"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 25 février 2024

PAYSANNERIE, IMMIGRATION ET AVEUGLEMENT DE SECTE

 


(ou la fable d'un prolétariat messianique)

« En somme, les communistes appuient en tous pays tout mouvement révolutionnaire contre l'ordre social et politique existant. (...) Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot ». Manifeste communiste

 « Pourquoi détruisent-ils les propriétés que chérissent tant leurs maîtres ? Parce qu’on y a fouetté et violenté leurs femmes. Même si ce n’était pas chez ce seigneur, c’était chez le voisin. Pourquoi abattent-ils les arbres de parcs centenaires ? Parce que pendant cent ans les seigneurs ont exercé leur pouvoir à l’ombre de ces tilleuls et de ces chênes : ils étalaient leurs richesses devant les pauvres et leur culture devant les imbéciles. » Alexandre Blok

 « La révolution paysanne était commencée en Russie. Elle fut à l’origine de toutes les autres révolutions économiques et sociales que connut le pays, y compris la révolution bolchevique de 1917 ». Victor Danilov

   « Les idées émises (par les paysans en 1917) sont plus variées que celles des ouvriers, elles touchent plus souvent à l’avenir du pays en général et s’inquiètent du sévère châtiment à l’encontre des anciens maîtres. Ce souci de revanche les pousse à exprimer une nette préférence pour la république démocratique (24 %) et, du moins en mars, à appeler à la convocation urgente de la Constituante (17 %) ». Alexandre Sumpf

 

« Le roi c'est moi »  (Louis XIV)

 La préparation du Salon de l'agriculture fut, quoiqu'il advienne de la suite, un coup de com réussi par le roitelet Macron. Alors qu'une bonne partie de la bourgeoisie et ses journalistes craignaient le pire, le président s'en sortit à bon compte. D'abord la stratégie. L'invitation des « écoterroristes » soulèvements de la terre, sembla jeter l'émoi au plus haut somment du principal syndicat paysan collabo, via son grand patron Rousseau (ne pas confondre avec Sandrine) ; « dans ce cas nous ne participerons pas au débat ». N'était-ce pas une grosse erreur de Macron toujours tenaillé dans le « en même temps » ? Puis vint la nouvelle que l'Elysée n'avait jamais émis une telle invitation mais deux conseillers indisciplinés. Ce qui est évidemment faux. La fausse boulette était bien destinée à montrer l'alternative contraignante de la bourgeoisie entre écologie forcenée et...arriération paysanne polluante, mais en même temps coincer à leur tour les paysans dans ce même dilemme.

Rien n'était couru d'avance pour la réunion prévue en petit comité avec un groupe de paysans en casquettes jaunes et rouges. Avec un culot et une morgue impitoyable, bras de chemise retroussés, usant d »un langage grossier et n'interrompant jamais ses contestataires d'un « attendez » mais « attend », Macron les mystifia, après avoir promis des rendez-vous ultérieurs, avec quatre arguments simples, voire évidents :

–    l'Etat n'est pas une vache à lait (sic)

–    la compétition internationale est un fait, leur viande nous l'échangeons pour leur refiler nos armes (= il n'y a pas de solution nationale ni internationale mais européenne)

–    en refilant la patate chaude à l'Europe (c'est pas moi c'est eux et j'étais seul pour vous)

–    il y a tellement de filières qu'il faut négocier au cas par cas.

Plus tard, dans le cadre de sa déambulation courageuse, malgré un important SO, il désigna les bruyants colériques maintenus difficilement à l'extérieur comme des suppôts du RN.

