouvelle guerre mondiale et qu'il fallait aller sauver sa peau au Venezuela2.

M'enfin depuis 1914 les guerres successives n'ont pas ruiné le capitalisme ! Elles ont détruit massivement, tué énormément, mais n'ont pas empêché l'éclosion des « trente glorieuses » ni empêché des réussites économiques éclatantes dans plusieurs pays dits encore développés ni interdit à la Chine, contre toute attente dogmatique, de devenir la probable plus grande puissance du monde.

Les lamentations à la manière chrétienne contre la guerre, présumée méchante et irrationnelle, ne peuvent servir à dénoncer dans le fond la guerre et sa permanence.

La « guerre froide » avait sa logique et sa rationalité, malgré de multiples guerres locales, elle avait maintenu le monde entre le marteau et l'enclume jusqu'à ce que la crise capitaliste détruise la boutique du forgeron. Nous étions entrés dans un autre monde dont nous ne saisissons pas encore probablement toutes les implications, mais qui ne signifient pas une décomposition, autrement dit un chaos réel ou partiel qui autoriserait à prévoir un effondrement rapide du capitalisme, à bout de ressources. Si l'on intègre l'idée que j'ai souvent évoquée, qui relève du machiavélisme bourgeois pas de la parano, gouverner par le chaos. Autrement dit une officielle « irrationalité » dont le CCI est finalement le principal ambassadeur.

Les deux principales guerres, à Gaza et en Ukraine, apparemment si dissemblables, affichent et permettent l'éclosion ou plutôt la ré-éclosion de l'idéologie antisémite, laquelle permet aux puissants de se muer en donneurs de leçon de morale antiraciste planétaire, car l'antiracisme est devenu le meilleur antidote à l'internationalisme. Côté impérialisme russe, les médias outre de qualifier hors de propos le régime comme fasciste, glissent subliminalement que Zélenski est un comédien juif. Le prétendu retour de l'antisémitisme en Occident comme en Orient, n'est pas comparable avec celui d'avant-guerre mais est clairement lié aux massacres et à la destruction de Gaza par « l'armée juive ». L'agitation de deux exutoires – les terroristes islamistes et les génocidaires juifs - sert à liophyliser les vrais problèmes et les vraies responsabilités.

La bourgeoisie souffre depuis longtemps de la perte de crédibilité de la mystification de l'opposition droite/gauche et s'efforce de la reconstituer, quoique avec une grande difficulté. Ces deux anciennes notions ne pouvant plus servir de repères aux oppositions de classe, elles sont remplies avec le vide de l'antiracisme, le creux de l'écologie et cet antifascisme désuet. Le wokisme même comme théorie révisionniste de l'histoire et hors des classes sociales est déjà obsolète en particulier aux Etats-Unis où le populiste de droite Trump s'est aligné sur les basses classes qui ne supportaient plus cette idéologie petite bourgeoise (élitaire mais marginale) encore prégnante en France dans le populisme de gauche.

La mystification de la matière grise des intellectuels du capitalisme aboutit à déconnecter et occulter la recherche effrénée et le partage sans foi ni loi des matières premières par la guerre.

GUERRE INCESSANTE EN PALESTINE : UN ATTRAPE-NIGAUD A LA RECHERCHE DE LA NATION IMPOSSIBLE

Il y a d'abord l'histoire, le redécoupage du monde, surtout du Moyen-Orient, par les grandes puissances post 1945. Ce redécoupage a révélé jusqu'aux années 1960 qu'il s'agissait surtout d'une redistribution des colonies repiquées aux anciennes puissances. Les dites libérations nationales ont surtout servi d'argumentaire à toutes les sectes de la petite bourgeoisie gauchiste de caricaturer voire détruire toute sérieuse représentation de la révolution. Un rapport de la CIA a confirmé son rôle d'orientation idéologique sur les campus lors de la période de première utilisation du wokisme...jusqu'en France ; en particulier avec la trouvaille de reprocher sempiternellement aux vieux pays européens leurs anciennes colonisations, quand les principaux colonisateurs actuels, et sans honte, sont :Israël, Washington et Moscou. Affaiblir l'Europe ce principal client de la Chine ? Vous n'y pensez pas. Avec Trump le wokisme tombe en désuétude, pas seulement au nom d'un retour aux vieilles valeurs mais parce que cette idéologie débile petite bourgeoise n'a aucune prise sur la classe ouvrière.

