(extraits du livre de Marie-France Hirigoyen « Les Narcisse » ed La découverte)
NB lire, à la suite ces extraits, plus bas, un témoignage passionnant sur narcissisme et paranoïa en milieu gauchiste et ultra-gauche.
Le narcissisme renvoie au pouvoir qu'il soit détenu par une femme ou un homme. On verra en cours de route qu'il peut s'appliquer aussi à ceux qui se déclarent « syndicalistes », « militants des droits de l'homme », « acteurs humanitaires », et même ceux qui se croient "militants révolutionnaires", tous ont des désirs plus ou moins avoué dont les deux tétines restent le pouvoir (même spirituel) et le sexe (même fantasmé). Comme quoi après la révolution il ne faudra pas se contenter de se débarrasser des patrons et des syndicalistes mais aussi des militants de tout acabit tous attirés cette vanité : la prise d'un pouvoir à tout prix. L'attirance du pouvoir par l'esbroufe ne vient pas seulement des politiques, mêlant trafics d'influences et abus des femmes, elle touche le journalisme, le cinéma (sic), la chanson ; des personnages aussi peu recommandables que Benalla, PPDA, JL Lahaie, Weinstein, DSK, Duhamel, une bonne partie du staff du PS, sans oublier l'odieuse Esther Benbassa, font partie de la liste des persécuteurs... intouchables qui "salissent tout ce qu'ils touchent" pour reprendre une formule perverse bien connue. (il faut mentionner aussi sur le fond de cette idéologie le travail immense de l'excellent Christopher Lasch "La culture du narcissisme")
« Aujourd'hui la tradition de différence sexuelle et l'acceptation des tensions entre sexes opposés ne survivent plus guère que dans la classe ouvrière. Les féministes bourgeoises envient la capacité qu'ont les femmes d'ouvriers d'admettre que les hommes les gênent, sans les haïr pour autant ». (…) Le capitalisme a sans doute rompu les liens de l'assujettissement personnel, mais recréé une autre dépendance, sous couvert de rationalité bureaucratique. Après avoir détruit le système féodal, il en est arrivé à dépasser son propre mode personnel et familial. Il a maintenant élaboré une nouvelle idéologie politique, une sorte d'assistance publique libérale, qui absout l'individu de toute responsabilité morale et le traite comme une victime des conditions sociales ».
(…) Lors d'une conférence de presse en mai 1962, John F. Kennedy, dans une de ses déclarations typiques, proclama la fin de l'idéologie en des termes qui répondaient à ces deux besoins du public : croire que les décisions politiques sont entre les mains d'experts sans passions ni préjugés ; et que les problèmes dont traitent les experts sont inintelligibles à l'homme ordinaire ». (cf. La culture du narcissisme et tous ses autres livres aux éditions de poche Champs Flammarion)
***
(...) De nombreux dirigeants et entrepreneurs sont narcissiques, ce qui n'est pas en soi un problème s'ils le restent modérément. Cela l'est en revanche quand ils le sont de façon excessive, voire pathologique. Ceux-là réussissent d'abord parce que leur confiance en eux les rend plus audacieux et convaincants pour défendre leurs projets. Parce qu'ils sont séducteurs, ils savent donner d'eux une bonne image, maquiller leur arrogance, manier l'humour pour faire tomber la méfiance et, par un sens inné du réseau, vite repérer comment créer les bonnes alliances. Dans les entretiens d'embauche, ils sont excellents et réussissent à abuser les recruteurs, qui se laissent piéger par leur aisance de façade. Comme l'ont noté en 2014 les psychologues américains Rpbert Kaiser et Bartholomew Craig, « c'est l'attention obsessionnelle qu'elle accorde à sa propre personne qui donne à la personne narcissique un semblant de charisme ». Grâce à leur capacité à accumuler pouvoir et influence, ces Narcisse passent pour de bons leaders. Le fait d'être présomptueux, charismatique ou égoïste les aide à monter dans la hiérarchie jusqu'à devenir des dirigeants, car ils fascinent leur entourage par leur ambition affichée, leurs facilités relationnelles et leur vision stratégique.
