Un formidable débat
a bel et bien eu lieu à la librairie L’insoumise à Lille, le dimanche
après-midi de ce 21 avril 2013. Ce genre de débat peut être qualifié d’historique
jusqu’à plus ample informé. Il est très rare en France qu’un groupe d’ouvriers
sorte de l’usine où ils sont en grève, toutes tendances syndicales mêlées, pour
aller non simplement « populariser » leur lutte mais chercher autre
chose que la simple solidarité financière, qui est certes importante et
nécessaire pour tenir aussi longtemps : avec cette volonté incroyable,
preuve d’une conscience historique, de favoriser échange d’expériences, prises
de contact hors des canaux officiels du syndicalisme étatique et des grouillots
politiques divers de la gauche bourgeoise. Quand de plus la démarche de ces
prolétaires vise à étendre la lutte, souligne la nécessité de se contacter
directement entre secteurs en lutte et sous-entend carrément que la finalité de
la lutte a pour but, tôt ou tard, la révolution, conçue comme mise à bas de la
société d’exploitation et de profit. Comment ne pas être attiré voire fasciné
par une telle détermination ? Comment ne pas se gausser de tous les
olibrius intellectuels au service du pouvoir qui rabâchent une disparition de
la classe ouvrière, voire son innocuité sociale et politique. Une classe dont
les grèves ne seraient que les derniers feux-follets d’un passé prolétarien
considéré comme erratique.
Une assemblée
d’une cinquantaine de personnes de tous horizons c'est par rien, outre par la présence
dynamique des ouvriers de secteurs différents, de retraités mais aussi de
jeunes n’ayant jamais travaillé et taraudés par l’angoisse d’un avenir obscur
et sans rêve d’une société débilitante. Cette assemblée, ouverte à tous, a été
capable - foncièrement ancrée dans la réalité sociale lugubre et hostile à tout
renoncement -, de poser les véritables enjeux de classe sur tous les plans qui
concernent la société moderne.
C’est tout à l’honneur
de l’OCL (organisation communiste libertaire) et à « La Mouette enragée »
(Boulogne sur mer) d’avoir permis la pleine et entière organisation de ce débat.
Contrairement aux poncifs des ignorants ou victimes de la propaganda de l’Etat
dit démocratique, ce ne fût pas une empoignade d’anarchistes ni des « terroristes ».
Face à la gravité des attaques dont ces prolétaires sont l’objet, je remarque
immédiatement qu’il n’est nul besoin de « tribune » avec meneurs de
débat, avec ficelles classiques des organisateurs professionnels de meetings solidement
« encadrés » avec claque ou chefaillons chargés de cornaquer le débat
et de l’amener à des conclusions d’appareils prédéfinies.
La discussion
se déroula tout le long d’une manière ordonnée, respectueuse des interventions
de chacun. Elle s’approfondit naturellement au fur et à mesure allant des
détails sur le déroulement de la grève aux questions générales de la société
capitaliste en crise. Et la conclusion découla sans fard avec lucidité sur les
questions de l’heure, sans emphase et
sans trémolos.
Epatant oui
épatant. Pourtant, malgré quelques politesses de convenance lors de la
réception et de poignées de main, les premiers échanges furent rudes. La
veille, la presse bourgeoise avait annoncé que le syndicat SUD s’était prononcé
pour la suspension de la grève face au jeu « perso » de la CGT à
Aulnay dans les négociations avec le patronat. Fort de ma longue expérience des
AG de prolétaires, j’avais demandé des explications sur cette curieuse césure,
que je nommais trahison corroborée à la soit disante unité syndicale qui
préside à tout conflit à ses débuts. J’avais eu recours à l’image suivante :
depuis des décennies les syndicats se présentent unis au début des grèves,
ensuite ils se divisent, certains appelant à continuer la grève quand d’autres
jugent plus responsables de la faire cesser pour améliorer la poursuite des
négociations triparties (gouvernement-patronat-syndicats). Le syndicalisme est
une sorte de train fou, ajoutais-je, dont le conducteur a sauté avant que le
convoi ne verse dans le ravin : tiens, se dit-il, le wagon de Grandange a
basculé, puis celui de Florange, puis celui de Petroplus, de Spanghero… ah bon
et bientôt ce sera celui PSA Aulnay, de celui de Virgin Megastore… Et je dis,
voilà ce que c’est quand on laisse la direction de la lutte au départ aux
syndicats coalisés. J’ai cité le mot du fameux Talleyrand : « la
trahison est une question de calendrier » ; et le calendrier syndical
est toujours le même, on brame « tous ensemble ouais ! » et peu
après « plus ensemble ouais ! ». Mais mes interlocuteurs, entre
deux sandwichs préliminaires à la discussion générale, furent plus choqués que
je leur dise qu’ils ne pouvaient mener une lutte exemplaire avec le signe « CGT ».