Après le laisser-faire criminel de Netanyahou lors du tragique et ignoble 7 octobre qui a servi de prétexte, comme tout le monde peut le constater, à détruire Gaza et à accéder sans partage au gaz et au pétrole en Méditerranée, le plagiste Trump a mis fin à toutes les fables de la gauche bobo pour un Etat double en Palestine. Or depuis longtemps on savait que cet Etat bâtard ne pourrait jamais voir le jour. Potentiellement il était aussi artificiel que l'Etat d'Israël dont les fondateurs étaient aussi des terroristes. Sans revenir sur les divers projets de se débarrasser des juifs d'Europe par les diverses bourgeoisies (y compris les nazis antérieurement) vers Madagascar, en Russie, etc . Puis finalement, et arbitrairement en Palestine. Vieille histoire dont je ne peux recenser ici toutes les péripéties, mais précède et suit la Seconde boucherie mondiale3. La Palestine pour un temps sera le champ de la géopolitique dans la région. En juin 1948, pendant la première trêve israélo-arabe, les armes affluent en Israël, en particulier en provenance du bloc de l'Est qui souhaite la défaite des Britanniques et de leurs alliés arabes. Création et organisation de Tsahal, qui regroupe toutes les milices juives. Au carrefour des bagarres entre cliques impérialistes, c'est la création de bric et de broc de ce nouvel Etat « juif » qui a foutu le bordel dans la région. En 1921 , de passage à Jérusalem, le jeune secrétaire d’État britannique aux Colonies, Winston Churchill, reçoit une délégation islamo-chrétienne qui lui déclare : « Si les sionistes n’étaient venus en Palestine que comme des hôtes, ou si les choses en étaient restées à ce qu’elles étaient avant la guerre, il n’y aurait pas de problème Juifs et de non-Juifs. Mais c’est l’idée d’une Palestine transformée en un Foyer national juif que les Arabes rejettent et combattent ».Les mouvements palestiniens refusant de cautionner la construction d’un « Foyer national juif », ils rejettent toute participation aux institutions politiques du mandat britannique, à l’exception de la gestion des affaires religieuses.

 Pendant plus d'un demi-siècle, l'Etat  « hébreu » n'aura été jusqu'à nos jours qu'un mirador américain pour faire la police et contrôler le pétrole dans la région. Sans nous appesantir sur les derniers drames de cette guerre atroce surtout contre les civils, nous allons nous attacher par après sur ce qu'il y a principalement derrière et qui n'est pas une simple question territoriale mais, une esquive informationnelle partagée par le monde journalistique international autorisé et le petit CCI ignorant et aussi les diverses sectes gauchistes pro ou anti-Hamas avec leur catéchisme idiot de la libération nationale forclose pour les milliers de palestiniens otages de Tsahal la sale.

LE GAZ DE GAZA


On pouvait lire ce genre d'entrefilet il y a une poignée d'années : « En 
Israël même, la question fait débat et certains cercles se disent favorables à la participation du Hamas au projet d’exploitation du gaz de Gaza. Sur le terrain, le projet est au poids mort. Il est plombé par la guerre, les relations difficiles entre Israël et le Hamas d’une part et les profondes dissensions entre l’Autorité palestinienne et le Hamas d’autre part ». Passent les nuages Jean-Christophe !

Le Journal Le Monde  ne nous épilogue pas encore aujourd'hui toute cette vérité mais souligne les vrais besoins du nationalisme israélien : « Le conflit affecte déjà les approvisionnements de pétrole et de gaz israéliens. En ce qui concerne le pétrole, il s’agit surtout de détourner les flux, Israël n’étant ni un pays producteur ni un pays de transit. Les attaques du Hamas ont détruit le plus grand terminal d’importation de pétrole du pays, Ashkelon, et les pétroliers naviguent vers un autre terminal. Cela rend plus difficile l’acheminement vers le marché israélien du pétrole provenant des exportateurs de la mer Noire (principalement le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et l’Irak) par la Méditerranée. L’approvisionnement en gaz d’Israël est encore plus fortement touché. A la suite des attaques du Hamas, le pays a été contraint, pour des raisons de sécurité, d’arrêter la production de l’un de ses gisements de gaz au large de la Méditerranée, le gisement de Tamar. Cela est important, car le gaz représente 40 % du bouquet énergétique d’Israël et 70 % de sa production d’électricité. La fermeture du gisement de Tamar a d’abord poussé les compagnies d’électricité israéliennes à chercher d’autres sources d’énergie pour répondre aux besoins ».