En 2018, Arnaud Montebourg, l'ancien ministre français du Redressement productif, évoquait ainsi l' «Arabe non conventionnel » Ramdane Touhami, inventeur à succès de la marque de soins Buly qui avait su « réveiller de belles marques de mode ou de luxe endormies» : «J'étais ministre, il était étincelant, envahissant, dominant et drôle. Avec un tempérament de feu et un désir de reconnaissance et de réussite que j'ai tout de suite trouvé sain ». C'est ce qui l'a motivé pour l'aider dans ses investissements : « J'ai mis mon cabinet sur le coup, pour que les problèmes habituels de crédit soient réglés. Après cela, j'ai convaincu M Capital, le troisième fonds de capital-risque français, d'investir. C'est comme cela qu'il a pu ouvrir ses boutiques ».
Lorsque les individus narcissiques sont promus à des postes élevés, ils considèrent en général cette promotion comme une reconnaissance de leurs aptitudes et de leur ambition, et leur comportement narcissique peut devenir encore plus extrême. (…)
Les PDG narcissiques ont tendance à être téméraires en affaires, ce qui se traduit par le caractère spectaculaire de leurs réussites comme de leurs échecs. Ils engagent plus de changements – et plus rapidement – que les non-narcissiques et se lancent dans des projets de grande envergure qui attireront toute l'attention sur eux. Dans une étude publiée en 2007, deux chercheurs américains en management ont montré que les dirigeants narcissiques ont tendance à faire des changements de stratégie plus fréquents, à procéder à des acquisitions plus importantes et plus fréquentes et connaissent les fluctuations de performance plus extrêmes. Ils ont évalué le niveau de narcissisme de cent onze PDG de société de logiciels et de matériel informatique et l'ont comparé aux stratégies et performances de leurs entreprises. Leurs indicateurs pour mesurer le degré de narcissisme de ces PDG étaient l'importance de la place occupée par leurs photos dans les rapports annuels, le nombre de fois où ils sont mentionnés dans les communiqués de presse, l'emploi du « je » en entrevue et l'écart de rémunération entre eux et leur subalterne immédiat (…)
Selon plusieurs psychologues américains, la majorité des acteurs de la crise financière de 2008, dont Jeffrey Skilling ex-PDG d'Enron, étaient des narcissiques, obsédas par leur classement, le pouvoir et le sexe. « Les narcissiques font des investissements risqués, pas forcément parce qu'ils ont mal évalué le risque associé, mais plutôt à cause de l'appât du gain auquel ils ne résistent pas ». « Skilling se définissait ainsi : « I am fucking smart ! ». Pour promouvoir leurs ambitions personnelles, ils se servent des autres sans se remettre en question.
(…) Mais le problème est que leur pouvoir de séduction est souvent éphémère et leur charme s'estompe rapidement. Apparaissent alors leur arrogance, leur manque d'empathie, voire leur rudesse, car les plus narcissiques sont tellement autocentrés qu'ils peuvent avoir des comportements toxiques ou des positions non éthiques. Ils adoptent souvent des conduites abusives et veillent à leurs propres intérêts plutôt qu'au bien-être de leur personnel et à l'expansion de l'entreprise qui les a embauchés. La littérature académique sur les comportements managériaux toxiques est abondante.
(…) Des chercheurs américains ont tenté de comprendre le lien entre charisme et narcissisme : « Vous êtes vous jamais demandé pourquoi les individus égoïstes, arrogants et se croyant tout permis étaient si séduisants ? Les narcissiques sont pourtant des parasites pour la société. Lorsqu'ils sont aux commandes d'une entreprise, ils commettent des fraudes, démoralisent les employés et dévaluent les actions ».
« Comme l'a montré Manfred Kets de Vries (psychanalyste hollandais spécialiste du management), plus vous devenez puissant, plus vous êtes entouré par « des murs, des miroirs et des menteurs ». Il n'y à rien à apprendre des gens qui sont d'accord avec vous. Lorsque tout ce que vous entendez des gens autour de vous est à quel point vous êtes un géant, c'est un signe clair que votre déraillement a commencé ».
(…) L'important est de faire illusion, de paraître crédible, peu importe que ce soit vrai ou faux, car les émotions comptent plus que les faits tangibles. L'art du récit, le storytelling, a envahi toute la communication et, plutôt que de traiter du fond d'un sujet, les médias mettent en avant l'émotion ou brossent le portrait d'un héros ou d'une héroïne ».
LES HOMMES ET LES FEMMES POLITIQUES SONT TOUS DES NARCISSE
(…) Aux Etat-Unis, les hommes politiques pris en flagrant délit de tricherie ou de harcèlement sexuel doivent afficher une repentance médiatique, alors qu'en France, il leur suffit souvent de reconnaître simplement une erreur, puis éventuellement d'accepter une confession médiatique avec une mise en scène proche de la téléréalité. Présenter des excuses publiques est un exercice narcissique qui fait appel à l'émotion pour obtenir une rédemption médiatique. L'énorme mensonge de Georges Bush sur les armes de destruction massive en Irak ne l'a en rien empêché d'arriver au terme de son mandat et d'être devenu un ancien président( respecté comme un autre.
