La théorie se change en force matérielle dès qu'elle saisit les masses. La théorie est capable de saisir les masses, dès qu'elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominem dès qu'elle devient radicale. Être radical, c'est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l'homme, c'est l'homme lui-même.
« Pour une
critique de la philosophie du droit de Hegel », Karl Marx
Chose
promise, chose due. Malgré ma fainéantise matinale je vous fais le
compte-rendu de la conférence à l'Université populaire d'Arcueil
(titre ronflant pour réunions gériatriques sans conséquences) de
l'historien Eric Aunoble. Publié par les éditions réacs
de l'intelligentsia anarchiste - La Fabrique (des caténaires
anti-Sarkozy) - Eric Aunoble se présente sous les aspects des plus
avenants d'un bon gars qui remonte le courant sinueux de l'histoire,
il appelle cela une méthode rétrospective. Il a du pot, il parle
russe et a pu fouiller dans les archives de Pétaouchnok en Ukraine,
ça vous épate ? Moi oui, un peu. Naïf que je suis – ah
visiter le mausolée de WIL (Wladimir Ilitch Lénne) et comprendre le
russe profond ! Je l'ai félicité de remonter à la source...
c'est pourtant la technique de base de tout individu conscient face
aux mensonges de l'antibolchevisme primaire qui régente l'édition
française, et de tout révolutionnaire qui veut comprendre les
raisons de l'échec vintage 1920. Quoiqu'on n'ait pas attendu M.
Aunoble pour systématiquement se méfier
des raconteurs d'histoire diplômés universitaires, anciens
sectateurs staliniens ou trotskiens. Un historien qui vous
incite à lire les dossiers du marais gauchiste Alternatives
Libertaires ne peut pas être tout à fait honnête. Surtout si en plus il est membre de la secte Lutte Ouvrière.
A
l'évocation des Annales, le gars bavera d'envie : l'école
suprême d'histoire à la française. Sans doute sera-t-il un jour
reconnu comme digne de pondre un article comme son idole Ferro sous
les aisselles du must de l'historiographie hexagonale.
Avant
de vous révéler la stratégie du noble historien professionnel et
ce qu'il essaie de nous revendre, survolons l'exposé. Il y a
incontestablement une tonalité d'analyse qui paraît nouvelle, hors
de la langue de bois des admirateurs inconditionnels et léninifiés
d'Octobre 17 qui débattent ad eternam du moment de la contre
révolution et de l'épilogue de son triomphe. Aunoble nous convie à
remonter le temps, mais regard fixé uniquement sur le rétroviseur
et voiture en roue libre. C'est étrange mais non démontré, il
affirme d'emblée que « le processus révolutionnaire
disparaît » dès après le renversement du pouvoir tsariste.
En vertu de quoi ? Du fait que le méchant parti bolchevique a
pris le pouvoir ? Du fait que la révolution ne serait qu'un
processus intra-social genre altermondialiste éleveur de chèvres et
culture des salades à Notre Dame des Landes ? Non, car on
assiste à un « foisonnement de la société ». Il y
aura, comme il le révèle dans une conférence précédente, des
associations d'orchestre sans chef (d'orchestre), des comités
d'immeuble pour remplacer les concierges traditionnellement inféodés
à la police. Et des marchands de savon sans savon comme je le lui ai
objecté. Passionnant... dans l'infinitésimal.
On a
tort, ajoute-t-il d'opposer Février (étape bourgeoise de la
révolution anti-tsariste) à Octobre (étape prolétarienne) car un
type sympa, menchevique de son Etat, le nommé Skobélev avait
présidé à une réforme du code du travail russe autrement plus
honnête que celle de Macron en ce moment1.
