L’histoire du " communisme de gauche "
Martin Thomas
Article du site “Worker’s Liberty” - juillet 2019
traduction : Jean Pierre Laffitte
OU COMMENT LE TROTSKISME TENTE D'ANNEXER
ET REDUIRE L'HISTOIRE DU COMMUNISME MAXIMALISTE
De prime abord, tombant par hasard sur ce site - The history of "left communism" | Workers' Liberty (workersliberty.org) – j'avais été séduit par les quatre portraits : Pannekeok, Bordiga, Damen et Marc Chirik (photo réalisée par moi-même à la fin des années 1970 à partir d'un film porte Dorée).Même si les deux derniers sont peun connus du grand public, ces quatre là représentent bien la continuité programmatique, malgré leurs divergences, avec le maximalisme historique dont la figure de proue reste Rosa Luxemburg. Ensuite je suis resté dubitatif avec cette manie trotskienne de personnaliser un courant communiste par quelques uns de ses meilleurs théoriciens, gommant ainsi que ce fût un combat de groupes d'hommes et de femmes. J'ai enquêté ensuite sur ce site.
L'Alliance pour la liberté des travailleurs (ou Alliance for Workers' Liberty , abrégé en AWL ou plus simplement Workers' Liberty) est un groupuscule trotskiste britannique créé en 1966 .Politiquement, ce groupe s'inspire du trotskisme dit de « troisième camp », qui rejette aussi bien les États-Unis, que l'Union soviétique, par opposition au trotskisme « orthodoxe » qui considérait que l'URSS est un « État ouvrier dégénéré ». Aujourd'hui, cette secte se différencie del'islamo-gauchisme en refusant le soutien aux islamistes, notamment en Irak, contrairement à la majorité de groupes trotskystes britanniques comme le SWP qui considère que les islamistes sont anti-impérialistes dans la mesure où ils s'opposent aux États-Unis. Ils fricotent en France avec Convergences révolutionnaires (déchets du trotskisme LCR et LO) et le ramasse merde Yves Coleman. Une partie des trotskiens anglo-saxons a toujours été à la queue de l'impérialisme américain; comme par exemple en 1980, dans la lutte "contre le communisme", un certain Ronald Reagan nommait "combattants de la liberté" les jihadistes en Afghanistan; avec le spectacle de la lutte raciale "antiraciste" de Biden, les islamo-gauchistes français sont à la traîne, pour ne pas dire lamentablement suivistes. L'égérie débile du racialisme "décolonial", Houria Boutelja, quant à elle, a fermé sa gueule lorsqu'elle a été embauché par Jack Lang à l'institut du monde arabe avec un salaire confortable (lire sa bio éclairante sur Wikipédia).
COMME QUOI LE VRAI GAUCHISTE ETAIT LENINE
Après avoir fait dépendre tout son raisonnement d'un Lénine inusable, l'employé de cette secte recopie pour l'essentiel ce qu'il a lu dans les ouvrages du principal historien de la « gauche communiste » - que je trouve plus exact de nommer « maximalisme communiste » opposé à la dégénérescence léniniste et trotskiste – Philippe Bourrinet. Quand il se contente de recopier c'est bien car Bourrinet a réalisé un immense travail de référence. Quand ce plumitif en vient à tenter de fossiliser le maximalisme, cela devient un radotage léniniste ridicule, surtout en s'appuyant sur le pamphlet de Lénine « la maladie infantile du communisme ». En outre il est assez inconsistant de passer sous silence le rôle bien plus important de Socialisme ou Barbarie et des situationnistes à la fin des sixties pour faire renaître l'idée de révolution, alors que tout le courant maximaliste était éparpillé et inconnu du public. Comme quoi les incendiaires ne sont pas forcément au début de purs groupuscules ou clans au label « marxiste garanti ». Néanmoins les connaisseurs relèveront nombre d'à peu près dans la copie du trotskien anglais.
Enfin le trotskisme réac impérissable se dévoile entre les passages historiques repiqués à Bourrinet : « Lénine a eu raison de qualifier le “communisme de gauche” (le gauchisme) de « maladie infantile »1.Et de nous décrire les quatre idées principales des « communistes de gauche » dénoncées par Lénine ! Pas de pot c'est là qu'on découvre (pour ceux qui l'ignoraient) que le véritable créateur du gauchisme moderne c'est Lénine lui-même, infantile au point d'être incapable de se rendre compte combien les anciennes formes du mouvement ouvrier étaient devenus des outres vides contrôlées par la bourgeoisie. Les règles de base de la collaboration des classes sont toutes contenues dans les quatre critiques de ce pauvre Lénine : le parti de chef, l'empirisme du compromis, si bien illustrée de fait par la collaboration syndicale, et la participation aux élections frauduleuses de la bourgeoisie. C'est ce Lénine gauchiste que tous les groupuscules gauchistes conservent comme bréviaire de base lorsqu'on les voit émerger épisodiquement de leurs impasses politiques, avec ou sans cette référence idiote au troisième camp trotskiste, qui aurait été hors du stalinisme, alors que leur programme reste en effet lénino-stalinien, avec l'ajout des diverses théories débiles de la bobocratie, féminisme, éducation des enfants au transgenre, islamo-compatibilité, etc. Quant au classement du groupe ésotérique Lotta Continua dans le courant maximalisme, c'est une blague.