 Ne pas sous-estimer que l'industrie pétrolière mondiale alimente la guerre contre Gaza : « L'oncle Sam n'a jamais été aussi généreux envers Israël. Malgré les tiraillements entre Benyamin Netanyahou et Joe Biden sur la gestion de la guerre à Gaza et au Liban ainsi que sur l'ampleur des représailles israéliennes contre l'Iran , les Etats-Unis ont accordé sans rechigner une aide militaire directe record à Israël : 17,9 milliards de dollars depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, selon des estimations américaines ». Pas d'hésitation pour arroser de milliards de dollars une zone autrement plus déterminante pour le contrôle de la manne pétrolière que pour cette pauvre Ukraine qui devrait « rembourser » selon le nouveau généralissime Trump.

 Seul un groupe gauchiste belge pose la bonne question (le PTB) :

Pourquoi les États-Unis continuent-ils à soutenir systématiquement Israël ? Réponse ici :https://www.energymagazinedz.com

LE GAZ NATUREL AU LARGE DE GAZA L'autre f ace de la guerre

 « Une large de la Bande de Gaza regorge d’importantes ressources gazières. Israël souhaite en profiter sans associer le Hamas au projet. Une perspective difficile qui aggrave la guerre actuelle à Gaza.Le large de la Bande de Gaza regorge d’importantes ressources gazières. Israël souhaite en profiter sans associer le Hamas au projet. Une perspective difficile qui aggrave la guerre actuelle à Gaza.L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté récemment, à une écrasante majorité, le projet de résolution intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé sur ses ressources naturelles », a annoncé triomphalement l’agence de presse palestinienne WAFA. « Le projet de résolution affirmait les droits inaliénables du peuple palestinien sur ses ressources naturelles, et appelait Israël à cesser d’exploiter ces ressources. Il affirmait également le droit du peuple palestinien ».

Les gangsters de WAFA promettant la lune et des droits inaliénables, avec les plaisantins de l'ONU, à des populations éjectées de toute part et dans une misère noire, ignoble ! Une décision qui remet sur le devant de la scène la question des richesses naturelles de la bande de Gaza. Ben voyons ! La manne gazière de Gaza peut, en effet, être envisagée comme l’un des moteurs des cycles de violence répétitifs qui font le malheur de l’enclave encerclée. Tiens donc !

LA MANNE GAZIERE DE GAZA

Les gisements gaziers de Gaza (Gazamarine) ont été découverts en 1999 dans les eaux territoriales palestiniennes par la compagnie British Gas Group. La 1ère découverte, située à environ 36 km du littoral, a été baptisée Gaza Marine 1 et contient 33 milliards de mètres cubes de gaz naturel selon les estimations. Le 2ème gisement, situé dans le secteur de la frontière maritime entre Gaza et Israël, a été nommé Gaza Marine 2 et renferme 3 milliards de mètres cubes supplémentaires.

En novembre 1999, un contrat de 25 ans portant sur la prospection et le développement de gisements gaziers a été signé entre British Gas Group (BG Group), la CCC (l’entreprise palestinienne Consolidated Construction Company) et le PIF (Fonds d’Investissement palestinien).
BG Group s’est retiré du projet en 2016 et l’a confié à Shell, qui s’est également retiré du contrat en 2018 en raison de divers contentieux.

Au-delà du conflit actuel à Gaza, d’intenses négociations secrètes avaient eu lieu avant le 7 octobre entre Israëll’Autorité palestinienne et l’Égypte en vue de l’exploitation des ressources gazières de l’enclave palestinienne. En juin dernier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était prononcé pour l’accélération de l’exploitation du gaz de Gaza. Cette décision est « soumise à la coordination entre les services de sécurité [israéliens] et au dialogue direct avec l’Égypte, en coordination avec l’Autorité palestinienne », précisait le communiqué du bureau du premier ministre israélien. Bon dieu! comme le destruction quasi totale de Gaza est venue faciliter les choses !


