"On
n'outragera point grossièrement son ennemi, mais on le calomniera
avec adresse".
Jean-Jacques Rousseau
La bourgeoisie exerce son
autoritarisme électoral par le même fond de morale patronnesse qui
était la sienne au XIX » siècle1,
que l'on peut dénoter dans ce paternalisme antiraciste de la gauche
macronesque ou hamonesque, et dans cette vertu outragée de bandit en
col blanc de la droite fillonesque et Lepenesque. La droite porte
comme une croix ses visées économiques et financières quand la
gauche protège la justice de classe, l'immigré et les
intermittents. Les débats télévisés comme celui du lundi soir
tant attendu se veulent cours de morale et un concours de petites
phrases à l'attention du spectateur lambda qui compte les coups, ou
les éventuelles blessures identitaires chez tel ou tel participant
comme à une vulgaire émission d'Hanouna ou de Ruquier.
Que des puces sur le
plateau de TF1. Aucun « homme fort » pour relever le
niveau, la France ou l'illusion électorale. Le capital financier a
clairement choisi son candidat rassemble-tout et son contraire, le collaborateur frétillant le petit minet Macron dont on nous a dit que sa
place avait été tirée au sort. N'en doutons point, ce fût
spontané qu'il ait été choisi pour la conclusion du débat, pour
le voyeur ordinaire le dernier qui parle à raison. De même un
sondage in-dé-pen-dant a désigné le chouchou des médias comme
« le plus convainquant » pour « une majorité de
français » juste après la fin des agapes pipoles. Or, petit minet Macron
a été de tous le plus mauvais, façon petit cadre d'entreprise
arriviste avec sa petite cravate, ses petits bras brassant l'air de
promesses de tweeter gratis, merdeux perdu parmi les vieux roublards
du système. Les autres ont été relativement bons dans leurs rôles
respectifs, chacun ayant dans sa poche une sélection de phrases
calibrées par leurs concepteurs de l'ombre publicitaire. Mention
bien pour le gauchiste institutionnel Hamon imparable face au
merdeux : « Le problème, ce n’est pas que des gens
riches financent votre campagne mais est-ce qu'il n'y a pas
plusieurs cadres de l’industrie pharmaceutique […] chimique
[ou] bancaire parmi vos donateurs » ; et une Le Pen
«droguée aux pages faits divers», et puis cette pique
adressée à Fillon sur son «propre argent». Le
drame pour ce pauvre Hamon est qu'il s'adresse comme son concurrent
direct Mélenchon à la couche des bobos écolos, complètement
irréalistes et à côté de la plaque sur le nucléaire, ce qui est
une hérésie pour le noyau dur de la grande bourgeoisie
franco-française, et l'est en effet puisque c'est une politique
veule qui s'agenouille devant l'Allemagne et la bourgeoisie
américaine. Ce résidu des frondeurs gauchistes d'un PS en
déshérence, à cause de cette fumette théorico post-marxiste, ne
peut même plus être soutenu par les vieux caciques lucides ;
la dérive de ce courant soixante-huitards dont les pères théoriques
tel Cohn-Bendit sont désormais frappé d'Alzheimer (Celui-là vote
Macron) n'est qu'un sous-produit pas vraiment des analyses
marcusiennes mais des hippies de Californie, eux aussi au pouvoir
dans les médias. Ceux que l'on appelle emblématiquement « les
extrèmes » - de Hamon à Le Pen - représentent en effet un
pan de l'autodestruction du capitalisme démocratique bourgeois que
Neumann expliquait comme réaction à l'Etat dominateur dans les
années 19302.
Le collègue de Neumann certes oublié et assez déformé par ses
contempteurs primaires marxologues, Herbert Marcuse avait au fond
assez bien analysé un élargissement de la classe prolétaire à
d'anciennes couches étroites (ingénieurs, enseignants, employés,
gestionnaires) plutôt que théorisé une disparition de la classe
ouvrière. Les extrèmes se chargent de cornaquer la classe ouvrière
moderne en deux parties séparées, tout en s'accusant les uns les
autres de « diviser les français » (comprenez pour la
gauche bourgeoise : favoriser la religion islamique et ses
fétiches et les communautarismes, et pour la droite : respecter
la religion catholique et accroître le nombre de prisons). Le FN de
s'occuper de la classe ouvrière « disparue », le noyau
des bleus racistes et chômeurs, et la ribambelle de partis écolos
bobos des « nouvelles » « couches moyennes ».