Aunoble
n'est pas un simple historien mais un sémiologue doublé d'un
sémanticien, voire triplé d'un syntacticien. Les révolutions ont
commencé en général en tant que guerres civiles et ce n'est que
beaucoup plus tard qu'on les qualifie de révolutions. Au moment de
la décapitation du roi en France, ce n'est pas encore perçu comme
une révolution. Il émet de grossiers mensonges en passant comme
celui-ci : « personne n'a soutenu le régime tsariste »,
c'est un poil vrai à l'intérieur du pays mais, par après, les
forces armées coalisées des bourgeoisies européennes pour rétablir
sur son trône le cynique Nicolas II, c'est pas un soutien massif ?
Très
vite les événements sont lus à la lumière de la révolution
française. C'est l'historien Aunoble qui le dit,mais c'est faux. En
milieu socialiste et prolétarien c'est lu à l'aune de la Commune de
1871. On verra qu'il utilise la même méthode de l'amalgame à la
stalinienne, en rejetant tout intérêt pour la publication des
décistes et des communistes de gauche, comme l'ont fait les éditions
Smolny, car cela fait trop spécialisé, et que le public ne suit
pas : « d'ailleurs moi-même, je coche les articles
spécialisés de mes collègues mais je préfère lire d'abord les
articles plus légers ». L'histoire doit être donc simplifiée
pour les masses d'intelligence limitée2.
C'est pourquoi il croit que Soljenitsyne a été le principal
révélateur des goulags au monde entier (j'y reviens à la fin).
On
retrouve une petite touche de jugement a posteriori altermondialiste : « Pourquoi la contestation (?) a-t-elle
continué ? Parce que la société russe était déstabilisée
par la modernisation ». N'importe quoi. Et ce n'est qu'en
second lieu qu'il évoque la causalité de la guerre mondiale. La
nouvelle analyse « rétrospective » de notre historien
banlieusard sent le vieux à plein nez, je dirai même le moisi
trotskien ; il ne cesse d'insister sur la disparition de la
police, comme une espèce de compensation à la fin de tout processus
révolutionnaire depuis le début ; avatar imaginaire précurseur
de la défense de l'Etat ouvrier dégénéré dès sa naissance ?
Plus de police tsariste laquelle aurait été remplacée par une
garde rouge surtout destinée « à garder l'outil de travail »
(cet amant de la syndicratie ne nous dit pas contre qui) et des
comités d'immeubles, géniale invention de la révolution (démocrate
altermondialiste de Février)3.
Bizarre cette focalisation sur l'infinitésimal sociétal qui évite de se
confronter aux grandes questions, gênantes pour les vieux coucous
trotskiens : Cronstadt ? Le parti-Etat ? La politique
diplomatique du chef d'Etat Lénine ? Le ministre gouvernemental
Trotsky militarisateur des syndicats ? Une curieuse
« vulgarisation » de l'histoire comme je le lui
balancerai plus tard dans le maigrichon débat.
Le
monde est beau, il est bolchevique. On vous a raconté des bêtises
sur l'anarchisme en Russie où il n'existait que depuis 1905,
Kropotkine et Bakounine étaient planqués en Suisse ou en France et
n'écrivaient même pas dans leur langue natale4.
C'est encore du grand n'importe quoi effaceur d'histoire à la
manière stalinienne. L'antisémite et révolutionnaire national
Bakounine a autrement souffert de la prison (en Russie) que l'exilé
Karl Marx. La vie du révolté incohérent a été autrement plus
terrible que celle du solide raisonneur de Londres5.
L'anarchisme, contrairement à ses sectateurs et historiens n'est pas
homogène, il n'est que confusion et mélange d'idées
réactionnaires, il est la vieille théorie confuse de la petite
bourgeoisie depuis le 19e siècle. Mais ce n'est pas une raison pour
le gommer de la fin du XIXe siècle en Russie où, en effet, les
narodnikis et les divers nihilistes provenaient bien de ce courant,
sans oublier que nombre de futurs bolcheviks ou tchéquistes avaient
été eux-mêmes anarchistes depuis le siècle passé6.