On voit donc que la remarque insidieuse du coquin qui pond cet article - « Le “gauchisme” d’aujourd'hui découle en partie du “communisme de gauche” - sert à faire croire que leur trotsko-stalinisme mal digéré pourrait s'annexer le maximalisme historique tout en gardant la collaboration néo-léninifiante aux organes aliénés du capital, syndicats et partis, et aux modes wokes si imprégnées de dogmes néo-staliniens et trotskiens. Non le gauchisme d'aujourd'hui est bien un bâtard du « gauchiste » sénile Lénine2.
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L’histoire du « communisme de gauche »
Lénine est arrivé à résumer au plus près, sous la forme d’un “manuel”, les leçons que les marxistes devaient tirer du bolchevisme et de la Révolution russe dans sa célèbre brochure de 1920 : La maladie infantile du communisme (le gauchisme).
« Pendant les premiers mois qui suivirent la conquête du pouvoir politique par le prolétariat en Russie (25 octobre – 7 novembre 1917) », écrivait Lénine, « il pouvait sembler que les différences très marquées entre ce pays arriéré et les pays avancés d’Europe occidentale y rendraient la révolution du prolétariat très différentes de la nôtre. Aujourd’hui nous avons par devers nous une expérience internationale fort appréciable, qui atteste de toute évidence que certains traits essentiels de notre révolution n’ont pas une portée locale, ni particulièrement nationale, ni uniquement russe, mais bien internationale. ». Et il entreprenait d’expliquer le sens de ces mots en polémiquant avec les courants “gauchistes” qui étaient alors puissants dans les Partis communistes européens.
Il discutait quatre idées principales des “communistes de gauche”.
1°) Il contestait le procédé des “gauchistes” qui dénonçaient « le parti des chefs, qui entend organiser la lutte révolutionnaire et la diriger par en haut, acceptant les compromis et le parlementarisme… », en préconisant à la place « le parti des masses, qui attend l’essor de la lutte révolutionnaire d’en bas qui ne connaît et n’applique dans cette lutte que la seule méthode … du renversement résolu de la bourgeoisie ».
« Sans un parti de fer, trempé dans la lutte, sans un parti jouissant de la confiance de tout ce qu’il y a d’honnête dans la classe en question, sans un parti sachant observer l’état d’esprit de la masse et influer sur lui », écrivait Lénine, « il est impossible de soutenir cette lutte avec succès ».
Précédemment dans la brochure, il s’était donné beaucoup de mal pour expliquer que la discipline de parti n’était pas quelque chose qu’il fallait développer en faisant abstraction de la politique.
« Qu’est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire du prolétariat ? … C’est, d’abord, la conscience de l’avant-garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C’est, ensuite, son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu’à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. Troisièmement, c’est la justesse de la direction politique réalisée par cette avant-garde, la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les plus grandes masses soient convaincues de cette justesse par leur propre expérience. Si ces conditions ne sont pas réunies … toute tentative de créer cette discipline se réduit fatalement à des phrases creuses, à des mots, à des simagrées. ».
2°) Il rejetait le slogan, “pas de compromis » ; « Renoncer d’avance à louvoyer, à exploiter les oppositions d’intérêts (fussent-elles momentanées) qui divisent nos ennemis, à passer des accords et des compromis avec des alliés éventuels (fussent-ils temporaires, peu sûrs, chancelants, conditionnels) ; n’est-ce pas d’un ridicule achevé ? N’est-ce pas quelque chose comme de renoncer d’avance, dans l’ascension difficile d’une montagne inexplorée et inaccessible jusqu’à ce jour, à marcher parfois en zigzags, à revenir parfois sur ses pas, à renoncer à la direction une fois choisie pour essayer des directions différentes ? ».
3°) Lénine soutenait que les socialistes révolutionnaires devaient travailler dans les syndicats de masse, aussi conservateurs seraient-ils à un moment donné, aussi difficiles que soient les manœuvres exigées pour avoir un point d’appui en eux, afin d’aider la masse des membres de la classe ouvrière à apprendre à s’affirmer et à transformer ce qui peut être transformé dans ces syndicats.
4°) Lénine plaidait en faveur de la participation aux élections et aux parlements en tant que tribunes pour les idées socialistes révolutionnaires, et il citait par exemple l’usage qu’avait fait Karl Liebknecht de sa position au Reichstag allemand au cours de la Première Guerre mondiale pour brandir le drapeau de l’internationalisme.