Ce débat de près de deux heures, qualifié de petit par les journalistes de BFM, fût en réalité très intéressant et pas du tout salonnard comme l'avait été sa tournée des popotes à la fin du mouvement des gilets jaunes. Voix métalliques et rugueuses, chaque intervenant parlait un bon français. Le paysan d'aujourd'hui n'est plus un plouc. Dans le haut du panier il est entrepreneur, « chef d'exploitation »(sic) aussi pour le petit endetté. Même truffée de bonzes syndicaux et de chiens de lunette arrière, leur confrontation posa des questions de société fondamentales, la question d'une réorganisation complète qui n'était pas envisagée seulement dans le cadre national ni de vouloir négliger des impératifs écologiques. D'un autre niveau que les AG de grèves pour nos salaires et tel ou tel problème corporatif, auxquels sont réduites un peu partout toutes les grèves en ce moment. Un reproche fondé et invariable revient souvent, avec lequel les ouvriers ne peuvent être que d'accord, une bureaucratie d'Etat tatillonne, chantre de l'écologie punitive (et qui peut rapporter gros), dont le cynisme est évacué d'un revers de main par le roitelet évacue à chaque fois avec ce bouclier technocratique "on a droit à l'erreur".

L'histoire contredit toutes nos sectes maximalistes gréviculteuses et économistes : jamais une révolution n'a éclaté à la suite de grèves ou d'une accumulation de grèves ni d'une quelconque classe ouvrière messianique, embellie dans une "reprise" fictive tous les dix ans (x).  C 'est au cours d'un processus qui bouleverse l'ensemble de la société que le prolétariat peut surgir en tant que seule classe homogène ou s'homogénéisant au cours des luttes. Octobre 1917 n'est pas parti des grèves ouvrières mais de la  guerre et d'une longue insubordination des paysans comme on le verra par après. Chers ouvriéristes, mai 68 non plus qui a été enclenché par les étudiants, pas en tant que futur prolétaires, contrairement au wokisme de la plus important secte maximaliste  (et vu le devenir de la plupart à l'époque) mais au nom d'une révolution utopique plus hippie que politique. La classe ouvrière française ne s'est mise en marche que que par après contre la répression, et sans aller jusqu'à une révolution encore utopique. Je reviens plus loin sur les particularités des périodes révolutionnaires où le prolétariat n'est pas messianique et reste rien sans partis pour orienter ou peser dans la confusion souvent générale.

L'AVEUGEMENT SECTAIRE  SUR LA REVOLTE PAYSANNE

Comment est-il possible d'être aussi simpliste : « Mais ce mouvement ne se situe pas sur le terrain de la classe ouvrière et ne peut tracer aucune perspective pour son combat. Pire, la bourgeoisie instrumentalise la colère des paysans pour mener une véritable attaque idéologique contre le prolétariat ! (…) Des petits paysans aux propriétaires de grandes exploitations modernes, bien que directement en concurrence, tous se sont retrouvés, avec la sainte onction des médias, autour des mêmes idoles sacrées : la défense de leur propriété privée et de la nation ! …) . Ni les petits paysans ni les petits patrons ne sont porteurs d’un quelconque avenir face à la crise insoluble du capitalisme. Bien au contraire ! (…) leur survie ne dépend que de la défense de « l’agriculture nationale ». Toutes les revendications des agriculteurs, contre « les charges », contre « les impôts », contre « les normes de Bruxelles », toutes ont pour point commun la préservation de leur propriété, petite ou grande, et la protection des frontières contre les importations étrangères. En Roumanie ou en Pologne, par exemple, les agriculteurs dénoncent la « concurrence déloyale » de l’Ukraine, accusée de brader le prix des céréales ».

Or tout cela ON LE SAIT ! Ce n'est pas la question ; laquelle est : quoi devenir dans une société en pleine déstructuration, décomposition aussi si vous voulez ? D »ailleurs contre ces gens à côté de la plaque, la révolte est populaire à plus de 80 % y inclus dans la classe ouvrière, non par une identification ou une croyance qu'on est tous à la même enseigne, mais parce qu'elle met en cause l'impéritie de l'Etat et ses mensonges répétés. Au lieu de quoi la secte dénonce...les révoltés, certes petits-bourgeois et habituellement méprisant l'ouvrier et l'employé. Ce n'est que « sporadiques mobilisations paysannes ». Pourtant pas du tout sporadiques et avec de la suite dans les idées contrairement à la classe ouvrière qui ne revient pas des jours ou des semaines après demander des comptes au gouvernement après s'être fait gruger ; de ce point de vue la lutte paysanne, même pour sa chapelle, est exemplaire et les ouvriers devraient s'en inspirer. La colère révèle en outre une certaine lutte de classe entre les gros et les petits et face aux coopératives abusives.