(…) Dans son livre, Lemaître reprend la biographie d'un certain nombre de grands scientifiques, dont des prix Nobel et montre leur face sombre. On y découvre des hommes arrogants, séducteurs et dominants, cherchant à se mettre en avant, transformant leurs découvertes en des moments mythiques sans reconnaître la moindre dette à l'égard d'autres chercheurs dont ils ont utilisé les travaux pour monter en puissance.
(…) Il est clair que tous les politiques sont narcissiques, même si tous ne le sont pas de façon pathologique. L'exercice du pouvoir accentuant les traits de caractère, certains le deviennent de façon tellement caricaturale, comme Silvio Berlusconi ; qu'il ne perçoivent même pas le ridicule de leur position.. (…)
Le monde politique et les honneurs qui y sont associés peuvent en effet amener les moins narcissiques à le devenir de façon excessive, car ils sont exposés en permanence face aux caméras, leurs faits et gestes, paroles et tweets sont décortiqués. C'est pourquoi pour s'assurer de donner une bonne image, ils sont coachés par des conseils en communication. Cette mise en scène permanente peut amener ceux d'entre eux qui sont plus centrés sur les apparences du pouvoir que sur les responsabilités qui y sont associées à se mettre en scène comme des stars, voire à s'afficher dans des émissions de variété. Le risque est alors grand pour eux de ne se préoccuper que de l'impression qu'ils produisent sur les électeurs, de devenir accros à l'image d'eux reflétée dans les médias et d'oublier la tâche qu'ils ont à accomplir. Certains se sont ainsi laissés griser par le prestige de la fonction jusqu'à acquérir des goûts de luxe, comme le conseiller politique de François Hollande Aquillino Morelle, qui faisait venir un cireur de chaussures à l'Elysée, ce qui lui a valu son éviction en 2014.
Dans le système politique actuel, sont promus ceux qui savent donner à penser qu'ils sont « compétitifs », sans doute parce qu'ils gèrent mieux leur image. Mais ce ne seront pas forcément les plus compétents pour l'exercice du pouvoir lors d'une campagne électorale, les candidats doivent en effet séduire plutôt que convaincre ; ils utilisent pour cela des mots-clés susceptibles de trouver un écho dans leur électorat, même si leurs promesses sont clairement irréalisables (…) Nombre d'électeurs sont en effet sensibles à l'allure générale d'un candidat, son physique et ses comportements non verbaux » (NB c'est le cas de Zemmour, Narcisse de première comme l'a reconnu la mère Le Pen, on s'identifie à lui parce qu'il est vraiment « petit » de taille et grimace sans cesse pendant que son contradicteur lui répond).
(…) Dans la société moderne, l'image l'emporte sur l'analyse et les citoyens attendent d'un chef d'Etat qu'il soit au-dessus du commun des mortels (pas d'accord, comme je viens de le noter pour Zemmour, il fait le contraire il joue au « monsieur tout le mon). C'est ce qu' appris à se dépens François Hollande qui, pour se démarquer de Nicolas Sarkozy dont le narcissisme exacerbé était devenu insupportable pour nombre de français, s'était présenté en 2012 comme un président « normal ». Dans la réalité, François Hollande est un Narcisse vulnérable, avec une estime de soi haute mais instable ».
(…) Sarkozy avait besoin d'exhiber ses relations prestigieuses, ses femmes-trophées et son goût « bling-bling » pour le luxe (…) Jean-Luc Mélenchon est quant à lui un Narcisse flamboyant à tendance paranoïaque, il se croit autorisé à insulter tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Comme Donald Trump, il voit des complots partout et hait les journalistes (…) Ses dérapages ne sont pas maîtrisés, bien au contraire, il est seulement dépassé par sa mégalomanie.
Plus généralement, la culture de la classe politique française reste largement fondée sur l'impunité et les privilèges, d'autant que les citoyens ont longtemps été très tolérants à l'égard des transgressions de leurs dirigeants. D'où le risque de népotisme au bénéfice d'épouses ou d'enfants comme l'a illustré de façon spectaculaire l'ancien Premier ministre François Fillon.
