« La
bourgeoisie, alors qu'elle luttait contre la noblesse, soutenue par
le clergé, arbora le libre examen et l'athéisme; mais, triomphante,
elle changea de ton et d'allure; et, aujourd'hui, elle entend étayer
de la religion (écologique) sa suprématie économique et politique.
Aux XVe et XVIe siècles, elle avait allègrement repris la tradition
païenne et glorifiait la chair et ses passions, réprouvées par le
christianisme; de nos jours, gorgée de biens et de jouissances, elle
renie les enseignements de ses penseurs, les Rabelais, les Diderot,
et prêche l'abstinence aux salariés. La morale capitaliste, piteuse
parodie de la morale chrétienne (et musulmane), frappe d'anathème
la chair du travailleur; elle prend pour idéal de réduire le
producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies
et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du
travail sans trêve ni merci.
Les
socialistes révolutionnaires ont à recommencer le combat qu'ont
combattu les philosophes et les pamphlétaires de la bourgeoisie; ils
ont à monter à l'assaut de la morale et des théories sociales du
capitalisme; ils ont à démolir, dans les têtes de la classe
appelée à l'action, les préjugés semés par la classe régnante;
ils ont à proclamer, à la face des cafards de toutes les morales,
que la terre cessera d'être la vallée de larmes du travailleur;
que, dans la société communiste de l'avenir que nous fonderons
"pacifiquement si possible, sinon violemment", les passions
des hommes auront la bride sur le cou: car "toutes sont bonnes
de leur nature, nous n'avons rien à éviter que leur mauvais usage
et leurs excès ».
Paul
Lafargue (Réfutation du droit au travail de 1848)
« Pour
moi, la justice sociale, c’est de prévenir les inégalités »,
a résumé hier le pervers narcissique qui nous gouverne. Et il a
fait cette révélation aux ouvriers qui ne pensent qu'à leur
retraite : « Nous restons un pays où, selon la famille,
et l’endroit d’où l’on vient, il est plus dur d’accéder aux
études supérieures, il est plus dur d’accéder aux
responsabilités. C’est ça la vraie injustice. Moi j’ai jamais
vu des manifestations pour se battre contre ça ! ». Ce
qui est profondément vrai, jamais les élites ni le petit étudiant
Macron n'ont jamais fait grève pour élargir leurs privilèges de
classe.
Pinocchio
chef d’Etat, au demeurant éborgneur en chef, a aussi dénoncé
« la violence » dans certaines manifestations. « Une
chose que je ne peux pas accepter est la haine, la violence et
l’irrespect », a-t-il dit, fustigeant également ceux qui
contestent « le fait majoritaire » dans une démocratie.
« J’entends toute la colère », a-t-il ajouté, en
espérant qu’avec une forme de démocratie participative comme la
Convention « on arrive à faire sortir la colère de la rue ».
La colère mise en bouteille ou figurée par les petits clowns
mélenchonesques, cela a en effet une autre allure, qui tient de la
maîtrise de soi, pardon des institutions bourgeoises.
Gouverner
par le chaos ?
Cette
expression m'est apparue assez explicative pour le déroulement de
cette grève bancale, interclassiste et il faut bien dire irréelle
du point de vue des objectifs de conservation de l'hypocrite « droit
à la retraite », contrairement aux affirmations menaçantes
mais creuses des robustes syndicrates. Elle désigne l'ouvrage d'un
sympathisant libertaire des rigolos de Tarnac dont je n'ai que foutre
ainsi que de tous les complotistes, mais d'autres semblent l'avoir
conceptualisée avant ou d'une autre manière, par exemple le CCI
avec le thème de la décomposition fourre-tout. Dans un essai le
célèbre pirate informatique Kevin Mitnick, l'ingénierie sociale
serait "l'art de la supercherie"; plus précisément l'art
d'induire autrui en erreur et d'exercer un pouvoir sur lui par le jeu
sur les défaillances et les angles morts de son système de
perception et de défense. Illusionnisme et prestidigitation
appliqués à tout le champ social, de sorte à construire un espace
de vie en trompe-l’œil, une réalité truquée dont les règles
véritables ont été voilées d'avance.