Quel crétinisme d'oser écrire : « En Roumanie ou en Pologne, par exemple, les agriculteurs dénoncent la « concurrence déloyale » de l’Ukraine, accusée de brader le prix des céréales ».C'est un plumitif adolescent qui a pondu une telle ânerie ? Qui montre que la secte est sur les positions « internationalistes » de la mondialisation capitaliste comme elle est sur la position irresponsable et démagogique des gauchistes sur la question de l'immigration ! Cette dénonciation de la concurrence déloyale, organisée pour soutenir un pays en guerre, est plus fondamentale que la préoccupation de nos ouvriéristes pour « mon augmentation de salaire » ou « ma petite retraite ». Là aussi lors de la réunion du petit cénacle au Salon, les paysans ont été plus honorables que l'ouvrier syndiqué ou sympathisant de la secte : « Monsieur Macron vous vous rendez compte que vous avez envoyé des sommes folles à l'Ukraine et que vous leur laissez envahir leur blé à notre détriment ! »

L'organisation devenue wokiste comme les gauchistes, rétorque : c'est du nationalisme ! Et, comme Macron au Salon de dénoncer « le danger Le ¨Pen » (« ce mouvement nourrit très clairement le discours des partis d’extrême-droites partout en Europe).. Mais quand les ouvriers se battent pour conserver leur emploi parce que leur usine file à l'étranger, c'est du nationalisme ? Quand les employés de la tour Eiffel se battent non pour leurs salaires mais contre la mauvaise gestion de cette entreprise par la gauche au pouvoir à Paris, c'est par complicité avec la bourgeoisie ? Le prolétariat français a encore le droit d'être national, sans être nationaliste, comme l'établissait le Manifeste de 1848. La secte est aussi une représentante des bobos parisiens ; « ...avec le drapeau national brandit fièrement et des discours infâmes sur le « vrai travail », « l’égoïsme des consommateurs » et des « urbains »[1] !

Il y a une telle accumulation de bêtises hors sol que je n'ai pas de temps à perdre à toutes les ridiculiser.

–   « La petite-bourgeoisie et des petits patrons vont sombrer toujours plus nombreux dans la misère ». C'est faux historiquement, les petits capitalistes ne finissent jamais pour la plupart dans la misère, comme ils préfèrent se suicider plutôt que se retrouver prolétaires ; dans les années 1920 en Allemagne ils s'engagent dans les milices fascistes, et se sauvent dans la perspective de la guerre. Aujourd'hui le populisme c'est trop mou pour les sauver et aussi conduire à la guerre pour laquelle on a donné deux fois en Europe. Ils sont en désarroi mais est-ce qu'ils sont les principaux contestataires à être la cause du chaos social ?

–   «  Cette réalité se constate déjà à travers les destructions aveugles ou les tentatives « d’affamer » les villes ». Encore une affirmation de bobo lunaire, à faire crouler de rire n'importe que sondeur ou spectateur qui applaudit au passage des tracteurs !

Ajoutez à cela une incapacité à saisir et comprendre les vraies causes du chaos social qui ne sont pas vraiment du même ordre, sous la prétention d'avoir découvert une incapacité de la bourgeoisie « à maintenir l’ordre et assurer la cohésion de la nation », pour laquelle on n'a pas attendu leurs (rares) lumières.

Les paysans (d'en bas), contrairement à ce que nos bobos assurent, sont aussi de plus en plus victimes de la répression policière. Les annonces ignobles du gouvernement ci-après dénoncées sont les mêmes que les gauchistes, qui oublient au passage cette classe ouvrière « blanche, nationaliste et raciste » : « ...emploi accru de la main d’œuvre étrangère sous-payée, arrêt de la moindre politique en faveur de l’environnement…(...). En Allemagne, pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, Scholz a dû reculer en partie sur le prix du gazole agricole, tout comme l’Union européenne sur les normes environnementales ».