(…) Poutine est obsédé par les médias:il s'y montre pour mieux cacher sa personnalité et il sait s'en servir pour se rendre artificiellement sympathique auprès de la population. Ceux qui l'ont rencontré le décrivent comme un homme glaçant dénué de sentiments, au point qu'on ne peut pas lire dans ses yeux ni dans son langage corporel, ce qui déstabilise ses interlocuteurs. Gommant les crimes du système totalitaire soviétique, il continue à voir en Staline le héros de la lutte contre le nazisme. Comme ce dernier, qui a souvent été qualifié de paranoïaque alors qu'il était avant tout un pervers narcissique, Poutine est persuadé qu'il est en butte à une conspiration et qu'il est donc fondé à se défendre (…) Mais Wladimir Poutine est avant tout un pervers, car il excelle en fin stratège dans l'art de brouiller les pistes et d'exploiter les faiblesses des autres pour les diviser (…) Plusieurs assassinats ont été ensuite imputés au pouvoir russe (au début de sa carrière) mais Poutine a l'habitude de mentir et de ne jamais reconnaître la réalité d'une situation. Quant il est en difficulté, il dénonce un « complot de l'Occident » pour montrer à son peuple que le problème ne vient pas de lui ».
POUR DES ARCHIVES HISTORIQUES:
DES NARCISSE GAUCHISTES PAR CENTAINES
Voici un témoignage passionnant d'un camarade, bien plus jeune que moi et avec de graves soucis de santé, qui a connu la chienlit des divers groupuscules de l'après 68 et approché toute une galerie de personnages très narcissiques voire très cons, qui se prenaient pour les nouveaux papes du prolétariat. Son témoignage aurait pu être intégré à mon histoire du groupuscule "Gauche Marxiste" journal Lutte Continue dont les petits leaders (W.Marcus, Serge Cosseron, le fils Souyri) cachaient qu'ils pompaient en fait un groupe gauchiste de merde en Italie : Lotta continua.
Là je t'envoie un lien d'une interview très récente de Bourseiller sur son nouveau bouquin. Il vient de la balancer sur son Facebook. Je l'ai lu, c'est nul, mais bon...
(note de JLR: En 1972 nous avions intégré le jeune Christophe Bourseiller, alors âgé de 15 ans, et lors de sa première réunion d'intronisation à la "Gauche Marxiste" il nous avait proposé de... prendre les armes! On était passé à l'ordre du jour)
LETTRE DE F.
(...) "En revenant à la GM, sur Balzac, on était trois lycéens à avoir approché la GM. J'avais découvert la GM à la fête de LO à Presles, donc à la Pentecôte 1972. À l'époque il devait aussi y avoir un stand du PIC, de RI, un des Labor Committee US qui étaient en discussion avec LO et les cliffistes de International Socialism en GB. J'avais donc seize ans, Bourseiller 15 ans, et le troisième Didier M. 16 ans. On était pas très politique, juste vécu très jeunes 68. J'étais à l'époque à Charlemagne, plutôt anar, mes premières lectures étant Bakounine. Au bahut sévissait Thierry Jonquet et un dénommé Michel Rodinson futur directeur de publication de Lutte Ouvrière.
Bref,
en 1972, je lisais tout ce que je pouvais trouver sous la main, que
ce soit libertaire, certains textes situ (que je trouvais plutôt
abscons), et j'avais commencé à m'intéresser aux écrits de Rosa
Luxemburg et à la révolution spartakiste. Comme je passais pas mal
de temps à la Joie de Lire au sous sol à dévorer un certain nombre
de périodiques, j'avais pris l'habitude de lire Lutte Continue. Je
ne me souviens plus comment je suis entré en contact avec la GM, si
c'est dès la fête de LO 72 ou un peu plus tard, car la GM faisait
parfois des ventes du journal devant la Joie de Lire le samedi. J'ai
dû tomber sur Vladimir Marcus directement. Suite à ça, j'en avais
parlé à Didier et à Christophe. Didier avait immédiatement suivi
à commencer la vente du journal à Balzac avant de laisser tomber et
rejoindre Revolution !
Christophe quand à lui, le remplaçant en
participant essentiellement à quelques ventes pendant les manifs
lycéennes, ainsi qu'à quelques réunions, rue d'Ulm et à une si
j'ai bonne mémoire qui s'est déroulée en banlieue sud de Paris.
C'est à peu près tout.
