(un
navet patriotique)
BATTLER
BRITTON : An epic hero who does his part. A true brave of the
skies with the nuts to finish with the dogs of the Reich !!!
« DUNKERQUE »...
CONTRE L'HISTOIRE. A grand renfort de réclame, tous les supports
publicitaires de la médiacratie nous ont convié à aller nous
immerger dans un film du troisième type capable de vous abasourdir
mieux qu'un casque wifi branché sur votre console de jeu, où vos
deux portugaises ne sont plus qu'un espace sensoriel où pètent sans
cesse les pétards de studio et giclent les rifles imitant le bruit
des balles, où les dialogues sont quasiment aussi absents que la
réflexion critique sur ce bizarre épisode du début de la guerre
mondiale number two sur la crête d'une France nordique considérée
comme vulgaire champ de bataille préliminaire.
Le
théâtre du film se déroule sur trois plans de vision aussi étroits
qu'un piège à rats : air, terre, mer. Et même en technicolor
cela ne vaut pas mieux que n'importe quel navet de guerre
hollywoodien.
Ceux
qui étaient gosses dans les fifties y verront bien une resucée de
Battler Britton (le petit soldat britannique illustré) 1.
Ode aux galonnés churchilliens ! Ode au spitfires!Ode aux
littles ships, ces taxis de la Marne flottant qui ont contribués à
ramener une partie des boys, bien qu'un grand nombre (250) ait été
coulé par la féroce chasse allemande des « fritz »2.
Comme un jeu vidéo avec casque intégral et immersion virtuelle du
spectateur dans un univers létal sans affect, le réalisateur bébé Nolan (né en 1970),
conditionné enfant à la lecture des vieilles BD chauvines Battler Britton,
veut nous épater avec un scénario à suspense au ras des flots de la mer polluée du Nord,
instiller la peur qui s'empara de milliers d'hommes en uniforme
cernés comme des rats en cage, bombardés, mitraillés sans cesse
par ces salauds de « schleus » qu'on ne voit jamais à
l'écran, comme la menace fasciste de toute éternité, si virtuelle,
si romancée et si intangible dans la réalité politique perverse et
illisible du capitalisme belliciste actuel.
L'antifascisme
au cinéma accouplé avec le plus lourdingue chauvinisme britannique
est aussi transparent que le discours d'un politicien qui plaide sa
totale bonne foi alors qu'il est mis en examen pour prévarication,
les mains pleines d'argent liquide pompé dans les caisses publiques.
Car
il s'agit bien d'un brouet qui se veut antifasciste de salle de
cinéma, ce qui n'est pas un bien grand risque. Les effets audios
spéciaux de studio peuvent bien faire sursauter le spectateur, la
violence des explosions et les dégâts humains sur les pontons et
les navires laisser deviner (sans tomber dans le gore) l'ampleur de
la tragédie, mais surtout il s'agit d'éviter toute réflexion
contre la guerre capitaliste entre camps résolument ennemis et dont
les soudards sont sans pitié pour leurs vis-à-vis comme pour les
populations civiles. Il s'agit encore d'un remake pour toujours
canoniser la Seconde Guerre mondiale « antifasciste », où
chaque larron de la salle est mis dans la confidence de la guerre au
fascisme sous la croix de Saint André et au milieu de ces pauvres
troupes avec pour toute misérable protection cette ridicule assiette
en ferraille sur le crâne. Mais cette complicité espérée plus que
réaliste se retourne contre le fonds de commerce du cinéaste :
mais oui le fascisme c'était bien cela : la guerre à outrance,
et des deux côtés, et une guerre terrible dont l'abus de bruitages
sensoriels ne peut gommer le conséquences ni laisser le spectateur
étranger à un déroulement autrement plus ample que des décors
cinématographiques limités (au rabais... mauvais casting... il a
filmé des rues de Dunkerque avec une architecture et des lampadaires
des années ...1960).
et
bien qu'en nombre inférieur des milliers de soldats belges, anglais
et allemands zigouillés au début de la nouvelle « grande
guerre ». L'exode de centaines de milliers de civils avait été
cruel et kafkaïen. Dès la mi-mai les troupes allemandes avaient
traversé la France après la bataille des Ardennes, un temps stoppée
le 17 mai par la 4e division du colonel De Gaulle3.
Le 20 mai la 2e panzerdivision de Gudérian était aux portes de
Boulogne sur mer, à une encablure de Dunkerque.
Evènement
sujet à exégèse, l'armée allemande stoppe le 24 mai, laissant
ainsi un répit à ce qui s'appelle l'opération DYNAMO, et qui sert
de référence au film. Les exégèses, disons les supputations
historiennes, sont multiples. La première étant que Hitler aurait
voulu conclure un accord de paix avec la bourgeoisie britannique. Une
deuxième qu'il ne voulait pas s'encombrer de prisonniers anglais.
Côté bourgeois anglais on tente d'effacer hypothèses et
probabillités manoeuvrières, sous l'encens antifasciste, en
assurant que la résistance aérienne, navale et terrestre – le
bla-bla du film – auraient réussi à bloquer l'armada d'Hitler,
permettant le retour aux pénates du gros de l'armée britannique,
faute de quoi l'Angleterre n'aurait pas eu les moyens de tenir tête à
Hitler.
Une
fraction de la bourgeoisie britannique et pas seulement le facho
Mosley était pour fusionner avec l'impérialisme allemand, c'est ce
que décrit de façon alambiquée Le Point de cette semaine :
« Winston
Churchill a déployé les plus grands efforts pour garder secret
un plan élaboré par le régime nazi en 1940, alors que l'armée
allemande venait de prendre le dessus sur l'armée française. C'est
ce que montrent des documents d'archives du gouvernement
britannique dévoilés jeudi 20 juillet par les
Archives nationales et relayés par le quotidien The Guardian.