On
peut plaisanter avec des comparaisons de Macron avec Badinguet, sauf
que ce dernier a créé de vraies mesures sociales (mais nous a mené
à la guerre), sauf que la bourgeoisie actuelle est bien plus armée
politiquement que les despotes barbichus de naguère. Les élites
modernes ne sont pas idiotes, elles lisent aussi les radotages de RI
et de LO. Et elles peuvent dormir tranquilles après lecture
d'analyses aussi pépères et suivistes, que personne ne lit
d'ailleurs. N'est-il pas frappant de constater que, hors des petits
calculs journalistiques sur qui allait gagner ou pas dans le jeu de
rôle du gouvernement méchant et des gentils syndicaux, jamais
l'Etat n'a paru s'inquiéter ni pour la pérennité de ses attaques
économiques, ni par le bordel causé par l'absence de transports en
commun, surtout en région parisienne, preuve qu'on pouvait continuer
à faire du vélo au pays de la mère Hidalgo et laisser certaines
artères bloquées le temps de quelques promenades syndicales. L'Etat
« libéral » laissez faire...laissait suer et galérer les
centaines de milliers « solidaires » par devers eux
(sondés ad hoc) de la protestation syndicale. Les voitures
ministérielles et policières restaient prioritaires. Macron en son
palais s'en fichait et posait au voyageur de commerce pressé et
préoccupé par les « affaires de la France ».
De
bout en bout, les sous-fifres du gouvernement se sont en effet
conduit avec une morgue pleine, traitant comme moins que rien les
larbins syndicaux. Depuis le début le gadget de l'âge pivot1
a été le hochet pour faire croire que Berger aurait dû jouer au
vrai berger gentil, en tant que toutou gardien de la plus grande
bergerie gouvernementale la dite CFDT. On peut rire des pauvres et
pas simplement les mépriser. Pensez :
après des siècles de parlotes de couloir on frisa la convulsion
syndicale lorsque l'on apprit que le projet de loi sur la réforme
des retraites était déjà rédigé et envoyé au Conseil d'État.
D'après
Le Parisien, un sous-ministre avait indiqué sur Sud Radio qu'«
un texte est parti au Conseil d'État afin d'amender, corriger,
apporter des compléments et de l'étoffer ». Selon
les informations du Parisien, seuls, quelques membres du gouvernement
étaient au courant de la procédure qui s'était déroulée la
semaine précédente.Du côté de la syndicratie, on riait jaune. Les
« opposants » à la réforme étaient en train de faire
un énième appel à une mobilisation pour le mardi 7 janvier.
Le Noël avait trépassé tristement confirmant que les grévistes ne
seraient pas de la fête. Les colloques gouvernementaux concernant
l'horrible pénibilité et le travail (rare) des seniors seraient
encore de sujet de réflexion aux journalistes. Yves Veyrier,
finsecrétaire général de Force ouvrière, et probablement ancien
trotskiste lambertiste, était monté au créneau :
«
C'est bien la démonstration que ces discussions n'ont rien à voir
avec le texte de la réforme qui, sans doute, devait être déjà
écrit avant les vacances ».
Au moins ce bonze avait-il une approche de la méthode
gouvernementale par le chaos programmé et le foutage de gueule
certifié.
SAVOIR
ARRETER UNE GREVE bidonnée
Avec
le dénouement peu surprenant que chacun pouvait deviner (la mise de
côté de l'âge pivot et la rupture du front bas des bonzes
syndicaux) chacun pense inévitablement à la formule du chef
stalinien Thorez « il faut savoir terminer une grève »
comme si elle ne servait qu'à marquer au fer rouge l'attitude
collaboratrice du PCF au gaullisme pour appuyer la reconstruction
bourgeoise ; or d'épuisement financier en reconduction de
manifs ronflantes avec chars de carnaval syndicaux et ballons
d'obédience avec sigle de boutique, on en était venu à souhaiter
que les grévistes cessent de se sacrifier pour le roi de Prusse
et... pour que rien ne change grâce au jeu de rôle pervers des
boutiques syndicales et le discours gouvernemental parfaitement
cynique, c'est à dire pervers narcissique... d'Etat. Avec une
impression de déjà vu... en 2016 où la loi travail est acceptée
par les mêmes syndicats qui aujourd'hui encore « trahissent »2,
et les mêmes lamentations de tous les larbins nominés par Macron,
comme Valls à l'époque : « cela doit cesser car la grève
est incompréhensible » ; laquelle est devenue d'autant
plus « incompréhensible » quand les grévistes sont
laminés et isolés. La surexposition médiatique des manifs a pu
faire croire à une somme de grèves plus ou moins dispersées3
alors que cheminots et RATP restaient seuls en lice, au point que Le
Parisien se demandait s'ils allaient.. étendre à d'autres secteurs
début janvier, quand cela sent le fagot4.
