"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

mercredi 18 janvier 2023

POUR CEUX QUI REVENT D'UN NOUVEAU FRONT POPULAIRE AU CUL DES MAFIAS SYNDICALES ? DES POPULISTES ET DES POUJADISTES FEMINISTES



Contrairement à 2023, quoique..., la victoire pacifiste et limitée des travailleurs illusionnés par l'hymen du stalinien Thorez et du bourgeois « socialiste » Blum, n'est pas renouvelable ni espérance crédible pour le prolétariat actuel. Si la petite bourgeoisie cultivée de 1936 a pu compléter la propagande bourgeoise « populaire » et « syndicaliste », es mêmes conditions d'abrutissement et de suivisme « populaire » et « ouvrier » ne sont pas réunies aujourd'hui. Je m'échine à prendre position contre cette orchestration fort bien organisée par les médias, alors que nos mini-groupes maximalistes restent opportunistement dans l'expectative et dans le rôle de voyeurs depuis le trottoir de la lutte de classe, attendant pour quand le vent soufflera. Désert de parti classique et attentisme hypocrite de secte. Rappel de la farce du Front popu.

Au lendemain de la victoire du Front populaire, un vaste mouvement de grève se développe dans toute la France, provoqué par les nombreuses années de frustrations sociales engendrées par la crise et les espoirs importants soulevés par l'arrivée de la gauche au pouvoir. Les grèves débutent vers la mi-mai en province, aux usines Bréguet du Havre, se propagent dans les entreprises aéronautiques (Latécoère à Toulouse) puis gagnent la région parisienne et les principales régions industrielles (Nord, Lyon) où elles paralysent les usines d'automobiles, les mines, la construction mécanique. En juin, de nouveaux secteurs sont atteints : bâtiments et grands magasins (Samaritaine, Galeries Lafayette à Paris). A son apogée, le mouvement représente plus de 12 000 grèves (dont 9 000 avec occupation d'usines) pour un total d'environ 2,5 millions de grévistes. Ces grèves paralysent tout le pays pendant plusieurs semaines : faute d'approvisionnement, de nombreux magasins sont obligés de fermer et ne peuvent plus servir leur clientèle. La France bourgeoise prend peur : "Paris a le sentiment très net qu'une révolution a commencé" titre le journal conservateur L'Echo de Paris. Pour le monde patronal, ces grèves sont présentées comme le début d'un mouvement insurrectionnel encouragé par le parti communiste. Le drapeau rouge flottant sur de nombreuses usines occupées constitue à leurs yeux le symbole de cette volonté révolutionnaire.

Le mouvement maximaliste inconnu des historiens (surtout les articles intransigeants de la revue BILAN1) puis longtemps après et sans risques pour leur carrières des historiens ont cependant montré que ce mouvement social de mai-juin 1936 n'avait pas ce caractère révolutionnaire que leur a prêté la bourgeoisie de l'époque. Au contraire, les grèves sont apparues le plus souvent spontanées et les syndicats n'étaient pas toujours à l'origine des arrêts de travail. Ils eurent d'ailleurs beaucoup de mal à encadrer et canaliser le mouvement. Les grèves de mai-juin 1936 ont surtout marqué les esprits car elles se se sont accompagnées d'occupations d'usines par les ouvriers. C'est la "grève sur le tas" qui permet d'éviter toute tentative de "lock-out" de la part du patronat et de maintenir la cohésion et l'unité des grévistes. Pour le patronat, ces occupations d'usines constituent certes à un niveau primaire d'époque une véritable atteinte au droit de propriété et une remise en cause de leur autorité. Lors de ces occupations d'usines, les travailleurs se montrent toutefois particulièrement respectueux du matériel et des locaux, ce qui une fois encore, permet de nuancer le caractère insurrectionnel du mouvement. L'objectif pour les ouvriers n'est pas de tout détruire et de se révolter mais simplement de revendiquer une nouvelle place au sein de l'entreprise, de connaître une amélioration de leur représentation et de leurs conditions de travail, de montrer que l'usine n'appartenait pas qu'au patron. Cette occupation d'usine se déroule le plus souvent dans une atmosphère de fête, qui est restée dans la mémoire ouvrière, et dont la philosophe Simone Weil a laissé une bonne description dans son ouvrage La condition ouvrière : "indépendamment des revendications, cette grève en elle-même est une joie. Une joie pure". Des pique-niques prolongés sont improvisés dans les cours d'usines, des bals organisés au son de l'accordéon.