On m’objecta qu’il ne s’agissait point de la hiérarchie de la CGT nationale
mais de la CGT d’Aulnay laquelle ne prenait aucun ordre de la fédération
nationale, et que c’est l’assemblée des grévistes, certes minoritaires à l’heure
actuelle, qui dirigeait la lutte. Des membres de SUD étaient présents que je ne
pouvais identifier., mais certainement de ceux qui firent sourdre leur colère
face à mes propos : « comment osez-vous parler de trahison ? »
(La plupart jeunes ouvriers de 30 à 40 ans ne se résolvaient pas à me tutoyer,
pourtant je ne suis pas si vieux), ponctué d’un « vous n’êtes pas avec
nous ». (Ils me faisaient penser aux sidérurgistes de Longwy il y a trente
ans qui persistaient à me dire notre signe « SOS Longwy » est notre
drapeau et le garant de notre victoire). Ils persistaient à ne pas prendre en compte mon insistance sur le fait que le sigle CGT est aussi repoussoir en France que PCF pour la plupart des travailleurs.
Au-delà des
sigles – et je me fous qu’on ouvrier soit syndiqué ou pas dès lors qu’il est
partie prenante de la lutte générale - malgré les jongleries verbales limite
mauvaise foi des animateurs d’Aulnay, je
ne me laissais pas démonter ni impressionner, je martelais deux insistances
comme forme de ma véritable solidarité avec leur grève : « il faut
constituer dès à présent des comités de lutte afin que, échec ou pas, vous
pouviez garder contact entre vous sans succomber à la démoralisation », et
« il serait opportun de créer un blog qui centralise toutes les informations
des luttes hors des syndicats officiels et des partis politiques de gauche qui
prétendent décider à notre place, y compris les sous-marins trotskystes ».
Fort de ma connaissance des multiples trahisons syndicales des trois dernières
décennies de Longwy à la lutte des infirmières, je me permettais d’affirmer
aussi que personne n’était incorruptible et que de nombreux « délégués de
base » finissaient par faire carrière dans les appareils (ndlr ou au PS),
mais on me répondit que eux à PSA ils étaient « purs » et qu’on avait
tenté d’acheter un délégué avec une forte somme mais qu’il avait refusé la
compromission.
-
Est-ce que toi comme délégué tu es révocable, demandais-je
soudain à Samir ?
Ses camarades
répondirent à sa place :
-
Oui s’il ne respecte pas le mandat que l’assemblée
lui a confié.
Une jeune
fille m’interrompit en me disant que j’avais assez monopolisé la parole et qu’il
fallait la laisser aux autres présents, lesquels n’étaient pas encore partant.
On nous fit assister ensuite à un film sur la lutte « des PSA ». Le
film retraçait brièvement des caillassages face à l’arrogance direction féodale de
Peugeot et faisait défiler le portrait d’ouvriers sanctionnés.
Le débat qui
suivit, mené entre autres par deux jeunes ouvriers d’origine maghrébine,
brillants orateurs très précis et intelligents, prit pourtant une autre
tournure. A cet endroit je délaisse toutes les interventions nominales de ma
part tant la discussion révéla une homogénéité de fond entre nous tous.