Le coup d'estoc est au final lancé contre cette merde de paysannerie : «« La mobilisation des agriculteurs ne peut en aucune façon être un tremplin pour la lutte de la classe ouvrière. Au contraire, les prolétaires qui se laisseraient embarquer derrière les mots d’ordre et les méthodes des agriculteurs, dilués dans des couches sociales fondamentalement opposées à toute perspective révolutionnaire, ne pourraient que subir impuissants la pression du nationalisme et de toutes les idéologies réactionnaires charriées par ce mouvement ». 

Qui a parlé » de tremplin pour la lutte « de classe ouvrière » ? Les wokistes gauchistes comme toujours Quoique le mot tremplin soit faux, il n'est pas possible de nier que cette colère paysanne participe d'une même montée de la colère sociale, sachant que, en même temps, contrairement aux paysans qui mendient pour la «trésorerie » auprès d'un Etat hyper-endetté, les ouvriers ne se bercent d'illusions sur la possibilité de changer le système en conservant la propriété privée ou de taxer vraiment Lactalis et Leclerc.

Quant à la solution utopique pour l'heure de nos bobos maximalistes, « l'autonomie de classe » c'est pas pour demain.

LA GOUVERNANCE PAR LE CHAOS

Nos bobos qui se croient encore révolutionnaires en dépit de leurs énormités ahurissantes rabâchées et éculées, imaginent un réveil du prolétariat (tout comme tous leurs satellites exclus et qualifiés de policiers) via des grèves un peu partout étroitement corporatives et incapables de bloquer le pays comme les tracteurs des paysans[2].

Parler d'incapacité du gouvernement à gérer un chaos croissant est une belle formule ...creuse. The times they are changing, comme disait Bob Dylan. J'ai déjà à plusieurs reprises défendues cette théorie du chaos « contrôlé » dans mes précédents articles. Il ne faudrait pas s'illusionner avec ce constat que la bourgeoisie soit sujette au chaos ou qu'elle ne le contrôle pas complètement, idée optimiste et rêveuse que cela serait un boulevard vers le grand chambardement social, croyance qui es celle des gauchistes simplistes et au fond étrangers au prolétariat et à ses préoccupations sur comment réorganiser cette putain de société.

Prenons le cas de tous les partis politiques. Il n'y a plus de congrès. Les directions sont autoproclamées. Les Macron, Mélenchute, Bordella, etc. ne sont plus que des chefs incontrôlables à la tête de bandes. Non élu et et non seulement incontrôlable mais décisionnel, le Conseil d'Etat est la dictature qui surplombe même le Président. Vive la République, vive la démocratie ! Le règne populiste étendu n'est donc pas l'apanage des méchants de « l'extrême droite ». L'échec de tout mouvement de contestation est dû à l'absence d'un parti politique cohérent et fonctionnant comme parti réellement ; leur incapacité à se transformer en parti allié avec une répression cynique a éteint les gilets jaunes, tout comme l'incapacité historique de la paysannerie à un créer un conditionne sa régression inéluctable. Du côté du prolétariat il n'est rien, comme aujourd'hui tant qu'il n'en a pas. Cette situation d'impuissance des partis, l'Etat sait très bien FAIRE AVEC.

Pour partie le chaos échappe aux gouvernements, mais cela n'empêche qu'il s'en sert. Il aurait préféré se passer de la révolte des gilets jaunes et de celle des paysans. Mais il sait FAIRE AVEC.

Idem avec l'immigration explosive et envahissante qui est surtout la preuve que les libérations nationales il y a près de 70 ans n'ont servi à rien qu'à permettre aux grandes puissances impérialistes  de continuer à piller les matières premières, surtout l'or noir. L'aide au développement du tiers-monde n'a été qu une goutte d'eau jetée à la mer. Il suffirait d'accueillir toute la misère du monde selon les gauchistes parce que les blancs sont coupables et, dans le même ordre de salade pour notre secte maximaliste en décrétant que tous les immigrés sont des prolétaires à qui fournir le gîte , le couvert et les Allocs ; allez faire les malins à ce sujet avec les ouvriers mahorais !