Marcuse n'avait pas tort de voir cette classe ouvrière « élargie »
anesthésiée par le consumérisme et la religion cathodique mais,
par déficit politique de sociologue, il confondait
l'embourgeoisement historique des partis de gauche et des syndicats
avec un endormissement, j'allais dire un abrutissement provisoire de
l'ensemble de cette classe des prolétaires élargie. A sa suite, les
bobos modernistes de tout poil ont cru pouvoir théoriser une
« nouvelle classe ouvrière » mais non pas comme disons
les héritiers de la Gauche communiste (inconnue du grand public)
mais comme une « multitude » d'outsiders :
« minorités » diverses, féminisme, écologie,
sexualités diverses, communautés branquignoles, etc. D'ailleurs
tout l'appareillage électoral semble avoir enfin compris, à la
suite des élèves de Marcuse, Terra Nova et Hamon, qu'il fallait
tenir un langage libertaire – avec un contenu typiquement utopique
libertaire – aux masses devant leurs écrans à cristaux liquides
et à neurones idem. La fibre anti-autoritaire mâtinée d'un
anticapitalisme écologique, d'un onirisme féministe, et d'une
pincée démocrato-autogestionnaire à la Rosa Luxemburg, sert
d'écrin à un discours très chauvin français et militariste,
jusqu'au ridicule pacifisme de Mélenchon.
Ces
nouvelles dames patronnesses cathodiques sont toutes en vérité
perçues comme cyniques par une bonne partie du prolétariat, et à
juste raison, et pas forcément par la partie la plus démunie ni la
plus diplômée. Désolé de faire encore référence à un autre
célèbre sociologue des années 1930 pour l'expliquer – et ces
années 1930 dites de la période de contre révolution, nous sont
très utiles encore pour comprendre où le monde actuel en est.
Norbert Elias expliquait l'indifférence morale des élites
bourgeoises, l'acceptation d'une certaine violence politique illégale
(le nazisme en 1930, et la revanche violente des ex-colonisés
endoctrinés par l'islam pour la gauche antiraciste de nos jours), et
la défaillance de la morale traditionnelle pendant la République de
Weimar, par le progrès des institutions privées, des
milices de voisinage et la "désintégration du monopole de
l'Etat sur la violence" . Une indifférence morale qui
présuppose une "désintégration de la conscience". Il
apparaît à chacun d'un peu conscient que nous vivons tout à fait
le même genre de situation avec l'explosion du libéralisme sauvage.
Contrairement à Robert Paris (de Matière et Révolution), je n'y
vois pas un désir de recours à un « homme fort » ;
il n'y a plus, il n'y aura plus « d'homme fort »3.
L'indifférence morale du politique bourgeois n'est telle, sous sa
faconde moraliste, que parce que la conscience ouvrière est moindre.
Ce
besoin d'homme fort était réel dans les années 1930 par contre,
mais par une sorte de dérive idéologique des contre révolutions
stalinienne et social-démocrate qui cultivaient le mythe des grands
hommes des chefs de parti à Lénine et Staline, et dont Hitler ne
fût que la copie caricaturale et démoniaque. Elias expliquait les
sources de cette croyance avec chaque particularité nationale :
« la barrière qui séparait la noblesse de la bourgeoisie était
beaucoup plus élevée...qu'elle ne l'était en France (…) une
fusion s'est produite en France et en Angleterre entre la morale
bourgeoise et les bonnes manières aristocratiques" tandis que
"le caractère national allemand a été marqué beaucoup plus
profondément par les classes moyennes ». Pour lui l'importance
des manières dans l'histoire nationale respective de l'Allemagne, de
la France et de l'Angleterre, semble donc cruciale. Elias va pourtant
aller au delà de ce projet de psychologie historique auquel il
voulait travailler au début des années 1930. Pour tenter
d'expliquer la violence politique il fait appel à une hypothèse
psychanalytique. Après la défaite de 1918, il remarque : "On
se retrouva soudain avec une structure de personnalité fondée sur
le principe de l'obéissance et de la discipline à l'égard d'un
monarque puissant, dans un Etat où comme il le dit lui-même -
j'exagère un peu - la partie externe du surmoi avait disparu".