La première
partie porta sur la perception par « l’opinion publique » de cette
grève. Il fût souligné l’importance des profits du trust PSA, sa capacité à
produire des bagnoles de qualité et des ventes qui, contrairement aux dires de
la presse bourgeoise, seraient en expansion sauf que la grève fait perdre des
milliers de véhicules tant qu’elle dure à PSA. Plusieurs intervenants se
satisfaisaient de l’impact médiatique, décrivant leur invasion « musclée »
du congrès du parti gouvernemental, l’occupation d’un Pôle emploi ou celle du
siège du Medef où les forces policières avaient été le plus décuplées et les
camarades embarqués sévèrement dans les fourgons policiers ; le siège
patronal est le blockhaus le plus sanctuarisé de France ! A la question :
est-ce qu’il n’y a pas une crise de surproduction qui fait que les voitures
Peugeot sont invendables parce que trop chères, qui bute sur une réalité où la
plupart des prolétaires ne peuvent acheter que des voitures d’occasion… les
intervenants en grève de PSA argumentèrent que cela était faux, que Peugeot
figurait encore parmi les meilleures ventes en Europe et faisait la nique à Volkswagen,
et qu’il y avait même en route des prototypes de véhicules fonctionnant sans
essence. Comment expliquer alors que Peugeot ait programmé une telle masse de
licenciements ?
Après qu’une
partie de la discussion ait ondoyé sur une description informative du
déroulement de la grève, le fond du problème ressurgit un peu plus tard. Un
camarade de « La Mouette » insista sur la gravité de la crise, après
que José d’Aulnay ait estimé que « la crise a bon dos » et qu’il y a
de l’argent. L’autre camarade avait objecté en soulignant la surproduction de
voitures dans les autres pays, notamment en Chine où des parkings entiers sont
remplis de voitures invendues. Un autre camarade fît remarquer que l’impact de
la crise n’était pas automatique pour la riposte des ouvriers, et que, par
exemple, en 36 ou en 68 ce n’était pas une crise économique d’une telle ampleur
qui avait provoqué l’insubordination des ouvriers.
A ce stade les
camarades d’Aulnay insistèrent sur le fait
que, malheureusement, malgré leurs multiples démarches hors de l’usine,
des rencontres avec ceux de Sanofi, Goodyear, etc., il fallait déplorer l’absence
de solidarité des autres travailleurs amorphes (les retraités pa r contre sont les plus nombreux à verser à la
caisse de grève…, soutien appréciable et qui bat en brèche la propagande sur
les retraité repus et planqués…).
« C’est
quand même incroyable, ajouta Samir, que tous ces travailleurs qui vont
connaître le même sort que nous, ne se bougent pas quand on voit qu’en face la
droite avec cette histoire délirante de mariage pour tous mobilise des foules
entières sur les avenues !… quand est-ce que nous les ouvriers on
sera capable d’en faire autant ?».
Plusieurs
types d’explications, après des confusions sur la notion d’opinion publique,
répondirent à ce questionnement. D’abord le gouvernement et le patronat
médiatisent à outrance telle ou telle grève de façon parcellaire comme s’il s’agissait
d’un combat ringard, passéiste. Les grévistes eux-mêmes sont piégés dans l’organisation
du « spectacle » des « actions coups de poing » puisque la
masse des autres prolétaires est réduite à l’état de « spectateurs »
avec la même compassion que soulignée au début du débat : « eh oui
les pauvres ouvriers d’Aulnay sont sacrifiés dans la compétition mondiale… on n’y
peut rien… leurs voitures sont plus chères que celles des marques étrangères »
(un intervenant avait dérapé en disant qu’il estimait qu’il était préférable d’acheter
des voitures produites en France…, rabroué par un autre contre tout patriotisme
économique). Les syndicats ne font rien pour étendre et coordonner les luttes
sinon leurs permanents ne seraient plus rétribués par l’Etat. Il existe un « chacun
pour soi » ancien qui pousse la plupart à la politique de l’autruche.
Enfin il existe aussi des attentes invraisemblables d’une amélioration parce qu’il
y a un gouvernement de gauche quoiqu’il peine à tenir ses promesses électorales
de « croissance ».