Les badgés dits radicaux jouent leur partition finale ordinaire en
clamant que c'est maintenant qu'il faut étendre le mouvement alors
qu'il ne peut que foirer un peu plus dans le labyrinthe sans fond des
vices de forme et vices tout court des conciliabules étatiques.
La
grève pour le maintien des régimes spéciaux en 2007 n'avait pas
été un 1995 bis. Mais 1995 c'était il y a … 25 ans, et rien n'a
bougé depuis ; désespérément sans mémoire le prolétariat
s'est toujours laissé boucher l'horizon dans les ornières
syndicales, avec les mêmes processions syndicales moutonnières sans
assemblée générale décisionnelle, derrière les mêmes baudruches
ballonnées des véhicules corporatifs, quoiqu'il n'y avait que très
peu de jeunes, lesquels sont au chômage ou dans des boulots de
merde. Et quoique le privé restait toujours paralysé par
impuissance sociologique et émiettement professionnel. Au moins en
2016 avait-on pu placer quelque espoir d'un débordement historique
des mafias syndicales avec les « nuit debout », qui ne
furent pourtant qu'un feu follet de parlote de bobos5.
Un coup nombre de nos révolutionnaires critiques du ronron syndical
exhibent des recettes formelles (vivement des AG, et des délégués
élus et révocables) mais un coup il y en a des AG, mais
dévitalisées par le personnel syndical, et un autre les prolétaires
restent compartimentés dans leur corporation et incapables de
contacts transversaux. Mais là quelles leçons tirer d'une des plus
longues grèves de l'histoire sociale en France ?
Tout
le long, le gouvernement a entretenu la cacophonie,
dit la presse, qui se nourrit de la confusion ambiante autour de la
préoccupation assez incongrue « des » retraites. Vrai.
Jadis la retraite pouvait être une question unificatrice, encore que
uniquement électoralement. La gauche bourgeoise mit longtemps à son
programme le cap des 60 ans. Bon gré mal gré c'est fini. La
retraite à la carte est de mise dans toutes les contrées
capitalistes. Tant pis pour les vieux ringards comme Juan du groupe
mondial de son nombril, les syndicalo-gauchistes et les insoumis
mélenchonesques. Quant à la prétention affichée de certains
corporatistes badgés de lutter pour « nos enfants »...
laissez moi pouffer ! Lénine dénonçait la vanité étroite de
cette démagogie. Dans les « bastions » dits exemplaires
par certains révolutionnaires ringards, EDF comme SNCF, dans le
ch'nord en particulier, c'est le népotisme qui régnait de père en
fils et en cousin ; le syndicat devenant même un clan
familial ! Ce népotisme transparaît encore dans le
corporatisme du rail qui, par ses limites conceptuelles et politiques
rappelle le sinistre Vikjel russe ou les mineurs valets de Ceausescu.
Rien à voir avec la conscience politique de la classe ouvrière
comme ensemble à vocation universelle au-dessus des divers
corporatismes, et surtout obligée de les briser avant de commencer à
lutter sérieusement.
Âge
pivot ou pas, économies attendues ou pas... Depuis le début de
cette grève surréaliste, la protestation corporative apparaissait
sans fin, confuse, abstraite et illisible. Jusqu'au bout de
l'épuisement circulaire cette grève protéiforme, dans l'entonnoir
des dernières processions syndicales, aura fait défiler toutes les
classes : aristocratie des transports ferroviaires, médecins,
avocats, paysans, artisans vêtus de la veste jaune, sans que l'Etat
vacille ni ne cesse de victimiser sa police terroriste. Avec cet air
de déjà vu de même cloisonnement syndical qu'en 1995 et cette
chimère du « tous ensemble » qui promet de déborder les
« directions syndicales » mais qui n'en peut mais.
Pendant ce temps, Macron 1er éborgneur de France promet des
« décisions fortes » sur le climat (pas social) et un
référendum contre le réchauffement climatique... piqûre de rappel
de l'écologie punitive mais pas pour tous. Un petit ministre a parlé
de « cocktails » de mesures pour la retraite new wave, ce
qui va bien avec l'idéologie religieuse dominante de la
« diversité ».
Parmi
les prétendants à la révolution, la vraie, la prolétarienne et
communiste, Révolution internationale et son petit bâtard
(Révolution ou guerre)6
ont radoté leur langage de 1995 : « Unifions
nos luttes contre les attaques de nos exploiteurs » (tract). Ce
qui était se mettre à la remorque des gauchismes et des syndicaux
qui font du chiqué. Pire, et lâche, hésitant à se prononcer sur
la faillite annoncée d'une mobilisation chaotique et inconsciente,
le groupe publie sur son site non une analyse et prise de position
mais un vague communiqué du genre « vive la lutte » même
foireuse et invite à plusieurs réunions publiques pour recueillir
l'avis des spectateurs et, opportunément, en faire une synthèse qui
lui évite de se brûler les doigts7.