Venir nous raconter que l'anarchisme n'apparaît en Russie qu'après
le bolchevisme fallait le faire ! Aunoble l'a fait. D'où son
nom patrimonial mérité ! Or l'anarchisme narodniki a été
indéniablement précurseur de la révolte des masses prolétariennes
et n'a pas été étranger au rigorisme du parti bolchevique (Lénine
ne dit pas du mal de cette expérience). A l'époque on ne rigolait
pas avec la complaisance syndicale façon FSU, CGT ou SUD. Ce ne sont
pas seulement des nobles oppresseurs qui étaient abattus mais aussi
des patrons cyniques. Respect pour les narodnikis.
Cela
confirme des oeillères trotskiennes chez cet historien, et même
plutôt de type staliniennes. Il ne peut cacher au moins une proximité avec les
pires soutiens à l'idéologie stalinienne du socialisme de caserne,
car, comme il le glisse à un moment de sa phraséologie, « l'idée
de capitalisme d'Etat le fait marrer ».Ce n'est pas étonnant en ce sens qu'il fasse la moue lorsque je mets systématiquement dans le même sac, au cours de mes interventions, trotskiens et staliniens, la martyrologie trotskienne a vécu, et les deux cadavres sont dans le même tombeau théorique.
La
vision lénino-trotskienne réapparaît rapidement avec l'apologie
des « militants » ; cela sent le trotskisme
réchauffé à plein nez. Il nous apprend que le « milieu
militant est soudé par la répression », et envoie chier le
collabo Werth en passant (qui en effet caricatura le Pcb en parti
doctrinaire et attrape-tout). Revoilou le PC bolchevique caractérisé
par « sa discipline »7.
Ce qui est une invention des post-léninistes et des plus bêtes des
invariantistes bordiguistes.
Il a
raison pourtant notre noble historien de souligner le rôle
secondaire des anarchistes pendant la révolution, et il néglige le
fait qu'ils retombent dans l'ornière bourgeoise en soutenant les
attentats terroristes. L'historiographie bourgeoise française
dominante en France leur fait la part trop belle.
« Les
masses se sont radicalisées » ? Aunoble utilise un
concept pervers de notre époque qui n'aide en rien à comprendre les
évolutions ou mutations politiques. Jamais ni Marx ni Engels n'ont
utilisé ce concept vaseux et généraliste de radicalisation. En
fait il ne croit pas un instant à, en tout cas, un durcissement
autonome des masses. L'idée de faire renaître les soviets de 1905
ne serait venue que « d'un groupe de militants »
(lesquels ? Du Pcb ? Du NPA?). L'idée « se répand ».
Les soviets soldats et paysans ne sont pas nés spontanément. Ah
bon ? Il y était présent le Aunoble ?
Le
fait que le vote ouvrier vaille trois ou quatre fois celui d'un paysan
est communément admis. C'est Aunoble qui le dit. C'est possible mais
bizarre. En tant que défenseur du prolétariat je trouve cela très
bien. Les cul-terreux restent des culs-terreux et n'ont jamais été
vraiment révolutionnaires jusqu'au bout. Mais vous imaginez qu'on
propose cela à l'avenir à nos populations « démocratiques » ?
Vous imaginez pas le chahut ? L'exposé d'Aunoble reste à cet
endroit dans le rétrospectif et prête à sourire pour son
inconséquence.
Un
des secrets de l'histoire vulgarisée, outre d'esquiver les vrais
questions politiques, est d'insister sur des détails picrocholins,
tel épisode amoureux, telle scène « vécue ». Il ne
s'en prive pas ponctuellement, avec l'épisode croustillant où les
soldats arrachent les galons des officiers. Cela fait vendre
l'histoire romancée.
Parmi
les révélations qui n'en sont pas (certes pour les révolutionnaires
chevronnés d'histoire), la société russe est présentée comme
ouvriériste. Aunoble fait une remarque évidente de bon sens, la
conscience de classe n'est pas partagée que par les ouvriers, mais
c'est la majorité de la société qui se sent alors porteuse de
cette « conscience de classe » alternative à un monde en
guerre. C'est vrai et c'est bien vu, même par un trotskyste déguisé
en historien démocrate.