Ce mouvement de grève exerce une pression importante sur le nouveau gouvernement dirigé par Léon Blum, obligé d'adopter très rapidement un large volet de lois sociales afin de mettre un terme aux occupations d'usines et de permettre la remise en route économique du pays. Dès le 5 juin 1936, à l'Hôtel Matignon (siège de la Présidence du Conseil), Blum réunit ainsi les représentants du patronat (CGPF) et ceux du monde ouvrier (CGT). Jouant un rôle d'arbitre entre les deux parties, le gouvernement permet l'adoption des "accords Matignon", signés le 7 juin 1936, prévoyant une augmentation générale des salaires, l'établissement de contrats collectifs de travail, l'institution de délégués du personnel dans les établissements employant plus de 10 salariés. Ces accords seront complétés par deux autres lois votées par le Parlement : la loi sur les congés payés et celle limitant la durée du travail à 40 heures par semaine. En contrepartie des accords Matignon, la CGT s' engage à faire cesser le mouvement de grève, ce qu'elle aura beaucoup de mal à mettre en oeuvre, malgré l'insistance de ses cadres et du dirigeant communiste Maurice Thorez ("il faut savoir finir une grève") : ce n'est que pendant la première quinzaine de juillet, soit plus d'un mois après les accords Matignon, que le mouvement de grève cesse définitivement.

En réalité ces concessions inouïes sont les conditions pour enrôler le prolétariat dans la future guerre

Les images des occupations d'usine ou de grands magasins (Galeries Lafayette, Samaritaine) témoignent certes de l'union et la cohésion des ouvriers et surtout, de la naïveté de l'esprit festif dans lequel se déroulent les grèves (bals, défilés).

Plus grave et élément de la future soumission à la marche à la guerre, on voit usine parisienne où sont dressés à la fois le drapeau rouge mais également le drapeau national (bleu-blanc-rouge) témoignant du mélange des symboles révolutionnaires et patriotiques auquel se livre le parti communiste stalinisé depuis 1934 dans le sens d'une intégration à la culture républicaine donc dissolvant toute confrontation de classe Le discours prononcé par un bonze syndical ("nous lutterons jusqu'au bout mais dans le calme et la dignité pour nos revendications") témoigne également des limites des motivations des grévistes et de l'absence de caractère insurrectionnel du mouvement.

Toute comparaison avec l'orchestration de la soi-disant lutte contre l'attaque sur les retraites serait bienvenue. Non seulement parce que les retraites actuelles sont une injustice de fait et ne sont nullement un acquis, ce que suppose l'appel de toutes ces crapules de la gauche bobo, mais parce que la comparaison avec juin 36 est de la rigolade ! On ne risque aucunement la parvenue au pouvoir d'un gouvernement Léon Mélenchon avec ses groupies traîtresses, suivi par un mouvement d'ampleur avec la fausse détermination d'une CFDT pas du tout fiable, et encore moins que la vieille CGT collabo d'antan.

L'orchestration des diverses particules bobo-féministes jusqu 'au ridicule Front populaire du philosophe bon marché Onfray, ne va pas encourager une nouvelle spontanéité des masses, même pas comparable aux « débordements » de 1936, mais reste un appel à la soumission de menteurs professionnels et de cancres idéologiques. Heureusement car comme l'explique très bien cet article : France - Le Front Populaire embrigade le prolétariat français dans la guerre : https://fr.internationalism.org/french/brochures/fascisme_democratie_front_populaire_guerre.htm

Sinon ce serait l'embrigadement assuré dans la guerre Ukraine/Russie

La combativité actuelle du prolétariat mondial exige autre chose qu'un gentil remake du Front Populaire où une protestation, même massive, d'un problème secondaire, car déjà bouclé et strictement national, et le jeudi 19 janvier est plus sûrement une opération de pompiers sociaux qu'une voie vers la révolution prolétarienne.

1Pour consulter des textes de cette revue méconnue (issue de la gauche italienne de la grande époque de 1917) consulter le site de l'historien Philippe Bourrinet : http://pantopollis.overblog.com/pantopolis, mais aussi mes archives maximalistes et bien sûr le site de Révolution internationale

 

 

1 commentaire:

  1. bonjour, un blog pour la quintessence des prolétaires les plus lucides; merci

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