Moi, géographiquement, je n'habitais pas loin de chez Serge Cosseron (je pense qu'il devait encore habiter chez ses parents du côté de Noisy Le Sec), moi j'étais à Bagnolet, dix minutes en mobylette. J'ai participé à quelques réunions chez lui (un soir, un truc m'avait fait marrer, il avait ouvert une caisse, qui était pleine de numéros du journal Potere Operaio en ajoutant furtivement, ne le dis à personne ! ) Sinon hormis les ventes de journaux au bahut, dans les manifs lycéennes et devant la Joie de Lire, mon activité s'est résumée jusqu'à la disparition de la GM à certaines réunions chez Serge, chez Vladimir une ou deux fois, au resto au dessus de la Joie de Lire et aux AG de la rue d'Ulm, ainsi qu'à une soirée de formation par Pierre Brune du côté du métro Blanche près de la place Clichy (j'ai dû y être avec Didier).
Je viens de lire ton texte sur la GM, et il y a des tas de choses que j'ignorais sur les débats internes. Ce qui est un peu normal, vu que on était que des lycéens sympathisants entre l'automne 72 et le début de l'été 73. Rien que de lire l'intégralité des statuts, ça m'a fait sourire, puisque dans la pratique, ça n'était pas vraiment ça, en tout cas, à notre arrivée.
Je me souviens aussi du comportement d'Ogier, qui me faisait rire aussi bien à la Sorbonne ou à Censier quand il lui prenait la mauvaise idée de rentrer dans un amphi, d'arrêter le prof et de décréter la grève sans trop de succès.
Je me souviens de la manifestation contre Ordre Nouveau à la Mutualité, j'y avais participé. Je me rappelle que le débat avait été houleux au sein de la GM pour soutenir l'appel ou pas.
N'ayant
jamais trop compris la raison et les dissensions au sein de la GM à
l'été 73 malgré une discussion chez Vladimir lors de la mise en
maquette du dernier numéro de LC, j'ai alors continué seul mon bout
de chemin en restant en contact avec les gens de Matériaux pour
l'intervention à rue d'Ulm (dont Finkielkraut était membre) pendant plusieurs mois, vendant surtout
une grosse brochure reliée au lycée avec un autre camarade de
classe, continuant à lire Rosa Luxemburg et finissant par me
rapprocher de l'AMR très brièvement sous l'influence de Charles
Najman qui était le leader lycéen et présent à Balzac pendant le
mouvement contre la loi Debré, bien plus que Michel Field ou de
l'imbécile à la grande gueule Julien Dray tous les deux à la
ligue. A l'époque l'AMR envisageait de faire son entrée au PSU et
j'étais plutôt contre. Et puis survint ma grosse connerie, me
laisser embrigader par les Labor Committee à Balzac qui avait un
membre pion de lycée venu de LO, moi qui avait été les revoir à
la fête de LO en 1973 sur leur stand (ils avaient eu droit à un
très gros stand à la fête, puis se sont fait interdire de fête
pour comportement prosélytique dans les allées, avec engueulade
avec les dirigeants de LO). Donc débarquent au lycée deux ex
lycéens de Balzac membres fondateurs des LC en France (dont le plus
âgé avait fait le déplacement jusqu'à NYC pour rencontrer Lyn
Marcus (Lyndon LaRouche)et avec l'aide du troisième ex LO pion au
lycée, commencent une série de cours bi hebdomadaires en fin de
journée sur l'économie et Rosa Luxemburg pendant des semaines. Le
pire c'est qu'il y avait une quinzaine de lycéens qui ont suivi ces
cours et je me suis retrouvé malgré moi (peut-être par curiosité
au début) à être invité à une de leurs conférences européennes
qui eu lieu à Francfort à Pâques 74. Après, comme un bleu, je me
suis fait avoir par leurs discours catastrophiste sur la crise qui
étaient le même quasiment à l'identique que celui développé par
la Socialist Labour League de Gerry Healy en Grande Bretagne. Quand
Lyn Marcus a quitté le SWP US pour rejoindre au début des années
60 le groupe scissionniste regroupé autour de James Robertson et de
Tim Wolforth issu du SWP et en désaccord sur la question de Cuba
(ahah les querelles entre trotskystes), pour faire court, Gerry Healy
voulait récupérer le tout, mais comme il s'est heurté à un ego
aussi sur dimensionné que le sien du côté de Robertson et Marcus,
il n'a gardé que Wolforh pour construire la Workers League US
pendant une quinzaine d'années avant de le faire dégager de la
direction en accusant sa femme de travailler pour la CIA. Marcus,
quand à lui, est devenu complètement paranoïaque et stalinien à
partir du moment où sa compagne qui avait créé avec lui et un
petit noyau d'intellectuels son groupe, alors très
décentralisé et démocratique, s'est barrée en Grande Bretagne
pour une aventure amoureuse avec un jeune membre britannique des LC
venu de International Socialism de Tony Cliff. Le "nouveau Karl
Marx" comme le surnommait les plus fidèles de ses disciples,
s'est transformé en intellectuel paresseux, autoritaire, délirant
et alcoolique et voleur ! Enfin bref, un cinglé qui a viré ceux qui
le gênaient pour faire de son groupe une grosse secte de plusieurs
milliers de membres plutôt très dangereuse. Bon, le mec est mort il
y a deux ans et j'ai appris que ce qu'il restait de son groupe venait
de scissionner en deux ! Je suis mort de rire, façon de parler, même
si ils m'ont pris la tête plusieurs années dans les années 70
avant que je ne claque la porte, les maudissant à tout jamais !