La
croyance en une mobilisation totale de la population et un
grouillement de grèves et de lutte, entretenue par toute la galaxie
gauchiste et nos pâles « communistes de gauche maximaliste »
s'est dégonflée à l'observation de rues vides ou peuplées de
consommateurs. Et d'où qu'ils étaient nos farouches opposants
grévistes ? En AG dans facs et usines comme au beau temps de
68. Que nenni ! tous au fond de leur tanière et visibles
seulement, mais encadrés, dans les escortes de manifestations
militaires. Il ne se passa rien de dynamique comparé aux gilets
jaunes à leur début qui étaient, eux, visibles et permettaient des
discussions de rue ; voyez aussi le niveau misérable et
pâlichon des rencontres syndicales8.
LA
RETRAITE C'EST PAS LE PEROU !
Merde ! Il y a
plus grave que la question des retraites et la religion écologique !
Et c'est une pauvreté inouïe qui s'est installée dans la jeunesse
sans travail et sans classe de référence, chez une majorité de
femmes seules et une foule de gens isolés dont personne ne se
soucie, sauf de la catégorie migrants (sans rien y changer) pour la
galerie et la pose des bateleurs de foire de la gauche bobo. Suicides
et meurtres se répètent dans notre oubli quotidien. Pendant que les
barnums syndicaux défilent avec leurs tristes badges et calicots en
chantant des hymnes à leurs corporations respectives, des milliers
et des milliers souffrent de la persécution des banques, se moquent
des magasins bios pour riches fonctionnaires et du souci des
cyclistes du quartier latin pour la couche d'ozone, ignorent les
seins nus des féministes ringardes, et patientent dans les stages
bidon de pôle emploi sans savoir quand leur logeur les fera
expulser.
Une
seule chose est certaine au terme foireux d'une des plus longues
grèves faussement générale de l'histoire sociale en France, le
travail ne fait plus rêver au même moment où il n'y en a plus
assez pour tout le monde, quoiqu'en dise les sondages sur commande,
et comme l'a constaté à sa façon Julliard, et pas que en France
contrairement aux propos des journalistes germanophobes ou
pro-américains9.
Mais une alternative de société non plus. Ce « droit à la
retraite » est aussi caricatural que l'ouvrage de Louis Blanc
« le droit au travail » publié au moment de la
révolution de 1848, et si bien moqué par Lafargue. Aucun de nos
prétendus révolutionnaires gauchistes ou ultra-gauchistes ne s'en
est moqué, preuve de plus de leur appartenance au vieux monde du
fonctionnariat, de l'immigrariat10
et des mafias corporatives syndicales de père en fils11.
MACRON
SERAIT-IL UN NOUVEAU LENINE ?
Macron
a été grimé en nouveau Louis Philippe par l'ami des flics et de la
répression, la starlette Zemmour12,
et aussi par d'autres en nouveau Badinguet. Il y a pourtant une pose
à la bolchevik dans cette attitude élitaire farouche de se soucier
du « financement des retraites », cette volonté forcenée
et mensongère de créer un système « égalitaire » par
points. Dans la confrontation à une société civile assez
généralement indignée de l'attitude du comité central de la
république en marche vers des lendemains assurés pour les vieux
jours toujours plus repoussés...
Certains
ont été jusqu'à penser que, comme Lénine, Macron voudrait se
passer des syndicats, voire les ridiculiser.
Pourtant dès avant
même son élection, Pinocchio avait défini ce qui était, selon
lui, le rôle des syndicats. « Je souhaite un syndicalisme
moins politique » (en mars 2017) ». Macron a été à
l'école de la gouvernance bourgeoise : « On a besoin de
corps intermédiaires, mais à la bonne place (…) Je fais confiance
aux syndicats pour réguler les relations de travail dans la branche
et l’entreprise. Mais ils ne doivent pas se substituer aux
détenteurs de l’intérêt général ». Autrement dit rien de
choquant, comme Sarko et Flamby, les syndicats doivent rester dans
leur rôle figuratif. Un type qui se nomme Eric Bourguignon a tenté
de comprendre : « Pour le gouvernement, les
organisations syndicales manquent de légitimité. De son point de
vue, elles ne peuvent plus jouer le rôle de corps intermédiaires.