Evoquant la République de Weimar, Elias souligne que "de
nombreux Allemands commencèrent à appeler de leurs voeux un homme
fort qui leur redonnerait la possibilité de se dominer. Ils
n'avaient pas appris à faire cela par eux mêmes. Un tel régime
contribue à développer un surmoi dans certaines sphères
seulement ». Et on peut donc en déduire que la magie d'Hitler,
comme celle de nos modernistes à la Hamon, est d'avoir réussi à
séparer des couches pas toutes petites bourgeoises du noyau de la
classe ouvrière. Tout au moins dans le cadre et les limites
électorales, Nuit debout et ses avatars se chargent de répandre et
maintenir la séparation voilée sous le concept de multitude
démocratique.
Banalisation
de la corruption...
Dans cette
auto-décomposition de la bourgeoisie, activée par les partis de la
couche supérieure de la petite bourgeoisie, disons la couche
intellectuelle dominante qui se confond finalement avec l'élite
bourgeoise et dont le petit minet Macron est la quintessence rêvée mais peu
onirique pour les prolétaires en général, la corruption est
banalisée. Qu'un Fillon, coulé par tant de casseroles attachées
par la magistrature gauchiste, puisque venir jouer au « costaud »
(titre de l'Obs), comme hier Sarkozy pouvait continuer lui aussi à
faire la morale politique, qu'un Macron, financé sans gêne par des
groupes financiers masqués puisse parader tel un « homme sans
fil à la patte », que la reine-mère Le Pen as de la captation
d'héritage et virago du clientélisme népotiste puisse venir se
prendre pour Arlette Laguiller (défenseuse des « travailleurs »
et des « gens »), que Hamon et Melenchon, apôtres de la
bobocratie, anciens ministres qui n'ont jamais dénoncé leur ancien
patron « l'artiste » Mitterrand4,
viennent sermonner gentiment les deux filous montrés du doigt, ne
rassure guère sur le fonctionnement de ce qu'ils se flattent tous de
défendre : la démocratie bourgeoise.
Tiens relisons ce bon
Jean-Pierrre Le Goff, qui déclarait ceci dans une interview en
2014 : « On ne brandit pas la morale
contre ses adversaires impunément. La gauche se prévaut d'une
supériorité morale en se voulant le dépositaire attitré d'une
certaine idée du Bien. Cette prétention s'est effondrée à travers
une série d'affaires dont les plus récentes et les plus marquantes
ont été l'affaire DSK et l'affaire Cahuzac,
mais cela ne l'empêche pas de continuer à faire semblant. Les
mensonges et les dénégations face à des faits avérés
apparaissent d'autant plus scandaleux que la gauche continue de faire
valoir cette prétention morale. La droite plus bonapartiste,
empêtrée elle aussi dans des affaires, ne s'y risque pas trop. La
politique a ses lois propres qui impliquent la ruse et le rapport de
force, mais en démocratie tous les coups ne sont pas permis et
l'activité politique s'exerce dans un État de droit. S'y ajoutent
pour les politiques une exigence d'intégrité qui a valeur d'exemple
auprès des citoyens et une éthique de la responsabilité qui entend
répondre des effets non voulus de ses paroles et de ses actes dans
une situation donnée. En politique, on ne saurait donc en rester à
l'«éthique de conviction» et encore moins à l'éthique de la
bonne intention et des bons sentiments. (…), c'est ce mélange de
subjectivité débridée et ce point aveugle de certitude consistant
à se croire constamment dans le camp du Bien, attitude que l'on
retrouve chez nombre de militants, voire chez certains journalistes
qui prêchent la bonne parole sans même s'en rendre compte. On en
arrive à ce qui peut apparaître comme un paradoxe: on peut être
«authentique» dans ses convictions, son indignation et ses affects,
en refusant de reconnaître les faits et d'assumer clairement ses
responsabilités. Le mensonge authentique, affectif et sincère,
constitue la version post-moderne du «mensonge déconcertant»
consistant à affirmer tout et son contraire avec un pareil aplomb ».
LE DROIT
DANS LES YEUX... COMME GAGE DE sincérité perverse !