Parce que la classe ouvrière serait une classe d'immigrés. Ce qui est faux, ce qui était vrai hier. Comme le voyaient nos grands fondateurs du marxisme, il y a toujours une classe  ouvrière autochtones, toujours classe même si les esprits chagrins regrettent qu'elle soit de plus en plus composée ce cols blancs. La bourgeoisie a toujours profité de mettre en concurrence chaque partie du prolétariat. Comme elle en profite pour l'accentuer face aux arrivées de plus en plus massives d'Afrique surtout et d'ailleurs. Arrivées qui deviennent de plus en plus ingérables et généralisent la misère et les inquiétudes, pas spécialement racistes dans la classe ouvrière. Les conciliabules, débats tordus, procès d'intention sur le sujet sont pain béni pour le pouvoir dominant. Lequel cultive l'ambiguïté, et des oppositions apparentes. Le jeune épouvantail Bardella comme Macron sait qu'on a besoin de l'immigration, mais tous deux sont impuissants à en fixer des limites. Nos paysans « fachos » en sont friands. La question de  l'immigration massive comme la présence de plus en plus massive de  noirs dans les transports en commun (et peu de blancs en Afrique) et de femmes arabes déguisées seraient une simple manipulation du gouvernement, pour révéler avec les gauchistes et l'orga maximaliste, que les français blancs et surtout les ouvriers sont racistes avec qui tout débat est impossible sur ce chaos :

–   fermez-la racistes que vous êtes !

La noble secte lutte aussi avec le gouvernement contre le racisme avec cette simple ficelle « on est tous des immigrés ». Comme la bourgeoisie ou les ouvriers agricoles africains qui débarquent en France. De même, en complet accord avec leurs ennemis gauchistes, la secte accuse le gouvernement de dévier les vrais problèmes sur l'islam. Parce que l'islam n'est pas un vrai problème sociétal même dans la classe ouvrière ?

Les émeutes des très jeunes des banlieues pourries par la drogue et l'islam et les profs tabassés ou menacés de mort part des ados déjantés, c'est la faute partout et toujours au gouvernement ? Non mais par contre cela puis permet de valoriser sa police, un peu moins sa magistrature inique et dégueulasse.

Il ne suffit pas de se contenter de désigner le chaos social et politique, au fond au même niveau que la presse bourgeoise en saupoudrant le tout de l'attente du prolétariat messianique, qui, jusqu'à la fin des temps, après l'assaut du ciel ; nous installera dans ce monde douillet sans patrie ni frontières polluantes. Il faudrait peut-être en identifier les diverses causes, sans se contenter du messianisme communiste. Lancer des pistes sur ces questions qu'ont si bien posées les paysans, pour tenter de montrer que les contradictions du capitalisme pour gérer le monde ne sont pas insurmontables si déjà on se pose les vraies questions à partir des vrais problèmes sans radoter les vieilles recettes du passé, qui ne sont tout au plus que de l'opportunisme gauchiste et un internationalisme de bourgeois.

La secte, à l'unisson des gauchistes a bataillé et soupesé une loi « anti-ouvrière » (pas vraiment pourtant, plutôt une simagrée de prise au sérieux du « grand remplacement ») qui a été retirée, montrant non l'hétérogénéité des cliques bourgeoises mais leur complémentarité face au peuple électeur. La partition fut superbe. Les droites avec Ciotti, Le Pen et une fraction macroniste ont joué la partition du frein à l'immigration qu'il savent impossible quand la gauche et le troupeau macroniste a posé pour la place éthique et humanitaire de la France ouverte à toutes les misères du monde sûrs de hérisser ce salaud d'électeur de droite et l'ignoble ouvrier raciste. Débats on ne peut plus confus où le Conseil d'Etat a mis tout le monde d'accord en faisant croire que le retour en arrière (de gauche) améliorerait la situation de l'immigré. Toutes les approximations de notre secte maximaliste gauchiste sont aussi stupides et incrédibles que celles sur la paysannerie, et je ne veux pas les lister toutes ici pour ne pas ennuyer mon lecteur.