Lénine a également soulevé deux autres questions particulières : l’appel des communistes de gauche allemands à « refuser de reconnaître » le traité de Versailles, un écho à l’appel “national-bolchevik” de certains d’entre eux à une nouvelle guerre, supposée révolutionnaire, déclenchée par l’Allemagne afin de réduire Versailles à néant ; et l’opposition des communistes de gauche britanniques à s’affilier au Parti travailliste.
Les “communistes de gauche” exclus du Parti Communiste Allemand (KPD) aux alentours de son Congrès de Heidelberg d’octobre 1919 constituaient peut-être la majorité de ses membres. Quand le plus gros d’entre eux s’est regroupé dans le Parti Ouvrier Communiste d’Allemagne (KAPD) en avril 1920, ils étaient encore des dizaines de milliers.
Ils ont vite décliné. Les défenseurs du “national-bolchevisme” ont été rapidement exclus. Otto Rühle, l’un de leurs leaders les plus connus, a été exclu parce qu’il se déclarait opposé à toute organisation de parti. En 1922, le KAPD s’est divisé en deux groupes, connus sous les dénominations de KAPD-Essen et de KAPD-Berlin, et tous deux ont décliné. Le KAPD-Essen s’est dissous en 1927. Le KAPD-Berlin n’a survécu qu’un petit peu plus. L’héritage politique du KAPD a été perpétué par un groupe des Pays-Bas, le Groupe des Communistes Internationaux (GIC), fond en 1927, qui a démarré tout petit (trois membres) et qui n’a jamais dépassé les 50 adhérents environ.
Dans cette mesure-là, Lénine a eu raison de qualifier le “communisme de gauche” (le gauchisme) de « maladie infantile ». Mais, étant donné que les mouvements ouvriers sont restés dominés par des bureaucraties conservatrices, et que nombreux dans la gauche activiste ont été occupés à obtenir par de vains efforts des postes dans le mouvement ouvrier établi plutôt que de mettre en œuvre une lutte stratégique pour transformer le mouvement, toute radicalisation verrait certains activistes écœurés se tourner vers “pas de compromis” ou des alternatives “puristes”.
Le “gauchisme” d’aujourd'hui découle en partie du “communisme de gauche” hollandais et allemand des années 1920, et en partie aussi d’une tradition différente, celle de la “gauche communiste” d’Italie, qui était dirigée dans les années 1920 par Amadeo Bordiga.
Dans Le gauchisme, Lénine ne mentionne Bordiga qu’avec circonspection et en passant, et ce uniquement en ce qui concerne la participation aux élections au parlement.
Bordiga était opposé à cette participation, mais de manière moins dogmatique que les groupes hollandais et allemands. Il a accepté la décision du II° Congrès de l’Internationale Communiste, en 1920, sur le parlement, et le Parti Communiste Italien, sous sa direction (jusqu’en 1923), a disputé les élections. Naturellement, lorsque un grand parti “bordiguiste” a resurgi pour un bref laps de temps en 1944-45, lui aussi a participé aux élections.
Le désaccord principal de Bordiga avec Lénine et Trotski après 1921 était qu’il rejetait la tactique du front uni en tant que celui-ci était conclu entre partis politiques. Il acceptait des approches de front uni dans les questions revendicatives, et il était partisan d’avoir une activité dans les syndicats existants.
Alors que le KAPD prenait se distances avec l’idée d’un parti révolutionnaire “dirigeant” les luttes, Bordiga au contraire disait que la dictature d’un parti était la forme nécessaire de la révolution communiste.
Au cours des décennies, à la fois les “bordiguistes” et la “gauche germano-hollandaise” ont évolué. Les groupes principaux de la “gauche communiste” sont peut-être aujourd'hui le Courant Communiste international en.internationalism.org (centré en France ; le groupe britannique affilié est World Revolution) ; l’International Communist Tendency www.leftcom.org (Battaglia Comunista en Italie, le CWO en Grande-Bretagne) ; et une grande variété de groupes plus ou moins “bordiguistes” en Italie, dont le plus important semble être Lotta Comunista www.edizionilottacomunista.com (ramification britannique : le Marxist Studies Centre).
En termes de continuité active, l’élément dominant dans l’histoire est constitué par des gens formés ou influencés par l’axe Bordiga : Ottorino Perrone, Onorato Damen, Marc Chirik, Arrigo Cervetto. Les principaux auteurs de la Gauche germano-hollandaise se sont éloignés de la politique de gauche active (Herman Gorter, Anton Pannekoek, Paul Mattick – bien que Pannekoek et Mattick aient continué à écrire). En termes d’idées cependant, il semble qu’il y ait dans les groupes d’aujourd'hui davantage de la Gauche germano-hollandaise que de la Gauche communiste italienne des années 1920.
Le modèle historique est celui des crises successives – la contre-révolution stalinienne en URSS ; la prise du pouvoir par Hitler en 1933 ; la Révolution espagnole de 1936-37 et la Guerre civile espagnole ; les batailles d’Ethiopie et de Chine respectivement contre l’impérialisme italien et japonais ; la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences –, étant donné qu’il a engendré une sélection qui a redéfini les “communistes de gauche” à travers une série de rejets.