Le
sémanticien refait surface pour nous révéler que les best-seller,
après Alexandre Dumas, en Russie des années révolutionnaires sont
de petits dictionnaires d'explication des termes. Il y a là une
réaction normale d'une société dominée encore par
l'analphabétisme, mais aussi une démarche politique (que Aunoble ne
voit pas parce qu'il n'a pas vécu mai 68) propre à toute époque de
bouleversements politique et qui ne se traduit pas (c'est pas vrai)
par la recherche de dicos mais de la littérature révolutionnaire en
général et marxiste en particulier (moi en 68).
Autre
révélation touchante que l'historien sait faire saisir de façon
imagée : « en 1917, ne pas être membre d'un parti c'est
comme aujourd'hui un homme sans portable ». Réflexion
typiquement post-léniniste ! La révolution ne vit pas pour
l'essentiel dans les appareils de parti mais dans les assemblées et
les diverses réunions où il n'est pas obligatoire d'être membre de
parti !
Comme
avec le concept de radicalisation, Aunoble nous sort de sa manche la
« droitisation » de l'intelligentsia !? Encore un
qui n'est pas guéri de la croyance que la gauche républicaine et
soc-démo n'est pas bourgeoise. L'intelligentsia russe aurait été
choquée par la violence de la révolution ? Explication très
courte. Où a-t-il trouvé ça ? L'intelligentsia russe, ou une
bonne partie de celle-ci était comme toujours soucieuse de maintenir
ses privilèges et la violence, à son profit, ne la gênait
aucunement (cf. les attentats contre le pouvoir « bolchevique »)
et le soutien aux KD, non pas droitisation mais collusion avec la
politique bourgeoise.
Pourquoi
se hasarder à dire que le putsch Kornilov arrive trop tôt ? Ce
n'est là aussi qu'une manière d'évacuer à nouveau le fait que la
victoire des masses ouvrières et du parti bolchevique n'a aucunement
relevé de la théorie fumeuse du front unique, théorie bourgeoise
des fronts populaires et du trotskysme. Pourquoi termine-t-il avec le
texte d'Alexandre Blok, « l'intelligentsia et la révolution »8,
et glorifier le totalitarisme foutoir de son maître l'ubique Marc
Ferro ? Et cette étrange question, voire vaste questionnement :
« comment éviter un vide étatique ? ».
La
salle était malheureusement composée d'une majorité de têtes
chenues, passives et amorphes. Donc excepté deux ou trois questions
ponctuelles, j'en suis réduit à convenir que seule mon intervention
pouvait peut-être réveiller un véritable débat. Je n'ai pas dit
ce qui suit entre parenthèses.
J'ai
dit que je restais un partisan de la révolution d'Octobre. J'ai
salué un effort pour « remonter à la source » au niveau
d'un travail d'historien, car « vous les historiens n'êtes pas
tombés du ciel, vous devez tant aux Souvarine et Ciliga » (ce
que bien des minorités politiques et des générations n'ont pas
cessé de faire avant lui mais) mais je l'ai invité à prendre garde
à ne pas négliger les minorités opposantes qui ont dénoncé les
premières manifestations de la contre révolution, qui, elles
étaient des garantes pour l'avenir, même en rappelant Lénine à
ses propres écrits (lui qui avait appelé « tout le pouvoir
aux soviets » pour finir par « tout le pouvoir au parti).
Mais, ai-je continué : « peut-être vous ai-je mal lu
mais dans mon blog je vous ai sévèrement critiqué pour avoir dit
que Soljenitsyne avait révélé les goulags », c'est faire
l'impasse sur le fait qu'on savait déjà depuis longtemps grâce aux
écrits des Souvarine et Ciliga (et surtout aux minorités
maximalistes). Je lui ai reproché ultérieurement une vulgarisation
de l'histoire dans le même sens que l'historien de gouvernement
Ferro.
Sa
réponse a été que je l'avais mal lu, mais qu'en effet
Soljenitsyne a bien révélé au grand public l'existence des camps,
car les textes plus spécialisés restaient occultés pour ce grand
public. Il a défendu en gros sa « vulgarisation » de
l'histoire et une conception, typique de l'intelligentsia, hors de la
réalité et étrangère au milieu ouvrier. Je n'incrimine pas.