Anti-ouvrière cette loi ? Encore une fois pas vraiment à moins de considérer  tout pet du gouvernement comme anti-ouvrier. Loi bancale, mystificatrice et ne changeant rien au double jeu cynique de toutes les fractions bourgeoises en lice. L'invasion migratoire n'est pas normale. Plus que par le passé on assiste à une fuite massive des guerres encore locales de la part de millions d'ukrainiens, d'africains, et. Et on les comprend mais on en comprend aussi les conséquences quand un tas de sectes qui se croient révolutionnaires imaginent qu'on peut les faire accueillir, et massivement par notre Etat bourgeois. Ce sont tous des curés qui, une fois les lampions éteints, les abandonnent tous dans leur nouvelle misère. Plus pitoyable est leur soutien à Darmanin retoqué par le Conseil d'Etat où le regroupement familial (si vecteur de communautarisme) reste maintenu à seulement dix huit mois de présence en France. C'est une honte d'être français et pas internationaliste de naissance, comme c'est une honte de faire venir de la famille avec pour obligation un examen de français (Engels en rigole dans sa tombe). Enfin plus scandaleux pour nos bobos hors-sol qui méprisent la rubrique (gouvernementale) des faits divers ; « Le délit de séjour irrégulier en France, aboli en 2010, est rétabli, avec amende de 3750 € et une interdiction de territoire de trois ans à la clé ».

 L'ATTENTE DE LA PURE REVOLUTION OUVRIERE

Il faute être magnanime avec les militants, surtout les plus jeunes, ce ne sont pas des historiens. Ils ont besoin de définitions simples, faciles à répéter. Le courant sectaire international est là pour fournir le simplisme et ce rêve pieux de révolution gréviste et purement ouvrière face à la merde paysanne. Souci qui fût celui de Lénine et Staline lorsqu'ils firent mitrailler ces salauds de paysans fourriers de la contre-révolution. Depuis 50 ans voici un résumé de leur fable ouvriériste et bolchevique intrinsèque du début de la révolution russe :

«  (…) des millions de prolétaires, entraînant derrière eux toutes les autres couches exploitées de la société, sont parvenus à briser leur atomisation (…) A la tête du mouvement se trouvaient les internationalistes, les bolcheviks, les spartakistes, (...)A l'avant-garde de ce mouvement international qui arrêtera la guerre et ouvrira la possibilité de la révolution mondiale, depuis 1915 les ouvriers russes lancent des grèves économiques qui sont durement réprimées.  Le prolétariat, seule classe révolutionnaire... ».

Tout cela n'est pas vrai. Pas des millions de prolétaires dans un pays comptant 80 % d'une population rurale. A la tête du mouvement non pas Lénine en Suisse ni Rosa en train de tricoter mais les millions de soldats paysans, comme en Allemagne, déserteurs ou retournant leurs armes contre leurs officiers. C'est la guerre qui bouleversa toute la société et pas simplement une classe ouvrière minoritaire qui, si elle n'avait pu compter sur d'autres couches n'aurait pas réussi la révolution. La guerre a réactivé le phénomènes des émeutes rurales, « les révoltes de bonnes femmes » (babyi bounty), phénomène traditionnel. Sans lien entre elles ces révoltes répétées n'expriment pas une conscience politique ni ne débouchent en un mouvement politique pour contester l'ordre en place. Les femmes de soldats y ont joué un rôle prépondérant. C'est inédit mais elles agissent par des milliers de requêtes et de protestations C'est la première grande lutte historique en vue de la libération des femmes au cœur de ce qui va devenir une vraie  révolution prolétarienne1.