« … Jacques
Chirac eut beau protester en faisant valoir sa bonne foi, demander à
Mitterrand de le regarder «droit dans les yeux», ce dernier,
imperturbable, maintint ses affirmations. Il faut dire qu'à sa
façon, Jacques Chirac sut en tirer les leçons et que dans le genre
manœuvrier, sous des allures bonhommes, il ne manquait pas non plus
de talent. Désormais, le «droit dans les yeux» et l'authenticité
des sentiments sont devenus une posture de défense face à toute
mise en question. Avec l'affaire Cahuzac, on sait maintenant qu'on
peut parfaitement mentir «droit dans les yeux» aux représentants
de la nation… comme si la politique se résumait désormais à des
problèmes de management et de communication. Dans ces domaines, les
conseillers ne manquent pas et ils font payer très cher leurs
prestations avec les résultats que l'on sait… La compétence ou
l'incompétence dans le cynisme politicien, telle semble être le
nouveau critère pour évaluer la politique dans l'«essoreuse à
idées» des grands médias audio-visuels et de nombre d'entreprises
de conseils et de communication. La politique se désarticule d'une
vision historique et le management, la communication acquièrent
alors une importance sans précédent. Par delà leurs aspects
fonctionnels, ces activités, dans leur volonté d'être à tout prix
modernes et de coller au nouvel air du temps, ont véhiculé le
cynisme, le modèle de l' «argent facile» et la «frime».
L'histoire retiendra que pour fêter le bicentenaire de la Révolution
française, le président de la République fit appel à un
publicitaire pour organiser le grand défilé des Champs Elysées. Le
marché, le management et la communication vont être érigés en
modèles de référence et la politique n'y a pas échappé. C'est
dans ce contexte, qu'ont été formées de nouvelles générations
marquées par le culte de l'ego et le modèle du perpétuel gagnant.
La droite et la gauche n'y ont pas échappé.
(…) Ces différentes
affaires jettent une lumière crue sur ce qu'est devenue la
politique. Les règlements de compte se succèdent entre les camps et
à l'intérieur de chaque camp dans une spirale délétère qui a
tous les traits d'une autodestruction, au profit de l'abstention et
des extrêmes. La scène politique tend de plus en plus à se
confondre avec celle des grands médias et des réseaux dits sociaux
qui se nourrissent de l'émotion et sont friands des scandales en
tout genre. Une partie de la classe politique lui fournit de la
matière. On se repasse les affaires de main en main en espérant
mettre à bas son adversaire sous l'œil complaisant des médias. La
machinerie politico-médiatique s'emballe et personne ne semble en
mesure de l'arrêter. Ceux qui se croient les plus malins espèrent
en sortir gagnants ou s'en tirer à bon compte. À travers la
succession des affaires au fil des ans, le monde politique apparaît
de plus en plus comme une caste ou une oligarchie en voie de
décomposition, de plus en plus étrangère aux préoccupations des
citoyens ordinaires, mais qui n'en continue pas moins de vivre et de
se déchirer dans l'entre-soi, et ce, dans une situation historique
des plus critiques où le chômage de masse combiné avec l'érosion
des acquis de notre héritage républicain a produit de puissants
effets de déstructuration ».
Parfaite description de
ce qu'on subit ici et maintenant ! Non ? Vous attendiez un
compte rendu de ma part comme je sais si bien les faire hors système,
pas la peine, le meilleur est fourni par l'Obs :
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20170321.OBS6882/le-bulletin-de-notes-des-5-candidats-apres-leur-grand-debat.html.
Autrement je n'ai pas
trouvé de grandes différences sur la volonté de gestion du capital
national entre eux, si on laisse de côté l'éternelle promesse de
raser gratis et de diminuer le chômage. Tous sont habités par
l'existence de la classe ouvrière, souffrent pour elle, usurpent son
identité mais ne visent qu'à l'annihiler cette « vieillerie ».
Tous promettent une école
capable de reproduire ad eternam le bon ouvrier compétent, ah
l'enchantement des lycées « professionnels » de Fillon à
Mélenchon ! Les charmes discrets de « l'enseignement
professionnel », modulés par l'aimable mixité sociale de M.
Hamon ou une pureté ethnique lepenesque.
Tous promettent plus de
flics, une bonne police bourgeoise, proche du petit voleur de
banlieue, antiraciste et primée, chacun a son propre barème des
sanctions.
Tous veulent réguler
l'immigration, peu ou trop, il n'y a que Hamon et Melenchon pour
agiter sans cesse le réchauffement climatique comme une épée
suspendue sur la tête du capitalisme, et qui suppose que l'Afrique
va se vider de ses habitants et qu'il faudra les loger en pays
tempérés du ch'Nord.
Tous sont pour la
laïcité, mais Fillon et Le Pen marquent des points.