J'aime lire les travaux des divers historiens, mais le métier a ses
limites9. Plus important, et ce qui m'a échappé sur le moment, à aucun moment il ne s'interroge sur le fait que les "révélations" de Soljenitsyne ont desservi et le prolétariat et la révolution, ni pourquoi les révélations des Ciliga, Silone et les dénonciations des minorités communistes intègres n'ont jamais eu voix au chapitre médiatisation pendant les années de la guerre froide. Je l'avais donc bien lu.
Aunoble
est beaucoup plus jeune que moi et n'a jamais vécu ces années
(guerre froide puis sortie de) en milieu ouvrier comme moi.
Conscience ne signifie pas tout savoir ou avoir appris uniquement par
les livres. J'ai connu tant de vieux prolétaires qui avaient fait au
moins deux guerres, et il n'y avait pas besoin à l'époque de
Soljenitsyne ni de Werth pour savoir que derrière le rideau de fer
c'était le bagne. Dans l'intelligentsia dominante certes stalinisme
et trotskisme faisaient encore la pluie et le beau temps, mais, comme
aujourd'hui l'antifascisme et l'antiracisme, cela ne prenait pas, ne
collait pas à la véritable conscience de classe. Une anecdote du
début des années 1990 (à mon tour à charge de revanche). Un
collègue, ancien membre du parti trotskiste lambertiste, le plus
néo-stalinien mais le plus connaisseur en histoire, m'avait
rétorqué, lorsque je lui avais jeté à la figure l'existence de
vastes « isolateurs » en Sibérie :
- tu as vu ça où ?
- Dans mes lectures.
- Tu lis des conneries de la bourgeoisie.
Bon,
et quelques mois plus tard, me rendant au supermarché Carrefour à
L'Hayes Les Roses, je vois une grande affiche électorale avec en
photo comme candidat du PCF section Val de Marne, mon collègue.
L'empirisme étroit ne fût pourtant pas toujours le cas du seul
stalinisme. De nos jours qui peut me démontrer qu'il ne fait pas
encore florès ?
NOTES
1Que
vaudrait la gouvernance Macron et sa réforme s'il n'y avait aucune
manifestation, dit justement un des pitres chef du service politique
de BFM ? Bien vu. C'est grâce à ces manifestations
ridiculement badgées de fonctionnaires hyper-corporatifs (qui ne
sont pas encore vraiment touchés par la nouvelle réforme, l'Etat
n'est pas suicidaire), motivés par cette idiotie syndicrate de
« pouvoir d'achat » et de « reconnaissance »
(par la feuille de paye et les médailles), que passent les
mutations anti-ouvrières des gouvernements bourgeois successifs.
Sans oublier les lecteurs neuneus de La Fabrique qui viennent
apporter un peu de sel avec leurs déguisements de petits émeutiers
à des processions monotones remplies de vieillards trotskiens
décatis et staliniens déconfis. Le seul inconvénient de la
nouvelle réforme, et c'est pourquoi elle ne va pas enflammer la
classe ouvrière, est que le secteur fonctionnaire servait jusqu'ici
de variable d'ajustement, en France, pour le marché de l'emploi !
Les « planqués » le resteront, tant pis pour les
aspirants à un monde bisounours nationalisé et syndiqué à 90%.
2C'est
l'argument d'autocensure des éditions bourgeoises ou des vieux
anars des Cahiers Spartacus pour refuser les vieux textes de la
« gauche communiste ». Certes il faut se rendre compte
que des textes trop précis et fouillés peuvent être rébarbatifs.
Des millions ont lu le Manifeste de 1848 et n'ont pu se résoudre à
lire le Capital de Marx. Mais la perversion en l'espèce réside
dans la manipulation, peut-être involontaire, de l'historien à la
recherche du succès éditorial, où, en décorant ses descriptions
par des faits divers ou des anecdotes croustillantes il fait
l'impasse sur les questions de fond politiques. Deux honorables
membres de la « Gauche communiste » étaient présents.