Cette histoire est racontée dans deux livres de Philippe Bourrinet, qui était membre du CCI au moment où il faisait sa recherche : La Gauche communiste germano-hollandaise et Le courant “bordiguiste” 1919-1999.
Ainsi que le dit Bourrinet, « l’histoire de la Gauche communiste hollandaise et allemande [et, dans son sillage, de la Gauche “italienne” également] semble se présenter comme une série de rejets… La position… peut être résumée par le titre d’une série d’articles dans Bilan [journal bordiguiste] en 1936 : « Le mot d’ordre du jour : ne trahissez pas ! ».
« Rejet de la tactique syndicale et parlementaire, du “front uni” et du soutien aux mouvements de libération nationale…
« Rejet des grands partis de masse sur le modèle de la II° Internationale…
« Rejet du capitalisme d’État [ainsi que tous ces courants, bien qu’étant de pays différents définissent le stalinisme]… rejet de la “ défense de l’URSS”…
« Rejet de l’idéologie antifasciste en tant qu’idéologie d’un front uni avec l’aile gauche de la bourgeoisie… ». (Ce dernier rejet ne signifiait pas seulement la critique du discours antifasciste insipide – que les trotskistes formulaient également –, mais le refus pur et simple de tout effort défini comme la défense des droits démocratiques, ou de la démocratie bourgeoise, contre le fascisme).
Contrairement à presque tous les autres pays, le mouvement social-démocrate des Pays-Bas avait connu une scission gauche/droite dès 1909. Or la gauche du “Tribunist”, avec laquelle Herman Gorter et Anton Pannekoek, les principaux auteurs du “communisme de gauche” en 1920, avaient été associés, ne préconisaient aucun des “rejets” distinctifs du “communisme de gauche” ultérieur. La question sur laquelle ce mouvement a fait scission était, en faisant référence au besoin de s’en remettre aux sentiments religieux répandus parmi les travailleurs, que le droit soutienne financièrement par des subsides publics les écoles religieuses. Pannekoek a été pendant une période, avant la Première Guerre mondiale, actif dans la tendance de la gauche radicale de la social-démocratie allemande aux côtés de Rosa Luxemburg. Il n’a donc pas soutenu les “rejets” ultérieurs. Il est certain que les tribunistes ont soutenu vigoureusement la “libération nationale” de la plus grande colonie des Pays-Bas, l’Indonésie.
La gauche “bordiguiste” s’est longtemps décrite comme adhérant aux idées des deux premiers Congrès de l’Internationale Communiste. Ainsi, parmi les idées que les trotskistes considèrent comme un héritage valide des débuts du Komintern, elle ne rejetait que le front uni politique et le slogan du “gouvernement ouvrier”. L’idée de « revendications transitoires » n’a été formulée explicitement que lors du III° Congrès, mais elle a été développée longtemps auparavant dans des documents comme Le programme de Spartacus de Rosa Luxemburg et La catastrophe imminente de Lénine : les “communistes de gauche” n’avaient pas contesté.
Les courants “communistes de gauche” visaient à être ceux qui « ne trahiraient » pas les vieux principes, qui feraient respecter ce que les “bordiguistes” ont qualifié de « doctrine invariante ». Et pourtant, pendant les années 1930 en particulier, ils ont fini par changer substantiellement, non pas, je pense, en raison d’arguments qui auraient révélé que les vieilles idées avaient été démontrées erronées, ou par le raisonnement, ou par les évolutions considérables du capitalisme et du mouvement ouvrier. Leurs positions ont été établies en raison des “trente glorieuses”(*) capitalistes du milieu des années 1940 au début des années 1970, de l’agitation de la fin des années 60 jusqu’au début des années 80, de l’époque néolibérale et “globalisante”, et de l’époque post-URSS, à cause de tous ces phénomènes qui ont en effet été provoqués par réaction vis-à-vis des années 1930. Dans un monde dominé par le capitalisme et le stalinisme, ils sont parvenus à une position qui était antistalinienne, mais non pas à celle du “troisième camp” proposé par les trotskistes, mais plutôt à celle du bunker, à l’écart du champ de bataille.
Tous en sont arrivés à définir le stalinisme comme une variante du capitalisme. Les détails des différentes théories “bordiguistes” du stalinisme en tant que capitalisme d’État sont complexes, mais finalement tous les courants sont parvenus à ne considérer le stalinisme que comme « une forme particulièrement brutale de la tendance universelle menant au capitalisme d’État, qui est elle-même une caractéristique principale de la période de décadence [du capitalisme] ». Ils ne pouvaient pas aspirer à un “troisième camp”, ne serait-ce que parce qu’ils ne voyaient qu’un seul camp dans le monde qui les entouraient, et que ses différences internes étaient non essentielles.