Tiens toi bien, ce groupe critiqué par RI très tôt pour être
dirigé par des gens borderline et un brin psychotiques (à cause de
la violence physique développée contre le PC américain et le SWP
essentiellement) vient de scissionner en deux cinquante ans plus tard
! Une tendance carrément facho soutenant le malheureux Trump et ses
petits copains d'extrême-droite milices etc... Et l'autre soutenant
la direction du PC chinois ! Comprenne qui pourra ! Si Lafif était
toujours en vie, il aurait été mort de rires pendant un long
moment. C'est juste surréaliste ! Je dis ça parce que à un moment,
les discussions que j'ai eu avec Lafif tournaient autour des
phénomènes sectaires etc... Et par rapport à ce qui s'est passé
dans le CCI où il avait été pris à partie par le grand chef, et
n'a plus jamais remis les pieds dans une réunion publique à Choisy,
on a jamais trop compris la grande purge contre Raoul, Michel Roger
et tous les autres commencée après le chef d'œuvre en deux tomes
sur la prétendue paranoïa. C'est bien après, quand tu as commencé
à en parler sur ton blog avec les liens vers les groupes formés
venant du CCI que j'ai commencé à lire ça de très loin. Michel
Roger je l'ai revu bien plus tard, plusieurs fois, pendant des
conférences, il y avait aussi Julien Chuzeville qui était présent
, après qu'il a commencé à écrire quelques livres. Toi, j'ai
acheté plusieurs de tes livres à la Brèche, j'ai pas tous les
titres en tête, hormis les trotskiens, Marx dépressif qui a fait
rigoler ma sœur, ou celui sur les pervers narcissiques et les
maximalistes. J'ai dû louper ton édition des deux tomes textes de
Chirik. Je me souviens que j'avais acheté deux livres dans les
années 90 à une réunion du CCI sur l'histoire de la gauche
communiste de France et j'ai oublié le titre de l'autre (couverture
verte et jaune pour l'autre ou le contraire).
(...)
Pour en revenir à ma secte des LC, si tu ne le savais pas, Loren Goldner dont tu as probablement entendu parler, avait subi un harcèlement plutôt pénible avant de se barrer des Labor Committee US en 1974 au moment où Lyn Marcus a disjoncté politiquement.
Concernant la GM, j'ai souvenir d'un membre métis du groupe, dont j'ai complètement zappé le prénom qui a dû habiter un moment vers Saint Ouen et a bossé au Louvre. Je l'avais croisé plusieurs fois dans les années 70 quand j'habitais à Epinay près de la gare de villetaneuse.
Je
me souviens aussi des recrues de l'OCL Paris.
Tu savais que
pendant un camp d'adolescents à direction PCF, mon père était
journaliste à l'Huma, camp à la Ciotat, c'était pendant le mois de
juillet 1973, j'étais allé dire bonjour à Daniel Guérin qui avait
une maison là bas ? C'est une mono membre de l'ORA originaire
d'Auchel, qui après une discussion politique à propos de la
GM lui avait téléphoné. Il était venu me chercher en voiture avec
un copain du camp, histoire de prendre le thé et manger des gâteaux,
en nous offrant plusieurs de ses livres. Résultat des courses ! La
monitrice s'était fait virée illico presto du camp d'adolescents et
j'ai failli être raccompagné à Paris entre deux poulets sur ordre
de ce con de dirlo de colo stalinien !
Je m'arrête là pour le moment, sinon ça va devenir trop long mon truc.
F.
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