Mauvais utilisateurs du micro de la salle ils se sont contentés de
questionner l'historien sur son travail d'historien.
3Gare!Le
FN pourrait s'emparer de l'idée pour protéger les habitants des
banlieues à risque !
4Cette
caricature d'absence d'anarchisme en Russie fait penser à la
cuistrerie de son maître, Marc Ferro, qui s'est ridiculisé
récemment à la télévision en nous inventant un Lénine débile
et planqué en Suisse, avec une petite musique subliminale pour bien
assurer qu'il était gogol.
5Pour
la version historique anarchiste (peu crédible) lire ici:
http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/Extrait_de_Octobre_1917_-_L_anarchisme_en_Russie.pdf
Lire par contre l'intéressante lettre aux anarchistes de Victor
Serge en 1920 :
https://www.marxists.org/francais/serge/works/1920/08/anarchistes.htm
6Ce
qui m'a frappé chez cet historien ambigu c'est son
incapacité à concevoir que les bureaucrates staliniens puis
trotskiens pouvaient rester anarchistes dans leur conception de la
vie. J'ai connu nombre de militants CGT, encartés au PCF, qui
tenaient un discours typiquement anarchiste, c'est à dire sans
principes, capables d'appuyer tout ce qui bougeait, d'êtres
racistes, de se muer en casseurs tout en les dénonçant, etc.
7Manque
de pot, j'en connais peut-être plus que lui sur la révolution
russe, et il jouait encore aux billes quand j'avais fait « mes
classes » de lutteur prolétarien. Je l'ai recadré sur
l'absence de discipline de ce parti (cf. au moment de l'insurrection
avec l'irresponsabilité des Kamenev et Zinoviev, sur les anars dans
la Tchéka et sur le programme maximum. Anecdote comique, à un moment Aunoble se flatte d'avoir serré un peu la main de la révolution en serrant la paluche à Marcel Body, qui ne fût pas une bien grande figure révolutionnaire. Je n'ai pas résisté, hélas en bafouillant, à surenchérir: et moi j'ai serré la main qui a enterré Lénine ... euh de Ian Appel (Appel dit Hempel fût président des conseils d'ouvriers d'Allemagne et était présent au premier congrès de fondation du CCI. Quelques années après sa mort, Marc Chiric s'était fait inviter chez moi avec la veuve de Appel (sans doute pour lui exhiber un modèle d'ouvrier combatif parisien de ces années-là). Je leur ai pas offert une soirée terrible. Je ne savais quoi dire alors je leur ai passé des films d'actualité des années 1930. Mais bon j'avais aussi serré la main de la compagne d'un grand révolutionnaire). Au jeu de "t'as serré la main de quel grand homme?", je pourrais être très fort, j'ai approché le grand Charles aussi en 1958 à Albi et au Mont Valo à Suresnes en 1965. Et il m'avait regardé dans les yeux. D'un regard vide.
8Lire
ici et l'excellente réponse de Trotsky à ses mièvreries :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1532
9J'ai
un défaut, qui est une qualité, comme l'a dit gentiment à mon
propos Camate dans une lettre à François Langlet : « c'est
un type à qui on ne la fait pas ».
Bonjour,
RépondreSupprimerJe profite de cet article pour vous féliciter pour la qualité de votre blog. Je ne suis pas toujours d'accord avec tout ce qui est dit mais ça fait plaisir de voir un marxiste qui a un style bien lui avec de bonnes formules de phrases, et qui ne donne pas l'impression de ressortir des phrases toutes faites comme beaucoup. J'aurai aimé savoir si vous connaissiez des historiens intéressants sur la révolution russe (sans parti pris) car la plupart que j'ai lu sans très anti bolchevique et révolution d'octobre ou alors ce sont les écrits de Bordiga(que j'aime beaucoup mais ce n'est pas un historien ). Merci d'avance.