Il y a ensuite un mythe bolchevique qui minore l'action des paysans : les soldats « bolchevisés » auraient propagés la révolution au village. Ce ne sont pas les pillages paysans qui vont s'ensuivrent, mais paradoxalement le soutien électoral des paysans aux bolcheviques (pas les koulaks). Le véritable apport de la « masse grise » se situe ailleurs, dans leur présence lors des élections de la Constituante en novembre 1917. D’une part, les bolcheviks peuvent compter sur la pression exercée par quelques soldats en armes qui, comme à Kozlov, débarquent pour « vérifier les listes » [.Surtout, les soldats constituent le groupe qui se rend le plus volontiers, le plus massivement et le plus tôt aux urnes ; même les blessés et les malades exigent de pouvoir jouir de ce droit inédit. Ils se sentent investis d’un devoir, celui de faire porter la voix de ceux qui en étaient privés, et de ceux qui se sont sacrifiés pour l’ancien régime. Comme ceux qui sont restés à l’arrière, et grâce au décret du 6 mars sur les libertés civiles, les paysans-soldats sont devenus des citoyens à part entière. L’année 1917 se caractérise par une extraordinaire explosion démocratique qui se manifeste par des débats, des élections, des votes, des pétitions, des meetings. Loin de l’arrière, les soldats du front développent leur propre espace politique, à l’imitation de la société civile.

Les meetings se multiplient et l’on y discute de plus en plus de la paix et de la terre : les soldats entendent décider à la place des responsables politiques en qui ils ne croient plus.1Comme au village, les revendications catégorielles ne sont pas envisagées séparément des questions plus vastes. Les soldats représentent une cible privilégiée des agitateurs envoyés par tous les partis comme par le gouvernement. En avril, les congrès de front et d’armée se multiplient . La Révolution n’est pas forcément synonyme d’éclatement et de polarisation partisane, même au front. Les paysans sont loin d’être aussi « arriérés » (temnye) qu’on les présente ou qu’ils le prétendent partagent cette passion démocratique. :

Les paysans et leurs épouses, sœurs, veuves prennent aussi leur destin en main. Les droits des femmes ont nettement progressé à l’assemblée rurale, ce qui explique leur nombre remarquable dans les comités paysans de certaines régions. Les communautés villageoises se mettent à se réunir, débattre, voter des résolutions et lancent des appels aux autorités afin qu’elles prêtent une meilleure attention à leurs requêtes.La précision des revendications et la clarté de l’organisation, fondée sur un comité qui sera plus respecté que le zemstvo de canton trop longtemps attendu, tranche avec le caractère théorique et abstrait des débats sur la question au sein des partis politiques. Dès les premiers jours de la révolution, la disjonction entre l’élite politique urbaine et la paysannerie saute aux yeux, alors que s’opère la conjonction avec les intérêts ouvriers, indiquée par l’emploi d’un vocabulaire commun. Il ne faut pas oublier le score honorable des bolcheviks à la campagne, et leur succès sans égal auprès des soldats de l’arrière, en majorité paysans : sur les 1,024 million de votants des 200 garnisons de l’arrière, 55,4 % ont voté pour les bolcheviks2.

 Non seulement les paysans ont participé aux révolutions politiques de l’année 1917 (la fin de la monarchie, la démocratisation), mais ils ont aussi mené, à divers endroits du territoire (villages et villes de garnison, chefs-lieux et front) et avec des intensités variables, leur révolution particulière.Le renforcement du sentiment de classe et la tyrannie de la communauté ne signifient toutefois pas un repli sur l’horizon villageois. Le rôle accru des femmes dans les affaires politiques rurales atteste de la libération irrépressible de la société. Les échanges épistolaires avec le front, les responsables politiques et les journaux, ou les délégations en ville, démontrent un inédit désir de s’engager individuellement et de revendiquer collectivement une conception spécifiquement paysanne de la révolution. Préoccupations socioéconomiques locales et ambitions universelles de transformation sociale, discours résolus et actes violents censés établir un ordre plus juste scellent l’originalité de la révolution paysanne russe en 19173.