Donc il ne s’agit
pas d’accuser simplement les autres prolétaires d’amorphisme dans une situation
où les attaques restent sélectives, dispersées, touchent des entreprises
devenues obsolètes comme Pétroplus, où comme Spanghero accusé de malversations
sur les produits, ou Virgin Mégastore victime de la concurrence d’internet. Et
dans une ambiance où tous les partenaires assurent se faire des cheveux blancs
pour retrouver un « repreneur ». Le capitalisme n’a pas de repreneur,
il veut continuer en généralisant la misère. Il se révèle donc comme incapable.
Les solutions dites alternatives sont du pipeau : l’autogestion est une
farce, la nationalisation a servi à reconstruire le pays après guerre. Les SCOP
servent à des cartels syndicaux. Les questions posées par les luttes actuelles
posent la question de la prise du pouvoir par les Conseils ouvriers et d’établir
la dictature du prolétariat (la réflexion était de mon cru et fît tiquer certains
dans la salle).
Comment réaliser l'unité dans la lutte en extension? Importante question à laquelle il fût répondu comme ceci: il ne s'agit pas d'être les représentants commerciaux bis de telle ou telle firme, on est pas là pour vanter la qualité de telle marque d'automobile sinon les ouvriers de Spanghero victimes de l'utilisation de produits frelatés ne peuvent se défendre en vantant la qualité de leur viande; il faut donc mettre en avant les revendications communes: maintien de l'emploi ou restructuration convenable, et si la lutte est devenue unitaire et que par exemple ceux de PSA ont gagné, ils ne laissent pas tomber ceux de Spanghero ou de Virgin; à l'Etat de se démerder pour nous fournir des emplois sinon ceux qui ont connu une grève victorieuse peuvent se remettre en lutte en solidarité avec les parents pauvres de telle autre industrie.
Comment réaliser l'unité dans la lutte en extension? Importante question à laquelle il fût répondu comme ceci: il ne s'agit pas d'être les représentants commerciaux bis de telle ou telle firme, on est pas là pour vanter la qualité de telle marque d'automobile sinon les ouvriers de Spanghero victimes de l'utilisation de produits frelatés ne peuvent se défendre en vantant la qualité de leur viande; il faut donc mettre en avant les revendications communes: maintien de l'emploi ou restructuration convenable, et si la lutte est devenue unitaire et que par exemple ceux de PSA ont gagné, ils ne laissent pas tomber ceux de Spanghero ou de Virgin; à l'Etat de se démerder pour nous fournir des emplois sinon ceux qui ont connu une grève victorieuse peuvent se remettre en lutte en solidarité avec les parents pauvres de telle autre industrie.
Une partie de
la discussion s’efforça ensuite de réfléchir aux contradictions du capitalisme ;
pour l’un ces contradictions peuvent ouvrir des issues à la confrontation des
classes quand pour un autre il ne faut rien attendre des contradictions du
capitalisme.
Cette
opposition n’était pourtant pas nette, car, comme il le fut souligné, la
principale contradiction du capitalisme c’est la guerre. Le libéralisme
capitaliste mondialisé prône partout la paix mais en réalité favorise la guerre
partout. Et c’est le camarade Samir d’Aulnay qui mit le doigt où çà fait mal en
rappelant que les premiers projets de licenciements massifs de PSA dataient des
mesures de rétorsion exigées contre l’Iran par les Etats Unis. En effet, pour
le coup c’est un marché de 25.000 voitures qui passait sous le nez de PSA.