LA COURSE AU GAZ EST OUVERTE

« Pour autant une question émerge, peut-on décider du sort de Gaza aujourd’hui sans inclure le Hamas ? Dans un communiqué publié le mois dernier, le Hamas avait déclaré qu’il ne permettrait pas à « l’occupant israélien » d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties. Le gouvernement actuel, réputé être le plus à droite de l’histoire d’Israël, encouragé par les États-Unis a plus d’une fois, réitéré son opposition à toute forme de collaboration avec le Hamas. Les États-Unis préfèrent une « autorité palestinienne revitalisée » au Hamas, dans la perspective de l’après-guerre à Gaza. Or cette préférence était celle du gouvernement Biden. Trump a clairement éjecté les prétentions du Hamas et Cie en fichant de la gueule à tout le monde avec la proposition de faire Gaza une station balnéaire. La provocation était néanmoins plus comique que l'ignorance de sectes comme le CCI, la tête dans les étoiles et encore habité par la théorie fumeuse de Marc Chirik d'un capitalisme mangeant désormais son capital où on ne sait plus si c'est la décomposition qui baise la décadence ou l'inverse4

L'IDYLLE DE TRUMP ET POUTINE

Le présumé retournement de Trump contre la mafia au povoir en Ukraine n'est que le produit d'une réflexion antérieure de la fraction républicaine de la bourgeoisie américaine, mais pas choquante en soi: c'est toujours la fraction dite  démocrate qui a officialisé à toutes les guerres des Etats Unis. Quant au double langage ou au retournement de veste (dont s'offusque le gentil Macron) c'est un grand classique du cynisme bourgeois; De Gaulle a pu jadis crier "Vive l'Algérie française" puis, le lendemain: "il faut décoloniser et laisser le pétrole algérien aux américains"!

Supputée, fantasmée voire crainte cette idylle n'est pas du tout naïve des deux côtés. Pour deux raisons essentielles. Premièrement, malgré sa glorification de ses avancées sur le terrain, le Kremlin est épuisé par l'effort de guerre et les sanctions économiques. Deuxièmement, Trump a compris l'intérêt de détacher la Russie de la Chine, ce que Biden a été incapable de mettre en œuvre. Prenant de cours toute la bien-pensance sur l'unanime exaltation de « l'héroïsme démocratique » ukrainien, Trump se permet le luxe de mentir sans vergogne sur les débuts de la guerre. Ce n'est pas ce pauvre Zelenski qui l'a enclenché mais bien les propres compatriotes de Trump et Moscou renvoie subtilement la balle5. Ce qui révèle par la même occasion que le trumpisme est aussi et encore un wokisme. L'organisation de la « révolution orange » ce fut la CIA pour encore plus acculer la Russie quand Poutine n'a fait que se défendre.

Quant à l'absence de démocratie en Ukraine, Trump a tapé juste, mais mensonge à demi, en oubliant d'évoquer cette absence chez son nouvel amant. C'est assez minable de parler d'élections en temps de guerre. Dans de nombreuses villes ukrainiennes tapissées de bombes, il n’y a tout simplement plus de bâtiment debout - les mairies, les écoles ont été rasées - qui pourrait accueillir des opérations de vote.

 Ce qui est intéressant avec Trump, est qu'il dévoile que cette guerre n'était pas et n'est pas une guerre pour sauver une quelconque démocratie, car : « ...L'Etat américain attend de Kiev l’accès à 50% des minerais stratégiques ukrainiens, en compensation de l’aide militaire et économique américaine ». Rappelons nous comment Reagan a démoli l'URSS. Par la Guerre des Étoiles en la forçant à se ruiner en dépenses militaires tandis que le peuple crevait de faim. Poutine et Trump nous font le même coup pour l'Europe.

Autre chose, et qui est volontairement ignoré par les médias, est que la guerre coûte cher à tout le monde. C'est d'ailleurs encore le langage de vérité de Trump qui vient bouleverser les chancelleries en exigeant que le pauvre Zelenski et l'Europe participent à cet effort. Ce qui est cependant une autre paire de manches, dont d'ailleurs la Chine est bienheureuse d'être absente, mais où elle aurait tort de rester indifférente. La fraternité du « sud global » risquant de prendre un coup au derrière.

En tout cas les petits va—t-en guerre Macron, Glucksmann et BHL ont du souci à se faire quant rendre efficace une nouvelle conscription même sous couvert de cette hypocrisie, des « forces pour la paix ». Enfin madame la ministre a lâché le morceau :

« L’effort en matière de défense qui sera nécessaire en Europe pour accompagner une éventuelle paix en Ukraine «aura des conséquences pour nos finances publiques», a prévenu la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas, annonçant un débat au Parlement «début mars».