La “décadence du capitalisme”, qui est décrite comme étant à l’œuvre depuis la Première Guerre mondiale (et uniformément, que le capitalisme ait été en réalité en croissance ou en stagnation), est devenue une idée fondamentale des “communistes de gauche”. Le fait que le capitalisme soit aujourd'hui “décadent” est ce qui explique pourquoi, pour les “communistes de gauche”, leurs approches, si différentes de celles de Marx, d’Engels, et de tous les marxistes d’avant 1914, sont maintenant valables. C'est avec cette “décadence” que l’idée est venue que tous les mouvements ouvriers existants (syndicats, partis politiques réformistes, etc.), ainsi que les tendances différentes du communisme de gauche (y compris les trotskistes), font seulement partie de « l’aile gauche de la bourgeoisie ».
Lorsqu’il traitait des dénonciations outrancières des “bordiguistes” concernant l’entrée des trotskistes comme faction dans certains partis sociaux-démocrates en 1934, Trotski écrivait : « Pour tous les sortes de bordiguistes, toutes ces variantes, perspectives et étapes, n’ont pas d’importance. Les sectaires vivent au-delà du temps et de l’espace. Ils ignorent le processus historique vivant qui leur rend la monnaie de leur pièce. C'est la raison pour laquelle leur “bilan” est toujours le même : zéro. » (Le nom de la revue des bordiguistes était Bilan).
Affirmant (faussement) que le calcul infinitésimal permettait d’estomper toutes les distinctions en faisant réduire les différences à zéro, Hegel lançait malicieusement : « Quand il fait nuit, toutes les vaches sont noires ». Dans l’obscurité du milieu du XX° siècle, quand le “communisme de gauche” de l’époque s’est figé dans sa forme existante, toute la politique réelle lui semblait également “noire”.
L’histoire de la retraite dans le bunker a connu de nombreux tours et détours.
Le KAPD était à l’origine un groupe orienté vers l’activité de masse immédiate et frénétique, dans l’espoir d’une révolution rapide. Il s’est rapidement calmé. Au moment où le centre du “communisme de gauche” s’est déplacé vers le GIC aux Pays-Bas, l’orientation était devenue prioritairement la défense et la préconisation (essentiellement par les publications) de ce qui était considéré comme des idées révolutionnaires convenablement intransigeantes, incapables d’être comprises par le grand nombre pour l’instant, mais nécessaires pour le futur.
En juillet-août 1920, lorsque Gorter écrivait sa Lettre ouverte à Lénine, les “communistes de gauche” étaient de fervents défenseurs du bolchevisme en Russie. Mais début 1921, ils désapprouvaient la Nouvelle politique Économique (réactivation limitée des mécanismes de marché). Ils avaient également des contacts avec des groupes bolcheviks dissidents tels que l’Opposition Ouvrière.
Pendant les années 1920, les “communistes de gauche” germano-hollandais en sont venus à définir la Russie comme un capitalisme d’État, et beaucoup d’entre eux à définir la révolution russe d’Octobre 1917 comme “bourgeoise”.
Ils sont parvenus à réduire le rôle du parti révolutionnaire à un rôle général d’éducation, et d’opposer la direction des conseils ouvriers à celle d’un parti révolutionnaire qui gagnerait une majorité dans les conseils et qui serait responsable devant eux. Certains d’entre eux en sont arrivés à s’appeler “communistes des conseils”.
Ils s’étaient rapprochés de l’anarchisme, mais ils s’en différenciaient par leur rejet du travail syndical, par leur marxisme autoproclamé, et par leur concentration sur l’activité littéraire de propagande. Ils dénonceront aussi vigoureusement les anarchistes espagnols pour leur soutien à la République durant la Guerre civile espagnole.
C’est avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale que le GIC a achevé sa redéfinition du “communisme de gauche”. Mais il était trop faible organisationnellement pour continuer à agir durant la Seconde Guerre mondiale. Un nouveau groupe largement “communiste de gauche”, le Spartacusbond, est né en 1942 en tant que scission d’avec le groupe semi-trotskiste dirigé par Henk Sneevliet. La plupart des membres de l’ex-GIC qui l’avaient rejoint le quittent en 1947. Le Spartacusbond a survécu, en tant que groupe informel, jusqu’en 1980.
Après le Spartacusbond, selon Bourrinet, et séparément des “bordiguistes”, le groupe le plus important qui a continué quelque peu la tradition de la “gauche communiste” germano-hollandaise était un petit groupe en Grande-Bretagne, dénommé Solidarity, qui a agi de 1960 jusqu’à la fin des années 1970 (et apparemment à l’état résiduel jusqu’en 1992). C’était une faction dissidente du trotskisme orthodoxe, influencée par une faction antérieure et similaire en France, Socialisme ou Barbarie (1949-67). Solidarity était plutôt plus proche de l’anarchisme dans ses approches que les vieux groupes “communistes de gauche”. Il n’avait pas le doctrinarisme et l’hostilité à l‘égard de l’activité syndicale de ces groupes plus anciens, et, à son apogée, il mettait toute son énergie dans la promotion de ses brochures (certaines d’entre elles étaient bien documentées et bien écrites) parmi les autres groupes de gauche, plutôt que de tous les éviter en tant que “bourgeois”.