Inutile de dire que pour tous les présents il s’agit bien d’une soumission de
la bourgeoisie française, comme au Mali, aux désidératas de l’impérialisme
dominant. Obama ne veut plus se mêler des guerres externes mais y pousse les
alliés européens d’une façon ou d’une autre. Sous Chirac, le refus de la France
de participer à l’effort de l’empire US avait été payé très cher. En gros, les
ouvriers de PSA ont donc été en première ligne pour payer les pots cassés des
vassaux français. Ce qui a fait rappeler
à un camarade que les révolutions sont souvent sorties de la lutte contre la
guerre, mais après des centaines de milliers de morts et que tant qu’un tel
sacrifice n’est pas imposé on peut comprendre que la masse des ouvriers croit
encore possible de reculer les échéances. De ce point de vue, la lutte des
ouvriers de PSA est en effet historique et s’en prend non simplement au
patronat, qui n’est qu’une partie de l’Etat, mais au cœur de l’enfumage
idéologique sur la raison des licenciements. Le camarade Samir expliqua longuement
à son tour que la grève de janvier 2013 n’était pas advenue par hasard et qu’elle
était le fruit d’une longue préparation à la suite des échecs des grèves des
années précédentes en particulier celle de 1982, ne sachant (il n'était pas né) que cette grève eut
lieu dans une vague de luttes internationales de la Pologne à la Grande
Bretagne, et qu’une telle dynamique n’existait pas encore malgré l’avalanche
des licenciements en Espagne et Italie.
Une camarade
éleva enfin le niveau de la discussion en posant la question de la nécessité de la
convergence des luttes, soulignant les nombreuses magouilles autour de cette
histoire de convergences (cf. voir mon article " Convergences des luttes …
vers les impasses syndicales et juridiques", mais pas convergence au singulier ). Il faut disait-elle qu’il y ait
une véritable convergence des luttes en cours qui échappe au contrôle des
syndicats et des partis.
C’était
évidemment la clé de ce débat. Un autre camarade posait donc en gros à son tour
la question : comment sauter par-dessus tous ceux qui veulent phagocyter
notre lutte ? Il lui fût répondu que la seule manière de réduire à néant
tous les manipulateurs ou fossoyeurs de la lutte était d’exiger des AG ouvertes
à tous, au passant de la rue, au chômeur, au flic même car, comme disait Marx,
la lutte de classes a besoin de la lumière du jour, que nous ne sommes pas des
terroristes cachotiers (plusieurs camarades étaient intervenus ponctuellement
pour dénoncer le fait que la bourgeoisie tente de nous assimiler à la racaille
barbue ou aux terroristes). Les petits caïds d'un syndicalisme étroit des groupes trotskystes ou d'autres n'ont jamais tant de pouvoir que quand chacun reste enfermé frileusement dans sa boite ou dans la corporation de la corporation.
Deux jeunes
filles, qui n’avaient jamais travaillé, émirent des objections contre une lutte
étroitement focalisée sur la défense du salariat et qu’il fallait certes tous
ensemble lutter contre le système mais sans se limiter à la sauvegarde des
emplois de telle usine (mais je ne suis pas certain d’avoir compris leur
interrogation de toute manière marginale et reflet d’une jeunesse déboussolée).
En d’autres temps, de sévères révolutionnaires moralistes eussent tancés d’aussi
superficielles jeunes filles, mais, ayant laissé le soin de répondre aux
camarades d’Aulnay, nous fûmes agréablement surpris de leur voir répondre avec
correction et intelligence à ces naïvetés compréhensibles.
« Bien
sûr personne n’a envie d’aller travailler dans une usine de merde, mais il nous
faut bouffer et conserver notre dignité. Nous sommes bien sûr pour l’abolition
du salariat, mais ce n’est pas encore l’heure. Notre combat, s’il est
victorieux, permettra aux jeunes diplômés d’être embauchés à des conditions
respectables sinon on va tous retomber dans le XIXe siècle. Et nous misons
encore sur notre victoire ». C’était la conclusion naturelle et saluée par
tous les présents de José.
Il faut
signaler que, comme j’avais évoqué la grande Rosa Luxemburg (« la
révolution n’est que l’aboutissement d’une longue série de défaites », un
camarade d’Aulnay répondit que, même défaits, ils continueraient à lutter sous
d’autres formes, et qu’en plus des camarades espagnols les ont invité à venir
les voir à Barcelone bientôt. Je ne me suis pas gêné pour saluer une dynamique
internationaliste de leur lutte.
Après avoir
salué et félicité plusieurs des camarades, je les ai quittés avec l’envie de
chialer.