Ce qui a conditionné les débuts de la lutte contre la guerre en 1914

 L’orage éclata au début du xxe siècle, précisément dans les campagnes, et fut tout aussi inattendu pour la droite (c’est-à-dire pour l’autocratie) que pour la gauche (les révolutionnaires). Les manifestations paysannes étaient courantes en Russie. Mais quelque chose de nouveau et d’inattendu se produisit en 1902 : une manifestation de paysans, dont les causes étaient tout à fait banales (prix élevé de la location de la terre, bas salaires, mauvaises conditions de travail, règne de l’arbitraire) servit de détonateur à d’autres révoltes qui se déclenchèrent dans les villages voisins. Celles-ci, à leur tour, furent à l’origine de nouvelles manifestations dont la cause était le manque général de terres. Autre phénomène nouveau et inattendu : l’extrémisme de la paysannerie. Dans de nombreux cas, les paysans s’emparèrent des grandes propriétés, forcèrent l’entrée des greniers, emportèrent les grains et mirent le feu aux bâtiments. Ces manifestations étaient devenues de véritables révoltes, ouvertement dirigées contre la police et les troupes armées.

Né en 1905, le programme de la révolution paysanne fut massivement repris dans les campagnes. D’après les doléances qui furent adressées en mai 1917 aux députés du Congrès national des soviets paysans, les campagnes exigeaient l’abolition immédiate et totale de la propriété privée et la redistribution des terres sur des bases égalitaires. L’indécision du gouvernement provisoire et le retard pris dans l’élection de l’assemblée constituante poussèrent les paysans à résoudre eux-mêmes la question de la terre. La vague révolutionnaire, qui était née au printemps 1917 et déferla à l’automne, emporta en effet toutes les formes du capitalisme agraire naissant en Russie, ainsi que tout un patrimoine culturel. De très riches bibliothèques et des collections uniques de peinture et de sculpture disparurent dans la tourmente La paysannerie balaya le système de violence fondé sur le pouvoir absolu des grands propriétaires et réalisa son idéal d’une exploitation égalitaire des terres en donnant le pouvoir aux bolcheviks dont elle avait le soutien. Mais l’état d’esprit spontanément révolutionnaire de la paysannerie et les visées réformatrices des bolcheviks n’allaient pas dans le même sens.

Il ne s'agit pas de faire équivaloir l'immense masse des paysans pauvres devenus révolutionnaires aux côtés des ouvriers russes, et pas immigrés, aux paysans moyens en France endettés parce que leur confortable tracteur avec chaîne hi fi est impayable à long terme, mais de souligner que, en période révolutionnaire, l'impact de transformation de la société révèle de belles surprises qu'on n'attendait pas et qui concernent pas seulement la classe ouvrière, pas souvent à l'initiative, mais toute l'humanité.

Enfin dernier élément, peut-être le plus important - que j'ajoute après coup - la protestation des paysans n'est pas "nationale"; ils ont conscience et voient comme nous la colère et les émeutes qui  se répandent en Europe contre le Mercosur, quand les prix planchers sont exigés à Bruxelles par tous les paysans européens. Ce qui dérangent quand même le capitalisme international (sic) et c'est autrement plus grave que les barricades étudiantes de mai 68.

A suivre pour une partie moins glorieuse où nos bobos maximalistes ont approuvé les massacres de Lénine (leur dieu) et de Staline (le méchant bâtard) contre une paysannerie dont une partie resta fidèle aux bolcheviques.


NOTES

(x) Avec le même type de formulation- une "reprise" aléatoire et toujours supposée - laissant penser qu'on est à la veille du grand soir (cf. Les années 80 années de vérité! comme toutes les années depuis...). Ou en 1992: "La riposte des ouvriers en Italie ouvre donc une nouvelle dynamique dans la lutte de classe. Elle marque la fin de toute une période de passivité du prolétariat mondial, notamment dans les pays centraux d'Europe occidentale. Les conditions sont aujourd'hui réunies pour une reprise de la combativité ouvrière dans tous les pays industrialisés". RI 217.

2ibid

3 Les révolutions du paysan russe Alexandre Sumpf : Mouvement annonciateur https://books.openedition.org/pumi/13740?lang=fr

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