Des télégrammes allemands interceptés par les services de
renseignements de Sa Majesté révèlent en effet que l'Allemagne,
certaine de sa victoire en Europe,
avait pour objectif de kidnapper le duc de Windsor, ancien roi Edward
VIII, et de lui rendre sa couronne pour s'assurer de son soutien dans
le cadre d'une invasion par ses troupes du Royaume-Uni. »4
L'opération
Dynamo est donc sacrément bizarre, d'un côté elle s'apparente
carrément à une fuite à
plate couture, et de l'autre on veut nous
enchanter avec l'épopée machiavélienne d'un simple repli pour
permettre la finale, l'apothéose, la grandissime et stalinienne
« victoire de Stalingrad » (grâce au prêt bail US et
aux tanks US repeints aux couleurs de l'armée rouge). Le repli n'est
aucunement glorieux du 21 mai au 4 juin. L'armée française n'est
pas entièrement démantelée ni lâche, comme l'ont assuré tant
d'historiens nationalistes israéliens : 16.000 de ses soldats
sont tués pendant l'opération de repli, 5000 soldats français et
britanniques meurent noyés, 1000 civils dunkerquois sont aussi
zigouillés par la Luftwaffe et la werhmacht.
L'exégèse
officielle ne nous renseigne pas plus à fond sur le fait que l'armée
britannique ait lâché unilatéralement les armées belge et
française, au point que ce lâchage a été stigmatisé sciemment
par radio Vichy qui ne faisait pas vraiment sourire lorsqu'elle
gidouillait : « les anglais mourront jusqu'au dernier
français ». 45.000 soldats anglais ont été sauvés, 35.000
soldats français arrêtés et déportés ; oublions les 21.000
zigouillés et noyés ! Vous saisissez la différence ? Et
pourquoi les pioupious français sont absents du film patriotique
britannique.
Sensationnel
avec la vérité à sens unique ce film ! Une sorte de Brexit
dans la guerre « antifasciste », ce qu'on peut qualifier
de remake de mémoire confisquée d'une immense tragédie dont le
capitalisme veut toujours s'exonérer de sa responsabilité sanglante
et cynique.
- NOTES1 Exploits de guerre du pilote de la RAF, le commandant Robert Hereward Britton, dit “Battler” Britton. Ce personnage fut créé en 1956 par Mike Butterworth. Battler Britton était une revue de l'éditeur Imperia. 471 numéros de juillet 1958 à juin 1986. Format 13 x 18 cm. BD de guerre. 81 recueils. Les recueils suivant sont des reprises de numéros déjà réunis en recueils. Elle comporte 68 pages jusqu'au 300e numéro où elle passe à 132 pages. Sa publication s'arrête au n° 471 de juin 1986. Hugo Pratt en a fait son fond de commerce plus tard. En 1957 à Albi mon ami d'enfance Alain me montrait comme un trésor sa collection de « Battler Britton », alors que je ne lisais que les aventures du cow-boy « Kit Carson » ou celles de David Crockett, l'homme qui n'avait jamais peur.
2 J'ai
reconstitué l'itinéraire familial dans cette phase de la guerre :
à la mi-mai mon père est fait prisonnier à Péronne dans la Somme
(ne pas confondre avec Vercesi) et commence sa déportation avec
des centaines de milliers d'autres troufions par une longue marche
forcée jusqu'en Prusse orientale. Le 4 juin, son frère, mon oncle
Marcel est monté à bord d'un des little ships pour rejoindre la
Perfide Albion.
3Qui,
comme je l'ai rappelé dans ce blog, il y gagna son galon de général
de brigade (objet de la promo : 1200 soldats français occis à
Abbeville et un billet pour Londres).
4http://www.lepoint.fr/monde/seconde-guerre-mondiale-le-complot-nazi-etouffe-par-churchill-20-07-2017-2144674_24.php
Edward VIII a monté en réalité de bric et de broc son histoire de
mariage avec une roturière pour cacher son homosexualité,
incompatible avec l'exposition sur le trône, mais il aurait pu être
placé à la tête d'une fraction britannique bourgeoise
collaboratrice, pour ne pas dire « pétainiste » si le
plan d'Hitler avait fonctionné. Versant bourgeoisie américaine
l'option pro-allemande était défendue par le clan Kennedy. En
décembre 1937, papa Kennedy fut nommé ambassadeur à Londres où
il se rendit plein d’ambitions. On a plus d’une fois fait le
récit de son épopée londonienne : brève lune de miel avec la
presse et le grand public britanniques, rapidement suivie d’une
impitoyable descente aux enfers : il fut vilipendé pour son
défaitisme (il était convaincu que l’Angleterre n’avait ni la
volonté ni les moyens militaires de vaincre l’Allemagne nazie).
Les documents du ministère allemand des Affaires étrangères,
publiés après la guerre, montrent que Kennedy, chercha longtemps à
obtenir une entrevue avec Hitler, et ce à la veille du Blitzkrieg
nazi, pour parvenir à une meilleure compréhension entre les
États–Unis et l’Allemagne. Son objectif était de tenir
l’Amérique à l’écart d’une guerre dont il était convaincu
qu’elle provoquerait l’effondrement du capitalisme. Rien ne
montre que Kennedy ait compris, avant la guerre, qu’arrêter
Hitler était un impératif moral… - Source : La face cachée du
clan Kennedy de Seymour Hersh.
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