PS : le
débat a été filmé en son intégralité par deux cameramen dont un de la radio
Fréquence Paris Plurielle. Le numéro 228 de la revue « Courant alternatif »
(mars 2013) comporte deux excellents articles sur la lutte des travailleurs de
PSA Aulnay. On y trouve des pépites :
«C’est
bien l’industrie automobile qui fut le moteur (ah !ah !) de la
société d’après guerre (…) La restructuration du capital tel que nous la
subissons aujourd’hui (…) crise classique de surproduction) frappe donc
naturellement de plein fouet la production automobile, et en particulier PSA. (…)
La problématique syndicale à Aulnay, comme dans tout le groupe PSA, découle de
l’histoire tourmentée de la gestion de l’exploitation de la main d’œuvre par la
direction du groupe automobile (…) La CGT quant à elle tire sa légitimité et
son crédit des conflits qu’elle a conduits en 2007 pour des augmentations de
salaires, mais de manière plus ancienne du combat historique de 1982 durant
lequel les ouvriers immigrés de l’usine ont obtenu après une âpre lutte, la
liberté syndicale et d’une manière générale une dignité jusque là bafouée.
Pourtant ce n’est pas sur cette tradition de combat que le syndicat a choisi de
miser. Dans un premier temps celui-ci a réclamé l’intervention de l’Etat, et le
maintien intégral de la production sur le site. Ne pouvant obtenir la tenue de
ces fameuses réunions tripartites (Etat, patronat et syndicat), la CGT a poussé
au déclenchement de la grève, en maintenant cependant un discours productiviste
et légaliste (contre les patrons voyous et les ouvriers pas casseurs). On ne
révélera aucun secret en soulignant que la direction du syndicat est sous la
coupe de Lutte Ouvrière (Jean-Pierre Mercier, le secrétaire du syndicat CGT a
été le porte-parole de Nathalie Arthaud lors de la dernière élection
présidentielle et LO a présente des ouvriers de PSA comme candidats lors des
législatives), organisation présente dans certains conseils municipaux de Seine
Saint-Denis (Philippe Julien est conseiller municipal de Saint-Denis et
Geneviève Reminger est élue au conseil municipal de Bagnolet). C’est donc toute
une stratégie politique qui se trouve interrogée ».
PETIT RAPPEL DU CIRQUE "CONVERGENCES", voici ce qu'on pouvait lire en février sur la colonne gauche aléatoire (que je dégraisse régulièrement des articles plus liés à l'actualité) de mon blog:
PETIT RAPPEL DU CIRQUE "CONVERGENCES", voici ce qu'on pouvait lire en février sur la colonne gauche aléatoire (que je dégraisse régulièrement des articles plus liés à l'actualité) de mon blog:
Convergences
des luttes... PCHITT!!!
On allait voir ce qu'on allait voir! Le 12 février 2013"l'explosion
sociale" était en vue, le ministre de l'Intérieur tremblait dans l'attente
des violences des ouvriers floués de l'automobile; en haut lieu ne disait-on
pas craindre une "action musclée" de l'extrême gauche? Sur les blogs
syndicrates anarcheux n'annonçait-on pas le grand soir des coordinations
basiques des grincheux de Renault, PSA, Goodyear, Sanofi, Candia... Promesses
de violences... promesses de poivrot syndical! Plus de 80% des lecteurs du Parisien,
si perméables à la propaganda et aux questions bêtes, avouaient craindre
l'explosion sociale (cf. plus bas dans cette colonne)! Vous vous souvenez de
mon article du 7 février qui se moquait de ces roulements d'épaule et autres
bombages de torse? Rien, il ne s'est rien passé le 12 février, et on est le 14.
Tout est dans la manière syndicrate, dans la gueulante gauchiste, on rue, on
hue, on menace de l'émeute finale et le pompier social refait surface sous
l'anar badgé et échevelé. Tel est le syndicalisme, outré dans le verbe et
pisse-froid dans la théorie. Compte-rendu sur CGT Philips Dreux, à chier:
"Des travailleurs en colère et dignes face aux patrons et à la police de Valls:
Journée de contestation des travailleurs en luttes à Reuil Malmaison, des milliers de salariés entreprises menacés de licenciements sont venus devant le siège de Goodyear en solidarité avec les«Goodyear» partis ce mardi au petit matin de leur usine d'Amiens-Nord pour faire entendre leurs voix contre la fermeture de leur site.