 Comme Clemenceau en son temps, Macron a convié toutes les cliques nationales pour causer. Causer de quoi ? D'une union nationale impossible avec un prolétariat européen peu voire pas du tout nationaliste ? Sans autorité dans son propre pays ce Charlot n'a pas les moyens d'embrigader.

 À suivre



 NOTES

1« Mais les deux puissances morales, dont cette guerre contagieuse a le plus révélé la faiblesse, c'est le christianisme et c'est le socialisme. Ces apôtres rivaux de l'internationalisme religieux ou laïque se sont montrés soudain les plus ardents nationalistes ».

2Erreur d'analyse historique et radotage contre une décadence pas entièrement prouvée, dont se moquait Marcel R. de Controverses : «  Dès lors, déclare le CCI avec la foi d’un charbonnier : « La période de décadence du capitalisme se caractérise par l'impossibilité de tout surgissement de nouvelles nations industrialisées. Les pays qui n'ont pas réussi leur ‘décollage’ industriel avant la 1è guerre mondiale sont, par la suite, condamnés à stagner dans le sous-développement total, ou à conserver une arriération chronique par rapport aux pays qui ‘tiennent le haut du pavé’. Il en est ainsi, de grandes nations comme l'Inde ou la Chine dont ‘l'indépendance nationale’ ou même la prétendue ‘révolution’ (lire l'instauration d'un capitalisme d'État draconien) ne permettent pas la sortie du sous-développement et du dénuement ». La réalité d’un développement très significatif de l’ancien Tiers-Monde – dont les deux géants démographiques que sont l’Inde et la Chine, mais aussi de nombreux autres pays asiatiques, decertains pays d’Europe de l’Est, et même de quelques pays en Afrique – vient balayer toutes ces assertions sans fondements sur l’impossibilité de toute nouvelle nation industrialisée, sur l’extension mondiale de la misère absolue et l’impossibilité d’augmenter les revenus réels des salariés en ‘décadence’. Elles sont non seulement fausses, mais l’exact inverse de la réalité ! En fait, le CCI nage dans une fiction ».

3L'accord Haavara littéralement « accord de transfert ») était un accord signé le 25 août 1933 après trois mois de négociations entre la Fédération sioniste d'Allemagne, la Banque de l'Anglo-Palestine (sous les ordres de l'Agence juive, structure de liaison entre les sionistes établis en Palestine et les autorités britanniques, ayant conquis la Palestine dès fin 1917 et ayant ensuite reçu mandat en 1922 de la Société des Nations de l'administrer et de la gérer) et les autorités nazies, avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler et de ses partisans le 30 janvier 1933. L'accord avait été conçu pour faciliter l'émigration des Juifs allemands vers la Palestine, alors territoire sous mandat britannique. Aidant les Juifs à émigrer, il les force à abandonner la plupart de leurs possessions à l'État allemand avant le départ. Ces actifs, selon l'accord, pouvaient être obtenus plus tard, en les transférant en Palestine partiellement et comme contrepartie, des achats de biens d'exportation allemands devaient être faits. Les accords fonctionneront jusqu'au moment du début de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939. Dans cette période, ces accords ont permis à entre 50 000 et 60 000 Juifs allemands d'émigrer en Palestine.

4Toutes les tractations en Palestine ou en Ukraine à l'heure a ctuelle démontre que l'estimation de Marc était erronée, la voici : « « Dans ce contexte, le système capitaliste trouve dans la guerre (et sa préparation) certes une impulsion pour la production d’armements, mais, en tant que moyens de destruction, ils ne bénéficient pas à l’accumulation du capital. La guerre représente, en réalité, une stérilisation de capital. Pour autant, cela ne signifie pas, comme l’expliquait déjà la Gauche communiste de France, « que la guerre s’est transformée en objectif de la production capitaliste. Cet objectif reste pour le capitalisme la production de la plus-value. Ce que cela signifie, c’est que la guerre, en prenant ce caractère permanent, est devenue le mode de vie du capitalisme décadent ». 

 

5Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a estimé mercredi que le président américain Donald Trump avait reconnu «haut et fort» qu’une cause du conflit ukrainien était le soutien affiché précédemment par Washington aux ambitions de l’Ukraine de rejoindre l’Otan.

 

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