Le courant de Bordiga au début des années 1920 était à la fois plus important que les “communistes de gauche” germano-allemands – Bordiga était le leader du Parti Communiste d’Italie – et beaucoup plus proche du bolchevisme. Bordiga sera la seule figure éminente dans le mouvement pour dénoncer, à cette époque-là et au nom du bolchevisme et du marxisme authentiques, la “bolchevisation” des Partis communistes en 1924-25. Cette “bolchevisation” signifiait l’imposition du “monolithisme”, l’atomisation politique des adhérents du fait de la réorganisation en cellules d’entreprise, l’anathématisation du “trotskisme” et du “luxem-burgisme”, bref le remaniement des Partis communistes sur le modèle du Parti bolchevik tel qu’il avait été façonné par les contraintes de la guerre civile et par le bureaucratisme stalinien en pleine expansion. En 1924-25, Trotski et l’Opposition de gauche de 1923 avaient reculé afin d’attendre des temps meilleurs pour affronter Staline.
Contrairement au KAPD, Bordiga a accepté sans équivoque la responsabilité d’un Parti socialiste révolutionnaire afin de se préparer à diriger les travailleurs dans leur lutte. Il déclarait carrément que le gouvernement des travailleurs serait la “dictature” d’un parti ouvrier révolutionnaire (mais la faction de gauche de Bordiga dans le Parti Socialiste Italien a intitulé son journal Il soviet : il aurait considéré comme étant acquis que le parti révolutionnaire s’emparerait du pouvoir du fait de sa majorité dans les conseils ouvriers). Son objection au “centralisme démocratique” concernait le mot “démocratique”. Il préférait “centralisme organique” (et Damen préfèrerait ultérieurement “centralisme dialectique”), parce que le programme du parti révolutionnaire devait être établi essentiellement par l’adhésion aux principes, et non pas par des procédures électorales. Le fait qu’il ait accordé une égale importance au débat et à la responsabilité, et qu’il rejetait le monolithisme, a été démontré par sa critique de la “bolchevisation”.
Bordiga a été incarcéré par le régime fasciste en 1926. Quand il a été libéré en 1930, il est resté à l’écart de la politique et il a poursuivi seulement sa carrière professionnelle d’ingénieur et architecte. Il reprendra, comme nous le verrons, cette activité à partir de 1944.
Pendant ce temps, des milliers de travailleurs qui adhéraient au PC italien étaient partis en exil en France. En 1928, ils ont formé la Fraction de gauche. Le principal instigateur en a été Ottorino Perrone, un ancien camarade proche de Bordiga, bien qu’il ait été lui-même expulsé de France et qu’il ait vécu en Belgique.
En 1929-30, la Fraction de gauche faisait partie de l’Opposition de gauche internationale que Trotski et ses camarades avaient rassemblée après l’expulsion d’URSS de Trotski. La Fraction de gauche et les trotskistes se sont séparés parce que la Fraction de gauche refusait de lutter pour la défense des droits démocratiques (bourgeois) contre le fascisme – elle affirmait que la démocratie bourgeoise et le fascisme n’étaient que des phases différentes de la même offensive bourgeoise contre les travailleurs – et elle rejetait l’appel des trotskistes en faveur d’un front uni du Parti communiste avec les sociaux-démocrates contre la montée de Hitler en Allemagne. Sur d’autres sujets, la Fraction de gauche était sur le même terrain que les trotskistes. Elle qualifiait l’URSS d’« État ouvrier dégénéré », et elle continuera à le faire jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. C'est antérieurement qu’elle avait abandonné l’idée de la “défense de l’URSS contre l’impérialisme”. Son argument pour cela était similaire à celui employé par les trotskistes hétérodoxes qui gravitaient autour de Max Schachtman en 1941 quand ils considéraient encore l’URSS comme économiquement progressiste par comparaison avec le capitalisme, mais que l’URSS était inextricablement soudée avec l’un des blocs impérialistes dans une guerre impérialiste.
La Fraction de gauche se considérait comme un groupe exclu du Parti communiste (de même que l’Opposition de gauche trotskiste jusqu’en 1933). Elle a poursuivi cette orientation plus longtemps que les trotskistes, jusqu’en 1935 (le pacte Staline-Laval), bien qu’elle ait estimé que 1933 était une défaite qui faisait date pour le mouvement ouvrier dans son ensemble, et qui était peut-être même la “mort” de “vieux” mouvement ouvrier. La Fraction de gauche favorisait le travail dans les syndicats – Perrone lui-même avait son gagne-pain comme employé travaillant dans les coulisses du syndicat des typographes à Bruxelles, et il y était un militant dans le syndicat des employés de bureau.
