Par Ferhat Mehenni (Artiste et
militant kabyle exilé en France)
… L'assassinat d'Hervé Gourdel a
soulevé, à juste titre, une grande indignation à travers le monde.
Les Kabyles en sont horrifiés et révoltés. Ils sont choqués par
le sort tragique réservé à ce malheureux et sont particulièrement
en colère du fait que cet ignoble crime ait été commis sur leur
territoire. Ils s'en sentent salis ! Les médias internationaux,
surtout français, les accablent en présentant la Kabylie comme le
fief d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de l'islamisme.
Accuser la Kabylie d'être le fief de l'islamisme ou d'avoir de la
sympathie pour cette idéologie fasciste est si grave que cela
appelle une mise au point.
Pour s'être battue pour la liberté et
la reconnaissance de son identité durant les trente années de
dictature du Front de libération nationale (FLN), la Kabylie, fer de
lance du berbérisme, n'a jamais été gagnée par le raz de marée
islamiste algérien. Toutes les élections pluralistes qui s'y sont
déroulées depuis 1990 sont là pour le prouver : les islamistes y
essuient toujours des échecs. La Kabylie est laïque depuis des
siècles. Sa laïcité n'est le fait ni d'une décision violente à
la turque ni d'une loi à la française. Elle est simplement
culturelle et répond au besoin de liberté de chaque individu et de
chaque village, mais aussi à la nécessaire solidarité entre tous
ses enfants.
Les terroristes islamistes, bien qu'il
y ait parmi eux quelques recrues locales, sont pour l'essentiel des
étrangers à la Kabylie. Ils viennent d'ailleurs. Le terrorisme
islamiste n'a été transféré en Kabylie qu'à partir de 1997,
lorsque le pouvoir algérien conclut un accord de paix avec l'Armée
islamique du salut (AIS). Pendant cinq ans, alors que le terrorisme
ravageait Alger et ses environs (1992-1997), la Kabylie faisait
figure de pays paisible et sûr. C'était la Suisse locale. Malgré
quelques rares incursions, dont furent victimes Mohand Aouchta, Rabah
Stambouli et Nabila Djahnine, le terrorisme islamiste sévissait
plutôt ailleurs. Dès 1995, les Kabyles furent les premiers à
s'organiser et à prendre les armes contre le terrorisme islamiste.
L'accord signé entre le pouvoir et
l'AIS en 1997 avait besoin d'un bouc émissaire : la Kabylie, qui
refusait d'accepter un Etat arabo-islamique. La fin du terrorisme
posait problème au régime algérien. En son absence, comment
justifier la présence de l'armée en Kabylie ? Il y eut donc
conspiration contre elle. Les terroristes sont autorisés à se
venger contre les Kabyles et l'armée est chargée de leur garantir
la liberté d'action et l'impunité. Ce sont les barrages militaires
qui protègent à ce jour la circulation de ces nervis.
M. Bouteflika est arrivé au pouvoir
avec la ferme intention de détruire la Kabylie. Dès sa première
campagne électorale (1999), il déclara à Tizi Ouzou : « Je suis
venu dégonfler votre ballon de baudruche ! » Lors de sa deuxième
campagne (2004), il cria à Vgayet (Bougie), où il fut accueilli
avec des jets de pierres : « Kabyles ! De loin je vous voyais des
géants, mais de près vous n'êtes que des nains ! »
M. Bouteflika décréta une « concorde
nationale » et prit le parti des jeunes terroristes en disant que, «
s' avai leur âge, serai l'un des leurs » ! En 2001 et 2002, sa
gendarmerie organisa la tuerie du « printemps noir » dans laquelle
on dénombra près de 150 morts et des milliers de blessés, dont 1
200 handicapés à vie, tous des civils kabyles sans armes. Il
commença à envoyer des renforts en surnombre, plus de 100 000
hommes y sont stationnés depuis 2004.
L'ASTUCE EST DIABOLIQUE
Les terroristes islamistes amnistiés
sont envoyés en tant qu'imams en Kabylie. Nombre d'entre eux ont été
chassés par les comités de village pour avoir incité à la haine
et au meurtre. Le maintien du terrorisme en Kabylie permet de faire
passer, auprès des médias internationaux et des chancelleries, la
thèse suivante :« Le pouvoir algérien se bat contre le terrorisme
islamiste. Il fait de son mieux, mérite le soutien de l'Occident.
Mais le terrorisme ne subsiste qu'en Kabylie, qui se bat contre ce
même pouvoir. Les Kabyles sont donc, sinon les complices des
terroristes, du moins leurs alliés objectifs ! » Par conséquent,
le pouvoir algérien serait à encourager dans sa lutte contre les
Kabyles qui l'empêchent d'éradiquer les terroristes. L'astuce est
diabolique, mais elle fait mouche ! Ainsi, on donne de la Kabylie
l'image du « bastion du terrorisme islamiste » et du « fief de
l'AQMI ».
On oublie de dire que les militaires
algériens ne sont nullement entravés dans leur action par les
populations kabyles. Ils se déploient en toute liberté. Les
Kabyles, s'ils ne sont pas d'accord avec le régime fasciste
algérien, sont encore davantage opposés aux islamistes.
La Kabylie n'a pas d'Etat, pas de
service de sécurité. Les militaires et les terroristes islamistes
sont armés, les Kabyles non. Avant de quitter le pouvoir, M.
Bouteflika s'est juré de donner le coup de grâce à la réputation
des Kabyles. Il a sorti sa nouvelle tactique : commettre des
atrocités en Kabylie contre des étrangers et en accuser les
Kabyles. C'est ainsi qu'au mois d'août Albert Ebossé, un
footballeur camerounais de la Jeunesse sportive de Kabylie, fut
assassiné dans les vestiaires du club à Tizi Ouzou. Toutes les
versions inventées par les scénaristes du pouvoir ne sont pas
parvenues jusqu'ici à avoir la moindre concordance avec les faits,
qui restent têtus.
Aujourd'hui, c'est un Français qu'on
fait enlever, dans des conditions pour le moins suspectes, et qu'on
décapite. Hervé Gourdel n'a-t-il pas été carrément livré par
les services algériens à ses ravisseurs ? Nous sommes fondés à
nous poser cette question.
Lire la suite sur Le Monde
et pour l'horreur de l'oppression des
femmes :
http://apostat-kabyle.blogspot.fr/2014/01/visages-de-lislam-en-12-photos.html?showComment=1412320314765#c4864256779318163535
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