Au moment des "gilets jaunes", on a d’ailleurs vu que
l’exécutif leur demandait de désigner des représentants, comme
pour créer une alternative aux syndicats. »
Pas
vraiment, un gouvernement bourgeois qui se passerait des syndicats à
notre époque serait suicidaire. Le souci de Pinocchio est plutôt
l'exigence qu'ils fassent leurs preuves, preuve qu'ils sont bien
capables de rester les bergers (sic) de la classe ouvrière. A ce
point de vue il faut bien dire qu'ils ont été décevants (du point
de vue du gouvernement et surtout des galériens parisiens).
Gouverner par le chaos oui mais faut pas que ça dure trop longtemps.
Certes cela devait pousser derrière, la population prolétaire et
petite bourgeoise n'est pas prête à avaler la pilule d'une fin de
vie non hédoniste. Pris
en étau entre un pouvoir qui les maltraite et une société civile
peu syndiquée, les syndicats seraient-ils voués à
disparaître ? « Aujourd’hui, il n’y a pas de
vraie alternative aux syndicats, reconnaît le Rémi Bourguignon, et
ces derniers jouent là-dessus. Mais rien ne dit que de nouvelles
formes de corps intermédiaires ne finiront pas par émerger un
jour ».
Il
ne s'agit pas donc de détruire les syndicats mais leur donner une
chance de retrouver une représentativité réelle, disons de
pérenniser leur fonction de police du prolétariat, mais... la crise
économique est un sacré déniaiseur !
Concluons
donc même si on n'en est qu'au générique de fin.Tout s'est déroulé
dans une ambiance où maraudeurs gauchistes comme recruteurs
syndicaux entretenaient la plausibilité d'un arrangement de la
retraite heureuse comme seule fin envisageable à la vie dans le
monde capitaliste. Maigre et amer constat pour celles et ceux qui
auront été épuisés psychologiquement et financièrement par cinq
semaines de grève trop bien « organisée », sarclée,
compartimentée. Ce n'est pas un hasard si les synonymes de retraite
sont : recueillement, résignation, non-activité, repli,
débandade...
Pour
tirer le bilan (désastreux) de cette grève hétéroclite pour des
retraites interclassistes il ne faut pas compter sur les
révolutionnaires amateurs qui se sont mis à la remorque d'un grève
piégée d'avance par gouvernement et syndicats puis alignés sur les
sergents recruteurs gauchistes. Il faut lire et se contenter (hélas)
de la pertinence de certains éditorialistes bourgeois.
Giesbert
dans « Le Point » :
« En
France, la CGT ira jusqu'au bout, c'est à dire nulle part, pour
défendre le système des régimes spéciaux qui donne aux retraités
de la RATP, même s'ils arrêtent de travailler plus tôt, une
pension supérieure à celle des médecins généralistes, voire à
celle de certains spécialistes hospitaliers, pendant que les paysans
n'ont droit qu'à quelques rognures ou à la crevaison ».(2
janvier)
Julliard
dans « Marianne » :
« Je
ne sais s'il faut parler de convergence des luttes ou de confusion
des esprits. Dans le cas des grèves actuelles, on a rarement vu un
conflit d'une telle ampleur s'accompagner d'une telle médiocrité
dans les analyses et les propositions. Ce n'est pas FO qui a rejoint
la CGT ; c'est la CGT qui a rejoint FO dans le refus pour le
syndicalisme de dépasser le cadre du corporatisme revendicatif. Le
principal risque est celui d'une désintégration générale ».(3
janvier)
On
peut dire ce qu'on veut du catho-proudhonien Julliard, mais outre une
carrière remarquable d'intellectuel de gauche syndicalo-socialiste,
il n'est pas tombé de la dernière pluie concernant l'histoire du
mouvement ouvrier (même s'il en connaît que pouic de notre sainte
« gauche communiste » aux oubliettes et qui n'a plus
réponse à tout) ; lisons ce qu'il analyse avec lucidité au
début de son article intitulé « L'émiettement » :
« ...Corrélativement,
pour expliquer l'étrange climat qui règne aujourd'hui sur la
France, il y a ce retour des passions tristes, le ressentiment,
l'envie, la haine même13,
que l'on avait déjà vues à l'oeuvre durant l'année « gilets
jaunes », et qui se sont substituées à l'exercice de la lutte
des classes de jadis. Car, paradoxalement, la dramaturgie de la lutte
des classes, avec ses grandes entités collectives, capitalisme,
prolétariat, patronat, interdisait la psychologisation de la vie
publique14.