Mais la Fraction de gauche est devenue une minorité de plus en plus assiégée. Elle a commencé à faire politiquement retraite dans son bunker avec son refus de soutenir l’Éthiopie contre la guerre que l’Italie menait pour la conquérir, lancée en 1935. D’après Bourrinet : « Sur la base de cette analyse globale de la décadence mondiale du système capitaliste, les Fractions italienne et belge ont déduit que les luttes de libération nationale par les peuples coloniaux étaient impossibles et ne pouvaient être qu’un maillon dans la chaîne de la guerre impérialiste ». La position de Lénine avait « été dépassée par les événements », disaient-ils, bien que leur avis semble répéter, selon moi, une opinion défendue par une section de bolcheviks (Boukharine, Bosch, Piatakov) durant la Première Guerre mondiale et discutée par Lénine dans Une caricature de marxisme et d’économisme impérialiste.
Soutenir l’Éthiopie, affirmait la Fraction, ne ferait « qu’aider la marche vers la guerre mondiale, puisque tout conflit local exprimait la confrontation entre les puissances impérialistes dans le but de se partager le monde ». (La Ligue des nations avait condamné l’invasion italienne et appelé à des sanctions à l’encontre de l’Italie).
La Fraction a en outre été redéfinie par la Révolution espagnole (1936-37) et la Guerre civile (1936-39). Elle refusait de reconnaître le soulèvement ouvrier de 1936 comme un réel élan révolutionnaire, ou de soutenir d’une façon quelconque la République contre les fascistes. Une minorité assez importante des membres de la Fraction, refusant d’accepter cela, s’est rendue à Barcelone afin de travailler avec le POUM : la lutte avec la minorité semble avoir seulement durci la mutation de la Fraction.
De plus en plus la Fraction en est arrivée à affirmer que, en l’absence du parti révolutionnaire, la classe ouvrière avait “disparu” politiquement. Cette mutation a posé les bases de la doctrine ultérieure (et actuelle) du “communisme de gauche” selon laquelle tous les mouvements ouvriers existants et la plupart des groupes de gauche sont “bourgeois”.
À peu près au même moment, à la fin des années 1930, elle est revenue sur ses affirmations véhémentes concernant les responsabilités du parti révolutionnaire pour aller vers une conception des tâches du parti plus limitées, telles que celle consistant à prodiguer des éclaircissements politiques généraux.
Finalement, aux environs de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, une importante partie de la Fraction en est arrivée à penser que l’URSS devait alors être qualifiée de « capitaliste d’État », et non plus d’« État ouvrier dégénéré ». (Les “bordiguistes ”ont toujours continué à défendre la révolution d’Octobre 1917, et ils n’en sont jamais venus à la définir comme simplement “bourgeoise”, ainsi que certains groupes provenant du “communisme de gauche” hollandais et allemands le feront).
La Fraction a été organisationnellement dispersée par la Seconde Guerre mondiale. Une “Fraction française” a été reconstituée en 1942 par un petit groupe qui s’est frayé un chemin dans une usine de tartes aux fruits à Marseille, dans la France de Vichy, et qui, constituée de trotskistes et de sympathisants, intervenait pour donner du travail à des dissidents politiques. Elle rejetait catégoriquement l’appréciation selon laquelle l’URSS serait « un État ouvrier dégénéré ».
En 1943, Mussolini est tombé. Au cours de l’année suivante, deux grandes organisations (fortes de plusieurs milliers de membres), d’héritage “bordiguiste”, sont nées en Italie. Il y avait encore, semble-t-il, de nombreux activistes de l’ancien PC “bordiguiste” des années 1920 qui avaient été contraints à l’inactivité par le régime fasciste, mais qui étaient disposés à refaire surface quand ils ont vu le fascisme s’écrouler.
L’une, la Fraction de Gauche des Communistes et des Socialistes, s’était constituée dans le Sud occupé par les Alliés. Le principal organisateur a été apparemment Matteo Renato Pistone, un ex-trotskiste, mais il avait le soutien de Bordiga. L’autre, le Parti Communiste Internationaliste, avait été formé dans le Nord encore occupé par les Allemands, par Onorato Damen, un ancien camarade de Bordiga qui était resté en Italie depuis 1924, la plupart du temps en prison.
La Fraction du Sud se joindra au PCInt après que les Alliés ont forcé les Allemands à quitter le sol italien. Mais à ce moment-là, le Parti stalinien officiel s’était établi solidement et il a marginalisé les “bordiguistes”, lesquels ont décliné à quelques centaines, et connaîtront une scission en 1952.
Perrone, le leader historique de la Fraction de gauche hors d’Italie soutiendra Bordiga. Mais, entre-temps, son autorité sur les “bordiguistes” de France avait été ébranlée par la révélation selon laquelle il avait passé la guerre en menant une activité à la Croix rouge et en effectuant de petites tâches pour un Comité bourgeois antifasciste. Il a dit que cette activité était seulement « culturelle et humanitaire », sans implications politiques.
En outre, le nouveau PCInt était, au début du moins, loin de se mettre au courant du développement des “bordiguistes” hors d’Italie dans les années 1930. Avec hésitation, il défendait l’activité dans les syndicats. Il a même présenté des candidats aux élections.