Au grand dam du ministre de l’intérieure manuel valls, aucun débordement n’a été constaté, la seule violence observait découle d’un gouvernement de gauche qui prône le dialogue social par le déploiement des forces de l’ordre afin de montrer aux travailleurs dans quel camp le gouvernement PS se range. « Du jamais vu, autant de police pour un comité central d'entreprise où les salariés viennent dire qu'ils veulent garder leur emploi", a regretté pour sa part le délégué CGT Goodyear, Mickael Wamen.
La réunion entre direction et organisations syndicales n’a rien apporté de nouveau la présentation des livres concernant l’argumentaire économique et mesures d'accompagnement pour la fermeture de l'usine d’Amiens. Le prochain rendez-vous est fixé au 7 mars. Les hostilités sont ouvertes.
Néanmoins, ce mardi, une grande majorité de travailleurs ont répondu à l'appel de la CGT Goodyear. Des salariés de Sanofi, Fralib, Ford et PSA ArcelorMittal Lactel et bien d’autres, une efflorescence de la convergence depuis le grand meeting du 24 janvier de cette année à sciences Po, contre les licenciements et pour la convergence des luttes semble orienter les travailleurs vers une stratégie d’un programme commun face au démantèlement de l’emploi".
Ce langage de flic syndical "responsable", bien trempé au biberon stalinien, qui promeut la grosse casse la veille d'un pet de souris ne craint pas plus les fautes d'orthographes grossières que "l'efflorescence" d'un vocabulaire mal maîtrisé et désuet. Pour l'explosion sociale, faudra savoir attendre. Mais continuer à se mobiliser selon les humeurs des chefaillons syndicaux de tout poil. Parait qu'à la fin du meeting, un caïd basique a déclaré: "rentrez chez vous les mecs,on s'occupe du reste"!
"Des travailleurs en colère et dignes face aux patrons et à la police de Valls:
Journée de contestation des travailleurs en luttes à Reuil Malmaison, des milliers de salariés entreprises menacés de licenciements sont venus devant le siège de Goodyear en solidarité avec les«Goodyear» partis ce mardi au petit matin de leur usine d'Amiens-Nord pour faire entendre leurs voix contre la fermeture de leur site.
Au grand dam du ministre de l’intérieure manuel valls, aucun débordement n’a été constaté, la seule violence observait découle d’un gouvernement de gauche qui prône le dialogue social par le déploiement des forces de l’ordre afin de montrer aux travailleurs dans quel camp le gouvernement PS se range. « Du jamais vu, autant de police pour un comité central d'entreprise où les salariés viennent dire qu'ils veulent garder leur emploi", a regretté pour sa part le délégué CGT Goodyear, Mickael Wamen.
La réunion entre direction et organisations syndicales n’a rien apporté de nouveau la présentation des livres concernant l’argumentaire économique et mesures d'accompagnement pour la fermeture de l'usine d’Amiens. Le prochain rendez-vous est fixé au 7 mars. Les hostilités sont ouvertes.
Néanmoins, ce mardi, une grande majorité de travailleurs ont répondu à l'appel de la CGT Goodyear. Des salariés de Sanofi, Fralib, Ford et PSA ArcelorMittal Lactel et bien d’autres, une efflorescence de la convergence depuis le grand meeting du 24 janvier de cette année à sciences Po, contre les licenciements et pour la convergence des luttes semble orienter les travailleurs vers une stratégie d’un programme commun face au démantèlement de l’emploi".
Ce langage de flic syndical "responsable", bien trempé au biberon stalinien, qui promeut la grosse casse la veille d'un pet de souris ne craint pas plus les fautes d'orthographes grossières que "l'efflorescence" d'un vocabulaire mal maîtrisé et désuet. Pour l'explosion sociale, faudra savoir attendre. Mais continuer à se mobiliser selon les humeurs des chefaillons syndicaux de tout poil. Parait qu'à la fin du meeting, un caïd basique a déclaré: "rentrez chez vous les mecs,on s'occupe du reste"!
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