Ce n'est pas le capitaliste comme individu, la patron comme personne
privée que l'on combattait, mais des forces collectives comme le
capital. Oui, paradoxalement, la lutte des classes était un facteur
de cohésion nationale, qui permettait à la citoyenneté d'exister à
côté de la confrontation économique . Nous voilà revenus à
une société prémarxiste où rien ne vient équilibrer la pression
de l'individualisme et inciter chacun à raisonner en termes
collectifs ».
Loin
d'être un premier pas pour retrouver le chemin des luttes massives
comme le dit frileusement un CCI suiviste de rumba syndicrate,
l'aspect dominant et navrant de la protestation trop bien organisée
(et si chaotique) d'un syndicalisme arrogant et bavant de
corporatisme et d'avantages catégoriels risque bien de ridiculiser
la classe ouvrière pendant de nouvelles décennies comme la fable du
« tous ensemble » de 1995.
On se revoit quand, camarade syndiqué, pour une nouvelle journée de mobilisation ?
NOTES
1
La proposition de l’âge pivot du MEDEF à 64 ans, c’est à
mourir de rire ! Le taux d’activité de la tranche 60-64 ans
est à 33,5% en 2018 (chiffre du ministère du travail) «dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_tableau_bord_seniors_septembre_2019».
Donc avant d’acter un âge pivot, que les patrons commencent déjà
à faire augmenter ce taux d’employabilité des seniors, avec une
meilleure accessibilité aux emplois, quand il sera à 70%, on en
reparlera…
2Mot
insatisfaisant puisque les syndicats gouvernementaux sont payés
pour poignarder dans le dos en permanence les travailleurs !
Ils ont pour fonction de négocier en tant que « spécialistes »,
incontrôlables par leurs soi-disant mandants, car ils restent des
valets du pouvoir. Ils disent changer de position ou bien que le
gouvernement « a ouvert de nouvelles pistes de dialogue »,
jamais personne ne joue au croque-mort de la grève
3Il
y avait même des secteurs en lutte qui se différenciaient de la
danse des retraités. Les
hospitaliers faisaient bande à part. En conflit ouvert avec le
gouvernement depuis la publication de la faiblesse des lignes de
crédits alloués à l’hôpital en 2020, le Collectif
inter-hôpitaux, au sein duquel les médecins sont très actifs,
n’entend pas mélanger les causes. Pas question pour celui-là de
s’associer aux protestations contre la réforme des retraites. «Ce
qui nous importe, c’est le sort de l’hôpital,
insiste
son coordinateur, le professeur André Grimaldi. Nous
n’avons pas de légitimité sur un autre sujet. Il s’agit pour
nous d’éviter que nos revendications soient noyées dans d’autres
problématiques.»
Une
position que ne partagent ni le Collectif interurgences, à
l'origine d'un vaste mouvement de grève national des services
d'urgences, ni les syndicats de personnels hospitaliers, CGT et SUD
santé, qui avaient déjà répondu présents le 17 décembre
lors de la manifestation interprofessionnelle contre la réforme des
retraites.
4
Le 9 JANVIER, titrage du
Parisien : « SNCF
et RATP : grévistes recherchent soutien désespérément ».
Les cheminots et les agents RATP, qui
tiennent le mouvement depuis le 5 décembre, attendent que les
salariés d’autres professions prennent le relais. Godot se
faisait attendre aussi.
5Nous
avions donc rêvé en 1986 en croyant que les décennies à venir
allaient confirmer une tendance au débordement des organismes
para-étatiques. Il est vrai qu'ils sont foutus historiquement et
qu'ils ont perdu tout crédit majoritairement dans le prolétariat.
C'est bien un sacré paradoxe qu'ils arrivent encore à tenir le
haut du pavé et à saboter toute dynamique de lutte exponentielle,
voire plus si affinités révolutionnaires.
6L'individu
qui réalise ce blog -Révolution ou guerre – s'est même pris
pour Napoléon, ou Voltaire, s'octroyant d'informer la classe
ouvrière du monde entier sur la lutte made in France et soufflant
dans les cornes syndicales pour « généraliser » la
lutte, mais laquelle ? Celle des avocats ? Des rentiers ?
Des mercenaires policiers ?