Marc Chirik, le leader de la “Fraction de gauche” française basée à Marseille, a refusé de soutenir le nouveau PCInt tant que sa physionomie politique ne serait pas devenue plus claire. Il constituera un groupe : la Gauche Communiste Française, en 1945. En 1952, ce groupe s’est dissous, pendant que Chirik partait pour le Venezuela avec le but de maintenir une certaine continuité politique si la France était pulvérisée, car le groupe s’attendait à ce qu’elle le soit lors de la Troisième Guerre mondiale qu’il considérait comme certaine.
Chirik est revenu en France en 1968, avec des amis politiques qu’il s’était fait au Venezuela, et il a été capable d’y reconstituer un groupe. C’était l’origine du Courant Communiste International, probablement le plus actif des différents groupes “communistes de gauche” aujourd'hui. Il a repris tous les “rejets” adoptés par les “bordiguistes” dans les années 1930. Jan Appel, qui avait fait partie du KAPD et du GIC des Pays-Bas, était là pour la fondation du CCI à l’âge de 86 ans.
À la fin des années 1940, Bordiga a progressivement rejoint l’opinion selon laquelle l’URSS était capitaliste d’État, mais il était réticent à accepter tous les autres “rejets”.
Selon Bourrinet : « Bordiga [voulait] un retour à Lénine et aux thèses de la Gauche italienne d’avant 1926… ». Il a appelé à reconstruire le mouvement syndical, faisant ainsi revivre les meilleurs traditions des anciennes Camere di Lavoro (équivalent grossier des Trade Councils).
« La scission s’est produite. En 1952, il semblait qu’une majorité a suivi Damen qui rejetait tout espoir de conquérir les syndicats, tout soutien aux [luttes nationales de libération]… Cette tendance considérait que les PC n’étaient pas opportunistes ou centristes, mais bourgeois… Le Parti [révolutionnaire] ne devrait pas prendre le pouvoir et l’exercer au nom du prolétariat… ».
Damen, en ce qui le concerne, a continué le Partito Comunista Internazionalista, et son journal Battaglia Comunista, avec les rejets des années 1930. Bordiga déjà âgé (il mourra en 1970) devenait l’émince grise(*) d’un groupe dénommé Partito comunista Internazionale. Le leader principal pour les affaires courantes était Bruno Maffi, un activiste plus jeune gagné au “bordiguisme” par Damen en prison durant les années 1930. Le Parti Communiste International subira de graves scissions en 1973 et en 1982, et il existe à l’heure actuelle cinq ou six groupes revendiquant le même nom.
Pour autant que je sache, le groupe le plus actif en Italie et ayant un arrière-plan “bordiguiste” est Lotta continua. Il n’a pas de filiation continue avec les anciens groupes “bordiguistes”, mais il s’est constitué en 1965 à partir de l’activité d’Arrigo Cervetto – qui avait « fréquenté Battaglia comunista [de Damen] pendant un certain temps et qui avait même écrit des articles pour Prometeo – dans un groupe dissident du Parti Communiste Italien, formé par des opposants à la répression russe de la révolution hongroise de 1956.
Apparemment le groupe Lotta Continua rejette toute défense de la démocratie bourgeoise à l’encontre du fascisme, mais il n’est pas opposé, si je comprends bien, au travail dans les syndicats. Le centre de son activité est principalement la vente (porte à porte, dans la rue) de son journal mensuel sous-titré : « Organe des groupes léninistes de la gauche communiste ». Il semble être une étrange combinaison de journalisme et d’activité : le journal est sévèrement didactique, ne présentant aucune image, mais de longs articles centrés sur les tendances économiques et industrielles plutôt que sur les luttes ouvrières ou la politique quotidienne.
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NOTES
1Rappel des dix chapitres du pamphlet de Lénine avec cinq annexes :
Dans quel sens peut-on parler de la portée internationale de la Révolution russe ?
Une des conditions essentielle du succès des bolcheviks.
Principales étapes de l'histoire du bolchévisme.
Dans la lutte contre quels ennemis au sein du mouvement ouvrier le bolchévisme s'est-il développé, fortifié, aguerri ?
Le communisme de « gauche » en Allemagne. Dirigeants, parti, classe, masse.
Les révolutionnaires doivent-ils militer dans les syndicats réactionnaires ?
Faut-il participer aux parlements bourgeois ?
Jamais de compromis ?
Le communisme de « gauche » en Angleterre.
Quelques conclusions.
2Ce qualificatif n'a rien à voir bien sûr avec l'utilisation grotesque et simpliste du goulag par le crétin Benoît Rayski, journaliste de la droite caviar. Nous ne l'avions pas attendu post-68, puisque les héritiers du maximalisme traitaient ce Lénine gauche rétroactif de « sénile ». Comme aussi le trotskisme et autres maoïsmes.
(*)(*) En français dans le texte. (NdT).
(*)(*) En français dans le texte. (NdT).
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