Tous sont pour moraliser
la vie politique décadente de la bourgeoise, même Fillon le filou,
même Hamon – dénonçant bravache « une campagne polluée
par l'argent » (oh my god!) - oublie que, historiquement, son
parti n'a jamais été compromis avec les lobbies de l'argent,
jamais... Fillon apparaît même comme le meilleur moraliste, un
homme d'expérience...
Tous prétendent faire
baisser le chômage mais mentent allègrement, sauf Fillon mais il se
ridiculise en prenant pour modèle l'Allemagne sans préciser que des
millions d'allemands bossent pour 400 euros par mois... et que cela
n'est pas destiné à durer dans la tension sociale incurable...
Tous sont pour une
consolidation de l'armée et du rôle impérialiste de la France dans
le monde, plus étriqué pour Le Pen et Mélenchon (version
patriotique) plus oécuménique pour les autres.
La conclusion de petit minet Macron
est brillante et profonde : « l'alternance c'est nous, un
renouvellement des visages ».
Autre conclusion mi-figue
mi-raison, celle de BFMacron, Elkrief pleurniche : « il y
a eu un emballement pour Macron, mais ce soir, malgré ses
propositions... ».
NOTES:
1« La
dame patronnesse est historiquement la pionnière du travail social.
Elle apparaît, comme celle-ci, au tournant des XIXe et XXe siècles.
Le plus souvent bénévole, sans formation spécifique, bourgeoise
ou aristocrate, elle se consacre volontiers aux œuvres de
bienfaisance. Il importe alors - rappelle Claude Dubar - de cadrer
ou de recadrer les classes populaires : de les remettre dans le
droit chemin de la vertu, de l’hygiène, de la norme, dès lors
qu’il importe de répondre aux dégâts de l’industrialisation
capitaliste par des remèdes individualisés. Ces dames sont
l’incarnation d’un christianisme social paternaliste et
caritatif ». (cf. à lire cet excellente analyse : DUBAR
C., Processus de socialisation et construction... ) et surtout :
https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2003-1-page-57.htm :
les dix péchés de la dame patronesse
2Béhémoth,
1942.
3
Ce besoin d'homme fort était réel dans les années 1930 par
contre, mais par une sorte de dérive idéologique de la contre
révolution stalinienne et social-démocrate qui cultivaient le
mythe des grands hommes des chefs de parti à Lénine et Staline
puis Hitler. Elias expliquait les sources de cette croyance avec
chaque particularité nationale : « la barrière qui séparait
la noblesse de la bourgeoisie était beaucoup plus élevée...qu'elle
ne l'était en France (…) une fusion s'est produite en France et
en Angleterre entre la morale bourgeoise et les bonnes manières
aristocratiques" tandis que "le caractère national
allemand a été marqué beaucoup plus profondément par les classes
moyennes ». Pour lui l'importance des manières dans
l'histoire nationale respective de l'Allemagne, de la France et de
l'Angleterre, semble donc cruciale. Elias va pourtant aller au delà
de ce projet de psychologie historique auquel il voulait travailler
au début des années 1930. Pour tenter d'expliquer la violence
politique il fait appel à une hypothèse psychanalytique. Après la
défaite de 1918, il remarque : "On se retrouva soudain
avec une structure de personnalité fondée sur le principe de
l'obéissance et de la discipline à l'égard d'un monarque
puissant, dans un Etat où comme il le dit lui-même - j'exagère un
peu - la partie externe du surmoi avait disparu". Evoquant la
République de Weimar, Elias souligne que "de nombreux
Allemands commencèrent à appeler de leurs voeux un homme fort qui
leur redonnerait la possibilité de se dominer. Ils n'avaient pas
appris à faire cela par eux mêmes. Un tel régime contribue à
développer un surmoi dans certaines sphères seulement ». Et
on peut donc en déduire que la magie d'Hitler, comme celle de nos
modernistes à la Hamon, est d'avoir réussi à séparer des couches
pas toutes petites bourgeoises du noyau de la classe ouvrière.
4
En son temps, Libération avait salué l'«artiste» qu'était à
ses yeux Mitterrand, pour sa capacité à rester maître du jeu
politicien et à mettre à bas ses adversaires et ses concurrents.
Compromission sous Vichy, magouilles diverses et en tout genre,
Mitterrand reste un maître dans les deux maître mots d'un accédant
au pouvoir : Corruption et Mensonge.
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