7
Le mouvement contre la réforme des retraites n’est qu’un
premier pas pour retrouver le chemin des luttes massives
Depuis
début décembre, venant de tous les secteurs et issus de toutes les
générations, des centaines de milliers de manifestants descendent
dans la rue contre la “réforme” des retraites. Dans les
cortèges, la colère et la combativité sont évidentes. Depuis les
luttes de 2003 et 2010 contre les précédentes “réformes” des
retraites, nous n’avions pas vu en France un tel enthousiasme
d’être aussi nombreux à se mobiliser tous ensemble contre cette
attaque qui touche toute la classe des exploités : salariés
du public et du privé, actifs et retraités, chômeurs,
travailleurs précaires, étudiants. La solidarité dans la lutte se
manifeste par une volonté de se battre non seulement pour
nous-mêmes mais aussi pour les autres secteurs et pour les
générations futures.
Néanmoins,
ce mouvement connaît aussi d’importantes limites et difficultés
en particulier dans la prise en main et l’organisation de la lutte
par les prolétaires eux-mêmes. Il n’y a que très peu, ou pas,
de réelles assemblées générales dans lesquelles les travailleurs
peuvent débattre, prendre ensemble les décisions et la conduite de
leur lutte. Contrairement, par exemple, à Mai 68.
Quelles
leçons tirer du mouvement en cours ? Quelles sont ses forces
et ses faiblesses ? Comment préparer au mieux les luttes
futures ? Quel rôle jouent réellement les syndicats et les
partis de “gauche” ? Ce sont de toutes ces questions, et
bien d’autres encore, que nous proposons de discuter lors des
réunions publiques à :
8
Consultez par exemple les videos des dites rencontres inter
entreprises de LO à Safran Villaroche et à PSA. Le badge syndical
est le sésame des braillements corporatifs. Badgé CGT
l'inénarrable JP Mercier, et ce blabla époustouflant des syndicaux
trotskiens recrutant en fait pour ce faux tous ensemble au cul des
mafias syndicales et répandant l'idée d'une extension possible
(mais abstraite), face à une poignée de syndicaux du privé avec
fanion CGT peu enthousiaste mais bon public, « si on arrive à
être tous ensemble, Macron pourra pas grand chose, dit l'un :
« hein
qui c'est qui va s'essouffler c'est le gouvernement, les
travailleurs ont décidé d'être acteurs... tout ça pour un monde
meilleur..appels répétés à suivre toutes les promenades
syndicales... Mercier fait du chiqué : « le gouvernement
joue le pourrissement, fait un chantage à la fête de Noël...
arguments stupides pour retourner opinion publique mais Macron va à
l'échec ! ». Mercier informe que plus de 60% de la
population soutient les grèves : « c'est nous qui avons
démarré le bras de fer contre Macron, … y vont bloquer les
salaires, nous faire crever au boulot et avec des milliards de
profit, ...c'est le moment d'y aller sinon ils vous tous nous faire
crever... y vont continuer à baisser les salaires … à nous
faire trimer comme des chiens... pour avoir une vie meilleure alors
bon courage à tous ! ». Applaudissements nourris des
maigres troupes badgées.
A
Vélizy, un sous-fifre de LO, Badgé CGT orange à Thalès... c'est
le blabla d'un certain Abdel sur la grève en contagion : « en
avant... privé et public tous ensemble, jeunes, vieux, tous
ensemble on est tous concernés».
10Par
ce néologisme je me moque du culte gauchiste de l'immigration
conçue comme matrice du prolétariat alors que l'immigration n'est
pas en soi révolutionnaire ni un signe de renforcement de la classe
ouvrière. Peu de marxistes ont noté le poids des différences
culturelles et raciales dans la constitution du prolétariat,
facteurs de retardement comme le notait Pierre Souyri pour les USA :
« … la conscience du prolétariat américain est simplement
en retard. Le manque d'expérience du régime d'oppression dans un
pays qui n'a pas eu, comme ceux de l' Europe, à lutter contre
l'Ancien Régime, l'hétérogénéité d'un prolétariat
d'immigrants qui ne peut pas d'un seul coup surmonter ses divisions
culturelles et raciales et surtout l'absence de barrière à la
mobilité sociale due à l'expansion vers l'Ouest, rendent compte de
ce retard ». (cf. Variations dans le marxisme)
11Cf.
le cas du Vikjel en
Russie en 1917 illustre la complexité et le poids du corporatisme
syndical: « C'était
l’une des plus fortes organisations syndicales, représentant un
secteur très imprégné de ses particularités corporatives et qui,
par rapport aux ouvriers d’usine, constituait une sorte
d’« aristocratie
ouvrière ».
Dans les postes hiérarchiques du personnel ferroviaire, parmi les
employés, les conciliateurs gardèrent plus longtemps qu'ailleurs
de l'influence. Les bolcheviks, dans les chemins de fer, n'étaient
suivis que par une minorité, principalement par les dépôts et les
ateliers. D'après Schmidt,
un des dirigeants bolcheviks du mouvement syndical, les cheminots
les plus proches du parti étaient ceux des réseaux de Petrograd et
de Moscou. Le Vikjel était contrôlé par des forces politiques
hostiles aux bolcheviks : à l’été 1917, sur ses 40
membres, il y avait 3 bolchéviks,
2 interrayons,
14 SR,
7 mencheviks,
3 troudoviks,
et 11 « indépendants » parmi lesquels en réalité beaucoup
soutenaient le parti
KD" (wikirouge).
On lit dans les OC de Lénine que : « Le
camarade Lénine estime qu'il faut mettre fin sur-le-champ à la
politique de Kaménev. Il ne s'agit pas d'avoir en ce moment des
conversations avec le Vikjel [1].
Il faut diriger des troupes sur Moscou. Il propose une résolution
sur le Vikjel. Le Vikjel ne fait pas partie du Soviet et il est
impossible de l'y admettre ;
les Soviets sont des organismes exprimant la volonté des masses
alors que le Vikjel n'a pas leur soutien ».
On lit aussi que : « Après
la victoire de la Révolution d'Octobre, le Vikjel, qui était
dirigé par les menchéviks et les s.-r., devint un centre de la
contre-révolution à Pétrograd. Le 29 octobre (11 novembre), le
Vikjel adopta une résolution sur la nécessité de former un
«gouvernement socialiste homogène» comprenant les représentants
de tous les partis «depuis les bolchéviks jusqu'aux
socialistes-populistes». Des pourparlers sur la composition du
gouvernement s'ouvrirent le même jour au Vikjel. Y prirent part des
représentants des menchéviks- jusqu'auboutistes, des menchéviks
internationalistes, des s.-r. de droite, des s.-r. de gauche, de
l'Union des employés des PTT, de la Douma de Pétrograd, du Conseil
exécutif
du Soviet des députés paysans, etc. Le C.C. du Parti bolchévik
estima possible la participation aux pourparlers en soulignant que
les négociations sur l'élargissement du gouvernement et du Conseil
exécutif central de Russie devaient se baser exclusivement sur la
reconnaissance du programme d'action du pouvoir soviétique adopté
au IIe Congrès des Soviets. Le C.C. du parti délégua Kaménev
et Sokolnikov
à cette conférence. Le Conseil exécutif central y envoya D.
Riazanov et d'autres de ses représentants ». On imagine le
casse-tête d'une révolution moderne, en mode léniniste amélioré,
une situation où un Etat « prolétarien » devrait
négocier des places de ministres avec la CGT cheminots
ultra-corporative ! Pour une analyse plus fouillée du rôle
contre-révolutionnaire des syndicats corporatifs dans la révolution
d'Octobre, lire :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4740
12Souvent
les pires réactionnaires ont du flair en histoire, laquelle est
toujours plus ou moins un guide pour le présent. La comparaison
avec Louis Philippe, dernier roi français, par l'obscurantiste
Zemmour peut être intéressante, mais illusoire, pour les
immédiatistes syndicalo-gauchistes. En effet, c'est une misère
insigne qui caractérise les règnes de Louis Philippe et de Louis
Macron : « Cependant,
la chute du régime qu’il a fait naître a pour principales causes
d'une part la paupérisation des « classes
laborieuses »
(paysans et ouvriers) et d'autre part le manque de compréhension de
la part des élites de la monarchie de Juillet pour les aspirations
de l’ensemble de la société française ». Sauf que les
élites bourgeoises actuelles disposent d'un pouvoir plus
considérable que la monarchie finissante d'autrefois et que la
classe ouvrière moderne n'est plus aussi entreprenante que celle,
jeune, du XIX ème siècle.
13Le
film « Les Misérables » dont j'ai dénoncé
immédiatement le caractère haineux, anti-flic primaire et
apologiste de la violence revancharde musulmaniaque de banlieue, a
été et reste encensé par les médias (et le Macron), cf. Le Monde
qui félicite le metteur en scène repris de justice et ordurier vis
à vis de Zemmour et d'une journaliste arabe athée de Charlie.
14Le
dernier livre de Beigbeder décrypte la mode de la moquerie en
politique, systématique dans tous les médias pour mieux faire
croire à la démocratie, mais qui la ridiculise définitivement.
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